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[RP]Les chausses-trappes de la chasse sans taupe.

Sabaude
La chasse est au noble ce que l'amante est au bourgeois : une distraction.
La chasse est à Renard ce que le OUI est à la femme : incertaine.
Prendre au collet le lièvre imprudent est une chose, s'entourer de chiens en est une autre.
Choisir l'arme... depuis qu'une flèche a ravi la vie de feue son amie Alie, nul arc ou arbalète ne saurait trouver place en sa main. Que lui reste-t-il ? Le lasso, le gourdin, le couteau. Corps à corps pour une mise à mort, l’échappée de la bête ou de son dernier souffle à quelques pouces de sa personne.

Penché sur le papier, une joue dans une paume, l'autre caressée par le mouvement de va-et-vient qu'il donne à la plume, il relit les écrits éparpillés.



Von Frayner,

Jour de chasse avec Anaon ne saurait tarder à poindre.
N'oubliez pas que vous devez me garantir la victoire, la mienne s'entend.
Je ne saurais perdre une seconde fois un pari contre la mercenaire.

Si vous êtes las de rester enfermé à la Grande Noé, venez donc faire prendre l'air à vôtre séant et vos gants étincelants. Nous n'avions pas fini l'autre fois de débarrasser la foret de tous ses terribles prédateurs. Énormes de surcroît ! Je ne doute point qu'à être éblouis ils se feront mieux prendre.

Ne dites point non où j'enverrai homme jouer du cor sous vos fenêtres jour et nuit durant.

Longny, demain, à l'aube.

Renard





Lug,

Fripouille, canaille, mon ami !
J'ai besoin de tes services.
Il me faut une proie humaine pour une partie de chasse. Tu es le candidat idéal !
Ne sois pas inquiet, il te suffira de te cacher dans une foret et au son du cor d'échapper à nos lassos.
Te souviens-tu d'une femme austère et peu causante ? Peu importe.
C'est cela ou finir dans un tonneau de poissons pas frais pour avoir négocié avec ma douce dame canard.
Vois le bon côté des choses, un peu d'exercice te fera le plus grand bien, le mariage t'empâte.

Longny, demain, aux premiers rayons du soleil.

Amicalement,

Renard qui pense à ta santé.




Naon,

Demain au point du jour dans la cour de Longny.
Qu'à la chasse vôtre chance trépasse!

Ps :Pensez à nous composer un panier de victuailles.
Ps' : J'ai trouvé notre proie sur deux pattes ! Il s'agira d'attraper Lug.
Ps'' : Vous devriez mettre votre robe rouge !

Renard

_________________
Anaon


    Aux premiers frissons de l'aurore, à l'heure où les plantes s'emperlent gracilement de rosée, l'Anaon est là, dans les primaires dorures du jour. Assise sur la pierre froide d'un abreuvoir, sans sembler se soucier de la fraîcheur humide de l'aube, elle attend calmement l'arrivée de son comparse de chasse. Elle s'est levée bien avant que le premier coq ne daigne chanter, avant même, que le soleil n'esquisse le moindre levé de paupière. Dans la nuit encore noire, la mercenaire a préparé son attirail avant de rejoindre Longny, avec avance, soucieuse de ne pas louper la meilleure heure de chasse, et dans l'espoir que chacun aura eu la grâce d'un levé bien matinal. Les premiers lambeaux de brume exhalée de la terre spongieuse se sont effilochés sous les sabots de sa monture, et l'œil bleu contemple désormais la cime des arbres par delà la cour, cherchant à deviner dans le jour naissant, les augures qui lui trahiront le temps qui leur est réservé pour cette partie de chasse. Une traque opaque sans doute, obombrée par quelques échappées brumeuses, sait-on. Dans le calme relatif de ces prémisses d'éveil, il y en a un qui ne semble cependant ni dérangé par l'éventualité d'un brouillard ni par la nuit écourtée...

    Lancé comme un boulet de canon sur un terrain sans obstacle, la bête noire galope énergiquement entre les murs de la cour. Fenrir, chien bâtard jeune d'un an et demi, tenant plus du veau que de l'athlétique bête de course, a décidé de ne pas rester en place jusqu'à l'arrivée des autres limiers. Échauffé par le bout de peau de chevreuil sur lequel il a posé la truffe toute la nuit, en sus de cette significative heure du levé, il a bien compris qu'ils ne se sont pas préparés simplement pour aller voyager. Pas bête la beste. Guilleret au possible, le voilà qui bondit d'une pierre à l'autre, comme si chaque caillasse occultait un lapin. Un claquement de langue autoritaire le rappelle parfois à l'ordre et, canin fidèle, il en revient aux pieds de sa "mère" pour s'y rouler comme un forcené dévoué. Puis, quand une main insistante se pose sur sa croupe, il l'assoit au sol. Calme. Un instant seulement... Avant de repartir joyeusement claquer des mâchoires dans l'air frais du petit matin. Alors sans se montrer plus autoritaire que cela, l'Anaon regarde son chien s'agiter avant même le début de la chasse.

    L'une de ses mains frôle pensivement le velours duveteux qui recouvre le nez de sa monture. Si le chien démontre une agitation débordante, le cheval, lui, semble encore pris dans les limbes de son sommeil. Parfaitement tranquille, alors qu'il pouvait se faire si nerveux avant. L'Anaon refuse de mettre totalement cette nouvelle placidité sur le compte de la vieillesse de l'animal, ne voulant pas avouer l'âge avancé de cette monture à laquelle elle tient tellement. Cependant, entre l'Endormi et l'Excité, il faut croire qu'il n'y a que la sicaire qui soit d'un calme pleinement éveillé.

    Les prunelles glissent sur les pierres nimbées d'une douce luisance, comme pour y desceller la présence de Sabaude. Le tableau sibyllin de la clarté à naître est d'une solitude délectable, apaisante même, mais pour l'accomplissement du jour, il manque tout de même à ce cocon de calme la présence pêchu du Goupil. Non, elle n'a pas revêtu sa robe rouge comme il le lui a demandé, mais lui a préféré le cuir brun et les étoffes vertes d'une simple tenue d'homme qu'ils sont allés acheter ensemble.

