Floriantis
[Mi juillet, quelque part en mer]
"Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme" (Beaudelaire)
Le port de Ventimiglia sétait éparpillé dans les volutes de la brume qui semblait faire un cocon au navire comme pour le protéger de quelque danger. Seul le bruissement et les clapotis de leau que fendait létrave, rassuraient le jeune capitaine dont les prunelles grises avaient délaissée la carte pour se fixer sur la ligne dhorizon et lavancée de Plume de Pierre. Drôle de nom pour un navire, mais lorsquon connaissait la manie du blondinet à trimbaler à terre des bonbonnes dair marin, il ne fallait pas sétonner quil ait accueilli avec bonheur lidée de la petite Pom. Une plume qui glisse sur un parchemin, sur une silhouette dévêtue et qui raconte tant et tant de choses, comme ces pierres qui roulent et courent dans le lit des rivières lorsquelles ne ricochent pas à leur surface, narguant le courant pour aller se poser sur la rive opposée. Plume de pierre, le nom était parfait.
Une fois sorti du port et le cap mis au Sud Ouest, lAlcapari sétait dirigé vers la proue, là où les embruns font corps avec les marins, leur fouettent le visage et les obligent parfois à fermer les yeux, là où reste au creux du ventre ce sentiment de liberté et ces senteurs marines qui font oublier doù lon vient.
La mer, il avait appris à la connaitre et à laimer lorsquil était à St Brieuc, jeune Sergent de la Garde Episcopale et quil rêvait à ce bout du monde en observant la danse des vagues sur les rochers. Il avait appris à se familiariser avec elle grâce aux cours et aux précieux conseils dHarpège alors quil était à son école navale, et quil admirait déjà lorsquelle était Amirale de France et lui chef de port de Nevers, et de TitPom, cette gamine aux ressources inimaginables, capable de diriger un navire par nimporte quel temps, le tout accompagné détrange nourriture qui le faisait grimacer par moment. Avec deux captain de cette trempe, et les conseils de léquipage, il ne pouvait devenir quun bon marin.
Depuis lété 61 il apprenait à connaitre la mer et ses dangers, les fleuves et leurs courants capricieux et depuis il avait arpenté quelques ponts de navires au sein de l'équipage du Cap'tain, durant de nombreux mois, avait navigué vers Derby, avait aperçu les côtes dIrlande et accosté dans certains ports du Royaume dAngleterre avant de choyer du regard ce navire posé dans le port de la République de Gênes, présent de Pom avec la complicité dHarpège et de son équipage qui lavait accompagné à Ventimiglia.
Une belle histoire que peut être un jour il pourrait raconter à ses gosses, si tant soit peu il en avait au milieu de cette vie qui le trimbalait sur les chemins et sur leau, cette vie quil aimait et qui basanait son visage au fil des jours, lui apportant cette maturité dans son allure, qui compensait avec ses vingt trois printemps et son grain de folie permanent. Pour lui, vivre sans folie n'était pas vivre, et Pom' l'avait d'ailleurs bien amusé lorsqu'elle lui avait dit être sûre que c'était lui aussi un enfant qui se déguisait en adulte pour pouvoir être tranquille et faire ce qu'il lui plaisait.
Cette nave génoise il laimait avant même de lavoir vue et depuis quil avait posé ses bottes sur son pont, il avait effleuré de sa main le moindre bois, le moindre cordage et fer comme on découvre lentement le corps d'une amante, avec la fierté et lémerveillement de quelqu'un qui reçoit un trésor. Et sil y avait une personne à qui il voulait parler de ce navire cétait bien elle, celle avec qui depuis la Garde Episcopale où elle était Préfet des Vidames, il avait tissé détranges liens, si forts et si tenaces, que même leurs prises de becs, même rares, narrivaient pas à émousser.
Laissant Plume fendre les vagues tandis que léquipage veillait et que la gamine se reposait, il avait laissé courir sa plume à lui sur un parchemin quil avait ensuite regardé partir à la patte de son fidèle voyageur, avant de reprendre son poste à la barre pour veiller à la bonne trajectoire du navire.
