Soeli
Assise sur un tabouret face au miroir, Soeli se peignait sa longue chevelure avec une patience à faire pâlir de jalousie tous ceux qui en ont fait vu. Impossible cependant, de retenir les bâillements qui, du plus profond d'elle même, surgissaient et la forçent à ouvrir sa bouche de manière démesurée tout en émettant un bruit assimilable à un aboiement de chien. La nuit avait été longue, et le sommeil difficile à trouver, surtout après lecture de la lettre de sa Dame, la Dame de Sapois. En parlant de lettre, le bougre du Comte, l'avait reçue depuis plusieurs jours, et n'avait pas jugé utile de la lui transmettre tout de suite. Pire encore, il avait pris soin de la lire avant de la lui donner! Quel manque d'éducation tout de même! Elle n'avait pas eu envie de discuter de ce léger détail avec lui la veille au soir, ne voulant pas trop s'attarder, lorsqu'elle eut compris, qu'il se trouvait nu... Rien qu'à l'évocation de ce fait, les joues de Soeli c'étaient empourprées. Dans le couloir, un peu plus loin, des bruits de conversation. Décidemment, il n'était pas possible d'avoir un moment de tranquillité dans cette auberge, une nouvelle porte qui claque, suivie de pas et d'une voix Comtale qui s'exalte. La Demoiselle, finit tranquillement son chignon avant de se lever, de lisser ses jupons, comme la Dame le lui avait appris, afin de se rendre à l'endroit même d'où semblaient provenir les voix. Arrivant alors que le Comte finissait son discours, et que l'autre lui répondait, elle avait choisi de rester un peu en retrait pour écouter ce qui ce disait. D'où elle était, on pouvait sans doutes l'apercevoir, ce qui était sûr, c'est que elle, elle avait une vue imprenable sur les deux jeune gens et Jontas. C'est avec soin qu'elle avait détaillé l'homme qu'elle ne connaissait pas, du moins, aussi bien que ses yeux le lui avaient permis, il lui avait semblé jeune, il devait avoir à peu près son âge, des vêtements convenables et une attitude de "méchant garçon" qui avait provoqué, chez la jeune femme, un sourire. Mais qu'est-ce qui pouvait bien attiser la colère du Comte? Curieuse par nature, elle avait décidé de ne pas se mêler de suite à la conversation, mais avoir, tout de même, le loisir de ne pas en perdre une miette.