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[RP] on ira jusqu'au bout du monde!]

Theodule
[Des jours plus tard sur le Douro.... ]

Le jour du départ de Porto, un pli contenant une chanson fut déposée en la cabine de la Dérobade. De manière discrète et subtile pensait le blond pêcheur. Les jours passèrent, le navire se planta.
Les fleuves se succédèrent et se ressemblèrent. La vive nave avait avancé grandement sur le fleuve Douro jusqu'aux premiers méandres après le port de Lamego. Ces méandres étaient emplis de bancs de sable. Comme sur la Loire, elle talonna, elle se planta sur un banc de sable. A croire que l'attirance du sable était plus forte que tout pour elle.
Revenons sur notre nave et ses occupants. Deos savait quel pont arpentaient les deux fantomatiques chevaliers aux hameaux. Le reste des occupants se trouvait dans la cambuse du bord : le joyeux équipier, la piochante capitaine et le blond pêcheur. Ils étaient en grande conversation.


... Par les saintes culottes de Déos, la nave aime le sable. Un trop grand amour à mon goût.

Dame Esta, il va vous falloir piocher à nouveau. Par chance, vous avez toujours votre pioche.
dit il d'un ton rieur.
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Theodule
[Hic Gibraltarus, hic salta.... ]

Les jours ont passés. Le navire se trouve sur la mer océane. Le soir y revêt son manteau de nuit. Le vent souffle au Nord Est. Il gonfle les voiles de la vive nave et la pousse hardiment vers l'est, la latitude 253, le centre du détroit. Au nord-est se dessine encore le mont Calpe plus connu sous le nom du Rocher. Au sud, le salue le mont Abyle que les Grenadins nomment Jbel Musa.
Le jour baisse davantage. La nuit prend ses droits.
Sur les côtes s'allument des feux dans les vestiges laissés par le Grenadins avant la grande catastrophe. Ils sont nombreux sur la côte espagnole. A bord les voiles claques, les cordages se tendent et se détendent au rythme de la respiration du vent. Le vif navire fend les flots devenus sombres et immenses sous le ciel nocturne. A la surface brille le pâle éclat des étoiles tandis qu'une brille en la cambuse du bord.

La joie du début a cédé la place à une mélancolie. Des non-dits, des faux semblants. Dans la cambuse se trouvent la dérobante dame et le blond marchand. L'heure est encore jeune. La conversation est anodine. Pourquoi se réfugient ils dans ce jeu dérobant ? Pourquoi cachent ils leur savoir par des silences, des conversations sur les vents et les navires alentours ? sont les questions qui assaillent la blonde cervelle.
La conversation est fade, mensongère à ses yeux. Il en devient froid, sec. Il s'en maugrait de lui. Non vraiment il s'en maugrait au lieu de lui faire compliments et avances ....
La fatigue, les maux de mer poussent la dame à se réfugier en sa cabine. Après le départ de la belle, le beau blond se saisit la tête entre ses mains. Grande est la plainte en Toc. L'Amour est enclos en son coeur tandis que querelles et rage bouleversent sa raison. Elles l'angoissent, l'obsèdent. Il souffre, se déjette et en tremble si fort que le coeur lui manque ou bien peu s'en faut. Il en crie même.


AAAAaaahh !!!

Fol que je suis ! Fol !
Que me chaut il de sa beauté ? Qu'elle s'en aille avec lui !
Ainsi fera-t-elle malgré moi. Je ne veux rien lui ravir !
Lui ravir ?
Il se redresse. Il fixe avec rage et désespoir le mur lui faisant face.

Non vraiment je ne le veux ...
Ma vie en est désormais honteuse et méprisable et malheureux !


Soudainement il saisit sa chope encore pleine et la lance contre le mur. Elle s'y fracasse. Son liquide pourpre se répand avant de dégouliner au sol. Le silence envahit la pièce. Les bruits du pont résonnent assourdis par les cloisons. Il contemple la scène sans un mot. Il se reprend.
La nuit avance. Les terres s'approchent. D'autres invités rentrent dans la danse : le sir Farrow que la joie à retrouver ou bien le contraire. Toc, de sa main, balaye son front et ses blonds cheveux. Nouvelle conversation débute. La beauté du paysage en est le thème. Accablé, le marchand en avait perdu la contemplation. Par les paroles de l'angloys, querelle et rage s'apaisent en lui. L'écoute, la contemplation de la beauté de dame Nature sont meilleurs remèdes. Les voilà, tous deux en l'instant seul face au détroit. La dame sortira t elle à nouveau de sa cabine ?


SEULS ! Nous sommes tous seuls !

... comme dans du beurre.


Oui ... comme dans du beurre nous le pénétrerons.

Je vous ai emmené en aventure, jusqu'à ce détroit mais en aventure. Nous sommes d'ailleurs tous les trois vierges de ce détroit.
répond le blond toc
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Estainoise
Le voyage continuait.

Les chevaliers avaient été largués dans un foncet pour qu'ils puissent se rendre à Burgos,
puisque la nave prenait un malin plaisir à butiner les bancs de sable et refusait de remonter el douro.

Les trois compères avaient aussi croisé des marins dont l'un s'appelait la vipère rouge. Avec un nom pareil, nul doute que ça ne pouvait être qu'un pirate.
Il fallait être vigilant d'autant plus que Farrow était certain que ces pirates étaient pour eux, enfin pour Toc et ses marchandises.
Un plan avait été élaboré pour faire croire que le Valois partait là où il n'irait pas, c'est à dire à Burgos...

Pour mener à bien ce voyage d'accompagnateur de chevaliers, Toc l'avait alors chargé de ses pierres,
lui demandant de l'attendre elle ne sait plus dans quel bled du Portugal.Elle aurait pu construire un mausolée tant il y avait de pierres.
Farrow avait attendu avec elle sur ordre de Toc, ne voulant pas la laisser seule au milieu des autochtones.


Tout pouvait aller pour le mieux si Esta n'était pas tombée amoureuse....
Encore, aimer un seul homme, cela aurait peut être été simple, mais aimer deux hommes en même temps...Les choses se compliquaient pour Esta.

Alors que Toc se retrouvait seul sur sa nave, il n'avait pas cessé de lui écrire, une lettre chaque jour,
et chaque fois un peu plus enflammée jusqu'à sa dernière où il lui disait être malheureux de son silence à elle.


