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[RP] Ce qui est dans la parole est dans le silence

Spirit_a.
Anna Cilliène Von Zweischneidig vient d'être retrouvée. Et sauvée. Sauvée de deux hommes qui l'avaient enlevée, avaient fini par se lasser d'elle, et avait voulu s'en débarrasser. Anna venait d'être retrouvée et sauvée par sa tante, et son ami. Mais Anna s'était totalement renfermée sur elle-même. A 8 ans, elle était déjà convaincue de la méchanceté et de l'égoïsme des Hommes. Elle était convaincue qu'on pouvait disparaître, ou abandonner des personnes qu'on disait être "chères" à son cœur, en une heure. Anna était désabusée. Triste. Elle n'avait plus confiance. Aussi refusait-elle de parler. C'était sa façon de cacher tout ceci. Elle ne voulait pas peiner plus que de raison les deux seules personnes à avoir été là pour elle. Elle préférait le silence aux paroles pleines de rancœur et de colère. Elle préférait enfouir tout ça, au plus profond d'elle-même...

Sur le chemin du retour, le groupe faisait des haltes. Et l'enfant préférait la solitude à la compagnie, et s'isolait donc aussi souvent que possible. Ce matin-là, elle était sortie de bonne heure, pour déambuler dans les rues de la ville de Champagne. Elle avait fini par trouver un long et fin bâton dans un coin de la ville. Elle l'avait ramassé et avait poursuivit sa route en le laissant traîner derrière jusqu'à ce qu'elle trouve un banc. Elle s'était alors assise, là, seule, avec son bâton. L'arrivée du printemps, et du soleil avait déjà commencé à sécher un peu la terre au sol. Aussi, décida-t-elle de dessiner avec son bâton sur la terre poussiéreuse qui se trouvait à ses pieds. Muette à tout ce qui l'entourait, aux passants, aux artisans alpagueurs, aux enfants qui voulaient qu'elle aille jouer avec eux. Anna ne répondait pas, et restait les fesses bien fixées sur son banc, à dessiner vainement des dessins qui ne ressemblaient pas à grand chose. Anna n'avait jamais été très douée en dessin.

En face d'elle se trouvait une taverne. Sur sa droite, une grande rue, avec du passage et quelques artisans. Derrière elle un petit bosquet qui permettait de sortir de l'agitation ambiante. Ou presque. Elle ne savait pas vraiment où elle était finalement. Peut-être ne parviendrait-elle plus à retrouver sa tante, et son ami... Haussant les épaules, elle reprit son dessin en silence, à l'opposé des passants bruyants...

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Adlymia
La jeunette était habituée à la solitude. Elle se trouvait en Champagne. Dieu seul sait par quel miracle. Elle avait grimpé jusqu'aux remparts de la ville, s'était perchée sur une des pierres les plus hautes, comme pour se jeter dans le vide. Qu'est-ce qui la retenait? Qui l'avait retenue jusqu'ici? Personne. Ses yeux se fermèrent, les cheveux noirs voltigeant au gré du vent. Elle faisait le bilan de sa vie, de sa courte vie. Elle n'avait connu que son père, puis les amis de son père. Ils étaient tous passés sur elle, autant dire qu'elle aurait préféré ne jamais les avoir connus. Puis, elle avait trainé avec cette bande de brigands, ils étaient devenus protecteurs, et amis. Hormis eux, personne n'avait jamais essayé de la connaitre. Personne ne s'était attardée sur elle.

Elle redescendit, lasse de ne jamais avoir ce qu'elle voulait. Elle voulait voler. Loin, juste pour s'éloigner. Un ange dans un corps d'humain.


Qu'est-ce t'attends Ad?

Pour?
Mourir!
J'sais pas.


La ville était vaste. C'était le matin. Elle ne se souvenait plus de si elle avait dormi, et où. Elle secoua la tête, lasse. La lassitude commençait à prendre le dessus. La muette n'était pas muette de naissance, elle était traumatisée. Elle parlait que trop rarement. Elle même n'avait pas entendu sa voix depuis longtemps, elle se persuadait qu'elle ne savait plus parler.

Elle s'approcha des passants, comme une ombre, les regardant sournoisement, elle vit les étals du marché. Se trouvant dans la grande rue, elle vit une taverne un peu bancale et se dirigea vers là-bas, son ardoise sous le bras. Mais elle s'arrêta au moment où elle vit une tignasse blonde dont quelques mèches voltigeaient autour de sa tête. Ses yeux vairons se posèrent sur le petit être qu'était l'enfant.

