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[Rp] Une suite logique à un passé tumultueux.

--Stradivarius..
Pas ce soir.
Voici ces mots qui résonnèrent fortement en mon esprit durant toute une nuit. Je m'étais endormi, bercé par les douceurs octroyées par la Princesse. Cette âme si pure qui s'en était retournée, alors qu'elle aurait pu fuir depuis longtemps, vers moi. Elle m'a recouvert d'une couverture afin que je n'attrape froid. M'a bercé d'une mélodie douce, m'ordonnant, comme un de ces ordres royaux, de ne pas mourir ce soir. C'est idiot, dans un sens, qu'elle me fasse pareille réclamation alors que je lui ai fait le plus terrible des mal. Mais voici que cela me va, cela me fait du bien, cela me réchauffe le coeur et m'apaise. Je suis ce doux malade qui s'adonne au bon vouloir de Morphée. Ce doux apôtre de la souffrance qui ne saurait plus tousser pour ce soir, ne plus cracher le sang et se contenir pour continuer à émettre ces petits battements du coeur. Si elle savait, que plus tard, je retournerais dans mon état de bête ignoble, lui retirant sa chétive filleul pour quémander d'autres entrevues avec elle. Si elle savait la douleur que j'occasionnerai, plus tard, à cette Alisa. Peut-être ne m'aurait-elle pas sortie des griffes de la Mort pour ce soir. J'aurai alors sombré, et l'histoire aurait prit fin dès à présent. Nous ne parlerions plus de rien. Pour cet acte d'amour et de respect pour ma personne, je répondrais tout de même à mes promesses en laissant Anne en paix, dès demain, en lice. Je perdrais volontairement, et tout sera terminé jusqu'à la prochaine fois. Pour le moment, je dors paisiblement. Comme un loire. Comme un enfant. "Pas ce soir". Non, pas ce soir.

Les jours on passé.
Des semaines et des mois. Je m'en suis retourné à Limoges, par simple nostalgie du passé. Malheureusement, je ne passe plus inaperçu. Mon visage est connu et je ne suis plus anonyme comme je l'étais autrefois. Malgré mes atours particuliers, tous me dévisagent et comprennent à qui ils ont à faire. Certains s'écartent volontairement lorsqu'ils me croisent. Certains ont une peur visible et angoissent que je leur torde le coup. D'autres me font barrage et m'insultent ouvertement alors que je les ignore complètement en poursuivant ma route vers une auberge dans laquelle bien des choses se sont déroulées. Le retour aux sources, comme on peut bien le dire. Peut-être le départ d'une renaissance de mon âme maculée de bien des perfidies. Je m'arrête un instant devant cette bâtisse. De là, je peux voir la chambre que j'avais loué, ce soir là. Je me demande, d'ailleurs, si je peux toujours en avoir les accès. Si personne d'autre ne s'est accaparé cet antre. S'il y a toujours ces traces de sang. Ou si même l'aubergiste daignera me faire quelques faveurs d'une nuit au chaud en découvrant ce qui avait bien pu se dérouler sous son toit. Fameuse chambre sept. Je ne t'oublierais pas de si tôt. À moins d'emporter cela rapidement dans ma tombe. Je suis en territoire ennemi. Je suis dans ma propre fange, dans mon stupre, prêt à en découdre sans même tenter de me défendre. Passant de bête vorace à bête chétive et stupide, s'il en est. Je souris doucement, mettant en avant ces canines qui font tâche avec mon paraître de l'instant. Douces illusions. Douces désillusions.


    -"Pourquoi ici?"

    -"Je ne cesse de revoir ces images. Je veux ne plus oublier."

    -"Veux-tu te la refaire?"

    -"Non. Je veux juste me refaire."

    -"Il est trop tard, Robert. Tu es et resteras Stradivarius."


