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[RP] La charrette de ma dame prend la pose !

Acanthe
La charrette s’immobilise de nouveau dans les ruelles Aixoises.
Pour quelques jours seulement avant de continuer la découverte du royaume.

La dernière fois l’Acanthe n’avait que très peu visité la cité, plongé dans les études il n’avait vu le temps passer. Mais aussi parce que sa toute belle Aely s’adonnant à quelques excès éthyliques en taverne, il fallait bien que quelqu’un garde les enfants. Et c’est le barbu de père qui était de garde, pour son plus grand plaisir.
La brunette, elle, rentrait à pas d’heure, toute guillerette, franchissant avec une certaine difficulté les marches de la charrette, manquant à plusieurs reprises de réveiller les petits eux. La promiscuité de leur maison roulante n’aidant pas à une arrivée discrète.
Faisant une petite moue, se pinçant les lèvres en guise d’excuse et riant encore de la soirée, l’Acanthe grondant un peu…..pour la forme. Parce que au fond de lui voir sa douce heureuse lui faisait plaisir. Et puis cette petite moue….adorable qu’elle fait parfois….il n’y résiste pas.

- ‘tention Aely, tu vas réveiller les p’tits !

Puis dans un geste plein de grâce, enfin….la grâce qu’une ivresse permet hein ! Entre l’élégance et l’équilibre il faut faire un choix.
Donc….dans un geste hésitant sur les boutons, elle laisse tomber son corsage, sa chemise, puis la braie. Pour amadouer son bonhomme de futur époux, elle reste un instant à côté du lit offrant son corps sage nu à la vue de son barbu.
Lui, au prix d’un effort surhumain résiste à la tentation, pas facile, avant de l’accueillir dans le pucier conjugal. Ronchonnant encore un peu….toujours pour la forme, mais la serrant dans ses bras.

- La soirée a été bonne à c’que j’vois…..
- Ah ça hips ! On a hips bien ri hips
- Mouais….et bien bu surtout
- Hips…aussi oui hips…..et si tu savais…..
A cet instant, la flamme de la bougie reflète dans le regard émeraude et brillant de l’Aely qui se pose sur l’Acanthe. Elle joue, le taquine, le fait marronner, lui ça l’agace et l’amuse. Mais ça marche souvent.
- Y’en avait hips….mais y’en avait….si hips tu savais….
- Mouais ! Ben j’veux pas savoir Aely – Il veut tout savoir, mais sait d’avance qu’à ce petit jeu il perd tout le temps – tu f’rais bien d’dormir un peu maint’nant
- Ah hips !......J’avais hips d’autres idées hips en tête mon barbu…. – Elle taquine toujours et s’alanguit lentement sur lui dans un baiser humide –
- Tu sens l’alcool……..mon amour…..
La suite prouvera assez vite que l’haleine alcoolisée de sa belle ne le dérangera pas, ni ne le découragera.
Il en faut plus pour démobiliser les sens d’un Acanthe. Surtout quand la belle laisse toute liberté à ses paluches caresseuses.
Epuisés, enlacés, ils s’endorment.
Elle ronfle la brunette, mais tout en douceur. C’est joli….comme une mélodie qui berce son homme.


Aujourd’hui la situation est bien différente, l’Acanthe veut découvrir les attraits de cette ville dont on lui parle tant depuis leur départ pour Marseille.
Alors…mollo sur les études. Il laissera ses livres à la charrette.
Ce qui lui permettra aussi d’aller piocher un peu, parce que depuis qu’il s’est mis en tête d’être maçon, il passe son temps assit.
Et son embonpoint s’en ressent. Sa Aely ne se prive pas de lui faire remarquer en le lui tâtant. Mais il faut croire qu'elle les aime ses poignets d’amour, lui régalant toujours autant les papilles de ses petits plats.
Un peu de labeur ne lui fera pas de mal pour retrouver la forme quand même.

A peine arrivé à Aix il emporte les enfants pour aller fureter dans la ville. La journée sera chaude à en juger par le soleil qui se pointe déjà.
La brunette, elle, est déjà en taverne. Il l’aperçoit de bon matin en compagnie de deux autres dames. Ca promet….
Heureusement cette fois-ci il a prévu le coup, elle n’aura pas la ville à traverser. La charrette est garée non loin de l’estaminet.
Délicate intention lui dira peut-être sa Aely.

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Louise_anne
Kimhan se réjouit en apercevant la charrette,ouvrit sa besace et en sortit quelques rubans de couleurs différentes et alla enrubanner les roues ,recula et d'un grand sourire de satisfaction fit un gros bisous a Acanthe et Aely,puis se mit a leur conter un petit poème pas grand chose mais toute fière se racla la voix et ...
La rose à des épines
Pour se protéger
La rose est belle comme les étoiles
La rose aime se faire aimer
On enlève les épines
Pour la soulever
La rose donne l'amour
L'amour nous donne le bonheur
La rose donne tout
Mais elle fait mal...
Remballa son bout de papier et ....reprit le chemin de la mine en sautillant .
Lona
Lona sortait de taverne, la charrette était garée non loin d'elle. L'Acanthe avait il prévu que sa belle abuse de quelques bonnes choses comme elle en avait l'habitude, surtout quand elle était en présence de la Blondine, il faut dire qu'elles profitaient toutes deux de bonnes choses que la vie offrait. C'était parfois si rare... surtout dans la vie de la Blonde ces derniers temps.

Elle aperçut les roues décorées, sourit. Kimhan s'en allait au loin, vaquer elle aussi, à quelques occupations.
Une drôle de rencontre que celle ci, mais une jolie rencontre.

Lona alla embrasser ses amis.

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Petra_la_blanche
Aix... dans laquelle on joue la mouche du "scotch"

Aix c'est une coquette cité en pleine expansion, pas très éloignée de Marseille. Peu de tavernes mais celles en place sont de qualité exceptionnelle et pittoresque, aux boiseries encaustiquées. Les autochtones présents annoncent la couleur : Brise, Estaloth, Xoolam, Hersende... quand à nous, il y a tout le cheptel de la grande équipée depuis Millau : Lona, Koslov, Aelyenor. Presque tout le cheptel. Kimhan concocte de jolies poésies et des décoctions d'herbes fumantes venant de régions lointaines, Acanthe en a profité pour prendre des cours de maçonnerie provençale, et Mel, sans doute épuisée par la longue trotte depuis Arles décida de se refaire une beauté en se teignant, se harnachant, se décorant, se lavant les pieds et le reste... tout cela sous bonne garde de son fillot.