Elle lui avait déjà dit qu'elle l'aimait mais qu'elle aimait aussi Farrow...mais que Farrow la rejetait aussi....alors....
Il avait semblé accuser l'coup...pensant certainement qu'elle avait renoncé à Farrow.

Et enfin Toc était de retour et tous les trois se retrouvaient sur la nave pour une destination qu'eux seuls connaissaient.

Alors maintenant, comment lui dire qu'elle avait pris la décision de renoncer à l'un et à l'autre puisqu'il n'était pas imaginable que l'un et l'autre acceptent cette situation et que son coeur ne pouvait pas choisir entre le blond angélique et le brun ténébreux.
Le matin même, elle avait croisé Toc et avait parlé de choses et d'autres mais de rien qui ne soit bien important...
Il avait été un peu froid d'ailleurs...

L'ambiance sur la nave était donc tendue. Esta se maudissait, jamais elle n'aurait du se laisser aller à ouvrir son coeur.
Il est bien plus simple pour elle de s'enfermer dans sa muraille, de redevenir la dame de glace qui avait fait sa réputation jadis.

Alors que le navire s'enfonçait doucement dans le détroit, la nuit était déjà tombée. Elle ne résista pas à aller partager ce moment avec ses compagnons...

C'est en plein milieu de la nuit, qu'elle entra alors que le blond et le brun était en train de profiter déjà du paysage....
les colonnes d'Hercule se dessinaient sous le ciel étoilé....
Ils pénétraient tous les trois dans le détroit ....comme dans du beurre....pas un seul pirate ne semblait les attendre....


Regardez comme ces deux rives semblent tellement vouloir se rejoindre.....poursuit Esta.
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Theodule
Le passage du détroit effaça toutes les tensions aux yeux du blond. L'heure n'était plus à l'usage des pierres : une nouvelle aile en Givré, un temple à la beauté guerrière, un mausolée pour une dérobante femme ; plus de tensions pour des non-dits ou à moitié. L'heure est en l'instant, la contemplation de ces deux rives s'aimant tant qu'elles tentent de se rejoindre mais un bras de mer les en empêche.

Le blond est surpris du retour d'Estainoise. Pourtant un sensuel parfum avait annoncé sa venue. Sans un mot, un sincère sourire accueille la dame. Il pose ses mains sur une des épaules de Farrow et de cette dernière.

d'un murmure il complète les paroles de la dérobade
... tel Tristant et Iseult ...

Voyez sur chacune des rives, des lumières sont allumées.
il pointa les feux sur la rive du mont Calpe.

Ne sont elles pas les feux des Grenadins restés après la grande catastrophe ?
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Farrow
.... Comme dans du beurre ...

A cet instant, l'attention de l'angloys se porta au-delà de l'étroit chenal et hormis une lueur fugace au loin, rien ne trahit la présence d'un autre navire à quelques encablures.

Les feux grenadins illuminaient le passage et invitaient les navigateurs à percer l'étroit goulet d'une proue insolente.
Une ombre passa sur le visage de Farrow lorsque le souvenir d'autres fourreaux lui revint en mémoire mais la semi pénombre de la cambuse ne permit, ni à Theodule, ni à Estainoise qui entra à ce moment là, de s'en apercevoir de son trouble.

... comme dans du beurre.... oui.

Il inspira profondément et tourna son regard sombre vers la Dérobade, chassant ses pensées.
Fidèle à elle même, elle conservait un visage qui lui parut lisse d'émotions, s'approchant toutefois des deux hommes près de la fenêtre.

A mesure que la voix de Theodule baissait et se faisait plus sourde, le brun percevait le malaise d'Estainoise. Cela ne fit qu'accroitre le sien et un silence pesant s'installa comme souvent ces derniers jours. Et lorsque ce dernier termina sa phrase dans un murmure, posant une main confiante sur son épaule et celle de la brune, la tension devint palpable au point qu'il manqua d'air.

Chacun était sur le qui vive, refusant d'être celui qui déclencherait les hostilités en disant le mot de trop. Farrow se concentrait sur l'horizon nocturne. Il s'obligeait à ne garder à l'esprit que l'objectif de sa nouvelle mission à laquelle il devait se consacrer désormais. Le sentimentalisme n'y aurait pas place et même si la gaudriole y serait importante, elle n'était pas l'ultime but. Aucun danger donc qu'il fusse perturbé d'aucune façon que ce soit.

S'amuser des femmes était une chose, les tenir en estime en était une autre. Son tempérament l'avait toujours porté à chercher le plaisir avant le sentiment. Brûler la vie par les deux bouts et s'il subsistait encore quelque attrait, alors, peut être envisager autre chose de plus durable. Quant à partager... l'idée même lui était inconcevable, ou alors uniquement le temps d'une nuit avec un complice habile et une catin experte.

Estainoise avait fini par avouer les raisons de son mal être, ce qui avait conforté l'angloys dans son opinion. Afin de préserver la tranquilité d'esprit de Theodule, il se ferait pire qu'il n'était encore, cynique et détestable à souhait, de façon à n'être point regretté par ses compagnons.

Les évènements lui offrirent matière à le devenir encore plus et l'excuse fut trouvée lorsque Theo, dans un accès - excès ? - de confiance, leur présenta son journal de bord. Non seulement, le nom de l'angloys y était cité partout, dévoilant sa présence à la vue de tout un chacun, mais une note émanant des conseillers du navigateur, affirmait qu'un des membres de l'équipage aurait vendu des informations à une flotille pirate pour une éventuelle attaque ...

Le compte était vite fait. Farrow savait que ce ne pouvait être Theodule, et pour cause.
Restait la Dérobade.
La Dérobade, à qui il était si facile de tirer des informations pour peu qu'on soit un peu habile.
La Dérobade, tellement en manque d'affection qu'elle ne pouvait s'empêcher d'entretenir la flamme chez les hommes qui la courtisaient, laissant croire qu'un jour peut être.... avec de la patience.... Et les rendant ainsi dépendant, à force de Dérobade.
Les plus faibles tombaient dans le panneau, et si nombre d'entre eux étaient morts, Farrow fit mentalement le tour des noms qu'il avait entendu prononcer. Il en ressortait un. Un jeune noble énamouré qui pleurait sur le velin de ses lettres et menaçait même de se donner la mort si elle l'abandonnait.
Le mondain ne savait que trop bien de quoi un éconduit est capable s'il se sent rejeté. Pour avoir usé et abusé de ces stratagèmes, il les maitrisait avec l'habileté de l'homme d'expérience.