La porte de bois est poussée.
J'entre lentement dans ce taudis et jète des oeillades vers le tenancier. Mes yeux rouges ne peuvent être camouflés et je lis dans son regard qu'il se souvient fermement de moi. N'oubliant pas que je sois bon client malgré ce que j'aurai pu lui faire endurer, il se permet d'être commerçant et m'accueillir comme si de rien n'était. Je ne peux que me montrer sympathique, à son invitation à venir m'assoir à une table et prendre quelques prunes délicates pour mon gosier fatigué. Je m'exécute. Et je sombre petit à petit dans mes déboires d'alcooliques, alimentant tout de même continuellement ma folie outrancière. L'alcool amène le piquant dans ma gorge qui brûle constamment à chaque gorgée. Et pourtant, je continue. Cette douleur me fait vivre et me fait comprendre ces choses malsaines que je peux faire. Mais l'alcool enivre et me rapproche doucement de la mauvaise côte. Je tombe encore. Je sens que je suis bien seul. Que personne ici n'a d'intérêt réel pour moi, si ce n'est l'envie de me tordre le cou ou d'en avoir pour mon argent. Pour calmer les langues qui se délient aisément, j'offre quelques tournées. Je n'ai que faire de ces petits bouts de métaux qui alimentent mes bourses. Ces objets de valeur pour lesquels j'ai combattu bien des années. J'ai couru après. À présent, je suis assez riche pour me payer le luxe d'être chaleureux et distingué auprès de tous. De toute façon, je ne suis pas éternel. Tant que je garde assez de pièces pour payer le passeur, qu'il m'emmène sur le Styx rencontrer Hadès, en personne, une seconde fois.


    -"Tu abandonnes?"

    -"Trop de mensonges. Je ne peux plus lutter."

    -"Tu as pourtant une mission... divine."

    -"Apporter le chaos et la destruction pour le bon plaisir des Démons?"

    -"Tu es le Gardien des Enfers."

    -"Va au Diable."


Je suis mort une fois.
Il est vrai, je me souviens, en haut de cet escalier menant à un sanctuaire divin dans lequel je souhaitais me retrancher. Certainement pour trouver repentance à mes pêchés avant de perdre mon dernier souffle. Mais cette montée au "Paradis" ne m'aura entraîné que dans une chute incessante des Enfers. De là, j'ai pu croiser mon passé, mes pêchés, mes vilenies, toutes les âmes que j'ai tué. Tout cela pour en arriver qu'à une finalité. Un drame psychologique joué par les Moires qui se seront trompés de fil et coupé le mauvais. Le miens. Le fil de ma vie, de ma destinée. Comme quoi, tout se joue à un fil près, et ils ont compris leur erreur, se sont même excusées. Je dois être un chat, finalement, de mes sept vies. Une vie par pêché capital. Je suis cet affreux qui ne peut crever, rejeté par la Mort. Et je l'ai vu, elle, en personne. J'ai pu mettre un visage sur ce nom affreux qui m'habite. Cette voix enivrante qui me transmet mes pulsions diaboliques. C'est Elle. Juste Elle. Et, sur le coup, elle m'a foutu une peur bleue. Au détour d'une rivière enflammée par les âmes malsaines. Cette rivière dans laquelle je me trouverais, de toute façon, dans quelques années. J'étais paralysé, devant Elle. Elle qui me regardait de ses yeux étranges, sans vie, sans forme réelle. Elle se voulait rassurante. Elle se voulait reconnaissante. Elle m'a transmis ce livre qui contenait toutes les vérités sur nôtre vie, nos conditions, nos réelles vocations sur terre. Sourire en coin, malgré ses lèvres mal dessinées, elle cherchait à s'excuser de l'erreur commise en me donnant un titre terrifiant. Je l'ai prit. Je suis retourné sur Terre. Je me suis exécuté. Je suis le Roi des Fous, Gardien des Enfers, Chevalier Lyre. Rien que cela, pour un mortel affreux. Trop de responsabilités. Trop de souffrances. Trop de délires morbides.

Je me morfond dans l'alcool.
Et là, une femme entre. Dans cette tenue peu singulière. Dans cette robe qui fait remonter en moins des souvenirs malsains, plein d'extases et de douleurs. Cette robe m'interpelle et me fait quelque peu rêver. Elle se veut alléchante. Les courbes qui se trouvent camouflées par le tissu ne sont nullement les mêmes qu'à l'origine, pourtant. Ce pourquoi je laisse mon regard percuter cette main qui allonge le comptoir de bois de façon nonchalante. Je lève la tête, pour mieux percevoir et affronter ce regard. Je prend note et connaissance de ce qui se présente, luxueuse, dans un repère du Mal. J'admire la prestance et la féminité. Elle a tout d'une Princesse, sans en être une. Et je souris. Je ne sais pourquoi le sourire vient à mon faciès détruit. Ça me plaît. Je la reconnais. Anne. Celle qui m'a vaincu et a emporté ma couronne avec elle pour se vanter de sa victoire à mon encontre. Anne Mary Gray. Cette jeune fille qui s'épanouissait pour la première fois dans mon lit, avec moi, en ma compagnie. Je lui ai offert le même présent, au même âge, que pour Mélissandre. De la voir ainsi vêtue, comme un acte de provocation malsain à mon encontre, je trouve cela magnifique. Elle veut encore me défier et avoir raison de moi. Voici que je lui ai offert toute sa prestance, sa superbe. Par une victoire pourtant non méritée, elle me tient à nouveau tête. Je suis curieux et sombre dans le piège ouvertement fourni à mon égard.