Elle grimace Aely. Elle est poussiéreuse comme tous ses compagnons de voyage assoiffés. Et alors ? Quoi de plus abominable que tous ces estomacs groupés en rond, en ovale ou en rectangle, afin d'absorber le même contenu ? Quoi de plus laid que ces bouches avec ou sans dents qui s'ouvrent pour ingérer une cervoise moussante, que ces gosiers qui l'avalent, que ces vessies qui la stockent ? Alors que la fonction organique inverse est considérée comme honteuse. En vertu de quoi la besogne du soutier serait-elle plus noble que celle du ramoneur, hein ?

Alors bah, ils sont pas lavés, pas très proprets mais ils commandent à boire. Aely se lance à l'assaut de Brise. heureusement elle est causante, et puis ça l'amuse de bavarder avec une gardienne de chèvres de pays Rouergat.
On en apprend pas mal sur la région, et les barriques sont sans cesse pleines. Comme les consommateurs. Au bout de peu de temps l'euphorie est à son comble ; une alignée de bouteilles vides, avec cette éloquence muette des objets inanimés, indique à Aely que ses amis (de voyage et de rencontre), eux sont pleins, tout comme elle. Ça crache le feu comme les flammes de l'Enfer lunaire.

L'effervescence est indescriptible. Lona et Brise s'adonnent à un concours de "hips" à faire pâlir sa sœur elle-même. On pleure de rien et surtout de rire, Aely a déjà largement lichetrogné sa part mais n'arrive pas à rejoindre les deux femelles tord-boyaux, tout ça sous le regard amusé de Koslov et de Xoo... Estaloth a remisé plumes et parchemins en se disant que demain sera un autre jour, Quand à Hersende, c'est en catimini qu'elle souhaite une bonne traversée et s'éclipse.
Aelyenor quand à elle se sent descendre les chutes du nid à Garat*. Elle biberonne tant et plus, mais peine perdue la blonde et la rousse sont bien trop fortes.
Alors, en désespoir de cause, elle se lève et entame le chant des Partis z'en mer.


Suivant les grands flots bleus
Où viennent seu mirer lé z'étouaaaaaaaleuuuus
Nous z'irons tous deux
Une nuit z'au caprice des vouaaaaaaaaaleuuuuuuus.


La soirée se termine et on ne sait plus qui est qui et c'est sous un tonnerre d'applaudissements réciproque que la petite bande rejoint ses pénates.
Lona et Aely, bras dessus bras dessous visitant les ruelles de la ville en diagonale finissent par trouver le chemin de la charrette.


- J'ai une de ces migraines ma chérie ! Ah les vaches, ils m'ont bien eu. J'ai l'impression d'avoir reçu un coup de baguette magique sur la noix qu'un bœuf en aurait perdu ses cornes. Dis, t'aurais pas un peu d'eau ?

Tout le monde sait que notre époque est aux émotions fortes, mais tout de même, entendre Aely demander de la flotte ça commotionne. Elles repèrent l'abreuvoir à bestiaux. Pour le soulagement de son amie c'était pour s'en asperger la nuque.
Kimhan sort en cet instant de la charrette. Toujours aussi paisible, aussi décorative ; elle a même couvert la roulotte de rubans ! La charrette Pacouly quoi.
La jeune fille étouffe un rire à la vue des deux ivrognes.

- Elle a l'air heureuse hein la petite Kim fait Aely à deux pouces du visage de Lona, exhalant de ce fait une haleine d'outre tombe et de vinasse réunies.

- Allez zou ! Grimpons...

Ça pionce dans la carrée, tout le monde est enchevêtré. Anna et Kundera ronflent de manière très réservée. Lona ne demande plus son reste et s'affale contre son mâle, au point que le malheureux se prend le cou dans une ficelle de la jarretelle de la blonde et suffoque sans même s'en rendre compte.
Quand à l'apprenti maçon, il attrape Aely et ne doute pas un seul instant qu'elle est ronde comme une queue de pelle. Elle sourit et lui chuchote en un souffle aviné.


- Bah ouais j'ai bu ; mais attends de voir un peu.

La brune se délope en silence et lentement. Ses cheveux noirs encadrent le plus régulier des ovales. Ses yeux brillants d'alcool ont la couleur des sources chuchotantes; Son corps ? Et ben ma foi d'après la crise d'apoplexie que lui fait l'Acanthe il est d'une harmonie parfaite. Elle pourrait se placer nue à contre-jour on ne verrait pas la lumière à travers ses cuisses. Le barbu il visionne la plus belle paire de jambes qui se soit baladée sous un buste de femme. Ah madame la Duchesse, si vous saviez comme tout cela est bien galbé, bien roulé, bien foutu et tout et tout.

Elle bat des cils Aely. Son sensoriel réagit vilain. Elle lui distribue un de ces regards félins !!! Oh ma douleur ! A s'enrouer sans parler.
Sur la branche d'un pin une chouette hulule bien fort qu'elle a raison de faire ce qu'elle va faire. Les bouches deviennent aimants et la brunette lui échange un baiser à percussion linguale style "tiens, j'ai fait sauter ta molaire". Et puis le reste.

l'Acanthe il comprend alors que son optimisme était bien fondé et que sa brigande a des penchants pervers.
Aely c'est un don**. Créature de rêve, chevelure abondante, corps de violon et yeux d'azur. L'art c'est l'art. On y peut rien. Épicure n'avait rien d'un Apollon et pourtant quel homme !
Aelyenor elle a une science de l'amour poussée au sublime, plus émouvant que Tristan et Iseult, plus beau que les côtes déchiquetées de Cyrnos, plus impressionnant que les légions de César et plus voluptueux que Aliénor d'Aquitaine.
Qu'évoquer encore pour vous faire prendre conscience de la grandeur de cet acte pourtant élémentaire poussé à son apothéose ? La perfection ? Totale. Le rythme ? A se damner. Elle a tout deviné et elle devine tout. Elle a éprouvé le système nerveux de son Acanthe, ralentir dans la montée pour plonger délicatement dans la descente, modifiant son ouverture suivant les cas de figure. Elle risque même des choses qu'elle ne dévoilera pas. Trop intime et trop perfide. Juste savoir que le barbu qui est sous elle... bah... il atteint les rivages des Syrtes *** sans qu'il puisse comprendre pourquoi.
Somptueux travail dont la lenteur, augmente la complète réussite ; et c'est un gentleman dévasté, défoncé par l'intensité du plaisir qu'elle laisse agonisant sur le plancher de la charrette.

Et c'est à ce moment là que...


- Hé !!! J'ai failli attendre tiens ! On a beau z'être au milieu de 'esplanade, 'vec tout l'boucan qu'vous faites c'est les chinois qui pourraient vous entendre et se met' à chinoiser !

