[Et encore une autre qui suit et qui court loin derrière
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Jusquici tout va bien, jusquici tout va bien, jusquici tout va bien
Cétait ce quelle se répétait en partant du Maine, nombre de jours auparavant.
Le voyage avait été organisé au mieux par le petit groupe mainois, aucune envie de se faire poutrer ou de croiser quelconque brigand qui sen prendrait à nouveau à son caillou, offert peu de jours auparavant par Dim pour la consoler de la perte de celui offert par Pointbarre. Bref, sa carte avait été griffonnée dans tous les sens, cherchant le chemin le plus court pour rejoindre Bayonne, calculant le nombre de jours pour arriver à destination.
Première étape, lAnjou, avec toujours un petit nud à lestomac en traversant ce Duché, malgré le laissez-passer délivré. Il faut dire que lAnjou et le Maine, cétait loin dêtre une histoire damour, sans vouloir épiloguer des heures. Pour essayer de renouer de bonnes relations entre les deux provinces, elle avait fait un passage à la cérémonie dallégeance de la nouvelle Duchesse angevine pour représenter le Maine, suite à une demande de son Comte et une proposition de la Chambellan dAnjou.
Après leur court séjour angevin, ils avaient passé la frontière pour débarquer dans le Poitou, chevaux lancés au triple galop pour ne pas trop traîner dans le coin, direction la Gascogne.
Depuis son départ, Guertrude avait plusieurs fois fait des allers-retours entre son parrain et elle, pour le prévenir de son arrivée, et surtout pour essayer de le trouver dans les méandres des chemins du Royaume.
Mais à chaque fois, la patte de sa tourterelle était restée désespérément vide, laissant une Erwelyn de plus en plus inquiète sur létat de la santé de son parrain. Ben oui, faut dire, même sil aime pas quon le dise, que son petit cur était plus de prime jeunesse et quil pouvait très bien le lâcher à tout moment. Cétait dailleurs pour ça quelle avait dressé dernièrement son volatile à atterrir le plus doucement possible sur la tête des gens, et éviter de leur picorer les cheveux comme une dingue pour leur signaler quelle avait une missive pour eux. Bon, elle ne savait pas si cétait vraiment efficace, surtout que Guertrude ne pouvait pas supporter Reese. Avec la chance quelle avait, ça marchait avec tout le monde, sauf avec lui.
Après quelques lieues parcourues dans les terres poitevines, elle sétait décidée à écrire à Rani qui lavait prévenue que le parrain ne pointait plus le bout de son nez depuis des jours. Sa réponse lui était parvenue alors quils bivouaquaient avant de reprendre la route, et que ses compagnons de route étaient tous partis dans une sieste réparatrice. Résistant à lenvie de secouer Dim et Lora, elle avait grimpé sur Tralala sans réfléchir et pris le chemin du Limousin, leur laissant seulement une courte missive leur expliquant les raisons de son départ précipité. Aucune envie de revivre la même histoire quavec la blondinette à Mayenne lorsquelle sétait mis à la recherche de sa sur. Une perte, cétait déjà beaucoup. Si son parrain lui faisait le même coup, il allait entendre parler du pays. Enfin, peut-être pas tout de suite, mais quand ils se reverraient chez Aristote, sûrement.
Et voilà comment lherboriste sétait mis à courir elle aussi après ce petit monde, qui devait, daprès les dires de Rani, rester en terres limousines encore quelques jours.
Pour simplifier les choses, elle avait du faire un arrêt chez les surs durant deux jours, narrivant plus à se débarrasser de cette toux récalcitrante, que même les plantes quelle avait emmené avec elle narrivaient à faire passer.
Enfin, elle avait passé les remparts de la capitale limousine en début de semaine, sattendant à les trouver là, comme prévu. Parcourant discrètement des yeux le registre des douanes alors que le garde en faction était occupé à vilipender un pauvre paysan qui traînait une charrette de purin, et qui en étalait partout à lentrée de la ville, elle avait failli sétrangler en voyant que leurs noms ny étaient plus présents.
Arghhh !!! Mais où cest quils ont bien pu tous passer bon sang !
Passablement irritée, elle avait parcouru les ruelles de la ville au pas de charge avant de se poser dans une auberge et de griffonner un mot à destination du parrain pour savoir où le bougre avait encore bien pu se sauver. Dhabitude cétait elle qui se faisait la malle, pas elle qui courait après les autres !
Heureusement, la réponse de Reese navait pas tardé, et sa bière recrachée après la lecture dicelle. Encore une histoire de procès
Pinaise mais quest-ce quil avait fait le parrain ce coup-ci ?
Après un court repos entrecoupé de rêves assez étranges de cailloux volants accompagnés de tomates, de barreaux, et de geôles remplies de rats, elle avait grimpé sur Tralala pour leur courir après, direction ... ben elle verrait bien au fur et à mesure, si elle réussissait à les trouver.
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Le risque, c'est la vie même. On ne peut risquer que sa vie. Et si on ne la risque pas, on ne vit pas.