La gamine lui rappelait elle-même, plus jeune. Elle paraissait triste, et silencieuse. Hormis le physique, elle avait l'impression de se revoir, emprisonnée dans le silence. Peut-être que cette enfant attendait simplement ses parents, ou quelqu'un, ou encore sa nourrice qui était au marché. La mouette s'approcha d'elle, intriguée, espérant ne pas lui faire peur avec ses deux yeux différents. Elle-même persuadée, puis aidée par la petite voix, qu'elle était laide. Elle s'assit tranquillement sur le banc, posant son ardoise et le matériel d'écriture à ses côtés. Puis, elle s'aperçut que la petite blonde était occupée à dessiner dans la terre avec un bâton de bois. Alors, la brune essaya de jeter un coup d'oeil, curieuse. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, amusée de voir les traits se former avec précision.


La petite voix dans la tête d'Adly.
Adly qui lutte contre cette petite voix.
Spirit_a.
Anna n'avait pas prêté plus d'attention que cela à l'ombre qui avait pris place à ses côtés. Sans penser qu'on pouvait s'intéresser à elle, simplement elle, parce qu'elle était assise sur un banc au milieu d'une vaste ville d'un vaste duché, elle poursuivit son dessin du bout de son bâton. Elle n'avait jamais été artiste dans l'âme, ses dessins n'étaient généralement pas bien beaux - du moins c'est ce qu'elle pensait - mais elle aimait tracer ces traits, représentations de souhaits, de désirs, de vie, d'Inconscient. Le bâton sur de la terre sèche rendait la tâche plus difficile encore. Pourtant, lentement, en tirant la langue sous l'application, les traits gagnaient en précision et une forme semblait commencer à s'esquisser sur le par terre. Un bateau, enfin une coque voguant sur des vagues de poussière, avec un grand mât et une voile. Sur la coque, la môme avait écrit quelques lettres. Maledic. Le seul "pirate" qu'elle connaissait. Son jeune ami Corleone. Sur le bateau, elle avait dessiné plusieurs bonhommes. Au bout, à part, deux petits êtres se tenaient la main et regardaient l'horizon. Ce rêve d'enfant qu'elle ne réaliserait jamais autrement, semblait-il, prenait forme et vie sous ses mains, sous ce bâton, sur cette terre poussiéreuse qui avalerait l'esquisse comme le rêve en une poignée de minutes.

Le dessin fini, Anna tourna enfin le visage. A la surprise de voir qu'une personne était toujours assise à côté d'elle succéda celle de l'intérêt qu'elle portait à son dessin. Que lui voulait-elle cette jeune femme ? Pourtant, la peur l'avait quitté en même temps que la parole. Elle la regardait en silence, ses cheveux bruns, son corps frêle et ses lèvres d'où s'étiraient un léger et fin sourire. Ses yeux se posèrent ensuite sur l'ardoise et le matériel d'écriture. D'autres souvenirs remontèrent par vague, du temps où elle apprenait l'écriture à Epinal auprès de ceux qu'elle aimait. Un léger sourire se dessina à son tour sur ses lèvres. Quelqu'un qui aimait écrire ou dessiner ne pouvait être foncièrement méchant. Alors la môme tendit son bâton à sa voisine, comme une invitation à dessiner à son tour. Comme un test aussi. Aucun mot, juste ce geste simple qui valait bien plus si on savait le saisir. Elle n'avait rien de mieux à faire, elle avait du temps devant elle, et on semblait s'intéresser à elle, ce qui imposait de s'intéresser à l'autre.

Son regard clair de rhénane croisa enfin le siens, vairon, mais l'esquisse de sourire qui étirait ses lèvres ne s'effaça pas pour autant. Elle trouvait ça joli, elle. Une belle couleur pour chaque œil. Loin de l'effrayer, cela la rassura. Elle n'avait jamais vu une personne aux yeux vairons. Et si tous les êtres qu'elle connaissait l'avaient plus ou moins déçu, elle semblait différente. D'où son calme, et cette ouverture qu'elle offrait. Qu'elle n'avait plus offert à personne depuis son enlèvement. Et le doux silence qui persistait contribuait à lui faire garder son calme, et à plonger ce banc dans une quiétude bien loin de l'agitation de la ruelle.

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Adlymia
La jeune femme regardait le dessin se former lentement. Des courbes, des traits, il prenait forme lentement, silencieusement. Le yeux de la brune se détachèrent du dessin pour observer la petite dessinatrice. Ses cheveux l'intriguait, ils avaient la couleur du blé, il lui rappelant étrangement quelque chose, mais la brune n'arrivait pas à mettre la main sur qui, ou quoi. Elle la regardait se concentrer, un bout de langue dépassait, les grands yeux bleus étaient fixés sur l'oeuvre naissante, les sourcils légèrement froncés. Elle paraissait être comme dans une bulle, à l'écart de l'agitation ambiante. Elle retourna, captivée elle aussi pas le dessin qui était désormais presque terminé.

