Samsa
[Août 1458, Touraine, Chinon]
Saaaaaam ! Tu viiieennns ? On va au lac !
J'arrive ! Attention... Chargéééééé !
La jeune femme de vingt ans se met à courir à toute allure dans les rues de Chinon. Elle n'a pas de chausses, ni de bottes, et ses pieds nus battent le pavé chaud sous ce soleil estival. Elle n'a rien sur elle que des haillons et des braies blanches. Son corps est bien féminin quoique sans véritable excès de courbes. Ses cheveux sont légèrement ondulés, bruns comme l'écorce des arbres, ses yeux également. Ils brillent d'une lueur heureuse, comme si mille silex s'entrechoquaient à l'intérieur. Son visage est lisse, peut-être encore enfantin, sans véritable trait. Elle tourne à vive allure à l'angle d'une rue, manque de renverser une dame tirant une petite charrette. Agilement, elle fait un saut de côté et rit. Un rire pure, cristallin, qui monte dans le ciel. Sa course ne connait pas de pause avant le lac. Elle s'arrête, les joues rouges, haletante, mais sans jamais se départir de ce beau sourire insouciant. Là, en train de pousser une barque dans l'eau, il y a Smir, son ami blond en haillons, Lou, son amie si douce et gentille. Il y a aussi Lily, Furette... Huberte est sur l'eau depuis l'aube. Rodeur les regarde faire à l'écart, à l'abri de sa capuche. Mahiro, l'amie brune comme la nuit, se joint à la bande. Et puis il y a Zyg. Zyg Zyg... Zyg qui vient de Cambrai, Zyg brune comme l'ébène, Zyg aux yeux bleus-gris, Zyg son inséparable, son apprentie cultivatrice de Bêtise, sa colocataire.
Bon tu viens nous aider oui ?
Un nouveau rire emplit l'air, attirant l'attention de la mairesse Nina qui passe par là, s'arrête pour regarder ce joyeux spectacle. Sam se joint à la bande et pousse la barque pour la mettre à l'eau. Il fait beau et chaud, et tous sont comme des gamins. La vie est si belle. La barque glisse sous les houras, les plus téméraires et pressés sautent dedans dans une cohue totale. Sam sourit jusqu'aux oreilles en regardant Zyg. Elle l'a recueilli perdue, sans rien ni personne. Elle lui a donné un toit, des amis, une ville, une famille: elle. Sam lui a offert tout cela, et pourtant, elle ne saurait dire qui apporte le plus à l'autre. Zyg la regarde, lui sourit de toutes ses dents et l'incite d'un geste enthousiaste de la main à les rejoindre. Sam s'approche, ses pieds sont à présent dans l'eau. Elle baisse la tête et voit son reflet. Mais étrangement, elle ne se reconnait pas. Qui est cette femme moitié-rousse moitié-brune qui la regarde d'un air impassible, et qui semble pourtant si grave et profond ? Elle n'a pas le temps de se poser la question qu'une main joueuse la pousse en avant. Sam perd l'équilibre et tombe dans l'eau.
[Juillet 1462, quelque part sur les chemins de Guyenne]
L'eau fraîche de la rivière éclabousse le visage de Sam. Son destrier bai, Guerroyant, se désaltère à quelques mètres d'elle. La Cerbère l'imite un instant. Le soleil se lève, ses rayons se faufilent entre les feuilles entre les arbres et commencent à éclairer le chemin qui fait un grand cercle autour de Bordeaux. Elle laisse son regard glisser sur la surface de l'eau jusqu'à la berge opposée en s'asseyant dans le sable humide.
Elle est partie la veille au matin de Bordeaux, laissant Maria seule avec Nolwenn et Gwenn, ses filles. Pour explication, elle n'a laissé qu'un regard abattu à sa compagne qui a comprit et a posé un baiser sur son front. Elle était comme ça parfois, Sam. Tout lâchait en elle, de son orgueil à sa si grande force, et alors elle n'était plus capable de rien, pauvre coquille trimbalée au gré des vents, incapable de réagir. Alors elle prenait Guerroyant, se hissait en selle et partait, seule. Cette absence avait une durée variable, d'une journée à quelques jours. Souvent, elle empruntait ce grand chemin qui faisait un large cercle autour de Bordeaux. Ça lui prenait un temps suffisant pour qu'elle revienne gonflée à bloc, et reprenne ses forces à une vitesse époustouflante. Sam, c'était ce qu'on appelle une colosse aux pieds d'argile.
