Xalta Elle avait accepté avec plaisir d'accompagner la Baronne et Constance dans ce périple. Elle avait été surprise aussi mais agréablement et puis cela léloignait un temps de celui qui ne serait plus son époux. Bien des fois, l'ambiance était pesante. L'esprit légèrement absent elle contemple le paysage qui défile devant leurs yeux. Le Berry, terre mitoyenne à la sienne, terre connue et en même temps étrangère. Elle connaissait du Berry surtout la ville de Sancerre, ville qu'elle fréquentait régulièrement quand elle était giennoise et plus particulièrement quand Astaroth était maire. Cela lui semblait si loin. Mains gantées croisées sur ses genoux, elle apprécie le paysage.
Puis soudain, la voix de Zoyah s'éléve, elle l'écoute et esquisse un sourire en entendant le nom de Graçay et l'image de Renlie , emplie soudain son esprit. Il faudrait qu'elle lui écrive d'ailleurs: prendre de ses nouvelles. Elle s'est pris d'amitié pour lui et lui pour elle , affection née lors de leur collaboration au seins des Finances royales. Le froncement de sourcils de la jeune femme ne lui échappe pas.
Vous allez bien ?
Elle se souvient car ce n'est pas si ancien que les voyages pouvaient être pénibles quand on est enceinte et non loin du terme. Le moindre creux, la plus petite bosse est douloureux. Ses lèvres s'ourlent en un sourire tendre en songeant à ses fils.
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Xalta Oui les contractions de fin de grossesse, désagréables, douloureuses et fugaces, un avant-goût de ce qui attend la parturiente au moment de la délivrance. Cette douleur que l'on sent grimper tout doucement en puissance et soudain vous plie en deux, vous déchire les entrailles, et ça dure, dure des heures pour ne plus être qu'une créature échevelée, moite, hurlante ou gémissante de douleur. Cette douleur qui soudain disparaît par magie dès que l'enfant est enfin extrait du ventre et vous termine dans les bras. C'es même difficile de se souvenir de cette douleur peut-être pour cela que les femmes sont prêtes assez facilement à renouveler l'expérience en faisant fi des dangers que cela peut représenter.
Rassurée par les propos de la Baronne qui reprend son récit en répondant la question de Constance, elle en apprend ainsi sur le duc de Graçay et sur le Berry, les noms lui étaient connus. L'avantage d'avoir vécu toute une vie dans la province frontalière. Mais décidément cela ne la rajeunissait pas. Elle se laisse bercée par la voix douce de Guyenne qui leur narre ce Berry, une autre vision que celle de l'habitante du Domaine royal qu'elle était et qu'elle demeure malgré tout. le paysage défilait doucement aussi sous ses yeux et bien qu'elle ne somnolait pas ni ne piquait du nez. Son esprit vagabondait, elle était simplement nonchalante.
Puis, elle eut un sursaut, les cahotements plus brusques la sortant de cette légère indolence. Les raclements contre les parois mais surtout le juron germanique du cocher lui firent prendre conscience que la litière s'était éloignée de la sente. Elle s'agrippe à son siège lorsque celle-ci bascule, enfin bascule, file au fond d'un trou. L'arrêt est brutal et lui tire un cri :
Vertuchou !
Un instant, un blanc le temps de retrouver ses esprits et que le cerveau comprenne qu'elles venaient de glisser dans un fossé. Puis elle regarde ses deux co-voyageuses. Et la seule phrase intelligente qui lui vient à l'esprit
Allez vous bien ?
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Xalta Tout doucement elle recouvrait ses esprit et un semblant de raisonnement. Mais pas encore conscience des petites douleurs dues à l'accident, ça viendrait plus tard. Les trois femmes avaient été bousculées. Puis la porte s'ouvrit violemment et le cocher en occulta l'entrée. Il s'exprima dans un français marqué par son fort accent germanique. A sa question elle secoua négativement la tête, non elle n'était pas blessée, simplement quelques commotions.
La baronne fut la première à être extraite. Elle fut hissée hors de la litière. Son regard accompagna cette sortie, un détail attira son attention, mais sur le moment elle ne sut quoi exactement. le corps de la baronne disparut par l'orifice ainsi que son cocher. Quelques secondes s'écoulèrent avant que la tête du massif germanique refasse son apparition, il lui tendit une main dont elle s'empara, à son tour elle fut hissée hors du véhicule.
