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[RP] Plaise à Dieu que ...

Renaud_plaisadieu
[Quelque part sur l'Ile d'Yeu , entre l' automne et l'hiver]

Un médicastre se penche sur un homme allité.

"Il semble aller un peu mieux ce matin ? " .

Manifestement, l'homme de médecine, parlait à quelqu'un. Une femme.
Il posa sa main sur le front du malade.

"S'il passe les trois prochains jours, l'affaire sera bien engagée, mais je me garderais bien de me prononcer dès à présent".

La femme, inquiète et silencieuse, écoutait attentivement les paroles du médecin. Quoi faire d'autre ! Attendre.

L'homme allongé, à y regarder de près, semblait dormir, l'esprit tranquille.
Ses cheveux blonds dépassaient à peine du bandage qui lui enserrait la tete.
Une épée endormie dans son fourreau semblait bien inutile. Elle etait posée sur une petite chaise, et n'avait pas servi depuis des jours.
Le temps passait si lentement.

"Avec ces blessures dues à sa chute, il n'aurait pas du survivre à la fievre qui sévit en notre région ces derniers mois. Combien sont deja morts ! Et des plus forts que lui !

Vous n'etes pas raisonnable gente Dame. Vous devriez aller vous reposer. On s'occupe de votre époux."


Le médicastre s'éloigna et rejoignit une autre personne qui officiait dans cet hospital bien modeste.

"Vous voudrez bien refaire dans la journée le bandage de Sieur
Renaud Plaisadieu. C'est tout ce que nous pouvons faire dans l'immédiat ".
Heloise_plaisadieu



La jeune femme était assise sur une chaise plus que sommaire mais là n'était pas sa préoccupation .
Elle était bien pensive .
Elle se remémorait les derniers mois écoulés ...

C'est en septembre qu'Héloïse Plaise à Dieu commença à s'inquiéter .
Renaud, son époux, était parti en mission au début de l'été, jusque là rien d'étrange, cela lui arrivait souvent .
Il lui donnait de ses nouvelles chaque semaine et soudain plus aucune missive .Avant de s'affoler, elle avait attendu plusieurs semaines puis s'était rendue à l'évidence, quelque chose se tramait, il y avait un problème .
Après plusieurs courriers envoyés sur son trajet, sa conviction se renforça, Renaud avait disparu subitement .
Comme elle était du genre à ne pas rester les deux pieds dans le même sabot, elle prit vite sa décision, elle allait partir à sa recherche .
Il fallait d'abord s'occuper de leur fille, Louise vivait avec eux au domaine, elle ne pouvait pas la laisser seule, c'est alors qu'elle eut l'idée de l'envoyer au couvent de Bourges,où elle même avait séjourné .
Il fallut imposer son autorité parce que sa fille s'était mis en tête de l'accompagner .
Elle avait donc tout préparé et elle choisit dans son personnel, deux hommes, qui avaient toute sa confiance, pour emmener Louise à Bourges .

Héloïse partit donc avec sa jument un beau matin du mois de septembre .
Elle quitta Bordeaux et remonta la côte atlantique .
Elle s'arrêtait dans les villages et cherchait des indices, demandait si on avait vu son mari .
Au départ elle eut de la chance, il était bien passé au même endroit .
C'est alors qu'elle décida de faire une halte à Querry Pigeon, leur moulin .
La maison était pleine de poussière mais il lui sembla que quelqu'un était passé par ici .
Elle avait alors interrogé des voisins .
Renaud était passé ici il y avait de cela de longues semaines .
Le vieux Moreaux, comme on l'appelait ici, alla même jusqu'à dire qu'il était parti pour l'île d'Yeu .
Après s'être reposée une nuit et restaurée avec ce qui lui restait, la jeune femme reprit la route et embarqua sur le premier bâteau qui voulut bien l'emmener .
Elle n'avait pas d'autre piste alors elle se lança et rejoignit l'île .

L'île n'était point grande mais les gens n'aimaient pas parler à une "étrangère" .
Elle s'adressa à la mairie qui la renvoya sans conviction vers leur hospital .

Une fois la bâtisse repérée, Héloïse remis un peu d'ordre à sa tenue et à sa coiffure .
Elle aperçut plusieurs soignantes . Elle s'avança vers l'une d'elle et décrivit son mari .
La jeune infirmière lui dit qu'un homme dont l'identité était inconnue était arrivé ici depuis plusieurs mois, il avait fait une terrible chute de cheval, il était en train de se remettre de ses blessures lorsque la fièvre qui arriva sur l'île le terrassa .
Depuis l'homme était incohérent .
Héloïse sentit son coeur battre à vive allure, était-ce son époux ?
Elle pria la jeune fille de la mener vers cet homme .
Elle passait devant chaque lit et dévisageait leurs occupants . Et soudain elle le vit, il était là amaigri, le visage bandé, les yeux clos, un corps inerte, seul sa respiration montrait qu'il était bien en vie .

-Renaud !!!!!!!!!!!!!!!!
Elle s'élança et embrassa son mari, lui prit les mains, les embrassa à leur tour, lui caressa le visage ...

-Mon amour ...
Je t'ai enfin retrouvé !


Les larmes avaient jailli sans qu'elle s'en rende compte .
Elle se tourna vers l'infirmière :

-Excusez-moi Mademoiselle, il ne m'entend pas ? Il est inconscient ?

-Vous pouvez lui parler Madame, je suis persuadée qu'il vous entend, je vous envoie le médicastre .

L'homme arriva et se présenta comme le médicastre de l'hospital .

-Bonjour Madame . Vous avez l'air de connaître notre inconnu ?

-Oui c'est mon époux, comment va-til ?

-Votre mari est solide ma chère .
Il a eut un choc terrible à la tête après sa chute de cheval et la fièvre est venue se rajouter à tout cela .
IL est sur le chemin de la guérison je pense, vous pouvez lui parler .
La fièvre semble être tombée, il ne lui reste plus qu'à revenir parmi nous, ce peut être long mais tout le contraire est possible aussi ...
Si vous avez besoin de moi, faites moi appeler .
Votre nom est ...

-PLaise à Dieu, Héloïse PLaise à Dieu et mon époux se prénomme Renaud .

C'est ainsi qu'Héloïse était au chevet de son mari depuis de longs jours .
Il était toujours aussi séduisant .
Elle ne cessait de le cajoler, de lui parler .
La fatigue ne semblait par avoir de prise sur elle .
Elle savait que Renaud était fort, qu'il allait se battre et se remettre, il le fallait, pour elle , pour lui et pour Louise .
Elle avait délaissé un petit peu sa fille pour prendre soin de son époux mais elle envoyait des missives au couvent et aussi à Bordeaux régulièrement .
Ce qui l'étonnait c'est que Louise ne lui réponde pas .
La jeune fille avait été déçue de ne pas être du voyage mais de là à ne pas répondre ...