Si dans l'esprit de Farrow, l'affaire était claire, il n'en fut pas de même dans celui des deux autres. Theo garda un silence méfiant. Quant à La Dérobade, elle joua les scandalisées et attaqua vivement, surprenant par là même l'angloys qui s'en trouva conforté dans ses certitudes.

La porte de sortie fut ainsi ouverte et il s'y engouffra : puisque la confiance était brisée, il n'avait plus rien à faire là.
Estainoise
Après le détroit, l'attente....

Le navire est devant ce port espagnol....et depuis combien de temps déjà?

Ah oui, cela faisait maintenant trois jours peut être même quatre qu'Esta remplissait des formulaires ...et tous attendaient.
et peu de choses s'étaient passées....et quoi de plus normal quand on navigue...
Quand auront t'ils l'autorisation pour accoster?

On peut dire alors que rien n'était anormal sur le Valois...donc, tout était bien comme il faut.
Farrow faisait la gueule, une fois de plus mais cela semblait maintenant définitif...D'ailleurs, il ne se montrait plus.
Sa plus grande hâte devait être de quitter ce navire et de partir sans se retourner.

Le Valois avait mouillé devant le port en espérant pouvoir faire les manoeuvres d'amarrage bientôt.
Les voyageurs s'occupaient comme ils pouvaient.
Certain pêchaient, d'autres buvaient, certains râlaient en la regardant de travers et la dénigrant...
et Elle....elle essayait de rester imperméable aux évènements et elle y réussissait moyennement, il faut bien le dire.

Toc était toujours égale à lui même et de plus en plus proche d'Esta.
Alors que le soleil était au zénit, Que la mer était calme et que le vent ne soufflait pas, Esta décida au bout de plusieurs chopes partagées avec Toc....et ses cheveux ambrés collant à son front


Je vais prendre un bain de mer....
Le dernier qui plonge a un gage....


Et elle s'était sauvée en courant, se délestant de ses vêtements sur le chemin qui mène jusqu'au bastingage du navire, tel le petit poucet.

En tenue très légère elle plongea dans l'eau fraiche sans réfléchir...
Tout, tout était bleu....et le calme du dessous de la mer mettait en avant les battements de son coeur qui cognaient à ses tempes.

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Estainoise
Elle s'occupait comme elle pouvait et enfin le bateau eut l'autorisation d'accoster...

Tous débarquèrent en ce village étranger.
Et farrow les planta là, sans aucune explication et sans honorer le contrat qu'il avait passé avec Toc, lui partant au nord et eux vers le sud.

Quand elle s'en aperçut, même si elle avait bien compris qu'il la haïssait, elle eut un coup au coeur. D'un coup, c'était le vide.
Avec qui allait elle s'engueuler maintenant qu'il n'était plus là?

Alors elle papotait, s'essayait à tourner langue avec les gars du coin.
Elle se sentait tout de même à l'aise avec cette langue que parlaient les autochtones, et des mots lui revenaient de bien loin, du fond de sa mémoire. Comment avait elle appris cette langue, elle n'en savait rien, mais y'a pas, quand elle était môme, elle a du traîner avec des hispaniques. Sauf qu'elle s'en souvient pas.

C'était une sorte de consolation même si elle regrettait la présence de cet homme qu'elle aimait. et qui était parti sans lui dire ...sans rien lui dire.


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Farrow
Betrayed !

Il n'aurait jamais cru que quelqu'un en qui il avait confiance puisse le trahir à ce point.

Lorsqu'il s'éveilla ce jour là, l'angloys ne jeta même pas un coup d'oeil par le hublot, persuadé que le navire serait toujours en rade au large du port.

Depuis trois jours, il tournait le problème dans tous les sens, analysant les données du problème :

Pourquoi Theodule lui avait il donné accès au détail de son comptoir naval et à ses correspondances ?
Il savait que Farrow n'hésiterait pas à tout examiner, en bon soldat de la maniaquerie qu'il était.
Il savait que l'angloys tomberait sur la lettre qui faisait état de la suspicion de trahison d'un des membres de l'équipage.
Il savait également que Farrow accuserait Estainoise et qu'Estainoise se braquerait, que le ton monterait entre eux et que face au barbu, elle se déroberait et quitterait le mess fachée.
Il connaissait bien les colères du brun, ses réactions à l'emporte pièce.
Il connaissait aussi la principale particularité d'Estainoise, championne de la Dérobade.
Il savait que leur point faible, à lui et à Estainoise, était leur absence de confiance mutuelle.

Le marchand avait donc laissé la rixe se dérouler, jouant son rôle de protecteur affable auprès de la brune et celui de l'ami fidèle auprès de l'angloys.

Farrow jouait machinalement avec l'anneau de son annulaire comme il le faisait toujours quand il réfléchissait. Lorsqu'il s'en rendit compte, son geste se figea, il fronça imperceptiblement les sourcils et, agacé, quitta sa couche pour s'approcher de la fenêtre qui donnait sur le pont du bateau.

Durant ces trois derniers jours, il avait eu le temps de voir le couple estaino-toqué flirter la parfaite amourette, allant même jusqu'à se poursuivre du mess jusque sur le pont et finir, pour la brune, par se dévêtir et oser la baignade, sans aucune pudeur.
Il était impensable que Toc ne sache pas que l'angloy assistait à ces scènes. Ce que Farrow n'arrivait pas à comprendre était ce qui motivait tant d'efforts et de machination de la part du blond négociant.
Car des efforts il en faisait. Sa cour auprès de la brune redoublait d'intensité et il la poursuivait de ses assiduités, pour tenter de...

... de quoi ?


Son regard se perdit vers les quais tous proches. Farrow tournait et retournait tous les éléments dans son esprit.

