Pour plus de facilité de dialogue entre les enfants, je jouerai Dorilys et Cyrielle sur le même post
Sursaut de la rouquine! Elle était pourtant sûre d'avoir fait attention. Déçue de n'avoir pas été assez discrète, mais surtout vexée de se faire traiter de voleuse, ses joues s'empourprèrent. Elle s'apprêta à empoigner sa sur pour lui demander de se taire, mais se retint de justesse: la cadette se mettrait à crier, maman allait monter, et elle serait punie.
Serrant les dents, Dorilys capitula. Ca arrivait de plus ne plus souvent, et elle commençait à en avoir marre de perdre le dessus contre une gamine de six ans.
- D'accord! Je te le dis, mais si t'as pas intérêt à rapporter. Si jamais j'ai une baffe à cause de toi, j'invente un truc et tu seras punie aussi, j'te préviens!
Cyrielle opina de la tête, mais ne se départit pas de sa frustration:
- T'es pas gentille! Faut toujours que c'est toi qui décides! Alors tu me dis, sinon, je vais voir maman quand même!
La gifle faillit partir, mais la curiosité du message fut la plus forte et Dorilys se força au calme:
- D'accord! T'as gagné, mais t'es qu'une casse-pieds! C'est la lettre de tante Ally. Maman arrête pas de la regarder, ça veut dire que y'a un truc pas normal. Et j'en ai marre de voir maman malheureuse, alors je veux savoir c'est quoi.
T'en as pas marre, toi, qu'elle soit triste? Elle joue même plus avec nous. Elle sourit presque jamais à Ambre. Et on est parties de la maison comme ça! Paf, elle a décidé! C'est pas maman, ça!
Cyrielle ne pouvait qu'être d'accord avec ça. Elle fit oui de la tête et ses yeux se posèrent sur la manche ou sa sur cachait la lettre tant bien que mal:
- Ouais, t'as raison. Vite, on lit avant qu'ils nous demandent ce qu'on fait!
Dorilys tendit l'oreille, mais il n'y avait aucun bruit à l'étage. Tous les adultes étaient en bas. Elle sortit la lettre de sa manche et commença la lecture:
Citation:Ma chère amie,
Sans vouloir sous entendre que ton chagrin n'est rien, je m'attendais à bien pire en lisant l'entête de ton pli. Dieu merci, il n'en est rien.
- Tu vois, je savais bien qu'un truc allait pas! Je continue:
Citation:Néanmoins, je suis désolée que ça se termine comme ça avec Artéis, même si je m'y attendais un peu. Je ne peux que te comprendre de n'être pas partie la première, car ensemble vous avez eu des enfants, mais j'aime à me dire que maintenant, tu es libre, et plus accrochée à un goujat avide de femmes. Désolée si mes mots sont durs, mais c'est ce que je pense...
Là, la rouquine commença a se décomposer. Elle s'arrêta et Cyrielle lui demanda:
- Ca veut dire quoi "avide de femmes"?
- Ben
Tu te rappelles, le maître, quand il me dit que je suis avide de liberté. Je crois que ça veut dire que je veux que ça, et rien d'autre.
- Alors ça veut dire que papa veut que des femmes? Ca veut rien dire!
La main de Dorilys s'était mise à trembler. Elle, elle comprenait parfaitement ce que ça voulait dire: que leur père était allé une fois de plus voir une autre femme, mais cette fois, c'était pour de bon. Elle déglutit péniblement et tenta de garder bonne contenance:
- Attends je continue, c'est peut être expliqué après.
Citation:En tous cas ma belle amie, sache que tu pourras toujours compter sur moi, d'une manière ou d'une autre. Si tu as besoin, il suffit de le faire savoir, et je me débrouillerai pour me rendre utile.
Au moment où je t'écris, nous avons quitté Honfleur, et nous devrions passer ce soir en Alençon pour rejoindre le Maine où Arfée - si tu t'en souviens - doit se marier. Et tu ne devineras pas qui j'ai "choisi" pour me servir de cavalier...hmmm allez, je te laisse tout de même chercher.
En attendant, ma chère Gygy, je t'embrasse bien fort, et je te souhaite du courage dans cette épreuve. Embrasse également tes enfants pour moi, les filles doivent se demander ce qui se passe...
Amicalement, Ally
- Dory, j'en ai marre, je comprends rien. Tu messpliques ou je vais le dire à maman qu'on a fouillé dans ses affaires et je m'en fous d'être punie!
Elle avait oublié de parler tout bas, mais Dorilys s'en moquait à présent. Elle avait envie de crier, et c'est ce qu'elle fit. Peut importe si on les entendait, maintenant:
- Mais tu comprends rien! Ca veut dire que papa n'épousera jamais maman, qu'il ne reviendra jamais à la maison, et qu'il nous a abandonnées
Rien qu'à prononcer ce mot, Dorilys sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle avait été abandonnée quand elle était bébé, et depuis qu'elle le savait, elle n'avait qu'une hantise, c'est que ça se renouvelle. Elle se sentait désorientée, et son jeune âge ne lui permit pas de se reprendre. Cyrielle avait raison: elle n'aurait jamais du fouiller dans les affaires de leur mère. Lentement, elle remit la lettre dans le sac et prit sa sur par la main.
- Viens, on descend! Sinon, ils vont nous poser des questions. Et j'ai pas envie de répondre.
LJD Allyxia est d'accord pour la publication de son courrier.