Kheldar
Eddard tournait en rond dans sa demeure tournaisienne. Il s'était rendu chez Rosa mais n'y avait trouvé qu'une porte close, et songeant qu'elle s'était enfermé pour être seule, il avait alors appliqué un raisonnement propre à lui même. Une porte n'était qu'une porte, il avait largement de quoi la faire réparer ou même lui en offrir une toute neuve une fois son méfait commit.
Une fois à l'intérieur, le colosse fut surpris de ne pas trouver son épouse dans le lit où il l'avait déposé avant de quitter la pièce pour ne pas ajouter à son mal par sa simple présence.
C'est fou comme quelques mots prononcés à la personne que l'on aime peuvent donner un nouveau sens au mot souffrance. Plus efficace que le tranchant d'acier d'une lame. Et efficace, Eddard l'avait hélas été, voulant se soulager d'un poids en avouant à son épouse l'inavouable. Maintenant il devait réparer les pots cassés, mais sans Rosa à proximité c'était compromis. Seulement c'était vital, l'angoisse était telle qu'il devait la voir, quitte à la réveiller pour lui parler. Même si elle ne daignait pas répondre il parlerait, sans s'arrêter, juste pour être avec elle.
Elle n'était sans doute pas rentrée à Wodecq, pas avec le mal qu'il lui avait fait. La Motte au Bois était le seul choix possible, c'était le fief le plus proche d'ici. Eddard se hâta de sceller sa monture, mais lorsqu'il grimpât sur le destrier, il blêmit, réalisant que sa blessure ne tiendrait pas le trajet s'il chevauchait rapidement. Maudissant à nouveau son excès de confiance qui lui avait valu cette blessure, il ne renonça pas pour autant et entreprit de mener sa monture au trot. Deux paires d'heures furent nécessaires pour rallier la motte au bois, et c'est au bord de l'épuisement et le visage pâle comme un linge qu'il mit pied à terre, se dirigeant en traînant la patte vers la grande porte où se tenait...
Athus, ouvrez moi je dois voir Rosa.
Au regard navré du Capitaine de la garde de son épouse, il sut à quoi s'en tenir. L'air gêné mais ferme, celui ci répondit au Comte.
Navré Votre Grandeur mais nous avons des ordres.
L'air las, Eddard vrilla son regard gris acier dans celui d'Athus, qui soutint son regard sans faillir.
Je dois la voir, et je la verrais, dussé je vous écarter de mon chemin.
C'était sans compter sur les deux autres gardes qui, en entendant le Comte menacer leur capitaine, se hâtèrent de rejoindre la scène pour prêter main forte.
Le colosse posa la main sur la garde de son épée, aussitôt imité par les gardes qui réagirent promptement.
Votre grandeur, ne nous forcez pas à cela je vous prie, vous n'êtes pas en état et vous savez que nous ferons notre travail!
L'ancien mercenaire jaugea brièvement le capitaine du regard, et relâcha lentement la garde de son épée pour ensuite tourner les talons. Il avait beaucoup de mal à réfléchir à cause de la tempête qui faisait rage dans sa tête, mais il arrivait encore à calculer ses chances Seul contre trois alors qu'il était épuisé et blessé? Il n'en avait aucune. Peinant à escalader sa monture, il s'éloigna sans entendre le soupire de soulagement poussé par Athus. Ils avaient frôlé le drame.
Il n'était toutefois pas homme à renoncer. Si la force ne lui permettait pas, cette fois de parvenir à ses fins, il s'y prendrait autrement. Le cheval fut attaché à quelques deux cent pas de la demeure conjugale et le consort, qui connaissait désormais le château, en fit le tour aussi rapidement que lui permettait son flanc meurtri, c'est à dire très lentement. L'effort allait être conséquent, coûteux en énergie et peut être même fatal, mais Eddard n'en était plus à penser, il devait la voir.
Calant son pied contre le mur de pierre, à environ cinq mètres en dessous de la fenêtre de la chambre de Rosa, il entreprit d'escalader le mur. A mi hauteur, le bandage était rouge de sang, la plaie ne supportant pas l'effort qu'il demandait à son corps, et bien vite la sueur perla le front du colosse qui, pourtant, continuait son ascension. Harassé par la tâche, il parvint à poser une première main sur le rebord de la fenêtre, puis entreprit de se hisser à la force de ses bras. Ce ne fut fait qu'à grand peine et lorsqu'il y parvint, il n'eut alors plus la force de se maintenir. Il frappa deux fois sur la baie vitrée, et perdant l'équilibre tomba dans le vide. L'impact lui arracha un hoquet de douleur et si les buissons amortirent quelques peu le choc, le corps était bien trop faible et rapidement, Eddard sombra dans l'inconscience.
