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[RP] L'as-tu vu, l'as-tu, ce petit bonhomme...

Lanceline
- Il faut la trouver.

C'est ainsi que la Balafrée avait conclu à la sœur qui l'avait écoutée avec bonhomie.

Elle s'était levée, et était partie alors que la religieuse la regardait d'un air compatissant. Il était temps pour elle de reprendre la route. Feu de Neige était prêt, ses compagnons de route savaient qu'ils repartiraient le dimanche soir. Ils partaient vers le Nord, comme annoncé à Ernst. Elle repensa à la lettre qu'elle avait reçue alors qu'elle était à l'atelier.


Citation:
Mon aimée,

Vous me manquez tant. Je me sens démuni ces derniers jours. Je crois n'avoir jamais été aussi seul depuis bien longtemps.

Je pense à vous. Je pense à ma fille. Vous êtes tout ce que j'ai.

Je vous embrasse.

Ernst


Une colère sourde, la même depuis une semaine, gronda au fond d'elle. Elle n'arrivait pas à dire ce qui l'énervait le plus. Le fait qu'il n'ait pas retrouvé Spirit. Qu'elle-même ait perdu du temps dans ce couvent.
Qu'il lui dise qu'il l'aime ? Qu'il ait été seul ? Qu'elle n'assume pas ?
Elle ne savait pas. Peut-être un peu de tout à la fois ; peut-être autre chose. Pourtant la Balafrée savait qu’elle finirait par lui répondre ; ne serait-ce que parce qu’il était une âme en peine, et qu’elle répugnait à le laisser comme cela. Ce n’était pas dans sa nature. Et, après tout, il restait tout de même -un peu du moins- son fiancé.

Elle se mordit la lèvre jusqu’au sang sans trouver pour autant de solutions. Et puis un fou-rire nerveux la gagna, qu’elle réprima tant bien que mal parce que Gabriel était dans ses bras. Bonne sœur. Elle finirait en religieuse. Et pourquoi pas ? S’éloigner de tout cela, quitter la vie pour en rejoindre une autre. Après tout, Ellya lui avait demandé de venir. Il suffisait qu’elle dise oui. Avec de la chance, elle n’aurait pas à renoncer à ses cheveux. Après tout, Ellya avait conservé les siens. Elle devait lui répondre. Lui dire qu’elle avait un fils. Lui expliquer sa situation. La religieuse avait toujours été d’un bon conseil. Et la Blonde devinait à quoi elle l’inciterait.

Religieuse. Embrasser cette foi, ce Très-Haut dont elle se défiait. Gastar lui avait dit qu’elle était fille du Sans-Nom. Est-ce que le Rédempteur l’accepterait ou la rejetterait-il comme une paria ? Elle l’ignorait, se sentit curieuse d’avoir une réponse. Savoir ce qu’il en penserait. Elle était lasse de se battre contre lui, aurait aimé déposer les armes. Plus tard, elle accueillerait la Mort comme la vieille amie qu’elle était devenue. À bras ouvert, avec un sourire fatigué. « Emmène-moi loin », qu’elle lui dirait. « Montre-moi l’inconnu. Ce que j’ai raté. »

Elle songea un instant à Mo. Courtisait-elle Basile en ce moment ? La Valdesti ferma les yeux quelques instants. Penser à lui était un peu douloureux. Parce qu’elle n’était pas là. Elle eut un soupir, se disant qu’elle devrait lui écrire. Oh, puis non. Ernst d’abord.

… Mais pas maintenant. Maintenant, elle allait se reposer, avant de rejoindre les autres pour repartir.

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Spirit_a.
Abruti ! Voilà ce que pense la mioche quand le blond la retrouve et lui lâche une longue phrase à valeur de leçon de moral en guise de consolation. Elle aurait presque envie de lui cracher qu'elle s'en fout de qu'il peut bien dire. Qu'elle préfère être faible parce que ça lui évitera de le supporter trop longtemps, lui, sa débilité et ses humiliations. Et que ce n'est pas de sa faute si ses parents l'ont faite faible ! Qu'on lui fiche la paix. Pourquoi ceux qu'elle aimait l'abandonnait sans cesse, et ceux qu'elle voulait voir disparaître restait bien là, comme des sangsues ?!

De ville en ville, de leur joie à ses peines, de résignation en résignation, la môme se laisse brinquebâler à droite à gauche. Elle se laisse faire, en commençant à refuser de manger. Mais jamais face à eux, non. Ils s'énerveraient. Elle fait semblant d'avaler un bouchée, et dès qu'ils tournent le visage elle balance le contenu de son assiette de prisonnière au loin. Elle se laisse faire. Elle se laisse emporter. Elle va même jusqu'à se dépouiller du doudou de sa poupée Espérance perdue quelques temps avant l'enlèvement, en le laissant tomber sur le chemin. Elle devient la pantine qu'ils semblaient tant souhaiter tous deux. Surtout le blond. Grand enfant qui ne voulait qu'un jouet de plus.

Quand il la confie à la bonne garde de Vial, rien ne l'émeut, rien ne la perturbe, rien ne l'inquiète. Cela fait des jours qu'elle est forcée de voyager avec eux. Les cernes ornent ses yeux d'une auréole de noirceur. Ses joues commencent à se creuser davantage encore sous l'effet du refus obstiné de se nourrir. Ses cheveux même semblent se ternir et perdent de leur éclat blond et vivant. Son regard reste vague, pensif, enfermée dans son monde. Anna est là, sans l'être réellement. Rien ne la rattraoe dans sa fuite intellectuelle, dans son retour volontaire dans un passé dans lequel elle souhaite s'enfermer. Anna est en Lorraine, dans sa tête. Entre Hellina et Naïc. Et elle rit, elle joue, elle danse, elle se bat, elle apprend, elle fait des bêtises auprès de ce petit blond qui était sa vie, son présent et son rêve de futur. Son frère, son meilleur ami, son 'naïc. Anna n'est plus là. Et rien de ce que vous pourrez lui faire ne la ramèner...

Ah bah si... les élucubrations et gestes désordonnés et emportés de Vial qui parvient à la jeter dans un tonneau d'eau - froides bien sûr, et pas spécialement propre non plus puisqu'il s'agit d'eau de pluie vraisemblement. Jamais un abruti sans son accolyte. Voilà la blondinette bien entourée. Et son chevalier Naïc n'est plus là pour venir la sauver. Puis, ficelée au bord du feu en face du brun avachie et buvant, elle le regarde, elle le fixe. Simplement. Si Anna avait été dans son état normal elle aurait posé mille et une question à ce brun là. Surtout sentant son hostilité bien plus grande que celle qu'elle percevait chez Vincent. Elle avait toujours eu l'idée follement utopique de réussir par se faire aimer par une personne qui la haïssait ou qu'elle laissait indifférente. Sans jamais y parvenir. Mais cette fois, elle n'essayait même pas. Anna s'enfonçait dans un mutisme profond qui aurait inquiété n'importe quel membre de sa famille ou de ses amis... Si tant est qu'elle en avait encore.

Vincent revint, brisant la monotonie du moment. Vincent qui tente de se montrer gentil. Quel changement. La libérant de ses liens, sans qu'elle ne tente une fuite, il annonce des cadeaux. Allez, soit pas jaloux Vial, ça ne t'irait pas de toute manière. Telle une poupée, c'est lui qui pose le paquet sur ses genoux, l'ouvre, et lui montre la robe... qu'elle trouve forcément affreuse par manque d'objectivité mais dont aucun son ne sort de ses lèvres. Elle se contente d'hocher la tête pour marquer une sorte de bref remerciement. Bah quoi, faut pas pousser non plus ! Ce n'est pas parce qu'il ne la prend plus pour une chien errant qu'elle doit lui sauter au cou, l'embrasser et le remercier à grand renfort d'exclamation mélioratives. Non. Voilà maintenant qu'il l'habille de cette robe dont il semble si fier, afin de présenter la poupée mannequin réquisitionnée d'office au brun alcoolique.

Môme qui se contente de lâcher une phrase unique - ouvrez bien vos oreilles messieurs, vous n'entendrez plus sa voix de si tôt :


Vous devriez lui apprendre que les poupées c'est pour les filles, un jour.

Et toc. Bon allez, maintenant que je ressemble à peau d'âne version Arlequine, laissez moi retournez dans mon rôle de la belle aux bois dormants. Et qu'on reprenne la route. Qu'on arrive, qu'on s'installe. Qu'on... me libère pour que je puisse un peu vagabonder dans les rues seule comme une grande. De toute façon, résignation est maître d'elle, elle ne s'enfuira pas. Alors...
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Mahiro
La folie trouve un seul rempart. La Volonté.