- Louisanne ?!?!?! Nom de D... Lona !!! Louisanne ! Elle est là !!!

Citation:
* Je ne sais pas où ça se trouve. Oui elle est facile je sais.


**Ne vous tourmentez pas pour mes chevilles, je porte des bandes molletières sous mes braies.

***
Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes, 1951
Acanthe
La charrette s’active lentement quand la sautillante Kimhan rend visite à la famille.
Le barbu la regarde faire un peu intrigué, puis finalement se dit que ça donne un peu de couleur, un peu plus de vie.
Enlaçant sa brunette, il lui prend l’envie de la taquiner un peu. Y’a pas de raison qu’il y est qu’elle qui le fasse.

- T’as vu Aely ! Tu la r’trouv’ras plus facilement en sortant de taverne comme ça…. – Lui pinçant gentiment le fessu –

- ‘jour Kimhan ! – bisant la sauterelle et écoutant le poème –

Elle lui avait raconté qu’un jour deux dames s’étaient moquées d’elle et d’un de ses poèmes. Il aurait aimé être présent l’Acanthe, rien que d’y penser il grogne intérieurement. Il leur aurait appris certaines choses de la vie à ces dames, c’est pas un nerveux mais il y a des choses qu’il ne laissera jamais passer.

- Merci….et n’hésite pas, ici personne ne s’moquera de toi….
A peine le temps de finir sa phrase qu’elle est déjà reparti à ses occupations. Elle est toute pleine de vie cette petite.
L’une repart et l’autre arrive.
Lona fait son apparition, la marraine du barbu.

- ‘jour Lona ! Tu vas bien ?
Il la bise puis discrètement lui chuchote à l’oreille. Il chuchote pour pas que sa Aely entende, à coup sûr elle lui taperait sur les doigts sinon.
- T’es v’nue chercher ton cerceau ?

Libérant un rire discret, il l’invite ensuite à contempler le travail de sa fille adoptive.
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Louisanne
Louisanne est un PS de JD Aelyenor. Louisanne est la fille de Lona, nièce adoptive d'Aelyenor et du JD Acanthe. A considérer comme un personnage à part entière ^^


Le retour de Louisanne

Lorsqu'elle vit Aely extirper sa frimousse ébouriffée, Louisanne esquissa un sourire entendu.

- Toujours aussi polissonne hein tata. Championne toutes catégories des nuits sur le mont chauve.

Aely, il lui faut du temps de se remettre de tout. L'alcool, le triomphe amoureux et la surprise de revoir la pécore en chair et en os. L'espace d'un instant elle ne sait plus si elle est sur terre, et soudain descend de son petit nuage rose la bouche empâtée.
Louisanne ! Ah quelle surprise ! La brune ressent un choc. Pis qu'un choc, une secousse sismique. Depuis combien de temps elle ne l'avait plus revue la mouflette ? Elle sait plus. Et puis vous savez quoi ? Ce n'est plus une mouflette. Les filles c'est ainsi. Un jour on leur apporte une poupée de chiffon et la fois suivante on ose plus leur ramener le cadeau que l'on a choisi parce-qu'elles sont devenues demoiselles.

Vous la verriez. Une poussée monstre de partout. (cf La charrette de ma dame est avancée et l'herboristerie du moulin ) De toutes parts ; en hauteur, en rondeurs. Et elle devient jolie en plus cette pie borgne. Avant elle était marrante avec son tarin en trompette, son sourire édenté et son regard impertinent. En pas six mois tout a basculé. Le regard a quelque chose d'ironique mais aussi de réfléchi. Le nez s'est allongé, les pommettes se sont arrondies, la bouche faite pour les éclats de rire a un je ne sais quoi de sensuel. Elle est aussi blonde et belle que Lona sa maman.

Ça la fait sourire de voir Aely stupéfaite.


- Salut ma tante lui lance-t-elle.

Avant de répondre à sa politesse Aely demande.


- Mais bon sang, t'as quel âge môme ?

- Douze ans aux fraises Aely. Bientôt j'pourrais m'marrier.

- Déconne pas avec ça. T'as une mère qui veille au grain oublie pas.

- T'inquiètes pas j'suis pas pressée.

Elle s'approche et à la lueur de la torche caresse la chevelure brune d'Aelyenor.

- Hé dis donc, t'en a quequ'z'uns qui mettent du sel dans leur poivre !

- Charrie pas mouflette c'est le soleil du midi.

- Soleil, soleil... mes fesses oui ! J'te jure qu't'as trois poils gris en maraude. Mais pas de bile, ça te va comme un gant.

- Dis-moi Louisanne...t'as déjà goûté aux hommes ? Non parce-que t'es devenue si belle.

Elle sourcille et retrouve son air furax d'avant quand elle était rogneuse comme une rate prise au piège.

- J'sus pas Marie-Sal-ope ! J'm'appelle Louisanne. Si tu t'imagines que j'vais m'laisser bai... par des guignolesques alors t'as rien pigé au personnage. J'regrette. L'homme de ma vie y'm'prendra pucelle, pamen ! C'est mon but. Il en faut un dans la vie.

Faut que je vous fasse une confidence. Aely a les larmes aux yeux. Un tel langage. Aelyenor met au défi n'importe qui d'y résister.

- Je prie le ciel qu'il t'évite de tomber sur une raclure fillette. Excuse-moi... mais avoue quand même que tu as eu du changement.

Elle hausse les épaules puis change de conversation.

- Et maman ?

- Elle est là ; écoute...

Un ronflement s'éparpille dans la douce nuit aixoise.

- Je vois hi hi hi. et Kikou est avec elle ?

- Tu penses ! Tout le monde est là.

Aely aimerait bien lui demander ce qu'il s'est passé depuis la séparation à Carcassonne. Mais ce n'était pas le moment. Et puis c'était avec sa mère qu'il fallait régler cela.

- Allez viens ma poule, on va se reposer un peu avant de repartir. Grimpe ! Et cette fois-ci on ne se quitte plus.

- Aely, je m'appelle Louisanne. Pas ma poule ou autre ânerie du genre.

Si le physique avait bien changé, le caractère lui semblait bien ancré... définitivement.

- On ne se quitte plus oui. Vous m'avez tellement manqué tous murmure-t-elle avec tendresse.
Louisanne
Le D Day de Louisanne et Lona

Citation:
on va se reposer un peu avant de repartir. Grimpe !


- Non Aely. Tu veux bien aller la réveiller ? J'aimerais lui faire la surprise de mon retour.

