Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2   >>

[RP]Les chausses-trappes de la chasse sans taupe.

--Anaon.


    L'Anaon crève la brume, dans le martèlement étouffé des sabots sur la terre meuble. Fusant comme une ombre, Fenrir tient la tête du cortège. Le soleil va bientôt gagner sa pleine place dans le ciel, mais à l'heure où ses rayons rasent encore la crête des paysages, le brouillard semble s'enflammer d'un éclat mordoré. La forêt beigne dans des allures de contes. On ne se surprendrait pas de croiser quelques feu-follets émerger de ses taillis, ou apercevoir l'œuf doré du Serpent roi régner sur son lit de vase. A moins que ne soient les vouivres lacustres, qui daignent s'extirper du fond des marécages. L'Anaon et sa Superstition ne se surprendraient de rien, et elle trouve alors aux bois un charme trouble aussi beau qu'inquiétant.

    Le trio gagne le premier point d'eau, là où les bêtes quittent la verdure pour s'abreuver avant de trouver le repos dans le bois. L'étang est désert de tout signe de vie... Un regard contrarié se porte vers le son du cor qu'elle entend s'amenuiser au loin. Damned. Pourtant, s'il y a eu gibier dans cette zone, la terre détrempée se sera aisément marquée de leur empreintes. La cavalière s'immobilise près de la berge, laissant le jeune chien fouiller les alentours, et se force à ne pas mettre pied-à-terre.
    A vrai dire, la balafrée n'a que peu l'habitude des chasses accompagnées. Avant qu'elle ait Fenrir, elle ne traquait qu'en solitaire, à l'approche ou à l'affut, des moments où les heures se faisaient parfois jours quand la bête était touchée sans qu'elle ne soit achevée. Néanmoins, pour que le jeune chien se forge sa propre expérience, il faut que la chasseresse se fasse passive. Une chose qui contrarie toujours grandement ses habitudes.

    Elle attend alors. Les azurites observent le paysage humide, avant qu'elles soient attirées par le dogue revenu folâtrer autour des jambes de la monture. Il semblerait qu'il n'y ait rien à trouver ici. Par soucis de conscience, la sicaire ne peut s'empêcher de jeter un vague coup d'œil au sol boueux des berges. Puis, faisant alors confiance à son chien, elle ne s'attarde pas plus, envoyant son cheval dans la souplesse de l'amble pour quitter ce premier point d'eau.

    La chasseresse cogite. Il lui faut sans doute garder la trajectoire la plus parallèle au Renard. Avec un peu de chance, elle interceptera une proie en pleine fuite. Il faudrait cependant éviter de se perdre au passage. Si elle aime à arpenter illégalement les forêts des grands seigneurs, on ne peut pas dire qu'elle connaisse tous les recoins de celle-ci comme sa poche. La main se décale à droite, faisant passer la monture sur le terrain le plus tendre, là où le claquement des sabots se fera plus mat.

    Au bout d'un certain temps, sans rien apercevoir, un autre étang se distingue, plus large, tout autant arpenté à sa surface d'une mousse d'un vert de jade cependant. Tandis que Fenrir s'en va flairer une rive du point d'eau, l'Anaon décortique l'opposé. La saison du rut devrait très bientôt commencer. Peut-être que quelques jeunes brocards ont déjà marqué les arbres de leur bois. La mercenaire longe l'orée de la forêt à la recherche d'écorces stigmatisées ou toute autre trace abandonnée par le gibier. C'est alors que brusquement, un aboiement joyeux transperce le voile du silence. La tête fait volte face. De l'autre côté, Fenrir brasse de l'air, avant de détaler subitement à travers les arbres.

    L'Anaon n'attend pas. Visgrade gagne le galop coupant à demi à travers l'eau, créant la panique dans une cohorte de grenouille.
    A nouveau, le trio disparaît dans les bois.


__________________

Images originales: Victoria Francès, Concept Art Diablo 3 - Anaon dit Anaonne[Clik]
--Sabaude.renard.
Il a l'impression qu'ils arpentent les sous-bois depuis des heures, effet né du dépit. Crétin!

Luggggggggg
, baille-t-il, las d'appeler le congénère humain.

Lug? Si tu ne sors pas tout de suite tu ne pourras plus jamais boire une bière sans douter de son contenu! Tu sais que je puis être très cabotin. Et c'est valable pour le vin, le cidre, la pisse de cheval, tout ce que tu peux avaler de liquide! Sauf ta femme.... je ne me permettrais pas.