    Les doigts s'amusent à faire vibrer la lèvre inférieure de l'étalon, qui bougeant les oreilles, fait mine de les lui mordre du bout des lèvres. Un demi-sourire s'étire sur le visage d'albâtre alors qu'elle se plait à titiller l'ibérique davantage. Les azurites embrassent une fois encore avec une certaine fierté, la robe de l'animal, fixant un instant les tempes dorées qui se parsèment de blanc. Puis les abondants crins d'un argent pâle, autrefois d'un gris de pierre, qu'elle constate chaque jour pâlir dans une tristesse inavouée. Cela n'empêche pourtant pas la bête d'avoir encore les épaules solides, et il est assuré qu'il portera encore longtemps sa selle, aujourd'hui parée d'un long arc que d'aucuns diront inadapté pour la monte.

    Les lèvres étirées de la balafrée se pose brièvement sur le poil soyeux du chanfrein avant qu'il ne décide de lui échapper pour aller lui grignoter une mèche de cheveux. Et le regard doucement impatient de la mercenaire revient à la cour, où s'ébat encore son chien, semblant chasser l'air ou quelques créatures extraordinaires dans ces heures crépusculaires, propices aux rencontres mirifiques.

    Où donc sont les dévots ? Sans doute occupés à célébrer les Laudes, auxquelles, païenne, elle n'entend absolument rien.

_________________

Images originales: Victoria Francès, Concept Art Diablo 3 - Anaon dit Anaonne[Clik]
Lug
La proie s’éveilla d’un sommeil sans rêves aux premières lueurs de cette journée d’été avant d’enfiler une tenue simple en cuir usé et tissus sombres. Pour toutes armes il ne prit que son usuelle paire de dagues qu’il ne déposait que rarement. Il se dit que prendre plus d’équipement le générait et l’empêcherais de courir, de chercher une grotte dans l’onde ou la relative sécurité d’un chêne feuillu ou il pourrait retrouver les heures de sommeils écourtées. Il prit cependant une gourde remplie d’un mélange passablement ignoble d’eau légèrement vinaigrée et quelques tranches de viandes séchées virent trouvé place dans les poches. Les préparatifs terminés, la proie du jour sella rapidement un cheval qui l’emmena d’un amble endormis vers la demeure du vicomte.

Comment son parrain avait-il donc su pour les tractations entre l’angevine et son filleul ? Voilà une excellente question auquel il ne serait répondre pas plus que la raison pour la quelle un renard aimait tant une canarde mais ceci était une autre histoire. Ce qui comptait était que le canard avait bonne chair et était délicieux cuits avec du miel et servit avec un rouge puissant comme un Pomerol ou un Haut Médoc. Ravalant l’appétit qui montait, Lug repensa à sa correspondante angevine. Il était en effet maintenant, sur le papier du moins, propriétaire à moitié du renard garde partagée consentie par les deux partis plutôt que de se disputer le haut ou le bas, l’avant ou l’arrière de l’animal… Malheureusement, la plaisanterie ne semblait guère au gout du principal intéressé qui n’acceptait que la domination des femmes…

L’arrivée se fit lentement, au rythme d’un pas, les rênes lâchent sur l’encolure histoire de faire souffler la monture. Non. Il ne partira pas à cheval mais à pied tel un reitre ou un lansquenet. Fantasin avant tout, cacher dans les fourrés, attendant l’occasion ou de retourner la situation à son avantage ou d’aller les attendre avec un doux verre de vin à Longny.

Il pénètre ainsi dans la cour brumeuse au son des sabots résonnant sur les pavés. Content de voir le brouillard, exhalaison des Dieux païens qu’il aime tant mais, surtout conscient que ça ne peut que lui servir dans la chasse à venir. Il finit par voir une silhouette qu’il prend d’abord pour Sabaude avant de s’apercevoir de sa méprise. Il démonte alors, et après avoir attaché l’alezan salue la chasseresse.

Bonjour Arduinna, je vois que vous avez délaissé vos sangliers et autres cerfs pour tenter de m’attraper.

Il souriait, goutant la situation improbable de se mettre lui même en cible. Bientôt il demanderait des questions plus pratiques telles que comment faire avec les chiens car évidemment, il ne pourrait pas les tuer, ça ferait désordre. Ou encore comment le capturerait-ils si les chasseurs gagnaient la manche.
Sabaude
Niché entre les racines aériennes d'un chêne, les paupières se soulèvent pour révéler aux sombres prunelles de l'atypique vicomte les fanfreluches de l'habit matinale dans lequel se drape encore la nature avoisinante. Un sourire en coin étire ses traits tandis qu'il fait disparaître le fantôme d'un suzerain à la vêture moutonnante. Longny!
L'épaisse cape de laine noire libère un premier bras à la main aux doigts écartés qui se tendent pour se refermer sur l'air frais, filaments blancs insaisissables, puis un second qui expose aux naseaux de son bai une pomme amputée de quelques chaires qu'une bouche avide fait disparaître promptement pour apaiser les récriminations d'un ventre oublié à la faveur d'une place de choix pour surprendre l'Anaon et l'astre solaire.

Contre son flanc droit le mâtin ouvre la gueule pour bailler et la reposer sur sa cuisse. Lequel des deux a trouvé l'autre? Il ne saurait dire. La bête vaut-elle seulement quelque chose à la battue? Il en doute. Elle le suit fidèlement, obéit, n’aboie pas intempestivement et comble de chance ne s'agite pas en tous sens. Que demander de plus? Un chien de chasse peut-être... Bah, de toute façon la victoire lui est assurée, autant être bien accompagné. La tête flattée par sa paume est repoussée alors qu'il se dresse et s'étire.
Mèches châtain collées par l'humidité à ses joues, nez au vent, il la devine plus qu'il ne la voit, la Roide comme on l'appelle parfois. De treize années son aînée, marquée par un passé dont il ne sait presque rien, elle est là, sa compagne de chasse. Quelle place lui octroie-t-il et qu’éprouve-t-il à son égard?