Elle ramena les genoux vers elle et y apposa son front. Il y avait longtemps qu'elle ne pleurait plus. Elle ne savait plus comment faire. Ça ne lui faisait plus de bien. Tout au plus, ses yeux échappaient à son contrôle et des larmes roulaient sur ses joues. Elle attendit que ses forces lui reviennent et elle se releva.
Sam avait aujourd'hui vingt-quatre ans. De taille moyenne, elle était charpentée. Ses épaules étaient robustes, ses bras solides sans pour autant ressembler à des troncs en un point quelconque, son dos long et fort. Elle avait les jambes courtes, plutôt lourdes. Ses cheveux étaient toujours ondulés, au bas des omoplates, mais on ne savait plus s'ils étaient roux ou bruns. Son visage était reconnaissable à ses traits marqués, rigides quoique pas austères. On devinait bien que la nature l'avait rendu avenante, mais que la vie avait durci cette qualité. Ses yeux étaient si sombres qu'on aurait pu les croire noirs. Les milles silex s'entrechoquant n'existent plus. Peut-être ont-ils brûlé aux côtés de la flamme qui les anime maintenant, tantôt flammèche, tantôt brasier. Des bottes noires enserrent ses pieds, ses chevilles, ses mollets. On devine des bas gris au niveau des genoux. Ses cuisses sont protégées par des cuissardes placées sur ses braies blanches qu'elle n'a jamais changé malgré que des braies grises ou noires aient été plus adéquates dans la couleur, et une cotte de maille, sous une chemise noire, recouvre son buste. Une ceinture noire serre un peu le tout à la taille, alors qu'une seconde ceinture est également là, supportant une épée à pointe et à double tranchant plutôt fine et point trop lourde. Un col noir est posé sur ses épaules. Ses mains sont dans des gantelets métalliques sur le dos, de cuir sur la paume pour laisser l'aisance. Souvent, une toque grise est sur sa tête. Sam a quelque chose de noble en elle, et ça ne passe pas uniquement par les vêtements qu'elle porte.
Viens mon beau, on repart pardi...
Sa voix n'est plus enjouée, plus cristalline. Elle ne l'a, en vérité, plus jamais été depuis la mort de Zyg. Enthousiaste, joyeuse, heureuse peut-être même, oui. Mais plus jamais comme avant. Elle ne sait pas d'où ça vient, mais elle a prit l'habitude de placer des "pardi" dans ses phrases. C'est un peu sa marque de fabrique à elle maintenant. Mais quelle importance ?
Elle attrape les rênes de Guerroyant, solide cheval bai né pour la charge, et le tourne face au chemin. Lestement, elle met le pied à l'étrier et se hisse en selle. Elle se tient toujours très droite à cheval, et son naturel fier sinon orgueilleux ne peut pas se cacher, avec ce menton légèrement redressé, surtout mobile, ces yeux sombres qui scrutent ou observent les trois-quarts du temps. Le dernier quart eh bien... C'est un regard fixe. Du haut de Guerroyant, elle baisse la tête et regarde dans l'eau. L'espace d'un instant, elle croit que son reflet lui renvoi l'image d'une jeune fille souriante et insouciante. Celle qu'elle était, quatre ans auparavant. Mais ce temps n'existe plus. Cette jeune fille non plus. Elle est morte, détruite. Sam aimerait envoyer un caillou dans l'eau, dissiper cette image douloureuse. Mais elle n'en a pas le courage, elle n'en veut pas à cette autre. Elle talonne sa monture qui se met à un pas tranquille, s'éloigne de la rivière. Sam baisse la tête, soupire, et ferme les yeux...
[1458, Touraine, Chinon]
Avaaaaannnce ! Bourriiiiiiiique ! HIDALGO AVAAANNNNCE !
