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[RP] Une de Walburghe en vadrouille

Elenwe
[Une nuit, un couvent dans les tréfonds de la forêt ardennaise]

La couverture tirée jusqu’aux oreilles et ses sens en éveil, Elenwë attendait le moment propice. Des quatre coins du dortoir montaient de légers ronflements. Tout semblait calme et endormi, assez pour ne plus hésiter et passer à l’action.
La peur commençait à l’étreindre, son cœur à battre à tout rompre et sa respiration à devenir difficile. Si une Sœur l’attrapait, elle risquait gros ! Mais en restant ici, c’est sa vie qui était en jeu ! Non pas que les Nonnes la traitaient mal…et elle avait même réussi à se faire des amies.
Mais entre les levées à l’aurore, les cours intensifs sur la religion, sur le métier d’épouse parfaite et tout le tralala propre aux jeunes filles de bonne famille, elle n’en pouvait plus !! Puis il y avait eu cette histoire, goutte de trop à cause de laquelle le vase avait débordé…Une petite moquerie sur la Mère Supérieure lui avait valu de se retrouver pendant 48 h dans une toute petite pièce, seule… « Expie ta faute et tu retrouveras la lumière ! », voilà ce qu’on lui avait dit en l’enfermant là…Mais c’était plutôt à un plan d’évasion qu’elle avait réfléchi !

Et ce soir, enfin, c’était LE grand soir ! Celui du début de sa vie libre !

Elenwë glissa doucement et le plus silencieusement possible de son lit. Une fois au sol, à 4 pattes, elle écouta encore une fois les bruits environnants. Mis à part quelques vieux lits qui grinçaient, personne n’avait l’air réveillé. Elle récupéra ses chausses et sa cape cachée sous le lit, les enfila à la hâte, se releva, resta un instant immobile, puis commença à marcher. Le parquet était vieux mais par habitude, la jeune fille connaissait les lattes à éviter.

Arrivée devant la petite porte, elle déglutit puis posa sa main sur la poignée. Très lentement, son pouce appuya sur le loquet et au bout d’un temps qui lui parut terriblement long, Elenwë se retrouva enfin dehors, face au cloitre. La porte d’entrée était sûrement fermée, aussi ses pas la menèrent dans l’aile opposée où se trouvait un passage permettant de se rendre au jardin. Là, il ne lui resterait plus qu’à escalader le mur. Habillée comme elle l’était, en chemise de nuit et avec une cape sur les épaules, l’opération s’annonçait difficile, mais comme le disait le vieil adage : qui ne tente rien n’a rien ! Alors, elle tenta ! La liberté valait bien un bout de tissu arraché !

En arrivant de l’autre côté du mur, Elenwë se contenta dans un premier temps de s’y adosser, de fermer les yeux et d’écouter les bruits de la nature environnante. Elle se sentit revivre, presque enivrée. Son palpitant galopait désormais, heureux, ému. La brune leva les yeux et contempla un instant la lune, lumineuse et arrondie. Sa route ne se ferait au moins pas dans l’obscurité, c’était plutôt une bonne chose.

Au couvent, Elenwë avait déniché une vieille carte du Royaume et après étude de celle-ci, la direction à prendre pour rallier la Normandie ne lui était plus inconnue. Car à Lisieux se trouvait son frère Gaugericus. Son frère qui risquait de ne pas être très heureux de la savoir en fuite…
Elenwe
[Aux premières lueurs du jour, quelque part dans la forêt ardennaise]

La lune ronde et bienveillante lui avait ouvert le chemin de sa liberté. Bientôt, cet astre serait remplacé par une étoile encore bien plus brillante et source de vie : le soleil. La lumière des étoiles s’affaiblissait au fur et à mesure que la luminosité grandissait, poussant la forêt à se réveiller doucement. Au milieu de ce renouveau si exceptionnellement ordinaire, Elenwë marchait d’un pas rapide, évitant ça et là les racines, arbrisseaux et autres dangers dressaient sur son passage. Se retrouver les 4 fers en l’air pour son premier jour hors du couvent, il n’en était pas question !

La faim lui tenaillait le ventre et la jeune fille ne pouvait s’empêcher de s’imaginer devant un bol de lait accompagné d’un bout de pain…Elle avait tout prévu sauf ça…Et telle une cigale à la bise venue, elle se trouvait fort dépourvue…Pour l’heure, il lui fallait continuer un peu à avancer et peut-être qu’un village se trouverait sur sa route. Elle pourrait alors chaparder un peu de nourriture…Les Sœurs et leur éducation venaient de reculer un peu plus dans l’esprit d’Elenwë. Et puis, trouver d’autres habits lui paraissait aussi une très bonne idée. Parce que se balader en chemise de nuit, même sous une cape, ce n’était guère seyant. Ca pouvait aussi s’avérer dangereux…Les brigands étaient monnaie courante dans le coin et il ne faisait pas bon être une jeune pucelle en habit de nuit au milieu de la forêt.

A son cou, un pendentif battait le rythme à chacun de ses pas. Pour l’empêcher de bringballer, la brunette referma ses doigts dessus. Ce pendant n’était pas unique, il en existait 3 identiques au sien. Ils marquaient pour ceux qui les possédaient leur appartenance à la famille De Walburghe, vieille lignée de la Noblesse Ardennaise…

Elenwë était la cadette de 3 enfants. Jusqu’à ses 8 ans, sa vie n’avait été que joie et insouciance. Elle avait grandi entourée de son frère Gaugericus et de ses deux parents.

De sa sœur ainée Elemire, elle ne connaissait pas grand-chose. Celle-ci était partie de la maison familiale quelques années avant qu’Elenwë ne naisse et lorsqu’elle avait eu l’âge de comprendre et de poser des questions, personne n’avait voulu lui expliquer ce qui c’était passé bien des années plus tôt...Personne, sauf Gaugericus : Elemire avait fui pour rejoindre à Marseille celui qui faisait battre son cœur et ensemble, ils avaient eu deux enfants, Salim et Maywenn.

Son petit monde s'écroula en partie lorsque leur mère mourut de la phtisie, suivie quelques temps plus tard par leur père, trop triste pour continuer à vivre sans sa femme. Gaugericus s'occupa alors de sa jeune sœur du mieux qu'il le put et Elemire revint vers eux. Elenwë, à force d'entendre des horreurs sur elle, eut quelques réticences à la voir reprendre son rôle. Mais elles ne se virent guère, l'une habitant trop loin des deux autres.