Le médicastre fit son apparition en fin de matinée comme à son ordinaire .
Il disait à Héloïse que son mari faisait des progrès et que sa guérison serait bientôt complète, il fallait s'en remettre à Dieu parce que médicalement parlant il ne pouvait plus rien faire .



"Avec ces blessures dues à sa chute, il n'aurait pas du survivre à la fievre qui sévit en notre région ces derniers mois. Combien sont deja morts ! Et des plus forts que lui !

Vous n'etes pas raisonnable gente Dame. Vous devriez aller vous reposer. On s'occupe de votre époux."

-Je ne veux point quitter mon époux, je veux être à ses côtés lorsqu'il ouvrira les yeux !

Les yeux de la jeune femme étincelaient, elle aimait tant son mari .
Renaud_plaisadieu


Obscurité totale. Silence complet. Renaud avait assez dormi.
Il se réveilla avec un sentiment étrange. Sans mémoire.
A peine un filet de lumière qui filtrait sur sa gauche.

Et puis l'étau ! Un véritable étau autour de sa tete. Il y porta aussitot sa main droite et tomba sur le bandage. Il palpa ce qui lui servait de lit pour prendre ses repères. Puis ayant marre d'etre allongé, il tenta de se redresser et de s'asseoir sur son séant. Des douleurs diffuses le rattrapèrent alors .
Où se trouvait il ? Quelle heure du jour... ou plutot de la nuit.
Des soupirs, des complaintes de blessés lui vinrent aux oreilles. Le voilà donc dans une sorte d'hospital.
Réflexions lentes sur le passé... derniers souvenirs...manifestement absents.
Et ce mal de crane ! On verra plus tard pour la mémoire.
La gorge est sèche. Un verre d'eau, juste un peu d'eau lui ferait du bien.

Une ombre passa au loin. Il tenta de l'interpeller.

"Qui va là ? Ou suis je donc ?".

L'ombre se figea , puis changea de direction et se dirigea vers lui. L'ombre fit place à un habit blanc., accompagné d'une petite bougie. Une infirmière.
Elle lui expliqua à mots feutrés depuis combien de temps il était là et ce qui l'avait amené en ces lieux. Une éternité. Chute sérieuse de cheval, couronnée d'une fièvre contagieuse et sévère.

La femme lui apporta un peu d'eau et une assiette creuse avec une sorte de bouillon épais. Pas très appétissant. Puis elle ajouta :

"Nous ne connaissions pas votre nom, et je n'etais pas là quand du monde vous a laissé ici, à l'hospital de l'ile d'Yeu. Heureusement, votre femme nous a donné votre nom, quelques semaines plus tard quand elle vous a rejoint. Elle a veillé depuis, sur vous avec amour et persévérance . Vous pourrez la remercier dès qu'elle se réveillera. Elle n'a cessé de vous parler chaque jour".

"Mais tout comme votre femme, vous avez besoin de repos. Laissez la dormir."


L'infirmiere alla poser la petite bougie sur un petit meuble , près d'Héloise, qui dormait à poings fermés. Renaud réussit à se tourner un peu pour apercevoir Héloise. Il pouvait la réveiller à l'instant, mais à la vue de ce visage angélique, il préfera attendre. Il s'allongea à nouveau essayant de rassembler ses souvenirs. Quelle mission catastrophique depuis son départ de Bordeaux ! Et sa femme à ses cotés ! Comment l'avait elle retrouvé ? Quels dangers avait elle du affronter ? Au moins Louise, sa fille etait en sécurité près de Bordeaux en leur domaine.

Les minutes passèrent ainsi, plongé dans le relatif silence de la nuit. La vie, lentement, se ré-accaparait son corps. Une seule envie, rentrer chez lui. Cesser ses missions périlleuses faites pour des jeunes gens sans cervelle ou emplis de témérité.

Héloïse semblait rever, basculant sa tête d'un coté l'autre. Ses lèvres bougèrent mais ses mots n'etaient pas audibles.


"Héloise, c'est un simple cauchemar, tu peux te rendormir , le jour n'est pas venu."

Heloise_plaisadieu



Héloïse ne cessait de chercher à droite, à gauche, elle était toute affolée .
Louise venait de tomber de la barque et elle ne la voyait pas réapparaître .
Elle avait pourtant appris à nager avec son père et maîtrisait complètement cet exercice .
Soudain, un homme surgit de l'eau avec Louise dans ses bras, elle avait bu la tasse mais était consciente .Héloïse reporta son attention sur cet homme mais elle ne parvenait pas à voir son visage, il était flou mais elle ne pouvait se détacher de lui . Elle regardait le spectacle sans pouvoir bouger ni articuler un son .
Sa fille la regardait avec un sourire et l'homme lui souriait aussi .
Il lui rappelait les traits d'une personne mais elle ne se souvenait pas vraiment de lui .
Puis d'un seul coup elle cria :

-A l'aide !!!!!!!!!

La jeune femme se redressa et s'aperçut qu'elle rêvait, elle était à l'hospital sur l'île d'Yeu .
Elle jeta un regard dans tous les sens, elle espérait n'avoir réveillé personne et ses yeux se posèrent sur son époux .
Il était là assis sur son lit à la contempler avec un sourire radieux !
Oh quelle joie !

Héloïse s'empressa de le rejoindre et de l'étreindre .Ils se serrèrent fort comme pour combler ce manque de ne pas se voir .

-Oh mon amour, comment vas-tu ? J'ai eu si peur !
Que t'est-il arrivé ?

Renaud remis une mèche de cheveux derrière les oreilles de sa tendre épouse .
Elle l'embrassa tendrement et lui murmura au creux de l'oreille :

-Je t'aime tant Renaud, j'ai cru à certains moments t'avoir perdu mais je savais que tu étais quelque part à m'attendre . Nous allons rentrer à la maison dés que le médicastre aura donné son accord . Tu te sens capable de voyager ?
Renaud_plaisadieu


Héloïse était sortie de son cauchemar. A découvrir son époux reveillé, elle se précipita sur lui pour l'embrasser et lui dit :


-Oh mon amour, comment vas-tu ? J'ai eu si peur !
Que t'est-il arrivé ?


Renaud profita de ces moments d'intimité, car serrer une femme sur soi n'avait pas d'équivalence, et en plus c'etait son épouse au charme fou.