Douce Torture qui la possédait. Sa douleur lui appartenait. Elle commençait à en avoir l'habitude. Mahiro était veuve depuis plusieurs mois maintenant. Elle ne savait pas la date exacte, mais la lettre de sa belle sœur était toujours aussi limpide dans sa tête. Chaque mot, chaque ponctuation étaient imprimés dans son esprit. La vagabonde avait délaissé son fils, elle en était consciente mais en même temps, elle ne parvenait pas à faire autrement. Elle se souvint des courriers réconfortants de cette petite fille. Au fond d'elle peut être qu'elle avait enviait cet homme, Ernst, d'avoir Spirit parce qu'elle, elle n'était que terre fertile. Mais le temps apporta sa surprise. Esteban était né en début d'année. Elle éprouvait une telle joie, sans borne. Elle éprouvait l'envie de le montrer à cette petite frimousse. Elle espérait qu'ils deviennent proches en grandissant. Elle qui lui rappelait l'enfant qu'elle n'avait pas réussi à mettre au monde. Le Regret le plus insupportable.

Aujourd'hui, elle se retrouvait à des années de cela. Mi vivante, mi présente, mi humaine. Elle s'enfonçait dans le mal qui la rongeait. Ce mal qu'elle avait déjà connu lorsqu'elle avait perdu son premier enfant. Chaque jour, chaque nuit, elle pensait à toutes ces personnes qui avaient défilé dans sa vie et souvent le visage si innocent de Spirit lui parvenait à l'esprit. Une fille...elle aurait aimé en avoir une avec Lui. Mais lui n'existe plus, lui ne fait plus partie de ce monde. Une rage profonde l'envahissait quand elle pensait à la petite. L'équation qui ne pourra jamais être exécutée.

Les gestes quotidiens étaient devenus un mécanisme. Mahiro n'agissait plus avec cette tendresse débordante. Tout était comme une corvée. Le nourrir, le changer, le bercer, le veiller et pourtant, combien de fois avait elle désirait faire tout cela. Combien de fois priait elle en silence la naissance de sa chair. Oui mais avec l'homme qu'elle aimait. Elle avait perdu la notion du temps et l'orientation. La brune enchaîna ses pas jusqu'à être attirée par une affiche placardée sur un arbre. Il est vrai que la folie s'était emparée d'elle. Une folie macabre. Il est vrai que la démence prenait possession de son âme. L'antipathie était devenue comme un surnom pour elle. Malgré tout ses enténébrées fixent le portrait qui lui sourit. L'innocence planait dans ce dessin. Elle connaissait cette frimousse. Elle se souvint aussitôt de certaines des missives échangées. Froncement de sourcils avant de caresser la fiche du bout des doigts. Son index retraçant les lignes graphique du visage de Spirit. Enfin, les yeux commencent à lire les écritures. La folie l'avait gagné mais une chose ne l'avait pas abandonné. Sa Lutte. Bien qu'elle avait cessé de vivre, elle gardait ensommeillé sa force combative. Si elle avait cessé de rire et de sourire, cela était son choix. Sa punition pour n'avoir pas su protéger sa famille. Mahiro arrache l'affiche d'une main retrouvant une énergie soudaine. Elle tourna les talons, jurant entre ses dents et apostropha un villageois.


'Scusez moi... où sommes nous ?


L'inconnu la dévisagea longuement. Elle ne savait pas qu'elle allure elle avait mais à voir la réaction du vieil homme, ça ne devait pas être beau à voir. Elle réitéra la question avec un ton plus déterminé et la réponse s'ensuivit. Aussitôt dit, aussitôt elle alla dans une taverne pour écrire.



A vous,

Nous ne nous connaissons que peu. Je me souviens de vous avoir écris une fois... Enfin quel intérêt tout cela.
Sans vouloir vous faire perdre votre temps, j'ai trouvé une affiche de votre fille... Je ne sais pas du tout où vous êtes mais cet avis de recherche se trouve en Bourgogne. Je ne sais si vous avez trouvé des traces d'elle. Je ne sais si cette affiche est encore d'actualité ou si elle était juste en train de moisir sur cet arbre. J'espère au fond que tout ceci n'était qu'un malentendu, que l'inquiétude vous a gagné trop tôt...
Je vous en prie, dites moi que tout ceci n'est pas vrai ...? Dites moi que Spirit est avec vous...

Cet enfant a quelque chose qui m'a conquis. Cet enfant ne peut pas disparaître... Cet enfant, je tuerais celui qui oserait l'offenser. Si tout ceci est réel et que je ne rêve pas, si tout ceci se passe actuellement, laissez moi vous venir en aide d'une manière ou d'une autre. Laissez moi vous épauler et vous apporter mon soutien... parce que Spirit représente énormément pour moi...

Ne perdez pas espoir même dans les profondeurs des ténèbres subsistent une petite clarté, gardez donc les yeux rivés dessus.

Mahiro B.


Soupire qui s'échappe de ses lèvres. Elle jette un regard sur son fils emmitouflé dans son couffin. Que ferait elle si jamais on lui prenait sa chair. Elle qui se montrait si froide avec son propre sang. La raison commençait à faire rempart contre sa folie. Elle posa un bref baiser sur le front d'Esteban et se leva pour trouver âme qui voudra bien répondre à son interrogatoire.
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Elisaabeth.
Bourgogne ... La demie portion n'avait rien trouvé. Pas même un indice. Peut-être avait-elle mal cherché, mais le résultat était là, sa nièce était toujours porté disparue. La fugue ne semblait plus l'option la plus probable, et pourtant, Atro s'y raccrochait. Parce qu'admettre que la petite tornade n'avait pas disparue de son plein gré lui était douloureux. Elle se remettait du décès de son mari, mais ajoutez à cela la perte de sa nièce, un frère qui part en vrille et la culpabilité de tout cela et la belle ne vaudrait plus grand chose.
Il fallait la retrouver. Alors, elle prit la route, vers le sud, Franche Comté. Saint Claude. Ville au sud du comté avant que la Peste ne remonte vers la Champagne, sauf découverte inattendue.
Les fesses sur une table, les pieds qui se balancent dans le vide et les verres qui s'accumulent près d'elle. Une question qui revient, souvent, sans aucune relation avec le reste de la discussion.


Dites, une p'tite, blonde, assez pipelette et vive d'esprit, pas très grande, ça vous dit quelque chose ? Elle s'appelle Spirit, enfin, non, Anna, mais on l'appelle Spirit quoi ...

Sincèrement, je viens à peine d’arrivée, vous croyez que j’ai que ça à foutre ?

Être polie, ça vous écorcherait la gueule ?

Moi ? Mal polie ? Ça se saurait ! Là encore, j’me trouve beaucoup trop gentille.

Gentille ? P’tain, faut pas d’mander, m’enfin, r’marquez, z’êtes blonde hein …

Ahaha ! Vous êtes jalouse. Réflexion à la con comme celle que vous venez de me sortir, cela ne peut être que ça.

Jalouse, de cheveux comme ça ? pffffffffff … Même pas en rêve. Les chauves, c’est comme les blondes, ça sert à rien, ou inversement ! Enfin, c’est inutile.

Se rappelant que sa nièce est blonde.

Enfin bref, ça vous va presque pas mal, payez un godet …

Dites-donc ? Vous avez dit, il y a, à peine quelques instants, que la gamine que vous cherchiez est blonde, n’est-ce pas ? Ça ne sert à rien de la chercher puisqu’elle est inutile.

La demie portion grogne. Pour qui elle se prend, la blonde ? Atro se rapprocha de la blonde insupportable et balafrée – ça doit être une mode d’avoir une balafre – et mit un doigt dans chaque œil de la blonde. Cette dernière gueula comme un putois :

Non mais ça va pas ? Vous n’avez pas le feu à tous les étages, vous !

La brunette n’eut pas le temps de répondre que la blonde, malgré son incapacité de voir correctement, se jeta sur elle et lui tira les cheveux. Et c’est là qu’un crêpage de chignon, fait dans les règles, commença : à comprendre dans cela que la demie portion tirait, elle aussi, les cheveux de la blonde.

Bon ok, ok. Lâchez-moi !
Vous pouvez crever, oui !
Lâche, espèce de grognasse !
Non mais tu t’es regardée oui ? Espèce de morue !
J’lâcherai pas !
Moi non plus, j’ai tout mon temps, contrairement à toi !

Moment de réflexion.

