Arylis
A la Dentelle Bleue, Saintes.
Gniiiiiiaa !
Gniiiiiiiiaa !
Ce matin là une silhouette difforme ahanait sauvagement en se dirigeant vers la Dentelle Bleue, suivie d'un raclement sourd.
Aller ! On y est preeeesque !
Gniiiiiiiaa !
Alleeeer ! Ouiiii ... !
Choc sourd du battant de bois qui s'écrasa lourdement sur les trois marches du perron.
Choc mou de la brodeuse qui s'affaissa à ses côtés.
Arylis posa une main tendre sur la porte.
On l'a fait ! Plus que les marches, la porte et on y est !
Tu seras à l'abris là-dedans. L'autre hystérique, la cheftaine et le viking ne pourront plus s'en prendre à toi.
Se sera juste toi et moi !
Si la blonde semblait avoir un comportement pour le moins étrange, il était possible de le justifier par une succession d'événements.
Premièrement, la profusion de couples saintais. Arylis était une jeune fille en fleur qui enviait forcément un peu le bonheur des amoureux.
Deuxièmement, le baiser d'une brune en taverne. C'était sa capitaine, donc ça ne comptait pas vraiment, mais c'était quand même son premier baiser volé et, soyons honnête, en savoir plus émoustillait sérieusement la brodeuse.
Troisièmement, le bal. Arylis y avait attendu son prince charmant qui ne s'était jamais montré, elle goûtait donc pour la première fois à la frustration et elle n'aimait pas ça, du tout !
Et pour finir, il y avait eut ce clin d'oeil non intentionnel à la porte de la taverne "La Cave de Beaurepaire". La blonde ne s'était pas attendue à obtenir un tiquet avec le battant de bois, alors elle avait un peu tourné autours du pot. Mais ce qui avait vraiment fait "zing" dans le petit pois qui lui servait de cervelle, c'est quand un viking dont les dents rayaient le parquet avait cherché à faire valoir ses droits sur son nouvel amour. Fier comme un paon, il se prétendait monté comme un taureau et s'était mit à faire du gringue à sa porte. Heureusement il s'était pris un râteau et avait fini par baisser les bras.
C'est alors qu'Arrya avait décidé de marcher sur ses plates-bandes en roulant une pelle à sa magnifique planche en bois. Le sang de la brodeuse n'avait fait qu'un tour et elle avait saisit le taureau par les cornes pour dégager l'impudente. Après une bataille de titans, Nadjka avait séparé les deux blondes. Arrya avait battu en retraite, et en langue de vipère avait tenté de faire croire à Arylis que sa porte ne l'aimait pas, que tout ça n'était que feu de paille. Têtue comme une mule la brodeuse s'était obstinée, et quand tout le monde était parti, elle avait démonté son battant adoré pour l'emmener avec elle dans "un monde de sucre et de bonheur".
Cela expliquait, de manière tout à fait rationnelle, pourquoi la blonde se trouvait à présent en train de faire passer SA porte, par la porte de la Dentelle Bleue, endroit le plus sûr au monde selon elle.
Et voilà. On sera bien tu verras.
Sur un sourire et une caresse tendre, Arylis quitta sa compagne à regret pour rejoindre l'atelier. Très vite, le tac-tac régulier du métier à tisser et la voix fredonnante de la brodeuse emplirent l'espace.
Edit à la demande d'un JD.