Et bien comme tu vois, j'ai manifestement un "casque" fait de bandelettes, et il m'a fallu plusieurs minutes pour me rappeler ce qui s'etait passé ! Je revois mon destrier se quiller sur les pates arrieres, à hennir à tout va. Un vague souvenir de bruits d'épées et de cris de guerre. Ca me reviendra...
Et puis le cheval qui s' effondre sur un coté, avec moi, dessus, et bientot dessous. Je suppose que ma tete a fait une mauvaise rencontre au sol.
Où c'etait, quand c'était ? Ne m'en demande pas plus. L'impression d'une éternité.

Mais que fais tu là ! Tu devrais etre en notre domaine ! Je devrais te réprimander severement.


Son visage se fit sévère et peu enclin à la compréhension. Renaud aimait les choses faites dans les règles. Bien à leur place. Surtout les femmes.


Tu as du faire un bout de chemin, et risquer ta peau ! Tu crois que notre fille a besoin d'une mère, quasi seule sur les routes ! Tu crois que j'avais besoin de toi. Je suis sûr que dans un ou deux jours j'aurais ete capable de rentrer tout seul. Et comme tu es là à présent, pas question que j'envisage de poursuivre ma mission. Je ne vais pas te trimbaler en terrain plus périlleux.


Quelle délicatesse ! Quelle élegeance dans les propos ! Sa femme avait bravé les dangers et il l'engueulait de l'avoir rejoint. Bon en meme temps il n'avait pas tort, mais un peu plus de reconnaissance n'aurait pas ete superflu.

Héloïse devait connaitre le bonhomme et sa .. "gentillesse" à fleur de peau.
car elle l'embrassa quand même tendrement et lui murmura au creux de l'oreille :

-Je t'aime tant Renaud, j'ai cru à certains moments t'avoir perdu mais je savais que tu étais quelque part à m'attendre . Nous allons rentrer à la maison dés que le médicastre aura donné son accord . Tu te sens capable de voyager ?

Je ne suis pas tout jeune, c'est vrai, mais c'est du cuir. Le Bon Dieu n'a pas voulu te débarrasser de moi. Et compte sur moi pour ne pas trainé ici lieu !
On repasse par Saint Hilaire, on trouve de bonnes montures, et nous rentrons sur Bordeaux où Louise doit nous attendre avec inquiétude. Tant pis, je rendrai mes gages puisque je n'ai pu remplir ma mission initiale.
Je ne préfère pas savoir comment tu as fait pour venir jusqu'à moi, je pense que ca me donnerait l'occasion de te rouspéter de nombreuses fois.


Il arreta sa diatribe, que ne méritait aucunement son épouse. Car le visage d'Héloïse avait toujours été un poème en soi, un don du ciel qui calmait son emportement de guerrier qu'il avait toujours hate de satisfaire.

Donne moi ta main, aide moi à me redresser. Attendons le jour, j' ai besoin de manger plus consistant, et nous mettrons les voiles dès que possible, médicastre ou pas. .


Renaud ne savait meme pas qu'il etait sur l'ile d'yeu.
Heloise_plaisadieu




Héloïse resserra son étreinte, qu'il était bon de sentir le corps de son époux contre le sien !
Elle en profita un peu puis les paroles de Renaud vinrent la frapper en plein visage :

Tu as du faire un bout de chemin, et risquer ta peau ! Tu crois que notre fille a besoin d'une mère, quasi seule sur les routes ! Tu crois que j'avais besoin de toi. Je suis sûr que dans un ou deux jours j'aurais ete capable de rentrer tout seul. Et comme tu es là à présent, pas question que j'envisage de poursuivre ma mission. Je ne vais pas te trimbaler en terrain plus périlleux.

Elle avait pourtant l'habitude de son tempérament, de son caractère vieux jeu qui veut que les femmes restent bien sagement à la maison et ne risquent pas leur vie ou n'essayent pas d'imiter les hommes comme il savait si bien dire ! Mais cela lui fit l'effet d'une gifle . Ca lui faisait mal quand il s'adressait à elle de la sorte mais elle ne laissa rien paraître, elle devait lui faire voir que ses paroles ne la touchaient pas .
Quand elle y songeait, elle était loin de la vie qu'elle s'était imaginée ! Une vie pleine de rêves, avec un prince charmant pour l'accompagner ! Non pas que Renaud soit méchant, c'était juste son caractère qui était ainsi .
De toutes les manières, Héloïse lui trouverait toujours des excuses, elle lui devait tant ...

De temps en temps quand elle était seule et tranquille elle se surprenait à rêver de ce qu'aurait pu être sa vie si ... si ... Tout aurait été si différent !


Je ne suis pas tout jeune, c'est vrai, mais c'est du cuir. Le Bon Dieu n'a pas voulu te débarrasser de moi. Et compte sur moi pour ne pas trainé ici lieu !
On repasse par Saint Hilaire, on trouve de bonnes montures, et nous rentrons sur Bordeaux où Louise doit nous attendre avec inquiétude. Tant pis, je rendrai mes gages puisque je n'ai pu remplir ma mission initiale.
Je ne préfère pas savoir comment tu as fait pour venir jusqu'à moi, je pense que ca me donnerait l'occasion de te rouspéter de nombreuses fois.


Renaud continuait de déverser sa colère mais elle était heureuse de l'avoir retrouver sain(ou presque) et sauf (ou presque !) .
Il allait lui falloir lui raconter qu'elle avait envoyé Louise au couvent, il ne serait certainement pas content mais bon !

La jeune femme recula doucement, fit face à son mari, elle ne le craignait pas .

-Renaud, Louise n'est pas au domaine, je l'ai fait conduire au couvent de Bourges où elle est en sécurité .
Nous nous écrivions régulièrement mais depuis que je suis sur l'île d'Yeu, le courrier ne part et n'arrive plus .
Tu sais, je comprends que tu sois en colère mais les faits sont là, je suis devant toi, Louise à Bourges et tu n'y changeras rien . Tu as beau me sermonner je ne suis plus une enfant et tu n'es pas mon père, je sais que je te dois beaucoup mais là tu exagères !

Héloïse n'avait pas la langue dans sa poche et ne comptait pas être "la chose" de quiconque .
Elle savait que son époux avait fait des choses que beaucoup d'autres n'auraient pas accepté mais elle ne se laisserait pas traiter de la sorte .
Bien que la jeune femme ne mâcha pas ses mots, les larmes lui piquaient les yeux .
Elle en avait gros sur le coeur, elle avait fait des sacrifices pour partir à la recherche de son époux et quel accueil elle recevait !