Merci.
Il lui désigna la baronne qui avançait courbée vers un gros arbre, un chêne à première vue. Elle pressa le pas en la voyant ainsi, prise d'une soudaine inquiétude qui s'accrut en voyant lauréole humide ornant les jupons de cette dernière. C'est en courant qu'elle franchit la distance restante. Arrivée à hauteur de la jeune femme, elle se penche vers elle.
Vous allez bien ?
Je crois que vous avez perdu les eaux.
Expérience de femme qui a déjà enfanté deux enfants. Elle glisse son bras autour de la taille de la parturiente et l'accompagne jusqu'au chêne qui offre une belle assise.
Zoyah ? Que ressentez vous ?
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Xalta Elle acquiesce tout en continuant de marcher et de soutenir la baronne. Elle compatit sincèrement en la voyant plier et souffrir sous les assauts des contractions. Une grande inspiration pour garder son calme, elle avait accouché de deux fils et assisté à la naissance de Liam et Molly, petite fille qu'elle avait fini par adopter à l'adolescence. Elle n'était pas totalement novice dans ce domaine. Une longue expiration même si pas elle qui souffre. Elle l'aide à s'installer contre le chêne mais dos à la route, nul besoin que les hommes puissent assister à cela.
Un regard qui se veut rassurant à la jeune femme, même si au fond d'elle, elle n'en mène pas large. Accoucher n'est jamais simple et toujours risqué mais Zoyah semble une jeune femme en pleine forme, robuste dans le sens solide_ oui je précise, sait-on jamais ?_ Tout devrait bien se passer malgré l'accident qui semble précipiter la naissance. d'un ton empreint d'une infinie douceur.
Zoyah, tout va bien se passer.
Vous avez déjà mis au monde un enfant.
Et même si elle se veut confiante, elle ne peut s'empêcher d'adresser une prière à Dieu pour les aider dans cette épreuve car cela en est une pour celle qui va donner la vie et pour que tout se déroule bien, autant pour la mère que pour l'enfant.
Lorsque j'ai accouché de mes fils, je sais que tenter de respirer calmement m'aidait beaucoup à mieux supporter la douleur.
Elle se mord les lèvres puis après une brève hésitation.
Je peux remonter vos vêtements ? Et vous aider à vous défaire de vos ... sous-vêtements ? Il faudrait que je puisse regarder...
Elle prend une des mains de la jeune femme entre les siennes gantées. Elle espère la rassurer en lui assurant son soutien.
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Xalta Les yeux dans les yeux de la jeune baronne, elle lui lance un sourire qui se veut rassurant alors qu'intérieurement, elle n'en mène pas large. D'accord elle avait mis au monde deux fils, oui elle avait aidé deux amies à mettre au monde leurs enfants, mais ce dernier point datait un peu. Pas loin d'une quinzaine d'années ! Ce n'est pas du tout la même chose dêtre celle qui accouche et celle qui assiste . Réflexion faite, elle préférait largement sa place actuelle: les douleurs de l'enfantement sont des plus horribles, des plus atroces. Cette sensation que l'on vous transperce. A la rigueur, elle préférait même être traversée par une épée que de subir des contractions. C'est comme si l'on vous assénait des dizaines de coups avec une cadence qui va crescendo. Elle se met à respirer profondément pour tenter de calmer les battements affolés de son coeur. Il ne faut pas qu'elle cède à la panique.
Elle prend un ton qui se veut calme et rassurant.
Je l'ai déjà été par le passé. ça va aller.
Et d'afficher une assurance à toute épreuve. Elle se penche vers la jeune femme, remonte les diverses couches de tissus sur le ventre de la Baronne, puis délicatement lui ôte ses sous-vêtements souillés par l'avènement. Elle avait déjà déshabillé des femmes par le passé pour diverses raisons qui ne seront pas évoqués en cet instant afin de ne pas troubler les lecteurs. Bref ! Comme disait Pepin, retournons à nos moutons. Elle lui ôte donc le tout et écarte ensuite les cuisses de la jeune femme et se penche pour mieux observer . Pas la première fois qu'elle voyait d'aussi près le con d'une femme. Un Oh muet se dessina sur ses lèvres en apercevant le sommet du crane de l'enfant qui déformait la cavité vaginale. Quoi Beurk ? C'est très beau une naissance ! Et encore je passe sur le fait que pousser fait pousser autre chose que l'enfant .