Sam s'évertue à talonner un âne qui n'avance pas. Pourquoi diable a-t-on mit cet âne dans la course ? Sabotage ! Elle ressemble à un asticot sur cette monture bougonne -ça se voit- et bornée. De l'autre côté de la barrière, à quelques mètres de là, Zyg rit à gorge déployée. Sam la regarde avec une moue de type "c'est pas drôôôôôôle !". A moins que ce ne soit du genre "j'aimerais t'y voir, toi".
Attends je vais t'aider !
En temps normal ce serait de la triche. Mais là, c'est de l'assistance à personne en danger. Alors que Zyg disparaît on-ne-sait-où, Sam continue de s'évertuer seule. Les autres concurrents passent, et si elle jubile quand l'un se retrouve dans la même situation qu'elle, cela ne dure jamais longtemps pour autant. Enfin Zyg revient, elle et son regard malicieux et enfantin. Elle a un fil dans la main, et quand elle tire dessus, une cacophonie se fait entendre, comme si milles casseroles s'entrechoquaient -outre le nombre, c'est ça-, et une volée d'oiseaux de l'arbre le plus proche s'envole. Hidalgo avance...
Hourraaaaaa !
... Fait trois pas et s'arrête. Il ne redémarre pas. Toute la joie retombe et Sam est au bord de la crise de nerf -de désespoir surtout-. Pour le bien de tous, elle descend et déclare forfait. Trop d'écart la sépare des autres maintenant, elle est presque encore à la case départ, ils sont presque arrivés. D'ici qu'elle arrive, s'ils l'attendent pour boire un coup, ils auront le temps de mourir déshydratés.
Pourtant, elle gardera Hidalgo, cet âne ronchon et plus borné que les autres. Elle le regarde attentivement. C'est étrange comme il parait vieux tout à coup... Il n'était pas ainsi quand elle l'a choisit et monté pour la course. Des poils blancs parsèment sa robe grise, sa tête semble plus lourde et son oeil moins vif. On dirait qu'il a... Quatre ans de plus.
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"Un visage est un masque de comédie posé sur la tragédie de lâme."(Shan Sa)
Saaaaaam ! Tu viiieennns ? On va au lac !
J'arrive ! Attention... Chargéééééé !
La jeune femme de vingt ans se met à courir à toute allure dans les rues de Chinon. Elle n'a pas de chausses, ni de bottes, et ses pieds nus battent le pavé chaud sous ce soleil estival. Elle n'a rien sur elle que des haillons et des braies blanches. Son corps est bien féminin quoique sans véritable excès de courbes. Ses cheveux sont légèrement ondulés, bruns comme l'écorce des arbres, ses yeux également. Ils brillent d'une lueur heureuse, comme si mille silex s'entrechoquaient à l'intérieur. Son visage est lisse, peut-être encore enfantin, sans véritable trait. Elle tourne à vive allure à l'angle d'une rue, manque de renverser une dame tirant une petite charrette. Agilement, elle fait un saut de côté et rit. Un rire pure, cristallin, qui monte dans le ciel. Sa course ne connait pas de pause avant le lac. Elle s'arrête, les joues rouges, haletante, mais sans jamais se départir de ce beau sourire insouciant. Là, en train de pousser une barque dans l'eau, il y a Smir, son ami blond en haillons, Lou, son amie si douce et gentille. Il y a aussi Lily, Furette... Huberte est sur l'eau depuis l'aube. Rodeur les regarde faire à l'écart, à l'abri de sa capuche. Mahiro, l'amie brune comme la nuit, se joint à la bande. Et puis il y a Zyg. Zyg Zyg... Zyg qui vient de Cambrai, Zyg brune comme l'ébène, Zyg aux yeux bleus-gris, Zyg son inséparable, son apprentie cultivatrice de Bêtise, sa colocataire.
Bon tu viens nous aider oui ?
