--Killi a écrit:La main glissée dans la sienne le rassura. Au moins une qui le soutenait. Comme toujours, et depuis qu'ils se connaissent ou presque. Chacun prenait soin de l'autre et le protègeait avec ses armes. Elle était à ses côtés, faisant bloc avec lui, comme pour justifier à sa mère qu'elle connaissait bien la situation et qu'elle l'assumait, elle aussi. Par contre... Le rire qui avait brisé le silence de l'église l'avait irrité. Qui se moquait ? Etait-ce si drôle de voir le marié se faire reprendre en public par sa mère ? D'ordinaire, il se serait moqué aussi, mais lorsqu'on se trouve dans la situation, on la trouve déjà beaucoup moins confortable et on se dit que non, même dans 10 ans, on n'en rira toujours pas. En voyant sa fille cadette arriver, il oscilla entre la joie de la voir et l'envie de la frapper une fois de plus. Pourquoi réussissait-elle à provoquer en lui ce sentiment dès qu'elle apparaissait ? Son regard de défi le mettait hors de lui. Il lâcha la main de Liz pour ne point qu'elle en fasse les frais de sa colère qui montait. Que faire ? Lui rappeler les choses ? Que c'était son premier mariage, qu'ELLE est partie ? Il respirait, de plus en plus fortement. Aloïs semblait nerveux et regardait les bancs en bois avec des airs inquiets. Heureusement pour elle, Liz et sa mère étaient présentes, il se contenait. Puis de toute manière, à quoi bon lui hurler dessus une fois de plus ? Quand il allait avancer pour lui dire, Je suis content... Eh bien non, voilà que son aînée venait aussi. Pour s'opposer. Elle ne voulait point venir au mariage ! Et maintenant, la voilà, pour s'opposer ! Etait-ce un complot familial ?
Regard désemparé vers Liz. Que faire ? Il avait déjà posé la question ? Ah, pardon. Eh bien, maintenant, le problème était triple. Les trois femmes de sa vie, la chair de sa chair, le sang de son sang... Opposées à lui, en bloc. Pour désapprouver son choix. Il ne savait plus quoi faire, partagé entre la femme de sa vie et les femmes de sa vie. Il regarda Liz, ses filles et sa mère - Liz versus ses filles et sa mère. Une grosse envie de fuir le taraudait. Comme jamais. Et Fibi ? Si elle le protégeait, et qu'elle l'emmenait loin, rouler dans un tonneau ? De toute manière, au point où la situation était arrivée, il ne pouvait y avoir pire. Regard vers Fibi, chercher une réponse, une aide, un intermède, un câlin, une déclaration que tout le monde s'aime et que le mariage continue, qu'ils se pardonnent et que... Non... Dans les séries ça, ou les chants dont les bardes bercent les oreilles des jouvencelles attendant le prince charmant. Il vit son fils s'avancer aussi. Non, fils, c'est pas l'moment, tu vas te faire écharper, et moi, elles vont me dévorer rôti avec tes restes farcis à l'intérieur de moi. Oh que si ! Tais... Non... pas ça... Trop tard... Ben mes aïeux... Pour un mariage mouvementé... Il se retourna vers Liz, exaspéré.
Et tu veux des enfants ? Prépare-toi, voilà un aperçu de ce qui nous attend.
Il frappa dans ses mains, alors que les personnes présentes se masquaient le nez qui avec un mouchoir, qui avec des fleurs, pour que les valets nettoient au plus vite. Le claquement résonna fortement, mais de toute manière, on n'était plus à cela près... Il regarda son rejeton froidement.
Retourne t'asseoir, Aymin, ça n'est point le moment.
Si avec ce message, il n'avait pas compris... Un baillon ferait tout aussi bien l'affaire. Puis il regarda ses femmes, enfin les deux blondes et la brune, parce que les deux autres, elles étaient de l'autre côté.
Mes chéries, je vous ai comprises. Je sais que j'aurais dû mieux faire les choses, je sais que je n'ai point pris le temps de vous parler comme il aurait fallu, prendre le temps de vous préparer, de vous présenter Liz, pour Mamou qui ne la connaît point. Mais que vouliez-vous ? Des fiançailles interminables ? Un nouveau bâtard dans la famille à accepter ? Pour une fois, j'ai voulu faire les choses dans l'ordre. Je veux l'épouser, et je suis devant l'autel. Je n'attends qu'un mot de vous.
Ben quoi ? On fait c'qu'on peut, d'abord ! Situation de crise, il n'avait point été préparé à se prendre une telle rafale. Le bloc familial en direct. Il ne manquait plus que Chimera qui n'avait encore rien dit et qui pourtant, elle aussi, était opposée à leur union. Pourquoi ? Oh, les raisons étaient nombreuses. Bien sûr. Et si ça avait été un autre qui l'épousait ? Un gentilhomme, bien sous tous rapports, sans passé sulfureux, cousin, oui, mais si gentil... Un peu vieux ? Oui, mais il était si gentil... Mais c'était lui. Le coq. Celui qu'on menaçait dès qu'il approchait une fille, parce qu'on savait qu'elle finirait au mieux déshonorée. Au pire... Avec un nouveau poussin Dénéré... Il les regardait, se disant qu'il mettait son avenir entre leurs mains, mais qu'il ne savait point ce qu'elles allaient en faire. Continuer à l'humilier en public ? Lui accorder cette permission qu'elles semblaient si rétives à donner ? Il ne savait plus. Qui a un tonneau ? Ah oui, au fait, en passant, il y a bien un bâtard à accepter, mais on ne va pas en rajouter. A chaque jour suffit sa peine. Il avait ouvert les mains en signe de paix.
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Merci JD Amarante pour la banniere et l'avatar