Wilfried.
Le Wil aurait donné sa vie pour l'seigneur. Il l'avait sorti des griffes d'un nobliau aussi tyrannique qu'désargenté, et jamais il n'aurait assez d'une vie pour s'acquitter d'sa dette. sa femme, la Manon, ses deux fils et lui même étaient à présent hors de danger. Oh, y zétaient point plus riches qu'avant, ils prenaient tous les matins l'chemin des champs, mais maint'nant, ils mangeaient à leur faim et n'tremblaient point d'peur la nuit ni n'grelottaient sur une paillasse moisie dans un taudis qui prenait l'eau et l'vent.
C'pour ça qu'le Will n'ménageait point sa peine pour r'chercher les ptiots du seigneur. Boudiou, n'devaient point êt' ben loin, ça a des p'tites jambes à c't'âge là !
Sous l'ordre d'leur mait', il avait donc pris la tête d'groupe pour la plaine, et c'était dispersés tous en une longue ligne droite, hélant les marmots par leurs noms, espérant une réponse d'leur part. En vain. La nuit s'avançait, et rin de rin, nip' de nip', pas d'trace des p'tits. Ni du loup apprivoisé du mait' d'ailleurs.
La nuit s'étirait, la lune continuait sa course dans l'ciel pars'mé d'étoiles, et bentôt, ils virent les premières lueurs d'l'aube commencer à apparaître. Le Wil allait donner l'signal du r'tour quand soudain, un d'ses hommes laissa échapper un cri d'alerte, et s'tournant vers lui, il l'vit partir au triple galop à travers les haut'herbes. bentôt, tout l'groupe le suivit, et Wil comprit c'que l'gars avait r'péré. Un homme les fuyait là bas, détalant comme un lièvre d'vant des chiens d'chasse. La poursuite prit fin quand l'gars trébucha et se r'trouva les quat'fers en l'air. Tous les hommes furent bientôt sur lui, et l'homme se r'croquevilla sur lui-même. Le Wil arriva, fendit le groupe en colère, convaincu d'avoir trouvé un suspect, prit l'homme par le collet et l'força à se r'mettre sur pieds.
qu'est que tu fais là l'homme ? D'manda Wil d'un ton rogue. T'as fait quoi des enfants ?
L'homme, terrorisé, se contenta de bafouiller une réponse incompréhensible. Peu d'humeur, Wil s'exclama :
V'là un gars qu'va passer un sal' quart d'heure ! J'suis certain qu'y sait d'quoi on parle. On l'ramène d'vant l'mait', et au trot !
Et voilà qu'ainsi, l'étrange groupe reprit le ch'min du r'tour, et bentôt ils furent d'vant la maison du seigneur, poussant, tirant, bousculant l'intrus, l'invectivant et l'injuriant au possible. L'homme n'avait plus la force de s'débattre et s'contentait d'subir, ses haillons poissés de terre et de sueur laissant deviner un corps famélique. Il s'effondra aux pieds d'seigneur de Rye, le r'gard épouvanté.
Qui Est-ce ? Demanda l'seigneur, le regard plein d'interrogation et d'espoir.
Un maraud, not'maitre. R'pondit Wil. Y s'cachait d'nous et a prit la fuite quand on l'a vu, moi j'dis qu'y a pas la conscience tranquil' c't'homme là ! Chuis sûr qu'y sait que'que chose sur l'disparition d'vos enfants !
L'homme tressaillit et se redressa, regardant autour de lui comme un animal aux abois.
Mais nan, mon seigneur, j'vous l'jure, j'savions rien sur vos enfants ! j'vous jure mes grands dieux, mon seigneur, j'faisions route vers la ville, et j'passions sur vot' domaine parce qu'c'était plus court pour moi, ça m'fait gagner une journée, mon bon seigneur !
Je suis sûr qu'il ment, not' maitre ! Il est coupable, un faciès pareil', ça s'invente pas, il a du enl'ver vos enfants pour les vendre, et les cache quelque part !