Aelyenor la serre fort contre elle. Alors vous allez voir. Pour la première fois de ma vie je me fous à chialer. Pas des simagrées hein ! Oh, non. De jolies petites larmes émues.
Pendant qu'Aelyenor entreprend de réveiller ma mère, je pense d'un coup que le Très-Haut a été chouette ces derniers temps avec moi. Il aurait pu m'envoyer me faire foutre ; ben non. Il l'a pas fait. Je retrouve les gens que j'aime et le plus important : ma mère ; Lona.
Ouais je suis comme ça. Dieu si ça merdoie je me rebiffe et je l'égratigne, mais je le mets dans le coup si je suis contente. Il pourrait organiser des élections il serait certain de passer à l'unanimité sans que ses ministres fassent le tapin au coin des ruelles les veilles de scrutin. Tout est une question de foi. C'est comme la cirrhose. Pour réussir dans le mythe faut avoir un cadre. Certains comme Christos se font clouer dessus, d'autres se la font belle à l'intérieur. Tout est bon pour impressionner les masses...
Bon, je fous la paix au Bon Dieu. Finalement on a que les enfants qu'on s'est faits.

Pendant que j'attends que ma vieille se réveille je reluque la carriole. Purée elle a changé depuis la dernière fois ! Elle est mouchetée de tissus aux couleurs chatoyantes. Pour passer inaperçu c'est râpé.
J'entends du bruit, puis un petit bout de femme descend le marche-pied. Elle a un visage rond et coloré de nuances dorées et arbore un sourire énigmatique. Elle est mignonne. Une peau de satin, des yeux comme des pierres précieuses taillées en amande. On dirait que la donzelle a été dessinée au pinceau sur de la pierre précieuse.


- 'Lut ! J'm'appelle Louisanne.

On bavarde un instant et j'apprends qu'elle s'appelle Kimhan. Elle est émoustillée de ma présence puis me fait signe qu'il y a tampine à l'intérieur de la caravane et qu'il va y avaoir du mouvement.
Le rideau s'écarte et ma chère maman paraît. Le soir a relevé ses amarres alors que l'aube les largue. La lumière devient orangée. Les petites maisons provençales forment des grappes de lucioles suspendues dans l'air capiteux.
Maman elle a l'air d'avoir la tête dans le dargeot. Je la vois et l'entend qui questionne Aely.


- Bah y'a quoi ? Fais ch... Aely de me réveiller à l'aube.

Il y a un parfum de fleurs odorantes et de terre fraîche qui enivre l'air au milieu d'un glouglou mélancholieux d'une fontaine moussue.
Et puis cela devient une sorte de jeu doux-amer. Je me plaque contre la carriole pour lui faire croire... lui faire croire quoi au fait ? J'ai pas envie de lui faire craquer le cœur plus longtemps. Pauvre maman.


- Hé M'man je lui lance timidement.

C'est la première fois que j'appelle Lona m'man. Avant j'étais son amie alors je l'appelais Lona. Mais c'était avant et puis j'étais petite. Mais là j'ai pris de la hauteur et de l'âge et puis je commence à comprendre que je me dois de la respecter. Cela va de soie comme dirait un mûrier.

Ma vieil... non... m'man se retourne. Mer-de on a beau croire, prétendre mais on voit mal avec les souvenirs. Elle a changé m'man en quelques deux années. Chaque jour sur les chemins qui me rapprochait d'elle je lui caressais le visage. Mais le sens tactile de mes pensées ne me rendait pas compte de la transformation qui s'était opérée. Elle a les traits marqués.
Il y a des ombres sur sa figure, et dans son regard un je ne sais quoi de détresse farouche de femme hantée par une vendetta. M'man elle met à peine trois secondes à réaliser l'irréalisable. La Lona de ma tata, de mon tonton, de ses amis(es). Ses yeux se plantent dans les miens et elle comprend ce qu'elle voit.

Dites. Il vous est déjà arrivé de voir éclore des fleurs dans un jardin quand vous n'avez rien à foutre d'autre que de passer la journée à regarder les boutons éclore ? Là c'est pareil. Son bonheur éclot comme une rose. Instantané. M'man, l'espace d'un instant je la trouvais en quasi hibernation morale, et voilà qu'elle s'éveille. J'écrirais un livre pour elle un jour tiens. Elle sera la belle blonde s'éveillant dans le bois dormant ; en fond de décor j'apprivoiserais des ziozios pour qu'ils gazouillent.

Je m'avance. On s'étreint. Y'a Aely, Kimhan et tonton Acanthe qui assistent émus au spectacle. Puis comme ils aiment pas le voyeurisme ils nous laissent à nos retrouvailles.
J'entends au loin Aely dire aux autres.


- C'est pas que je veuille rompre un serment mais voir une chose pareille ça doit s'arroser. Et tout de suite après la cervoise si vous le permettez on passera au gros rouge qui tâche.
Lona
Lovée au chaud dans la charrette, enroulée dans sa couverture ... Lona rêvassait. Elle refusait tout simplement de sortir du sommeil dans lequel elle aimait plonger. Ce sommeil qui même s'il ne réparait rien, lui permettait d'oublier. Oublier le flou de sa vie.

Elle n'en perdait rien de sa joie de vivre, elle refusait de faire subir ses subites humeurs moroses à ces amis.
Et puis aujourd'hui, ils étaient la où elle, la Blonde, voulait être. Alors sourire était de rigueur.

Pourtant... *sourire*


Aely ! rhooo mais pourquoi tu m'réveilles ! j'ai rien à faire c'matin, j'ai la tête comme un melon de Cavaillon ! Nan, j'ai pas picolé ! Non plus j'ai rien... rhooo ma poule, mais non t'inquiètes pas...

Elle se rappelle pas tous les noms d'oiseaux qu'elle pouvait sortir quand on la sortait d'un de ses rêves où ... non non, ça, ça restera du domaine du secret.

Elle s'extirpe de son carcan de laine, attache rapidement ses cheveux et sort la tête par un des pans de la charrette...
Elle se frotte les yeux, le soleil darde déjà de ses rayons ... ou est ce la vision qu'elle a ...

Est ce bien celle qu'elle croit. Elle a honte soudain. Honte d'être une mauvaise mère. Elle regarde à l'intérieur de la charrette, Robin dort d'un profond sommeil. Elle se dirige vers la sortie... doit réaliser.... Elle descend, elle rejoint la jeune demoiselle, lui ouvre grand les bras, embrasse la demoiselle, embrasse ... sa fille ...

Ma fille, mon enfant, ma petite...

Les mots s'étranglent dans sa gorge, elle n'ose plus lacher Louise Anne de peur de se réveiller d'un rêve enchanté.