L'homme sembla se calmer dans son attitude, Héloïse se sentit soulagée .

Donne moi ta main, aide moi à me redresser. Attendons le jour, j' ai besoin de manger plus consistant, et nous mettrons les voiles dès que possible, médicastre ou pas. .


Elle se releva et l'aida doucement à se redresser, malgré quelques grimaces qui trahissaient sa souffrance, elle avança le plateau qui contenait son repas, du pain et un peu de viande séchée .
Il se mit à manger et le silence s'installa le temps du repas .
Renaud_plaisadieu


Renaud n'etait guère quelqu'un de souple. Des habitudes, un mode de pensée ancestral, un brin ou plutot un arbre de machisme.
Mais son épouse avait du répondant et ne se priva pas de le remettre à sa place avec simplicité et efficacité :

-Renaud, Louise n'est pas au domaine, je l'ai fait conduire au couvent de Bourges où elle est en sécurité . Nous nous écrivions régulièrement mais depuis que je suis sur l'île d'Yeu, le courrier ne part et n'arrive plus.
Tu sais, je comprends que tu sois en colère mais les faits sont là, je suis devant toi, Louise à Bourges et tu n'y changeras rien .
Tu as beau me sermonner je ne suis plus une enfant et tu n'es pas mon père, je sais que je te dois beaucoup mais là tu exagères !


Comment pouvait il lui reprocher ses mots ! Elle était là, à ses cotés, comme depuis presque toujours. Depuis qu'ils s'etaient rencontrés à la sortie de Bourges, un des rares jours où Héloïse avait pu sortir de ses
quatre murs du couvent. Elle n'avait pas vingt ans, et ses yeux, son visage lui avaient transpercer le coeur en un souvenir éternel. Il n'y avait rien à faire contre cela. Comme une montagne qui vous ensevelit d'un seul tenant.

Aux propos de son épouse, Renaud apprit que Louise résidait donc à Bourges au fameux couvent de leur rencontre. Cela etait fort facheux, car il faudrait faire un sacré détour pour rentrer sur Bordeaux.
Mais au moins, sa fille vivait en sécurité auprès des Soeurs et l'essentiel était là. Bien sûr qu'il avait envie de rebondir sur les propos d'Héloïse, lui dire que c'était de l'inconscience d'avoir déposé leur fille la bas. Qu'il avait fallu faire un sacré chemin ! Et qu'il devait bien y avoir une autre solution
moins périlleuse. Surtout qu'il n'avait qu'un seul enfant! Qu'il y tenait.

Renaud serra les dents, mais n'en rajouta pas. Toujours cette fissure en lui, celle de l'amertume, à ne pas avoir eu de fils. Héloïse n'avait pu enfanter à nouveau après Louise. La faute à qui ?
Quels avaient ete les plans du Créateur ? Etait ce la punition que le Très-Haut lui imposait, celle d'aimer sa femme sans pouvoir engendrer de descendance mâle.

Il respira lentement, préférant ne pas répondre immédiatement. Mais son ruminement ne cessa pas pour autant.

Je te remercie, ma tendre épouse, pour ta présence, en ce jour et les autres. Je suis parfois pour toi comme une plaie d'Egypte, que l'on ne peut arrêter. Que l'on subit, et qu'on laisse passer.
Tu ne me dois plus rien, et ce, depuis longtemps. Tu sais bien que je serai, moi, ton débiteur éternel.
Ne me reparle plus de cette... lointaine "faveur" que je t'ai accordée.
Tu en as payé le prix chaque jour.
Tu sais bien que j'ai le coeur empli d'amour pour toi, mais que ma bouche n'a pas assez de mots, du moins les bons, pour te l'exprimer.
Ta fille sera toujours, NOTRE fille. N'en doutes pas une seconde.


Rassemblons mes affaires, attendons que le silence se fasse, et prenons la poudre d'escampette. Il nous faut trouver une monture ou deux, et en peu de temps, nous serons à Saint Hilaire, puis nous partirons
par Niort, Poitiers, Chateauroux et enfin Bourges, pour y chercher Louise.

Ah, que donnerais je pour revoir notre domaine à l'instant, et la Garonne.

Hâtons nous avec discrétion.
Heloise_plaisadieu


Héloïse écoutait attentivement son mari, bien qu'un peu brusque dans ses mots, il arrivait toujours à la faire sourire .
Lorsqu'elle lui faisait savoir qu'il allait trop loin, elle avait l'impression de voir un enfant pris en faute, c'était plus fort que lui, il fallait qu'il domine et qu'il gère tout mais son épouse lui donnait du fil à retordre !

Je te remercie, ma tendre épouse, pour ta présence, en ce jour et les autres. Je suis parfois pour toi comme une plaie d'Egypte, que l'on ne peut arrêter. Que l'on subit, et qu'on laisse passer.
Tu ne me dois plus rien, et ce, depuis longtemps. Tu sais bien que je serai, moi, ton débiteur éternel.
Ne me reparle plus de cette... lointaine "faveur" que je t'ai accordée.
Tu en as payé le prix chaque jour.
Tu sais bien que j'ai le coeur empli d'amour pour toi, mais que ma bouche n'a pas assez de mots, du moins les bons, pour te l'exprimer.
Ta fille sera toujours, NOTRE fille. N'en doutes pas une seconde.


-Tu as raison Renaud, Louise est si chère à notre coeur à tous les deux .
Je ne voulais pas remuer le couteau dans la plaie, simplement te signifier que je te serai éternellement reconnaissante de ton geste il y a moultes années .




Rassemblons mes affaires, attendons que le silence se fasse, et prenons la poudre d'escampette. Il nous faut trouver une monture ou deux, et en peu de temps, nous serons à Saint Hilaire, puis nous partirons
par Niort, Poitiers, Chateauroux et enfin Bourges, pour y chercher Louise.

Ah, que donnerais je pour revoir notre domaine à l'instant, et la Garonne.

Hâtons nous avec discrétion.


Héloïse n'était pas du genre fataliste, depuis le temps qu'elle était sur l'île, elle avait organisé un éventuel départ pour tous les deux et cela rapidement dés que Renaud serait sur pieds .
Elle s'était renseigné et avait réussi à trouver un pêcheur qui les conduirait jusqu'à Saint Gilles et de là, on lui avait donné une adresse où trouver deux chevaux moyennant finances .
Heureusement de ce côté là les Plaise à Dieu n'étaient pas en peine .