Soudain, Estainoise apparut sur le pont et cria quelques ordres, les doigts serrés sur la lice du bastingage. Le verrou du portillon latéral du Valois fut rapidement tiré, ouvrant le passage et la passerelle enfin mise en place.
Tout le temps des opérations, elle n'accorda aucun regard à l'angloys qu'elle savait pourtant tout proche, dans son dos. Profitant de l'instant, il détailla sa silhouette, un mince sourire sur le visage... Joli cul... Longues jambes... qu'en d'autres moments elle s'était plue à croiser et décroiser pour le plus grand plaisir du brun.

Alors il comprit pourquoi Theo, l'ami, le presque frère aux yeux de Farrow, avait ouvert l'accès au secrétariat du comptoir de sa famille.

... Pour tenter de lui faire oublier Farrow.


La révélation l'anéantit. Theo savait pourtant que Farrow lui cédait la place auprès de la combattante. Il lui avait promis. Alors pourquoi s'acharner ?

Dès qu'il le put, il descendit à terre, affamé, en quête d'une taverne qui lui offrirait quelques légumes. Il croisa le couple, sans s'attarder, puis ne trouvant rien qui lui plut au menu de l'auberge, alla au marché pour trouver son bonheur.
Il s'offrit pour 20 écus de légumes et demanda à ce qu'on les lui amène à la taverne la plus proche, où il alla s'attabler. Le prix était excessif mais il s'en fichait, impatient d'y planter ses dents.

Toc entra, seul, s'installa et tenta d'entamer une conversation à laquelle Farrow répondit mollement. Puis, voyant les légumes il insista sur le fait qu'il les avait payés cher.
Le brun blémit et regarda la note du marché.
Le vendeur était Theodule !
La bile envahit sa bouche quand il réalisa que Toc, non content de le faire passer pour traitre, n'avait pas hésité à faire du bénéfice sur son dos.

Cette fois, s'en était trop. Il prit son baluchon et quitta la ville.
Theodule
[Et le détroit passa.... ]

Le détroit était dans l'air là où ils regardaient. Le détroit était dans l'air, dans chaque vue et chaque son. Ils ne savaient pas s'ils étaient idiots ou s’ils étaient sages*... Le silence, le malaise, le manque d’air disparurent le temps de jeux de paroles. Un premier sur le thème de la dame de Givré et le détroit...
Quand nous fûmes au centre de la pénétration du détroit de Gibraltar où se trouvait la nave....
- j'ai croisé Estainoise....
- qui n'aurait pas raté ce moment pour rien au monde....
alors Toc a laissé sa main....
- courir contre ses....
...Un second thème débuta le soir suivant. Il évoquait un blond héros...
- Alors qu'Esta était en train de surveiller les lignes sensées attraper les faquins de mer, Theodule sortit de la cabine de pilatage, une longue vue à la main....
- C'était un ange blond, un visage d'éphèbe à faire pâlir les Dieux, sa démarche fluide l'amena près du bastingage...
Tandis que Farrow se débattait à se sortir de la toile de ses lignes bien vides de poissons, il arriva à les rejoindre. Un grand bruit sourd résonna....
- elle se précipite tout au bord du bateau, monte sur le bastinguage et se penche pour regarder plus bas....
- Le cri de la Dérobade fait sursauter l'angloy et....

Le troisième thème ne vint ni le soir suivant, ni les soirs d’après. Le manque d’air, le malaise étaient revenus. Alors le blond marchand tel une fer rougi se décida à percer cet abcès. Parler à jacques pour qu’il le répète à paul et parler à jacques pour qu’il le répète à pierre devait cesser. Mettre des mots, les prononcer même maladroitement, exprimer ses sentiments étaient meilleur que de laisser ce silence purulent se répandre entre eux. Alors des mots furent prononcés forts, d’autres sanglotaient, d’autres encore furent sourdement prononcés. Aucun ne fut omis. La conversation dura mais

... Tout finit par des chansons**.


*Adaptation love in the air
** Beaumarchais, le mariage de Figaro


[Un truc qui colle au corps et au coeur.... ]

Un soir suivant à mi-chemin du détroit et de Valence, la confiance du blond marchand déborda. Emplacement et droit de consulter le carnet de bord avait été donné depuis fort longtemps. Mais en cette soirée, il l’ouvrit aux autres en grand. Les pages furent lues et carnet donné à lecture. Il n’y cachait rien de la plus petite ligne comptable aux bribes de renseignements données par des tierce personne. Il avait confiance en les personnes présentes à bord. Pourquoi cacher, omettre par silence et ainsi se reprochait à lui même ce qu’il reprochait aux autres ?
Alors les bribes n’avaient de fiabilité que celle dont le lecteur voulait bien prêter. Quelle ne fut pas son erreur de croire que la confiance chasserait tout souci. L’angloys se déchaîna, sa mauvaise foi et son gentil caractère l’accompagnèrent. La dame de Givré protesta, attaqua avec vigueur, se mua dans un silence tour à tour.
Du silence, elle quitta la cambuse.
C’est à ce moment que Farrow lança ces mots. Entre la porte se fermant et la présence du blond Toc, il fut dur de ne pas comprendre à qui ils étaient adressés. Le blond homme fronça les sourcils. Une des commissures de ses lèvres se releva. Il considérait avoir été fort patient avec tous à bord. Il ne fallait cependant pas trop échauffer son auréole. A un m’ment donné, l’ange blond pouvait perdre patience, calme et en avoir ras les ailes. Tant gratte la chèvre, qu’elle gît mal...

Il garda un long silence. Il se méfiait de toute action hors de raison, d’autant plus des siennes. Il posa calmement, peut-être trop froidement, question à l’angloys. Sa réaction confirma ses soupçons. Farrow l’accusa de manque de confiance, s’enferma dans ses complaintes personnelles : la confiance ébréchée, la dérobade abusée, la supportait il encore ? Non il quittait tout dès la descente du navire.
Au lieu de s’emporter, Toc se glaça davantage :


... Je vous ai demandé de nous accompagner. Vous ne le voulez plus. Bien ...

Par les saintes culottes de Deos, la confiance du blond envers l’angloys vacillait. Plus ce dernier parlait, plus les brèches s’agrandissaient. Des failles apparaissaient. Finalement Farrow quitta la cambuse laissant le blond à ses réflexions. Gagner Valence risquait d’être encore bien long.