Un nouveau rire emplit l'air, attirant l'attention de la mairesse Nina qui passe par là, s'arrête pour regarder ce joyeux spectacle. Sam se joint à la bande et pousse la barque pour la mettre à l'eau. Il fait beau et chaud, et tous sont comme des gamins. La vie est si belle. La barque glisse sous les houras, les plus téméraires et pressés sautent dedans dans une cohue totale. Sam sourit jusqu'aux oreilles en regardant Zyg. Elle l'a recueilli perdue, sans rien ni personne. Elle lui a donné un toit, des amis, une ville, une famille: elle. Sam lui a offert tout cela, et pourtant, elle ne saurait dire qui apporte le plus à l'autre. Zyg la regarde, lui sourit de toutes ses dents et l'incite d'un geste enthousiaste de la main à les rejoindre. Sam s'approche, ses pieds sont à présent dans l'eau. Elle baisse la tête et voit son reflet. Mais étrangement, elle ne se reconnait pas. Qui est cette femme moitié-rousse moitié-brune qui la regarde d'un air impassible, et qui semble pourtant si grave et profond ? Elle n'a pas le temps de se poser la question qu'une main joueuse la pousse en avant. Sam perd l'équilibre et tombe dans l'eau.
[Juillet 1462, quelque part sur les chemins de Guyenne]
L'eau fraîche de la rivière éclabousse le visage de Sam. Son destrier bai, Guerroyant, se désaltère à quelques mètres d'elle. La Cerbère l'imite un instant. Le soleil se lève, ses rayons se faufilent entre les feuilles entre les arbres et commencent à éclairer le chemin qui fait un grand cercle autour de Bordeaux. Elle laisse son regard glisser sur la surface de l'eau jusqu'à la berge opposée en s'asseyant dans le sable humide.
Elle est partie la veille au matin de Bordeaux, laissant Maria seule avec Nolwenn et Gwenn, ses filles. Pour explication, elle n'a laissé qu'un regard abattu à sa compagne qui a comprit et a posé un baiser sur son front. Elle était comme ça parfois, Sam. Tout lâchait en elle, de son orgueil à sa si grande force, et alors elle n'était plus capable de rien, pauvre coquille trimbalée au gré des vents, incapable de réagir. Alors elle prenait Guerroyant, se hissait en selle et partait, seule. Cette absence avait une durée variable, d'une journée à quelques jours. Souvent, elle empruntait ce grand chemin qui faisait un large cercle autour de Bordeaux. Ça lui prenait un temps suffisant pour qu'elle revienne gonflée à bloc, et reprenne ses forces à une vitesse époustouflante. Sam, c'était ce qu'on appelle une colosse aux pieds d'argile.
Elle ramena les genoux vers elle et y apposa son front. Il y avait longtemps qu'elle ne pleurait plus. Elle ne savait plus comment faire. Ça ne lui faisait plus de bien. Tout au plus, ses yeux échappaient à son contrôle et des larmes roulaient sur ses joues. Elle attendit que ses forces lui reviennent et elle se releva.
Sam avait aujourd'hui vingt-quatre ans. De taille moyenne, elle était charpentée. Ses épaules étaient robustes, ses bras solides sans pour autant ressembler à des troncs en un point quelconque, son dos long et fort. Elle avait les jambes courtes, plutôt lourdes. Ses cheveux étaient toujours ondulés, au bas des omoplates, mais on ne savait plus s'ils étaient roux ou bruns. Son visage était reconnaissable à ses traits marqués, rigides quoique pas austères. On devinait bien que la nature l'avait rendu avenante, mais que la vie avait durci cette qualité. Ses yeux étaient si sombres qu'on aurait pu les croire noirs. Les milles silex s'entrechoquant n'existent plus. Peut-être ont-ils brûlé aux côtés de la flamme qui les anime maintenant, tantôt flammèche, tantôt brasier. Des bottes noires enserrent ses pieds, ses chevilles, ses mollets. On devine des bas gris au niveau des genoux. Ses cuisses sont protégées par des cuissardes placées sur ses braies blanches qu'elle n'a jamais changé malgré que des braies grises ou noires aient été plus adéquates dans la couleur, et une cotte de maille, sous une chemise noire, recouvre son buste. Une ceinture noire serre un peu le tout à la taille, alors qu'une seconde ceinture est également là, supportant une épée à pointe et à double tranchant plutôt fine et point trop lourde. Un col noir est posé sur ses épaules. Ses mains sont dans des gantelets métalliques sur le dos, de cuir sur la paume pour laisser l'aisance. Souvent, une toque grise est sur sa tête. Sam a quelque chose de noble en elle, et ça ne passe pas uniquement par les vêtements qu'elle porte.