-Mon chéri, je sais que tu aimes bien tout planifier mais cette fois j'ai pris les devant, un homme nous emmènera en barque sur le continent puis j'ai une adresse où trouver deux bonnes montures et nous pourrons aller jusqu'au moulin .

La jeune femme regardait son mari qui au final n'avait pas l'air aussi surpris que cela des évènements .
Héloïse se leva et commença à rassembler les quelques affaires que Renaud avait emportées .

-Tu te sens prêt mon amour, l'homme en question attend juste un signal de notre part et n'a pas besoin de délai pour embarquer ?
Renaud_plaisadieu


Héloïse n'avait pas les deux pieds dans les memes sabots, c'etait le moins qu'on puisse dire. Elle avait planifié de mettre en sécurité Louise au couvent, pendant qu'elle me cherchait sur la cote Atlantique. Comment ne pouvait elle pas me retrouver ! Et elle ne tarda pas à conforter mes pensées.


-Mon chéri, je sais que tu aimes bien tout planifier mais cette fois j'ai pris les devant, un homme nous emmènera en barque sur le continent puis j'ai une adresse où trouver deux bonnes montures et nous pourrons aller jusqu'au moulin .

-Tu te sens prêt mon amour, l'homme en question attend juste un signal de notre part et n'a pas besoin de délai pour embarquer ?


Manifestement, c'etait encore la nuit, et nous etions sur une ile, pas tres eloignée du continent. Mais je n'avais guere le pied marin. Toutefois mon orgueil etait plus fort que mon appréhension. Et j'etais pressé de quitter ces lieux, espérant que mon mal de crane resterait par contre en ces murs.

Ah, petite mutine, tu as tout prévu effectivement.

Je tatai mes poches, où ne restaient plus que de la menue monnaie. On m'avait probablement fouillé pendant mon inconscience.

La garde malade s'en alla dans une autre partie du batiment, et nous cherchames une porte dérobée. Tels deux spectres frolant les murs, semblant flotter sur le sol.
La deuxieme porte eut la courtoisie de s'ouvrir, le vent nous rafraichit aussitot le visage. Des mouettes tournoyaient dans la lumiere d'un croisant de lune.
Je pris la main d'Héloise dans la mienne, pour ne pas qu'elle glisse. Mais je dus la suivre, puisqu'elle connaissait le chemin.

Il nous faudrait partir aux toutes premieres lueurs du jour, pour ne pas qu'on nous voit quitter l'ile et qu'on nous retienne. La fievre ne nous accompagne pas, mais face à des consignes strictes, on risquerait de nous obliger manu militari de rester sur ce rocher.
Tu es sûr de ton passeur ?


Et puis apres tout, nous n'avions que cette possibilité immédiate.

L'homme qui sentait la sardine se reveilla avec un leger coup de pied donné dans des sacs de toile qui lui servaient de lit.
Héloise montra patte blanche, en metal argenté, l'homme s'empressa de defaire les cordages, et de sortir une petite voile discrete. L'ombre du continent à quelques lieux nous engloutit, comme devenus invisibles.

"J'vous laisse à Saint Gilles, débrouillez vous ensuite."

La traversée se fit lentement mais surtout sans encombres.
Le port de la bourgade dormait encore , et c'est dans un silence de cathédrale, que nous touchames les pavés du quai.
Le jour percait lentement, et se glissait dans les ruelles, comme eclairant nos pas. Je ne saurai dire comment Héloïse retrouva l'ecurie où nous devions recuperer deux montures. Encore un secret de femme, un de ses nombreux talents.

Conciliabules dans une auberge qui mit du temps à ouvrir sa porte, à une heure aussi matinale. Encore une fois, la vue de piécettes nous ouvrit le chemin. Nous patientames quelques minutes, le temps qu'un gamin reveillé par le tenancier aille preparer deux chevaux. L'homme de l'auberge souriait comme un jeune marié, devant le juteux marché qu'il realisait de bon matin.
C'etait le prix de notre liberté.

J'aidai Héloise à monter à cheval. Je verifiai les sacs où nous avions pu mettre de modestes provisions. Le soleil nous montrait le chemin. Tout au levant !
Il n'y avait pas une grand distance jusqu'à Saint Hilaire, mais les montures si elles nous avaient couté cher n'avaient pas grande valeur. Les pauvres betes se trainaient avec lenteur. Nous forçant à trouver un refuge pour la nuit dans une grange isolée. Cette halte obligatoire tomba à pic. Les douleurs ne m'avaient pas quitté aux cotes. Et mettre pied à terre fut un délice.
La fatigue nous emporta bien vite dans le sommeil, apres un modeste repas.
Je recouvrais le corps d'Héloise de ma cape. Avec cette impression d'avoir quinze ans de moins. En d'autres temps, j'aurais profité d'une si belle occasion, mais par un accord tacite, notre amour resta dans nos regards échangés.
Une tourterelle eut la bonne idée de nous reveiller au petit jour. Et c'est vers midi que longeant la cote vers le Sud -Est nous apercumes le chateau de Talmont que nous laissames à notre gauche, sans trop nous en approcher, afin de retrouver notre petit moulin qui nous servait de résidence.

Tenant s les brides du cheval d'Héloise :

Laisse moi les chevaux je vais les panser, vas ouvrir si tu veux bien, le moulin, je ramène du bois. On decidera alors de notre départ pour Bourges.
J'ai bien peur que ces deux canassons ne fassent pas l'affaire. Et à voir l'etat de ma selle en plein jour, il faut qu'on trouve meilleurs destriers.


Je laissai les préoccupations de coté. Héloïse semblait fatiguée, mais le soleil dans ces yeux ouvraient comme des paradis sur le monde.

Je n'aurais pas pu souhaiter meilleure compagne...je voulais dire meilleure compagnie pour ce voyage de retour.
Heloise_plaisadieu




Le voyage fut long mais certainement plus pour Renaud que pour son épouse étant donné les évènements .
Sur les instructions données par son mari, Héloïse avança jusqu'au moulin .
Elle restait toujours émerveillée par cette demeure, elle était chère à son coeur .
Elle représentait tant de choses et cet endroit elle l'aimait par dessus tout, il lui rappelait son enfance puis son adolescence avec beaucoup de moments heureux et d'autres qui lui laissaient un sentiment d'amertume ...
Ce qui la frappa tout de suite, c'était un document blanc coincé entre les rainures de la porte d'entrée . Elle avança et récupéra la lettre, puisqu'il s'agissait bien là d'une lettre .
Elle ne prit pas le temps d'ouvrir la porte et d'entrer, elle décacheta l'enveloppe et reconnut l'écriture de sa fille .
Mais comment Louise avait-elle pensé qu'elle serait au Querry Pigeon ?


