Maryah
10 Octobre 1462, Genève
Voilà, c'est fini.
Genève, c'est fini.
Et dire que c'était la ville de ses premiers conflits,
Genève, c'est fini,
Pour aujourd'hui ...
Elle sait très bien qu'elle y reviendra encore dans cette Genève fleurie.
Bref, pour c'coup ci c'est fini. Elle a refermé proprement la maisonnée des Cobradèches, elle a dit au r'voir discrètement à l'Armée du Bonheur parce qu'elle a encore désobéi et défoncé un Croisé alors qu'ils étaient en temps de paix. Bah pas d'amour, pas de paix, des tensions en veux-tu en voilà, bah y a un moment où la marmite déborde. La marmite c'est Maryah. Après de longues coulées de sang, et quelques coups bien placés, ça va mieux.
La voilà donc à vérifier l'état de la charrette, en faisant consciencieusement le tour avec une bougie en main, puis vérifiant comme le faisait le Cosaque le bon état des sabots et des jambes des chevaux qui trotteront toute la nuit, loin de l'Helvétie.
Parfait. Il ne reste plus qu'à attendre la petite famille. Et refaire le chemin à l'envers jusque Nevers, pour retrouver son trésor.
Elle se remémore un instant comment tout s'est passé, comment elle a raccompagné Eliance comme promis avec les jumeaux qu'elle a remis à Diego, puis la rencontre avec Arsene, les missives échangées avec Cendres, l'arrivée à Sion, la rencontre avec Lucas et le prétendu mariage, les rigolades avec les Hydreux, les affreux, puis l'Armée du Bonheur, le montage du campement, l'intégration, et l'attente à n'en plus finir. Elle avait cru devenir folle, complètement, d'ailleurs elle s'était un peu perdue. Ce manque, ce silence cruel qui grandissait en elle, ce vide d'expression de sa part maternelle.
Après un an de rapprochement avec son fils, où le petit avait vécu le pire comme le meilleur, une pause s'était imposée. Devant ses yeux repassait l'année écoulée pour le petit Percy : de l'assassinat de sa mère adoptive sous ses yeux, à l'assassinat du garde par sa mère naturelle, la course sur les chemins, l'installation dans une vie sédentaire avec un presque père, dont la foi de l'épicée avait tout foutu en l'air, l'arrivée des réformés et des Corleone à la maison, les menaces, la mairie prise, la contre attaque, la fuite de la FC, la marche interminable jusqu'à Sarlat, l'abandon, le retour en Savoie où il avait appris à connaître son père et sa demi sur, le bannissement, la protection du Cosaque, le voyage en Provence, les chevaux VS les bateaux, Matvei et le campement Cosaque, la fausse vie de famille, la communauté réformée toulousaine ... et j'en passe !
Cette année où mère et fils s'étaient apprivoisés et avaient construits de solides liens d'amour et de respect, mais où Maryah doutait encore de sa place.
Abandonner les combats, les conflits, le sang, les complots ... tout ce qui avait fait son quotidien si longtemps, des années durant, était loin d'être simple. Elle craignait qu'en devenant mère, elle ne se ramollisse, et que son fils ne soit pas fier d'elle. Alors, elle avait décidé de repartir au combat, au côté des Lions de Juda, qui tels les phénix avaient repris vie de leur Cendres. Cendres et l'armée du Bonheur. Il fallait leur dire au revoir, pour le moment ... .
Elle sortit son matériel d'écriture, et alors que la lune était haute dans le ciel, elle griffonna :
Cher Cosaque,
Voilà, à l'heure où je t'écris je m'apprête à prendre la route pour vous rejoindre. Je serai au Haras dans une demi-douzaine de jours, et je viendrai récupérer Percy. J'espère que vous continuez à bien vous entendre, et qu'il ne te pose pas trop de souci. Tu en seras bientôt libérer. Et ... je n'oublierai jamais ce que tu as fait. Je t'en serai éternellement reconnaissante et je pèse mes mots.
J'ai un petit secret à partager avec toi. Perceval est né le 16 octobre, il fêtera ses 6 printemps. Si tu es d'accord pour m'héberger une nuit, je pourrai m'arranger pour arriver le 15 de nuit, et passer le 16 avec lui, histoire de fêter ça ... tous ensemble. Y aura ceux qui l'aiment et tous les animaux. Car oui, je compte bien te laisser la chèvre. J'ai d'autres projets que je prendrai le temps de t'expliquer de vive voix.
Icy, il n'y a pas eu de combat. Cendres veut instaurer la paix. Donc je reviens en un seul morceau. Quelques p'tits bobos de ci de là, suite à une légère altercation, mais rien qui ne m'empêche de vous retrouver au plus vite.
Dis lui qu'il me manque,
Dis lui que je l'aime plus que tout,
Dis-lui ...
J'attends ta réponse.
Il me tarde de vous retrouver,
Encore merci,
A bientôt,
Maryah
_________________