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Une fois à l'intérieur, le colosse fut surpris de ne pas trouver son épouse dans le lit où il l'avait déposé avant de quitter la pièce pour ne pas ajouter à son mal par sa simple présence.
C'est fou comme quelques mots prononcés à la personne que l'on aime peuvent donner un nouveau sens au mot souffrance. Plus efficace que le tranchant d'acier d'une lame. Et efficace, Eddard l'avait hélas été, voulant se soulager d'un poids en avouant à son épouse l'inavouable. Maintenant il devait réparer les pots cassés, mais sans Rosa à proximité c'était compromis. Seulement c'était vital, l'angoisse était telle qu'il devait la voir, quitte à la réveiller pour lui parler. Même si elle ne daignait pas répondre il parlerait, sans s'arrêter, juste pour être avec elle.
Elle n'était sans doute pas rentrée à Wodecq, pas avec le mal qu'il lui avait fait. La Motte au Bois était le seul choix possible, c'était le fief le plus proche d'ici. Eddard se hâta de sceller sa monture, mais lorsqu'il grimpât sur le destrier, il blêmit, réalisant que sa blessure ne tiendrait pas le trajet s'il chevauchait rapidement. Maudissant à nouveau son excès de confiance qui lui avait valu cette blessure, il ne renonça pas pour autant et entreprit de mener sa monture au trot. Deux paires d'heures furent nécessaires pour rallier la motte au bois, et c'est au bord de l'épuisement et le visage pâle comme un linge qu'il mit pied à terre, se dirigeant en traînant la patte vers la grande porte où se tenait...
Athus, ouvrez moi je dois voir Rosa.
Au regard navré du Capitaine de la garde de son épouse, il sut à quoi s'en tenir. L'air gêné mais ferme, celui ci répondit au Comte.
Navré Votre Grandeur mais nous avons des ordres.
L'air las, Eddard vrilla son regard gris acier dans celui d'Athus, qui soutint son regard sans faillir.
Je dois la voir, et je la verrais, dussé je vous écarter de mon chemin.
C'était sans compter sur les deux autres gardes qui, en entendant le Comte menacer leur capitaine, se hâtèrent de rejoindre la scène pour prêter main forte.
Le colosse posa la main sur la garde de son épée, aussitôt imité par les gardes qui réagirent promptement.
Votre grandeur, ne nous forcez pas à cela je vous prie, vous n'êtes pas en état et vous savez que nous ferons notre travail!
L'ancien mercenaire jaugea brièvement le capitaine du regard, et relâcha lentement la garde de son épée pour ensuite tourner les talons. Il avait beaucoup de mal à réfléchir à cause de la tempête qui faisait rage dans sa tête, mais il arrivait encore à calculer ses chances Seul contre trois alors qu'il était épuisé et blessé? Il n'en avait aucune. Peinant à escalader sa monture, il s'éloigna sans entendre le soupire de soulagement poussé par Athus. Ils avaient frôlé le drame.
Il n'était toutefois pas homme à renoncer. Si la force ne lui permettait pas, cette fois de parvenir à ses fins, il s'y prendrait autrement. Le cheval fut attaché à quelques deux cent pas de la demeure conjugale et le consort, qui connaissait désormais le château, en fit le tour aussi rapidement que lui permettait son flanc meurtri, c'est à dire très lentement. L'effort allait être conséquent, coûteux en énergie et peut être même fatal, mais Eddard n'en était plus à penser, il devait la voir.
Calant son pied contre le mur de pierre, à environ cinq mètres en dessous de la fenêtre de la chambre de Rosa, il entreprit d'escalader le mur. A mi hauteur, le bandage était rouge de sang, la plaie ne supportant pas l'effort qu'il demandait à son corps, et bien vite la sueur perla le front du colosse qui, pourtant, continuait son ascension. Harassé par la tâche, il parvint à poser une première main sur le rebord de la fenêtre, puis entreprit de se hisser à la force de ses bras. Ce ne fut fait qu'à grand peine et lorsqu'il y parvint, il n'eut alors plus la force de se maintenir. Il frappa deux fois sur la baie vitrée, et perdant l'équilibre tomba dans le vide. L'impact lui arracha un hoquet de douleur et si les buissons amortirent quelques peu le choc, le corps était bien trop faible et rapidement, Eddard sombra dans l'inconscience.
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