Une chambre à l'auberge? Tant mieux! Tout plutôt que de dormir dans cette ruine! Une fois le mari ayant tourné les talons, la Blonde se met en tête de reprendre en main sa vie, et de pourrir celle de son mari. Et pour ça, elle est douée.
Elle commence par se désencombrer les bras en larguant la progéniture contre la poitrine accueillante d'une servante. Puis elle lui glisse quelques écus dans la main.
"Vous avez une fille de l'âge de mon fils non? Mettez ses vêtements à Nolan. Pas de question."
Voyant la servante s'éloigner, elle lui crie:
"Et mettez un peu de suie sur ses joues, je veux qu'il ait l'air aussi pauvre et crade que vous et votre famille!"
Le tact de la haute noblesse...
Ramassant un caillou par terre, elle l'envoie droit sur la tronche du "superviseur des travaux".
"Dégagez le débile, vous êtes VIRÉ! Virez vos pattes d'ici! Plus vite que ça ou c'est un carreau que je vous colle entre les deux yeux!"
Voilà qui est fait.
Elle se tourne vers un des larbins qui portait les malles depuis le bateau jusqu'ici.
"Laissez ça à l'intérieur et rapportez-moi une bouteille. VITE."
Mains sur les hanches, le regard épouse les alentours pendant que l'esprit fourmille pour trouver d'autres crasses à commettre. La bouteille de chouchen amenée, la Blonde la débouche et avale une longue gorgée directement au goulot, puis une deuxième, avant de ricaner sournoisement et de déposer quelques écus dans la main abimée du serviteur.
"Vous allez faire un tour sur le marché. Et vous me rapportez une douzaine de palmipèdes. Rapidement et discrètement, sinon c'est la corde."
Manquerait plus qu'on fasse foirer sa surprise!
Jetant un il sur le cimetière de ceux qui ont travaillé sur la ruine en question, l'Altesse sent sa rage atteindre un nouveau pic. Nouvelles rasades de chouchen, et elle se tourne vers un des ouvriers.
"Vous avez une pelle? Déterrez-moi tout ça!"
Alors qu'il blêmit, fébrile à l'idée de déranger les morts, la Barbare lui colle une gifle.
"Reprenez-vous mallozh doué*! On croirait que vous avez vu un mort! Une fois que vous aurez fini de les déterrer, vous brûlerez les chairs, et vous donnerez les os aux porcs. Prévenez tous les ouvriers travaillant sur cette ruine que s'ils ont le malheur de mourir en travaillant sur cette merde, ils ne seront pas enterrés, et ils n'atteindront donc jamais le Soleil. Parce que travailler sur cette merde est un crime, ils seront tous damnés."
Après un ricanement, elle continue de descendre sa bouteille, passant enfin les portes des lieux.
"Peignez-moi la porte en rose. Et dessinez un joli poney et des curs dessus. C'est pour rendre hommage à quelqu'un, le maître des lieux va a-do-rer!"
Elle aussi trouve ça très moche, mais elle est prête à souffrir si Finn peut souffrir plus encore. L'esprit têtu du breton. Mais elle prépare plus encore, l'apothéose de son uvre!
"Où mon mari a-t-il fait déposer les coffres d'armes?"
Allant dans la direction indiquée, elle contemple avec un plaisir certain les nombreux coffres, esquissant un sourire.
"Il a fait les choses bien, j'ai le choix des armes!"
Ouvrant les coffres un à un en envoyant valser le couvercle du bout de la poulaine, elle jette un oeil sur leur contenu.
"Je ne peux pas prendre n'importe quelle arme, c'est du grand spectacle, je veux en mettre plein la vue! Tenez, ça par exemple!"
Une arbalète, son cur toujours penchait vers l'arbalète, c'est fou non?
Attrapant les carreaux, elle les fourra dans les mains du serviteur qui la suivait.
"Vous savez graver? Gravez "Finn" sur ces carreaux. Et vite, j'ai pas toute la journée."
Elle se dirigea ensuite vers la cour, envoyant valser dans un coin la bouteille maintenant vidée. L'autre serviteur était revenu du marché avec les palmipèdes, pile à temps pour ce qui allait suivre. Pendant que l'un des grouillots s'installait par terre et gravait les carreaux, elle en attrapa un, arma l'arbalète.
"A mon signal, vous libérez un des canards. Faites-le s'envoler, s'il se met à se dandiner par terre, ca aura moins d'effet! CANARD!"
Tremblant, voyant ce qui allait suivre, le serviteur envoya en l'air le canard qui décolla en cancanant, pendant que la Bretonne visait et transperçait la pauvre bête d'un carreau personnalisé avec le nom de son mari.
"GAST! Ca soulage! CANARD!"
Le serviteur envoya un nouveau canard en l'air, qui subit le même sort que le précédent. Ainsi périrent la douzaine de canards, fichés sur les pierres de cette ruine par des carreaux au nom de Finn, laissant couler leur sang sur la demeure de la discorde. Quoique...A bien y regarder, non, ils n'étaient pas tous morts: certains bougeaient encore faiblement une aile ou une patte, ou laissait entendre un malheureux "coinx" étouffé.
Nouveaux écus glissés dans la main du serviteur.
"Allez prévenir en ville que l'Irlandais qui a emménagé ici a massacré des canards en ricanant.......NON! Attendez!"
Et de s'armer de sa dague en s'approchant d'un mur, où elle décapita l'un des canards. Se faisant apporter un morceau de parchemin et une plume, elle imita l'écriture de son mari et apposa:
Citation:Calyce,
Tenez-le vous pour dit.
Finn
Puis elle enroula la tête du malheureux canard dans le parchemin, et emballa le tout dans un joli paquet cadeau."Menez ça à l'Archiduchesse sur le chemin. Dites que c'est un cadeau de Finn O Mordha pour la qualité de l'accueil qui lui a été réservé."Puis elle récupéra dans ses bras son charmant héritier qui ressemblait désormais plus à une pauvre fille de ramoneur sans grâce qui faisait de la rétention d'eau. La tenue du petit prince ne semblait pas lui convenir, parce qu'il pleurait à chaudes larmes."On va faire une belle surprise à ton papa!"Avec un sourire elle retourna inspecter l'intérieur des lieux en attendant le retour de sa victime.______________
*mallozh doué = dieu maudit_________________