Acanthe.
Voilà déjà quelque temps que le barbu avait quitté Aix pour rejoindre sa Aely.
Comme promis il ne demande rien, il est là ou loin, ne pose pas de questions .elles restent là dans son ciboulot et sur le bout de sa langue.
...
Bon ! Il faut avouer quil ny a pas toujours que des questions sur le bout de la langue du barbu .héhé ! Et ces instants de choix, de délices même, de voluptés, de tendres caresses humides, il sy consacre dès quil le peut et toujours avec la passion du début.
A dire vrai, le connaissant il pourrait y passer la journée qui précède la nuit et puis la nuit qui précède la journée. Cest un manuel lAcanthe, mais ya pas que ses paluches qui savent faire des choses bien, la brunette en témoignera.
Il nest pas du genre à bomber le torse (on y verrait que son embonpoint en plus), ni à se vanter de quoi que ce soit, le plaisir donné suffit à sa petite personne. Alors je le dis cest un artiste lingual le bougre.
Bref !
Les journées se suivent et se ressemblent bien souvent.
En taverne ça parle du Berry et du Roy, le barbu lui entend les oiseaux envoyaient leurs trilles dans les airs, le vent dans les branches des arbres, le frétillement dune abeille à la vue dune fleur .loin très loin des pas soldatesques.
Il se sent parfois étranger dans son propre monde ou plutôt dans son monde étranger au reste. Ses trois merveilles avec lui, il ne demande rien de plus, rien ne lintéresse plus queux trois. Une erreur sans doute, mais il ne comprend pas grand-chose à toute cette politique et à la politique en général de toute façon, alors il fait ce quil sait faire il écoute.
Le taciturne nest jamais bien loin dans ces cas-là.
Fort heureusement ce nest pas Attila qui rôde dans le coin de la charrette et lherbe verte pousse comme bon lui semble. Une aubaine pour le barbu qui a besoin de verdure autour de lui. En plus de lherbe, il y a des arbres en bois pour ombrager un peu les lieux que le soleil inonde. Une promenade avec les enfants simpose.
Laissant un petit mot à la toute belle, il embarque la marmaille à lheure de leur sieste. Une sieste au grand air ne pourra pas leur faire de mal, il est oisif lAcanthe en ce jour.
Au pied dun saule il les installe. Kundera allongé la tête sur la jambe du père, Anna dans les bras protecteurs et aimants Morphée les rejoint assez vite.
Le père lui repense au passé, cette époque où il trainait ses godillots usés sur les chemins de lincertitude. La faim, le froid, cette phrase incessante en tête « à quoi bon ! », errant, fuyant, miséreux. Espérant parfois une mauvaise rencontre qui le laisserait au bord dun champ.
Il se souvient de ce jour, un jour plein de promesses où une porte souvrit devant lui, où une main se posa sur son épaule il était moins que rien le barbu, mais ce jour-là, lespace dun instant, il devint juste rien .rien face à la bonté dun paysan.
- Pardon, Monsieur le métayer si de nuit je dérange, mais je voudrais bien sommeiller au fond de votre grange ?
- Mon pauvre ami, la grange est pleine du blé de la moisson, donne-toi donc plutôt la peine d'entrer dans la maison !
- Mon bon Monsieur, je suis trop gueux, quel gâchis vous ferais-je ! Je suis pieds nus, sale et boueux et tout couvert de neige !
- Mon pauvre ami, quitte bien vite tes hardes en lambeaux. Pouille-moi ce tricot, de suite, chausse-moi ces sabots !
- De tant marcher à l'abandon j'ai la gorge bien sèche, mon bon Monsieur, baillez-moi donc un grand verre d'eau fraîche !
- L'eau ne vaut rien lorsque l'on tremble, le cidre... guère mieux. Mon bon ami, trinquons ensemble, goûte moi ce vin vieux !
- Mon bon Monsieur, on ne m'a rien jeté, le long des routes, je voudrais avec votre chien partager deux, trois croûtes !
- Si depuis ce matin tu rôdes, tu dois être affamé, voici du pain, des crêpes chaudes, voici du lard fumé !
La nuit avançant le métayer se coucha, laissant le vagabond pour une nuit à labri du dehors. Il avait tellement été chassé auparavant quil ne savait comment remercier cet homme. Alors avant de repartir il laissa planter dans la miche de pain son couteau, seule chose quil possédait encore, dernier souvenir de son père.
Puis il séloigna pour ne pas déranger plus longtemps, sans rien vouloir de plus. « Vous en avez déjà fait beaucoup Monsieur »
- Vous dormirez en paix, ô Riches ! Vous et vos Capitaux, tant que les gueux auront des miches où planter leurs Couteaux !!!
Et voilà !
La marmaille se réveille lentement et tire lAcanthe de son passé. En les voyant tous les deux il se dit quil a encore de la place entre ses bras.
Aussitôt il rajoute à une liste une troisième ligne peut-être la plus importante.
La liste de mes exigences pour installation à Aix :
- Un pucier de taille raisonnable de sorte quil ne puisse jamais y avoir plus de six pouces entre nous
- Pas de politique
- Agrandir la famille, un troisième petit bout de nous
_________________
"Tu peux serrer une abeille dans ta main jusqu'à ce qu'elle étouffe, elle n'étouffera pas sans t'avoir piqué.
C'est peu de chose, mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu'il n'y aurait plus d'abeilles."
