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[RP] Le Premier Cri

Zoyah
[Berry – entre Bourges et Valençay – fin août]





Le calme régnait sur les premières lueurs du jour. Le clocher de l'église de Nohan venait d'apparaître au milieu de la marée sylvestre, rassurant et paisible, tel un phare pour guider les voyageurs. Se rendre à Valençay en compagnie de Constance et d'Exaltation était le but de cette pérégrination qui les avaient entraînées sur des chemins détournés au milieu des forêts Berrichonnes. Les routes étaient soigneusement évitées pour ne point tomber dans une embuscade de Berrichons revanchards armés de pelles et de pioches. Une chance, la baronne était née dans ce pays, et si elle ne reconnaissait plus vraiment les gens, qu'elle ne retrouvait plus l'atmosphère qu'elle avait connue jadis, les paysages et les monuments semblaient être figés pour l'éternité. Les sombres et mystérieuses futaies du Berry étaient immuables. Le paysage se fondait toujours dans l'ombre. Bosquets et branches se muaient en des créatures aussi fantastiques qu'angoissantes pour s’évanouir à la faveur d'un rayon de soleil, qu'un rien de trop d'imagination aurait commué en souffle brûlant d'un dragon. Un duo d'ânes noirs dévalait la route étroite emportant à sa suite une litière dont la caisse brune sans armoiries et les mantelets de cuir levés permettaient de distinguer l'occupante. Une grosse baronne. La litière transportait Zoé, vêtue d'une simple cotte de drap gris soutaché de soie qui avait doublé de volume en un peu plus de huit mois. Un vigoureux cocher aussi large que haut dont la poigne maîtrisait avec aisance les deux bêtes, semblait somnoler sur son siège, bercé par le doux roulis du voyage.


Le visage fin,éclairé de longs yeux veloutés qui conservaient dans leur profondeur une légère nuance d'inquiétude qu'elle n'osait exprimer, était appuyé contre une des fenêtres du véhicule. Elle dévorait des yeux le sous-bois envahis de fougères, de broussailles, taillis, s'emplissait les narines de cette odeur de mousse, de feuilles, de nature. Cela sentait bon, cela sentait son enfance, cela sentait chez elle. Une borne pointait sous une branche de frêne à moitié tombé, elle éleva la voix : « Nous allons longer le Duché de Graçay, les terres d'un ancien Duc de Berry connu notamment pour avoir fait un mémorable bras d'honneur au FIER emportant avec lui tous les membres dotés de cervelles. Sauf une. Astérie qui s'est avérée être une taupe et qui espionnait le Duc Renlie pour le compte de Dupoil. »... un peu de tourisme. La jeune femme fronça les sourcils à cause d'une secousses un peu plus forte avant de rependre une expression plus plaisante.
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Xalta
Elle avait accepté avec plaisir d'accompagner la Baronne et Constance dans ce périple. Elle avait été surprise aussi mais agréablement et puis cela l’éloignait un temps de celui qui ne serait plus son époux. Bien des fois, l'ambiance était pesante. L'esprit légèrement absent elle contemple le paysage qui défile devant leurs yeux. Le Berry, terre mitoyenne à la sienne, terre connue et en même temps étrangère. Elle connaissait du Berry surtout la ville de Sancerre, ville qu'elle fréquentait régulièrement quand elle était giennoise et plus particulièrement quand Astaroth était maire. Cela lui semblait si loin. Mains gantées croisées sur ses genoux, elle apprécie le paysage.

Puis soudain, la voix de Zoyah s'éléve, elle l'écoute et esquisse un sourire en entendant le nom de Graçay et l'image de Renlie , emplie soudain son esprit. Il faudrait qu'elle lui écrive d'ailleurs: prendre de ses nouvelles. Elle s'est pris d'amitié pour lui et lui pour elle , affection née lors de leur collaboration au seins des Finances royales. Le froncement de sourcils de la jeune femme ne lui échappe pas.

Vous allez bien ?

Elle se souvient car ce n'est pas si ancien que les voyages pouvaient être pénibles quand on est enceinte et non loin du terme. Le moindre creux, la plus petite bosse est douloureux. Ses lèvres s'ourlent en un sourire tendre en songeant à ses fils.

