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[RP] Quand du conte il est l'heure

Chimera
    [Quelques jours plus tôt]

Non, c'est plus tôt que ça encore qu'errent les pensées dénérées alors qu'au pas posé de Morvac'h elle approche de l'Auberge de la Vallée Blanche. La semaine précédente, Amarante avait déploré qu'elle ne conte plus, se rappelant d'une histoire dite, il lui semblait, dans une autre vie. Mémoire avait fait son chemin, et avait croisé, intersection téléphonée, l'envie qu'elle avait eu, lors du mandat précédent, de soutenir la pêche dans les villes côtières de Breizh via un concours ouvert par un conte. De concours il n'y aurait pas, mais elle n'avait pas mis l'idée du conte de côté pour autant. Bien au contraire.
Une fois parvenue devant l'établissement qu'elle avait pour la première fois fréquenté un soir de mésentente, elle met pied à terre, et confie l'étalon au soin une touffe d'herbe. Ou l'inverse. Bref.
Elle pousse la porte et glisse la tête par l'entrebâillement. En plein après midi, la pièce est déserte de toute âme sociale ou alcoolique, et elle entend vaguement farfouiller dans la réserve. L'indice est suffisant pour qu'elle offre un mot à la pénombre trompeuse.


- Gautier?
Le taulier ne tarde pas à émerger, et sourit en la voyant. Elle pénètre à l'intérieur, pas feutrés, et ôte les gants de cuir clair, héritage Von Frayner, qui couvraient encore ses mains pour venir au devant du propriétaire des lieux.
- Ma dame? Je vous sers quelque chose?
C'était à ce point? Elle sourit et secoue la tête.
- Non, non, mersi bras. Je venais vous poser une question, en vérité.
Il embraye, trop serviable.
- Si je peux venir donner un coup de main au Comte?
- Non plus.
Elle sourit, lui aussi, qui se décide enfin à la laisser l'informer du motif de sa venue.
- Verriez-vous un inconvénient à ce que je convie la Bretagne ici pour conter, et pour les inviter à dire des histoires de nature?
Il la regarde, prunelles écarquillées.
- La Bretagne?
- La Bretagne. Et leur offrir votre si fameuse prune. A volonté, comme vous le faites avec nous.
- Leur offrir? Livide il est. Couleur mousse. Mais, et s'ils me vident mes fûts?
- C'est moi qui paye, Gautier. Ma contribution, pour la renommée de votre établissement, en remerciement de votre hospitalité.
Et voilà soudain Gautier qui reprend des couleurs. Pas jusqu'à devenir vin d'Anjou, mais pas loin, sous le coup de l’appât du gain.
- Alors bien, c'est entendu.
Faudra-t-il coucher la Bretagne entière?

- Prévenez le voisinage de pailler les granges.
Il opine. Et trotte prévenir son épouse qu'il risque d'y avoir de l'animation dans les murs prochaine... quand frappe le défaut d'information, il s'arrête et se retourne vers elle.
- Quand donc?
- Mercredi.

Et mercredi avait été entendu.
De retour dans la masure au moulin adossée - où était-ce l'inverse?- elle est désormais attablée, et apporte la touche finale à l'annonce qu'il convenait de faire.


- Ifig, fais porter ceci chez les copistes du chateau de Rennes. Que ce soit largement diffusé, et lu pour ceux qui ne savent pas. Il est question d'entendre, avant tout.
Elle ajoute, la voix un brin tremblante, coupable et penaude d'avoir délaissé l'instrument ces derniers mois.
- Et... va faire chercher ma harpe à la venelle.

C'est donc ainsi que toutes les villes de Bretagne furent averties, quelques jours avant ledit mercredi, pour laisser le temps du voyage, qu'aux abords de Rennes le soir du conte serait sous le signe de la divine prune de Gautier qui devait, à l'heure qu'il était, déjà être en train de préparer ses godets.


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Adenora
La blondinette était présente, le jour où Amarante avait évoqué le souvenir heureux d'histoires entendues voilà bien longtemps.

Ne m'a tu jamais entendu conter? Avait demandé, l'air un peu surpris, l'Aubépine à la Châtaigne qui l'interrogeait sur le sujet.
Non, mais j'aimerais beaucoup...

Quelques jours étaient passés, avant que finalement rendez-vous ne soit prit, pour le plus grand plaisir d'Adenora, et de tout les amateurs qu'elle espérait nombreux en Breizh.
Camille viendrait, Elisabeth aussi, surement. Excellente conteuse également, d'après son cousin.