Un ou deux ans après ces retrouvailles, Elemire mourut assassinée par son mari, pirate et homme sans foi ni loi. Peu de temps avant ce terrible drame, elle avait demandé à Gaugericus de venir la rejoindre à Marseille pour l'aider à s'enfuir avec ses enfants. Celui-ci, ne voulant pas trimballer avec lui Elenwë, l'avait confié, moyennant finance, à un couvent en lui promettant de vite revenir la chercher. Sauf que rien ne se passa comme prévu et Gaugericus manqua passer de vie à trépas. Et sa mémoire se vida...Les images de sa jeune sœur disparurent dans les méandres de son esprit...

La jeune Elenwë grandit donc, entourée de Nonnes, triste, déçue et un brin contrariée de ne plus avoir de nouvelles de sa famille ! Entre une sœur qui s'était comportée comme une trainée et un frère qui l'avait abandonné, la pauvre enfant commença à nourrir de la rancœur à leur encontre ! Et lorsqu'enfin Gaugericus se souvint d'elle, il décida de la laisser encore 2 années au couvent, le temps que son éducation fût terminée.

Elenwë apprit à ce moment là qu’Emeline était décédée et elle n'en fut pas plus attristée que ça...Après tout, elle en était là par sa faute...

De son neveu et de sa nièce elle ne savait presque rien. Elle avait bien commencé à échanger quelques courriers avec May depuis environ 1 an et demi, mais leur rapport se limitait à ça. Elenwë ne pouvait s'empêcher de se demander si la fille était comme la mère...une trainée. Quoi qu'il en soit elle comptait apprendre à mieux la connaitre. Ainsi, avant de filer à Lisieux, un arrêt à Orléans s’imposait, ville dans laquelle sa nièce habitait avec son mari.

Toujours dans les bois, cachée à la vue de tous, Elenwë stoppa net et huma l’air alentour. Pas de doute…l’odeur était bien celle de miches de pain en train de cuire…Elle approchait sûrement d’un village, enfin ! D’un geste de la main, elle releva sa capuche et continua à avancer. Bientôt, son estomac allait se remplir et cette nouvelle la remplissait littéralement de joie. Restait juste à être discrète et à ne pas se faire prendre…Car le gibet ne l’attirait pas spécialement...
Elenwe
[Derrière un gros buisson près d'une rivière, quelque part en Artois]

La pomme à moitié mangée tomba au sol puis continua sa course sur quelques centimètres. L’homme, après avoir enlevé sa chemise, commençait à défaire sa ceinture…Ceinture qui tenait ses braies…Braies qui cachaient…Elenwë plaqua sa main droite sur ses yeux. Elle ne pouvait pas, elle n’avait pas le droit mais cette fichue curiosité la taraudait tant que l’auriculaire se détacha doucement du majeur. Il lui fallait voir, histoire de ne pas mourir bête. Car qui sait ce que lui réservait le destin. Vivante là ici maintenant mais peut-être raide morte l’heure d’après.

Par le trou ainsi fait, elle n’en perdit pas une miette. Lorsqu’enfin l’inconnu laissa glisser son pantalon le long de ses jambes, les joues de la jeune femme s’embrasèrent sans qu’elle ne puisse rien contrôler. Son œillère improvisée se referma aussi sec. Son cœur cognait tellement fort qu’un instant elle eut presque peur que l’homme l’entende. Du calme, ça ne servait à rien de s’emballer. Sa respiration se fit alors plus forcée, plus trainante en longueur. L’émotion, le trouble qu’elle ressentait, ne devaient surtout pas prendre le dessus. Sa main droite quitta alors son visage pour venir se placer le long de son corps. Et elle reprit son observation. Il était rentré dans la rivière et quelque part elle se sentit sauvée. Son instruction de femme pieuse, farouche et tout le saint-frusquin avait repris le dessus.

D’ailleurs, c’est à ce moment-là qu’une voix résonna dans sa tête…celle de Sœur Marie-Sophie…


N’as-tu donc point mon honte mon enfant ? Sais-tu que ce que tu as fait mériterait de t’envoyer tout droit en enfer ? Parce que tu le sais, seul ton mari nu tu dois voir. LUI, seulement et uniquement LUI !!!!

Il ne s’est pas retourné je vous signale.

La folie la gagnait, voilà qu’elle parlait toute seule désormais…

Mécréante ! Blasphématrice ! Une fesse est une fesse ! Et là tu en as vu deux en plus !! Je ne donne pas cher de ton âme !

Pas de ma faute si j’étais là au moment où il a eu une envie pressante de prendre un bain…

Tais-toi, tu n’es qu’une possédée ! Une impie ! Les limbes t’attendent !

Je croyais que c’était l’enfer… J’ai remonté d’un cran, c’est bien. Bon chut, repars d’où tu viens, je suis occupée là.

Occupée à te repentir, j'espère !

Ça se pourrait…

Les habits gisaient au sol quelques mètres devant elle. Leur propriétaire, le dos tourné, s’évertuait à se frotter le corps pour y détacher la crasse. Maintenant que la tempête qui avait traversé son esprit et son corps s’était assagie, il était temps de repenser sérieusement aux vraies raisons de sa présence ici : voler les vêtements le plus discrètement possible !

Elle défit sa cape, sortit du fourrée qui lui servait de cachette et s’avança doucement vers l’objet de toute son attention. Se dépêcher oui, mais lentement et le plus silencieusement possible. Tout son être était sur le qui vivre : Ses pieds essayaient chaque pierre avant de finir par s’y poser, et ses yeux traquaient la moindre branche.

Ce qu’elle n’avait pas prévu, c’est que l’homme se retournerait…Elle s’arrêta net et resta immobile un instant, telle une statue de marbre. Puis elle se sentit obligée de dire quelque chose.


Heu…Bonjour…

Ils se regardèrent tout d’abord, surtout lui, interloqué.

Qui es-tu ? Que veux-tu ? Je ne t’ai jamais vu dans le coin.

Heu…je…

Tu m’espionnais ? En train de me laver ?

Elenwë essaya de ne pas montrer sa gêne.

Pas du tout ! Vous vous méprenez !

Ah oui ?

Et voilà que l’individu commença à se mouvoir, dans sa direction. Au fur et à mesure de ses pas, la hauteur d’eau cachant sa nudité diminuait. Lorsque la jeune fille s’en aperçut, son sang ne fit qu’un tour. Elle se jeta sur les braies et la chemise, les attrapa, se retourna et partit en courant trouver refuge dans la foret.

Héééé mais … !!! Où tu vas ??!! Reviens !!!!

Et il s’élança à sa poursuite. Mais capitula bien vite…Les bois, sans chausses, pouvaient s’avérer très épineux…

Elenwë continua à courir pendant un petit moment. N’en pouvant plus, son corps la contraignit à stopper sa course. Elle s’appuya alors contre un tronc et tenta de reprendre son souffle. Pas de bruit autre que son souffle et son palpitant battant à tout rompre. Il n’était apparemment plus derrière elle. Elle se laissa tomber au sol.


Bien fait, enfant du Sans Nom !