Elle pourrait l'avoir enfanté: respect de l'âge.
Elle est à Judas: respect tout court. Il ne saurait la toucher ou lui nuire.
Elle lui enseigne certains savoirs: écoute et forme de discipline.
Elle, la sicaire, a disposé de sa personne et de sa vie: confiance et déférence. Il file doux quand elle élève la voix ou le place sous sa volonté.
Elle est aussi la froide ébréchée dont il suit parfois de ses taquineries les fêlures, la joueuse de cartes chanceuse, celle qu'il aime voir sourire, rougir, l'amie qu'il ne nommera pas ainsi car il ne sait s'il le peut, perdu qu'il est dans les méandres des rapports humains.

Un autre l'a rejointe, Lug, la proie volontaire du jour.
Sa langue claque contre son palais alors que le lasso se déroule.

Il ne manque plus que Courceriers, mais viendra-t-il? Le von Frayner a changé depuis la Bretagne, enténébré d'une dolence amante si ce n'est maîtresse. Il s'abstient de lui en faire la remarque, de poser trop de questions et de s'encombrer de jugement. Il est Judas!
Il hausse les épaules, commissures labiales relevées, et réajuste le brassard de cuir à son avant-bras gauche, celui qui dissimule la marque qu'il s'est infligée. Depuis ce soir de juin sa relation au Seigneur s'est modifiée. Sous l'indifférence respectueuse d'un caractère difficile, il veille et ne saurait que souffrir tout préjudice porté à l'homme.

A quelques pas du duo la corde file. La boucle ratera sa cible et l'ensemble retombera mollement aux pieds du jeune marié.

Cette purée cotonneuse ne saurait te préserver d'une capture bien longtemps mon ami. J'ajusterai le lancé.
Mais fait donc connaissance avec .... avec....Je savais que j'aurais du lui donner un nom! Le chien, saute!

Le dos de Lug est tapoté, signal au canidé à la robe miel qui bondit et fait fête à sa...son...jouet?

Renifle bien mon tout beau!

Fier de cette démonstration, l'habituel baiser de la main est envoyé à la chasseuse.

Prête à supporter mes caprices pendant une semaine, Naon?
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Anaon


    Avant qu'elle ne puisse apercevoir quoi que ce soit, Fenrir réagit. Le canin redresse la truffe, arrêtant brusquement de se secouer dans tous les sens. Contre elle, Visgrade fait de même, dressant les oreilles et renâclant doucement en sentant l'approche d'un congénère. Attiré par le geste, le visage de l'Anaon se tourne et les prunelles se plongent alors dans l'entrée de la cour. C'est quand son chien vient la rejoindre ventre-à-terre que la balafrée distingue la monture, portant sur son dos un visage qu'elle a croisé plus d'une fois en taverne. À son approche, elle ne bouge pas, et pour autant, elle ne détourne pas son regard de lui. Ses doigts frôlent à tâtons le museau du chien qui ne cesse d'envoyer de vifs coups d'œil à l'arrivant puis à elle, comme dans l'attente d'un ordre concernant le nouveau-venu.

    " Bonjour Arduinna, je vois que vous avez délaissé vos sangliers et autres cerfs pour tenter de m’attraper. "

    La prunelle pétille du sourire qui ne naît pas sur ses lèvres. Surprise amusée. Ravissement profond, surtout, d'entendre la simple mention d'une déité ancienne.

    _ Voilà un homme qui sait parler aux femmes... païennes qui plus est.

    Dextre vient flatter le flanc du jeune chien, et la mercenaire se lève de son abreuvoir.

    _ Mais en théorie c'est Sabaude qui doit vous courir après. Moi je m'en remets aux disciples de Cernunnos, car je gage que vous n'aimeriez pas trop goûter à l'une de celles-ci.

    Et du geste, elle désigne, laissant la pulpe de ses doigts effleurer l'empennage des flèches, nichées dans le carquois arrimé à sa cuise. Aucun autre mouvement n'a pour autant le temps de s'esquisser. Un bruissement d'air, l'aboiement heureux de son chien qui tente de jouer de la mâchoire sur... une corde. Et...

    " Cette purée cotonneuse ne saurait te préserver d'une capture bien longtemps mon ami. "

    Et de tourner le regard. Ah ! Le voilà ! Goupil s'extirpant de son terrier brumeux. La morosité lénifiante du petit matin prend soudainement quelques couleurs. Toujours sur la défense émotionnelle et dans la retenue pudique du moindre de ses ressentis, la sicaire ne saurait sourire de trop à l'arrivée de Sabaude. Et pourtant, si la Marmoréenne faisait bien moins de chichis en matière de démonstration, pour sûr, l'accueil aurait été bien chaleureux.

    Un sourcil se rehausse quand elle voit le limier... saluer ? S'enquérir, plutôt, de la proie du jour. Une œillade glisse alors sur son chien à ses côtés, couinant doucement, queue battante pourtant, en avisant la venue de ce nouveau "comme-lui" à quatre pattes. Grand comme son Danois de père, lourd comme sa Mâtin Napolitaine de mère -ou presque- la nature en avait fait... une grande courge. Une grosse courge même. Comme un gamin timide n'osant pas s'approcher des autres enfants alors qu'il en crève d'envie, le bâtard se contente de gigoter sur place sans lâcher des rétines son homologue canin. À la mercenaire de lui pousser le derrière du mollet, l'incitant à avancer d'un pas... et le voir reculer de deux. Et bien.. Allez convaincre avec ça qu'il sait chasser c't'animal ! Secouant la tête d'un air navré, l'attention de la balafrée revient au Renard qui la cueille bien évidemment d'une taquinerie de son cru.