    -"Anne. Viens te poser devant moi. J'ai à te parler, sans faux semblants."

Je ne sais pourquoi elle affronte de nouveau la bête.
Mais la voici. Et dans mon désir de changement, il me faut lui parler concrètement et le plus sérieusement du monde. Sans doute a t'elle été au courant de ma liaison avec la princesse. De comment tout cela s'est terminé. Dans un lit de sang. Ce pourquoi elle se présente ainsi, à présent, devant moi. Je ne suis même pas étonné. Tout le monde doit savoir que je suis de retour à Limoges. Elle ne fait pas exception, les langues se meuvent promptement pour apporter les rumeurs les plus folles et les plus infondées. Cette rumeur ci, cependant, est intacte et vraie. Pour une fois. Je lui souris, doucement, comme je le peux de ma stature maladive. Je me veux doux et distingué, pour une fois, malgré ma tête qui ne bouge sans cesse par cause d'un peu trop d'alcool. Anne, belle Anne, tu n'auras de cesse de m'étonner, toi aussi. À croire que Limoges est le nouvel Eldorado des femmes puissantes qui savent être courageuses et admirables. À croire que je suis tombé dans un piège incessant dans lequel je ne ressortirais jamais vivant. Je l'accueille donc à ma table. Commande une boisson au tavernier qui s'exécute assez vite. Et je la regarde dans ses yeux. Vairons. Cela me perturbe un peu, je dois l'avouer. Je tente de me souvenir, mais il ne me semblait pas qu'elle arborait un tel regard. Je ne me souviens de rien à ce niveau là. Est-ce possible que ce soit nullement elle? Je me trompe, sans doute. C'est peut-être la cause des lumières maladroites qui camouflent là mes souvenirs. Ce ne peut être qu'elle. Elle est superbe, belle, magnifique. Fière et hautaine. Douce Anne. Merveilleuse Anne. Que me veux-tu? Tu fais bien d'être là.


    -"Je ne savais que tu appréciais cette couleur, Anne."

Je pointe du doigt sa robe.

    -"Magnifique. Comme toujours. Du moins, comme depuis que je t'ai connu, du haut de tes treize ans. N'est-ce pas?"


Je souris, taquin.
Elle m'aura eu, ce jour ci.
Grey.
Il me remarque, enfin, je le sens, à ce regard qui se veux farouche, ce menton en avant qui me défie. Je me sens femme, en ce soir où la douce soie de ma tenue caresse l'enveloppe charnelle qui me constitue, en ce soir où mes mèches chocolats chatouillent mes omoplates, et tu ne vois que cela, Stradivarius, cette féminité qui émane de mon être, ce rentre-dedans que je t'offre, tu l'acceptes, tu l'envies, mais tu l'ignores, que je ne suis point Anne, si semblables, et dans le même temps, si différentes, tu ignores tout de qui je suis, de ce que je suis. Encore vierge de ton contact, voilà que je viens le chercher, désireuse d'obtenir ce que tu as offert à mes deux précieuses sans leur consentement. J'ai ce besoin de connaître ce que tu leurs a fait, pour ensuite t'affliger une pleine et véritable sentence, tu l'ignores encore, mais après les coups de reins viendront les coups de canines, affamées, elles reposent parmi mes autres dents, infiniment désireuses de s'enfoncer dans cette chair encore inconnue, de sentir de liquide vital les parcourir et glisser ensuite le long de ma langue et de ma gorge. Je m'avance délicatement vers lui, le dos droit, les mains liées sur mon bas ventre, ignorant ce qui nous entoure, mes iris restent plongés dans les siens, j'avance, langoureuse, languissante, bestiale et sensuelle, vers le destin de ma soeur jumelle, vers mon propre destin. La curiosité te perdra, Stradivarius, vulgaire surnom pour un homme lâche.