Ferme-là toi !!!

Dis donc, c’est moi où il y a un cadavre en décomposition dans le coin ?

Pas un cadavre, non…juste des vêtements sales puant la sueur masculine, la saleté et sûrement tout un tas d’autres choses qu’il valait mieux ignorer.
Le nez d’Elenwë se retroussa, submergé "olfactivement" par tant d’horribles odeurs mélangées. Ces tissus n’avaient apparemment pas vu souvent le savon ou la cendre.


Bon, je crois qu’un bon bain dans la rivière pour moi et pour eux s’impose…
--Mere_superieure
[3ème jour de la disparition
Couvent au tréfonds de la forêt Ardennaise, bureau situé à côté du Réfectoire]


La porte s’ouvrit à la volée et une Sœur, essoufflée et presque en transe, entra dans le bureau de la Mère Supérieure. Cette dernière sursauta d’ailleurs de surprise et émis un grognement de désapprobation.

Ma Mère !

Frapper, vous connaissez ? Toc toc ! Ouiiii qui est-là ? Entrezzzz ! , bougonna sa Supérieure.

La nouvelle entrante baissa la tête, honteuse.


Ma Mère…Veuillez m’excuser…Dans la précipitation…

Oui oui, bon… et elle fit un geste vague de la main, comme pour lui dire de continuer.

Nous…ne l’avons pas trouvée. Pourtant je vous jure que nous l’avons cherchée de partout. Sœur Emmanuelle est même allée jusqu’au village le plus proche. Mais personne ne l’avait vu…Je ne comprends pas Ma Mère…

Mmh…Sœur Rosa, vous le savez l’échec n’est pas permis. Et arrêtez de jurer, combien de fois devrais-je vous le dire ?! C’est mal ! Bon… Laissez-moi seule, j’ai un courrier à écrire. Et fermez bien la porte derrière vous.

La Sœur tourna les talons et sortit sans demander son reste. Quand la Mère Supérieure était en colère, il ne valait mieux pas la contrarier plus. A bien y réfléchir…c’était son habituel trait de caractère, la mauvaise humeur…

La religieuse, gardienne du Couvent, lança un regard glacial en direction de la porte en train de se refermer. Les doigts de sa main droite, machinalement, martelèrent alors pendant quelques instants la surface supérieure du secrétaire devant elle. La situation n’était pas désespérée, elle était juste catastrophique ! Qu’est ce qui avait bien pu prendre à cette écervelée ? Il lui restait 3 mois "à tirer", pourquoi s’enfuir maintenant ? Si ça savait…la réputation du Couvent allait en pâtir !


C’est bien la peine que je me décarcasse le ménéné à trouver des Damoiselles de bonne famille…Celle-là, le jour où j’ai accepté de la prendre…

Il faut bien avouer que le frère, Gaugericus, lui avait laissé une somme non négligeable. Ce qui avait grandement aidé à l’admission de l’enfant.

La mère Supérieure sortit un vélin d’un tiroir, l’aplanit longuement, réfléchissant aux mots qu’elle allait y coucher dessus. Puis elle trempa la pointe de la plume dans l’encre et commença sa page d’écriture.


Citation:
Mon cher Ami,


Oui, c’était parfait comme entrée en matière. Chaleureux, juste comme il faut. Elle ne voulait pas faire dans le tragique, pas tout de suite…

Citation:
Si je me permets de vous écrire, c’est pour vous annoncer la disparition de votre sœur.


Voilà, la partie délicate commençait. Un bref instant, elle imagina Elenwë en train de sécher au fond d’un fossé. Elle n’aimait pas dire du mal mais là franchement…Elle balaya cette pensée aussitôt et se promit de faire repentance.

Citation:
Par « disparition » j’entends sa fuite du couvent. Voilà trois jours que nous la cherchons sans relâche. Malheureusement, elle est introuvable…

Bien à vous,

Sœur Adeline, Mère Supérieure


Elle relut se prose. Tout y était clair, net et précis. Peut-être un peu court, mais que dire d’autre ?

Il ne manquait plus qu’à l’envoyer à Lisieux.
Gaugericus
Un pigeon venait d'arriver chez Gaug

Rourourou

Et bien il a de la voix ce volatile

Gaug prit le message et le déroula pour le lire


Citation:
Mon cher Ami,


Si je me permets de vous écrire, c’est pour vous annoncer la disparition de votre sœur.


Par « disparition » j’entends sa fuite du couvent. Voilà trois jours que nous la cherchons sans relâche. Malheureusement, elle est introuvable…

Bien à vous,

Sœur Adeline, Mère Supérieure


Crénom

Gaug sentit la colère monter en lui, il se rua à son bureau, prît une plume la trempa dans l'encre et commença son message.





Très chère Mère,

C'est avec colère que je vous écris

Vous m'aviez habitué à de la rigueur et à un sérieux de tous les instants.

Et là, c'est du grand n'importe quoi

Ma sœur vient de s'éclipser de votre couvent, non seulement vous auriez dû m'avertir directement mais en plus votre courrier aurait dû être plus explicite et surtout circonstancié.

Je vous ai confié ma sœur pour que vous lui donniez la meilleure éducation possible vu que ma famille n'était plus en mesure de s'en charger.

Je pense que la bourse que je vous fais parvenir chaque année est suffisamment grosse pour que votre couvent s'occupe correctement de ma sœur.

Je vous invite à prendre contacts avec votre prévôt pour lancer des recherches sérieuses.

J'attends de vos nouvelles dans les meilleurs délais.


Sachez ma mère que je ne vous félicite pas.



Gaug sécha l'encre enroula le parchemin qu'il attacha à la patte du pigeon

Allez vole maudit volatile et ne revient qu'avec des bonnes nouvelles
_________________
--Mere_superieure
[4ème jour de la disparition
Couvent au tréfonds de la forêt Ardennaise, bureau situé à côté du Réfectoire]


Les doigts de la Mère Supérieure glissèrent le long de son nez. Une fois arrivés au bout, elle les replaça à la racine de celui-ci et recommença sa descente nasale. Elle ne savait pas pourquoi, et à la réflexion s'en fichait un peu de le savoir, mais ce geste l'apaisait. Et après avoir lu la missive envoyée par Gaugericus, elle avait grand besoin de se relâcher.

En soit, elle ne le blâmait pas, ce qu'il avait écrit était vrai. Sa mission avait été d'éduquer l'enfant, d'en faire une jeune femme respectueuse, instruite un minimum et prête à marier et elle avait lamentablement échoué. En 30 ans de "carrière", jamais chose pareille n'était arrivée ! Une certitude à ses yeux : la mauvaise graine était plantée bien avant qu'Elenwë arrive au couvent. Il fallait bien que la religieuse essaie de se rassurer par tous les moyens...