Elle s'écarte pourtant pour la regarder. Elle a grandi, elle a changé, elle est belle.


Excuse moi Louise Anne...

Elle la serre de nouveau contre elle. Elle regarde ses amis, discrets... Elle pleure... Elle essuie ses yeux comme elle peut, elle regarde son enfant.

On ne se sépare plus Louise, maintenant on reste ensemble...
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Petra_la_blanche
Flash back. Avant le retour de Louisanne entre Valence et Aix


La caravane que l'Acanthe avait confectionné il y a de cela belle lurette pour les grandes virouzes de villégiature, cahin cahote sur les chemins nougateux du Dauphiné.
Lona et Aely traînent la chausse à l'arrière en tournant incessamment la tête vers le soleil et en imaginant la mer derrière elles à l'infini qui s'éloigne, qui s'éloigne.
Aix en fait, ces dames voulaient pas la quitter. Depuis qu'elles avaient fait amies amies avec Brise et Estaloth, toutes les quatre avaient passé un pacte. Celui de se solidariser. Mouais... mais là ça avait merdouillé. Pourquoi ? On en savait rien. Faire plaisir à tous et à personne. Et puis en définitive on ne se faisait pas plaisir. Du moins Lona, Aely et Kim qui ne souhaitaient qu'une chose : revenir sur leurs pas. Drôles de dames pour un sacré drôle de drame.

- Zut Lona ! On est en vacances non ! Alors on retourne.

Aely en a marre de marcher. Alors après avoir en catimini susurré au géant que leurs vies se destinaient à Aix, elle entreprit d'amadouer le barbu.
Prenant son air à ne pas y toucher elle se frotte contre lui et lui miaule.


- Dites cher vous, que diriez-vous d'un petit voyage retour à Aix histoire de respirer la nature reverdie. Moi j'aime le printemps quand il est tombé au bord de mer.

Là, l'Acanthe il commence à lui débiter les sucreries d'usage, comme quoi ça ne serait pas convenable, qu'ils avaient passé un contrat avec Mel et Koslov, et, bien entendu, Aely balaya ces objections par ses soins.

- On a pas envie de continuer mon ami. On a envie de retrouver la douceur d'Aix. Avec Brise et Estaloth on a plein de projets. On va monter une troupe ! Une troupe de saltimbanques qui s'appellera "Canthe et ses drôles de dames". Pas beau ça ?

Alors là, le fourni en poils au menton il ouvre une bouche à dévoiler tous les rouages de son râtelier.

- Mais... quoi ? Saltimbanques ???

- Et alors ? T'as quoi contre les saltimbanques ?

- Rien... rien mais...j'voulais ramasser des pommes en Normandie moi !

- Ben c'est bientôt la saison des pêches en Provence. Tu perds rien au change allez.

l'Acanthe il a une réponse catégorique encore que peu protocolaire. S'en suit un silence qui accroît la résonance du terme. Il fait.

- Arf !

Ce qui veut dire en langage populeux : "Mes C...!"

Aely ne peut éviter un éclat de rire.

- Tu feras un triomphe ! Un délire ! Toi ! Tu seras le protecteur des Drôles de Dames. Non mais t'imagines ! Et quelles Dames ! Grâce, joliesse, lascivité, perfection. Une fournée pareille t'en trouveras jamais mon Acanthe. La chance de ta vie ! Un rêve ! Tu vas rendre jaloux toute la Provence. La folie érotique mon ami ! Quatre filles sublimissimes. Juste le nom qui diffère, autrement t'as pas le moindre repère... enfin si quand même.

- Oui mais... on a tout embarqué dans la charrette. Le boudin Rouergat, le merle des Indes de Kim qui me pète les oreilles toute la sainte journée en répétant sans cesse " Provençaux, Provençales je vous ai compris", le chaudron à friture jusqu'aux plantes vertes...

- On arrive où là mon amour ?

- Valence. Écoute Aely, on avait promis de faire un crochet par l'Anjou...
- Ben on crochète par la Provence ça ira plus vite, et puis le vin y est tout aussi bon. Et puis...

Aely elle aime les hommes qui parlent net. Elle le guide jusqu'au pucier, l'y étend et l'y aime. Vous aimeriez une description hein ! Ben non. Si je ne me retenais pas vous vous complairiez dans des écrits salaces. Pis d'abord vous connaissez pas. Si je vous parle du Hareng-saur qui sort et du Hareng-saur qui rentre, de la toupie d'Attila, du tourbillon turc ça vous causerait ? Non. Ben lui, l'Acanthe, le barbu, il en a eu un aperçu, il est tellement content qu'il le hurle, il dément pas, il trépigne, il glapit, il vocifère, il affirme, le jure, le bredouille, le bégaie. Il est en transe, en transit, transi, transbordé, transfiguré. Enfin il lâche.

- Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!!!!!!!!!!!!!!!! On rentre !

Pas compliqué de faire tourner la tête... hum... à un homme. Purée ça fait ni une ni deux. Merci Valence, au revoir Valence. Aix les voilà !
Acanthe c'est un chouette partenaire. Pour Aely dompter son barbu elle connaît. Alors quand elle l'abandonne, Monsieur a les jambes en forme de huit et les yeux en forme de neuf. Comme quoi un homme est un homme les filles. Ça a beau faire la guerre et jouer les fiers à bras ça part dans les vapeurs devant une malheureuse femelle.


Au tout petit matin, devant le poste de garde de la maréchaussée aixoise, une drôle de charrette toute bigarrée, des enfants courant de ci de là investissent à nouveau la capitale provençale.

Les drôles de dames allaient voir le jour.



Petra_la_blanche
La charrette a été transformée en roulotte. Et quelle roulotte ! Grand luxe. Il était loin le temps où ce havre d'amour aux dossiers renversables arpentait les chemins des Royaumes transalpins. Et tout ça était l’œuvre d'un petit bout de femme. Kimhan et ses origines orientales. Comment avait-elle donc fait pour agencer une surface aussi exigüe en palais où on risquait de se perdre si on n'y prenait pas garde ?

L'intérieur est en marbre, ce qui est un cas rare*. Une véritable bonbonnière tendue de toile exotique avec des meubles en acajou et des tapis de soie. Dans un coin un baquet chinois pour les ablutions. Une salle commune, une chambre pour y dormir avec douze nattes pour douze personnes tendues de velours frappé, et après le marche-pied, sur la porte à l'entrée, quelques armures de soldats samouraïs pour la sérénité.