Edit : Ajout de la balise [/color][/b]
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Theodule
[Après le détroit, l'attente....]

Gagner Valence risquait d’être encore bien long. Tout aussi long qu’accoster à un des quais dans le port de Valence. Pour accoster, tout accostant doit fournir le laissez passer A38 au guichet I couloir de gauche dernière porte à droite. Pour l’obtenir, l’impétrant doit se munir du formulaire bleu au guichet II au troisième étage couloir B porte 6. Mais un formulaire rose est aussi nécessaire pour obtenir ce laissez passer A38. Une maison qui rend fou que cette capitainerie valencienne et les gens qui l’habitent.

Depuis les derniers éclats houleux, l’angloys était du museau, faisait du boudin. Le barbu démon réfléchissait. Il restait enfermé le plus souvent dans sa cabine. Il n’y sortait que pour se nourrir de voix ou lorsque la cambuse était désertée. Tel n’était pas toujours le cas.


- le bonjour
- je passe juste manger si vous permettez dit il en attrapant sa miche de pain

le bon jour sir Farrow
faites, valence est un pays d endormis !
répondait invariablement le blond négociant
- sur ce ...
la bonne journée
- la bonne journée*

Le blond et la Dérobade occupaient leur temps. Le jour suivant, Toc tâcha de consoler de ses blonds moyens la dame. Il souffrait de la voir triste, de savoir partagé son coeur partagé. Y arriva t il ? Difficile à le dire, il s’évertua cependant à lui changer les idées. Le premier changement concerna l’apprentissage de la langue espagnole. Le marchand n’y comprenait goutte à cette langue d’hidalgos. Au détour d’un grognement à l’encontre de la cheftaine de port qu’énonça la Dérobade, il lui demanda :

Alors apprenez moi langue. Nos journées ne seront pas perdues**

La première leçon débuta.

- ue quiere usted saber?
par exemple pour dire...je m'appelle Toc, il faut dire...me llamo Toc

- j'imagine que vous l'savez?


Non je ne ne savais. yo no saber.
Donc me Illamo Toc ....
** hacha le marchand.

Les jours défilèrent, les leçons se poursuivirent. Elles s’arrêtaient souvent avant Sexte. Temps de s’hydrater de quelques godets, de parler d’autres choses. Toc blondissait de bonheur à être de plus en plus proche d'Esta. Chaque jour, quand la mer était calme et que le vent ne soufflait pas, ils se baignaient. La Dérobade lui lançait alors :


- Je vais prendre un bain de mer....
- Le dernier qui plonge a un gage....


Chaque fois, il ne réussissait jamais à la rattraper. Sa technique du petit poucet était imparable.

Une fois, il trébuchait sur le bastingage, une autre fois ses braies lui résistaient. Il n’y avait pas à dire le marchand était trop vêtu. Même avec moins de vêtements ou habillé de la simple culotte de Déos, il aurait perdu.
Dans la même tenue légère, il l’a rejoigné dans l’eau tièdement fraiche. Peu à l’aise dans cet élément bleu, il tâchait de masquer cette émotion. Il ne s’éloignait peu du navire. Mais que n’aurait il pas fait pour sa sirène à la chevelure ambrée.

Après la baignade, ils s’allongeaient l’un près de l’autre sur le pont pour se réchauffer au soleil. Offrant leurs corps aux rayons d'Apollon après les avoir rafraichi au royaume de Neptune. Le souffle d’Eole était chaud sur sa blonde peau ou bien était ce le désir bouillant à la contempler, la caresser du regard, l’embrasser de la volonté avant que ses mains et sa bouche l’assouvissent ?
Toc lui demanda :


Quel gage me donnez vous?

* et ** conversations issues des rp joués dans la Taverne des Tiques
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Theodule
Après la baignade, leurs corps ruisselaient encore de l'eau de la mer. Allongés l’un près de l’autre, ils s'offraient chacun au rayons lumineux et à la vue de l'autre. Le blond parlait beaucoup, souvent. Au silence de la Dérobade, il délaissa les mots au profit des caresses de ses mains, de ses lèvres sur ce corps nu et halé.
La main de l'amant caresse le visage de l'amie. Du bout des doigts, le blond suit la courbe de son menton. Ses doigts s attardent sur l'oreille avant de se perdre en caresse dans ses cheveux ambrés. Tout son corps la désire. Toc se retient et recommence à effleurer son visage. Les doigts de l'homme descendent sur le front de la femme, passent sur ses yeux clos. Ils suivent l'arrête du nez avant de caresser ses levres. Point encore de fougueux baiser, le moment n'est pas encore venu.
D'un souffle, il lui murmure :
vous etes belle ...

Theodule lui répond par un autre baiser où sa langue assaille ses lèvres carmines. Ses lèvres en affaire, la main du blond se pose sur sa poitrine. D'un léger effleurement, le touché s'approfondit davantage. Doucement leurs lèvres se séparent, les yeux verts du marchand contemple cette paire de pommes bien plus rondes et rares que celle d'aucun arbre. Ils remontent pour plonger dans les siens. Au fond de son regard, brûle le désir qui dresse tout son corps. Sa seconde glisse entre sa poitrine, contre son ventre où nul bouée ni méchante poignée n'est présente. Ses doigts pressent sa peau et y dessinent des caresses.
Les seuls sons qui résonnent sont le vent dans les mâts, le clapot contre la coque, les cris des mouettes rieuses, le travail de la coque ....


[L'attente continue.... ]

Ainsi se déroulèrent les jours devant le port de Valencia : bains, apprentissage de langues, ruminations de sa mauvaise foi. Cette paisible monotonie fut cependant troublé par une demande. Etait-ce la troisième ou la première ?
Qu'importe elle rompit la monotonie, bouleversa le présent. Seul Déos le saura pour les jours futurs. Madame Soleil est en congé. Et oui


[L'attente s'acheva.... ]

La dame de Givré était assise en la taverne des Tiques quand Toc entra.

- Oh ! Toc ! bonsoir.
- Nous avons eu enfin l'autorisation et j'avoue avoir envoyer un message en début d'après midi assez énervé. J'ai dit...heu...quoi déjà....hace mas de quatro dias que esperamos!
- De que tiene usted miedo?
- De solamente tres extranjeros?