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Deuil.
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Constance_vf
Un voyage en terre du Berry cela la changerait de Bourges où elle avait l’impression de s’endormir avec cette régence. Aussi quand elle lui avait proposé de visiter ses terres, elle fonça une virée en compagnie d’Exaltation et Zoyah ne pouvait se refuser.

Puis elle en avait souvent entendu parler sans jamais mettre une image sur cela. Elle connaissait Zoé guyennoise mais bien peu sur son passé au Berry. C’était une belle occasion d’approfondir leur amitié. Elle aimait les voyages les paysages qui se découvrait lentement sous ses yeux provoquaient une sorte de fascination et de mystère. Sa nature curieuse lui donnait bien envie d’explorer et mieux connaitre. La route était loin d’être pour elle monotone et les indications données mettaient en lumière l’endroit. Elle avait entendu parler de Renlie mais sans pouvoir y mettre un visage. Ces seuls souvenirs remontaient à la Guyenne et à une missive électorale au début de l’année.
Mais une façon d’en apprendre plus.


« Vous connaissez bien le duc Renlie ? »

Bavardage inutile alors que son attention se porta sur la baronne tandis que Xalta lui demandait des nouvelles de sa santé. Elle n’avait jamais eu d’enfant mais vu les douleurs, elle espérait que cela n’arrive pas trop vite. Elle afficha un air impavide ne voulant pas inquiéter plus la future mère par son attitude, mais fut rassuré de la voir reprendre un visage plus paisible
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Zoyah
La baronne s'était à peine rendue compte que l’expression de son visage avait changé pendant un court laps de temps. Sa main s'était crispée sur son ventre qui s'était contracté. Lorsqu'elle avait porté Domenc, la fin de grossesse avait était particulièrement éprouvante. Cela avait commencé par des contractions éparses et faibles pendant deux à trois jours. Puis le vrai travail avait commencé et l'enfançon dodu avait vu le jour près de 20 heures après. La Valençay n'avait jusque là connu que des mise à bas sans problème mais lonnnnnguueees. Le pincement qu'elle ressentait au creux du ventre s'estompa et elle en vint à penser qu'elle mettrait peut-être au monde d'ici deux couchés de soleil le prochain enfant du von Frayner. Un bâtard, certes, mais après tout, tel père, tel bambin. Zoé prit une profonde inspiration comme pour chasser les dernières vapeurs endolories et s'attacha à répondre à ses deux compagnes avec un sourire dans le regard.

- « Oui, juste une tension comme ça arrive souvent en fin de grossesse ... vous savez, le ventre qui se contracte lorsqu'on monte les escaliers. » … elle leva les yeux, un sourire en biais lui composa une expression délurée qui se transforma en une mimique qui se voulait rassurante. Elle entreprit d'éclairer Constance.
Quelques secousses, la baronne n'y prête guère attention et ignore le serrement de ses entrailles. Au lieu de se pencher sur son ventre, elle s'accroche à peu plus à son siège rembourré.


«  Effectivement, je connais Renlie. C'est lui qui a fait l'effort de rédiger ma patente à qui je dois ma baronnie. Je me souviens encore de son règne. Houuu. Il venait de quitter le FIER et on devait supporter Bubul, Berruniais et Whoopie la carpe au conseil qui n'intervenaient que pour pourrir les débats. » … Misère, qu'elle en était ressortie usée. « Il y avait même le maire de Bourges de l'époque, Napoléon-Louis, un véritable illuminé, qui l'insultait sur le panneau du maire et qui vendait des pantins à son effigie sur la grande place ducale. Le lascars a été mis en procès par mes soins. » … léger rire.

Et la baronne raconta le Berry pour Exaltation et Constance. Elle évoqua pour elles la façon dont le Duc de Graçay, Normand de naissance, était arrivé en Berry. Il s'était à l'époque fait brigander par l'Ost berrichon – notamment par Tadek, l'époux de Alix du Vivier - qui l'avait dépouillé de tous ses biens et elle raconta surtout la beuglante qu'il avait poussé après. Toucher la bourse de Renlie rend sourd. Elle évoqua aussi que le duché de Graçay avait été le premier fief sur lequel, elle s'était fait les dents en tant que chevaucheuse. C'était une autre époque et depuis, elle vivait une autre vie. Pas moins chaotique, avec son lots de bonheurs et de déceptions, garnie d'extraordinaires surprises et de douloureuses déconvenues, mais étonnamment stable puisqu'elle partageait la vie d'un seul homme depuis maintenant plus de deux ans. Un homme à qui elle allait donner un autre enfant.