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"Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme" (Beaudelaire)
Le port de Ventimiglia sétait éparpillé dans les volutes de la brume qui semblait faire un cocon au navire comme pour le protéger de quelque danger. Seul le bruissement et les clapotis de leau que fendait létrave, rassuraient le jeune capitaine dont les prunelles grises avaient délaissée la carte pour se fixer sur la ligne dhorizon et lavancée de Plume de Pierre. Drôle de nom pour un navire, mais lorsquon connaissait la manie du blondinet à trimbaler à terre des bonbonnes dair marin, il ne fallait pas sétonner quil ait accueilli avec bonheur lidée de la petite Pom. Une plume qui glisse sur un parchemin, sur une silhouette dévêtue et qui raconte tant et tant de choses, comme ces pierres qui roulent et courent dans le lit des rivières lorsquelles ne ricochent pas à leur surface, narguant le courant pour aller se poser sur la rive opposée. Plume de pierre, le nom était parfait.
Une fois sorti du port et le cap mis au Sud Ouest, lAlcapari sétait dirigé vers la proue, là où les embruns font corps avec les marins, leur fouettent le visage et les obligent parfois à fermer les yeux, là où reste au creux du ventre ce sentiment de liberté et ces senteurs marines qui font oublier doù lon vient.
La mer, il avait appris à la connaitre et à laimer lorsquil était à St Brieuc, jeune Sergent de la Garde Episcopale et quil rêvait à ce bout du monde en observant la danse des vagues sur les rochers. Il avait appris à se familiariser avec elle grâce aux cours et aux précieux conseils dHarpège alors quil était à son école navale, et quil admirait déjà lorsquelle était Amirale de France et lui chef de port de Nevers, et de TitPom, cette gamine aux ressources inimaginables, capable de diriger un navire par nimporte quel temps, le tout accompagné détrange nourriture qui le faisait grimacer par moment. Avec deux captain de cette trempe, et les conseils de léquipage, il ne pouvait devenir quun bon marin.
Depuis lété 61 il apprenait à connaitre la mer et ses dangers, les fleuves et leurs courants capricieux et depuis il avait arpenté quelques ponts de navires au sein de l'équipage du Cap'tain, durant de nombreux mois, avait navigué vers Derby, avait aperçu les côtes dIrlande et accosté dans certains ports du Royaume dAngleterre avant de choyer du regard ce navire posé dans le port de la République de Gênes, présent de Pom avec la complicité dHarpège et de son équipage qui lavait accompagné à Ventimiglia.
Une belle histoire que peut être un jour il pourrait raconter à ses gosses, si tant soit peu il en avait au milieu de cette vie qui le trimbalait sur les chemins et sur leau, cette vie quil aimait et qui basanait son visage au fil des jours, lui apportant cette maturité dans son allure, qui compensait avec ses vingt trois printemps et son grain de folie permanent. Pour lui, vivre sans folie n'était pas vivre, et Pom' l'avait d'ailleurs bien amusé lorsqu'elle lui avait dit être sûre que c'était lui aussi un enfant qui se déguisait en adulte pour pouvoir être tranquille et faire ce qu'il lui plaisait.
Cette nave génoise il laimait avant même de lavoir vue et depuis quil avait posé ses bottes sur son pont, il avait effleuré de sa main le moindre bois, le moindre cordage et fer comme on découvre lentement le corps d'une amante, avec la fierté et lémerveillement de quelqu'un qui reçoit un trésor. Et sil y avait une personne à qui il voulait parler de ce navire cétait bien elle, celle avec qui depuis la Garde Episcopale où elle était Préfet des Vidames, il avait tissé détranges liens, si forts et si tenaces, que même leurs prises de becs, même rares, narrivaient pas à émousser.
Laissant Plume fendre les vagues tandis que léquipage veillait et que la gamine se reposait, il avait laissé courir sa plume à lui sur un parchemin quil avait ensuite regardé partir à la patte de son fidèle voyageur, avant de reprendre son poste à la barre pour veiller à la bonne trajectoire du navire.
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