Elle relève la tête et adresse un sourire très jovial et encourageant.
Je vois déjà le sommet de sa petite tête.
Encore quelques efforts et vous serez enfin délivrée.
Car oui, il s'agissait d'une véritable délivrance car avec l'expulsion prenaient fin les atroces contractions.
Quand vous sentez l'envie de pousser, faites le ! Fort !
Elle se penche de nouveau pour assister à la progression du petit être hors du ventre de sa mère.
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Xalta Elle grimace en sentant la pression des doigts de Zoyah lui écraser les siens. C'est fou ce qu'une femme en train d'accoucher peut développer comme force. Mais elle ne se plaint pas. La douleur ressentie étant largement inférieure à ce que Zoé endure en ce moment. La jeune femme pousse et la Demi-Rousse se contente pour l'instant d'observer l'avancée du petit être. De temps en temps, elle relève la tête et sourit à la jeune femme .
Sa tête est quasi degagée !
De disparaitre derrière le paravent des jupons et de récupérer sa main endolorie, elle ôte sa cape qui lui couvre les épaules.
Oh ses épaules !
Elle pose la cape au sol puis attrape l'enfant quasi expulsé.
Encore une fois!
Et le nourrisson lui arrive entier dans les mains, il est gros, c'est un garçon, il est poisseux, elle lui donne une tape sur les fesses comme elle a vu faire , l'enfant pousse un cri strident et se met à pleurer, elle enveloppe grossièrement l'enfant dans sa cape et le tend à Zoyah.
Félicitations, Il est magnifique.
Cest un garçon!
Elle le pose sur le buste de la jeune femme et lui sourit. Puis regarde plus sérieusement la jeune femme.
Vous allez bien ?
Je peux vous laisser quelques instants, il faudrait que je trouve un couteau pour couper le cordon.
Elle la regarde attentivement. C'est un véritable épreuve que donner la vie. Beaucoup de femmes en sortent affaiblies. En même temps, elle se dit qu'elle a oublié quelque chose. Elle réfléchit sans la quitter des yeux.
Oh oui! gardez les cuisses ouvertes !
Vous devez expulsé encore le ... enfin le truc quoi !
Oui elle oublié le nom. Il faut dire qu'elle n'avait pas vraiment porté attention aux propos de l'accoucheuse. Elle s'était contentée dexécuter les ordres machinalement , les yeux perdus dans ceux de ses fils. Elle pousse un discret soupir de soulagement.
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Xalta Hector ou Ector. Comme le héros grec ou comme le père adoptif du roi Arthur ? Question existentielle en soi ? Et qui pourtant vient titiller les réflexions de la duchesse devenue accoucheuse providentielle. La bouche et les yeux de son père: ah bon ? Elle ne voyait jamais les ressemblances en même temps. Surtout quand ils étaient si petits. Mais si la baronne le disait, elle n'allait certainement pas la contrarier. Surtout qu'elle avait vu qu'un nourrisson vagissant et prouvant déjà au monde entier qu'il avait de la voix.
Elle sourit en la voyant faire, elle avait fait de même avec ses deux fils vérifier que tout était bien là et conforme. Un réflexe de mère et de père aussi. Une pensée amusée pour ses deux époux successifs qui, pensant être cachés, avaient effectué la même vérification physique de leur progéniture.
Je vais vous chercher de quoi vous désaltérer. Ils semblent que la litière soit de nouveau sur le chemin. Ne bougez pas !
Elle marche lestement vers les hommes , demande couteau et de quoi désaltérer la jeune femme qui vient de traverser cette pénible épreuve. Quand elle tend la main pour se saisir du verre, elle se rend compte que ses gants sont souillés, elle grimace, elle les retire, dévoilant aux yeux de tous leur difformité. Puis elle s'en saisit et elle revient avec un gobelet empli de vin, saluant mentalement l'organisation de ce voyage qui avait prévu de quoi subvenir au besoin des voyageuses. Elle s'assoit près de Zoyah, lui tend le verre.
M'autorisez-vous à couper le cordon ou souhaitez-vous le faire ?
Tout en posant la question, elle se penche un peu pour observer le sol entre les cuisses de la mère. Une grimace de dégoût, le placenta gît là : visqueux.
Il faudra enterrer ...
Puis elle se redresse, sourit à la Baronne , le couteau entre ses doigts stigmatisés par les flammes.
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