Tandis que la jeune femme parlait, le cocher teuton dont elle ne se séparait que rarement, laissait les deux ânes noirs aller à leur rythme. Les deux bourriques connaissaient bien le chemin et avaient le pied sûr, si bien que Siegfried, son immense charpente et sa coupe au bol commencèrent à fermer l’œil. Le géant se balançait lentement sur son siège, les pognes aussi larges que des battoirs tenant fermement les rênes. Les rayons du soleil qui filtraient à travers le feuillage dense de la forêt cognait dur sur son crâne découvert. L'allure lente et monotone aidant, les paupières se firent de plus en plus lourdes et le cocher sombra dans un demi sommeil.

Les ânes quant à eux, traçaient leur chemin … ou presque. L'un d'eux avait la fâcheuse habitude de chercher à brouter pendant le trajet tout ce qui lui passait à portée de museau... et l'autre suivait. Si bien qu'il dévia progressivement du sentier pour attraper une branche d'aubépine et il entraîna la litière sur ce qui constituait une sorte de bas-côté. Les occupantes furent d'abord alertées par les cahots plus intenses du chemin puis par quelques ronces et branchages venus frotter contre la paroi de l'habitacle en bois. La baronne coupa court à son récit pour alerter le cocher qui se réveilla en sursaut. Trop tard.


- « Aachhhhh Neinnnnn ! %ù$#&@* de bêtteuuhhhh ! »

Il eut beau tirer sur les rênes afin de ramener les deux bêtes sur le sentier, la voiture glissa de tout son poids dans un fossé, enfin surtout celui de la baronne et peut-être même que la paire de nénés de Xalta devait y être aussi pour quelque chose. Certainement de basses représailles des deux bourricots fourbus de les trimballer depuis quelques heures, après tout, on était plus à ça près concernant les vengeances en douce totalement fantasmées.

*Fraaaaaooouuttchhhfffffffffffffff* fit la litière lorsqu'elle s'échoua dans la luzerne, la moitié enfoncée dans une tranchée de 60 cm de profondeur et d'un bon mètre de large, truffée de ronces, de mousses et autres joyeusetés.

Zoyah eut à peine le temps de dire « ouf » qu'elle se sentit projetée contre la parois.



* ceci est un juron allemand

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Xalta
Oui les contractions de fin de grossesse, désagréables, douloureuses et fugaces, un avant-goût de ce qui attend la parturiente au moment de la délivrance. Cette douleur que l'on sent grimper tout doucement en puissance et soudain vous plie en deux, vous déchire les entrailles, et ça dure, dure des heures pour ne plus être qu'une créature échevelée, moite, hurlante ou gémissante de douleur. Cette douleur qui soudain disparaît par magie dès que l'enfant est enfin extrait du ventre et vous termine dans les bras. C'es même difficile de se souvenir de cette douleur peut-être pour cela que les femmes sont prêtes assez facilement à renouveler l'expérience en faisant fi des dangers que cela peut représenter.

Rassurée par les propos de la Baronne qui reprend son récit en répondant la question de Constance, elle en apprend ainsi sur le duc de Graçay et sur le Berry, les noms lui étaient connus. L'avantage d'avoir vécu toute une vie dans la province frontalière. Mais décidément cela ne la rajeunissait pas. Elle se laisse bercée par la voix douce de Guyenne qui leur narre ce Berry, une autre vision que celle de l'habitante du Domaine royal qu'elle était et qu'elle demeure malgré tout. le paysage défilait doucement aussi sous ses yeux et bien qu'elle ne somnolait pas ni ne piquait du nez. Son esprit vagabondait, elle était simplement nonchalante.

Puis, elle eut un sursaut, les cahotements plus brusques la sortant de cette légère indolence. Les raclements contre les parois mais surtout le juron germanique du cocher lui firent prendre conscience que la litière s'était éloignée de la sente. Elle s'agrippe à son siège lorsque celle-ci bascule, enfin bascule, file au fond d'un trou. L'arrêt est brutal et lui tire un cri :

Vertuchou !