Viens mon beau, on repart pardi...
Sa voix n'est plus enjouée, plus cristalline. Elle ne l'a, en vérité, plus jamais été depuis la mort de Zyg. Enthousiaste, joyeuse, heureuse peut-être même, oui. Mais plus jamais comme avant. Elle ne sait pas d'où ça vient, mais elle a prit l'habitude de placer des "pardi" dans ses phrases. C'est un peu sa marque de fabrique à elle maintenant. Mais quelle importance ?
Elle attrape les rênes de Guerroyant, solide cheval bai né pour la charge, et le tourne face au chemin. Lestement, elle met le pied à l'étrier et se hisse en selle. Elle se tient toujours très droite à cheval, et son naturel fier sinon orgueilleux ne peut pas se cacher, avec ce menton légèrement redressé, surtout mobile, ces yeux sombres qui scrutent ou observent les trois-quarts du temps. Le dernier quart eh bien... C'est un regard fixe. Du haut de Guerroyant, elle baisse la tête et regarde dans l'eau. L'espace d'un instant, elle croit que son reflet lui renvoi l'image d'une jeune fille souriante et insouciante. Celle qu'elle était, quatre ans auparavant. Mais ce temps n'existe plus. Cette jeune fille non plus. Elle est morte, détruite. Sam aimerait envoyer un caillou dans l'eau, dissiper cette image douloureuse. Mais elle n'en a pas le courage, elle n'en veut pas à cette autre. Elle talonne sa monture qui se met à un pas tranquille, s'éloigne de la rivière. Sam baisse la tête, soupire, et ferme les yeux...
[1458, Touraine, Chinon]
Avaaaaannnce ! Bourriiiiiiiique ! HIDALGO AVAAANNNNCE !
Sam s'évertue à talonner un âne qui n'avance pas. Pourquoi diable a-t-on mit cet âne dans la course ? Sabotage ! Elle ressemble à un asticot sur cette monture bougonne -ça se voit- et bornée. De l'autre côté de la barrière, à quelques mètres de là, Zyg rit à gorge déployée. Sam la regarde avec une moue de type "c'est pas drôôôôôôle !". A moins que ce ne soit du genre "j'aimerais t'y voir, toi".
Attends je vais t'aider !
En temps normal ce serait de la triche. Mais là, c'est de l'assistance à personne en danger. Alors que Zyg disparaît on-ne-sait-où, Sam continue de s'évertuer seule. Les autres concurrents passent, et si elle jubile quand l'un se retrouve dans la même situation qu'elle, cela ne dure jamais longtemps pour autant. Enfin Zyg revient, elle et son regard malicieux et enfantin. Elle a un fil dans la main, et quand elle tire dessus, une cacophonie se fait entendre, comme si milles casseroles s'entrechoquaient -outre le nombre, c'est ça-, et une volée d'oiseaux de l'arbre le plus proche s'envole. Hidalgo avance...
Hourraaaaaa !
... Fait trois pas et s'arrête. Il ne redémarre pas. Toute la joie retombe et Sam est au bord de la crise de nerf -de désespoir surtout-. Pour le bien de tous, elle descend et déclare forfait. Trop d'écart la sépare des autres maintenant, elle est presque encore à la case départ, ils sont presque arrivés. D'ici qu'elle arrive, s'ils l'attendent pour boire un coup, ils auront le temps de mourir déshydratés.
Pourtant, elle gardera Hidalgo, cet âne ronchon et plus borné que les autres. Elle le regarde attentivement. C'est étrange comme il parait vieux tout à coup... Il n'était pas ainsi quand elle l'a choisit et monté pour la course. Des poils blancs parsèment sa robe grise, sa tête semble plus lourde et son oeil moins vif. On dirait qu'il a... Quatre ans de plus.
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"Un visage est un masque de comédie posé sur la tragédie de lâme."(Shan Sa)