Code:

Ma chère Maman,

J'espère que tu pourras lire cette missive, cela voudra dire que tu es bien dans notre maison à Querry-Pigeon .
Je suis sans nouvelle de toi depuis un petit moment déjà et je m'inquiète .
As-tu réussi à retrouver Papa ? 
J'espère que tu me donneras réponse très vite .

Quand à moi, je ne suis plus à Bourges .
En effet, il y a de cela plusieurs semaines, le couvent a été pris par un incendie, il n'y a aucune victime, rassures-toi !
J'ai eu la chance dans mon malheur de rencontrer une personne qui m'a aidée et m'a renvoyée vers un ami à lui qui saurait sans nul doute m'aider .
Me voilà donc rendu près de Bourganeuf au Domaine des Billanges .
Mon hôte est un gentil homme qui met ses ressources à ma disposition afin de pouvoir vous retrouver toi et papa .
Il se nomme Bosk De Portkar .
Je n'ai point encore rencontré son épouse, elle est maire du village et paraît bien occupée .
J'aurai bien d'autres choses à te raconter mais l'essentiel est là .

Je pense rester quelques temps ici, le seigneur des Billanges m'ayant offert son hospitalité, puis je tenterai de vous retrouver à mon tour si je n'ai aucun signe de vous .

Je t'embrasse très fort ainsi que papa .

Louise


Le coeur d'Héloïse battait si vite que le souffle lui manquait . Comment était-ce possible ? Le couvent avait brûlé ! Elle était saine et sauve, là était l'essentiel ! Mais que faisait-elle à Bourganeuf ? Qui plus est chez un inconnu ?
Et quel drôle de nom Bosk de Portkar ? Ce nom ne lui était pas inconnu, c'était le nom d'un village voisin, près duquel elle avait grandi, drôle de coïncidence !

Maintenant il allait falloir annoncer la nouvelle à Renaud qui n'allait certainement pas apprécier !

Elle entra alors, non sans avoir relu une autre fois la lettre de Louise, et ouvrit les fenêtres et volets afin d'aérer un peu la pièce principale et la chambre, le reste pouvait attendre .
Elle regarda le contenu de sa besace, il restait encore un peu de pain sec et deux pommes, le repas était tout trouvé, en même temps, il n'y avait pas grand choix !

La jeune femme entendit des pas résonner et bientôt Renaud se présenta dans l'embrasure de la porte .
Elle le laissa entrer et l'accueillit avec un joli sourire .

-Ca y est tu as pu t'occuper des chevaux ?
Assieds toi, nous allons manger un petit peu .
J'ai trouvé cela en arrivant, regarde, c'est une lettre de notre fille, elle aussi à priori, a connu quelques mésaventures, mais rassure toi elle va bien .

Héloïse lui tendit alors la lettre et lui caressa doucement la joue, avec un grand élan de tendresse .
Renaud_plaisadieu


Renaud prit soin des deux chevaux, qui jusque là leurs avaient permis de rejoindre Querry-Pigeon où Héloise y avait une demeure. Fort modeste mais charmant pied à terre. Un vieux moulin qui ne produisait plus rien depuis longtemps, mais qui avait gardé un charme et surtout de la poussiere de farine.
Héloïse avait du ouvrir les portes et volets pour aerer la batisse. Il avait hate de s'asseoir rapidement, car le mal de crane lui reprit de plus bel. Une bonne sieste, ou avec un peu de chance, une bonne bouteille viendrait atténuer la douleur lancinante.

Il se mit à tomber quelques gouttes, une averse simplement passagère comme il peut en exister en bord de mer. Un vent salin balaya les alentours, et Renaud rentra se reposer dans le moulin.
A peine le temps de chercher où s'installer, qu'Héloise vient à lui parler d'une missive qui les attendait ici lieu.
Renaud fronca les sourcils, d'autant que son épouse se garda bien de résumer le contenu de celle ci, et son geste de tendresse présumait une colère éventuelle de son époux.

Renaud se tourna pour profiter de la lumière de la porte d'entrée. L'ecriture etait belle et se lisait facilement. Autant les premiers mots lui firent du bien, puisque c'etait des nouvelles de Louise, autant la suite ne lui plut pas du tout, mais vraiment pas du tout.

Se retournant vers Héloïse, il ne put cacher l'expression de son
visage .



"Qu'est ce que ca veut dire ! NOTRE fille a échappé à un incendie, et se retrouve à habiter chez un inconnu ! "


Il se mit à regarder le sol, en maitrisant sa colère. Sa fille n'avait pas péri dans cette catastrophe, et semblait contente de son hôte qui l'hébergeait actuellement. Mais Renaud était un père avant tout !



"Te rends tu compte ! Tu laisses notre fille au couvent, et celui ci part en flammes, et Louise se retrouve alors seule en territoire inconnu, sur les routes ! A son âge, sans défense. Dieu merci, le Createur lui a epargné le pire ! Et ce type, Brosse de Brocard, j'espere qu'il n'a pas posé ses mains sales sur ma fille, car je lui étripe les parties avec un fer chaud jusqu'à ce qu'il m'implore, et ensuite je lui couperai les mains et la langue. "
Si jamais ... si jamais il lui a fait quelque chose, tu m'entends, si jamais il a bavé sur ma fille, je le répands finement aux cinq extrémités du Royaume, après l'avoir bouilli vivant !


Renaud se mit à tourner en rond, de colère, brandissant cette lettre, et balançant des malédictions qui devaient bien atteindre les sept générations suivantes.
Puis la nécessité de la reflexion s'imposa. Il s'immobilisa aussitot, et son cerveau, malgré le mal de crane , tournait comme les ailes du moulin, quand elles existaient encore.



"Bourganeuf...humm, Bourganeuf, ca doit etre autour de Limoges, pas bien loin, en tous cas. Avais tu besoin de l'envoyer la bas, dans ce couvent à Bourges ? "


Il ne put se retenir de culpabiliser son épouse. Mais aussitot continua.



Je suis épuisé ce jour, mangeons, et allons à Talmont faire de brefs achats.
Nous deciderons comment partir sur Limoges. J'ai peur que les canassons que nous avons acheté soient incapables de faire une telle distance, et ma carcasse est encore moins encline à supporter leur galop. Et puis les selles sont de tres mauvaise qualités, une sangle a d'ailleurs cassé quand j'ai voulu l'oter tout à l'heure.
Trouve moi à boire, et évitons de parler ou de laisser parler ma colère.