Un instant, un blanc le temps de retrouver ses esprits et que le cerveau comprenne qu'elles venaient de glisser dans un fossé. Puis elle regarde ses deux co-voyageuses. Et la seule phrase intelligente qui lui vient à l'esprit

Allez vous bien ?

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Deuil.
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Zoyah
La baronne était blanche comme une morte, tassée au fond du véhicule. Une douleur diffuse émanait de l'épaule qui avait amorti le choc. Bientôt un bleu ornerait la peau pâle mais rien de très alarmant. Les mains de la jeune femme s'étaient enroulées aussitôt autour de son ventre pesant afin de créer un semblant de protection autour du petit être qui y grandissait. Giron qui s'étaient durcit soudainement, le dernier « cahot » ayant été celui de trop. Mais la baronne était encore trop assommée par la glissade de la litière dans le fossé pour y prêter la moindre attention.
La voix de Xalta la ramena parmi eux et c’est un tout petit
« oui » qui jaillit de sa bouche aux lèvres presque aussi pâles que son visage.

De son côté le cocher avait été éjecté de son siège pour atterrir dans un buisson épineux, punition méritée pour son inattention. Prison toute en griffes en en crocs dont il parvint à s'extraire en déployant sa force herculéenne, brisant les branches, arrachant les épines. C’est donc un géant teuton couvert de griffures et de coupures qui accourut complètement paniqué vers la litière. Déjà, les deux cavaliers qui composaient la garde arrière arrivaient au galop, les deux autres, ceux qui ouvraient le passage, s'étaient presque figés sur place.

Aidé des deux trouffions qui venaient de démonter, le cocher escalada à moitié la litière pour en arracher la portière et s'enquérir avec son accent guttural des trois femmes.


- « Achhh ! Baronne ! Maidameuuuh ! Fou n'êtes point blesseyyy ? Donnez moi les mains que che fou aideuh à sôrtireuh de la litière ! Il fa falloir la remettre sur le chemin ! ».
Il ne mentionna point la cause de l'accident et préféra attendre qu'on le questionne.

Derrière ses larges épaules qui obstruaient pratiquement toute la largeur de la porte, les deux têtes curieuses des gardes observaient le trio féminin.

- «  Si vous permettez, je me sens comprimée dans cette position, je vais sortir la première. » … dit la baronne toujours blême et d'une voix fragile, tout en se dégageant du coin de la litière contre lequel elle avait été parachutée. Encore pas remise de l'émotion, elle offrit alors une main tremblante à son cocher, qui s'en saisit, enroula le bras fin de sa maîtresse atour de son cou de taureau. Il la tira lentement et la sortit avec précaution de l'habitacle. Une fois posée au sol, il lui désigna un large chêne au pied duquel s'étalait un tapis de mousse.

- « Allez fous asseoir là-bas, Baronneuh. Nous allons faire au plus fite pour remettre fôtreuh litièreuh sur la routeuh, ach sooo. » Il se tourna ensuite vers Xalta et Constance. Suivante !

Zoyah esquissa quelques pas hésitants vers l'arbre. Son ventre semblait se contracter et elle soufflait, histoire de faire cesser le travail de ses entrailles. Pour elle ce n'était qu'un de ces malaise, maux de la grossesse qui se manifestent régulièrement. Un peu courbée, elle s'avançait lentement vers le siège en mousse, présentant son dos à ses deux comparses et surtout un jupon orné d'une énorme auréole au niveau du fessier et qui s'étendait en forme du goutte renversée sur toute la longueur du tissu. La baronne avait des fuites !
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Xalta
Tout doucement elle recouvrait ses esprit et un semblant de raisonnement. Mais pas encore conscience des petites douleurs dues à l'accident, ça viendrait plus tard. Les trois femmes avaient été bousculées. Puis la porte s'ouvrit violemment et le cocher en occulta l'entrée. Il s'exprima dans un français marqué par son fort accent germanique. A sa question elle secoua négativement la tête, non elle n'était pas blessée, simplement quelques commotions.