Chimera avait indiqué l'Auberge, en chemin quelques affiches l'avait conforté sur le lieu à rejoindre.
Aussi poussa t-elle la porte avec assurance mais douceur, comme pour ne pas interrompre, déjà, l'enchantement qui commencerait bientôt.

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Yris.mae
Il était venu le temps qu'elle fasse le bilan de son année même si elle n'était pas toute à fait certaine qu'elle n'était pas terminée.


Cette année avait été mitigée, beaucoup de bonne choses mais une très mauvaise qui avait assombri le tableau à l'image du soleil qui commence à décroître. Mais cet évènement allait encore la pousser à faire un choix.

Elle voulait célébrer cette fête. Et cette journée avait bien commencé par un grand ménage chez elle, puis ensuite elle avait fait un grand ménage dans la grange. Puisqu'elle allait faire un long voyage, elle vendait toute la ferme. Et ensuite une sortie en foret pour aller faire la cueillette du Solstice. Elle allait toujours au même endroit pour la cueillette. il s'agissait d'une telle mine d'or en matière de profusion végétale qu'elle ne pouvait pas décemment aller ailleurs. D'ailleurs cette année elle avait poussé un peu plus loin, et elle était tombée sur un endroit absolument merveilleux : un tout petit sous-bois, un bosquet en fait, traversant une petite mare pour rejoindre une clairière ensoleillée, en formant comme un pont de terre surmonté d'une voûte de jeunes arbres. Bien qu'elle ne put voir l'endroit si merveilleux elle ressentait la plénitude qui régnait. C'est dans ces moments-là que la solitude lui pesait le plus. Elle songeait souvent à Maël30, il aurait adoré cet endroit.

Elle avait donc fait son petit bouquet de solstice , L'angélique pour le soleil, la mandragore pour la lune , l'iris , la marguerite, la camomille, la sauge sauge, la rose sauvage et bien d'autres..

Elle songeait à faire pleins de choses mais ce fameux évènement le lui empêcha.

En rentrant chez elle, elle entendit le coup de maillet

- tiens une nouvelle annonce , viens Fanchon allons voir

En bonne jeune fille de compagnie , Fanchon accompagna Yris et lut ledit message .

- Partons pour Rennes et allons à cette Auberge entendre conter .

Il aura fallu deux jours de marches pour rejoindre l'Auberge. Yris et Fanchon arrivèrent discrètement en ne faisant presque pas de bruit .
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Liz52
Elle se devait d'etre présente. Sa tante lui avait parlé de cette soiree speciale et lui avait promis d'y assister. Elle ne connaissait pas les légendes de sa terre d'adoption et se devait de remedrier a cela. Le chemin de l'auberge lui était inconnu et de peur de se perdre elke s' était tournee vers celui qui serait toujours là pour elle.

Une cape chaude pour voyager de nuit.. elle était prete a aller se faire conter les histoire de Bretagne.
Elle attendait que Bahia arrive et ils prendraient la route pour rejoindre Chimera.
La nuit etait clair et calme. Ils arriverent rapidement et sans soucis au lieu de rendez vous. Entrant ils virent adenora et yris qui étaient deja là.
Liz entraina Bahia pret de sa cousine avec elle et prit place ecoutant deja la voix chzude de sa tante.
[/i]
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Korydwen.
Quand une môme de six ans joue les espionnes à Saint Brieuc, ça donne ça. Caché derrière un étale du marcher, la Dehuit de Brélidy cherchait à semer son chaperon/grand frère, elle nomme Kieran.

{- Rega'de Baudin, Ki'ran l'y là ! Chuuuutttt ! Sinon l'y va nous voir ! }

La gosse de rire sous cape quand elle entend le garçon qui l'appelle.
« Pam ! Pam ! Pam ! »
Korydwen tourne la tête au son du marteau qui plante un clou. La gosse se rapproche et écoute l'homme qui fait ensuite la lecture.

« ... ... Le soir du vingt cinquième jour ... ... De juin ... ... Bla bla bla ... ... L'auberge de la Vallée Blanche ... ... Bla bla ... ... À Rennes. L'histoire des mystères de connaissance vous sera contée. ... ... Bla bla bla ... »

La gosse, les yeux brillants, se retourne en serrant son ours fort contre elle, vient d'avoir une idée. Elle veut aller écouter les histoires, mais sans Kieran, elle ne pourra pas.