Renaud regarda son épouse. Puis lâcha un sourire


Tu parles d'une famille d' éclopés ! Et d'aventuriers d'opérettes.
Peut etre devrions nous faire partir un courrier à Louise, avant qu'elle ne décide de partir sur les routes nous chercher, si... elle est aussi... tetue que sa Mère.

J'ai besoin de repos maintenant car la fatigue et mes blessures récentes me l'impose.
Heloise_plaisadieu



Héloïse s'attendait à cette réaction .
Elle connaissait si bien son époux ! Elle avait préféré lui en dire le moins possible, il avait lu seul la missive de Louise et sa colère n'avait pas tardé !


"Te rends tu compte ! Tu laisses notre fille au couvent, et celui ci part en flammes, et Louise se retrouve alors seule en territoire inconnu, sur les routes ! A son âge, sans défense. Dieu merci, le Createur lui a epargné le pire ! Et ce type, Brosse de Brocard, j'espere qu'il n'a pas posé ses mains sales sur ma fille, car je lui étripe les parties avec un fer chaud jusqu'à ce qu'il m'implore, et ensuite je lui couperai les mains et la langue. "
Si jamais ... si jamais il lui a fait quelque chose, tu m'entends, si jamais il a bavé sur ma fille, je le répands finement aux cinq extrémités du Royaume, après l'avoir bouilli vivant !


Si la situation n'avait pas été aussi critique, Héloïse aurait éclaté de rire devant la futilité des propos de Renaud .

-Je ne rejette la faute sur personne, je sais très bien que c'est moi qui ai décidé de mettre Louise entre les mains des religieuses à Bourges, je la croyais en sécurité mais aujourd'hui, voilà encore une preuve que l'on ne peut pas tout maîtriser dans la vie .
Quoiqu'il en soit, Louise est en vie et a trouvé refuge chez un inconnu je te l'accorde, mais si ses intentions étaient mauvaises crois-tu qu'il l'aurait aidé dans ses recherches ? Qu'il la laisserait nous écrire ?
Je ne crois pas et j'ai envie de croire en la bonne foi de cet homme, il existe encore de bonnes âmes en ce monde et peut-être en fait il partie ?
Je te serai gré de bien de comporter face à lui quand on récupèrera notre fille, elle n'est pas à la rue grâce à lui dois-je te le rappeler ?

Si Renaud pouvait s'emporter facilement, sa femme savait faire passer les messages et n'était pas du genre effacée .

-Et juste pour rectifier, il ne s'agit pas de "Brosse de Brocard" mais de "Bosk De Portkar" .

Elle eut un sourire amusé .

Ils partagèrent leur repas, très sommaire et la jeune femme sentit que la fatigue gagnait son époux, elle débarrassa la table et l'accompagna dans la chambre .

-Allonge-toi, je te rejoins dans un moment, je vais de ce pas envoyer un courrier à Louise au domaine des Billanges pour la rassurer et lui annoncer notre arrivée imminente ?

Elle déposa un baiser sur les lèvres de son mari et quitta la chambre .
Elle se hâta d'écrire sa missive puis malgré la nuit tombante sortit pour la faire partir rapidement .
Sur le chemin, elle retrouva quelques connaissances qui lui fournirent deux beaux chevaux , plus tous jeunes mais assurément meilleurs destriers que les précédents .
Elle rentra, prépara les affaires pour le départ du lendemain .
Renaud s'était endormi, on aurait dit un ange, un petit sourire se dessinait sur ses lèvres, comme elle le chérissait, dans ces moments là son mauvais caractère s'envolait et elle l'aimait de toutes ses forces .
En cet instant précis, elle était heureuse, elle avait retrouvé son mari en vie et Louise était à priori en sécurité .
Elle rejoignit doucement son époux et se blottit tout contre lui, ne tardant pas à tomber dans les bras de Morphée ...
Renaud_plaisadieu


Renaud sentit son épouse le rejoindre dans sa couche. Mais le sommeil l'emporta rapidement. Le discours argumenté d'Heloise avait porté ses fruits.
Effectivement il avait son épouse tout contre lui, ils s'apprêtaient à rentrer bientot en leur domaine. Louise se portait bien, meme si elle vivait actuellement chez un inconnu, qui avait eu la bonté de la recueillir apres ses malheurs. Certes, un petit détour était necessaire pour aller la rejoindre, mais dans l'ensemble, le pire semblait derriere eux.

Il partit en conjectures sur son avenir proche. Les années passaient et les armes se revelaient etre de plus en plus lourdes. Il fallait bien le reconnaitre, mais sa fierté faisait pour l'instant obstacle. Puis un sommeil profond succéda aux rêves, et la nuit ne fut pas de trop.

Un coq, ponctuel , se chargea de rappeler la prière des matines. Renaud laissa Héloïse s'étirer un peu dans leur lit, profitant de la chaleur d'un rayon de soleil, comme une chatte lascive. Il voulut s'assurer que les chevaux avaient meilleure mine, et ce fut bien le cas, car comme par magie, à la place des deux vieilles carnes d'hier, il avait deux bonnes montures et des selles convenables .

"Merci Grand Créateur pour ce petit miracle !"

Puis il rentra au moulin, pour plier les bagages, même s'il aurait bien resté quelques jours de plus en ce lieu plaisant avec son épouse.

"Je suppose que tu as aidé un peu le Grand Créateur pour nous transformer les canassons en fières montures ? Je sais que tu ne manques pas de ressources. "

"Nous partons dès que tu es prete, mais rappelle moi de revenir ici plus souvent, prendre le temps de vivre."


Les époux "Plaise-à-Dieu" suivirent la direction que le soleil du matin leur indiquait. Les premieres lieues furent des plus faciles, puis les abords du Marais Poitevin les entouraient de brouillard et d'humidité. Renaud s'assura que son épée restait à portée de main.


"Ah si j'avais à mes cotés mon fidèle compagnon des airs ! Mon gerfaut ! Il nous aurait ouvert la route et surveillé nos arrieres ! ".
"Hatons nous, avec un peu de chances nous atteindrons l'abbaye de Maillezais pour nous y reposer. Et nous demanderons la meilleure route à suivre pour Limoges ".

"Dis moi, toi qui a la mémoire infaillible...notre fille a bien dit qu'elle était dans un domaine à Bourganeuf,.. chez un nobliau, un seigneur alors ? Comment on peut bien remercier un Seigneur ? Tu veilleras à ce que je ne te fasse pas trop honte sur place.



[abbaye de Maillezais]



"Je vous dis que les routes sont barrées pour aller vers l'Est ! Vous comprenez quand je vous parle ! "


Ainsi parlait le Maire du village.