Une fois ses deux mains posées à plat sur son bureau, elle renifla un grand coup et ferma les yeux. Le Très-Haut devait lui venir en aide afin de solutionner au mieux cette histoire.
Après quelques minutes de silence, elle entreprit de répondre au courrier.


Citation:
Mon fils,

Je comprends votre colère et votre désarroi. Sachez que retrouver votre sœur est une de mes priorités, ainsi que pour toutes les Sœurs du couvent. J'ai bien entendu déjà prévenu le Prévôt.


Un petit mensonge valait parfois mieux qu'une grande vérité...De toute façon, elle comptait le faire...bientôt. Si ça s'ébruitait, les conséquences risquaient d'être néfastes pour "son établissement". Mais là elle était au pied du mur...

Citation:
Il m'a promis d'envoyer une partie de ses hommes à sa recherche. C'est un homme pieux et de parole, je sais qu'il fera le nécessaire.

Si mon précédent message n'était certes pas très long, c'est que je n'en savais pas plus sur cette mystérieuse disparition. Le soir elle était couchée dans son lit, comme habituellement, et le lendemain elle n'y était plus...Aucune porte, aucune fenêtre n'a été forcée ou abimée...Il semblerait que votre sœur ait escaladé le mur du jardin, donnant sur un petit chemin.

J'ai, bien entendu, interrogé moi-même chaque jeune fille mais Elenwë n'avait mis personne dans la confidence...

Il se peut qu'elle vous contacte, vous ou quelqu'un d'autre de votre famille. Tenez-moi au courant, tout comme je le ferai si j'en apprends plus.

Je tiens personnellement à vous présenter mes excuses, car j'ai failli...

Que Le Très Haut vous garde.

Sœur Adeline, Mère Supérieure


Pour que l'encre sèche plus rapidement, elle prit un peu de sable dans une boite et en saupoudra le parchemin. Au bout de quelques instants, elle souffla dessus pour en faire partir les tous petits grains.

Bon, au prévôt maintenant...

Citation:
Sœur Adeline, Mère Supérieure du Couvent du Mont-Bleu
Couvent du Mont-Bleu, le 15 septembre de l'An de Grâce 1461
A Messire Gonzague De Montlaurin, Prévôt des Maréchaux

Messire,

Une de nos jeunes filles est portée disparue depuis maintenant 4 jours. Nous l'avons bien entendu cherchée partout mais sans résultat. Vous serait-il possible de faire le nécessaire afin de la retrouver au plus vite.

Je crains pour sa vie et je prie pour qu'il ne soit pas déjà trop tard.

Que le Très-Haut vous garde,

Sœur Adeline, Mère Supérieure
Elenwe
[4ème jour de la disparition, côté Elenwë, 1ère partie]

Une ville !

Une ville pleine à craquer, sorte de fourmilière géante : des centaines de personnes allaient et venaient, certaines n’hésitant pas à en pousser d’autres pour passer, des charrettes plantées en plein milieu du passage, des carrosses traçants tout droit quitte à renverser des passants, des animaux errants ou pas, du foin et de la poussière voletants au gré du vent, des flaques d’eau viciée ça et là...Et mélangés à tout ça, des cris, des insultes, des rires aussi parfois...

Une ville dans toute sa splendeur !

Sauvée, elle était sauvée. Du moins l’espérait-elle… Elenwë avait quitté la forêt quelques heures plus tôt et avait décidé de suivre les routes empruntées par le commun des mortels. Après la fâcheuse aventure de la veille, la jeune femme se pensait finalement plus en sécurité ici que dans les bois, truffés de dangers. Des baies, rouges et à l’apparence juteuse, avait eu raison de la bonne santé de la fuyarde. Sa nuit n’avait été que vomissement, douleurs abdominales et « transit accéléré ». Au petit matin, faible, blanche et mal en point, elle avait tout de même réussi à se remettre en marche. Oui, sa confiance en la forêt avait foutu le camp, un peu comme le contenu de son estomac…

Au moins ici, si elle rendait l’âme, peut-être que quelqu’un la ramasserait. Et même si ça n’était pas le cas, elle ne mourait pas seule, au fin fond d’un bois, à moitié boulottée par les renards et autres bestiaux. Non, en ville c’était la fosse commune qui la guettait, ce qui n’était au final pas des plus réjouissants…

Elle se laissa emporter un moment par le flux continu de la foule et s’en détacha lorsqu’elle aperçut le marché. Les odeurs multiples et variées ne l’attiraient pas spécialement mais manger lui était vital…même si elle n’était pas sûre de pouvoir garder ce qu’elle allait ingérer…Après un rapide passage au travers des étals, Elenwë préféra finalement continuer son chemin, le cœur au bord des lèvres. La vue des fruits, viandes et autres aliments lui était insupportable ! Elle s’enfonça encore un peu plus dans la ville, sans vraiment savoir ce qu’elle cherchait. Au bout d’une dizaine de mètre, n’y tenant plus, elle s’arrêta et appuya sa main contre un mur crasseux. La tête légèrement penchée, elle essaya de penser à autre chose qu’à cette terrible envie de rendre tripes et boyaux. En plus, elle n’avait plus rien à évacuer de solide, juste de la bile…


Hé ! Tu fiches quoi toi contre MON mur ? Tire-toi !

Péniblement la tête de la malade se releva et apparût dans son champ de vision une femme, à l’apparence hideuse. Une vieille robe aux couleurs passées lui descendait jusqu’aux pieds. Elenwë nota que son visage émacié, encadré par une chevelure en bataille, était d’une saleté repoussante et des chicots remplaçaient ses dents de devant.

Votre…mur… ? articula avec peine Elenwë.

Ouais MON mur ! Arrête de jouer au plus fine avec moi, t’as très bien compris. Allez tire-toi, tu me gâches ma clientèle là.
Elenwe
Sa clientèle ? Mais de quoi, de qui parlait-elle donc ? La brunette ne put s’empêcher de la fixer, essayant de comprendre son charabia. Ce qui ne plut pas du tout à la fille de joie, qui se rapprocha un peu plus d’elle. C’est à ce moment que l’estomac d’Elenwë se contracta horriblement et un liquide jaune-verdâtre se déversa sur les chausses de la vieille crasseuse. Heureusement, le rejet ne fut que minime, mais même minime, il contraria fortement la prostituée qui prit cela comme un outrage. Son poing se serra alors, son bras se leva, prêt à frapper. Alors qu’il allait s’abattre sur le visage de la jeune femme en face d’elle, quelque chose…une main sortie de nulle part…l’en empêcha.

Arrêtes Rosa tu vois bien qu’elle est pas en état. Elle est malade, t’es aveugle ou quoi ? De ton mur, elle en a rien à foutre, m’est avis !