    Faisant son possible pour garder un air égal, et masquer toute forme de vexation, la sicaire ne peut cependant s'empêcher relever légèrement le menton. Comme à chaque fois qu'elle se sent piquée...

    _ Tâchez donc déjà de vous servir convenablement de votre corde. Car si vous me faites fuir toute la venaison des alentours à la lancer n'importe où, il se pourrait bien que l'une de mes flèches se détourne malencontreusement de leur cible pour vous atterrir directement dans le croupion.

    Voilà ! Et à la mercenaire de se détourner, montrant dos aux deux hommes, pour se laisser aller à un rapide pincement de lèvres contrarié. Sabaude, la victoire lui est acquise. Et ça, la mercenaire le boude encore en son fort intérieur. La femme contourne l'abreuvoir par-dessus lequel sa monture étend son encolure et s'approchant de la selle, elle entreprend calmement de la ressangler en lançant d'un air plus enjoué :

    _ Attendons-nous encore quelqu'un ?

    Judas. Bien évidemment qu'elle pense à Judas. Mais jusque là, rien ne lui a confirmé le fait que le seigneur devait se joindre à la chasse. Et depuis Bretagne, la mercenaire en doute plus encore.

    Breizh a changée bien des choses. Breizh a tout changé pour tout le monde. Ce voyage l'a littéralement.. désarçonnée. Morcelée, pour tout avouer. Et si aux yeux des autres elle garde une certaine légèreté d'esprit, contaminée - bien qu'elle ne veuille l'avouer - par le Vicomte et son indécrottable bonne humeur, la mercenaire n'a en réalité toujours pas réussit à reprendre pieds.

    Prenant des airs de celle qui se fout bien de qui peut les rejoindre, elle n'en attend pas moins avec une certaine fébrilité, la réponse du maître Renard.

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Images originales: Victoria Francès, Concept Art Diablo 3 - Anaon dit Anaonne[Clik]
Lug
Les lèvres s’étirent en un sourire charmeur sous le compliment de la dame. Il fut soudain et stupéfiant, offrande impromptue à l’orgueil déjà copieux de la proie journalière. Mais avoir un nom de Dieu, surtout un nom si prestigieux que le fils de Cian. Dieu de solaire et maitre des arts mais laissons là le fameux « Samildanach » et revenons à la partie de chasse qui s’esquissait lentement dans le brouillard matinal.

Mais je suis ravis de vous plaire Dame…. Et qui vous dis que je ne suis pas païen...

Il respira mieux en apprenant que les flèches n’aurait pas son corps pour cible. Entre les pointes ferrées et son corps recouvert pour toute défense d’un peu de cuir, il doutait d’apprécier le résultat. Et plus encore d’aimer la convalescence qui s’ensuivrait.

Ainsi donc cerfs et sangliers seront vos proies du jour. Je vous avoue que me voici rassuré. Légèrement.

C’est ce moment que choisi le parrain pour apparaître. Précédé par un lasso une main amicale tapota le dos suivie peu après par un chien semblant avoir fait une surconsommation de miel. Le canidé le renifla. Lug le salua en retour.

Bonjour Sabaude. Que dirais-tu d’un paris sur le succès de cette traque ?

Ils étaient tout deux amateur de paris et d’enjeux même si le vicomte allait plus loin dans ses défis que l’homme au chat qui restait un minimum conventionnel dans son attitude et ses vêtements. Essayait-il de préserver le peu de bonne réputation qui lui restait ou tout simplement avait-il un côté coincé et irrécupérablement sérieux. Il ne serait le dire.
La dame lança la plaisanterie mais, en étais-ce une ou non ? Lug doutait légèrement connaissant trop peu la mercenaire. Assez pour savoir qu’elle en était capable mais de la menace à l’action il y avait toutefois un peu de marge.

Dites ! Vos chiens mordent ? La voix se voulait légère et décontracté mais, malgré toute sa maitrise sur lui même il ne peut empêcher un tremblotement dans les quelques mots. Il s’accroupit afin de vérifier et de resserrer le lassage de ses bottes et le nœud maintenant la gourde sur sa ceinture. Quant il faut, il faut.

Je suis près mais vous me laisserez bien une avance. Oh grand chasseurs que vous êtes !
Sabaude.renard
Être conciliant, faire fi de sa fierté, user d'humour au gré des rencontres et situations orageuses, homme que peu de choses et de personnes impressionnent, il sait faire. Laisser glisser sur lui les humeurs des uns et des autres, opposer tantôt un visage avenant ou distant, c'est aussi dans ses cordes. A ceux qu'il apprécie il peut même présenter le masque de la vexation, quelques instants, le temps de vider un godet de cidre. Aux autres il ne concède pas ce reliquat d'ego mal placé. Méprisant la bêtise humaine, indifférent aux titres et charges bien que respectueux de ceux-ci pour la forme, il n'octroie qu'à de rares élus une part d'ascendance sur lui.

Et l'Anaon, quand elle le regarde et lui parle ainsi, elle le fait se sentir môme prêt à plonger le doigt dans la tourte aux pommes chaude. La cuisinière peu commode maîtresse de son antre a dit non en agitant la cuillère en bois, le gamin a ramené sa main dans son giron, lèvres pincées, mirettes sur les souliers.

En gros lui le Renard, l'homme d'armes et de plume, le vicomte, l'officier royal, l'impétueux taquin, n'en mène pas large quand elle darde menton et ciels sombres sur lui, voix uniforme pour menace non conforme.
C'est l'impasse : elle concilie aînesse, Judas, sicaire, femme. Il ne saurait envisager ne serait-ce qu'une petite tape sur l'arrière du crâne.
Il reporte donc sa frustration sur un caillou que le bout de sa botte envoie au loin, pouces à la ceinture, et vient flanquer Lug.

Je suis certain qu'elle plaisante. Jamais elle ne me ferait ça. Une flèche dans le.... N'est-ce pas ?