Un bateau. Il voguait sur un océan de poussière. Dedans, il y avait des gens, probablement l'équipage, et puis deux autres personnes, qui s'éprenaient pour l'horizon, se tenant la main. Il était gravé sur la coque un mot, dont la brune ne comprenait pas le sens. Peut-être était-ce un nom, peut-être était-ce une phrase ou expression que la blonde avait connu. Ce dessin ressemblait à un rêve, un joli rêve dans lequel la petite fille s'évadait en compagnie de la seule personne qui l'intéressait.

Elle vit ce geste, ce bâton tendu, alors que la brune était encore occupée à contempler le dessin de la jeune fille. Ce geste aurait pu ne rien représenter, sauf que là, c'était différent, elle l'invitait à pénétrer dans son intimité, à rentrer dans la bulle qu'elle avait formé en s'éloignant de tout le monde. La brune sourit plus largement, attrapant le bâton de sa main aux doigts longs. Elle avait trouvé l'attention qu'elle recherchait, et elle valait cent fois plus qu'une petite attention d'un adulte.

En silence, elle commença à dessiner, lentement, traçant les traits avec habileté. Elle aurait volontiers réfléchit pendant des heures durant sur quel thème porterait son dessin, mais c'est sans hésitation qu'elle commença à dessiner. Elle voyait le dessin de la blonde, il représentait son rêve, alors, la brune décida de représenter son propre rêve, le joignant à celui de sa jeune amie. Elle dessina lentement une falaise derrière le bateau qui transportait les deux enfants, la falaise était haute. Elle reprit l'oeuvre en traçant une femme, se tenant debout à la pointe de la falaise. Puis, celle-ci semblait se transformer petit à petit, elle prenait la forme d'un oiseau qui s'éloignait et volait au-dessus de la coque. Elle rajouta un soleil à l'oeuvre, il se couchait, montrant la beauté d'un couché de soleil sur l'océan.

La brune, toujours munie du bâton, traçait en jolies lettres en dessous de leur dessin une phrase. "Je suis Adly.". Tout ce qu'elle ressentait résidait dans cette phrase.
Spirit_a.
Le bâton tendu fut saisi. Et la fillette attendit avec une pointe d'impatience qui ne l'avait pas habitée depuis longtemps que sa jeune voisine se mette en action, en fasse quelque chose. Le sourire, la présence, la différence, et le silence ; tout en cette demoiselle aux yeux vairons l'intriguait, l'intéressait, et la rassurait. Une sorte de proximité dans ce silence que tant trouvait pesant mais qu'elle trouvait plutôt libérateur et protecteur s'établissait à coup de dessin, et d'échange originaux qui pourtant valait bien plus qu'une longue conversation. Qu'elle se mette à dessiner, joignant son dessin au siens lui permit de gagner une certaine confiance enfantine qu'il aurait sans doute fallu plusieurs jours et heures à discuter pour obtenir. Que personne d'inconnu n'aurait pu obtenir ces temps-ci puisque la parole était honnie, retenue, oubliée.

Anna regarda durant plusieurs secondes sa partenaire silencieuse, observant sa tenue, et sa façon de tenir ce bâton et de dessiner. Différente de celle de la Lanceline dessinatrice magnifique qu'elle connaissait, ou bien de celle de Lénaîc à l'époque. Comme si l'on peignait différemment en fonction de l'âge et des émotions qui nous habitent. La peinture, le dessin, les esquisses poussiéreuses aux bâtons, tout cela n'était qu'une expression de sentiment qui était nécessairement bien plus sincère et profond que ceux que la parole pouvait dire. C'était sans doute pour cela que l'enfant était si passionnée par le dessin. Le pouvoir des images contre le pouvoir des mots qu'elle aimait tant quelques mois plus tôt.

Le regard se reporta alors sur le dessin, et les yeux s'écarquillèrent en voyant la jeune femme puis l'oiseau. Leurs dessins semblaient presque ne faire qu'un. Deux mains, pour un bâton. Deux rêves pour une même envie d'ailleurs. Deux muettes pour une souffrance commune. Une rencontre pour deux demoiselles fort seules. L'œuvre ne formait qu'un. Un tout d'espoir, d'envie, de désir, d'évasion et de vie qui venait créer un premier vrai lien entre elles. Et quand les lettres furent tracer, presque devinée en suivant attentivement les mouvements du bâton. Adly... C'était joli Adly. C'était tout doux. Anna offrit un fin sourire à la belle Adly avant de tendre la main pour récupérer le bâton et sous ses lettres à elle, de tracer à son tour de façon discursive son identité : "Et moi, Anna". Elle se redresse alors pour la regarder à nouveau et lui sourire un peu plus grandement.

