Finn
À peine a-t-il posé la palme sur le quai du port dAngers quil cachette la lettre péniblement rédigée durant la traversée. Tel le fils en rébellion revenant enfin au bercail après sa longue errance, lancien Craonnais la planque dans un coffre sous un amas de linge sale : destination Montsoreau.
Citation:
- Votre Archidisgracieuseté,
Dénéré,
Vous êtes parvenue à vos fins, je suis de retour.
J'ai bien médité votre dernier pli et, après mastication, digestion et re-mastication derrière, j'en conclue que je n'ai jamais cessé d'être Angevin. Jespère que vous êtes CONTENTE vous me dégoûtez.
Il m'est arrivé d'attaquer l'Anjou une ou deux fois par le passé, comme vous savez. J'attaque, j'attaque, mais c'est la preuve que je me sens toujours obligé de revenir et que jai sans doute hérité de ma Marraine cette difficulté à exprimer mes sentiments autrement que par cette fameuse tradition flamande du parpaing dans la gueule.
Car dans mon verre comme dans mon beurre, l'Anjou apporte le sel.
Ou quelque chose comme ça.
J'aurais cependant une condition préalable à mon emménagement : j'aimerais que vous maccordiez gra-tui-te-ment la jouissance dun bout du rempart d'Angers ainsi que deux de ses tours afin que j'y accole mon hôtel familial ; il abritera les miens, notamment ma splendide Princesse bretonne (j'ai dû lenlever de force, il me faut des murs épais pour la retenir). En contrepartie, je mettrai mes modestes ressources à disposition de l'Archiduché et de son indépendance. Sans limite de temps.
Ah, et je veux un canard aussi. Noir.
Ó Mórdha.
P.S. : Si vous osez divulguer le contenu de cette lettre, je vous crève comme une reyne de France.
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