Il en est certain, l'autre le fait mariner et y prend un grand plaisir. Cela réclamera vengeance, foi de Renard.

Luggggeeeeuuuuuuuuuxxxxx! Copain! Montre tes oreilles où je montre une liste de tes fausses conquêtes, longue comme le bras, à Alexya.

La dernière idée est nulle, il ne le ferait jamais, mais ça son ami ne le sait pas... en fait si... tous deux savent que leur amitié ne laisserait place à ceci.

Pffffff

Pour un peu il chanterait un truc de poivrot sur une vie désolée. Peut être qu'en cassant les oreilles à toute la foret il verra le gibier se liguer pour lui apporter sa proie. C'est beau de rêver.
Et l'Anaon qui doit faire sa chasseuse expérimentée, droite sur son canasson, flèche encochée, l'oeil vif, l'air sévère, prête à transpercer le moindre malavisé qui pointera son museau, son groin, son bec, son...

Il sursaute et regarde par dessus son épaule. Non, dame je-vous-en-mettrais-une-dans-le-derrière n'est pas là à le viser sadiquement.


Pfiouuuu

Tiens? Le chien s'agite! La queue frétille, la gueule claque, il a l'air idiot du cabot qui a entendu qu'on apporte sa gamelle... il doit y avoir quelque chose digne d’intérêt non loin. L'entrain revient et il les dirige dans la direction pointée par le museau. Reprendre les négociations!

Lug! Je suis sûr que t'es dans le coin! Je t'offre un chat si tu te montres.

Si avec ça il ne l’appâte pas.... Un greffier! La bestiole préférée de son ami!
--Anaon.


    De son côté l'allure ne s'enraye pas. L'Anaon laisse sa monture suivre la course de Fenrir, dardant la forêt d'œillades inquisitrices. Y'aurait-il d'autres signes du passage des chevreuils ? Où en est Sabaude de son côté ? Les azurites couvrent le ciel haché par la cime évidée des hauts arbres. Le jour point plus fort, les brumes du crépuscule lentement se dissipent. Attraper une proie aussi rapidement serait un beau tour de force et la chasseresse y croit.

    Les lieux s'avalent sous coussinets et sabots, jusqu'à l'instant où le chien s'arrête soudainement, fouillant frénétiquement les alentours d'un air dépité. Il a perdu la trace. Le faciès de l'Anaon s'affaisse. Non... Il ne peut pas la perdre maintenant ! Elle s'est laissée guider sans avoir elle-même cherché à repérer la piste ! Instant de déconvenue. Les flancs de Visgrade se gonflent fortement sous elle et son souffle crève la monotonie silencieuse des bois. La sicaire reprend sa pleine concentration. Le chien est jeune et pas assez expérimenté, à elle de prendre la relève. De la main unique sur les rênes elle fait pivoter son cheval, œil au sol à la recherche de trace. De l'arc agrippé dans sa senestre, elle pousse les branchages de quelques buissons. Il y a un fort contre-bas qui borde leur trajectoire sur leur gauche depuis quelques pas déjà. Peu probable que le chevreuil ait choisi de sauter par là pour fuir ses poursuivants. Et si tel est néanmoins le cas, la trace de sa réception devrait être bien visible en bas. La balafrée longe l'éminence sans rien déceler dans la terre meuble qui puisse indiquer l'atterrissage d'un bond animal. Hypothèse écartée.

    C'est un peu à l'écart de la ligne que la sicaire repère un bout de terre brassée. Les caillasses mousseuses jusque-là incrustées dans la glèbe ont été délogées, laissant de petits trous vides et nus à leur place inoccupée. Le sillon est pareil à une éraflure. Chose qui arrive avec les chevaux aussi lors de brusque changement de direction. Le terre malléable se marque du dérapage. La tête se relève vers la direction toute indiquée par les traces. Le talons titille les côtes équines.

    _ Fils ! Viens !

    L'étalon retrouve un trot soutenu tandis que le molosse bondit pour suivre les pas du centaure. L'Anaon reprend les commande de la traque le temps que le chien retrouve son flair et décide à nouveau de cavaler en tête.

    Un bruit soudain sévit, pareil au craquement de millier de petites brindilles, et l'Anaon relève le nez pour saisir l'envolé d'un nuage d'oiseau. Voilà l'alerte donné à tous les habitant de la forêt. Et c'est peu après que l'aboiement de Fenrir la rappelle à l'ordre, forçant son attention à revenir devant elle. Un bruissement. Et soudain la vision d'un éclat mordoré qui file entre les arbres. La prunelle s'éclaire. Le chevreuil est là, à bonne avance sur elle.