Theodule la regarde un peu perdu. Il apprenait auprès d'Estainoise la langue du sud. Il était encore à ses débuts. D'un ton hésitant, ces quelques mots sortirent de sa bouche : heu ... 4 jours
J ai compris 4 jours dans vos paroles.


Estainoise accueillit ses paroles par un sourire et poursuivit :
- On est arrivé le 16. bon ben...ça aurait pu faire cinq. Eh oui ! J'ai dit quatre mais ça fait plus en fait.
- Sinon j'aurais dit cinco.
*

Logique quand tu nous tiens. La conversation se poursuivit. Les sujets changeaient au gré des questions, des envies dérobantes. Elle s'attarda un temps sur les chemises de la Givré et leurs satanés lacets. Noués de noeuds de marins. Le blond apprit à les défaire pour toucher des doigts les sommets de son désir. Un changement avait eu lieu en le marchand. Aux mots, il avait troqué les gestes et une volonté grandissante de connaître davantage la dame de Givré. Cette nuit, Toc la serra souvent en ses bras. Il aimait
sentir sa tête bien faite, sa chevelure ambrée posée dans le creux de son épaule. La nuit bien avancée, Estainoise s'en dégagea doucement....


- votre bien aimée va aller se reposer maintenant pour être prête tôt demain matin et être d'attaque.

Depuis la demande, le blond en avait presque oublié l'angloys. Pour dire vrai, il longeait les coursives et ne fréquentait la taverne quand tous l'avaient quitté. Difficile de remarquer ainsi de partager quelques chopes ou bien même mots. S'il est vexé, je n'en suis pas moins. Lui, lui, lui ... et bien l'ange blond pense à lui aussi. Buté, triste de ce constat et du départ de sa belle, Toc se décida rapidement à approfondir sa connaissance. Il lui répondit :

Partageons votre couche et reposons ensemble. Je ne peux cependant pas vous promettre de ne pas assaillir votre repos.

- Vous...vous voulez m'accompagner? Peut être que Farrow va passer.
- Vous ne voulez pas le voire?
- Vous pourriez vous glisser plus tard dans ma couche


D'un hochement de tête, il accompagne ses paroles : Si fait ! Mais j aime dormir contre, tout contre vous ...

Avec un sourire la dame de Givré ajouta : - Si vous voulez juste m'accompagner à ma porte aussi....
- rester le temps que je ferme les yeux et revenir.... enfin bref, je vais dormir...
- Pensez vous que je jette Farrow pour être sur qu'il descende du navire?


Le blond se rappela une autre mauvaise humeur de l'angloys. Sa descente à Porto, il secoua énergiquement la tête.

Non ! Il ne le faut pas. Il en sera de plus méchante humeur.
Je vous accompagnerai ... non pas juste a votre porte !
Je ... jusqu’a votre lit, jusque sous vos draps, juste contre vous.


- Bien, oui alors.... je le laisse passer par la passerelle oui.
Le sourire aux lèvres, Estainoise prend la main de Toc : et bien allons y car je ne tiens plus

Toc la suit le sourire aux levres.**
Edit : * et ** conversations issues des rp joués dans la Taverne des Tiques
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Theodule
[Valence ! Enfin]

Il est vrai que l'atmosphère était devenu peu respirable à bord. Se taire ou se cacher dans sa cabine n'y changeait rien à l'affaire. Cela revenait à mettre pansement sur une jambe de bois. Dès la passerelle tirée, le débarquement fut entrepris. La nuit précédente, le blond eut l'esprit fort occupé en d'autres lieux. Le matin le rappela à la raison. La dame de la Dérobade semblait le coeur en partit vide. La voir ainsi triste l'attristait. Il tâcha de la faire sourire, rire
Y arrivait il ? Elle le questionnait à propos de l'angloys. Il tâcha de lui répondre du mieux qu'il put. Sans mensonge ni dénigrement. Ses réponses furent donc fort incomplètes. Quand vous parlez du loup, il montre sa queue. Ainsi apparait dans une des tavernes le sir Farrow dans la taverne ou bien Toc y entra. Les deux hommes conversèrent. Toc peut enclin à faire des efforts, les limita au strict nécessaire par les molles réponses de l'angloys.

Le repas de l'angloys fut apporté en taverne. Des légumes.
Quel drôle de petit déjeuner traversa l'esprit du blond. L'emballage des légumes l'interpella. Il en reconnaissait les motifs. Ils étaient siens.

Le prix avait du être élevé. Le blond tenta de faire patienter l'angloys pour fournir des légumes à meilleur prix. Autant l'angloys fut mou à répondre qu'il fut prompt à partir. Toc ne le retint pas. Il conclut le départ par


Bien

D'aucuns disent bref, d'autres juste lui c'était bien. Juste bien.

[Javita, nous voilà]

J'accuse !

Tel aurait pu être les mots dans la bouche du blond quand leur convoi atteignit Javita, la ville non le yahourt Gervita. Enfin vous aviez saisi. Mais ne nous perdons pas en perle de lait et revenons à notre blond mouton.
Dès la phrase annonciatrice de l'angloys sur le nave CC Valois, le marchand avait su au fond de lui la mauvaise fin du voyage. Ce qu'il présentait arriva donc. L'angloys les avait quitté. Il avait renoncé à sa parole de les aider.
Qu'était-ce la parole donnée face à la mauvaise foy et l'égoïsme ?
Pas grand chose, le blond constatait. Il aurait pu accuser ce manquement, tout cela et bien d'autre encore... Pour l'heure, la dame de la Dérobade et le marchand Toc avait fort à faire : trouver une dénommée Anita et conclure un marché encore assez mystérieux.

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Theodule
[Vous avez dire étrange, comme c’est étrange....]