{- Kiiiiiiii'raaaaaaaannnnnn !!!
Kiiiiiiiiiiii'raaaaaaaaaannnnnnnn !!!
Kory l'y lààààààààà ! }


La morveuse lève son petit bras pour que le garçon la voit de loin et hop le tour est joué, le voilà qui rapplique.

- Demoiselle korydwen, il ne faut pas me semer comme ça, je vous l'ai déjà dit. S'il vous arrivait quelque chose, votre mère m'arracherait les yeux. S'il vous plait restez avec moi.

Un joli sourire et un {- P'omis Ki'ran } et l'affaire est dans la poche. Comment résister à une gamine qui sait y faire ? Kory tendit le bras et lui montre l'affiche.

{- Ki'ran va amener Kory là-bas pour écouter les histoires ? Ta plait Ki'ran ! }

Le jeune garçon regarde l'affiche et soupir. Il savait que la mère de la petite aimait ce genre de soirée et que de toute façon, si elle avait été là, elle y serait allée. Kieran hoche donc la tête pour le plus grand plaisir de la gamine.

Vous me promettez d'être sage et de bien rester avec moi ?
{- Ouiiiiiii, Kory promet et Baudin aussi. }



~~~~~~~


Auberge de la Vallée Blanche.

La petite main dans celle de son chaperon/grand frère, c'est une Kory un peu intimidée qui entre dans l'auberge, collée à lui et à son ours. Elle ne sait pas trop à quoi s'attendre et en plus la ville est grande, même si elle y est déjà passée avec sa mâma. Un regard à Kieran, l'oreille de son ours dans la bouche, elle le suit et va s'asseoir dans un coin avant de lâcher un
{- No'cheuvat } à qui veut l'entendre.

Pas simple de parler breton quand on a six ans.

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Else
- Noz vat, répond tout de même une voix toute proche.

Enfin, proche. Tout est relatif. Dans un coin de l'auberge ci-dessus désignée, paisible et silencieuse, Kermorial s'est déjà installée. Tant qu'il fallait s'occuper l'esprit, une série de feuillets a retenu son attention ; désormais, elle navigue plutôt d'un sujet à un autre. Ici, la harpe qui distille le souvenir lointain d'un chant - un, deux, trois... loi des séries. Là, mini-Blonde, l'adoptée par procuration, étrange source de joies qu'elle se pensait interdites. Ici encore, la douce Yris qu'accompagne son ombre, Fanchon la dévouée. Là... Une môme ?
Une môme.
n.m. ou n.f. - pop. - Principe de désordre, source d'inquiétude et de perplexité sans fin. - syn. : gamin(e), mouflet, boulet, ennuis, chagrin.

Faut-il préciser que l'ecclésiastique n'en sait pas quoi faire ? Mais elle n'est pas ourse, ou pas tous les jours - ni terrible et dentue, ni câline et... mâchonnée ? Un éclair d'étonnement, ou de compassion - peut-être d'empathie, file dans ses prunelles ecclésiastique. Puis, masque. Les yeux se tournent à nouveau vers la Rousse bientôt conteuse, tant pour l'hommage... que pour échapper à la tornade en puissance.

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Killijo_de_denere
Sur la route

A Rohan, il avait rencontré Winnette, charmante tavernière qui savait boire. Et s'amuser. Il était reparti dans la soirée parce que Saint Pol, c'était tout de même pas la porte à côté. Il avait encore quelques lieues à parcourir avant d'aller retrouver sa cousine. De toute manière, qu'avait-il à faire maintenant ? Il ruminait sur le chemin, sa fille aînée était chez les moines depuis bien trop longtemps maintenant, sa fille cadette... Son poing se serrait à nouveau quand il y pensait, l'articulation blanchissait et son envie d'aller cogner du bois remontait fortement. Il devrait tout de même prévenir Chimera pour les tables et tabourets réduits en miettes. Il lui en offrirait des plus jolis. Il y ajouterait quelques décorations en fer pour s'excuser. Il était seul sur la route et cette tranquilité l'apaisait. Une silhouette à l'horizon s'avançait tranquillement. Un colporteur qui lui expliquait une histoire de contes qui allaient se dire à Rennes. Une fable de poisson en quête dans une vallée de la freslionnière à l'auberge du bois de Rennes. Il s'y mangeait du saumon à la prune.

Merci mon brave.