Les hommes autour du pauvre hère s'impatientèrent, et certains crièrent qu'il fallait pendre l'maraud. Celui-ci palit encore plus et se mit à trembler d'tous ses membres, avant de r'prendre :
'tendez, 'tendez ! j'savions p'têt que'quchose ! j'suis passé près d'un camp'ment d'maraudeurs, mon seigneur, et me suis fait discret pour pas qu'y m'voyent, et là, j'ai entendu un des gars dire "y sont jeune, on pourra les vendre un bon prix !"
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C'pour ça qu'le Will n'ménageait point sa peine pour r'chercher les ptiots du seigneur. Boudiou, n'devaient point êt' ben loin, ça a des p'tites jambes à c't'âge là !
Sous l'ordre d'leur mait', il avait donc pris la tête d'groupe pour la plaine, et c'était dispersés tous en une longue ligne droite, hélant les marmots par leurs noms, espérant une réponse d'leur part. En vain. La nuit s'avançait, et rin de rin, nip' de nip', pas d'trace des p'tits. Ni du loup apprivoisé du mait' d'ailleurs.
La nuit s'étirait, la lune continuait sa course dans l'ciel pars'mé d'étoiles, et bentôt, ils virent les premières lueurs d'l'aube commencer à apparaître. Le Wil allait donner l'signal du r'tour quand soudain, un d'ses hommes laissa échapper un cri d'alerte, et s'tournant vers lui, il l'vit partir au triple galop à travers les haut'herbes. bentôt, tout l'groupe le suivit, et Wil comprit c'que l'gars avait r'péré. Un homme les fuyait là bas, détalant comme un lièvre d'vant des chiens d'chasse. La poursuite prit fin quand l'gars trébucha et se r'trouva les quat'fers en l'air. Tous les hommes furent bientôt sur lui, et l'homme se r'croquevilla sur lui-même. Le Wil arriva, fendit le groupe en colère, convaincu d'avoir trouvé un suspect, prit l'homme par le collet et l'força à se r'mettre sur pieds.
qu'est que tu fais là l'homme ? D'manda Wil d'un ton rogue. T'as fait quoi des enfants ?
L'homme, terrorisé, se contenta de bafouiller une réponse incompréhensible. Peu d'humeur, Wil s'exclama :
V'là un gars qu'va passer un sal' quart d'heure ! J'suis certain qu'y sait d'quoi on parle. On l'ramène d'vant l'mait', et au trot !
Et voilà qu'ainsi, l'étrange groupe reprit le ch'min du r'tour, et bentôt ils furent d'vant la maison du seigneur, poussant, tirant, bousculant l'intrus, l'invectivant et l'injuriant au possible. L'homme n'avait plus la force de s'débattre et s'contentait d'subir, ses haillons poissés de terre et de sueur laissant deviner un corps famélique. Il s'effondra aux pieds d'seigneur de Rye, le r'gard épouvanté.
Qui Est-ce ? Demanda l'seigneur, le regard plein d'interrogation et d'espoir.
Un maraud, not'maitre. R'pondit Wil. Y s'cachait d'nous et a prit la fuite quand on l'a vu, moi j'dis qu'y a pas la conscience tranquil' c't'homme là ! Chuis sûr qu'y sait que'que chose sur l'disparition d'vos enfants !
L'homme tressaillit et se redressa, regardant autour de lui comme un animal aux abois.
Mais nan, mon seigneur, j'vous l'jure, j'savions rien sur vos enfants ! j'vous jure mes grands dieux, mon seigneur, j'faisions route vers la ville, et j'passions sur vot' domaine parce qu'c'était plus court pour moi, ça m'fait gagner une journée, mon bon seigneur !
Je suis sûr qu'il ment, not' maitre ! Il est coupable, un faciès pareil', ça s'invente pas, il a du enl'ver vos enfants pour les vendre, et les cache quelque part !
Les hommes autour du pauvre hère s'impatientèrent, et certains crièrent qu'il fallait pendre l'maraud. Celui-ci palit encore plus et se mit à trembler d'tous ses membres, avant de r'prendre :
'tendez, 'tendez ! j'savions p'têt que'quchose ! j'suis passé près d'un camp'ment d'maraudeurs, mon seigneur, et me suis fait discret pour pas qu'y m'voyent, et là, j'ai entendu un des gars dire "y sont jeune, on pourra les vendre un bon prix !"
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