Que Javita fut une étrange halte. Que ce marché fut mal préparé. La liste des produits dans la transaction était imprécise.
    Quelques valeureuses petites voiles
    Un seul jeu de carte
    Un seul chat noir
    Une seule cape d'ours
    Une bonne quinzaine de fragments de morceaux de carte
    Une petite bande boucliers
    Plus d’une cinquantaine de stères de bois
    Plus d’une cinquantaine de peaux
    Une groupe nombreux de légumes
Avec cette obscure liste, la dérobade et le blond arrivèrent en la ville. Ils ne trouvèrent pas la dénommée Anita, elle les trouva. Les portes passées, une femme dont les cheveux de jais étaient attachés en chinon, les observa. Une forme d’impatience émanait de sa personne à croire qu’elle les attendait fermement depuis des jours. C’était le cas. Après un bref échange de banalités d’usage, elle les mena à quelques rues de là. Dans un entrepôt étaient garées des charrettes. Des charrettes remplies de marchandises, trop remplies, le bois en débordait même en des endroits. L'espagnole les quitta sans ajouter un mot si ce n’est une lettre. Le blond la regarda partir. Il en était étonné. Après avoir brisé la cire, il lut la lettre.


Anita a écrit:
Date d'envoi : 22/10/1462
Titre : Trop lourd

Bonjour et merci.

Jai mis 215 steres de bois sur le marche car je ne peux pas les porter malgre l'attelage supplémentaire. Je les ai mis a 5 pour pas quon nous les vole.

Je rendrais largent a Valence, promis.

Merci encore.


Une main sur la hanche, l’autre se frottant les lèvres, Toc contempla l’ampleur du désastre. Pas assez de chariots, trop de marchandises sans même compter les peaux. Aucune caisse, ni tonneau n’en contenait.
Les chariots étaient déjà trop rempli. Il contempla la Dérobade. Elle semblait vidée de toute émotion, pleine de tristesse, de regrets. Tellement distance.


Douce amie...

La nuit tombe de plus en plus tôt. Pouvez vous trouver chambre qui convienne en une des auberges de la ville.

Je tâche pour ma part de trouver bêtes et attelages pour emmener tout ...
tout ça !!!
dit il en désignant charrettes et marchandises.

La ville semblait morne. Acquérir 3 attelages supplémentaires ne fut pas évident. Après s’être rendu en 2 écuries de la ville, la troisième et la quatrième lui fournirent ce qu’il cherchait. Escudos versés, bêtes menés à l’entrepôt, le blond se mit en quête de la belle dame de Givré. Seulement deux auberges se trouvaient en ville, son premier choix fut le bon. Il en sourit.
Quand il entra dans la salle commune, il l’aperçut papoter, tourner langue avec un gars du coin, un hidalgo. Cette conversation l'enlevait à ses sombres pensées plus certainement que Toc n’aurait pu. L’espagouin était marchand mais surtout causant et qu’est ce qu’il causait ... Difficile de tout comprendre tant sa bouche déversait de mots dans vos pauvres oreilles. Le blond comprit qu’il se nommait [url=javascript:popupPerso('FichePersonnage.php?login=Tuzunthune')]Tazin, Tunzi, Tuzun[/url]. Oui Tuzun truc quelque chose. Il bûcheronnait pour faire des meubles ou faisait des meubles pour bûcheronner. Sur les conseils de la compañía Blanca de los Leones, il avait acquis une licencia para la casa de postas. Il en résultait qu’il démarrait une nouvelle affaire. C’était très confus pour les oreilles de Toc. Il ne comprenait qu’un mot par ci par là. Il se contenta d’hocher la tête et d'ânonner un
esto no es falso ! de temps en temps. Cependant le rouge lui monta aux joues quand l’hildago se pencha et murmura aux délicates oreilles de la dame de Givré. Ses sourcils se froncèrent, tous les muscles de son visage se contractèrent. Après le murmure, l’emporterait il sur sa monture Torpedo ? telle était l’idée qui traversa la tête se trouvant entre ses deux blondes oreilles. Il n’en fut rien. Il les quitta après les avoir inviter à se rendre en sa ville portuaire de Dénia, sise un peu plus à l’Est.

[Cap au large....]

Le retour à Valencia ne fut pas des plus joyeux. Le ciel même s’en mêlait à afficher de grises couleurs. Aussi vite arrivés, aussi vite furent chargés les tonneaux et autres caisses pleine de marchandises. La cale chargé, les amarres furent larguées. Cap sur Dénia. Nouveau cap, nouvelle escale à ajouter au carnet de bord. En mer, le navire longea la côte. Un fort vent les poussait. Les nuages sombres n’annonçaient rien de bon. De forts coups de vent et Déos le sait une petite tempête. Le navire se balançait sur les vagues. Son bois craquait. Les voiles étaient tendues, gonflées par le vent. Ainsi la Dérobade et le blond se retrouvèrent en la taverne des Tiques. Un cruchon de vin du pays et deux godets remplis se trouvaient devant eux.


- On trinque ? lui demanda t elle.

L’amant leva alors son verre et ensemble ils trinquèrent. La belle but une gorgée de vin. Le blond la contempla et en oublia de boire. Il était soucieux de la voir en cet état.


Vous me semblez distante ce soir, ma dame.

- Oh ! Je suis un peu fatiguée.
J’ai des courbatures de partout. Je n’ai pas pourtant fait le marathon sur le pont.

- Combien y a t’il de bateaux à quai, Toc ?


Un mince sourire se dessina sur son visage. Il était déjà en mer. Le port de Valencia laissé dans le sillage depuis plusieurs milles. Son regard plonge dans le sien.

La nuit dernière, allongé contre vous ... Ma main sur votre hanche, mon visage enfoui dans votre chevelure ...
J’écoutais votre souffle

Votre sommeil était agité.

Ma présence, mes bras, mon corps rien ne paraissait vous apaiser....


Il se tut. Une idée salvatrice venait de lui traverser l’esprit.

Montrez ces courbatures que je vous masse.
Tendez vos jambes ! Ôtez votre chemise !

Je vous masserai avec une huile de jasmin et d’amande douce qu’une gitane m’a vendue en un des bazars de Valencia.

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Farrow
Quelques semaines maintenant que l'angloys avait mis ses voiles personnelles et quitté le Valois pour remonter les plaines péninsuliques par voie terrestre.

Pendant les premières lieues, il eut le mal de Terre, tant il s'était accoutumé au roulis de la navigation. Le confort de son hamac n'était plus qu'un souvenir lorsqu'il atteignit finalement le royaume de France.
Franchir une frontière malmenée par une incartade française aussi ridicule qu'inutile, fut un jeu d'enfant pour le brun qui savait, quoi qu'en disent certains, se faire discret. Louvoyant d'un campement à l'autre, les Pyrénées furent franchies bien avant les premières chutes de neige.

