Anthoyne
* Citation d'Hésiode, poète grec du VIIIème siècle avec J-C.
Sa main actionna la poignée et à laide dun geste lent, il ouvrit la porte. Il ignore ce quil la marqué le plus en entrant dans cette taverne. Etait-ce cette odeur, savant mélange de senteurs dalcool et de sueurs ou était-ce le brouhaha assourdissant dont on ne pouvait avoir quun faible aperçu depuis lextérieur lorsque toute ouverture était close ? Il attendit quelques secondes dans louverture de la porte jusquà que le tenancier de cette havre pour ivrogne lui ordonne dun geste et dun regard sévère de fermer la porte. Le nouvel arrivant ne voulant pas plus attirer les attentions sur lui sexécuta sans broncher. Une fois le battant fermé, il sentit quelques regards se détourner de lui, le rassurant quelques peu. Cest à cet instant que le manque dair et la chaleur provoqués par la masse des clients le frappa. Le contraste entre la fraicheur dune nuit dété particulièrement doux régnant à lextérieur et la fournaise de la salle était grand. Il en venait presque à suffoquer. Il ne fit que quelques pas, sans avoir même eu le temps davoir pris place à une petite table vide quil sentait déjà la sueur couler le long de sa colonne vertébrale et quelques gouttes perler en haut de son front à la naissance de son cuir chevelu. A ce moment, il comprit doù venait cette aigre odeur. Vêtu pour affronter la fraicheur de la nuit, il navait pas songé quil viendrait à transpirer à grosse goute dans un tel lieu. Quel sot il avait fait mais il était hors de question de retirer une couche. La cape et la capuche était un rempart pour protéger son identité. Paris était grand mais le monde était petit et cela sera toujours le cas. Sous cette cape, il sétait habillé sobrement. Il portait de simples braies, une chemise de moyenne facture surmontée dun gilet des plus banals. La discrétion était de mise.
Une fois après avoir pris place à une petite table, une femme vint se présenter à lui. Longue chevelure noire ondulée, à peine la trentaine et un sourire aguicheur qui montrait quelle avait perdu son innocence depuis des lustres. Ses épaules dénudées et sa gorge pulpeuse dont la naissance était la vue de tous nétaient que des preuves de plus sur cette perte maintenant lointaine. Lhomme à la capuche ne put sempêcher un regard sur le décolleté juste un instant. Le long habit camouflait la direction de son regard mais lorsque ses yeux vinrent se poser sur le visage de la serveuse, celle-ci accentua son sourire. Un instant, il se demanda si elle avait remarqué cette attention mysogine. Peut-être avait-elle lhabitude dêtre épiée de la sorte et le moindre mouvement même peu perceptible de la tête était pour elle un signe dun intérêt particulier pour sa poitrine. Le client plongea son regard un instant dans le sien et quelque chose linterpela. La malice et lespièglerie de son sourire nétait pas présents. Ses yeux dont la couleur était difficile à distinguer à cause de la faible luminosité jaunâtre que prodiguaient avec difficulté la multitude de bougies, étaient emplis de tristesse et de nostalgie. Etait-ce la nostalgie de son innocence ?
Elle brisa le silence qui sétait installé entre deux, dun ton taquin :
« Dites-moi le Rêveur, vous commandez quoi ? »
Seulement quelques secondes sétaient écoulés depuis larrivée de la brune mais il avait tant cogité quil avait oublié quelle était venue le voir pour une raison bien précise : que consommera-t-il ?
« Désolé. La bière la moins chère. Sil vous plaît. »
La serveuse ricana de tant de politesse et lui fit une maladroite révérence avant de sen aller prendre commande. Niveau discrétion, il avait été nul.
Tandis quil attendait sagement sa bière, il observait plus attentivement les gens. Il semblait être le seul à faire cela. Tous étaient occupés que ce soit en messe basse, à rire à gorge déployée ou en tripotage des serveuses.