Aely, dans son langage monté sur roulement exprime son admiration et sa satisfaction. Elle est enthousiasmée par l'exploit de Kimhan.
Elle a un beau visage Kim, aussi régulier que le Yang-Tsé ou fleuve bleu. Des yeux noisette pâle. Elle a de longs cils et de minces sourcils et sa peau a la couleur de l'ambre**. Ses pommettes sont saillantes atténuées par une légère touche de fond de teint qui lui donne du velouté. Elle est coiffée nattée et a un serre-tête d'écaille dans les cheveux. Purée les Aixois vont se ramener au portillon pour voir un si bel objet. Aely est certaine que les lampions des villageois vont pâmoiser en toute hâte et que leur moelle épinière va tourner au sirop d'amande.
Ils vont se réjouir de pouvoir converser avec cette fillette exotique. Les muets diront ce qu'ils voudront mais la parole aide à l'échange des rapports culturels et... autres. Aelyenor les imagine déjà déclarer à la belle annamite qu'elle est unique en son genre et que ce genre est tout à fait le leur. Moui... mais son avis aussi est que elle est certaine que cette prise de position va laisser Kimhan froide comme un museau de clébard et que pour lui célébrer son culte de la personnalité il allait falloir qu'ils se lèvent de bonne heure et avoir des feintes à la Jules César plein la malle arrière.

La brune Rouergate en tout cas est en admiration devant le talent artistique de la jolie orientale et ne se prive pas de le lui dire. Elle est fraîche comme la campagne cette môme.


- Kimhan balbu-siège t-elle, jamais ne me fut donné d'admirer une chose aussi parfaite. L'aube dont la brume s'irise, le cygne qui glisse sur l'eau verdâtre entre les nénuphars, la rose emperlée de rosée, les cimes blanches, immaculées et inviolées des montagnes sous le triomphal couvert du soleil, tout cela n'est que ruines grises à côté de la perfection de ton art.

Elle en fait tout un paquet Aely mais ça en vaut la chandelle. C'est beau. Très beau.

- Bah maintenant reste plus qu'à clouer l’œuvre calligraphique de mon barbu sur le devant de la carriole aux merveilles. Ensuite la troupe des Drôles de Dames verra le jour.

* Pas mal celle-là tiens ^^

** Jamais oublier l'ambre lorsque l'on traite des sujets à thème oriental.
Acanthe
Sans les marins la mer c’est rien que de l’eau !
Sans un point d’eau le pêcheur….ben….il devient cueilleur !

Il avait rangé sa barque l’Acanthe, avec les rames et tout le matériel. Les esches avaient retrouvé leur liberté, du moins celles que Kundera n’avait pas eu le temps de glisser dans ses poches. Pour celles-ci l’avenir était précaire.

A moins de creuser un puits, une mare, pas moyen de taquiner le goujon dans cette ville.
Il fallait se rendre à l’évidence….Aely ne lui susurrera plus « je t’aime mon pêcheur » mais « je t’aime mon…cueilleur »
Avouez que ça ne sonne pas de la même façon ! L’image n’est pas la même.
Le pêcheur affrontant le mauvais temps, le froid au matin, les coups de rame donnés avec force pour ramener à la maison de quoi manger.
Le cueilleur…cueillant tout simplement.
Pour se convaincre du bienfondé de ce changement, il cherche des points communs à ces activités en se grattant forcément la barbe.
Poisson ou fruit, ça reste de la nourriture oui. Il y a le risque de tomber, de l’échelle ou à l’eau.
En creusant dans sa caboche il en sort aussi une subtilité inutile…..entre pécheur et cueilleur du fruit défendu il n’y a pas grande différence.

Il avait donc trouvé une échelle, une grande échelle, pour remplacer sa barque.
Cela avait coûté à l’Acanthe une partie de sa fortune, une bonne moitié même. Mais au moins….ben il avait une échelle….une grande.
C’est quand même moins romantique qu’une barque. Encore que…..
portant l’échelle sur l’épaule et entrainant sa toute belle vers le verger il pourrait lui dire « viens Aely, allons faire un tour dans le péché*….hi hi hi ! Et si tu m’donnes un baiser fripon, J’cueillerais l’fruit sous ton jupon»

Adieu barbu pêcheur ! Bienvenu barbu cueilleur !

Mais ça ne le dérange pas plus que ça, à bien y réfléchir il y trouve même un avantage. Anna et Kundera peuvent accompagner leur barbu de père au verger et ça pour le père justement ça n’avait pas de prix. Il en profite l’Acanthe. Il embarque même le fils de Lona.
Il y trouve aussi un désavantage, petit certes, mais il faudra y remédier. Ce n’est pas en cueillant des fruits qu’il perdra de son embonpoint sujet aux taquineries de la brunette.


- Pas trop loin les enfants…Kundera ! Laisse la branche….tu vas la casser
S’adossant à un arbre il en profite pour écrire une missive à son amie Donnae avant de continuer la récolte et de rentrer.


C’est avec fierté que les petits rentrent à la charrette pour faire admirer leur trésor fruitier. Maman Aely, maman Lona et Kimhan sont aussitôt assaillies par les enfants.


Le barbu lui s’éclipse discrètement, un travail à finir. Sa brunette lui avait parlé de son projet de saltimbanques et de plein de projets d’ailleurs, ça déborde d’idées en ce moment dans la caboche de l’Aely.

Canthe et les drôles de dames…..c’est le nom de la troupe.
Il fallait une pancarte, il la peaufine justement avant de la déposer près de la charrette. Il n'y avait plus qu’à attendre le verdict de ces…drôles de dames.





* Péché => Pêcher…vous aurez compris le truc ^^

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Lona
Lona sortait de taverne où elle avait bavassé, discuté, échangé, bref, elle avait fait "Lona" ....

Elle reprit la direction de la charrette.... ce qu'elle vit, elle n'en crut pas ses yeux. Elle s'était trompée ou bien elle rêvait et quand elle vit Aely et Kimhan non loin de la demeure sur roues, elle comprit que ce n'était ni l'un ni l'autre.
Et la créatrice de ce magnifique élément n'était autre que Kimhan. Voila ce qu'elle traficotait depuis plusieurs jours alors qu'elle, elle passait ses soirées en taverne et finissait par dormir dans l'une des chambres à l'étage.

Robin passait son temps avec Anna et Kundera, à suivre Acanthe au verger.
Louise Anne faisait connaissance avec les autochtones de son âge.

Lona s'approcha, et pensa que le travail réalisé était juste magnifique. Elle féliciterait sa grande du travail accompli. Elle ne réalisait pas encore tout à fait qu'elle avait maintenant 3 enfants. Pourtant, c'était bien le cas. Elle souriait, et se répétait qu'il y a des rencontres parfois... surprenantes.