Un mince silence passe, et Anna tend alors son doigt vers l'ardoise et tout le matériel d'écriture qu'elle avait poser sur le banc, comme pour demander si elle avait le droit de le prendre entre ses mains un bref instant, de l'emprunter momentanément, trouvant cela bien plus pratique que le bout de bois finalement. Elle voulait juste écrire "Merci". Pour le dessin, pour la présence, pour le partage, pour le silence. Merci, parce qu'un mot en disait bien plus qu'une longue phrase. Parce qu'elle n'avait pas envie de poser des questions banales ou stupides tout de suite. Qu'elles prendraient le temps qu'il faudrait pour apprendre à se connaître sans doute.

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Adlymia
La petite blonde qui siégeait à ses côtés était sans aucun doute une des rares personnes qui l'ait comprise. Lorsqu'elle écrivait que son rêve, c'était d'être un oiseau, les gens la prenait pour une folle. Remarquez, c'est peu commun que de voir un rêve comme celui-ci se réaliser. Elle se sentait proche de cette petite fille. Comme si rien qu'elles deux paraissait évident. Leur lien qui commençait seulement à se créer était invisible, mais lourd de sens. Elles se comprenaient, et c'était le plus important aux yeux de la brune. Au diable les politesses et les courbettes, au diable les paroles inutiles.Un regard confus valait mieux que des excuses. Sans les émotions que trahissait parfois le visage, la vie aurait été dépourvue de sens. Quelqu'un en colère ne peut menacer et avoir un minimum de crédibilité si son visage ne trahit pas son énervement. La petite file lui souriait. La jeune femme se demanda alors pourquoi elle était seule, et pourquoi elle était silencieuse. Habituellement, les enfants jouaient entre eux, criaient, braillaient, et bavardaient gaiement et sans limites de leur vie et de leurs problèmes. Mais pas elle, elle était différente, mystérieuse. La brune commençait à bien l'aimer.

Le dessin lui permettait de s'évader, quelques fois, elle regardait même les nuages, imaginant des formes. Les choses qu'elle voyait n'étaient pas souvent gaies. Quand on pense en noir, on ne voit pas la vie en rose. Le dessin avait plu à la blonde, la brune lui sourit en retour. Pour une fois quelqu'un s'intéressait à ce qu'elle avait fait, et quelqu'un appréciait. Pour la première fois, quelqu'un l'avait remarqué. Elle vit la blonde regarder son matériel d'écriture, et tendre sa petite main vers l'ardoise. La brune sortit son ardoise et de quoi écrire et le tendit à sa jeune amie. Que voulait-elle écrire? Peut-être souhaitait-elle lui demandait pourquoi elle restait si silencieuse. Quoi que, ça ne semblait pas être une des préoccupations de la jolie blonde. Elle avait l'air de se foutre de tout, de ne tenir qu'à un fil, un peu comme elle. Elle était calme, mais à l'intérieur, milles et une questions se posaient. Elles se ressemblaient plus qu'on ne pouvait le croire à l'intérieur. Et cette petite se présentait comme quelqu'un qui pouvait soutenir la brune solitaire.

La muette regarda les nuages pendant que sa nouvelle amie se concentrait pour écrire. Elle voyait des formes peu communes, comme des monstres effrayants, des lames, des yeux insistants, observateurs. Elle jeta ensuite un coup d'oeil à ce qui entourait les deux êtres, du monde beaucoup de monde, et aucun ne se préoccupait des deux petites personnes assises sur leur banc. Aucune ne regardait dans leur direction, personne ne levait leur museau de leurs bourses pleines pour se concentrer sur ces deux êtres silencieux, anormalement silencieux. C'était libérateur, évasif. Ce silence ne pesait que beaucoup moins depuis qu'elle avait rencontré la petite Anna. Anna, c'était doux, joli, comme elle. Une petite fleur qui n'attendait qu'un peu de confiance pour s'épanouir. Elle pourrait s'en sortir, même si elle croyait être triste, elle s'en sortirait. Elle était encore là, preuve qu'elle était suffisamment forte pour se sortir des embrouilles occasionnellement créées. Elle regarda derrière elle ensuite, vers le bosquet, personne ne s'aventurait là-bas, quant à la taverne qui se trouvait en face d'elles, certains entraient, couverts d'un capuchon, puis sortaient, rapidement, ou encore d'autres rentraient simplement pour aller boire un coup. Ses yeux vairons se reposèrent sur la blonde, attendant qu'elle ait fini d'écrire sur son ardoise.
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