La baronne fut la première à être extraite. Elle fut hissée hors de la litière. Son regard accompagna cette sortie, un détail attira son attention, mais sur le moment elle ne sut quoi exactement. le corps de la baronne disparut par l'orifice ainsi que son cocher. Quelques secondes s'écoulèrent avant que la tête du massif germanique refasse son apparition, il lui tendit une main dont elle s'empara, à son tour elle fut hissée hors du véhicule.

Merci.

Il lui désigna la baronne qui avançait courbée vers un gros arbre, un chêne à première vue. Elle pressa le pas en la voyant ainsi, prise d'une soudaine inquiétude qui s'accrut en voyant l’auréole humide ornant les jupons de cette dernière. C'est en courant qu'elle franchit la distance restante. Arrivée à hauteur de la jeune femme, elle se penche vers elle.

Vous allez bien ?
Je crois que vous avez perdu les eaux
.

Expérience de femme qui a déjà enfanté deux enfants. Elle glisse son bras autour de la taille de la parturiente et l'accompagne jusqu'au chêne qui offre une belle assise.

Zoyah ? Que ressentez vous ?

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Deuil.
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Zoyah
La baronne s'était d'abord mise à souffler fortement comme pour évacuer la douleur lancinante qui lui tordait les entrailles. Non, Non pas maintenant. La voix de Xalta dans son dos l'informe de l'inévitable. Le visage se décompose littéralement .. « vous êtes sûre ? ».

Ah ! Elle l'avait bien perçu cette sensation de fraicheur et d'humidité. Et elle l'avait également ignoré. Tout le comme le reste. Ventre durci, élancements un peu plus vigoureux. Le petit Domenc qui avait certainement hérité du côté théâtral de son père, s'était fait annoncer longtemps avant de mettre un pied sur scène, contraignant sa mère à supporter de longues, longues heures durant, cette douleur insupportable qui accompagne une mise au monde. Aussi, elle était persuadée que ce n'était là qu'une fausse alerte comme celles qu'il y avait eu avec le précédent bébé. Et comme l'enfançont ne devait apparaître qu'à la toute fin du mois d'août, voir début septembre, ça ne pouvait vraiment pas être ça. Et si !

L'aide de Xalta fut accueillie avec soulagement et elle s'accrocha sans peine à cette épaule qui la soutenait. Le visage se tordit à nouveau sous l'effet d'un nouvel assaut du bébé qui cherchait à se frayer un passage et la seule réponse qu'elle put apporter à la duchesse fut :
« J'ai peur. » Car tout semblait se précipiter, aller bien plus vite que ce qu'elle avait déjà connu. Oubliées les connaissances, disparus les repères, la jeune femme était totalement livrée à la torture de l'accouchement.
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Xalta
Elle acquiesce tout en continuant de marcher et de soutenir la baronne. Elle compatit sincèrement en la voyant plier et souffrir sous les assauts des contractions. Une grande inspiration pour garder son calme, elle avait accouché de deux fils et assisté à la naissance de Liam et Molly, petite fille qu'elle avait fini par adopter à l'adolescence. Elle n'était pas totalement novice dans ce domaine. Une longue expiration même si pas elle qui souffre. Elle l'aide à s'installer contre le chêne mais dos à la route, nul besoin que les hommes puissent assister à cela.

Un regard qui se veut rassurant à la jeune femme, même si au fond d'elle, elle n'en mène pas large. Accoucher n'est jamais simple et toujours risqué mais Zoyah semble une jeune femme en pleine forme, robuste dans le sens solide_ oui je précise, sait-on jamais ?_ Tout devrait bien se passer malgré l'accident qui semble précipiter la naissance. d'un ton empreint d'une infinie douceur.

Zoyah, tout va bien se passer.
Vous avez déjà mis au monde un enfant.


Et même si elle se veut confiante, elle ne peut s'empêcher d'adresser une prière à Dieu pour les aider dans cette épreuve car cela en est une pour celle qui va donner la vie et pour que tout se déroule bien, autant pour la mère que pour l'enfant.

Lorsque j'ai accouché de mes fils, je sais que tenter de respirer calmement m'aidait beaucoup à mieux supporter la douleur.

Elle se mord les lèvres puis après une brève hésitation.

Je peux remonter vos vêtements ? Et vous aider à vous défaire de vos ... sous-vêtements ? Il faudrait que je puisse regarder...