Silencieuse, nulle réponse lui est offerte, alors que je m’assied doucement à ses côtés, telle une reine méconnue. Je l'observe, il se demande, les questions fusent sans doute sous ce crâne, derrière ce visage que je n'avais point imaginé si séduisant, mais le mal ne revêt-il pas toujours le masque de la beauté? Il suffit de me connaître et de connaître Anne pour le savoir, je ne devrais pas être étonnée qu'une fois de plus il ait revêtu de beaux atours. Les oreilles et yeux que j'ai dispersés dans le sud m'ont menés jusqu'à toi, Stradivarius, et tu perdras rapidement ce sourire doucereux que tu crois offrir à ma soeur. Le tavernier approche, je lui commande son meilleur vin, sans quitter des yeux ces trais exécrables qui m'observent, cette paupière qui tique, en apercevant mes iris vairons, mais tu ne me connais pas, tu n'as jamais entendu parler de ma personne, comment diable pourrais-tu donc deviner que je ne suis point celle que tu crois que je sois? Je suis damnée, j'ai pactisé longtemps avec des forces obscures, pour conserver mon aimée, jouir de mes péchés, je n'ais pas de vices, je suis un vice, je te dévorerais, Stradivarius, j'occulterais ta chair et ton âme, je nettoierais après mon passage, tu n'es rien, tu ne seras plus. Je me concentre, pour perdre cette habitude que j'ai de diminuer la tonalité de ma voix, basse et grave, elle redevient aisément ma véritable voix, semblable à celle d'Anne, reproduisant avec une perfection prévisible ce ton hautain qu'elle aime prendre. J'ai passé ma vie à me travestir, je suis devenue depuis long temps déjà Maître dans l'Art de la Transformation, dans l'Art du Déguisement, et je déguise une fois de plus mon être, pour redevenir celle que je suis réellement, celle que j'ai abandonné depuis tant d'année, afin que tu ne puisses comprendre que je ne suis point celle que tu crois, afin que tu ne découvres point le piège dans lequel tu t'engouffre dans mes bras.


Je savais que vous apprécierez, mais cette couleur n'est-elle point plus belle sans les souillures que vous avez l'habitude de lui apporter?

Le tavernier revient avec nos commandes, j'attrape mon verre à l'aide de mon pouce et de mon index, le droit, puisque j'ai apprit à devenir ambidextre afin d'imiter ma soeur, et je fais délicatement tournoyer le liquide avant de l'apporter à mes lèvres, claquant mon palais de ma langue en appréciant la finesse du vin, regrettant qu'il ne s'agisse de quelques chairs sanguinolentes. Il me complimente, croyant toujours faire face à la pureté même. Nous avons partagé le même ventre, nous avons goûtés aux mêmes bas ventre, nous partageons nos péchés, nos destins sont mêlés, et voilà qu'il ramène à ma mémoire ce que jamais nous n'avons partagé. N'avions nous alors pas promis de tout faire ensemble? Un sourire doucereux apparaît sur mes lippes carmins alors que je repose mon verre et frôle de mes doigts la main masculine.

J'étais bien jeune en ce jour, et il me semble que je n'ai guère pu vous remercier d'avoir disparu, si obéissant, si directement, à ma demande!