    Sans attendre, les rênes sont lâchées, le galop est enclenché, commandes de la monture assurées seules par poids et jambes. Dextre agrippe une flèche sans qu'elle ne perdre de vu la croupe de sa proie. Mais à peine la flèche s'encoche que l'Anaon s'arrête.

    Non....

    Il n'y aura pas plusieurs tentatives. Si l'Anaon doit assurer sa défaite, elle refuse de laisser une seule chance au Goupil de railler sa malchance. Il n'y aura qu'une flèche. Une seule flèche tirée en plein cœur. De quoi clouer la victoire arrogante de Sabaude de son adresse. De quoi minimiser sa satisfaction de l'avoir devancé. Elle tuera la bête en un trait, ou elle ne la tuera pas.

    L'empennage quitte la corde, et de l'index tenant l'arc elle tient aussi sa flèche. Dextre reprend les rênes et leur contrôle. Voilà un défi supplémentaire que celui de la perfection. L'erreur ne sera pas permise, la précipitation est à bannir. La stratégie se monte dans l'esprit mercenaire.
    Une première chose est à faire : Rattraper la proie.


__________________

Images originales: Victoria Francès, Concept Art Diablo 3 - Anaon dit Anaonne[Clik]
Lug...
La brume était toujours présente dans ce début de matinée, rafraichissant encore l’air au niveau du sol. Lug observait ces bans de brumes tandis qu’il se déplaçait d’un pas prudent, regardant les feuillages et branchages attentifs à ne pas les écraser sous ses bottes. Attentif au silence régnant en ses lieux et à ne pas se faire repérer par son parrain auquel il n’avait nul désire de rendre la tache plus aisée.

Comment faire maintenant ? Devrait-il tenter de faire prisonnier le vicomte et l’humilier. L’idée est alléchante certes mais il doute de l’exécution parce qu’oserait-il attaquer son parrain et tenter de le vaincre ? Et si l’ancien soldat ripostait ? Trop compliqué et de ses années mouvementée Lug à retenu une règle : toujours chercher la facilité et la simplicité en opération. En effet les plans parfait, compliqués et ficelés au quart de la moitié d’un poil, comme tout les plans imparables, ont une sacrée tendance à ne pas marcher une fois soumis à la réalité de ce monde imparfait.

Le sourire s’épanouit tandis que le Renard continue sa surenchère. Comme quoi l’attente à ses récompenses mais bien vite le sourire s’évanouit sous la liste des conquêtes. Cabotin il l’est certainement mais le ferait-il ? Et plus important la croirait-il ? Possible malheureusement, une femme est rapidement prête à se croire trompée et ce d’autant plus que l’homme au chat n’est pas l’homme le plus fidèle parcourant la terre. D’autant plus qu’il pense Alexya prête à écouter son ami pour cela… Le doute le prend, le juron franchis les lèvres alors qu’il s’immobilise pour réfléchir. Finalement il reprend sa route en direction des promesses, des menaces et des suppliques suivant les moments.

En cours de route il croise un ruisseau. Tentative de saut pour passer outre sans déposer ses empreintes mais le saut en longueur n’est pas le fort de l’homme et le talon de la botte glisse dans la boue, renversant un homme confus et humilié dans la boue et l’eau… Splach !
Sabaude
Le silence s'est abattu sur le trio. L'homme ne braie plus, le cheval est à l'arrêt et le mâtin près d'une souche s'est assis museau au vent.
L'esprit de la foret enlace le jeune vicomte, faisant taire l'humain agité pour que ses fils et ses filles cessent de s'égailler.
Fermé à ce monde sylvestre depuis son entrée dans les bois, Renard s'apaise et renoue avec la Terre Mère pour s'ouvrir enfin. 
Il paraît alors, majestueux, couronné, la vie sauvage palpitant au poitrail exposé. Une main gantée se pose sur le cou du chien alors que l'homme s'accroupit lentement, regard perdu dans la contemplation du noble animal.