Elle prend une des mains de la jeune femme entre les siennes gantées. Elle espère la rassurer en lui assurant son soutien.

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Deuil.
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Zoyah
De loin, les deux gardes semblaient observer la scène avec incrédulité, telles deux statues à qui auraient été affligées du masque du nigaud. Leur chef les tança, leur demanda de détourner le regard afin de sauver le eu d'intimité des dames. Il en envoya un chausser les étriers afin de prévenir le château et de demander du renfort. Le palefrenier, aidé de deux autres gardes, tentait en suant à grosses gouttes d'extraire la litière du fossés. Sous l'effort, son visage rubicond se comprimait, ses muscles se bandaient au point de tendre sa chemise et il poussait, poussait.
Hannnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn !


Pendant ce temps là, les choses semblaient aller bon train sous la protection du gros chêne. Les contractions s'enchaînaient les unes derrières les autres et Zoé éprouvait toutes les peines du monde à les laisser glisser sur elle. Inquiète et tendue, elle était crispée sur son ventre, retenant son souffle lorsque les maux la harcelaient trop, et hélas, tout son corps semblait faire échos aux élancements violents qui martyrisaient ses chairs. Alors, elle tâcha de suivre les conseils de Xalta. Recommandations qu'on lui avait prodiguées à chaque accouchement du reste, mais qui comme par enchantements, s’évanouissaient dans les tréfonds de sa mémoire au moment où ils auraient été le plus utile. Elle releva son visage poupon, rouge, perlé de sueur et passablement déformé par le martyr qu'elle vivait, vers la duchesse et ancra son regard dans le sien … « faites … *souffle* … je crois que vous allez … ohhhhh … devoir ... *souffle* … être … *souffle* … ma sage-femme. » Une contraction encore plus forte que les autres lui arracha un cri à vous percer les tympans qui fit fuir les oiseaux nichant dans les sous-bois.
«  Haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa ! »

Le bébé était déjà bien engagé et si Xalta découvrait l'entre-cuisse de la baronne, elle aurait l'heur de découvrir le sommet du petit crâne duveteux. Mais en l'instant présent, la baronne se demandait si sa propre vie n'allait pas s'échapper de son corps en même temps que la nouvelle qu'elle mettait au monde.
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Xalta
Les yeux dans les yeux de la jeune baronne, elle lui lance un sourire qui se veut rassurant alors qu'intérieurement, elle n'en mène pas large. D'accord elle avait mis au monde deux fils, oui elle avait aidé deux amies à mettre au monde leurs enfants, mais ce dernier point datait un peu. Pas loin d'une quinzaine d'années ! Ce n'est pas du tout la même chose d’être celle qui accouche et celle qui assiste . Réflexion faite, elle préférait largement sa place actuelle: les douleurs de l'enfantement sont des plus horribles, des plus atroces. Cette sensation que l'on vous transperce. A la rigueur, elle préférait même être traversée par une épée que de subir des contractions. C'est comme si l'on vous assénait des dizaines de coups avec une cadence qui va crescendo. Elle se met à respirer profondément pour tenter de calmer les battements affolés de son coeur. Il ne faut pas qu'elle cède à la panique.

Elle prend un ton qui se veut calme et rassurant.

Je l'ai déjà été par le passé. ça va aller.

Et d'afficher une assurance à toute épreuve. Elle se penche vers la jeune femme, remonte les diverses couches de tissus sur le ventre de la Baronne, puis délicatement lui ôte ses sous-vêtements souillés par l'avènement. Elle avait déjà déshabillé des femmes par le passé pour diverses raisons qui ne seront pas évoqués en cet instant afin de ne pas troubler les lecteurs. Bref ! Comme disait Pepin, retournons à nos moutons. Elle lui ôte donc le tout et écarte ensuite les cuisses de la jeune femme et se penche pour mieux observer . Pas la première fois qu'elle voyait d'aussi près le con d'une femme. Un Oh muet se dessina sur ses lèvres en apercevant le sommet du crane de l'enfant qui déformait la cavité vaginale. Quoi Beurk ? C'est très beau une naissance ! Et encore je passe sur le fait que pousser fait pousser autre chose que l'enfant .

Elle relève la tête et adresse un sourire très jovial et encourageant.