La voix s'éraille, il a comme un doute. Entre les poneys « pietineurs » du nain angevin et une flèche de mercenaire , peut-être devrait-il admettre qu'il navigue sur une mer agitée des possibles désagréables.
Sa dextre vient épouser l'épaule de son ami à sa question sur les chiens qu'il gratifie d'un œil morne.

Oh, ne t'inquiète donc pas. Tu as plus à craindre d'une grosse langue baveuse sur ta figure quand il t'aura retrouvé que d'un mollet mordu.
Quelque chose me dit...

De se détourner et de hausser le ton pour être entendu d'Anaon.

… qu'il faudra envisager de faire de nos...molosses... nos proies si nous ne voulons rentrer bredouilles. Une petite flèche dans le derrière de vôtre bête, tortionnaire ?!

La langue passe sur les carmines alors qu'il se penche pour caresser son mâtin, à un pas de la chasseuse pour la narguer de sa désinvolture retrouvée. Et tandis qu'accroupi, il enfonce ses doigts dans le doux pelage, la légèreté le quitte pour laisser place à la modération. Il devine qui elle attend, et n'apercevant la silhouette du Seigneur il ne mentionnera pas l'invitation qui lui fut faite, pour épargner au mieux l'un et l'autre.

Gageons que si quelqu'un devait nous rejoindre il saurait nous retrouver avec le tintamarre que nous ferons.

Silencieusement il se relève et évite de croiser son regard jusqu'à ce qu'il saute en selle avec souplesse.Tandis qu'il place le lasso autour du pommeau, par dessus l'encolure de sa monture il lorgne son gibier humain.

Je vais faire don de cette journée à ta femme. Pour toi, une semaine de l’entièreté des corvées de ta maisonnée si je te passe la corde autour du cou. Cours maintenant mon petit Lug! Tu as jusqu'à ce que je te rattrape pour trouver ton propre enjeu.

Ceci fait, de la main, sa compagne est invitée à se hisser elle aussi.

Naon... je vous en prie. Passez devant.

Galant lui ? Il a surtout peur de s'en prendre une dans le cul !
Anaon


    Les doigts agrippent le sanglons sur lequel elle tire fermement, laissant traîner l'oreille du côté des deux hommes. Et quand Renard prétend vouloir toucher à l'intégrité du postérieur canin, l'Anaon se tourne brusquement pour darder sur lui un regard plissé de chien vicelard qui n'attend que le bon moment pour claquer des crocs. La tête revient à son ouvrage et les pensées sur la réponse en attente. Judas devrait bien venir, oui, sinon, comment pourrait-il s'assurer de la bonne victoire de son protéger ? S'il n'est pas même là pour au moins la déconcentrée ! Pour la crédibilité, il faut sa présence, à moins que le Vil n'ait juré à Sabaude une quelconque incompétence anaonne, ce qui serait fort fourbe, et …

    "Gageons que si quelqu'un devait nous rejoindre il saurait nous retrouver avec le tintamarre que nous ferons."

    Le second sanglons se fige.

    _ Oh... Fort bien.

    Malgré tous ses efforts, la déception est palpable. L'ardillon passe dans le cran. Le cheval est sanglé. La mercenaire serre brièvement les dents de déconvenue, laissant une main frôlée la selle fatiguée. Alors, tandis qu'elle songe à l'amant ses pensées repensent au fiancé. Les doigts délicats passent du cuir au bois, couvrant d'une caresse éthérée l'arc accroché à la selle. L'effleurement est presque tendre. L'arme est bien grande, on la jugerait sans doute trop dur pour une femme. Aucune fioriture pour l'habiller, une banalité redoutable. C'est là le seul et unique souvenir qu'elle ait de son fiancé, et quand sonne l'heure des bonnes chasses, traquer avec une autre arme que celle-ci ne lui vient pas même à l'esprit.

    La main vient soudainement taper le poitrail animal d'un geste amicale, se donnant plus de courage à elle qu'elle ne lui en offre à lui. Se détournant de toute morne pensée, la mercenaire se rapproche du duo. Une œillade glisse brièvement vers l'entrée, où personne ne semble vouloir crever la brume. Et une main se pose fermement sur l'épaule de l'humaine proie.

    _ Ne bougez pas de suite très cher Lug – que bien évidemment je ne peux songer que païen pour porter un nom aussi évocateur...

    Le visage s'éclaire d'un sourire éclair.

    _ … Mais j'aimerais vous prendre pour témoin de l'accord qui va suivre ici, et puis quelques petites choses sont encore à mettre au point, autant que vous leurs prêtiez esgourdes.

    L'épaule est libérée et les doigts de la mercenaire se croisent pour faire craquer leurs phalanges. Les mains se joignent alors pieusement, ne laissant que les index pointés l'un contre autre pour s'appuyer sur les lèvres couturées en signe de réflexion.

    _ Tout d'abord, remettons nos règles à plat. Il est entendu que le vainqueur de la chasse sera celui qui aura réussi à attraper sa proie en premier, à savoir que la vôtre est ce dévoué ici présent, et que la mienne est toutes bestioles à quatre pattes dépassant la taille d'un renard.

    La sicaire se tourne vers le jeune épousé condamné sous peu à aller patauger dans les marécages.

    _ Lug, votre mission est de me prouver que vous savez être plus futé qu'un sanglier. Et mon chien pour peu que je ne lui demande rien, ne risquera pas de vous mordre. Du coup... N'ayez aucune crainte. D'autant que j'espère que ce n'est pas vous qu'il va essayer de renifler.

    Les azurites cherchent par ailleurs où est son veau pour s'assurer qu'il ne s'acoquine pas trop avec l'autre limier. Cela risquerait de l'inciter à changer de proie et le voir suivre le « copain » ne sera vraiment pas pour l'arranger.

    _ Sabaude, avant de vous passer devant – à défaut de vous faire passer mon cheval dessus... Je crois qu'une erreur à quelque peu fourché votre langue. Il me semble avec une quasi-certitude, que lors de notre première rencontre, il était question d'une seule journée de bons et loyaux services et non de sept, non ?

