Fourmi.
Il suffit de suivre les sentiers négligés, de sécarter des zones fréquentées par les rares bucherons et de séloigner des bruits de cognée ; senfoncer dans les recoins les plus sombres de la forêt, encore épurés de la marque corruptrice de lhomme et pister les traces de passage de daims au travers des bois pour découvrir un Graal recherché, un coin ignoré de tous, ou pas, mais désert en cette heure
Le doux clapotis dune eau pure, morcelée de fragments de lumière éparse par les rayons dun soleil filtrant au travers des frondaisons darbres majestueux Les lianes de saules penchés qui caressent amoureusement la surface ondulante pour en faire frémir la lisse harmonie. Quelques rochers calcaires bordent la rive et senfoncent dans leau pour y mourir doucement. Cest une mousse fraiche sous le pied qui accueille sans plus de préambule les vêtements quelle laisse séchouer au sol. Le contact chatouille et la fait sourire alors quelle savance, dénouant sa trop longue chevelure en pénétrant dans leau, le pain de savon en main.
Le calme de la surface miroitante est brisé par sa lente progression. Elle ne peut sempêcher de jeter un coup dil par-dessus son épaule, surveillant la rive, les sens aux aguets. Le silence relatif la rassure. Le bruissement des feuillages bercés par une brise indolente rompu par quelques piaillements doiseaux guillerets voletant de branches en branches à la poursuite dinsectes gras Tout est calme. Elle ébrèche cette perfection dans une gerbe bleutée, plongeant soudain. La bienfaisante fraicheur de leau émousse sa peau qui se hérisse et frissonne en douceur, dun effleurage qui lenveloppe toute entière. Elle émerge quelques mètres plus loin, passe une main pâle sur son visage pour replacer ses cheveux en arrière avant de se laisser porter par londée délicate, les yeux à demi clos, satisfaite de la pause.
Un huissement suraigu la tire de sa léthargie et attire son il sur les hauteurs dune bande céruléenne qui transperce le vert des feuillages. Là haut le faucon plane et tournoie, impavide compagnon. Le plus fidèle. Le dernier encore en vie. Il joue lui aussi. A sa façon. Explosant dun piqué le vol dun groupe détourneaux qui se dispersent affolés dans un ballet devenu chaotique et désordonné. Elle sourit Et sarrache à sa pose pour nager en direction du rivage. Tout juste immergée jusquà mi cuisse elle joue du savon et perturbe la netteté de leau dune mousse aux senteurs dépices et de fleur doranger. La main sattarde sur le ventre à larrondi discret, caressante de cette vie qui y croit chaque jour un peu plus. Un soupir senvole, chassant les pensées qui pourraient lenvahir, avant de poursuivre sattachant à cette sombre masse capillaire frottée, lavée.. comme tout le reste.
Le pain de savon est lancé sur la berge et elle replonge dans leau, disperse son écume odorante au gré dun courant qui traverse létang, nage jusquà une étendue de roseaux où londe se fait plus sombre et se perd en marais. Elle revient, frissonne à mi chemin en croisant un courant plus froid, samuse à plonger et disparaitre pour refaire surface quelques mètres plus loin. Elle profite encore quelques instants avant de se raisonner et sextraire de leau, rejoignant ses affaires pour passer une chainse de lin fin et de sasseoir sur un rocher pour entreprendre de démêler le fatras de ses cheveux dégoulinants avec le peigne divoire qui laccompagne depuis des années Le faucon se pose à portée sur un tronc couché par les ans, lui faisant admirer le volatile assommé qui git sous ses serres meurtrières. A nouveau la Fourmi sourit, savourant cette symbiotique complicité
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Le doux clapotis dune eau pure, morcelée de fragments de lumière éparse par les rayons dun soleil filtrant au travers des frondaisons darbres majestueux Les lianes de saules penchés qui caressent amoureusement la surface ondulante pour en faire frémir la lisse harmonie. Quelques rochers calcaires bordent la rive et senfoncent dans leau pour y mourir doucement. Cest une mousse fraiche sous le pied qui accueille sans plus de préambule les vêtements quelle laisse séchouer au sol. Le contact chatouille et la fait sourire alors quelle savance, dénouant sa trop longue chevelure en pénétrant dans leau, le pain de savon en main.
Le calme de la surface miroitante est brisé par sa lente progression. Elle ne peut sempêcher de jeter un coup dil par-dessus son épaule, surveillant la rive, les sens aux aguets. Le silence relatif la rassure. Le bruissement des feuillages bercés par une brise indolente rompu par quelques piaillements doiseaux guillerets voletant de branches en branches à la poursuite dinsectes gras Tout est calme. Elle ébrèche cette perfection dans une gerbe bleutée, plongeant soudain. La bienfaisante fraicheur de leau émousse sa peau qui se hérisse et frissonne en douceur, dun effleurage qui lenveloppe toute entière. Elle émerge quelques mètres plus loin, passe une main pâle sur son visage pour replacer ses cheveux en arrière avant de se laisser porter par londée délicate, les yeux à demi clos, satisfaite de la pause.
Un huissement suraigu la tire de sa léthargie et attire son il sur les hauteurs dune bande céruléenne qui transperce le vert des feuillages. Là haut le faucon plane et tournoie, impavide compagnon. Le plus fidèle. Le dernier encore en vie. Il joue lui aussi. A sa façon. Explosant dun piqué le vol dun groupe détourneaux qui se dispersent affolés dans un ballet devenu chaotique et désordonné. Elle sourit Et sarrache à sa pose pour nager en direction du rivage. Tout juste immergée jusquà mi cuisse elle joue du savon et perturbe la netteté de leau dune mousse aux senteurs dépices et de fleur doranger. La main sattarde sur le ventre à larrondi discret, caressante de cette vie qui y croit chaque jour un peu plus. Un soupir senvole, chassant les pensées qui pourraient lenvahir, avant de poursuivre sattachant à cette sombre masse capillaire frottée, lavée.. comme tout le reste.
Le pain de savon est lancé sur la berge et elle replonge dans leau, disperse son écume odorante au gré dun courant qui traverse létang, nage jusquà une étendue de roseaux où londe se fait plus sombre et se perd en marais. Elle revient, frissonne à mi chemin en croisant un courant plus froid, samuse à plonger et disparaitre pour refaire surface quelques mètres plus loin. Elle profite encore quelques instants avant de se raisonner et sextraire de leau, rejoignant ses affaires pour passer une chainse de lin fin et de sasseoir sur un rocher pour entreprendre de démêler le fatras de ses cheveux dégoulinants avec le peigne divoire qui laccompagne depuis des années Le faucon se pose à portée sur un tronc couché par les ans, lui faisant admirer le volatile assommé qui git sous ses serres meurtrières. A nouveau la Fourmi sourit, savourant cette symbiotique complicité
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