« Quatre-vingt deniers, mon Rêveur. »
La chope fit posée sur la table et la main tendue. Il leva la tête et reconnut la même serveuse.
« Sil vous plaît »
Elle ricana une nouvelle fois, contente de sa moquerie. Il lui tendit un écu quelle observa attentivement.
« Jne rends pas la monnaie.
- Gardez-la alors. »
Elle lui sourit puis se pencha vers lui, portant ses lèvres à son oreille et son décolleté sous ses yeux avant de murmurer :
« Et pour un peu plus, je suis à vous ce soir, mon Rêveur. »
Elle se redressa et repartit vers le comptoir en roulant du postérieur. Lhomme ne put sempêcher de se retourner pour regarder. Il trouvait la situation fort triste et se demanda quil devrait peut-être la sortir de son marasme actuel. Il avait bien un poste ou deux à lui proposer. Mais ce nétait pas lheure.
Il porta sa chope à ses lèvres et but une gorgée. Il devait se reconcentrer sur les raisons de sa venue. Une rencontre était prévue. Avec une femme, a priori à ce que lui avait dit son contact. Au départ, ce dernier, un petit brun, sétait moqué de lui après que lemployeur lui ait avoué ce quil cherchait. Ce nétait pas une demande commune dans ce milieu car très facile à obtenir sans passer par des réseaux alternatifs. Peu confiant de ces énergumènes, il avait précisé quil préférerait tester « la marchandise » avant de signer un plus gros contrat. A vrai dire, il ne voulait pas quune énième personne soit informée de ces projets. Une, cétait bien assez. Lorsque le freluquet lui avait informé quil contacterait une femme, le héros protesta. Hors de question de confier cela à une femme ce à quoi, le gringalet répondit que cétait lune des meilleurs dans ce quelle faisait et à tous les points de vue. Cette phrase, il lagrémenta dun sourire sadique pour évoquer son esprit mal tourné. Ne sintéressant pas à la luxure dans laquelle pouvait se vautrer sa potentielle employée, le chaperon noir ne releva pas cette phrase quil pensait comme erronée, vu le ton peu naturel qui avait été employé. Dhabitude, il ne prêtait déjà que peu dattention à ce genre de rumeurs alors il nallait sûrement pas sintéresser au cas dun vaurien. Il coupa court à cet aparté et lui demanda plus dinformations que le petit homme lui renseigna. Une entrevue fut convenue. Il avait précisé à son contact quil viendrait vêtu de la même façon et quil ne serait donc pas compliqué à reconnaître. Cest avec le même sourire malsain que lintermédiaire arborait depuis le début quil précisa que lencapuchonné la reconnaitrait tout de suite avec son sourire angélique. Ce dernier avait demandé plus de précisions mais le bougre resta muet à ce sujet, effaçant ensuite son sourire puis demandant sa part. Cest avec résignation que fut donné ce qui était promis. Il ne se contenterait que du « sourire angélique » pour reconnaître sa cliente.
Assis à sa table, il était à ce rendez-vous et attendait sagement lentrée de l« ange ». Le souvenir de son échange avec le malhonnête lui avait coûté la moitié de sa bière quil avait bue sans sen rendre compte. Alors que ses lèvres trempaient à nouveau dans son breuvage, la porte dentrée souvrit. Lattention du brun était portée dans cette direction. A première vue, ce fut une femme qui pénétra dans le gourbi dalcoolos. Tout dun coup, les mots du vaurien étaient clairs. Il aperçut ce sourire. Le sang lui monta aux joues et sa poigne serra fermement sa choppe tandis que tous les muscles de sa mâchoire se contractèrent. Son regard toujours caché par la capuche sassombrit. Sa colère envers elle était grande mais il réussit à retrouver son calme. Il devait rester maître de la situation mais le fait quelle soit celle quil attendait changeait totalement la donne sur ces projets. Il ne pouvait lui faire confiance sur ce sujet. Il devait trouver une solution alternative.