D’accord. À trois on lâche ?
Ça me convient.
Un …
… Deux …

Le trois n’eut pas besoin d’être dit puisque les deux jeunes femmes se lâchèrent les cheveux en même temps. Elles s’assirent l’une à côté de l’autre. La blonde posa son coude sur la table, tenant dans la main sa tête victime des doigts d’Atro. Ses yeux saaaaaignent … non, ils pleurent tout simplement, c’est tout. Dans son autre main, elle tenait quelques mèches de cheveux de sa « compère ». D’ailleurs, la blonde lâcha :

P’tain … tu m’as défoncé les yeux, espèce de gourde !
Et toi tu m’as arraché les ch’veux ! Tu crois qu’c’est plus malin ?
Les cheveux, ça repousse ! Pas le cas des yeux !
Oui mais les cheveux, ça fait joli, tandis que tes yeux … Bon, tu bois un coup ?

La demie portion leur servit alors un verre chacune. Et la blonde se mit à râler :

Ptaaain ! J’ai mal aux yeux avec tes conneries ! J’y tiens moi, à mes yeux !
Roooooooooooooooooh, arrête de te plaindre, ça te fera un sujet de conversation ! D'ailleurs, Anna, tu l'as vu ou pas ?
Sujet de conversation, tu déconnes, là ? Et c’est qui Anna ? C’est ta fille ?
Nan, c’est ma nièce.

Cherchant le verre du mieux qu’elle pouvait, la blonde attrapa la chope et lâcha avant de boire un peu – ou du moins, tente de boire.

Ça fait combien de temps qu’elle a disparue, ta nièce ?
Trop longtemps … J’sais plus exactement, à peu près en même temps que le décès de mon mari … J’sais pas moi ! T’as des idées à la con !

La demie portion enfila son verre cul sec et le remplit à nouveau.

T’en veux d’autres ?

En voyant la blonde boire comme un mioche.

Non mais, tu peux pas faire gaffe, t’en fous partout !

Contre toute attente – enfin, il fallait s’y attendre un peu quand même ! – la blonde envoya son verre dans la figure de la brune … ou du moins, approximativement, puisque la blonde souffrait encore de ses yeux qui coulent depuis que la demie portion y avait foutu ses doigts.

Dis-donc, si je m’en fous partout, c’est de ta faute ! Si tu ne m’avais pas foutu tes doigts dans mes yeux – qui me sont extrêmement précieux, au passage – je saurai boire correctement ! Donc au lieu de me faire ton petit commentaire inutile, tu devrais t’excuser de m’avoir agressée !

Un verre dans la tronche … Un verre dans la tronche ! La blonde avait osé gâcher pareil nectar ? Quelle honte. La langue de la brune attrapa le maximum de liquide possible, bein oui, faudrait pas non plus trop gâcher !

Bein puisque tu gâches, t’en auras plus !
Ranafout’ ! Je veux des excuses !
Et moi, j’veux retrouver ma nièce !
’Tainn, faut s’accrocher pour obtenir des excuses de ta part, hein ! Ta nièce, soit, elle a fuguée parce qu’elle en avait marre de voir ta tronche ! Soit, elle s’est fait enlever ! Ce serait fortement ballot si c’est la deuxième réponse … quoi que la première option, je la comprendrais aussi, pôv’ gosse !
Oh la ferme hein ! C’est bon maintenant, si vous continuez d’être désagréable, j’vous arrache les yeux !

Et la brune se vide un autre godet en ronchonnant.

Non mais, elle peut pas avoir été enlevée, on aurait eu une demande de rançon, ou une partie de son corps en échange … Non ?

Atro ou comment j’essaie de m’auto-rassurer pour les nuls … La blonde ouvrit son clapet sans en sortir un mot. Elle referma donc la bouche … pour finalement, la rouvrir pour répliquer.

Pas obligatoirement … si la petite s’est fait enlever, les grouillots qui ont osé faire ça essayent peut-être de vous faire perdre patience et l’espoir que vous avez encore en vous ? Ou alors, si elle a fui, elle se plait peut-être dans sa nouvelle vie ? ‘Fin moi j’dis ça, hein …

S’asseyant aussi droite qu’elle le pouvait, la blonde essaya de regarder la brune, droit dans les yeux ou à peu près puisque sa vision était restée floue encore.

Ils ont peut-être envoyé un pigeon aux parents de la gosse et tu n’as peut-être pas eu de nouvelle. En fait, tu n’en sais rien. Si ça se trouve, elle est de nouveau auprès de ses parents ?

La brune regarde la blonde presque énuclée et fronce le nez. Elle écrivait son frère, fréquemment, à coup sûr, elle aurait eu vent de son retour. La fugue, plus elle y pensait, moins ça lui semblait logique. Soupir qui en disait long avant de reprendre.

Son père m’aurait prévenu. P’tain, mais quelle raison d’enlever une fillette ?

Question purement oratoire. Elle en connaissait des raisons. Toutes plus dégueulasses les unes que les autres. La blonde se frotta les yeux et reprit.

Pure malchance. Ta nièce était peut-être au mauvais endroit au mauvais moment. Ou alors, c’était prémédité. En fait, je n’en sais rien. Et je ne te serai pas d’une grande utilité … surtout maintenant, vu que tu as dû bousiller ma vue avec tes conneries.

La Balafrée fit une pause avant de reprendre rapidement :

Tout à l’heure, dans ta description « petite, blonde, assez bavarde et vive d’esprit », cela m’a vaguement fait penser à moi. Or, je ne suis plus une gamine. Je ne suis pas un monstre, si j’avais vu la gamine que tu recherches, je te l’aurai dit. Malheureusement, ce n’est pas le cas.

Plissement des yeux, la blonde posa ses émeraudes sur la jeune femme floutée – n’oubliez pas qu’elle a été aveuglée – elle lui dit :

Tu peux me donner un verre ? Je vois un peu mieux que tout à l’heure et je devrais voir un peu mieux le verre, maintenant.

Au mauvais endroit, au mauvais moment … Prémédité ? La peste ne savait pas ce qu’elle préférait. Elle repoussa le verre vers la blonde.

Désolée, pour vos yeux … Si jamais vous la voyez dans l’coin, vous pourriez m’écrire ?

Les godets sont remplis à nouveau, et un vélin est laissé, avec le lieu par où faire transiter son courrier. La Belette Blonde prit le parchemin, le plia et le conserva dans l’une de ses mains.

Je vous le promets. Je ne voudrais en aucun cas que ma fille disparaisse et si cela devait arriver un jour, j’aimerai que l’on me prévienne si on la retrouvait.

Malgré la vue qui était encore un peu floue, la blonde prit son verre et but une petite gorgée avant de reprendre :

Si vous la retrouvez – et je l’espère pour vous –, auriez-vous l’amabilité de m’écrire ?



RP écrit à quatre menottes, deux cerveaux et … ‘fin, par deux personnes, quoi. Avec la joueuse d'Atropine.

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Ernst.




[Béarn]


Depuis combien de temps? Des jours? Des semaines? Des mois? Plus encore? Depuis combien de temps Ernst avait-il perdu la notion du temps? Depuis combien de temps s'était-il perdu, tout simplement? Il y avait tant de questions qui ne se bousculaient plus dans sa tête. Envolés les rêves de grandeur. Disparus les livres de compte. Evaporée la famille unie et aimante. Il avait passé toute une partie de sa vie à se battre contre une chimère qui avait fini par le terrasser. Oasis dans le désert, mirage sableux. Ernst retournait en Béarn, terre des illusions perdues. Orthez. Sa maison. Le cheval s'arrêta dans la cour. Le Rhénan en descendit. Son regard était devenu blanc, pâle, aveugle, mort. Le sang ne lui battait plus aux tempes. La seule qui pouvait encore signifier que la vie courrait en lui n'était que la barbe qui recouvrait son menton et ses joues. Les cactus poussent bien dans les terres arides et les edelweiss perdurent là où le froid annihile tout espoir de vie. L'espoir. Qu'en restait-il? La force d'avancer, un pied devant l'autre, coûte que coûte, parce que plutôt la mort que d'abandonner sa fille. Il ne s'était jamais autant senti père qu'en ces jours passés à chercher sa fille. L'amour n'est-il donc que souffrance? Ernst poussa la porte de sa maison. Dans l'atelier de botanique, diverses fleurs et plantes finissaient de rendre l'âme. Le blond se rendit dans sa chambre où trônait le lit à baldaquin de ses victoires conquérantes dans le creux de reins féminins. L'empereur s'écroula. Fin de l'histoire.