La dite Rosa, stupéfaite sur le coup, se retourna pour voir qui avait arrêté son bras vengeur. Adèle !

Fous-moi la paix et retourne dans ton bordel toi !

Mais…serait-ce de la jalousie que je ressens dans ta voix ? C’est sûr qu’il vaut mieux être comme toi, et vivre dans la merde des rues.

Moi au moins je suis libre !

Adèle esquissa un petit sourire.

Libre de crever la gueule ouverte. Tout un programme effectivement.

Puis elle attrapa la main d’Elenwë et la força à bouger.

Viens-toi. Et à bientôt Rosa, porte-toi bien…ou mal…ça m’est égal en fait.

Et la sauveuse entraina à sa suite la sauvée. Toutes deux se mirent en marche, laissant la vieille râleuse puante devant SON mur.

T’es enceinte ?

Quoi ?! Elenwë dévisagea Adèle.Non, bien sûr que non !!!! Ce sont les baies…

Y a qu’une vierge effarouchée pour répondre comme tu le fais…Son sourire se transforma en petit rire moqueur. Je te crois pour les baies. Et au fait, je me nomme Adèle, et toi ?

Elenwë.

Et tu fais quoi ici, belle Elenwë ? Seule en plus.

Je vais à Lisieux, rejoindre mon frère. Je me suis enfuie du Couvent où j’étais.

T'étais Bonne Soeur ??

Non, j'y étais pour parfaire mon éducation...Mais j'en ai eu marre et heu...

Tu remontes dans mon estime-là ! Bon écoute, je veux bien te soigner en échange de quelques petits services. Ensuite, tu pourras repartir. Tu sais...coudre ?

Oui. Et je sais aussi chanter, lire et écrire.

Mouais, à part la couture, le reste ne m’intéresse pas vraiment. Tu sais tenir un balai ?

Aussi oui.

Biennnn alors marché conclu ! Allez courage, on est bientôt arrivé. Et évite de dire que tu sors d’un couvent…ça pourrait te faire avoir des ennuis. T’as qu’à dire que t’es ma cousine tiens ! Notre chère Mère Macarelle n'y verra rien à redire que j'héberge quelques jours ma pauvre cousine venue me rendre visite.

Mère Macarelle ? c'est un peu comme une Mère Supérieure ?

Devant tant de candeur, Adèle se mordit les lèvres pour ne pas éclater de rire. Elle passa son bras droit autour du bras gauche de sa protégée et se contenta de lui sourire.

Oui, enfin, ça n'est pas tout à fait la même chose...Mais elles gèrent toutes deux un établissement oui.

Pourquoi est-ce que vous m’aidez ?

Je sais pas…Parfois j’ai des élans de générosité…T’es bien tombée, c’est tout.

C’est où chez vous ?

T’as pas entendu ce qu’a dit l’autre mocheté ? Chez moi c’est au bordel ! Hé oui, je suis une putain. Mais de luxe hein !

Les traits d'Elenwë se crispèrent un peu et sa bouche dessina un "O" d'étonnement.

Je ne sais si...

Tu ne crains rien, t'inquiète. Puis t'as pas le choix : si tu restes ici, c'est la Mort qui va te cueillir...

Dis, c’est toi qui pues comme ça ? Excuses-moi mais c’est une infection là !


Finalement, entre le bordel et le couvent, il n’y avait qu’un pas.
Elenwe
[A la découverte de la maison close d’Adèle la sauveuse, 1ère partie]

Une fois arrivée devant le lupanar, Adèle en poussa la porte d’entrée et y pénétra, suivie de près par Elenwë. Autant dehors, le bâtiment semblait austère…autant l’intérieur laissa bouche-bée la jeune fuyarde.
Un petit couloir débouchait sur une salle de moyenne dimension, où se trouvaient des fauteuils et canapés disséminés un peu partout dans la pièce. Ils paraissaient de bonne facture, même si certains semblaient usés. Des tapis fatigués recouvraient le sol.
A droite, de grandes fenêtres à la transparence douteuse et encadrées par de lourds rideaux rouges diffusaient un peu de la lumière extérieure. A gauche, deux portes se découpaient dans le mur. Et pour finir, au fond un escalier montait au premier étage.
Des tentures, accrochées à différents endroits, donnaient le ton du lieu : des femmes dans le plus simple appareil y étaient représentées.

Elenwë regardait tout ça avec intérêt. Après tout, c’était la première fois qu’elle accédait à un endroit pareil. Première et sûrement dernière fois, d’ailleurs. Parce qu’après, une vie rangée l’attendait, comme les Sœurs le lui avaient rabâché durant tant d'années. Un mari à servir au mieux, des enfants à éduquer, voilà ce qu’elle pensait que serait sa vie à venir.

Adèle lui attrapa la main, pour se rappeler à son bon souvenir.


Evite de vomir ma Belle, sinon je vais me faire tirer les oreilles.
Bon, que je te fasse visiter…Alors la pièce où nous sommes à plusieurs fonctions. C’est une sorte de grand salon. Parfois elle sert de salle d’attente, parfois de salle de réunion…Tu vois ce que je veux dire ?


Heu…non.

La prostituée regarda sa nouvelle amie et un coin de sa bouche se releva pour signifier son amusement.

Oublie, c’est pas important. Alors, la première porte, là, permet d’aller à la cuisine. Parfois on s'y retrouve toutes, pour casser la croûte. Ça nous permet de partager nos…expériences. Et puis celle de gauche mène à la salle d’eau. Là où tu ne vas pas tarder à aller d’ailleurs…Et puis au premier, tu as les chambres. Où on dort et où on travaille. La mienne c’est la troisième, enfin tu la verras tout à l’heure.

Et sans dire un mot de plus, Adèle entraîna la brunette vers la seconde porte. Avant d’y pénétrer, elle frappa deux coups et colla son oreille contre le bois.

Mmh, j’entends rien…

Elle l’entrouvrit puis passa sa tête. Aucune fille en vue en train de faire des gâteries à un homme.

Toutes deux pénétrèrent donc dans la salle des bains. Ici aussi, une grande fenêtre aux rideaux rouges sur le mur opposé laissait passer la clarté du jour. Trois grands baquets en bois trônaient en plein milieu et une cheminée se dessinait sur la paroi du fond, servant à la fois pour chauffer l’eau et l’atmosphère.


T’as de la chance, y a une baignoire encore pleine. T’as plus qu’à sauter dedans. Tout en parlant, elle laissa sa main effleurer la surface. Presque chaude en plus… Puis elle se retourna vers sa comparse Trempe-toi là dedans. Je vais aller te chercher de quoi te sécher et une de mes robes. T’es aussi fine et grande que moi, ça devrait t’aller comme un gant. Et ne traînes pas hein, des fois que d’autres aient une folle envie de venir calmer leurs ardeurs ici. T’as de quoi te laver près de la cheminée.
Après t’avoir emmené tout ça, je filerai voir ma patronne pour lui parler de toi. D’ailleurs…je suis étonnée de ne pas l’avoir vu dans le salon…Elle ne prend plus de client normalement…ou alors elle est souffrante…Bref, je reviens de suite !