Il lui avait glissé une pièce dans la main pour sa peine et pour le pain qu'il lui avait vendu, valant la moitié de prix vu sa fraîcheur. Mais il avait faim. La cuisine de la Titine lui manquait, tiens. Il s'était donc dirigé vers Rennes pour entendre parler de cette quête de poisson. Après un lapin, du poisson. La prochaine fois, sera-ce enfin un vrai met ? Un sanglier, du chevreuil... Une cuisse de biche ?


Rennes

Il avait trouvé l'auberge de la vallée blanche qui se trouvait bien à l'orée du bois. Rennes. Il y était déjà passé, rapidement, avec Meleann. Déjà si longtemps... Il devrait prendre de ses nouvelles, savoir si les moines l'avaient enfin libérée. Ils lui avaient interdit toute visite en le regardant avec des yeux suspicieux. Sa grossesse devait être visible maintenant, mais il avait eu beau leur clamer qu'il n'y était pour rien, ils ne l'avaient point cru. La honte de l'église lui avaient-il dit. Et voilà comment avec une réputation (méritée, il faut l'avouer), on se retrouve le père présomptif des enfants des femmes non mariées. Ne manquait plus qu'Annelyse pour en rajouter une couche. Même les femmes mariées. Son poing... Attention les arbres. Il regardait cette auberge dressée à l'entrée de ce bois. Il s'avança et poussa la porte.

Plusieurs têtes connues. Adenora, future cousine ou presque, fille adoptive de Chimera. Il lui sourit. Yris et sa douce Fanchon. Brève inclinaison de tête en direction de la Fanchon. Liz et Bahia. Il lui fit un clin d'oeil. A Liz, bien sûr, Bahia ne saurait qu'en faire. Else, la diaconnesse. Il fut tenté de lui faire aussi un clin d'oeil mais... Nan, on ne fait pas de clin d'oeil à Else. D'ailleurs, on s'incline par signe de respect et on prie avec elle. Ou on lit le dogme. Parlant de la raison de la présence de tous ici, était-ce Else qui allait leur raconter la parabole du poisson qui se multipliait ? Il fut presque tenté de repartir immédiatement. Point de dogme, de sermon ou autre absurdité du genre. Pas en ce moment. S'il lui racontait la scène avec sa fille, elle lui dirait qu'en effet, la vie qu'il menait, les sentiments qu'elle éprouvait face à sa situation, tout ça. Son poing blanchissait. Pas ici Killi, t'es dans une auberge, avec ta cousine, non, tes cousines, une diaconesse qui t'enverra en enfer. Et la môme ? Que faisait-elle ici ? L'habitude, il voyait les femmes d'abord, puis les petites filles, et après, accessoirement, s'ils insistaient, les autres. Où s'installer ? Il hésitait. A côté de Chimera qui la protègerait ? Nan. Elle avait peut être même déjà eu vent de la dispute avec sa fille. Au fait, Chimera était aussi ici, près du feu.Toujours la bonne place, la cousine. Bon, mon gars, t'as pas le choix. Il n'était point allé l'embrasser comme il l'aurait fait d'ordinaire, elle était le centre d'attention de tous, il se ferait discret. Il alla s'installer aux côté d'Adenora. La gentille douanière qui l'accueillait avec un gentil courrier quand il arrivait à Rohan. Dommage que la veille... Tant pis, il lui offrirait un verre une autre fois. Avant de s'asseoir, il dit néanmoins. Comment on dit déjà ?

Demat an'holl

Ou un truc du genre. Les cours, ça prend du temps avant d'être bien assimilés. Il s'assit, attendant la suite comme tout le monde. Apparemment, ce serait Chimera qui compterait l'histoire du poisson et de sa prune. Ouf, point de sermon. Point encore.

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Chez moi

Présence réduite à partir de jeudi 21 jusqu'au 15 septembre
Chimera
    [Le soir dit, au lieu dit]

L'ancienne duchesse ne fait pas de fioritures, elle ne troublera pas l'ambiance installée, bigarrée, jeune ou moins, parfaite assemblée déjà silencieuse et prête à l'écoute, mirettes curieuses luisant de l'éclat des flammes dans l'âtre, silence troublé seulement par le taulier qui s'agite, sur la pointe des pieds, pour veiller à ce qu'aucun godet ne se vide, trop prévenant, en ce début de soirée. Trop prompt, peut-être, à chercher l'ivresse qui lui assurerait de louer quelques chambrées. Le coin des lèvres aubépines s'étire en un léger sourire, alors qu'elle salue chacun. Devant elle, la harpe rendue à sa liberté, cordes vibrantes d'impatience, trop longtemps tenues au silence.