Un filet de lumière passa à travers les barreaux des cils d'une paupière qui s'entrouvrait avec peine. Les portes des geôles de l'âme s'ouvrirent dans une grimace qui déformait le visage émacié du von Z. Et ce mal de tête, insupportable, lui arracha un gémissement de douleur. Tout ceci n'était donc qu'un mauvais rêves? Le cauchemar éthylique d'un alcoolique en rupture? Ernst roula sur le dos. Son corps courbaturé hurla sa haine pour le mouvement et le força à s'immobiliser. Quel jour était-on? Quelle heure? Lorsqu'il se sentit assez de force, Ernst se leva. Il vacilla et dû s'asseoir sur le bord du lit. Le sang tambourinait à la porte de son crâne comme q'il voulait absolument s'en échapper. Ernst grogna. Il avisa le baquet et soupira. Du courage. Il se leva et trouva l'équilibre qui lui manquait peu de temps auparavant. La gorge sèche, les cheveux en bataille, l'allure dégingandée, il sortit prendre l'air en se disant que ça lui ferait le plus grand des biens. Anna n'était pas là. Un léger sourire éclaira le visage du Rhénan. elle devait chasser le papillon ou apprendre le maniement de la dague avec sa tante, certainement. Ernst s'étira. il leva le visage vers le soleil et ferma les yeux pour profiter de sa douce chaleur. Le printemps arrivait. Il faudrait qu'il apprenne la pêche à Anna. Ils s'amuseraient comme des fous. C'était sûr. En retournant à l'intérieur, Ernst avisa un pli sur le sol. Il le ramassa péniblement. Fichue gueule de bois. Il s'installa à la table et ouvrit le pli. Son corps chancela puis bascula en arrière avant de percuter le sol lourdement.

L'eau était chaude, rassurante. Quand Ernst ouvrit les yeux, à nouveau, un sourire, triste cette fois, s'afficha sur son visage. Une main se tendit vers lui et lui présenta une tasse fumante.


Lave-toi. Bois ça. On a encore beaucoup à faire et tu dois aussi répondre à une lettre je crois ... Ah et puis ... Garde la barbe. Elle te va bien.

Ernst s'exécuta sans broncher. Le liquide brûlant lui prit le corps et ranima son âme éteinte. Quelques baquets d'eau sale plus tard, la tignasse blonde se penchait sur une feuille de vélin.




Mahiro,

Je crains que tout ceci ne soit la triste réalité. J'ai traversé la Gascogne, Mis le Béarn sans dessus dessous. Je n'ai pas encore retrouvé la trace de ma fille. Je pars pour l'Armagnac. Atro cherche à l'Est. Ma femme cherche au Nord.

Merci pour votre soutien.

Désolé si ma lettre est courte. Je n'ai que peu de temps.

Prenez soin de vous.

Ernst von Z.



Dans la faible clarté d'un soleil qui se couchait à l'horizon, deux cheveux soulevaient la poussière d'un chemin qui menait vers un avenir incertain. Deux silhouettes masculines voyaient leurs ombres s'étendre derrière elles. Ernst tourna la tête vers son compagnon de route.

Merci Hassan.





[Cheffe Aldraien
Merci de donner les références de vos citations, conformément aux Règles d'Or. Bon jeu.]

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Atropine
De son frère se transformant en loque, la Peste ne savait que peu de chose. Quelques lettres, desquelles elle préférait ignorer certains passage même si elle lisait entre les lignes, bien souvent. Il se perdait, elle le sentait, minimisait néanmoins l'ampleur des dégâts et c'était mieux ainsi. Elle aurait était encore plus coupable dans le cas contraire.

Coupable de n'avoir pas été là pour empêcher l’enlèvement.
Coupable de ne pas encore l'avoir retrouvé.
Coupable d'avoir passé du temps a se morfondre et faire le deuil de son amour perdu.
Coupable de revivre peu à peu, aussi.

Mais elle ignorait, et donc, gardait espoir. Les sentiments rendent les gens faibles. Mais ils leur donnent aussi cette force inimaginable de continuer à vivre. Pour ça que la demie portion était encore en vie, et pour ça qu'elle continuait de chercher malgré les fausses pistes, les illusions et les déceptions.

Champagne ... Expédition rapide entre deux missions. Il leur faudrait faire vite. Le duché était vaste, Atro y était peut être encore listée. Le danger était présent et le temps compté. Mais peu importait. La champagne, on lui avait dit en Berry, avoir croisé une fillette, et même si les descriptions étaient contradictoires, plus ou moins elle y croyait. Puis, arrivée en Bourgogne, elle avait appris la disparition d'une autre fillette, plus âgée, blonde également. Voilà ce qui, dans la tête de la brune expliquait les deux descriptions. Pas de Spirit en Bourgogne, ni en Franche comté, alors restait la Champagne, ou l'Empire ou ... Des centaines de possibilités. Atro espérait la Champagne. De toutes ses forces. Et ses espoirs furent renforcés lorsque le doudou de Spirit fût retrouvé. Là, dans la terre battue d'un bord de chemin, à la sorti de Langres.

Sourire à son compagnon de route et le trophée est brandit comme argument que le voyage n'était pas vain. La poupée était là, elle ne s'en séparait jamais, alors pourquoi maintenant ? Une ombre obscurcit les pensées de la Peste qui secoue la tête pour la chasser avant qu'elle ne l'affaiblisse. NON, Anna est en vie, c'est un indice laissé, consciemment, ça ne doit pas être autre chose.

Les villes du sud de la Bourgogne sont fouillées, les habitants interrogés, menacés, rien. Des blondinettes, ça court les rues alors, une de plus, ou de moins ... A quoi servent les commères et autres indiscrets dans ces cas là ? Hein ?! A rien ! La brune enrage.
La chambre qu'ils avaient louée, pour la nuit est quittée à l'aube, la nuit courte ne change rien à la détermination.


On va la retrouver, hein ?!

Quel meilleur endroit que la capitale, pour cacher une enfant ? Et puis, ça doit foisonner de bordel ... Spirit est jeune, mais c'est une fille. Pensée répugnante qui l'envahit. Mais elle a connu ça. Elle ne peut ignorer cette possibilité. Reims sera leur prochaine destination.
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Rg
[Reims, Mars 1461]

Le vieux Roland-Ganelon, dict Hergé ou RG pour les intimes, tenait le comptoir à boisson du bordel le plus réputé de la capitale. A son âge, il n'était plus serveur, oh non. Il buvait. Pinte après pinte. Deux jours par semaine, pour garder quelques économies. Il buvait au bordel parce qu'il appréciait le lieu. De jolies femmes peu vêtue, à regarder, ou tâter de temps à autre, même si cela faisait belle lurette qu'il ne montait plus dans les chambres ; du passage incessant qui contribuait à animer sa vie de vieillard veuf et solitaire ; et dans les moments de creux entre les clients, les ragôts qu'échangeaient les filles à écouter qui étaient souvent croustillant. Parangon d'une vieille comère alcoolique et désespérement seul, Hergé vivotait la fin de sa vie tranquillement, dans ses vieux vêtements ternes et usés, avec un chapeau sur la tête qui ne le quittait jamais, pas même à l'intérieur, et qui cachait sa calvitie. Un petit bouc grisonnant, un nez tordu, et des joues creuses terminaient aisément son portrait. A la fois connu de tous et transparent pour tous, il avait gardé de sa jeunesse de marchand l'habileté à la négoce qui lui permettait de poursuivre sa vie, sans travailler, rien qu'en échangeant quelques paroles à des êtres qui en avaient besoin, contre quelques pièces, verres à boire et/ou repas.

Ainsi le vieux trônait-il sur une chaise, avachi avec une pinte vide dans ses mains ridés et rèches, qu'il faisait tourner en le fixant d'un regard désespéré. Autour de lui, des rires faux, et des conversations à voix basses s'élevaient et emplissaient le lieu d'une vie malsaine. Mais de vie quand même. Hergé tourna doucement sa chaise pour observer autre chose que le comptoir affreusement calme, et se rasseya en étendant ses jambes devant lui. Un soupir s'échappa de ses lèvres. Même ici l'ennui commençait à le gagner. Fort heureusement, la porte s'ouvrit un poil brusquement, dévoilant une petite brune fort séduisante et incontestablement vive. Elle semblait chercher vainement du regard quelque chose ou quelqu'un, et c'est ce qui intriga le vieux qui leva la main pour lui faire signe d'approcher, avec un petit sourire en coin. Et elle vint après quelques instants, tandis qu'il était retourné en la voyant approcher à l'observation méticuleuse de son godet vide. Et sans lever les yeux sur elle, il lâcha de sa voix rocailleuse :


Si vous chercher l'patron pour vous faire embaucher, faudra r"passer au p'tit matin. Il fait ses comptes et vérifie l'état d'ses gonzes'. Sinon, j'peux p't'être vous aider, mignonette. Qu'est c'qui vous faut ?