Je vois déjà le sommet de sa petite tête.
Encore quelques efforts et vous serez enfin délivrée.


Car oui, il s'agissait d'une véritable délivrance car avec l'expulsion prenaient fin les atroces contractions.

Quand vous sentez l'envie de pousser, faites le ! Fort !


Elle se penche de nouveau pour assister à la progression du petit être hors du ventre de sa mère.

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Deuil.
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Zoyah
«  Gnniii .. je sens surtout que c'est lui qui pousse !! .. haaaa gniii... le p'tit chameau .. aaaahhhh ! »

Elle souffle, elle souffle, elle souffle... et elle gémit , beaucoup …. elle crie aussi, et bien évidemment, elle s'épuise, tout va trop vite pour elle. A chaque contraction, la jeune femme a l'impression que quelqu'un prend ses entrailles et s'amuse à les entortiller pour les lâcher d'un coup sec. Elle n'est plus qu'un corps endoloriee âme en panique, un souffle qui tempête et un cœur qui s'emballe. Le visage rouge et perlé de sueur, les yeux cernés sur lesquels passe un voile de fatigue, la baronne tente d'apprivoiser cette douleur afin d'expulser l'enfant. La voix et les paroles d'Exaltation, apaisantes et rassurantes sont comme un phare en pleine tempête. Elle se fixe dessus et ne les lâchent plus. Les doigts crispés de Zoé serrent fort la main de la duchesse lorsque le moment d'expulser le bébé arrive. Elle se redresse, faiblarde, prenant appui contre le tronc de l'arbre, les cuisses écartées et elle pousse.
« gnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn !! »

Zoé à l'impression d'être déchirée de l'intérieur, pourtant, il faut continuer. Dans sa tête raisonnait les mots « enfin délivrée ».

« Gnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnniiii...hmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm »

Haletante, elle lève des yeux troubles vers la cime du chêne, la tête ballante , happant l'air qui lui manque avant de repousser de plus belle. Elle pouvait sentir le bébé glisser entre ses cuisses mais de là à dire où en était la progression s'était chose impossible. Les épaules étaient—elle déjà dégagées que la duchesse puisse sortir le nourrisson ? Et là, une douleur plus forte lui vrilla le ventre, la propulsant brusquement en avant. Un hurlement. « Ohhh mondieu !! ». Une dernière poussée et le petit être aidé d’Exaltation vint enfin au monde. La duchesse pu voir apparaître entre ses mains un gros garçon tout cramoisi, le visage fripé, un duvet foncé collé sur un petit crâne rond et en partie couvert d'une couche blanchâtre.
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Xalta
Elle grimace en sentant la pression des doigts de Zoyah lui écraser les siens. C'est fou ce qu'une femme en train d'accoucher peut développer comme force. Mais elle ne se plaint pas. La douleur ressentie étant largement inférieure à ce que Zoé endure en ce moment. La jeune femme pousse et la Demi-Rousse se contente pour l'instant d'observer l'avancée du petit être. De temps en temps, elle relève la tête et sourit à la jeune femme .

Sa tête est quasi degagée !

De disparaitre derrière le paravent des jupons et de récupérer sa main endolorie, elle ôte sa cape qui lui couvre les épaules.

Oh ses épaules !

Elle pose la cape au sol puis attrape l'enfant quasi expulsé.

Encore une fois!

Et le nourrisson lui arrive entier dans les mains, il est gros, c'est un garçon, il est poisseux, elle lui donne une tape sur les fesses comme elle a vu faire , l'enfant pousse un cri strident et se met à pleurer, elle enveloppe grossièrement l'enfant dans sa cape et le tend à Zoyah.

Félicitations, Il est magnifique.
C’est un garçon!


Elle le pose sur le buste de la jeune femme et lui sourit. Puis regarde plus sérieusement la jeune femme.

Vous allez bien ?
Je peux vous laisser quelques instants, il faudrait que je trouve un couteau pour couper le cordon.


Elle la regarde attentivement. C'est un véritable épreuve que donner la vie. Beaucoup de femmes en sortent affaiblies. En même temps, elle se dit qu'elle a oublié quelque chose. Elle réfléchit sans la quitter des yeux.