- Noz vat d'an holl.
Entendez cette histoire.
Ensuite, nous boirons, en échangeant sur son sens.


Les doigts effleurent les cordes, qui lancent leur appel à l'attention plus sûrement que tous les mots. Mais les mots viennent, comme annoncés.

- Notre histoire se déroule en la verte Erin. Là, il y avait sept ans que Finegas demeurait sur la Boyne, où il guettait le Saumon de Sapience, ou Saumon de l'étang de Slane, car une prophétie déclarait que celui-là qui mangerait le Saumon de Sapience, toutes choses lui seraient découvertes.
Et ce Saumon, qui avait nom Fintann, était un dieu, que l'on pouvait manger sans lui ôter la vie. Après sept ans, donc, il vint, et Finegas le prit et le portant à son disciple, lui prescrivit de le faire griller, mais en lui défendant d'en manger si peu que ce fût.


Elle s'interrompt, ponctuant ses mots de quelques notes figurant le processus, échange et cuisson, avant de reprendre.

- Quand le jeune homme lui présenta le Saumon après l'avoir fait cuire, Finegas demanda:

Une légère inflexion de la voix suffit à exprimer la parole autre.

- As-tu mangé la moindre part du Saumon ?
- Non, dit le jeune homme ; mais en tournant le poisson sur la broche ou crevant une cloque sur la peau, je me suis brûlé le pouce et je l'ai mis dans ma bouche.

Elle s'interrompt encore, laissant l'assistance se figurer les conséquences de pareil acte. Les notes s'égrainent, quand les yeux parcourent l'assemblée, curieux de déceler quelque réaction.
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Else
Dans un coin sombre, une paire d'yeux clairs s'étrécissent.
Mal parti, le disciple.
L'histoire partait mal, au départ. Jusqu'à la Boyne, mettons que tout allait. L'Irlande n'a jamais que trois défauts - par ordre inverse d'importance : le whisky, Finn Ó Mórdha, et retenir Alain. Quant à convoiter la sagesse, ma foi : passe encore. N'importe qui pourrait, devrait même. C'est après que les choses se corsent. Après, quand la convoitise des hommes le dispute à leur sournoiserie. La perversité, mes enfants, c'est de réunir toutes les conditions de la plus belle ânerie possible, comme ça, sans raison, et puis de l'interdire - à toutes forces bien sûr, sans quoi c'est moins marrant - et enfin de se barrer le temps qu'arrive ce que doit.

Les pensées kermoriales s'envolent vers un cousin pas si lointain. Finegas est ton frère, homme d'expériences : Dieu veuille que tu ne les pousses pas si loin que lui.

Et de tendre l'oreille, pour capter encore les accords de la voix et de la harpe. Hameçonnée.

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Chimera
Elle sourit légèrement, apres avoir laissé l'assemblée gamberger, et termine:

- Quel est ton nom, enfant? dit le poète.
- Deimné répondit le gamin.
- Non pas, reprit l'ancien : c'est Finn. Car c'est à Finn, selon la prophétie, qu'il devait être donné de manger le Saumon de Sapience, non à moi; et il faut que tu sois Finn, en vérité.

Triste constat, ou hasard bienheureux, chaque auditeur en jugerait. La scelaig conclue, après avoir posé doucement les mains à plat sur les cordes pour en stopper le chant.

Il donna donc à Finn le Saumon tout entier à manger, et c'est à ce moment que Finn posséda la connaissance universelle. C'est-à-dire que, chaque fois qu'il portait son pouce à sa Dent de Sagesse, toutes choses en ce monde, même sans recourir à l'incantation poétique, lui étaient révélées soudain.

Il est doux, toujours, le silence d'après les histoires. Ces silences où l'auditoire encore tout à l'histoire guette d'autres mots, ou médite sur la portée de ceux qui viennent d'être prononcés. Cet instant de grâce avant que la bulle n'éclate, l'Aubépine s'en délecte autant que le reste, voire davantage. Elle a le beau rôle, d'observée devient observatrice, et scrute les visages noyés dans la pénombre autant que dans leurs pensées. Le tavernier Gautier lui apporte un verre de prune sur la pointe des pieds, qu'elle salue d'un sourire.
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Bahia7