Soit il s'en prenait une, et ça confirmait son fort caractère. Soit elle se retenait parce qu'elle avait réellement besoin d'aide et ça confirmait ce qu'il pensait avoir observé. Dans un cas comme dans l'autre, il sentait la bonne affaire. Et puis, on ne frappe pas un vieillard. Privilège de l'âge, non ? Relevant enfin son regard gris sur la dite brunette, il esquissa un fin sourire où manquait plusieurs dents pour attendre la dite réaction. Bienvenue à Reims, chère enfant.
Atropine
Reims, et sa cathédrale. Reims et ses colombages. Reims et ses ruelles plus ou moins mal famées. Reims et ses bouges. Et Reims et ses bordels bondés le soir venu. Elle en était à son troisième.
Elle était née d'une putain. Avait été sacrifiée par elle, une fois. Une fois de trop. Elle aurait pu haïr ces lieux de perditions et pourtant, elle en avait ouvert un, rapidement. Mais elle ne supportait pas qu'on vende les fillettes. Peut être parce que cela lui rappelait un bien trop sombre passé ou, tout simplement, parce que son coeur n'était pas de pierre uniquement.
La porte franchit la demie portion évalua les scènes sous ses yeux y cherchant une blondinette, trop petite, trop plate pour pouvoir y être. Et ce qu'elle redoute ne se produit pas. Douce déception. Déception parce que non, elle n'a pas retrouver sa nièce, mais soulagement qu'elle n'ait pas été vendu, ici non plus. Les azures cherchent encore un peu puis se posent sur un vieillard. Mais avant qu'elle ne passe à autre chose, il lui intime de venir. Le sourcil se hausse, s'il la prit pour une catin, ça risque de gueuler. Et ça ne loupe pas, les premiers mots vont en ce sens. Bordel mais ... Le poing se sert mais elle n'a pas de temps à perdre.


Je ne doute pas que je ferais gagner un paquet de pognon au tenancier, mais j'ai mieux à faire !

Le verre plein agité sous son nez fait son effet. Les vieux, comme les autres d'ailleurs, ça parle mieux le verre plein. La Peste rejoint le comptoir, y pose quelques pièces et revient avec une pinte pleine. Le verre est proposé au vieillard avant d'être rapproché vers la brune qui sourit en coin.

Elle s'ra a vous si vous répondez à une ou deux p'tites questions.

Sans attendre de réponse de l'ancêtre, la jeune femme désigne le bouge d'un signe de tête avant de commencer l'interrogatoire.

La serveuse a l'air de vous connaitre, donc, vous v'nez souvent. Une p'tite blonde, dans les arrivées récentes, ça vous dit quelque chose ? Une enfant ... Ça se vend à prix d'or ... Vous en auriez entendu parler je suppose.

La brune pensait au blond qui devait écumer d'autres bordel. Elle lui avait donné une description de sa nièce. Il avait la poupée. Elle avait précisé que si elle ne le croyait pas qu'elle retournerait la chercher avec lui. Beaucoup avait mit Atro en garde quant au comportement de Mike, mais elle était confiante. Et puis, franchement, s'il avait voulut une fille, il n'avait pas a payer pour ça. C'est donc l'esprit léger de ce point de vue que la brune s'assit face à l'édenté, jambes croisées, attendant une réponse.
Elle arrêta une des filles, se commanda un verre, en avala une gorgée puis sourit en coin à son peut être futur informateur.


Alors ?
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Siegfried.


Aujourd'hui, c'est le grand jour.
Aujourd'hui, Siegfried devient un homme.

C'est peut être du à l'arrivée du printemps nouveau qui réveille les coeurs endormis par le froid de l'hiver; peut être l'ennui; plus certainement la curiosité et le gout de l'interdit qui anime la volonté du garçonet.
Il veut voir comment ça se passe la-bas. Le petit pécule qu'il a réussi à rassembler par de multiples petites rapines fructueuses pend molement à son ceinturon, emprisonné qu'il est dans une bourse de cuir de mauvaise facture. Il s'est habillé du mieux qu'il pouvait en ce jour très spécial. L'écharpe de la petite brune rencontrée à la capitale lui ceint le cou alors que le manteau offert par son prince de pote lui couvre les épaules, jurant avec l'harmonie du reste de la parure par le trop grand luxe qu'il laisse rayonner. Mais Siegfried n'en a cure. Il a de beaux vetements pour couvrir ses loques et c'est tout ce qui compte. Même si ses mèches blondes sont savament organisé en bataille capilaire inimitable où toute idée de coiffure est morte-née. Même si l'odeur qui le couvre fait plus penser à "Chausettes nº2 aux relents de pisse" signé Jean-Claudo* qu'à Chanel nº5 signé Ernest Beaux. Même si son visage boueux et égratiné pourrait le faire passer pour un petit sauvage sans âme si on ne remarquait pas cachés dessous les yeux d'un bleu vif et les joues rondes de l'enfance qui les soulignent.

Ça ne sont pas de menus détails comme ceux là qui vont l'arrêter. Il est determiné. Comprenez un peu, à douze ans, il va sortir de la troupe des chieurs pour entrer dans le rang des mâles. Il en ressortira fort, beau, musculeux et huilé. Ce que c'est bien les bordels tout de même. T'y entres innocent, t'en ressors irresistible. De ce qu'il a compris des discussions des gars plus vieux que lui. Des modèles du genre, evidement.

Ça fait déjà cinq bonnes minutes qu'il est face du lieu de plaisirs, l'air penaud. Il a la chair de poule, mais ça n'est pas de la faute de l'air frisquet de ce mois de Mars. Il a un peu les pétoches il faut se l'avouer. Il le sait que ça ne se fait pas ce qu'il va faire,qu'on ne rentre pas la dedans du moins pas sans poils sur la trogne. Ses joues se parent de pourpre quand une dame lui jette un regard qu'il prend comme désaprobateur. Ce qui lui donne un drôle de visage tricolore. Cheveux jaunes, yeux bleus, joues rouges. Mais trève de disgression, place à l'action.

Il entre. Et se fait tout petit. Vous me direz ça n'est pas dur vu sa taille, mais cessez d'être médisant.
Il a l'air bête. Les yeux grands ouverts il observe les ballets de mains balladeuses qui glissent sous les jupes, les coups d'oeils egruillards, les baisers baveux sur la chair feminine qui se laisse observer partout ici. C'est bruyant.


Et bah mon mignon, tu s'rai pas un peu jeune pour venir ici ? Attends d'avoir quelque chose dans tes braies et ta bourse pour passer et on s'occupera bien de toi.

Il a sursauté. La putain lui avait posé une main sur son épaule avec un air moqueur. Les quelques personnes autour encore un peu attentive à autre chose qu'une paire de seins accueillent la remarque d'un rire gras ajoutant à la cacophonie joyeuse ambiante. Rouge de honte et mort de peur, le blondinet s'esquive en direction du comptoir au fond où, d'après l'ambiance bien plus calme qui y regne, il y aura moins de chance qu'on vienne lui parler. C'est là qu'il entend la femme brune parler à l'ancêtre.

Enfant blonde..ça lui fait penser à la Princesse ça. Son associée. Sa seule amie. Ça fait tellement longtemps qu'il ne l'a pas vu. C'est vrai quoi si elle devait partir elle aurait pu le prevenir au lieu de le rendre triste à l'attendre,à esperer la croiser en ville à agresser un mur de cailloux... C'était bien la première fois qu'il liait une amitié et il comptait bien la conserver.
Ce que dit la femme l'interesse. Elle ne parle peut être pas de Spirit, surement pas d'ailleurs, mais dans l'esprit idéaliste et enfantin du blond, il n'y a que cette possibilité. Elle doit parler de la petite Princesse. Il la fixe, bouche entre ouverte dans l'attente d'autres informations.

Il va la suivre. En cachette, c'est décidé. Il faut qu'il en est le coeur net. En plus, ça donne une excuse à sa fierté pour sortir d'ici sans avoir l'impression d'avoir été lache.

Il faut qu'elle cause de Spirit.


*je m'excuse pour tout les Jean-Claude qui liront.
Lanceline
    « Même sans espoir, la lutte est encore un espoir. »
    Romain Rolland, L'Âme enchantée.

Après la Guyenne, le Poitou, l'Anjou, les affiches et la Blonde avaient envahi le Maine.

Elle butait sur chaque mot qu'elle prononçait, les tournait trois fois dans sa bouche, les faisait rouler sur ses lèvres.


- Elle s'appelle Anna... Oui... Elle n'a pas huit ans.. Elle a les yeux clairs...