Il est de ces chasseurs sélectifs qui n'ôtent la vie qu'à certains êtres et sous certaines conditions. Eut-il en l'instant possédé un arc et accepté de l'employer que la flèche n'aurait quitté le carquois. Il ne manque de rien, chaque jour son tranchoir est couvert, et son ventre n'est point vide sauf à sauter des repas. Il   n'a pas devant lui un de ces sangliers qui retournent le sol de leurs défenses ou une perdrix semblable à tous ces gros oiseaux dépourvus de grâce. Sous ses prunelles brillantes se dresse un cerf, natif de l'endroit que lui le bipède vient troubler de ses jeux.

Chhhh chhhhhh, invite-il le canidé à ne point grogner ni aboyer.

Non, sous son regard admiratif il n'y a point de proie mais un roi. Un régnant élancé, tête ramifiée tournée de son côté, qui vient de poser ses deux disques noirs sur lui. Ils se jaugent, s'apprivoisent. Renard est contemplatif.
Soudain la magie du moment se rompt, emportée par un bruit qui éveille l'agilité du cervidé.


Fichtre.... livre-t-il au monde végétal.

Alors qu'il tire sa monture par la bride et se dirige vers la source sonore une pensée sombre impose à son crâne la vision du fer dans la chair du cerf, l'Anaon penchée au dessus. D'une secousse il fait disparaître l'image et hâte le pas pour découvrir un bien drôle d'animal.


Eh bien Lug, serais-tu à te crotter pour échapper à ma vue et à la truffe de ma bête ? Mais c'est gentil de me simplifier enfin la tâche avec tes bruyantes ablutions !

Le lasso est déroulé pour faire passer la boucle par dessus tête et épaules du captif. Sur un coup sec il ressert le nœud et saisit le bout de la corde à la manière d'une longe.

Promis je tairai ce mauvais traitement, mais tu comprends, il faut que cela ait l'air un tantinet vrai. Bon, théâtrale.... Mais c'est pour la bonne cause, la mienne ! Et la tienne aussi. Dans une semaine ta cave sera pleine.

Sur un claquement de doigts le chien vient fermer la marche, direction Longny.
_________________
Anaon

    Sous le coup de l'adrénaline et de cette cavalcade endiablée, Visgrade semble avoir retrouvé la fougue de ses jeunes années. Il tient la cadence, malgré la distance qui se creuse inéluctablement entre proie et prédateurs, et la sicaire ne pousse pas sa monture dans les derniers retranchements de son allure. L'inquiétude se peint sur sa concentration. Il faut trouver, et vite, la chance ou l'astuce pour briser la foulée du chevreuil. Car à la course pure, elle ne le vaincra pas. Et si celui-ci n'est pas le plus rapide qu'elle ait connu, la sicaire n'a pas envie de tester plus avant le formidable instinct de survie de l'animal.

    Secondes qui passent ou bien minutes, l'Anaon ne saurait plus jauger, quand c'est soudainement la plus grosse chance de cocue qui lui passe sous le nez. Elle ne le voit arriver que lorsque son cheval manque de le percuter. L'écart est brutal. La sicaire ne doit son salut qu'à l'expérience qui garde ses fesses vissées à sa selle. Un cerf, déboulant de nulle part lui a coupé la route avant de continuer son chemin dans une allure de diable. Elle a figé sa monture, cœur affolé devant l'improbable scène. Elle l'avouera, l'hésitation est là, dans un réflexe qui ne dure pas plus qu'un éclair fusant à la surface de son esprit. Outre les décrets royaux qui font du cerf la proie du Roi, l'Anaon ne saurait jamais, ô grands Dieux jamais abattre cet animal qu'elle a si chère au cœur et au sang. La sicaire reste coite, quelques secondes tragiques, après lesquelles elle réalise tout le drame que peut avoir causé cette interruption dans le rythme de sa chasse.

    _ Ha kaoc'h !

    La monture fait volte-face, elle reprend la piste du chevreuil avec la crainte d'avoir été définitivement semée.

    Au loin, elle entend un aboiement qui n'a rien d'un chien, avant de percevoir la clameur canine, sourde, comme étouffée par l'épaisseur organique de la forêt. L'étalon se fraye son chemin dans le fouillis des buissons, et à mesure que la sicaire se rapproche, elle constate que la terre se fait à nouveau bourbier. Plus en avant, Fenrir pris de frénésie se démène en aboiements fous, posant les pattes dans la boue trop meuble avant de se raviser. Et au milieu de la plaque fongueuse, le chevreuil lutte comme un forcené pour se défaire de la vase qui a avalé ses jambes.