    Autant tenter de sauver les meubles avec honnêteté pour une fois.

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Sabaude
Mettre les règles à plat... c'est bien là une précaution de donzelle! Des règles lors d'une chasse.... Pffff. Et il est bien en peine pour le moment de savoir comment ce pari joué d'avance le sera sans les perturbations judéennes.
Mais avant cela, se fendre d'une rectification.

Naon...C'est là enjeu pour Lug. Voyons... Je ne saurais vous confier la dure tache féminine de corvées ménagères. Pour vous c'est effectivement une...

C'est râpeux sur sa langue ce une.

...seule journée de BONS et LOYAUX services.

Insister sur le bons et loyaux au cas ou des idées revanchardes poindraient. Histoire de robes....
Puis il se fait tout sourire pour son plus futé qu'un sanglier, l'air de dire :" Laisse toi attraper pour faire plaisir à ta femme et ton parrain et ami".
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Lug
Aucune réponse ne fut faites au parrain. Effectivement une flèche était si vite tirée, si vite perdue au milieu de la chasse. Une personne qui bouge un peu trop, le bras un peu trop raide alors que les doigts laissent filer le trait et paf. L’image faisait bien sourire Lug. Sur que si ça arrivait l’emplumé n’aurait que peu d’effort à faire pour le saisir au milieu du fou rire mais bon… Rire à ce point méritait bien quelques aléas mais il tourna la tête, surpris, alors qu’il écoutait la mercenaire édicter les règles de la chasse. Il écouta, fit mine d’avoir compris et pris la parole, taquin comme à son habitude.

Preuve en est que je suis plus futé qu’un sanglier, j’ai compris les explications que vous venez de donner. dit-il avec un fin sourire s’étirant sur les lèvres tandis qu’il esquissait une révérence. Toutefois si je n'avais pas compris, oserais-je le dire au risque de me voir abaisser à plus bas que cette bête.

Les comparses montent sur leurs montures et la proie se sent bien petite face aux deux centaures. Couper la ventrière des chevaux ? C’est une option plus qu’alléchante ; celle qu’il aurait choisie sans hésiter un instant voici quelques années. Avant Alençon et que l’homme aux chats ne devienne plus civilisé. En l’état des choses la large sangle de cuir resta intacte et les cavaliers restèrent fierment fiché sur leurs selles.

Inutile de le dire que, en prime, il respire mieux lorsqu’on sait qu’on ne nourrira pas les chiens. Quel dommage que les bêtes sauvages n’aient pas une telle assurance mais, à bien y réfléchir si elles l’avaient la chasse serait plus aléatoire. Moins de viande quelle hérésie, cette douce viande de gibier si douce et si onctueuse accompagnée d’un verre de vin à la robe rubis. Lug avait toutefois bien pris note de l’information ainsi que des avantages inhérents puisque les chiens se retrouvaient d’auxiliaires chasseurs relégués au rang de truffes sur pattes, cochons au fin nez certes mais à la gueule liée pour qu’ils ne fassent subir à la truffe le sort qui lui était du.

Le sourire est naturellement rétorqué à son cher parrain, même si la connivence n’est pas autant de mise que désirée à n’en point douter. Et le fantassin s’échappe de la cour, au pas d’abord avant de trottiner vers la forêt proche.
Anaon


    Une seule journée. Voilà qui est fait. L'esgourde de l'Anaon ne s'est pas trompée, elle a bien compris que la semaine de ménage sera le fardeau de Lug et non le sien. Cependant, le Vicomte semble avoir déjà oublié sa phrase de salutation, lancée il y a quelques minutes à peine, concernant l'asservissement à ses caprices durant sept jours complets. Une chose que l'Anaon ne risque pas de rappeler au Renard. Allons, confortons même le jeune homme dans sa conviction de l'erreur mercenaire.

    _ Oh ! M'en voilà rassurée j'avais presque peur d'avoir à jouer la gouvernante aussi longtemps !

    Et de claquer des mains pour clôturer cette affaire rondement menée. La notion du « bons et loyaux » services ? Vaguement enregistrée. Le concept du bien et du mal est tout relatif, et parler de loyauté à une mercenaire, c'est comme demander à un Angevin d'être Royaliste.

    L'attention revient sur Lug, bien arrangeant dans l'affaire. Un léger sourire se tend, satisfait de sa réponse, et la mercenaire tourne casaque pour aller chercher son cheval. Un doigt s'accroche aux rênes pour guider l'étalon aux côtés de Sabaude, à temps pour voir Lug disparaître dans l'orée du bois. La brume matinale se referme derrière lui, comme une gueule spectrale qui engloutit sa proie. Voilà que le Dieu à la lance s'est enfoncé dans les limbes, et la sicaire reste un moment contemplative de tous ces mystères que semblent voiler le gris éthéré de la brume.

    _ Vous lui laisserez tout de même le temps de se cacher.

    Une voix comme du velours, un contentement étrange rivé au visage. L'aînée reste un instant figée ainsi, avant de se retourner pour mettre le pied à l'étrier. L'arc est défait de la selle, le séant s'y pose. Tirant la corde de l'arme, l'épaule s'y glisse. Puis alors, tout en parlant, les mains tirent deux longues boucles de cuir accrochées de part et d'autre de l'avant de sa selle.

    _ Chevreuil ou sanglier ?

    Les rênes sont passées dans les lanières. Ainsi, quand elle viendra à les lâcher en pleine course, elles seront retenues, et ne passeront pas par-dessus l'encolure de la monture.

    _ Je suis sûre que je pourrai trouver l'un ou l'autre dans cette forêt sirupeuse. En attendant je pense que nous pouvons trouver un autre passage pour le bois qui ne soit pas celui emprunter par votre proie. Cela laissera plus de temps à Lug. En contournant le domaine, peut-être ?

    Et de faire suivre le pas du cheval aux mots, lui faisant esquisser quelques claquements de sabots dans la cour. Une main vient frapper sa cuisse pour rappeler son chien à ses côtés. Et de relever les yeux sur Sabaude dans un "alors?" inexprimé.