Sa vie c'était douceur et des nuages blancs... Mais d'autres gens en avait décidé autrement. Elle avait des yeux clairs, c'était une petite fille sans histoire et très sage. Elle allait à l'école au village d'en bas ; elle apprenait les livres elle apprenait les lois. Elle chantait les grenouilles et les princesses qui dorment au bois... Elle aimait sa poupée, elle aimait ses amis. [1] La Blonde soupira, avant de relever la tête vers le ciel et le soleil qui brillait. Se promettant une nouvelle fois de retrouver l'enfant. Elle serait vivante. Il ne pouvait pas en être autrement. Néanmoins, la Blonde demeurait perplexe : si c'était pour l'argent qu'on l'avait enlevée, pourquoi personne n'avait donné signe de vie ? Mais peut-être qu'Ernst était au courant, et qu'il ne lui avait pas écrit pour lui dire. Peut-être même qu'il était avec sa fille en ce moment même.

Les cheveux furent secoués à droite et à gauche. Elle n'y croyait pas. Mais alors, si ce n'était pas pour l'argent, pour quoi ? Rien ne s'imposait à elle, sinon vouloir faire souffrir le blond. Une femme délaissée ? Peut-être bien. Mais alors la fillette n'était pas vraiment en d... Si. Il lui suffisait de repenser à Sad pour le savoir : toutes les femmes n'étaient pas douces. Elle eut un léger sourire en repassant sa main sur sa cicatrice.

Ou bien, elle était morte. Purement et simplement. Si personne ne semblait l'avoir vue, si l'on ne se pressait pas pour les renseignements, c'est parce que la fillette n'avait pas bougé du dernier endroit où elle était passée. La Balafrée ou quelqu'un d'autre finirait par tomber sur son petit cadavre, les yeux fermés, paisible comme si elle dormait.

Lanceline grimaça. La fillette était encore en vie. Elle le pressentait au fond d'elle. Le ou les ravisseurs étaient simplement très rusés. Après tout, peut-être les avait-elle croisés. Peut-être que, comme tant d'autres, ils avaient dit ne pas connaître l'enfant, avant de se détourner, pour finir par la rejoindre. Mais elle ne pouvait pas suivre tous ceux qui démentaient trop vite. Déjà à bout de force, seule sa colère contre elle-même lui faisait mettre un pied devant l'autre. Et une telle tactique finirait par la consumer totalement.
Elle ne pouvait s'en remettre qu'à la bonne foi des gens.

Il restait encore une lueur de naïveté et d'espérance dans le monde dans l'esprit de la jeune femme.


[1] JJ Goldman, « Comme toi ».

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Rg
Nulle doute qu'elle ferait gagner de l'argent au tenancier. Mignonne, vive. Elle en attirerait plus d'un. Un sombre sourire nostalgique étira les lèvres du vieux qui se rappelait ses parties de plaisir d'antan. Il la fixa quand elle s'éloigna pour déposer des piécettes sur le comptoir et rapporter une pinte. Pleine et fraîche. Les yeux se plissent, et le sourire est masqué. Pourtant, cette petite là lui plaît bien. Elle semble être observatrice et savoir ce qu'elle veut. Elle a dans les gênes cette pratique de l'échange qu'il apprécie tant. Alors l'Hergé pose sa choppe vide sur le comptoir à sa gauche, se cale correctement contre le dossier de sa chaise, croise les bras, et écoute la petiote. A défaut de réussir à le faire parler, elle a réussit à l'intéresser. Et ce n'est déjà pas rien. Il assimile les maigres détails donnés, en laissant passer du temps, en hochant la tête doucement. Mais à quoi ? C'est finalement après sa gorgée avalée et son "alors" impatient qu'il se décide à reprendre la parole.

Une femme à la recherche d'une enfant. Intéressant. Les femme sacrifiaient toujours tout à leurs enfants. Il pouvait donc surement négocier les informations. Bien qu'avec ce peu de détails, il aurait du mal à retrouver dans sa mémoire une petite blonde qui... A moins que...


Intéressant... Intéressant... Va falloir me donner un peu plus d'détails donzelle. Par exemple, ou l'prénom, où l'âge. Enfant c'vague. Des fillettes blondes ça courent les rues v'savez.

Allez, réfléchit bien mignonette. Moi j'ai plein de questions pour toi. Il y a quelques jours, j'ai aperçu du haut de ma fenêtre un drôle de convoi. Y'avait bien une p'tite blonde. Elle était attachée et assise sur un cheval devant un type. Plutôt grand, l'air costaud. Un peu plus tard dans la journée, je l'ai recroisé la môme. Avec ses yeux bleus. Pas plus haute que trois pommes. Toute maigre. Pâle à en faire peur. Si frêle. Elle m'a fait de la peine. Elle m'a presque fait de la peine. Du bout de son pied, elle tentait d'écrire des choses dans la terre sèche. Qu'elle effaçait rapidement ensuite. Je l'ai suivi toute la journée. ça m'occupait. Elle bougeait peu de toute façon. Et un type rodait toujours près d'elle. C'était un jour où je n'avais pas assez d'argent pour aller picoler. Et si la journée ne serait pas enrichissante, elle avait pour principe d'être intéressante et trépidante. Y'avait elle. Elle parmi toutes les petites blondes du village. Crillarde, agaçante. Fatigante. Ou attendrissante. Le vieux aimait les mômes, mais, les mômes calmes. C'était aussi pour ça qu'il s'était intéressé à cette petite blonde là. Pour la corde aussi peut-être. Il reprit

J'suis les yeux et les oreilles de c'te ville. Rien ne s'passe ici que j'n'sois au courant. J'crois que j'l'ai vu vot' p'tite blonde. Mais...

Et c'est le moment où on le prend encore plus pour un vieux répugnant et con généralement. Profiteur du malheur ou de la curiosité des autres. Tant pis. Il fallait bien manger. Et boire. Après un temps de silence de quelques secondes, sa voix reprend en douceur :

J'parle pas quand j'ai la gorge sèche. Et là, j'ai la gorge sèche. Y'a bien une p'tite blonde, qu'est passée là y'a quelques jours. Haute comme ça.
dit-il en mettant sa main à la hauteur d'un enfant de 5 ans environ.
C't'elle qu'vous cherchez nan ?
Nouveau silence, juste le temps de lui laisser confirmer. Il aurait pu ajouter la couleur des yeux, mais point trop n'en fallait.
J'veux une pinte pour m'faire dire c'que j'ai vu maintenant. Une pour remercier ensuite. Et si vous voulez savoir d'autres détails comme qui était avec elle, et dans quelle direction elle est partie, ou si elle est encore ici, quelque part, faudra m'trouver une miche de pain pas trop dur - pour mes dents v'comprenez - à becter. C'est ça ou rien. Vous avez b'soin d'moi. Et si vous m"foutez votre poing dans la tronche, j'risque de n'plus jamais pouvoir vous réveler c'que j'sais. Et que j'suis sans doute l'seul à connaître dans c'te villle. Parce qu'après tout, qui s'intéresserait à une petite blonde accompagnée hein ?

C'est à toi de jouer brunette. A toi de décider. Moi, je me contente d'attendre maintenant. Sors tes cartes pour voir. Ou gagne du temps. Mais ne traîne pas trop quand même. Elle avait l'air en piteux état la gamine.

Et d'ailleurs qu'est c'que vous lui voulez à c'te môme ? Tentez pas de négocier une information contre une autre. C'moi qui ait les cartes en main mignonette là.
Atropine
La porte qui s'était ouverte sur un jeune garçon n'avait pas attiré l'attention de la brune toute focalisée sur les mots de l'ancêtre. Un sourire en coin s'étira sur ses lèvres lorsqu'il négocia. La demie portion préférait amplement un homme qui fait payer ses informations, à un homme qui vous les distillent de bonne grâce. Surement parce que, rien est gratuit et que si le vieux juge les informations suffisamment utiles pour être payantes, elle devrait y trouver son compte.
La taille décrite par le client-commère fait arquer un sourcil de la brunette. Spirit, n'a jamais été très grande, c'est donc relativement probable. Mais ça reste trop vague. Un soupire en regardant l'homme, parce que, même si la situation et une négociation pouvait être appréciée en temps normal, là, Atro était pressée. Elle attrapa la bourse pleine, qu'elle venait de ranger et la posa sur la table, face à l'homme.


Elle est à vous ... J'ai pas l'temps d'vous chercher une miche de pain, et doit y'avoir de quoi vous payer quelques soirées de beuveries. Mais attention l'ancien, si y'a entourloupe, je sais où vous trouver.