    Aucune indécision, Fenrir est à gauche, elle dépasse alors la glaise traitresse pas la droite sans ralentir. Et elle fait bien. Dans l'énergie du désespoir, le brocard s'extirpe de son entrave de quelques bonds maladroits pour reprendre sa fuite, fragile, entraînant immédiatement la traque du molosse.
    Elle le sait maintenant. Pris entre l'étau du chien et du cheval, c'est vers elle qu'il viendra.

    Comme tout chasseur rompu à la tâche, l'Anaon sent quand vient le bon moment. Et à l'instant où elle lâche les rênes pour se saisir à nouveau de sa flèche, elle semble percevoir plus que clairement ce qui se passe autour d'elle. L'adrénaline soudaine qui lui serre le cœur. Les cinq cents kilos de muscles qui se déploient sous sa selle. Les énormes flancs qui se gonflent et expirent un air sonore qui scande chaque foulée martelée dans le tendre de la terre. Les percutions de leur course. La flèche s'encoche.

    Le gros dogue se déporte à droite pour tenter d'aller saisir la croupe du chevreuil, qui dans un réflexe bifurque à son tour. Durant quelques bonds, l'animal fonce droit sur elle. La corde de l'arc se bande. Et quand le chevreuil se rend compte de son erreur, obliquant à nouveau pour l'éviter, il est trop tard. La sicaire est déjà à sa hauteur.

    Et c'est l'instant où tout s'accélère. Les jambes demandent une dernière impulsion à la monture. Un sursaut et un effort. Elle dépasse le chevreuil. Se tourne sur sa selle.
    La corde claque sa pommette.
    La flèche part...


Ha kaoc'h ! : Breton, "Et merde !"

_________________

Images originales: Victoria Francès, Concept Art Diablo 3 - Anaon dit Anaonne[Clik]
Lug...
Si l'homme a deux jambes, deux bras et deux poumons c'est qu'il est avant tout destiné à fouler le sol de ses pieds, avant de monter sur un cheval ou sur le pont d'un navire et, assurément avant tout il n'est pas destiné à nager se dit le petit baigneur. En l'occurence ce n'est même pas de la baignade, dans un lac ou dans le domaine de Lir mais dans un vulgaire ruisseau boueux...
Lug se remit debout, pieds plantés dans l'eau -de toute façon il était déjà complètement trempé. Corps courbés vers l'avant alors qu'il essorait sa longue chevelure tendant vers les épis qui commençait à murir lentement pour la récolte d'août. Il poussa le luxe jusqu'à chasser de son visage le mélange d'eau et de boue qui le recouvrait. Avant de regarder à nouveau autours de lui, essayant de se souvenir pourquoi il était là et ce qu'il faisait bien les pieds dans la gadoue.

Les souvenirs et les raisons de sa présence lui revinrent immédiatement quand il entendit la voix de son adversaire du jour passablement amusé. Un juron sortis de sa bouche sous la colère de s'être fait retrouver dans une posture si ridicule. Mais l'amuseur redevint le bateleur qu'il était et s'inclina révérencieusement devant le noble.


Mes félicitations pour votre pêche messire mais... je vous croyais plutôt chasseur !

Et il fut lié de la plus belle manière non par un filet mais par un lasso. À croire que ce Renard était plus qu'un fin chasseur... ou qu'il tenait à sa victoire. En tout état de cause le quatuor des deux compères, du cheval et du chien repartis vers le domaine seigneurial.

C'est vrai que c'est plus que théâtral. Me lier ! non mais, t'aurais simplement pu me demander ma parole ?

Pour ma cave, tu sais ce que j'aime ? Dit-il après un moment de silence. En effet, vaincu pour vaincu autant tenter d'en découvrir des avantages.
Anaon, incarné par Sabaude


    Le bruit d'un impact.

    Visgrade cavale sur plusieurs mètres avant que la cavalière ne le freine du bassin. Épaules pivotent, buste aussi, et l'étalon suit la direction indiquée par le mouvement sur sa selle et le poids qui y change. Demi-tour. Par l'assiette de sa cavalière il est relancé dans un galop léger qu'il emprunte sans attendre. La sicaire est en suspens. Elle a entendu le chevreuil chuté. Elle l'a fauché. Mais proprement ? Ça elle ne le sait pas encore... tout reste possible.