La première halte fut pour une ville à quelques lieues plus bas. On lui offrit gite et couvert en échange de récits aussi épiques qu'inventés sur ses aventures transpyrénéennes.
C'est ainsi que, ses longues jambes étirées face à un feu de cheminée il dicta une lettre pour ses comparses navigateurs, à une brune qui, non seulement avait une jolie descente de reins, mais également une belle écriture.





Tarbes, Béarn,
le 7ème jour de novembre 1462

Cher Theo, Chère Dérobade,

Nul doute que ma missive risque de vous étonner compte tenu de mon départ cavalier mais toutefois pédestre, mais, par amour pour moi, je vous en prie, ne la jetez pas tout de suite à la mer.

Je n'ai pas rancune même si je suis quelquefois emporté.


- ...........
- Quoi ? Qui te demande de commenter ? Ecris donc sans raisonner ! Ecris !



Je n'ai donc aucune rancune mais ça vous le savez déjà puisque vous me connaissez et c'est donc en ami que je vous adresse ces mots.
Et parce que je m'inquiète....

J'ai écrit il y a quelques temps, une lettre à Theo, mais je suppose qu'il était encore trop tôt pour sa blonde susceptibilité. Il n'est certes pas donné à tout le monde d'être aussi réactif que moi.


- ................
- Ecoute la brune... si c'est pour dire des choses déplaisantes, je te baillonne okay ? Je ne suis PAS versatile. Ecris !



Donc, dans cette lettre, hormis lui donner des nouvelles de ma personne, je lui demandais où était ma cible.
Si je comprends que mon départ l'ai mis en émoi au point de m'en vouloir comme une pucelle émoustillée...


- Cesse de glousser idiote ! Il sait que je plaisante, ToC est loin d'être un sot ! Ecris !!!!



Donc, si je comprends que mon départ vous ait fachés... tous les deux, je suis sûr que maintenant que vos roucoulades sont plus.... disons.... avancées, vous voyez mon absence comme la bénédiction qu'elle est. Deos, que vous comptez parmi vos bons amis, m'a chuchoté à l'oreille, comme d'autres le font à celle des chevaux que votre sérénité passait par là. Je n'ai donc pas fait demi tour.

La question est donc toujours d'actualité : où est elle ?
A moins que le projet soit tombé aux oubliettes et qu'au lieu de préparer une embuscade, vous ne pensiez plus qu'à vous embusquer vous même.


-...........
- No Darling, je ne dis pas des mots sans queue ni tête.... Regarde donc bien ma tête avant de venir gouter au reste... et..... ECRIS !!



Je vous embrasse.
Enfin, surtout le blond, la Dérobade pourrait me mordre et s'empoisonner à mon sang.

Farrow


La brune, outre une plume agréable à lire avait une chute de reins somptueuse, je vous l'ai déjà dit, mais l'angloys ne pouvait pas en détacher le regard et il est parfois bon de répéter les choses qui font du bien.

Aussi, il passa outre les insolents commentaires de la béarnaise et fit monter la sauce tant qu'elle était tiède, sans oublier les câpres, cela va sans dire.

Il l'expédia ensuite d'une claque sur le fessier pour qu'elle fasse parvenir le pli aux destinataires.
Theodule
[Esta! Dénia oui ... !]

Un massage, des pirates rôdant dans le détroit d'Ibiza, un navire coulé dans le port, des fouilles marines après, les voilà séjournant dans une des chambres de l'auberge municipal. L'aube se levait à peine. Les braises de la dernière bûche se consumaient encore dans la cheminée. Toc se réveillait tout contre la Dérobade. Ses paupières s'ouvrirent et contemplèrent son ambrée chevelure. Les draps se soulevaient au rythme de leurs respirations. Le doux parfum de sa hâlée peau enivrait ses blonds sens. Il posa sa main sur la nuque de la femme endormie qu'il embrasse. Son autre main descendit en une lente caresse, du bout des doigts, le long de ce cou féminin , le long du bras, le long de ce si désiré flanc avant de s'arrêter sur la givrée hanche. Au moment de l'empoigner, de la pétrir doucement, une missive fut glissée sous la porte.
A regret, le marchand se détourna vers la porte. Se mordant la lèvre inférieur, il était en proie à une pleine réflexion. La nuit, leurs corps s'étaient entendus sans jamais avoir besoin de se parler pour s'écouter, sans ... Ils avaient danser le même rythme.

Décision fut finalement prise. La laisser encore dormir. Il déposa un doux baiser au creux de sa délicieuse nuque. Sa main effleura à regret son gentil ventre, porte à pleins de promesses avant de se retirer. Il se leva prudemment de la couche tâchant d'éviter tout bruit pouvant la réveiller. Après s'être assuré de l'avoir bien recouverte du drap et des peaux sur le lit, il récupéra ses habits et s'en revêtit. A la lueur d'une bougie, qu'il alluma, il récupéra la missive. Une missive de l'angloys.


Par le saintes culottes de Déos ... murmura t il.


Le blond avait déjà reçu une première missive de l'angloys. Cette nouvelle était donc la seconde. Que le marchand était fort en calcul. La lecture de la première lui montra comme il s'était blondement emporté. Par le bon Déos, la mission se poursuivait. Pour s'assurer de l'exactitude du lieu, Toc dépêcha un courrier à sa connaissance en le sud du royaume francsois. Cette dernière organisait un voyage bucolique dans la région. Un voyage avec quelques amis et connaissances. Sa réponse lui était revenue il y a peu. Encore une blonde erreur.

Ses pensées s'éparpillaient. Elles revinrent à la seconde missive du sir Farrow quand ses yeux s'y posèrent. Lire ou ne pas lire telle était la question. La Dérobade et lui la liraient ensemble, telle fut la réponse. Le nécessaire à écrire préparé, il coucha par écrit quelques mots pour sa femme.
.



Ma douce aimée

Depuis votre couche, je vous contemple, m’approche et me penche. Dans votre chatouilleuse oreille je prononcer ...


Les doux mots écrits, son regard se posa sur la missive angloyse. La curiosité l'emporta. D'un geste, il la décacheta et entama sa lecture à la lueur des dernières braises de la cheminée et de la bougie plantée sur la table.
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