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Acanthe
-Pour faire des vieux os faut y aller mollo pas abuser de rien pour aller loin
-Pas se casser le cul, savoir se fennndre de quelques baisers tennndres sous un coin de ciel bleu

C’est en fredonnant que l’Acanthe rejoint la charrette, un enfant tenu par chaque main. Un petit air pour se vider l’esprit.
Parce que sa toute belle est partie en solitaire sur les routes, elle en a besoin….il le sait.
En lisant la lettre il n’a même pas ronchonné, ni même grondé. Etonnant.
Non ! Il a ressenti de la tristesse pour elle, de l’agacement pour lui de se sentir impuissant face à ça. Et beaucoup d’inquiétude.
Et si aussitôt la lettre rangée dans sa besace il a voulu la voir, ce n’était pas pour la sermonner…mais pour la prendre entre ses bras et la serrer tout contre lui, lui dire qu’il était là pour elle, que c’est à deux qu’ils devaient traverser les périodes délicates….et aussi un peu pour qu’elle emporte son barbu d’homme avec elle. Mais ce n’était pas là l’essentiel.

Comme toujours quand l’Aely est absente, le père ne quitte plus les enfants. Il se raccroche à eux de ses paluches paternelles.
Comme toujours, et malgré le désaveu de la mère, il leur fera une place dans le pucier le soir venu pour les sentir prêt de lui, pour se laisser bercer par leur présence.

Un réveil sans sa brunette à ses côtés est difficile pour l’Acanthe. Il lui manque son sourire, son regard posé sur lui, le goût de ses lèvres au petit matin. Elle lui manque déjà et il s’inquiète à peine l’œil ouvert.
Et si elle avait croisé le chemin de brigands ?
Si elle s’était perdue sur les routes Provençales ?
Mais un pigeon rassurant apporte de bonnes nouvelles.

De retour à la charrette, un enfant tenu par chaque main, le barbu admire le chef-d’œuvre des petits bouts d’eux.
Il y a quelque temps, pour le passer ce temps, il avait donné à Kundera des graines de coquelicots et à Anna des graines de réséda.
Et la marmaille avait semé tout autour de la charrette selon leur bon vouloir. Le grand frère y allant à la volée en les jetant le plus loin que ses petits muscles le permettaient et la petite sœur lâchant des paquets de-ci delà.
Il admire les boutons rouges parsemé un peu partout, si fragile au vent. Il renifle la douce odeur du réséda qui émane de ses petites fleurs blanches.

- Regarde Anna ! Tu t’souviens des p’tites graines…………..

Mais il avait encore du travail le barbu, il devait justement préparer la charrette.
- Allez les enfants ! On part en voyage…on rejoint vot’ mère
Ben oui…il avait l’autorisation de la rejoindre, elle les attendrait un peu plus loin. Mais il devait finir le bal avant et surtout….trouvait un canasson pour tirer la maison ambulante.
- Il est où Héphaïstos papa ? Demande Kundera tirant la chemise du père
- Il est…ben…maman est partie avec
- Et maman elle est où ?
- Elle est pas loin p'tit homme…elle nous attend…on s’ra bientôt avec elle
- Dans combien de jours?
- Hum ! Je sais pas encore…le plus vite possible
- Demain ?
- Pas demain non ! On pass’ra quelques jours sur un feu d’camp avant….mais on doit trouver un autre cheval pour la charrette

Mais trouver un cheval dans la journée, quand on ne connait pas la région et pratiquement personne n’est pas une chose facile.
Finalement le barbu se rabat sur une ânesse propriété d’une dame acariâtre et…

- C’est pas donné pour une bête !
- Ah ! M’sieur, c’est ça ou vot carriole vous la trimbalez sur vot dos, moi j’m’en tamponne le fondement si vous voulez savoir
- On pourrait s’arranger ? J’peux vous rendre service ?
- Comment ça ? Oh ! Hé ! ‘ttention vous, qu’esquce vous r’luquez comme ça ? Vous croyez qu’en m’mettant sur l’dos vous aurez l’ânesse ? El dernier qu’à fait ça c’est mon homme et l’est mort cet empaffé, bienheureuse d’ailleurs. Alors v’nez pas m’conter fleurette, j’vous laisse l’ânesse l’temps faire vot besoin si vous voulez, mais faudra aussi m’payer pour ça.
-… Il écarquille les yeux le barbu, a bien envie de vite se carapater….mais il lui faut cette ânesse, pas le choix s’il veut au plus vite rejoindre sa toute belle.
- Z’avez pas l’air bien m’sieur ?
- Non non ça va ! J’vous paye une partie…et le reste j’vous fais des travaux…je suis maçon et charpentier
- Z’êtes maçon ? Mouais ! Ca peut m’intéresser, j’ai l’mur d’l’étable à r’faire
- Parfait ! J’viendrai dès mon retour
Sans trainer il donne quelques écus et tourne déjà les talons.
- Dites m’sieur ! Avant d’partir, j’ai les intimités qui m’démangent ça m’rendrait ben service aussi si vous y j’tiez un œil ou autre chose hein ! D’puis l’temps qu’personne les a visité, croyez-moi qu’l’accueil y s’ra pas mauvais

L’entreprenante a déjà sorti les mamelles quand le barbu se retourne vers elle. Oh mon dieu ! Au niveau de la contenance du corsage, pas de doute, sa belle-sœur Gudrule a trouvé concurrence. Ni une ni deux, il salue à distance et embarque l’ânesse qui les mènera auprès d’Aely. Au loin il entend la plainte se perdre dans le vent.

- Tous les mêmes ! J'me d'mande si les hommes z'en ont encore dans les braies. Quand y s’agit d’passer à l’action ça s’débine aussi sec, z’êtes pas à la hauteur. Drôle d’époque qu’on vit, on peut même plus offrir du bonheur sans qu’on vous……………
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Acanthe.
L’apparent n’est qu’une parcelle de la vérité. D’autres réalités se dérobent aux yeux." Sara Yalda"


[A deux jours de la brunette….encore deux jours.]

- Anna !
Les sourcils de l’acanthe se froncent au petit matin.
- Non !
La petite ne se laisse pas faire et ces mimines repoussent comme elles peuvent les paluches du barbu. Ses sourcils aussi se froncent, ça amuse et attendrit le père.
Mais il ne lâchera pas.