    Elle revient sur ses pas dans une impatience fébrile, accrochant de ses prunelles la masse mordorée écroulée sur un lit de mousse. Ses pieds déchaussent les étriers avant même que le cheval ne s'arrête de lui-même, et elle fait voler une jambe par-dessus son encolure pour atterrir à pied joint à côté de sa proie. Elle ne bouge plus. Immédiatement la chasseresse s’accroupit, posant une main sur le poitrail de l'animal. Elle ne l'a pas touché au cœur, mais l'a perforé en plein poumon. Et le chevreuil tenu au silence expulse ses derniers souffles de vie. La sicaire se perd dans le regard aux profondeurs anthracites que la vigueur abandonne, et dans une expiration qui ne se fait pas attendre, les flancs se soulèvent une dernière fois sous sa paume une pour se figer irrémédiablement.

    La main reste posée là.
    Durant un instant, Anaon ne bouge pas. La satisfaction ne couvre pas les traits de son visage comme on pourrait s'y attendre. Il n'y a là, sans doute, qu'une pudique reconnaissance. Elle ne célèbre pas la mort, quelle que soit sa forme. Ce n'est pas une chose dont on doit se réjouir même si elle nous est bénéfique. Bien curieux état d'esprit pour un être souvent payé pour la donner... Les azurites contemplent l'iris ardoisé qui reflètent vaguement le feuillage des arbres qui les surplombent et du bleu terne qui en perce les ajours. Le brocard est plus vieux qu'elle ne le pensait. Sans doute possédait-il quelques faiblesses intérieures qui l'auront épuisé plus vite que de raison. Une petite tape vient flatter les flancs morts avant que Fenrir ne vienne mettre un terme à son petit recueillement pour quémander sa récompense. La balafrée lui dispense quelques caresses des plus chaleureuses, puis embrassant sa grosse tête noire, elle se relève.

    Visgrade, rompu à la tâche, s'est immobilisé juste derrière elle, attendant, la respiration encore lourde et le poil se nappant d'une écume blanche. L'arc est posé, puis de l'une de ses sacoches, la mercenaire extrait une longue et solide corde. Deux doigts se posent sur une rêne pour y appliquer une douce pression, faisant ployer la tête de l'équidé qui répond sans attendre en se couchant « en vache ». Tous les tours de cirque ont une application concrète et utile dans la vie. Revenant au gibier, l'Anaon arrime solidement la corde autour des bois du brocard avant d'en tendre une portion à son chien qui l'attrape avec grande joie.

    La chasseresse passe le molosse de l'autre côté de la monture allongée puis attrape à son tour les pattes avant du chevreuil.

    _ Allez fils !

    L'un tirant alors sur la corde par jeu, l'autre ahanant par le bout des pattes, le lourd chevreuil est hissé sans grande difficulté sur la vieille selle. Le cheval est relevé avec précaution. Voilà que la prise est chargée. L'Anaon prend le temps d'assurer solidement la bête sur le dos de l'ibérique, laissant la flèche plantée bien en évidence là où elle a frappé. Puis enfin, elle se laisse aller à un soupire de contentement, en songeant à la viande qu'elle pourra enfin et à nouveau déguster selon son cru. Chasser pour chasser n'a pas de sens pour elle. Mais chasser pour manger...

    Son attention se voue alors à sa monture qu'elle flatte longuement. Compagnon fidèle depuis bientôt deux décennies et qui arrive encore à lui offrir fougue et grâce malgré une jeunesse qui se fait de plus en plus lointaine. On peut dire que ces deux-là vieillissent ensembles, et sans doute qu'ils mourront de même. Les lèvres souriantes se posent sur le chanfrein mise en sueur par le lourd toupet.

    _ Tu auras droit à des soins de roi !

    Jaloux ne manque pas de venir lui bousculer les jambes. L'Anaon repousse doucement le bâtard, qu'il comprenne qu'il y aura droit lui-aussi, mais à son tour, ne réprimant cependant pas un :

    _ Moi oui toi aussi tu seras gâté !

    Reprenant alors son arc, l'Anaon se met en route, à pied, pour regagner le point de rendez-vous, sans empressement aucun. Peut-être que Sabaude se trouve déjà à Longny, auquel cas il aura gagné fort honorablement. Et si ce n'est point fait, elle lui laissera tout le temps nécessaire pour se faire. Désormais, elle a son chevreuil et plus rien ne lui importe... et puis de toute manière... elle a promis à Judas de lui laisser la victoire.


__________________

Images originales: Victoria Francès, Concept Art Diablo 3 - Anaon dit Anaonne[Clik]
See the RP information <<   <   1, 2   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)