[RP] Le Prieuré prend l'eau !

Bazas ~ Fin août

Antioco et Ellya venaient d'arriver sur le port après une journée de marche. Ils s'étaient séparés là, le jeune Cistercien devant préparer son foncet. La Duranxie avait quelques temps trainé dans les rues marchandes, avant de finalement se décider à rejoindre l'Espérance.

Difficile d'imaginer la religieuse à bord d'un bateau, elle qui détestait tant les voyages, les péripéties, et tout ce qui s'éloignait d'une chapelle sombre, calme et infestant l'encens. Et pourtant! Elle avait été littéralement charmée à l'idée de marcher sur l'eau, de s'éloigner de son Prieuré chéri, de partir pour mieux revenir.
De partir avant de simuler la mort de son époux. Et une telle idée doit murir avant d'éclore en beauté lors de funérailles larmoyantes. Si le foncet ne sombrait pas, ce serait la preuve que le Très-Haut approuvait ce simulacre d'enterrement: du moins est-ce ce qu'elle se disait.

Serrant dans sa main le pendentif aristotélicien, Ellya fit un pas, puis deux, et arriva enfin sur le pont de l'Espérance.

Ouh Bon Dieu.

Jamais elle n'avait senti le sol rouler sous ses pieds, aussi infime fut le tangage du foncet à quai. Instinctivement, elle s'était accrochée au rebord.

Ça tangue, hein?

La religieuse releva les yeux et les posa sur un des membres de l'équipage.

Hum.

L'aventure commençait bien. Voilà qu'elle passait déjà pour une novice! Certes, c'en était une. Mais pas question de perdre la face.
Elle fit quelques pas hésitants et se dirigea vers la proue du navire, en quête du jeune Cistercien.

Frère Antioco? Frère Antiocoooo?
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Enfin de retour sur mon rafiot ! Parce que c'est bien d'aller à l'école et de faire des devoirs mais c'est quand même "vachement plus mieux" chouette de s'entrainer à bord.

Bah en plus je suis pas tout seul il y a Coco et puis l'équipage et Soeur Ellya qui sera ma cobaye. Niark niark niark.

[Le perroquet était à son aise sur l'Espérance. A peine sur le navire, il s'installât sur le mât avec une certaine habitude.
L'animal allait jouer le rôle de vigie mais malheureusement il était loin d'être au point lors des excursions précédentes. Au lieu de crier "terre" il lui arrivait de dire "fût de bière" ou "vous avez des impôts à payer".]

Frère Antioco? Frère Antiocoooo?

- "Oh ! C'est Soeur Ellya ! Elle est arrivée !!!"

[Le garçonnet se rendit près de la passerelle.]

- "Bienvenue à bord de l'Espérance Soeur Ellya !!!
Mais pendant notre escapade vous pouvez m'appeler Capitaine ou Antioco tout court, et moi je vais vous appeler Soeur Ellya ou alors Officier car vous allez être mon second."

[Le gamin se mis à l'aider à charger ses bagages]

Pfiouuu les filles elles ont toujours pleeeeeeiiiiins de bagages !!!

- "Vous sentez cet air iodé ma Soeur ? Si Dieu le veut nous aurons des vents super chouettes et pleins de poissons à manger."
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Oui Capitaine! Voilà qui renforcera notre intellect et nos yeux.

La nonnette suivit le jeune homme jusqu'à sa petite cabine, où elle passerait les prochaines soirées. Enfin, c'est ce qu'elle croyait, jusqu'à leur départ, tard dans la nuit. Elle se retrouva, blanche, accrochée au bastingage, à rendre toute sa soupe de la veille, et de l'avant-veille. Heureusement qu'ils n'étaient pas en pleine mer! Dieu sait alors ce qu'elle aurait eu à régurgiter.
Quand elle n'eut plus rien dans l'estomac à redonner à Mère Nature, elle se contenta, le cœur en vrac, de fermer les yeux et de prier Aristote et tous les Saints de ne pas mourir aussi bêtement.

Alors la pêche... Y'avait bien un fil, à côté d'elle, qui pendait lamentablement dans l'eau. De là à dire si elle allait en tirer quelque chose... Elle ne se posait même pas la question, concentrée qu'elle était sur son mal.
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[Le désamarrage fut très tarif, à cause du zèle administratif de quelques agents Orandinesques. Le foncet avait été fouillé de la cale au mât. Il est vrai que le Prieuré avait pour habitude de transporter des quantités importantes de fûts de bière mais enfin ... de là à s'imaginer que les moines faisaient de la contrebande, il fallait avoir un esprit vraiment mal tourné. Qu'allaient ils faire ces pauvres moines au pire ? Du trafic de livre des vertus ? Du vin de messe frelaté ? Du commerce clandestin d'icônes ? On touchait là au ridicule de la part des autorités Orandinesques !!!]

Grrr !!! Fichus agents !!! Ils vont nous laisser partir oui ? C'pas vrai ça !!! Il sont au courant que c'est très dangereux de quitter le port de nuit ?

[Le vent était idéal, le bateau tanguait tout juste et nul était besoin d'être un loup de mer pour profiter pleinement de ces conditions. En une nuit et une journée ils auraient surement dépassé Agen.]

Youpiiiii !!! A nous l'aventure ! Hein ?? Qu'est ce que c'est que ce bruit ? Mais ... Soeur Elllya est censée dormir dans ses quartiers, c'est étrange ... Mouarfff !!!! C'est elle qui vomit ! Hihi !