- Allez Anna ! M’fait pas tes yeux mauvais…..et arrête d’agiter tes mains comme ça…
- Non ! Ze veux pas
- Ben…moi si, si tu veux aller dehors tu dois t’couvrir….c’est comme ça Anna
Il a eu des consignes de la mère le barbu, elle est fragile des voies aériennes Anna qu’elle a dit… « Pense à bien la couvrir »
- Allez tu…. – Une autre petite main s’accroche à ses braies - …attends un peu Kundera…j’m’occupe de ta sœur…
- On va où ? Pourquoi maman elle est pas là ?
- J’te l’ai déjà dit Kundera, on va à Montélimar……elle est là-bas…elle nous attend….on y s’ra bientôt
- Bientôt quand ?
- Arf !
Il sourit l’Acanthe. De joie d’être avec leurs petits bouts d’eux et d’agacement aussi un peu. Prenant le petit homme à bras, il le dépose à côté de sa petite sœur sur le pucier et s’accroupit devant eux.
- Bon !….maman est très fatiguée en ce moment, elle a besoin d’repos. Dans deux jours….pas demain mais encore après….on s’ra avec elle. Mais il faudra être sage tous les deux…faudra pas l’ennuyer…

Finalement Anna obtempère, le père n’a pas cédé ni même négocié. Une petite moue d’un des enfants et bien souvent il capitule, mais pas cette fois-ci.
Il profite de chaque moment, attrape chaque instant de bonheur. Il voudrait les garder….petits pour toujours.
Ne jamais les voir déployer leurs ailes et quitter le nid conjugal.
Un jour ils n’auront plus besoin de lui pour s’habiller, pour se laver…pour avancer dans la vie. Un peu quand même, mais ce sera différent….ils seront grands.
Et lui sera vieux.

La journée se passe sur le feu de camp et un ciel un peu couvert.
Avant qu’ils ne se couchent le barbu plonge la marmaille dans un baquet et les décrasse de leur journée à gambader la nature.

[A un jour…encore un jour.]


- Demain Kundera…demain
Il anticipe la question le barbu, il se tient aussi le côté droit et serre les dents. Un peu de plantin écrasé sur le front cicatrisera la petite entaille.

Une mauvaise rencontre, un brigand de petit chemin a croisé la route de la charrette.
Oh ! Il n’a pas eu le temps de rapiner quoi que ce soit, le barbu lui a sauté dessus avant. Avec son air de m’a tu vus, il a bien senti l’Acanthe en le voyant qu’il ne venait pas taper la causette…et puis avec les enfants derrière qui dormaient….il n’a pas hésité.
Mais l’invité surprise avait les coups lourds, pas très précis, mais lourds. Il est reparti comme il était venu, sauf qu’il boitait.
Le barbu ne s’en tire pas beaucoup mieux, certes il l’a repoussé mais il s’en est fallu de peu, un coup de chance ou un malentendu.

Mais demain il retrouvera sa Aely, ça aide à calmer les douleurs. Ca et deux marmaillons à occuper.
Si la veille ils avaient parcouru la forêt pour cueillir des plantes, aujourd’hui le père décide d’un peu de repos.
Une rivière passe non loin de là et le soleil chauffe déjà les arpions.
Un coude du cours d’eau repose un peu le courant et offre un endroit idéal pour…patauger. Aucun risque pour les enfants, il y veille le père et surveille.

La nature est pleine de vie, cruelle nature quand on la regarde de plus près.
L’insecte pris dans la toile d’araignée, la plante se faisant dévorer par une chenille, une horde de fourmi assaillant les voisines….un faux-bourdon agonisant au sol, il vient de féconder une jeune abeille reine pendant un vol nuptial.
Triste vie de ne vivre que pour cela, la mort suit le coït. Encore plus triste le sort de ses « frères » restés dans la ruche, devenus inutiles à la fin de l’été ils ne seront plus nourri, seront rejetés et mourront. Cruel, mais la survie de la ruche est à ce prix.

Assis au bord de l’eau le barbu admire, la marmaille à côté joue…un air s'échappe de la barbe...*

-Je voudrais que tu sois là, je voudrais que tu voies ça
je t'avoue que je n'y crois pas, c'est beau, c'est beau même sans toi.
…...
-Et moi tout petit homme je me sens un peu con.
De n'être rien en somme qu'un tout petit garçon.


[Montélimar…enfin !]

Aussitôt arrivé il fait le tour de la ville mais…

- Où es-tu Aely ?
Un pigeon au sourire ricaneur lui dépose une missive. Il lit, c’est elle.
- Demain Kundera ! Demain…on va à Valence

Jamait - "Même sans toi"

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"Tu peux serrer une abeille dans ta main jusqu'à ce qu'elle étouffe, elle n'étouffera pas sans t'avoir piqué.
C'est peu de chose, mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu'il n'y aurait plus d'abeilles."
Jean Paulhan
Lona
Pour ce qui est de l'avenir, il ne s'agit pas de le prévoir mais de le rendre possible ... A. De St Exupéry


Pendant ce temps à Aix,

Les choses avaient légèrement, très légèrement évolué à Aix en Provence... Un souffle de mistral sans doute avait mis la pagaille dans les rues de la ville, mais surtout dans les rues de la vie de Lona.
La Blonde avait fait des siennes, mais celles la, elles n'étaient que pour le plus grand bien de l'équilibre émotionnel, du moins pouvait on l'espérer.

Ses amis lui manquaient, cruellement... Certes il en était d'autres à Aix, mais elle aurait aimé partager ces moments la avec ses deux consciences.

Quand elle avait reçu la missive l'informant de son retour, elle n'avait d'abord pas voulu y croire, et puis finalement si, elle pouvait y croire. Il est de ces personnes qui traversent tout un royaume pour retrouver une âme. Est ce l'âme soeur, pouvait elle enfin croire au bonheur.

Elle n'était pas malheureuse jusqu'alors, loin de la. Elle était chérie, mais avait refusé ses sentiments, elle ne souhaitait qu'une chose, qu'elle mit du temps à avouer, à s'avouer. Elle ne voulait que le retour de son Ange... et il était là.

Oui, sans doute était elle fleur bleue, mais elle serait fleur bleue dans ses bras. Son Ange, celui qui l'avait fait frémir, qui l'avait fait souffrir pour qu'ils se retrouvent mieux aujourd'hui, plus forts, invulnérables l'espérait elle.

Il avait ravi son coeur et son corps. Il était son autre moitié. Elle s'étira au soleil de l'après midi, glissa jusqu'à l'ombre d'un arbre, mordilla un brin d'herbe cueilli, et ferma les yeux. Le soleil réchauffait sa peau légèrement hâlée, elle pouvait au loin, entendre les bruits de la ville, les carrioles sur les chemins...

Une nouvelle page était tournée....

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