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Sa main actionna la poignée et à laide dun geste lent, il ouvrit la porte. Il ignore ce quil la marqué le plus en entrant dans cette taverne. Etait-ce cette odeur, savant mélange de senteurs dalcool et de sueurs ou était-ce le brouhaha assourdissant dont on ne pouvait avoir quun faible aperçu depuis lextérieur lorsque toute ouverture était close ? Il attendit quelques secondes dans louverture de la porte jusquà que le tenancier de cette havre pour ivrogne lui ordonne dun geste et dun regard sévère de fermer la porte. Le nouvel arrivant ne voulant pas plus attirer les attentions sur lui sexécuta sans broncher. Une fois le battant fermé, il sentit quelques regards se détourner de lui, le rassurant quelques peu. Cest à cet instant que le manque dair et la chaleur provoqués par la masse des clients le frappa. Le contraste entre la fraicheur dune nuit dété particulièrement doux régnant à lextérieur et la fournaise de la salle était grand. Il en venait presque à suffoquer. Il ne fit que quelques pas, sans avoir même eu le temps davoir pris place à une petite table vide quil sentait déjà la sueur couler le long de sa colonne vertébrale et quelques gouttes perler en haut de son front à la naissance de son cuir chevelu. A ce moment, il comprit doù venait cette aigre odeur. Vêtu pour affronter la fraicheur de la nuit, il navait pas songé quil viendrait à transpirer à grosse goute dans un tel lieu. Quel sot il avait fait mais il était hors de question de retirer une couche. La cape et la capuche était un rempart pour protéger son identité. Paris était grand mais le monde était petit et cela sera toujours le cas. Sous cette cape, il sétait habillé sobrement. Il portait de simples braies, une chemise de moyenne facture surmontée dun gilet des plus banals. La discrétion était de mise.
Une fois après avoir pris place à une petite table, une femme vint se présenter à lui. Longue chevelure noire ondulée, à peine la trentaine et un sourire aguicheur qui montrait quelle avait perdu son innocence depuis des lustres. Ses épaules dénudées et sa gorge pulpeuse dont la naissance était la vue de tous nétaient que des preuves de plus sur cette perte maintenant lointaine. Lhomme à la capuche ne put sempêcher un regard sur le décolleté juste un instant. Le long habit camouflait la direction de son regard mais lorsque ses yeux vinrent se poser sur le visage de la serveuse, celle-ci accentua son sourire. Un instant, il se demanda si elle avait remarqué cette attention mysogine. Peut-être avait-elle lhabitude dêtre épiée de la sorte et le moindre mouvement même peu perceptible de la tête était pour elle un signe dun intérêt particulier pour sa poitrine. Le client plongea son regard un instant dans le sien et quelque chose linterpela. La malice et lespièglerie de son sourire nétait pas présents. Ses yeux dont la couleur était difficile à distinguer à cause de la faible luminosité jaunâtre que prodiguaient avec difficulté la multitude de bougies, étaient emplis de tristesse et de nostalgie. Etait-ce la nostalgie de son innocence ?
Elle brisa le silence qui sétait installé entre deux, dun ton taquin :
« Dites-moi le Rêveur, vous commandez quoi ? »
Seulement quelques secondes sétaient écoulés depuis larrivée de la brune mais il avait tant cogité quil avait oublié quelle était venue le voir pour une raison bien précise : que consommera-t-il ?
« Désolé. La bière la moins chère. Sil vous plaît. »
La serveuse ricana de tant de politesse et lui fit une maladroite révérence avant de sen aller prendre commande. Niveau discrétion, il avait été nul.
Tandis quil attendait sagement sa bière, il observait plus attentivement les gens. Il semblait être le seul à faire cela. Tous étaient occupés que ce soit en messe basse, à rire à gorge déployée ou en tripotage des serveuses.