L'auberge est déjà bien remplie. Dans un coin, près de la cheminée, Bahia écoute.

Son souvenir se rapproche de ceux d'antan où il avait tendu l'oreille déjà. Pensif, où la réflexion se perd, capturant le temps avec elle, les minutes s'égrainant, et le monde de s'enfermer, là. Le temps de l'histoire. Trêve d'un instant.

Il observe tout autant la conteuse que l'assemblée. Tous ces yeux dans une même direction, avec le même but: deviner pour savoir. Entendre pour comprendre. La fable est adoucie et accompagnée d'une musique, alors qu'une prune les attend, tous.

Pourquoi ces occasions d'une telle union manquent-elles? Il l'ignorait.

L'histoire se déroule, l'attention est à son maximum.
Un poisson comme héros. Il nourrissait bien plus des entrailles du conte que de la bestiole.

Un sourire naît, à la morale de l'histoire.

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Adenora
La taverne peu à peu c'est emplie, promesse d'un bel auditoire pour la narratrice, d'un instant de partage avec ceux qui se sont déplacés.
A mesure la blondinette salut, et bien qu'elle ne soit pas hôtesse, reste attentive aux gestes de celui qui déjà les sert.
Politesse oblige? Pas seulement, même si cela lui semble élémentaire de l'être, façon de tromper son impatience, de goûter à l'ambiance, aussi.
Glisse quelques mots à l'oreille de celle qui ne voit plus, sourit à la petiote encore inconnue, pose une main sur l'épaule d'une blonde aînée, aimée.
Regard amical pour Bahia, tandis qu'une main débarrasse une chaise pour accueillir Lizette, en tire une autre pour Killi.

Quelques mots. Quelques notes qui s'égrainent...
L'assemblée semble charmée, suspendue aux paroles de la conteuse, tout autant qu'elle.

Tant et si bien que le silence semble vouloir se prolonger bien après les dernières.
Boire et échanger sur le sens avait-elle dit?
De boire peut être quelques uns avaient commencé, la faute à Gautier, mais...

Alors la châtaigne demande, hésitante peut être même au-delà de la morale à préférer.


Finegas n'est finalement guère troublé. Savait-il au fond n'être pas le véritable destinataire du saumon, pour l'ainsi confier à son apprenti?

Et Deimné devait-il changer de nom pour mieux répondre à la prophétie, ou étais-ce le moyen de lui apprendre qu'il en avait un autre?

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Else
« C'était le moyen, surtout, de ne pas avoir tort », manque grincer Kermorial, prévenue dès longtemps contre ce genre de ressorts. Allons, allons, tout doux ! La réponse vient trop vite aux lèvres pour n'être pas suspecte. D'ailleurs : n'eût-elle pas été moins vive, si le nom avait été autre ? En toutes choses, prendre son temps. Remonter le fil. Tout reprendre. On rembobine...
Replay :


« Quel est ton nom, enfant ? »
« Deimné. »
« Non. C'est Finn. »

Ce nom, bon sang ! Blonde ne s'y fera jamais. Ironiquement, elle songe que c'est bien le fin mot de l'histoire : les noms sont magiques. Ils ravivent, mots-souffle, qui insufflent et balaient. Ils ramifient, mots-branches, où l'on s'accroche et ou se cogne. Le plus simple, sans doute, consisterait à en choisir un autre ; mais Finn ou un autre, c'est justement le problème.
Nouvel essai.


« Quel est ton nom, enfant ? »
« Deimné. »
« Non. C'est Finn. »
« Allons bon. »
« Oui. »
« Euh... non ? »
« Si. »
« Ah. Mais... »
« C'est écrit. »
« Ah. »

Pas concluant. Vous auriez répondu quoi, vous, au maître indigne ? Kermorial tire en silence sur le noeud du problème :

« Quel est ton nom ? »
« ... Deimné. Comme hier. Comme avant-hier. Genre, je suis ton disciple. On se connaît depuis combien de temps, déjà ? »
« Oui, non, mais chut. Tu t'appelles Finn. »
« Ça fait toujours plaisir... »

Sauf si.

Le menton pâle valide discrètement la piste, et par là-même, les tâtonnements juvéniles. Qu'est-ce qu'un nom ? Les druides n'en donnent-ils pas, n'en révèlent-ils pas un autre ? Adenora-Kistin ne s'y trompe guère, fille des deux fois et rompue aux noms doux, quand Dame herméneute les manipule avec tant de précautions.


« Quel est ton nom ? »
« Elisabeth. »