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Images originales: Victoria Francès, Concept Art Diablo 3 - Anaon dit Anaonne[Clik]
Sabaude
Chevreuil! Finit-il par asséner dès que son regard s'est détaché de l'endroit où Lug a disparu.

Il est hors de question de faciliter la tâche à la mercenaire, le choix ne peut que se porter sur l'animal le plus vif et silencieux. En outre si la viande est trop sèche il la préfère à celle du sanglier; bien cuite et accommodée elle peut devenir un met de choix.
Déjà en selle il observe la sicaire faire, méthodiquement tout mettre en place afin de ne laisser que peu de choses au hasard. Elle fait preuve d'un rigorisme qu'il salue silencieusement alors qu'il continue de détailler les gestes. Enfin la langue claque contre la palais pour acquiescer à la proposition , suivi de deux petits claquements pour le cheval qu'il finit de solliciter par un mouvement du bassin et des rênes.

Soit Naon, prenons un chemin autre. Laissons à ma proie le temps de grimper à un arbre ou de se terrer entre fouines et vermine grouillante.

Entre ses dents il grince: Lug....si tu m'obliges à ramper ou à monter de branche en branche gare à toi!
Il veut y croire, et c'est avec détermination qu'il libère son visage de mèches rendues collantes par l'humidité ambiante. Hors de question de revenir en sueur et crotté. Il imagine sa chasse reposante, à laisser le mâtin débusquer son ami, voir ce dernier sortir sagement et se laisser passer la corde autour de la taille. Après tout il a bien permis à Alexya de la lui mettre au cou, pour lui il pourrait faire semblable effort.

Tandis qu'ils s'engagent à faire le tour de la propriété, ses prunelles fouillent discrètement alentours. Toujours pas de traces du von Frayner, ce qui le fait soupirer de contrariété: pour lui, ses plans de victoire et l'Anaon qu'il sait éprouvée . Foutu Seigneur capricieux! Toujours à attendre beaucoup des autres sans forcement proposer de contrepartie, à ne concéder que peu d'erreurs voire aucune. En retour il est difficile de lui accorder pleine confiance, et pourtant, bougre d'âne qu'il est, il le fait.
Le bai est talonné pour se porter à hauteur de la chasseuse, et le chien est sifflé pour s'assurer qu'il le suive.

Naon, si vous perdez j'exigerai de vous un ouvrage de femme, en tenue féminine. Vous me broderez, vêtue de votre plus belle robe, une couverture de selle de renards dressés sur pattes arrières, gueule ouverte. Tout le pourtour devra en être couvert.
Il vous faudra employer au mieux la journée, je ne saurais accepter un travail inachevé sous peine de vous le faire recommencer.

Sur ce, satisfait et le sourire goguenard, l'air de rien un petit cor est tiré d'une besace.

Au premier qui revient ici même avec sa prise!
Yeahaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa!

Trottinant puis galopant vers et à travers la foret, il tirera du cuivre autant de notes que nécessaire pour prévenir et égailler la faune. Son rire de goupil ravi de son mauvais tour trainera derrière lui comme un ruban de brume.
Vous ne pensiez pas que je vous faciliterais la tâche, Naon....
Souffle, souffle, sonne, sonne, que tout le bois soit prévenu, nous voila!
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--Anaon.

    _ Soit, chevreuil.

    Voilà qui ne contrariera pas la mercenaire, sans doute préfère-t-elle aussi courir après l'invisible que de se retrouver entre la laie et ses petits, et son chien sera sans doute de son avis. Pas particulièrement pleutre la bête, haut comme trois pommes, il avait déjà bien compris le principe de la chasse. Mais elle se souvient encore d'avoir un beau jour perdu son chiot en forêt, de l'avoir entendu hurler victoire dans le fin fond des bois pour l'apercevoir, la seconde suivante, courir ventre-à-terre se réfugier entre ses jambes. Autant dire que ce jour-là, elle avait aussi failli avoir dans les jupes le sanglier qui lui donnait la course... mais son arbalète avait su, de justesse, leur sauver les miches. Si niveau taille, le bâtard n'a désormais plus rien à envier à ces cochons sauvages, il y a fort à parier qu'il reste, quelque part, sous sa caboche canine, un souvenir de cette peur bleue. Et aujourd'hui, puisqu'il s'agit d'une épreuve de vitesse, autant ne pas avoir un chien de chasse qui part à l'autre bout du pays par crainte de sa proie. D'une, on risquera pas d'y arriver. De deux... on aura l'air con.

    Un geste de jambes, et les duos entament la marche autour du domaine. Bercée par le pas endormi de sa monture, l'Anaon observe les mouvements de la brume pas plus virulente. Alors elle aussi, elle se retourne sur sa selle, sans s'offrir le luxe de la discrétion. Un bref instant, les azurites contemplent l'endroit par où elle est arrivée ce matin. Constatant que rien n'anime la brume, elle se retourne alors, se résignant pour de bon à ne plus rien attendre. Une profonde inspiration et ses doigts remontent un peu sur ses rênes. L'Anaon se serait sans doute laisser allée en pleine perdition dans ses pensées, si Sabaude ne l'y avait pas coupé par ses exigences.

    L'oreille se tend, portée par la banalité d'entendre le Renard exiger encore qu'elle porte la robe, avant que l'attention ne trébuche soudainement sur les demandes du Vicomte. La sicaire tourne sur son voisin une tête d'ahurie. Quoi ?! En une seule journée ! Non mais se rend-il compte, ce rigolo, de la difficulté de la tâche ! Les yeux ronds comme des ballons, la bouche s'entrouvrant pour gober les mouches, la balafrée n'a pas le temps de protester qu'elle se voit couper la chique par un geste du jeune homme. Elle voit le cor. Elle hallucine et …

    "Au premier qui revient ici même avec sa prise!
    Yeahaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa!"