[Quand la soeur finît par rejoindre sa paillasse et dormir, le petit Capitaine profitât des premières lueurs de l'aube pour lui glisser un mot sous le pas de sa porte.]

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Et quand elle s'était réveillée, la nonnette, le petit morceau de papier lui avait aussitôt sauté à l'oeil. Elle s'était levée d'un pas mal assuré et l'avait saisi, lisant en diagonale les quelques mots du contrat. Ah, les contrats. La vie d'Ellya n'avait été rythmée que par cela. Et en femme de promesse, elle n'y avait jamais dérogé, même si elle était parvenue par divers chemins de traverse à en contourner la plupart.

Elle fouilla dans ses affaires, en retira deux livres des Vertus, une cape en laine, quelques bâtons d'encens, mais pas la moindre plume ni la moindre encre. La Duranxie grommela avant de se résigner à sortir sur le pont pour en demander au Capitaine, et lui rendre en même temps le contrat dûment signé.

Elle croisa au passage quelques hommes d'équipage qu'elle salua chaleureusement, en y ajoutant à chaque fois une bénédiction Illidienne, avant de se rendre près d'Antioco.

Capitaine, Adishatz!
Je ne trouve rien pour signer votre document, j'en suis navrée.

Elle jeta alors un coup d’œil à l'eau qui les entourait, scintillant sous la douce chaleur de l'Astre Solaire. Le roulis ne lui provoquait plus cette boule dans les entrailles, et sa gorge n'était plus serrée à chaque fois que le foncet piquait du nez, à la sortie d'une vague.

C'est magnifique.
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Quelques jours plus tard, ils arrivaient à Toulouse. La nonnette ne put que regretter la rapidité du voyage, s'étant enfin habituée au doux roulis du foncet et ayant même réussi à pêcher un poisson de bonne taille. Elle descendit donc sur le quai à regret, et entrepris de visiter cette ville dont elle ne connaissait que le nom.
Elle repéra assez vite l'église, et décida qu'il était temps de prier un peu. Elle entra dans le saint bâtiment avant de s'agenouiller sur la pierre froide. Elle opta pour une prière à Sainte Illinda et à Aristote, ses préférés, avant de leur demander protection pour son fils, son Prieuré et ses membres, ainsi qu'une ou deux connaissances.

Elle retourna ensuite voir le jeune Cistercien.

Ohé Capitaine!

Elle rit d'elle-même, certaine que l'intonation qu'elle avait prise était du meilleur effet. Il fallait avouer que la religieuse avait parfois un humour particulier.

Que faisons-nous à présent?
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{La veille}

[L'intrépide petit Prince-Doge sifflotait à la barre du navire, et c'est dans son esprit qu'il débitait les paroles de sa chanson.]

Il était un petit navire, il était un petit navireeeeuuhhh, qui n'avait ja ja jaaaamais navigué, qui n'avait ja ja jaaaamais navigué ohé ohéééééé.

Ohééé ohééé matelot !!! Matelot navigue sur les flots !!! Ohééé ohééé matelot !!! Matelot navigue sur les flots !!!

Il fit au ciel une prière, il fit au ciel une prière, interrogeant, géant, géant l'immensité, interrogeant, géant, géant l'immensité Ohé ohéééé.

Ohééé ohééé matelot !!! Matelot navigue sur les flots !!! Ohééé ohééé matelot !!! Matelot navigue sur les flots !!!

[Il s'arrêtât quand quelqu'un s'approchât de la cabine de pilotage. C'était la Soeur Ellya]

- "Oh ! Il nous restait encore de l'encre de poulpe mais ce n'est pas grave. Les vents nous ont été favorables et très bientôt nous ferons escale."

{Quelques jour plus tard}

C'est trop joli Toulouse ! Mais pouahhh c'est plein de réformés. J'aime pas les hérésies. C'est mieux quand les gens ils sont tous aristotéliciens comme ça il y a pas de disputes et puis ils peuvent tous être unis pour construire l'Amitié Aristotélicienne.

Ohé Capitaine!

- "Ma Soeur !!! Comment allez vous ? Vous aimez Toulouse ?

A présent nous allons découvrir cette jolie ville et embarquer Vendredi Soir."
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Ma foy.

Elle regardait la ville, interdite.

Oui, oui, c'est vrai que c'était plutôt joli. C'est vrai que cela semblait animé. Mais la religieuse n'avait jamais vraiment trouvé sa place dans ces espaces trop grands et manquant cruellement de piété.
Elle avait réfléchi, la veille, et, au terme de quelques courriers échangés, elle prit sa décision.

Mon frère, je ne vais pas faire le retour avec vous.

Elle ne donna pas d'explications. Ce n'était pas la première fois que la Prieure laissait le Rivet à l'Abbé Bardieu, et c'était même mieux ainsi.

Quelques heures plus tard, elle revint et lui donna un courrier à remettre au pansu religieux.

Pour Monseigneur Bardieu.




Elle avait également pris de quoi manger, des fruits secs et un peu de pain, ainsi qu'une gourde d'eau, laissant le reste de ses affaires sur l'Espérance. Elle savait qu'elles seraient ramenées à bon port.

Faites attention à vous, et écrivez-moi.

Elle salua le jeune Capitaine d'un sourire et prit la route. La nonnette n'était pas connue pour ses effusions.
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