[40 minutes plus tard, chambre d’Adèle au 1er étage, suite et fin]

Assise sur le lit, Elenwë, lavée et habillée de propre, attendait patiemment qu’Adèle revienne. Cette dernière était partie lui chercher un bol de soupe accompagné d’un morceau de pain.

La chambre n’était pas bien grande, impression renforcée par les meubles lourds qui en composaient le mobilier : une armoire massive, un grand lit à baldaquin avec les mêmes voilures que celles accrochées aux ouvertures vitrées, un petit bureau/coiffeuse chargé de bouteilles contenant des liquides multiples et variés et, pour finir, un fauteuil élimé.

De temps en temps arrivaient aux oreilles de la jeune femme des bruits étouffés, du genre de ceux que font deux amants lorsque leurs corps ne font plus qu’un…Elenwë, n’ayant jamais vécu la chose, ne pouvait s’empêcher de tendre l’oreille en se demandant bien ce qu’il pouvait se passer dans les chambres à côté…

La tenancière du lieu, pour qui travaillaient toutes les filles, avait accepté que la jeune fuyarde reste pour au moins une nuit. Elle avait une montagne d’habits et autres étoffes à lui faire recoudre. Une couturière gratuite et à domicile, que demandait de mieux ?

Au bout d’un temps qui lui sembla infini, Adèle apparut enfin à l’embrasure de la porte. Ses mains portaient un petit plateau avec les victuailles attendues. Elle le posa sur le lit et d’un geste de la main, invita son amie à se servir. Puis elle s’installa sur le vieux fauteuil et regarda faire Elenwë. Cette dernière hésita tout d’abord, goûta à la soupe puis finalement engloutit le bol et le pain en un rien de temps.


Dis Adèle, tu as de quoi écrire ? Parchemin, vélin, plume, encre ?

Putain de luxe je t’ai dit ! Bien sûr que j’ai tout ça, dans le tiroir du bureau. Attends, je te les prépare. Ensuite, je te ferai voir ce pourquoi tu as la permission de rester là…

D’accord. Parce qu’il faut que j’écrive à mon frère et à ma nièce…
--Mere_superieure
[Toujours 4ème jour, côté Couvent, même bureau et même Mère]

La réponse du Sieur Gonzague De Montlaurin ne se fit pas entendre. Il acceptait bien entendu de lancer des recherches, et ce sans tarder. Mais avant il lui fallait en savoir un peu plus sur la dite jeune fille. La Mère Supérieure prit donc à nouveau un vélin et commença à écrire.

Elle n'avait aucun mal à voir à quoi ressemblait Elenwë. Autant avant ça n'était qu'une élève parmi tant d'autres, autant maintenant elle hantait les rêves, cauchemars plutôt, de la Religieuse !


Citation:
Sœur Adeline, Mère Supérieure du Couvent du Mont-Bleu
Couvent du Mont-Bleu, le 15 septembre de l'An de Grâce 1461
A Messire Gonzague De Montlaurin, Prévôt des Maréchaux

Mon Fils,

Je vous remercie pour l'attention toute particulière que vous portez à mon affaire.

La jeune fille en question se nomme Elenwë De Walburghe.Elle a un frère Gaugericus qui vit à Lisieux en Normandie. Je pense tout à fait possible qu'elle essaie de s'y rendre.
Hier il n'avait pas de nouvelles d'elle et me tiendra au courant si il venait à en avoir.

La Donzelle a environ 19 ans, ses traits sont fins, ses cheveux châtains et ses yeux bleus. Elle est de composition normale, entendez par là ni grande ni petite, ni grosse ni maigre. En partant d'ici elle n'avait qu'une chemise de nuit et sûrement une cape. Mais de cela je ne suis pas sûre. Aucune de ses robes ne semble avoir disparu.

Je reste à votre disposition si d'autres questions vous assaillent.

Que Le Très Haut vous garde.

Sœur Adeline, Mère Supérieure

PS : je vous saurai gré de ne pas trop ébruiter la chose.


Elle relut sa prose et soupira, se rendant compte qu'elle venait de décrire à peu près la moitié des femmes du Royaume...

Elle sécha l'encre comme il se doit et roula la missive. D'habitude elle hélait une Sœur qui courait au pigeonnier envoyer le message, mais cette fois elle n'en fit rien. Un peu de marche lui ferait du bien...
Anna_clara
[4ème jour de la disparition d'Elenwe, Rouen, Bureau du Maire]


J'étais assise devant mon écritoire, plume à la main, compilant sans relâche les flux de marchandises transitant par la capitale Normande. Tournant en rond entre arrivage de denrées à l'utilité improbable et lettres de relance aux producteurs et artisans de tout bord, je me faisais l'impression de chercher à résoudre le problème la quadrature du cercle, au point d'en devenir chèvre. Affreusement angoissée à l'idée d'une pénurie que le nombre croissant de Rouennais partis reposer leurs cerveaux et leurs muscles fatigués auprès des religieux rendait quasi inéluctable, je calculais, répartissais, recomptais, puis d'un coup d'un seul, m'exclamai :

Bêêêêêêêêêêêêêêêêêêêêêêh !!!

Je me mis à rire, un peu nerveusement. C'est qu'il serait bentôt l'heure d'aller proposer les richesses rouennaises à la vente au CAC... Pour sûr, il n'allait pas être déçu...

Je passai mes mains sur mon visage comme pour sortir d'un mauvais rêve, puis replaçai la mèche rebelle de mon chignon pour former la coiffe impeccable que j'arborrai en toute circonstance.
On ne se morfond pas, Anna !! Me levant, je saisis ensuite les vélins et les roulai précautionneusement ensemble comme si je rangeais dans le même temps mes idées. Avant que de sortir, un coup d'oeil au miroir. Je me fis un large sourire et m'encourageai :

Alleeeeez, on y croit !!! Ils vont A-DO-RER le stock de pelures de pommes que t'as à vendre... !!

L'étoffe de ma robe bruissa dans un souffle alors que je me tournai vers la porte. Main sur la poignée, je m'apprêtais à m'élancer guillerettement dans le couloir, le pas léger et l'allure primesautière composant mon ordinaire, lorsque le martèlement d'un bec sur la croisée détourna mon attention. Ho. Vu les couleurs, c'était un pigeon de la Prévôté.

Je reposai mes vélins, et m'en fus lui ouvrir prestement. Il est des choses comme ça, qui n'attendent pas.