« Oui. »
« Lizzie. »
« Souvent. »
« Elsa. »
« Parfois. »
« Lisa... »
« Naguère. Et puis... »
« Tais-toi... »
« Eli. »
« Il y a longtemps... »
« Toujours. Veux-tu mieux ? »
« Non. »
« ... C'est aussi... »
« Non ! »
« ... Finn ? »
« Certainement pas ! »

La musique a cessé depuis longtemps. Finn-Déimné contemple le monde, un doigt dans la bouche. Ou est-ce pour se consoler de savoir ? Tétant comme un enfant ? Massant la gencive douloureuse ? Ou mordant, sous l'angoisse ? Maître cruel, n'as-tu donc nulle pitié, pour charger tel fardeau sur les épaules de ton fils ?
« Disciple. »
« Fils ! Fils en l'esprit, le plus vrai de tous. »
« Dit celle des deux dont sa mère s'est débarrassée. »
« Qui sait, donc, de première main. »
« Et aime savoir. »
« Ou n'aime pas. »
« Mais souffrirait mille morts... »
« Il faut... »
« ... avant de refuser une miette du saumon. »
« La vérité les vaut. »
« Et Taillevent en eût tiré une recette. »


Il n'est pas doux, le silence d'après les histoires. Il tournoie dans sa bulle.

- Finegas savait, confirme-t-elle à mi-voix. Secret ? Non pas ! L'évidence, même, croit-elle : et que, sans doute, il tâcha de rendre le mets propre à la consommation. Peut-être même de le détruire, qui sait ? Quel monstre ne songerait pas à perpétrer le sacrilège impossible, pour l'amour d'un gamin ? Et qu'importe, si l'on sait toujours déjà qu'à la fin, il faudrait quand même lui abandonner le poisson. Ou l'inverse.

Ça crève les yeux. Ça crève le cœur. Finegas savait, et ne pouvait rien. Mettre en garde, seulement. Exhorter l'enfant à traiter avec la plus grande prudence le met divin, dangereux du savoir. Et ce qu'il pouvait, il le fit ; quant à savoir si ce fut vain... Littérature. La princesse se pique le doigt au rouet, Deimné se brûle le doigt sur l'écaille d'un bon sang de poisson sacré, Alix s'éloigne, Lys déraille, les enfants grandissent. Et parfois, ça se passe mal.
Mais parfois, parfois... ça se passe bien.


« Ton nom, ma fille... »
« ... est Finegas. Je sais. »
« Oui. »
« L'âge, sûrement. »

Elle brûle, ton histoire, refusent de dire les lèvres bientôt plongées dans un verre de prune. L'incendie de l'alcool éteindra celui des souvenirs. Ce soir, jusqu'à une heure tardive, Kermorial interrogera le sort de Déimné et disséquera le moindre mouvement du maître ; pour l'heure :

- Il savait, bien sûr. À quel point... c'est la question. Mais il savait. N'est-il pas le dépositaire de la prophétie ? Et il n'ignore pas ne pas s'appeler...

La phrase meurt, un revers de main balaie le nom, comme si ce n'était rien, vraiment, de ne pas le prononcer. Comme si.

- Quant à Déimné... il y a au moins une troisième possibilité. Étant entendu que l'une n'exclue aucune des autres. Pause. Non pour appuyer le propos, somme toute banal, ni pour ménager l'effet ; mais le temps d'arranger la meilleure réponse qu'elle puisse fournir. Parce qu'en vérité, elle ne sait faire que ça. Et de river son regard dans celui de la jeune fille.
Interro surprise.
À quel moment reçoit-il ce nouveau nom ?

Parce que... prophétie, prophétie, c'est bien gentil, mais aux chevaliers du Libre Arbitre, le destin file de l'eczéma.
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Adenora
- Finegas savait

Elisabeth, ou la sagesse personnifiée.
Sait-elle seulement le pouvoir qu'elle a d'apaiser, d'aider à la réflexion, quelles que soient ensuite les décisions de ceux qui l'écoutent? Oh, bien plus nombreux qu'elle ne le pense certainement.
Mais c'est à elle ce jour qu'elle répond, comme à chaque fois qu'elle demande du reste, sur n'importe quel sujet, là se trouve sans doute un privilège, né d'une affection et d'une proximité qui chaque jour la comble d'avantage.


- Il savait, bien sûr. À quel point... c'est la question. Mais il savait. N'est-il pas le dépositaire de la prophétie ? Et il n'ignore pas ne pas s'appeler...

Finn, allias numéro 8. Complète t-elle mentalement.
Je ne manquerais pas de taquiner le seul que je connaisse et dont tu ne veux prononcer le nom. Je ne sais pourquoi l'évoquer t'agace toujours tant, assez pour assombrir ta mine. Digresse t-elle encore dans ses pensées, chagrinée de savoir celles d'Elsa contrariées.