Oh oui! gardez les cuisses ouvertes !
Vous devez expulsé encore le ... enfin le truc quoi !

Oui elle oublié le nom. Il faut dire qu'elle n'avait pas vraiment porté attention aux propos de l'accoucheuse. Elle s'était contentée d’exécuter les ordres machinalement , les yeux perdus dans ceux de ses fils. Elle pousse un discret soupir de soulagement.

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Deuil.
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Zoyah
Quelques mèches de cheveux collées au front, adossée contre le tronc d’arbre, elle regarde arriver cet enfant braillard avec un air vaguement hagard. Il est là, emmailloté dans la cape de la diaconesse encore souillé des traces de son emprisonnement de neuf mois. Elle le sert gentiment contre sa poitrine. Le petit-être est assez semblable à son frère aîné en ce qu’il a hérité de la stature trapue de leur géniteur. La jeune femme est encore sous le choc de l’accouchement, elle prend le temps de découvrir ce bébé rougeaud qui agite vigoureusement ses tout petits poings. « Bonjour Ector … » finit-elle par murmurer en suivant la courbe de la joue rebondie. « C’est ainsi qu’il a souhaité le nommer " … rajouta-t-elle à l’intention de Xalta. Iohannes avait décidé du nom de leur premier fils, il avait également choisi le prénom de cet enfant là sans qu’elle n’y fasse la moindre objection. La baronne entrouvre les pans de la cape et ausculte son enfant pendant que la duchesse tente de récupérer le, la, l’incubateur …beurk.
Deux petits pieds. Ok
Cinq orteils, cinq petits doigts. OK
Deux oreilles. OK
Deux yeux, un nez : OK
Une bouche sans dent.
« hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiounnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn ! »
Très Très OK !
Le crâne déformé par l’accouchement : même pas !
Petit robinet : Impec.
Un sourire fatigué anima son minois.
« Il la bouche et les yeux de son père » ...(et la voix aussi) conclut-elle en refermant l’étoffe autour du nouveau-né, berçant son tout petit entre ses bras. Sourde à ce qui l’entourait, elle ne percuta pas qu’elle avait accouché en plein milieu d’une forêt berrichonne. Pas plus qu’elle ne remarqua que la litière avait été replacée sur le sentier.

« J’ai soif … " finit-elle par lâcher à la duchesse.
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Xalta
Hector ou Ector. Comme le héros grec ou comme le père adoptif du roi Arthur ? Question existentielle en soi ? Et qui pourtant vient titiller les réflexions de la duchesse devenue accoucheuse providentielle. La bouche et les yeux de son père: ah bon ? Elle ne voyait jamais les ressemblances en même temps. Surtout quand ils étaient si petits. Mais si la baronne le disait, elle n'allait certainement pas la contrarier. Surtout qu'elle avait vu qu'un nourrisson vagissant et prouvant déjà au monde entier qu'il avait de la voix.

Elle sourit en la voyant faire, elle avait fait de même avec ses deux fils vérifier que tout était bien là et conforme. Un réflexe de mère et de père aussi. Une pensée amusée pour ses deux époux successifs qui, pensant être cachés, avaient effectué la même vérification physique de leur progéniture.

Je vais vous chercher de quoi vous désaltérer. Ils semblent que la litière soit de nouveau sur le chemin. Ne bougez pas !

Elle marche lestement vers les hommes , demande couteau et de quoi désaltérer la jeune femme qui vient de traverser cette pénible épreuve. Quand elle tend la main pour se saisir du verre, elle se rend compte que ses gants sont souillés, elle grimace, elle les retire, dévoilant aux yeux de tous leur difformité. Puis elle s'en saisit et elle revient avec un gobelet empli de vin, saluant mentalement l'organisation de ce voyage qui avait prévu de quoi subvenir au besoin des voyageuses. Elle s'assoit près de Zoyah, lui tend le verre.

M'autorisez-vous à couper le cordon ou souhaitez-vous le faire ?

Tout en posant la question, elle se penche un peu pour observer le sol entre les cuisses de la mère. Une grimace de dégoût, le placenta gît là : visqueux.

Il faudra enterrer ...

Puis elle se redresse, sourit à la Baronne , le couteau entre ses doigts stigmatisés par les flammes.

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Deuil.
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