Ma voix transpire d'ironie, et mes yeux sourient également, sent-il le piège, ou tombera-t-il sans se questionner? Choisira-t-il de m'accompagner malgré tout dans le gouffre, par simple désir de mort, dans une dernière danse, un ballet endiablé, avec le diable? Me fera-t-il goûter à ce qu'il a donné à mes précieuses, me permettra-t-il de goûter à cette chair jamais dévorée? Je te désire, ô vengance, ô vulgaire homme. Laisse-moi te goûter. Voilà que la salive emplie ma bouche, que je dois déglutir d'envie, affamée, j'ai jeuné longtemps dans l'attente de ce jour merveilleux où tu serais miens, où tu t'offrirais, où je te prendrais. Quelques troubadours sont d'une humeur joyeuse, entends-tu leur musique, le rythme endiablé, qui débute, près du comptoir? Je suis devenue un animal chassant sa proie, et tu es ma proie Stradivarius, une proie délicieuse je l'espère, mes armes ne sont point des lames, puisque mes lames sont la séduction, puisque je m'approprie ton être sans même que tu ne t'en rende compte, tu seras miens, si tu ne l'es point déjà, et je me dois d'accomplir ce rituel dans les règles de l'art que je me suis forgé. Voilà que je me lève, et que ma main se tends, alors que la musique devient plus calme, le rythme plus doucereux, vers cette perversité malsaine, qui m'est bien inférieure et que je compte bien détruire. M'offrirez-vous cette valse, Stradivarius, avant que je ne vous emmène dans mon propre ballet, dans lequel vous sombrirez?
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--Stradivarius..
Pente raide.
Nouvel air dans l'atmosphère pesante d'une folie renaissante et souffreteuse. L'épanouissement ne se fait guère sans encombre dans une vie comme la mienne. Rien ne saurait être simple, parfait, calme, doux, merveilleux. Tout n'est qu'embuches sur mon chemin. Je trébuche encore et souvent sur les vicissitude de cette pente raide. Je me roule en boule, culbutant au passage les affres d'une désuétude. J'emporte sur mon passage tout ce qui peut être considérer comme humain, laissant la place à l'ignominie qui est en moi. Rien ne peut être beau en moi. En dehors de moi. Rien ne pourrait être simple. Encore une fois, alors que je souhaite simplement me reposer en taverne, voici que ma patience est mise à rude épreuve dans des pupilles qui semblent s'imposer en munificence devant les miennes. Si rouges. Si dures. Je souffre rien qu'en baladant mes iris sur ce monde qui est pourtant si jouasse, si pur, si libertin dans le paraître et l'allure. Je m'engonce à nouveau dans un costume qui n'est pas réellement miens. Le paraître et l'élégance. Le chasseur et la proie. Peut-être ressentirai-je une nouvelle fois l'envie de m'égarer en présence de la beauté pure. Comme celle qui me fait face. Place aux années d'existence qui partent en dents de scie dans le glas d'une défaite qui saurait s'installer. Plus je la regarde, plus je reste circonspect. Mais tant suis-je attiré. Attiré par cet interdit fallacieux et cette décadence facile.


    -"Où est ma couronne, Anne? Celle que tu m'as prise après cette lice perfide?"

Une main se glisse tout contre la mienne.
Je la regarde faire. Je la laisse faire. Qui es-tu, Gray? Es-tu vraiment celle que je connais sans plus reconnaître? À l'instant tu demeures une énigme. Scandaleuse et existentielle. Tu changes tellement. Tu arbores diverses visages fantomatiques et je me perds dans tes pupilles une nouvelle fois. Gray, tu es là. Gray, que me veux-tu? Gray es-tu vraiment la même? Gray, tu te joues de moi. Gray, vengeresse? Je me laisserais faire, sans opposition. Je ne comprend ton intérêt à te jouer de la sorte avec moi. Après ce que je t'ai fais vivre. Après ce que ta Princesse a subit pour te protéger toi et ta faiblesse vacillante. Tu es là, devant moi, forte. Comme une autre. Comme si tu n'étais pas toi. Je ne te reconnais pas. J'ai l'impression de ne pas te connaître. Tu es simplement une femme. Parmi tant d'autres. Semblant néanmoins plus forte. Plus intéressante. Plus comme un nouveau cadeau avec lequel je saurais me délecter, j'en suis sûr. Alors je m'empare de ta main, allant plus franchement dans les couches perfides de cette apparence délicieuse qui me fait face. Même si je ne comprend tes motivations, ou si les idées que je me fais sont vraies, peut-être mériterai-je ce qui en découlera. On ne vit que dangereusement dans ce monde de fous. Je suis peut-être le plus fou de ces fous. Le Roi des Fous. Tu en es la Reine. Sois-en certaine. Et plus tu parles, plus ma langue se sert de ma lèvre pour arrondir les angles et me distraire de ta complaisance. J'aime lorsque tu agis de la sorte. Dans cette nouvelle toi qui m'attire encore un peu plus. Jouons donc.


    -"Peut-être saurais-tu extraire quelques marques de gratitudes en me permettant de parcourir quelques frissons sur ta peau chaste et merveilleuse. Comme autrefois. Peut-être saurions-nous même trouver plus frivole qu'une tenue aussi magnifique tout en discutant de choses et d'autres autour de quelques langues échangées. Peut-être même pourrions-nous poursuivre de genre de questionnements existentiels autre part. Trop de regards."


