Elisa.baccard
- « L'angoisse de la perte, tu ne sais absolument pas ce que c'est, hein ? Ça te conduit à penser que tout est fragile, que tout n'a qu'un temps. Tu finis par douter du bonheur, douter que ça puisse exister. Et chaque fois qu'il t'arrive quelque chose de bien dans ta vie, tu sais que ça ne restera pas, qu'on va te le reprendre à un moment ou un autre...»
- L'homme qui voulait vivre sa vie
[Nuit entre le 30 mars et le 31 mars - Montélimar]
La nuit était tombée sur Montélimar et la soirée sétait passée calmement pour certains. Mais moins pour la Malemort. Celle-ci avait été prise de contraction durant toute la durée de la soirée, tentant de cacher comme elle pouvait les douleurs qui devenaient de plus en plus proches et douloureuses. Était-elle prête à cela ? Était-elle prête à vivre cet accouchement alors quelle était seule ? Alors que le père de cet enfant ne le verrait jamais ? Quil ne serait pas là pour lui dire combien elle a bien travaillé et combien elle lui avait offert une merveille ? Comme il lavait fait lors de laccouchement dEmery ?
Les draps de la Duchesse semblent mouillés, signe que le travail a commencé et que lenfant avait choisi sa nuit pour naître. Des perles de sueurs viennent naître sur son front, la douleur devient difficilement gérable. Son ventre est bien plus gros que la moyenne alors quelle nest quà huit mois de grossesse environ. Les douleurs sont-elles liées à cela ? Tout plus grand, tout plus fort, tout plus douloureux ?
- Aaaaaaaaaaaaaaaaaah ! Suzanne ! Oh mon Dieu Suzanne ! Le bébé ! Le bébé !
La voix est paniquée. Le souffle court de la future mère réussit tout de même à percer la porte pour atteindre les oreilles de sa Dame de Compagnie qui entre dans la pièce. Une chambre parme au premier étage de lauberge municipale « Le Nougati », tout juste rénovée par la maire en place. Un grand lit est positionné au centre de la pièce avec des voilages parme entourant le lit à baldaquin. Deux lits denfants semblent avoir été rajouté sur le côté droit de la pièce. Sur le mur opposé se trouve un nécessaire de toilette avec une bassine deau, des linges, une coiffeuse et un miroir. Et enfin, sur le mur face au grand lit un petit bureau de bois permettant daccueillir les clients pour écrire leurs missives ou traiter quelques dossiers.
Suzanne sapproche rapidement de la future mère. Les enfants ont été réveillés par le cri de leur mère, ils viennent rapidement monter sur le lit maternel les traits tirés, inquiets.
- Ma dame, que se passe t-il ? Qui ya-t-il ?
- Le bébé Suzanne Le bébé arrive aaaaah ! Faites sortir les enfants ! Faites les sortir. May ! Amenez les chez May.
- Oh ! Oh ! Ma Dame Je Oui ! Venez avec moi les enfants, on va voir tante May.
- Non ! Je reste avec Maman moi !
Saleté de fille Malemort plus têtue tu meurs ! Cest bien la digne fille de sa mère ça encore.
- Non Ma princesse. Tu vas avec ton frère Huuum Je je veux que tu toccupe de lui. Tu lui raconte une humm hummm une belle histoire. Et tu le laisses sendormir avec avec toi . Vas Sil te plait
- Mais je taime Maman. Tu nas pas le droit de nous abandonner hein ! Tu nas pas le droit.
- Je vous aime aussi mes amours... Partez maintenant Partez.
Le cur déchirait, la jeune femme malgré la douleur regarde son jeune fils de deux ans tenant la main de sa sur de 5 ans à peine, descendre du lit pour rejoindre la porte. Les ténèbres de la Malemort croisent encore une fois les yeux noirs de sa fille. Sa petite fille chérie pour qui il y a cinq ans elle souffrait également pour la mettre au monde Mais pour lheure, la porte est refermée, et la Malemort peut alors se retrouver seule avec sa dame de compagnie pour ce moment si douloureux.
Une larme vint couler le long de sa joue, tandis quelle regarde Suzanne.
- Jai peur Suzanne Jai peur pour mon enfant, pour mes enfants.
- Tout va bien aller ma dame, je suis là. Je suis là.
Non tout nallait pas bien se passer. Non. Suzanne navait aucune connaissance dans laccouchement mise à part sa présence durant la naissance dEmelyne et dEmery. Evidemment, cela devrait mieux se passer puisque Elisa avait déjà mit au monde par deux fois. Officiellement en tout cas. Puisquelle avait perdu deux autres enfants quelle avait dû accoucher mort né. Ainsi, la délivrance serait normalement plus facile et plus rapide Mais quen sera-t-il réellement ? Seule dans une chambre dauberge cela sera-t-il réellement facile ?
- Aaaaaaaaaaaaaaaah ! Suzanne ! Allez chercher de laide ! Allez chercher un médecin, je vous en conjure !
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