« Quatre-vingt deniers, mon Rêveur. »
La chope fit posée sur la table et la main tendue. Il leva la tête et reconnut la même serveuse.
« Sil vous plaît »
Elle ricana une nouvelle fois, contente de sa moquerie. Il lui tendit un écu quelle observa attentivement.
« Jne rends pas la monnaie.
- Gardez-la alors. »
Elle lui sourit puis se pencha vers lui, portant ses lèvres à son oreille et son décolleté sous ses yeux avant de murmurer :
« Et pour un peu plus, je suis à vous ce soir, mon Rêveur. »
Elle se redressa et repartit vers le comptoir en roulant du postérieur. Lhomme ne put sempêcher de se retourner pour regarder. Il trouvait la situation fort triste et se demanda quil devrait peut-être la sortir de son marasme actuel. Il avait bien un poste ou deux à lui proposer. Mais ce nétait pas lheure.
Il porta sa chope à ses lèvres et but une gorgée. Il devait se reconcentrer sur les raisons de sa venue. Une rencontre était prévue. Avec une femme, a priori à ce que lui avait dit son contact. Au départ, ce dernier, un petit brun, sétait moqué de lui après que lemployeur lui ait avoué ce quil cherchait. Ce nétait pas une demande commune dans ce milieu car très facile à obtenir sans passer par des réseaux alternatifs. Peu confiant de ces énergumènes, il avait précisé quil préférerait tester « la marchandise » avant de signer un plus gros contrat. A vrai dire, il ne voulait pas quune énième personne soit informée de ces projets. Une, cétait bien assez. Lorsque le freluquet lui avait informé quil contacterait une femme, le héros protesta. Hors de question de confier cela à une femme ce à quoi, le gringalet répondit que cétait lune des meilleurs dans ce quelle faisait et à tous les points de vue. Cette phrase, il lagrémenta dun sourire sadique pour évoquer son esprit mal tourné. Ne sintéressant pas à la luxure dans laquelle pouvait se vautrer sa potentielle employée, le chaperon noir ne releva pas cette phrase quil pensait comme erronée, vu le ton peu naturel qui avait été employé. Dhabitude, il ne prêtait déjà que peu dattention à ce genre de rumeurs alors il nallait sûrement pas sintéresser au cas dun vaurien. Il coupa court à cet aparté et lui demanda plus dinformations que le petit homme lui renseigna. Une entrevue fut convenue. Il avait précisé à son contact quil viendrait vêtu de la même façon et quil ne serait donc pas compliqué à reconnaître. Cest avec le même sourire malsain que lintermédiaire arborait depuis le début quil précisa que lencapuchonné la reconnaitrait tout de suite avec son sourire angélique. Ce dernier avait demandé plus de précisions mais le bougre resta muet à ce sujet, effaçant ensuite son sourire puis demandant sa part. Cest avec résignation que fut donné ce qui était promis. Il ne se contenterait que du « sourire angélique » pour reconnaître sa cliente.
Assis à sa table, il était à ce rendez-vous et attendait sagement lentrée de l« ange ». Le souvenir de son échange avec le malhonnête lui avait coûté la moitié de sa bière quil avait bue sans sen rendre compte. Alors que ses lèvres trempaient à nouveau dans son breuvage, la porte dentrée souvrit. Lattention du brun était portée dans cette direction. A première vue, ce fut une femme qui pénétra dans le gourbi dalcoolos. Tout dun coup, les mots du vaurien étaient clairs. Il aperçut ce sourire. Le sang lui monta aux joues et sa poigne serra fermement sa choppe tandis que tous les muscles de sa mâchoire se contractèrent. Son regard toujours caché par la capuche sassombrit. Sa colère envers elle était grande mais il réussit à retrouver son calme. Il devait rester maître de la situation mais le fait quelle soit celle quil attendait changeait totalement la donne sur ces projets. Il ne pouvait lui faire confiance sur ce sujet. Il devait trouver une solution alternative.
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