Il y a plusieurs bandes de brigands sur tout le secteur. Il vous faut attendre au moins deux semaines pour que nos troupes régulières fassent du ménage. Et toute personne prise sur les routes sans laisser-passer sera considérée comme un espion, et jugé immédiatement. La route jusqu'à Niort est permise, et vous y serez mieux pour la quinzaine qu'ici. Mais ne tardez pas à vous y rendre.


"Ah l'affaire est facheuse en vérité ! Comment etait ce possible d'attendre deux semaines à Niort, sans y faire rien ! "

Et encore, le Maire avait été un peu trop optimiste. L'attente fut bien longue.
Les époux durent patienter plus de deux mois et demi aux alentours de Niort. Ils durent vendre les chevaux, afin de ne pas devoir payer leur entretien pendant tout ce temps. Une pluie continuelle vint noyer toutes les routes avoisinantes. Les bandes armées en profiterent grandement pour narguer les troupes du Poitou, qui s'enlisaient avec leurs armes trop lourdes pour ce genre de chasse.

Renaud fulminait jour après jour . Il espérait que Louise avait recu le courrier de sa mère, car si leur fille s'aventurait en Poitou... il ne préferait même pas y penser.

A la vingtieme de fevrier, au petit matin, alors que le sommeil avait ete bien court, Renaud se leva tout engourdi. Le bras gauche empli de fourmillement. Il voulut fermer puis ouvrir sa main pour chasser ce léger désagrément, mais ses doigts répondirent à peine. Le temps n'y faisait rien.

Quand il fut sûr, il reveilla alors Héloïse.

"Regarde ma main, j'ai du mal à serrer les doigts. Qu'est ce qu'il m'arrive ? Le vin d' hier soir ?"


Une lueur d'inquiétude parcourut son visage.
Il ne pouvait se rendre compte que la paupiere de son oeil gauche fremissait à vive allure, et que seul son oeil droit regardait Héloïse bien en face.
Heloise_plaisadieu


Héloïse sentit de légères pressions sur son bras droit, au bout d'un moment, elle ouvrit difficilement les yeux et comprit que Renaud la réveillait .
Elle avait peu dormi mais s'était reposée, soudain elle entendit la voix de son époux rapide et en proie à la panique .
Elle n'était pas habituée à l'entendre de cette façon aussi se retourna t-elle aussitôt vers lui et là...là tout se figea .
Elle lut d'abord de la peur plus que de l'inquiétude dans les yeux de son mari, puis son regard se porta sur 'ensemble de son visage, tout le côté gauche semblait avoir un problème, sa bouche d'abord qui tirait vers le bas et d'où un léger filet de salive s'échappait, puis son oeil qui papillonnait ...
La jeune femme avait quelques connaissances en médecine et comprit qu'il s'était passé une chose très importante .
Elle essaya de se contenir et de cacher son angoisse, Renaud devait avoir du soutien et non que l'on rajoute à son inquiétude .


"Regarde ma main, j'ai du mal à serrer les doigts. Qu'est ce qu'il m'arrive ? Le vin d' hier soir ?"


Héloïse, d'un geste tendre, caressa la main gauche de son bien-aimé .
Elle ne pouvait lui cacher la vérité et devait doser entre cette dernière et le fait de ne pas l'alarmer davantage .

-Mon amour, je pense que tu as fait une "petite attaque" comme on dit .
Je sais que ce n'est pas aisé, mais essaie de te calmer et allonge toi .
Est-ce que tu me vois bien ?

Elle commença par cacher à l'aide de sa main, l'oeil gauche de Renaud, puis ce fut au tour du droit .

-Déjà notons les côtés positifs, tu as toujours l'usage de la parole, tu arrives même si c'est difficile, à bouger ta main gauche, je ne te cache pas que ton visage est plutôt crispé du côté gauche mais il n'est pas non plus figé .
Tu peux bouger tes jambes sans problème ?

Héloïse gardait son calme même si son coeur n'était pas dupe et battait à tout rompre .

-Je serai quand même plus rassurée si un médicastre t'examinait, j'ai quelques rudiments en médecine mais je suis sans prétention et il vaut mieux deux avis qu'un !
Je pense que tu as vécu des moments difficiles et que tu manques de repos, la contrariété qui s'est rajoutée n'a pas arrangé tes affaires .
Te sens-tu capable de rester seul un moment, je vais tenter de trouver un médicastre dans le village ?


La jeune femme observait son époux et le couvait des yeux, il lui était si cher .
Renaud_plaisadieu


Renaud avait vraiment besoin de sa femme en ces instants précis. Elle le rassura, en disant simplement la vérité. Il ne s'apercevait meme pas qu'elle prenait sur elle meme pour ne pas montrer sa propre peur . Renaud était simplement obnubilé par son probleme, son gros probleme dans l'immédiat.


"Mon amour, je pense que tu as fait une "petite attaque" comme on dit . Je sais que ce n'est pas aisé, mais essaie de te calmer et allonge toi .
Est-ce que tu me vois bien ? "


Héloïse fit un point rapide. Son mari pouvait parler, bouger la jambe gauche. Le bras restait endolori, quasi inerte, le visage à moitié figé. Si cela avait été plus grave, les symptômes auraient été proportionnels.
Du repos obligatoire, et un médicastre rapidement. Rien d'autre à faire.

Tu sais, Héloïse, je peux me battre contre un ennemi qui tient une épée, un bouclier, même à un contre trois. Mais là, je me sens completement désarmé face à cette paralysie. Dieu m'a abandonné, il veut me punir du mal que j'ai pu faire par le passé avec mes armes, ou des mes humeurs facheuses qui m'accompagnent quotidiennement. C'est son message !

Renaud posa la main droite sur le bras de son épouse.

Je ne suis pas ce qu'on peut appeler un bon mari. Je vois bien que tu ne souris guère en ma présence, que tu fais beaucoup d'effort pour tempérer ma nature. Je ne te mérite guère en vérité. Et pourtant tu es là, près de moi, et je ressens tout ton amour.


Il posa alors sa main sur la joue de sa femme.

Rappelle moi d'être meilleur si le Grand Créateur veut bien me laisser le temps de me racheter. J'ai toujours puisé force et volonté dans tes yeux, je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

Vois comme je suis, presque incapable de bouger.
Laisse moi alors discuter, prier, invoquer le Seigneur.
Vas me chercher si tu veux bien un médicastre pendant ce temps.
Il semble que ce ne soit pas ce jour que nous pourrons partir de cette ville au galop.
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