    Sous le cri, Visgrade fait un écart. L'Anaon en sursaute sur sa selle sans la quitter pour autant. Fenrir se met à aboyer comme un excité sur le trio s'éloignant. Une chose de sûre, c'est que maintenant, tout le monde est bien réveillé ! Jouant des mains pour calmer la monture qui s'affole des oreilles dans tous les sens, l'Anaon ne peut détacher son regard éberlué du Sabaude parti à tout allure vociférer du cor dans les bois. Oh... Oh ! Oh le vil ! Le fourbe ! Le salopiot ! C'est du sabotage ! Du Sabaudage oui ! Ah l'enflure ! Le... Niarck !

    Il lui faut quelques secondes pour se remettre de ses émotions et prendre en compte ce nouveau paramètre. Qu'un trublion aille jouer de la fanfare pour faire fuir le gibier, çà, ce n'était vraiment pas prévu ! Soit ! Maintenant il faut faire vite. Et il faut faire avec ! L'Anaon n'attend pas plus, d'arrêt la monture passe au galop. Elle reste fixée sur son idée première : l'aube et ses points d'eau. Sauf que désormais, il ne sera plus question de débusquer les proies, mais d'intercepter celles qui fuiront le boucan causé par ce vil de Goupil.

    Ah gredin ! Roublard que tu es ! Tu ne m'auras pas comme ça ! Te laisser la victoire, pourquoi pas, mais me voir rentrer bredouille, çà, jamais ! Je ne te ferai pas cet honneur, tu crèveras bien avant, je te le dis !


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Images originales: Victoria Francès, Concept Art Diablo 3 - Anaon dit Anaonne[Clik]
--Sabaude.renard.
Lug dans les bois a disparu, l'Anaon au son du cor l'a dans le...hum... et lui même prendra bientôt conscience de sa bévue.

Cherche! Ordonne-t-il au mâtin qui le précéde sur la sente.

Devant l'inaction de la bête l'ordre est réitéré, plus fort et cinglant des fois qu'elle soit devenue sourde ou inattentive.
Rien n'y fait, il a tout l'air de se faire escorter...

Cherche Lug! L'humain! Tonne-t-il exaspéré, monture arrétée.

Force est de constater que le chien n'y entend rien. Soit il s'y prend mal soit.....

Oh, nom d'une puterelle! Mais quel crétin des Alpes! Livre-t-il aux silencieux spectateurs de son oubli. Pour un peu il en soupçonnerait certains de se moquer, l’écorce ridée discrètement relevée en un sourire en coin.

Il n'a rien pris avec l'odeur de sa proie. Comment alors faire comprendre au canidé ce qu'il doit retrouver?
Il s'affaisse sur l'encolure de son bai, dépité par son erreur, comme s'il pouvait disparaître dans le crin épais et soyeux. Mais Renard ne serait s'en laisser conter pour si peu... Quand même.... Il sent que la sacrifice à faire ne sera pas des moindres.

Bon....Plan B!

Pour une victoire assurée il faut qu'il revienne avec sa prise désignée, ceci avant la chasseuse. Le Mâtin est hors course, lui-même n'est pas pisteur, et fouiller toute la foret n'est pas envisageable. Il lui faut donc amener sa proie à se montrer.

LUUUUUUGGGGGGGG? Vocifère-t-il menant sa petite troupe entre fourrés et bosquets.

Montre-toi canaille! Sors de ton trou au nom de notre amitié! L'Anaon est partie de son côté, elle ne saura rien de ta coopération.

LUGGGGGGGGGGGGGGGGGGGG! Je t'offre la moitié des tonneaux de ma cave si tu me facilites la tâche. Un lieu où te cacher de ta femme quand elle se fera mégère. Je renouvelle à mes frais ta garde-robe. Je t'ouvre un compte à l'Aphrodite....

LuGGGGGGGGG.....

Non pas qu'il tienne particulièrement à la couverture de selle brodée, il veut éviter d'avoir une dette envers la mercenaire si tous deux devaient constater le retour bredouille et donc la difficulté à expliquer une victoire par lui acquise.... Il en entendrait parler des jours voire des mois durant.
Lug...




Le son du cor de chasse s’éleva dans l’air encore frais du matin faisant fuir quelques oiseaux encore à moitiés endormis qui s’élevèrent paresseusement dans les airs. La chasse est lancée, ça y est ce dit la proie du Renard. Malheureusement ce n’était pas une chasse à courre pensa t-il rapidement. Il ne s’y attarda guère mais il se dit toutefois que ce serait bien intéressant ou du moins amusant. Comme se retrouver chasser par un ami. Amusement discutable dirait certains, à cela il rétorquerait qu’on peut rire de beaucoup si l’on ne se prend pas trop au sérieux.

Le jeune marié, l’anneau doré à son doigt en témoignait, n’avait pas cherché refuge dans un arbre mais il s’était adossé à l’un deux, tapis entre fouines et vermines il sentait une branche s’enfoncer désagréablement entre ses omoplates tandis qu’il observait le chemin qu’il avait parcouru entre le domaine et les forets attenantes. Il résiste à l’impulsion nerveuse de se gratter afin de retirer les insectes qu’il imagine se glisser sous ses vêtements. Il a toujours détester ces bestioles à trois paires de membres et suçant le sang gloutonnement.

Mon cher parrain si tu n’existais pas qu’est-ce que ce monde serait triste... accompagné d’un éclat de rire, ce fut sa réaction lorsque la voix de son parrain lui parvint, atténuer par la distance.

Toutefois il ne se décida pas encore à accepter de se faire capturer ou plus exactement acheter. Faisant en cela preuve d’une logique primaire en se disant que si les contreparties étaient si alléchantes dès le départ alors qu’est ce que ce serait d’ici quelques temps les offres dépasseraient un simple crédit à l’Aphrodite ou la moitié des tonneaux de sa cave. En attendant il se dirigea discrètement en faisant un demi cercle approximatif vers le malheureux chasseur.
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