Les jambes se décroisèrent lorsque les doigts fins vinrent effleurer la dague ceinturée à la cuisse droite. Son sourire devint carnassier tandis que la demie portion notait l'effet produit sur le vieillard de ses menaces à peine voilées. Croisant les jambes à nouveau elle répondit à ses questions d'une voix monocorde, et lasse.

La p'tite en question est ma nièce ... Blonde, les yeux bleus, comme les miens. Anna, elle s'appelle Anna. Maline, une vrai tornade. Elle a disparu il y a quelques temps déjà, je sais qu'elle est passée en Champagne, j'ai retrouvé sa poupée, il y a peu ...

Nouveau soupire. Pourquoi lui dire tout ça ? Et s'il lui mentait ? Si la petite pour laquelle elle laissait sa bourse n'était pas sa nièce ? Et si c'était déjà trop tard ? Et si ... ? La brune secoua la tête. Il ne fallait pas penser au pire. Elle devait être retrouvée. Sa nièce n'avait pas pu être maltraitée, ou violentée ou tuée. Non, elle devait être en vie. Mais, les sourcils se froncèrent un instant. La brune se remémorait un détail énoncé par son indicateur.

Accompagnée ? Vous avez dit qu'elle était accompagnée ... Racontez moi. Si c'est elle, si je la retrouve, je vous promet la même somme à mon retours. Mais j'veux tous les détails. Avec qui elle était, comment elle allait, par où ils sont partis. Tous les détails que vous pourriez me fournir.

En d'autres temps, elle se serait formalisé des "donzelle" et autre "mignonette" mais là, elle n'avait pas le temps. Plus l'envie. Le vieillard et ses indiscrétion avait ravivé l'espoir chez le Poison. Elle s'accrochait à ce rien pourtant, avec une force sans borne. Parle vieil homme, dispense moi ton savoir, dis moi que c'est elle, qu'elle allait bien. Parles, dis vrai et je te promet quelques jours sans faim.
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Mike91
[ Dans un autre bordel, même ville ]


Alors voilà c’est en Champagne qu’on retrouve le Mike…mais qu’est ce que qu’il fout là bas ? Ouais bah ça bonne question, depuis qu’une petite brune est rentrée dans sa vie il fait n’importe quoi…enfin…bon bref je vous explique !

Atro lui a parlé que sa nièce s’était fait enlevée, pour tout vous dire, il s’y est intéressé parce qu’il a sentit de la tristesse dans sa voix, parce que lui et les gosses…ça fait quinze surtout quand ce n’est pas les siens. Lui a voulu un mec, il a eu deux filles, ça en dit long sur la chance qu’il a avec les enfants, mais alors pourquoi il a voulu ? Je vous refais la discussion avec son Atro…

Tu veux venir la chercher avec moi en Champagne ?
Non
Pourquoi ?
Parce que je suis occupé !
S’il te plait….
Nan !
Si te pléééééééééééé
Bon d’accord…


Ouais bah là vous n’y comprenez rien ? Le truc c’est que la différence entre l’avant dernière et la dernière phrase bah elle a rajouté son regard, son truc avec ses yeux, le truc infernal qui vous fait dire oui tout le temps ! P’tain je vous jure, manquerait plus qu’il tombe amoureux et là il sera définitivement foutu.

La champagne il ne connait pas, ça lui ferra une occasion de découvrir…et puis la champagne c’est forcément bien…pourquoi ? Bah c’est un nom d’alcool…une phrase idiote je vous l’accorde, mais c’est peut être parce qu’il vient d’Armagnac… et oui après l’esprit, les grandes régions se rencontrent.

Bon le voilà dans le bordel… Ah il a quelque temps, mike dans un bordel…ça faisait un carnage ! Seulement là, la donne avait légèrement changée, ouais le plaisir de la chaire…pas… fraiche, mais usagée, avait disparu, comme par magie depuis qu’elle était là, et c’était la bonne occasion pour en avoir le cœur net. Donc dans le bordel, il y a, des femmes, un alcoolique, des femmes, un queutard, des femmes et encore des femmes…Mais pas de gamine, ça part mal pour sa cherche. Il intercepte la première brune qui passe devant lui Hey toi…viens voir par là un peu direct comme approche, mais je vous rappel qu’on est dans un bordel et le respect bah c’est pour plus tard, ou alors une fois la consommation terminée, bah ouais parait qu’il faut dire merci une fois vidé Bonjour mon mignon…qu’est ce qu’il te ferrait plaisir Donc là…alerte, un pas en arrière, on garde les distances et surtout pas de connerie…peut être qu’Atro nous regarde J’cherche une gamine…blonde bon jusque là…aucunes erreurs Une gamine ? mais t’es un sacré dégueulasse toi ? Ah merde ! ouais bon c’est vrai que ça peut porter à confusion mais bon…c’est vrai que c’est dégueulasse…rattrapes le coup bordel … Mais de quoi tu me parles toi ? on a perdu une gamine, enfin pas on, eux, et ils la cherchent tu ne l’aurais pas vu par hasard entre deux coups de reins ? Allé hop, ça c’est dit…maintenant espérons que la donzelle soit douée de cette qualité…celle du visio…qui même après des mois sans être venu il vous reconnait et vous refuse l’entrée…ouais c’est casse couille mais c’est le prix à payer quand bourré vous dégueulez sur une blonde…bref…passons ce détail fort désagréable. Entre deux coups de reins, j’ai les yeux fermés beau gosse, mais quel âge elle a ? Elle s’appelle comment ? Son visage est lisse ? Rond ? Ovale ? Depuis quand ils l’ont perdu ? Et où ? blabla bla blablabla Je sais pas si c’est moi…mais les femmes de ce genre sont plus agréable à écouter avec des mots comme… « Hummm » … « Encooooooore » … « Oh oui plus foooooort » et j’en passe… là elle devient vite chiante lorsqu’elle fait des phrases… Rhooooo mais tu poses trop de question toi…c’est moi qui la cherche bordel ! Bon alors là, je le connais bien le Mike…quand il réagit comme ça, c’est qu’il n’en sait rien, il n’a aucune réponse à donné à ses questions… remarquez c’est peut être normale…il ne la connait pas cette gamine. Donc moralité à tout ça…Commence déjà par savoir ce tu dois trouver avant de chercher…
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Rg
Si la brune n'avait pas remarqué le blondin, le vieux... non plus. Du moins pas immédiatement. Focalisé sur les propos de la mignonne et l'attente de sa boisson fétiche, il ne prêtait plus tant d'attention à ce qui l'entourait. Seulement, il n'était plus tellement dans le doute, le vieux. Si elle refusait maintenant, elle reviendrait plus tard, elle n'aurait pas le choix. La curiosité non assouvie est un terrible supplice. Si elle cédait maintenant, il aurait ce qu'il souhaitait. C'est ainsi que l'Hergé se permet de tourner un instant sa tête ridée vers les bruyants du fond. Ses yeux se posent à peine sur le petit homme, et pourtant, si d'ici quelques jours on lui demandait s'il n'avait pas croisé un petit blond ici même, il répondrait sans hésiter. Vieux à la mémoire et l'observation détonante.

Ses yeux se reportent sur la table où la bourse - comme il n'en a plus eu depuis longtemps - qui lui fait écarquiller les yeux. Bon diou... Elle la veut c'te mioche. Et malgré la menace teintée de représailles tant dans les mots que dans les gestes implicites qui montre la dague dont savent si bien usés brigand et malotrus, le vieux penche la tête sur le côté, esquisse un sourire graveleux, et s'empare de la bourse sans hésitation aucune.


Même plus d'compassion pour mes vieilles cannes...

Ouais, le vieux plaisante, alors que le moment n'est pas à la plaisanterie. C'est ce que lui fait comprendre les paroles suivantes sortant de la bouche en cœur. Elle aurait pu mentir. Il semblait assez aisé de se présenter comme une tante, une cousine ou autre recherchant une enfant. On voyait le mal partout dans cette époque. Chaque être se méfiait des autres. Chaque geste amenait à une interprétation étrange. Tout était étudié, scruté, analysé. La confiance s'envolait, et le mal grandissait et se répandait. Elle aurait pu mentir. Il aurait pu s'en moquer. Mais il ne s'en moquait pas. La petite blonde l'avait touchée. Il ne voulait pas la livrer à n'importe qui. Mais la brune paraissait sincère. Vraiment inquiète, il le percevait dans son agitation. Une colère sourde mêlée d'inquiétude grandissante nourrissait son regard, qu'elle tentait tant bien que mal de dissimuler dans une assurance bien présente, cette confiance en soi qui émanait fortement d'elle, sa concision et sa précision. Le vieux hocha la tête, même si la description ne correspondait pas entièrement. Alors le vieux pris la parole à nouveau. Mauvais genre, fausse blague et autre mis de côté, et de son plus grand sérieux, il lâcha.