Blondinette aspirant à la connaissance de l'âme humaine, se rend bien compte qu'elle n'a pas posé La question.
Pourquoi?
Est-ce le généreux présent, ultime, du maître à celui qu'il a instruit?
Poisson-poison, pour celui qui n'en aurait pas l'étoffe. Mais il savait, sans doute cela aussi...
Pourtant les sentiments qui l'animent peuvent être si nombreux, ne manque t-il pas des éléments à ce conte pour ne pas se perdre en conjectures?

La jeune fille quoi qu'il en soit trouve plaisir à écouter la voix d'Elisabeth, pourrait poser mille et une autre questions, rien que pour l'entendre, même si la plupart du temps elle interroge vraiment.


À quel moment reçoit-il ce nouveau nom ?

Le regard Kermorial sonde le sien, et l'examen suffit à faire accélérer les battement de son coeur. Châtaigne qui jamais n'est sûre avance, juste pour ne pas la faire attendre.

Au moment d'accéder à la connaissance universelle.

Une renaissance.
Dit celle qui le même jour est née parmi les fidèles, et a reçu son nom en entrant dans la communauté druidique.

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Chimera
Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses.
L'essentiel, dans les histoires, c'est le questionnement qu'elles génèrent, et c'est le coeur gonflé de fierté qu'elle assiste à l'échange suivant le conte. Peu importe, presque, les conclusions qui sont faites. Leur pertinence, c'est un tout autre apprentissage, qui nécessite l'expérience.

Une réponse est apparue à la druidesse, Finegas de l'instant qui, elle aussi, soudain, sait la seule chose qu'il convient en cette heure de savoir.
C'est maintenant.
Certaines choses, ainsi, s'imposent comme des évidences.
A la prochaine lune, avais-tu dit, Chimera.
Qu'importe.
C'est maintenant.

Elle adresse un signe bref à Ifig, qui se porte rapidement à sa rencontre, un verre de prune en main, trop prévenant, et pour une fois -bien rares- à côté de la plaque. Polie, elle s'en saisit et y trempe ses lèvres après avoir soufflé:


- Va le chercher. L'écurie. A ma selle.

Elle se lève, s'appuie sur le sien plus par solennité que par réelle nécessité, et s'adresse à l'auditoire.

- A vous tous, merci pour votre présence et votre attention. J'espère que vous aurez tiré plaisir, voire enseignements mais ce n'était pas nécessaire, de ce moment aussi aquatique dans le texte que sylvestre dans le cadre.

Un sourire chaleureux est adressé à chacun, à commencer par les plus jeunes, avant qu'elle ne reprenne.

- Je dois vous priver des interrogations d'Adenora un instant. Il est l'heure pour elle de faire un pas de plus sur la voie du druidisme sur laquelle elle s'est engagée voilà quelques temps déjà. Si vous souhaitez assister, vous êtes mille fois bienvenus. Si vous souhaitez par contre continuer à échanger sur le sujet du conte ou sur d'autres autour d'un verre de prune, libre à vous. Nous repasserons quoiqu'il en soit par ici, et pourrons poursuivre ou voyager vers d'autres sujets, voire d'autres histoires.

Le bâton d'Elfyn résonne sur le sol alors qu'elle s'avance vers l'enfant druide aux justes questions.

- Kistin. Viens avec moi.

Il va sans dire, d'où son silence, que la présence d'Elisabeth est condition sine qua non. Pas un regard n'est nécessaire pour inviter Kermorial à l'accompagner, et pourtant les azurines se tournent vers l'alter égo des autels, luisant d'un éclat fier et impatient. S'excusera, plus tard, d'avoir écourté l'échange. Il est une attente qu'il faut écourter également. Les questions pourraient être reprises, ultérieurement. Sans plus tarder, et après avoir effleuré Bahia de la main, elle quitte l'établissement, murmurant au taulier que l'absence sera brève. Elle s'enfonce dans le bois tout proche, et navigue jusqu'à dénicher la clairière qui plus jamais ne serait endroit lambda. Pare toi de tes plus belles couleurs, chanceuse. Ce jour, tu seras témoin de l'avènement d'un neveziad.
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