La fenêtre grinça un peu puis laissa entrer le visiteur, que je délivrai de sa missive et recompensai de quelques graines. Je lus, reconnaissant l'écriture de Meta :





Citation:
De : Chevalier Metabaron, Prévost des maréchaux de Normandie
A : Anna_Clara, Maire de Rouen,



Chère Anna,
Mon amie,


Je viens vers vous pour vous informer que la Prévôté Ardennaise et nous même recherchons activement une jeune fille échappée d'un couvent répondant au nom d'Elenwe de Walburghe.

Age : 19
Cheveux : Châtains
Yeux : Deux, bleus
Taille : moyenne
Corpulence : moyenne
Tenue vestimentaire : chemise de nuit, peut être une cape

Vous connaissez comme moi le niveau d'alerte concernant la présence de brigands sur le sol Normand. Il ne peut être plus élevé. Je vous remercie donc de bien vouloir veiller à faire coopérer miliciens et maréchaux afin que nous puissions la retrouver AVANT qu'elle ne fasse de mauvaise rencontre. Son frère Gaugéricus se fait un sang d'encre.

Portez vous bien.

Amitiés sincères.
Metabaron






Voix off moqueuse : Encore une saleté de gamine pourrie gâtée qui nous fait un caprice !
Moi : En même temps... Si tu crois que c'est drôle, un couvent... Et puis, tu ne sais pas... Si ça se trouve elle était maltraitée, là-bas...
Voix off haussant les épaules : Pffff, faut vraiment être inconséquente pour ne pas penser au souci qu'on peut causer en se carapatant comme ça, en douce !
Moi : *soupir* Gaug doit être fou d'inquiétude !



Je repris mes vélins, le courrier du Prévost, puis me rendis en toute hâte dans les locaux de la maréchaussée Rouennaise. Le Commandant était certainement là, à travailler avec acharnement comme à son habitude. Je frappai trois coups :

Mon frère ? Bouiboui ? C'est moi ! J'peux entrer ?


Bouibouinou
[4ème jour de la disparition d'Elenwe, Rouen, Bureau du Commandant]

Bouibouinou était dans son bureau, rangé a implacable comme toujours, il avait même remanié le placements des meubles et étagères pour gagner en places, et pour le petit pierre avait crée un coin enfants, un peu de douceur dans ce monde de brute, pensa t'il. Il avait même rajouté un grand coffre a joué et un cheval de bois.

Bouibouinou regarda son bureau nettoyer comme tout que l'on pouvait voir le reflet du commandant dans celui-ci, tout les papiers était archivés. Sur son bureau un dessin de petit pierre, un caillou en guise de cadeau, une pile de documents et autres défié notre commandant depuis des jours

Notre commandant était assis derrière son bureau a classer la pile de documents il voyait enfin la fin de cette dernière et signer les document de sa plume proprement.

Bouibouinou ne porté plus ces gants de cuir et ces mains allez mieux sa sœur serait contente pensa t'il, son coté maniaque fou du ménage été un peu calmé.

La vigie dormait sur son siège comme d'habitude prêt des cellules et les éternels alcooliques et filles de joie au tenue plus que olé, olé arrêtait pour tenue légères et propos indécent roupillait en silence.

Quand soudain on frappa à la porte et il reconnue la voix de sa sœur et dit clairement mais pas trop fort


Entre ma soeur , entre
Elenwe
[4ème jour de la disparition, le bordel, chambre d'Adèle]

Assise au bureau, et accessoirement table de toilette, Elenwë attendait que l'inspiration vienne. Mais elle avait du se perdre en route et se faisait cruellement attendre...30 minutes que la jeune femme cherchait quoi écrire à son frère.
Peut-être était-il déjà au courant, la Mère Supérieure l'ayant sûrement déjà averti de sa fuite. Dans ce cas-là, il devait être furieux. Si il la savait hébergée dans un endroit peu fréquentable, il risquait de l'être encore plus...
Et si il n'était pas informé de la situation, à quoi bon lui faire faire du souci ? Il en avait déjà bien assez.
Et puis quelque part...Fuir comme elle l'avait fait n'était pas un acte très glorieux...Ce n'était pas digne d'une Dame et la honte commençait à l'assaillir...

Elenwë lâcha la plume, posa ses coudes sur la tablette du bureau/coiffeuse et posa sa tête dans ses mains, au niveau des yeux.

Adèle, un pied sur le fauteuil, s'enduisait la jambe d'eau de rose. Bientôt il serait l'heure pour elle d'aller travailler, elle se devait donc de se faire belle et enivrante. Alors qu'elle allait s'occuper de son autre jambe, elle se rendit compte qu'Elenwë se cachait les mirettes dans ses mains. Elle s’approcha doucement d'elle, lui souffla dans le cou et zieuta le vélin.


Ca va pas ? Dis donc, t'as pas beaucoup écrit.

Elenwë redressa la tête. Puis elle reprit la plume devant elle.

Si si, ça va. Juste que...Non mais ça va. Je vais écrire à ma nièce.

Et pas à ton frère ? Le pauvre, si il te sait sur les chemins, il doit se faire un sang d'encre...

Je sais mais...je peux pas...Je crois...que j'ai honte en fait.

Ah ben ça...Bon je ne veux pas te presser mais il va bientôt falloir que je descende et...heu...enfin tu ne peux pas rester ici. La chambre au bout du couloir est inoccupée, tu n'auras qu'à y aller. Tu crois que tu peux écrire ton courrier en 15 minutes ?

Oui, je vais me dépêcher. Et pour mes travaux de couture ?

Là j'ai plus trop le temps...mais j'en toucherai un mot à la Patronne et une fille te portera tout ce que tu as à faire dans ta chambre.

Adèle repartit à ses préparatifs et Elenwë à son courrier.

Citation:
Ma très chère Nièce,

J'imagine que tu dois être bien surprise de recevoir un courrier de ma part. Il faut dire que ces dernières années, je ne t'ai pas beaucoup donné de mes nouvelles...Au couvent, les horaires étaient tellement stricts et horribles, que je n'avais pas trop le temps pour moi. Note que je parle au passé...car j'ai fait une folie. Je me suis enfuie de chez les Sœurs !! Je sais que ça n'est pas très pieux de penser ça, mais vivre ainsi m'était devenu insupportable !

Pour l'heure, je suis en sécurité


Là ça se compliquait. Dire qu'elle était dans un bordel n'était peut-être pas une bonne idée. Mieux valait donc éviter d'en parler pour l'instant.

Adèle, dans quelle ville sommes-nous ?

Varennes ma Belle.

Varennes ? J'ai bien marché...Par contre la Normandie n'est pas encore à côté...

Citation:
Pour l'heure, je suis en sécurité chez une femme à Varennes. Elle m'a proposé de m'héberger chez elle quelques jours en échange de quelques petits travaux de couture. Tout va donc bien pour moi. Ensuite je me remettrai en route, direction Lisieux.