Blonde, les yeux bleus et pas grande. C'est elle. Par contre, j'ignore son prénom. Tout ce que j'sais c'est qu'elle était aussi calme que muette. Elle écrivait des lettres dans la terre. Des trucs étranges, comme Espérance ou Nèk N-A-I-C. Elle sait écrire votre Anna ?

Avec ça il prouvait sa bonne volonté. Histoire de la rassurer pour éviter le trop rapide retour vers une dague vengeresse qui raccourcirait le peu qu'il lui restait à vivre. Il prit le temps de finir son verre à grandes goulées rapides et bruyante et se leva, en se penchant près d'elle, dans un délicieux parfum de mélange d'alcool pour murmurer :

Pour la suite, allons dehors. Ces endroits c'pas l'idéal. Si mes oreilles y traînent, d'autres peuvent y traîner aussi. Et les catins aiment bien vendre des informations c'moins crevant. Alors...
Et de reprendre d'un ton plus normal en se redressant et commençant à se diriger vers la pièce, la bourse offerte soigneusement accroché à sa ceinture, et sans regard en arrière, convaincu qu'elle le suivrait, et sans attendre si elle ne voulait pas risquer de le perdre.

Elle m'a touché c'te môme. Elle avait l'air affreus'ment triste. Comme les besti'o abandonnés qu'on croise au bord des rues v'savez... Elle était mignonne, quand même. J'l'ai vu arrivé d'ma fenêtre le matin. A ch'val. Assise devant un type, qu'avait pas l'air bien commode. Les mains attachés avec une corde. ça m'a paru bizarre alors j'les ai suivi des yeux, et dès que j'ai pu, j'suis descendu pour les suivre. Et j'les ai r'trouvé. Ils sont restés un moment là. Et sont r'partis aussi sec, à la nuit tombée.

Il marchait aussi vite qu'il pouvait, parlait d'un rythme entrecoupé, davantage dans les tournants, que dans les lignes droites. Il guidait. Elle n'avait qu'à le suivre. A son âge, même si l'histoire l'avait touché, on n'était pas né de la dernière pluie. La méfiance était nécessaire pour rester vivant, et il l'avait compris très jeune. Il la guida jusqu'à une des sorties de la ville, lieu plutôt désert à cette heure de la journée. Il se redressa et la fixa droit dans les yeux.

J'suis un vieux con alcoolique et qui s'emmerde. J'vous l'accorde, ça donne moyennement confiance. J'suis quand même con au point d'vous dire que... J'crois pas aux promesses. Les paroles s'envolent aussi vite qu'elles sont prononcées. Pourtant, si vous la r'trouvez la môme, j'aimerais bien l'savoir. J'vais vous dire c'que j'sais... Parce que qui q'vous soyez, elle avait pas l'air heureuse du tout avec les z'autres.
Elle était là y'a quelques jours. Elle est repartie sur l'même cheval qu'en arrivant. Les mains attachées et devant un type. J'sais pas leur nom, leur taille ou autre. L'type était blond. Autant qu'la môme. J'vous dirais pas s'ils étaient un ou deux, j'en suis pas trop sûr. Y'en avait qu'un qui s'occupait d'elle. Mais quand j'les ai vu partir, au loin, y'avait deux chevaux côte à côte. Ils sont partis par là. Cette porte là. Elle mène à Varennes, c't'une aut' ville de Champagne. C'tout c'que j'sais.


Le regard s'attarde alors un instant sur la sortie de la ville. Rêveur. L'envie de retrouver ses habitudes d'antan, et les voyages intempestifs de sa jeunesse. Mais le temps n'était plus. Il rapporta son attention sur la brune et marmonna quelques derniers mots.

J'espère avoir pu vous aider. Et, avant qu'vous partiez... ! J'sais pas tellement pourquoi, mais j'ai l'impression qu'on a été suivi. J'sais pas par qui, j'ai rien vu. Mais mon instinct d'ancien trafiquant me trompe jamais. Faites attention à vous.

N'ayant pas l'intention d'en dire plus, n'en sachant pas davantage, Hergé se détourne pour retourner à ses pintes vides, son bordel en solitaire, ses observations quasiment toujours inutiles ou menteuses, et sa tristesse de cette vieillesse qui n'en fini pas et le plonge sans cesse dans une nostalgie profonde et douloureuse. Un peu de pitié pour ce pauvre et brave vieux ! En plus de la bourse, la jeune femme lui avait donné l'occasion de parler. Et d'être écouté. Cela faisait si longtemps que ça ne lui était pas réellement arrivé qu'il se sentait un peu satisfait. Un poil heureux. La petite Anna devait avoir l'incroyable capacité de changer la vie de ceux qui l'entouraient...
Atropine
Anna changeait en effet les gens qui la côtoyaient. Enfin, c'était le cas pour sa tante. Elle l'avait changé, et pas qu'un peu. Déjà, elle lui avait fait apprécier les blonds. Chose prouvée par le blond qui chevauchait près d'elle jusqu'à Varennes. Ensuite, et même si la brune ne l'avouait que peu, la blondinette l'avait réconcilié avec les enfants. Elle aimait même passer du temps avec elle. C'est aussi grâce à elle qu'elle avait aimé sa fille. Plus ou moins. En étant avec Spirit, la demie portion s'était rendue compte qu'elle ne se débrouillait pas si mal, en tout cas, qu'elle n'était pas sa mère, chose importante pour elle. La tornade respirait la joie de vivre, l'enfance innocente, et toutes ces conneries qu'on vend aux futurs parents. Elle avait la langue bien pendu, la réplique qui fait mouche parfois aussi. Elle avait ... Non, il ne fallait pas qu'elle pense au passé. Spirit était en vie. Il le fallait.

Ils seraient à Varennes, le vieux n'avait pas mentit. C'était impossible. Naïc ... Lénaïc ... La brune s'était moqué du prénom, et la réaction de sa nièce l'avait marqué. Voilà pourquoi lorsque le vieux avait prononcé ce mot, la brune avait suivit sans même se poser de question. Elle avait écouté le vieillard parler, elle avait bu ses paroles, engrangé la moindre des informations. Il ne croyait pas en sa promesse, pourtant, elle la tiendrait. Si elle retrouvait Spirit, elle doublerait la mise de départ.
Lorsque le couple arriva aux portes de la ville, l'aube prenait place déjà. Les maisons se découpaient dans la brume matinale et les premiers travailleurs sortaient, outils à la main. Une ville comme une autre. Atro aurait espérait un panneau géant où il y aurait eu inscrit "Arrivée" ou encore "cherchez dans la maison près de la mairie". Mais rien. Ils étaient arrivés dans une ville banale, avec ses coureuses de remparts à l'entrée, son marché bruyant et ses hommes qui parlent trop fort.

La Peste ne cessait de se ressasser ce que l'ancien trafiquant lui avait apprit. Accompagnée, les mains liées ... Deux chevaux, donc deux coupables minimum. Et sa nièce qui ne semblait pas aller bien. A quel point ? Allait elle mieux ? Etait elle seulement encore en vie ? Ces questions la hantaient. Elle en perdait patience, espoir et illusions.
Les chevaux furent laisser dans un relais, ils resteraient ici et écumeraient la ville jusqu'à épuisement. Après il faudrait qu'ils rentrent. Ils avaient déserté leurs postes bien trop longtemps. Mais la nuit n'avait pas été reposante, et l'ombre des ravisseurs la poursuivait. Dormir ... Se préparer à tout. La brune attrapa un vélin après avoir investi une chambre louée et entreprit d'écrire à son frère. Mais lui dire quoi ? Le vélin fut laissé vierge. La brune alla prendre place le long du corps dans la couche et s'apaisa, un instant.

C'est un sursaut de terreur qui la sortit de sa torpeur. Elle venait de vivre l'impensable, mais tout n'était que cauchemar. Elle réveilla son blond, plus ou moins doucement avant de se laver rapidement.


Mike, il faut qu'on la retrouve. Deux hommes ... Un blond ... Ou un blond et une femme ... J'peux pas rentrer sans elle ... On peut pas, d'accord ?

Elle lui demandait de promettre l'impossible. Elle exigeait une certitude qu'elle ne pourrait avoir. En tout cas, pas avant d'avoir vu sa nièce. Et encore, elle ignorait ce que la fillette avait vécu, mais cela pourrait bien l'avoir changé profondément.
La brune sortit en ville, accompagnée, à l’affût de tous les signes éventuels. Oubliant complètement la mise en garde que lui avait faite le vieillard sur un éventuel suiveur.

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