Jean Paulhan
Comme promis il ne demande rien, il est là ou loin, ne pose pas de questions .elles restent là dans son ciboulot et sur le bout de sa langue.
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Bon ! Il faut avouer quil ny a pas toujours que des questions sur le bout de la langue du barbu .héhé ! Et ces instants de choix, de délices même, de voluptés, de tendres caresses humides, il sy consacre dès quil le peut et toujours avec la passion du début.
A dire vrai, le connaissant il pourrait y passer la journée qui précède la nuit et puis la nuit qui précède la journée. Cest un manuel lAcanthe, mais ya pas que ses paluches qui savent faire des choses bien, la brunette en témoignera.
Il nest pas du genre à bomber le torse (on y verrait que son embonpoint en plus), ni à se vanter de quoi que ce soit, le plaisir donné suffit à sa petite personne. Alors je le dis cest un artiste lingual le bougre.
Bref !
Les journées se suivent et se ressemblent bien souvent.
En taverne ça parle du Berry et du Roy, le barbu lui entend les oiseaux envoyaient leurs trilles dans les airs, le vent dans les branches des arbres, le frétillement dune abeille à la vue dune fleur .loin très loin des pas soldatesques.
Il se sent parfois étranger dans son propre monde ou plutôt dans son monde étranger au reste. Ses trois merveilles avec lui, il ne demande rien de plus, rien ne lintéresse plus queux trois. Une erreur sans doute, mais il ne comprend pas grand-chose à toute cette politique et à la politique en général de toute façon, alors il fait ce quil sait faire il écoute.
Le taciturne nest jamais bien loin dans ces cas-là.
Fort heureusement ce nest pas Attila qui rôde dans le coin de la charrette et lherbe verte pousse comme bon lui semble. Une aubaine pour le barbu qui a besoin de verdure autour de lui. En plus de lherbe, il y a des arbres en bois pour ombrager un peu les lieux que le soleil inonde. Une promenade avec les enfants simpose.
Laissant un petit mot à la toute belle, il embarque la marmaille à lheure de leur sieste. Une sieste au grand air ne pourra pas leur faire de mal, il est oisif lAcanthe en ce jour.
Au pied dun saule il les installe. Kundera allongé la tête sur la jambe du père, Anna dans les bras protecteurs et aimants Morphée les rejoint assez vite.
Le père lui repense au passé, cette époque où il trainait ses godillots usés sur les chemins de lincertitude. La faim, le froid, cette phrase incessante en tête « à quoi bon ! », errant, fuyant, miséreux. Espérant parfois une mauvaise rencontre qui le laisserait au bord dun champ.
Il se souvient de ce jour, un jour plein de promesses où une porte souvrit devant lui, où une main se posa sur son épaule il était moins que rien le barbu, mais ce jour-là, lespace dun instant, il devint juste rien .rien face à la bonté dun paysan.
- Pardon, Monsieur le métayer si de nuit je dérange, mais je voudrais bien sommeiller au fond de votre grange ?
- Mon pauvre ami, la grange est pleine du blé de la moisson, donne-toi donc plutôt la peine d'entrer dans la maison !
- Mon bon Monsieur, je suis trop gueux, quel gâchis vous ferais-je ! Je suis pieds nus, sale et boueux et tout couvert de neige !
- Mon pauvre ami, quitte bien vite tes hardes en lambeaux. Pouille-moi ce tricot, de suite, chausse-moi ces sabots !
- De tant marcher à l'abandon j'ai la gorge bien sèche, mon bon Monsieur, baillez-moi donc un grand verre d'eau fraîche !
- L'eau ne vaut rien lorsque l'on tremble, le cidre... guère mieux. Mon bon ami, trinquons ensemble, goûte moi ce vin vieux !
- Mon bon Monsieur, on ne m'a rien jeté, le long des routes, je voudrais avec votre chien partager deux, trois croûtes !
- Si depuis ce matin tu rôdes, tu dois être affamé, voici du pain, des crêpes chaudes, voici du lard fumé !
La nuit avançant le métayer se coucha, laissant le vagabond pour une nuit à labri du dehors. Il avait tellement été chassé auparavant quil ne savait comment remercier cet homme. Alors avant de repartir il laissa planter dans la miche de pain son couteau, seule chose quil possédait encore, dernier souvenir de son père.
Puis il séloigna pour ne pas déranger plus longtemps, sans rien vouloir de plus. « Vous en avez déjà fait beaucoup Monsieur »
- Vous dormirez en paix, ô Riches ! Vous et vos Capitaux, tant que les gueux auront des miches où planter leurs Couteaux !!!
Et voilà !
La marmaille se réveille lentement et tire lAcanthe de son passé. En les voyant tous les deux il se dit quil a encore de la place entre ses bras.
Aussitôt il rajoute à une liste une troisième ligne peut-être la plus importante.
La liste de mes exigences pour installation à Aix :
- Un pucier de taille raisonnable de sorte quil ne puisse jamais y avoir plus de six pouces entre nous
- Pas de politique
- Agrandir la famille, un troisième petit bout de nous
Dialogue tiré d'une chanson du groupe "Mes souliers sont rouges"
https://www.youtube.com/watch?v=g-cq1gcXUcc
https://www.youtube.com/watch?v=g-cq1gcXUcc
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"Tu peux serrer une abeille dans ta main jusqu'à ce qu'elle étouffe, elle n'étouffera pas sans t'avoir piqué.
C'est peu de chose, mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu'il n'y aurait plus d'abeilles."
Jean Paulhan