Je ne sais pas si ton oncle est au courant. J'imagine que le couvent le lui a fait savoir...Je n'ose pas vraiment lui écrire pour lui annoncer la chose...Si il ne sait pas il va se faire du souci et si il sait, il doit être terriblement furieux...

J'espère que pour toi tout va bien. Gaug m'a appris que tu étais enceinte. J'imagine que tu dois avoir hâte que l'enfant sorte le bout de son nez.

Je t'embrasse et fais attention à toi.

Elenwë


La fugitive avait de nombreuses rancœurs contre May et sa mère, mais tout se réglerait en temps voulu. Pour l'heure, elle trouvait rassurant de pouvoir lui écrire.

Finiiii ! Il est où votre pigeonnier ? Mon courrier doit partir pour Orléans.
Anna_clara
[Bureau du Commandant de la Maréchaussée Rouennaise]


Coucou frérot ! J'ai un large sourire alors que je pénètre le bureau impeccablement rangé de Bouiboui. Je pose mes vélins sur la première table venue, parcours du regard la pièce dans laquelle je remarque quelques petits changements, et sautille quasiment jusqu'à lui, dans un élan de bonne humeur tendre que je ne cherche pas à maîtriser. Mes bras s'enroulent autour de son cou, mon énorme baiser sonore vient claquer sur sa joue. Je plante mes noisettes et amandes dans ses yeux, et je sonde son humeur :

Comment vas- tu aujourd'hui ? Bien j'espère ?

Vi. Je suis comme ça. Je force l'optimisme par une gaîté sans faille, presque décalée, parfois. Et j'aime mon frère avec une sorte d'exclusivité que les évènements de la vie ont rendue plus forte encore. Je ne sais pas vraiment si les liens du sang influent sur l'impérieux besoin que j'ai de le savoir en forme, de veiller à ce qu'il ne manque de rien, à ce qu'il se sente bien... Mais c'est comme ça. J'entretiens une relation composée d'absolu et d'inconditionnel qui n'existe qu'avec lui. Sans doute. Sans idée de fin. Sans idée de changement ou même d'évolution, comme si tout ce qui devait être et advenir dans nos existences n'aurait JAMAIS aucune espèce d'influence sur ce que nous sommes l'un pour l'autre.

De fait et entre autres, je le couve et il veille sur moi.


Voix off, râleuse : Il va bien, il va bien... T'en as de bonnes toi ! Comme si tu savais pas qu'il a le coeur en miettes et la travaillite aigüe pour compenser le vide qu'a laissé Val en l'abandonnant comme une merde !
Moi, haussant les épaules : Ca va passer, tête d'oeuf ! C'est pas une, ni deux, ni même cinquante femmes sans goût qui vont me l'abattre ! Et pis ch'suis là, moi, en plus !!
Voix off moqueuse: Si tu crois qu'ça suffit, j'vais pas t'contrarier, hein !
Moi, ancrée dans mes certitudes : Non, c'est ça, ne me contrarie pas et tais-toi !
Voix off soupirante : Si tu crois que c'est en le couvant en permanence comme ça qu'il va y arriver...
Moi, gorgée de mauvaise foi: J'ai rien entendu, dégage !

Je me décroche doucement, puis lui tends la missive du Prévost.

Je suis venue te voir car une jeune femme est recherchée par la prévôté. Apparemment elle s'est échappée d'un couvent des Ardennes... Il faudrait que tes hommes et la milice travaillent de concert pour pouvoir la retrouver si toutefois elle passait par Rouen. Je vais aller transmettre son signalement de mon côté mais il faut que quelqu'un prenne la direction des opérations. Tu sais que ce n'est pas vraiment mon truc à moi, ce genre d'enquête... Je marquai une courte pause avant de poursuivre : C'est la soeur de Gaugéricus. Tu sais, le Maire de Lisieux...?

J'ignorais que le Beau Brun avait une soeur, et me demandais ce à quoi elle pouvait bien ressembler. C'est que la description fournie par la prévôté était assez floue, et pour un peu, elle s'appliquerait même à moi si je n'avais pas les yeux... marron... Je me demandais si Gaug ne possédait pas par hasard un tableau ou même une simple esquisse de la donzelle qui eût permis de l'identifier plus facilement...
Bouibouinou
[Bureau du Commandant de la Maréchaussée Rouennaise]

Bouibouinou sourit a sa sœur, prend le bisous et lui rend plus tendrement sur son front et lui fait un véritable gros câlin, puis regarda sa sœur qui le regarda bizarrement, alors il la regarde sincèrement de ces yeux vert/marron qui tiens de sa maman.

Oui je vais bien, sourit a sa sœur très sincèrement, et lui montre ces mains toutes réparé, et ajoute je me suis calmé un peu et c'est grâce a ton sourire

Certains jugeraient d’après les rumeurs que notre commandant à repris des couleurs, d'autres qu'il serait en fait un mort vivant revenue à la vie pour travaillé a la solde du Duc sans fin , et enfin certains disent que en fait il ne supporte pas le soleil et roderai le soir à la recherche de je ne sait quoi , bref en fait bouibouinou est très pâle de peau et vît très bien comme sa ce qui fait ressortir du manière étrange et presque hypnotisant ces yeux vert/marron et sa couleur sombre de cheveux, et que malgré tout il sort au soleil.

Ohhh tu a une missive pour moi ? la lit doucement et pendant ce temps donne un morceau de brioche à sa sœur et un verre de calva

Mhummm je voit, malheureusement je n'ai pas beaucoup de troupes en ce moment , avec tout ce qui se passe aux alentours, mais je ferait passer le mots a mes troupes, comme sa on sait jamais et les vigies des portes seront au courant , une jeune femme dans les rue de Rouen sa passe pas inaperçue.

Finit de remplir le verre a sa sœur.

Mais je m'occuperait personnellement de cette recherche , et je fouinerait un peu partout , au cas ou, tu me connait je dois connaitre Rouen comme ma poche a force de faire des rondes. Même si toutes les rue sont pas fréquentables.

Sourit et prend aussi un verre et continue à parlé

Le maire de Lisieux ? oui je le connais, pas personnellement , mais je le connait , parait que c'est un honnête homme, mais j'ignorai qu'il avait une sœur

Puis met une bûche dans le feu pas loin de son bureau pour que sa sœur n'est pas trop froid, se lave doucement les mains, et reprend une part de brioche et finit pas conclure.

Avec si peu de renseignement sa va être dur pour l'identifier , mais une inconnue dans Rouen cela me remontera au oreilles au bouts d'un moments, mais ne t’inquiète pas ton frérot va gérer tout sa et va enquêter

Une autres part de brioche ?
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