Umbra
A une dizaine de jours de équinoxe automnale, en plein coeur de Paris, cest déjà la décadence dans certains esprits. Une âme tourmentée, une de plus dans cet amas jonchant les artères de la Capitale, déambule. Son allure pathétique promet un lourd passif, des souvenirs quelle garde jalousement en son fort intérieur. Les phalanges blanchies dun poing serré veille à cette intimité. Les traits brisés demeurent muets face aux oeillades interloques croisées.
Les yeux béants sétrécissent quand les bourrasques amènent à eux toute la poussière brassée des pavés. La gueule cassée se terre dans un haut col sombre dun cuir moins tanné que le sien en apparence. LOmbre souhaiterait que le vent chasse autant ses songes que ses boucles brunes mais en vain. Ses pensées la hantent nuit et jour, lescortant encore aujourd'hui.
Les bottes usées battent la chaussée avec désynchronisation malgré que la patte folle tienne la cadence. La carcasse disparaît à un angle de rue pour surgir à un autre et ainsi de suite. La marche est mécanique, presque instinctive. Les lippes se pincent, les dents grincent car les souvenirs qui laccompagne l'agressent. Le rythme saccélère, les pas bafouillent et la silhouette se choque aux badauds lui barrant le passage.
Poussez-vous, quelle leur dirait, laissez-moi passer alors quelle sefface.
Jai besoin dair.
Dune longue bouffée...
La bouche se fend dun soupir quasi inaudible. Le vacarme résonne encore dans son dos mais voilà quil sestompe au fur et à mesure de ses pas. La garde se baisse tandis que la lanterne rouge pointe à lhorizon encore ensoleillé. Un énième franchissement dintersection et enfin, une échappatoire se profile. Le dédale crânien est toujours aussi tortueux mais la Noiraude lespère pour plus longtemps.
La filiforme fait face à un portier plus impressionnant que sa propre personne. Ce dernier ne tarde pas à la faire entrer voyant quelle ne dissimule aucune arme sous son linceul de bonne fortune. Peut-être la prendra-t-il pour une toxicomane en lui indiquant la droguerie? La mercenaire, faut-il lavouer, a perdu de sa splendeur en plus de nombreuses plumes...
Avec méfiance, Umbra évolue lentement dans ce nouvel environnement. Les sens s'éveillent : les iris de jais scrutent attentivement le décor enfumé, le nez fracturé hume les différentes fragrances ambiantes et déjà, les nerfs se relâchent doucereusement. Il y a un je-ne-sais-quoi dapaisant dans cet univers. Quelque chose qui guide la mercenaire jusquà sa destination sans plus dappréhension. Le sentiment dêtre enfin en sécurité ? Un pressentiment trompeur.
La Sombre franchit la porte et aussitôt sa voix senraille :
Gaia ?... T'es là?
Lintonation avoue tant danxiété et de soulagement mêlés, sonne comme une peur et un espoir.
Gaia, je ten prie, jai besoin de toi...
_________________
Les yeux béants sétrécissent quand les bourrasques amènent à eux toute la poussière brassée des pavés. La gueule cassée se terre dans un haut col sombre dun cuir moins tanné que le sien en apparence. LOmbre souhaiterait que le vent chasse autant ses songes que ses boucles brunes mais en vain. Ses pensées la hantent nuit et jour, lescortant encore aujourd'hui.
Les bottes usées battent la chaussée avec désynchronisation malgré que la patte folle tienne la cadence. La carcasse disparaît à un angle de rue pour surgir à un autre et ainsi de suite. La marche est mécanique, presque instinctive. Les lippes se pincent, les dents grincent car les souvenirs qui laccompagne l'agressent. Le rythme saccélère, les pas bafouillent et la silhouette se choque aux badauds lui barrant le passage.
Poussez-vous, quelle leur dirait, laissez-moi passer alors quelle sefface.
Jai besoin dair.
Dune longue bouffée...
La bouche se fend dun soupir quasi inaudible. Le vacarme résonne encore dans son dos mais voilà quil sestompe au fur et à mesure de ses pas. La garde se baisse tandis que la lanterne rouge pointe à lhorizon encore ensoleillé. Un énième franchissement dintersection et enfin, une échappatoire se profile. Le dédale crânien est toujours aussi tortueux mais la Noiraude lespère pour plus longtemps.
La filiforme fait face à un portier plus impressionnant que sa propre personne. Ce dernier ne tarde pas à la faire entrer voyant quelle ne dissimule aucune arme sous son linceul de bonne fortune. Peut-être la prendra-t-il pour une toxicomane en lui indiquant la droguerie? La mercenaire, faut-il lavouer, a perdu de sa splendeur en plus de nombreuses plumes...
Avec méfiance, Umbra évolue lentement dans ce nouvel environnement. Les sens s'éveillent : les iris de jais scrutent attentivement le décor enfumé, le nez fracturé hume les différentes fragrances ambiantes et déjà, les nerfs se relâchent doucereusement. Il y a un je-ne-sais-quoi dapaisant dans cet univers. Quelque chose qui guide la mercenaire jusquà sa destination sans plus dappréhension. Le sentiment dêtre enfin en sécurité ? Un pressentiment trompeur.
La Sombre franchit la porte et aussitôt sa voix senraille :
Gaia ?... T'es là?
Lintonation avoue tant danxiété et de soulagement mêlés, sonne comme une peur et un espoir.
Gaia, je ten prie, jai besoin de toi...
* titre tiré du sketch de Gad Elmaleh "La drogue"
_________________