    -"Gueule du loup, Robert. Ne sombre pas. Il reste tant à faire."

Si je sombre, tu sombres.
Et ce ne sera pas plus mal. Alors je prend les devants, en me levant, afin de continuer cette valse mélancolique qui se joue entre deux êtres si différents physiquement mais semblables au-dedans. À m'aguicher des mots et des circonstances du contact de ta peau contre la mienne, je frétille intensément à une apologie à suivre. Au fantasme qui se figure à la première vision que je m'étais faite de toi, lorsque tu m'approchas jadis. Folle que tu es. C'est toi qui te jetais dans la gueule du loup. Juste retour des choses. Alors je garde ta paume précieusement contre la mienne et t'invite à te lever. Je parais peut-être plus solennel qu'autrefois. Plus diplomate. Plus noble. Hey, je suis ton roi, après tout. Je n'ai guère changé, pourtant. J'ai muri. Peut-être un peu trop. Je suis toujours un gosse à l'intérieur. Mais lorsque l'on goûte à l'extase de la chair, on devient un homme. Un vrai. Et on s'épanouit à laisser poindre des choses extravagantes à travers braies par simple envie. Par simple désir. Par simple pulsion. D'autres pulsions m'ayant conduit vers bien d'autres chemins sombres. Ce soir, ce sera plus simple. Moins tonitruant. Peut-être moins sanglant. Tout dépend de toi. Tout dépend de nous. Je veux que ce soit simple. Qu'une nuit et que tout s'en aille. Alors je te souris tandis que nos pas se frayent un passage entre les tables nombreuses. Les marches pénibles. Le couloir fastidieux. La chambrée infecte dans laquelle le sang d'une Princesse a coulé. Porte qui se referme dans un grand fracas.


    -"Allons droit au but."


Ou faisons un détour auparavant.
Un détour charnel, tout simplement. Ton corps qui se colle contre le bois de cette porte. Mes mains qui s'attachent fiévreusement tout contre ton bassin. Qui remontent lentement dans une course délicieuse contre tes courbes intéressantes. Qui dessinent des cercles sur le tissu qui te recouvre et qui entrave ma concentration perverse. Des phalanges qui redescendent. Qui soulève la robe le long d'une cuisse frémissante. Moi contre toi. Ma jambe contre ton entrejambe. Je relève avec délicatesse et empressement non camouflé. J'exhibe les parties de ton corps tout en mêlant mes lèvres aux tiennes. Fermement. D'une serpentine qui s'épanouit d'une autre tandis que mon extase laisse exploser du pourpre tout contre mon visage. Que ma peau se pique de poils qui s'hérissent. Je me meus tout contre toi. Je parcours ta délicatesse et ta douceur. Je profite de ces instants jusqu'à atteindre une pointe symbolique d'un bout de doigt. Je montre là une sensibilité toute féminine pour parfaire mon extravagance toute masculine. Mais je me cesse un instant pour t'admirer. Plisser les yeux devant ta beauté dérangeante. Je n'ai réellement pas l'impression de goûter à ce que j'ai déjà connu. J'ai là une inconnu. Et ça me dérange quelque peu. Tu n'as pas la même saveur. Le même métabolisme. La même attitude. Mais tu es si attrayante. Si sexy en quelque sorte. Je crois que je prend un certain plaisir à porter atteinte à ta vertu. Tout comme à cette robe qui me remémore bien des souvenirs. Je te dois seulement une vérité. Avant de poursuivre. Ou de cesser.


    -"Anne. Je dois t'avouer une chose avant de poursuivre."

Les lippes qui se courbent au niveau de ton oreille droite.
Un filet de chaleur s'évade et les mots afflux.


    -"Je dois t'avouer, peut-être à tord pour l'instant présent, que nous sommes de la même famille."


Sourire qui se perd dans la conversation.
Souffle qui se fait plus en perdition.
Je n'aime ce genre d'aveux en pleine excitation.


    -"Je suis le frère de ta Cléa. Je suis ton oncle."

Avouer avoir folâtrer avec sa nièce.
Avouer avoir pratiquer une forme d'inceste en plus d'une utilisation scandaleuse d'un corps d'une jeune enfant, encore. C'est peut-être l'apocalypse. Le symbole même de ma folie sans limites. Je suis apte à pénétrer la sphère familiale dans bien des positions néfastes à une bonne résolution sociale. Le soucis a toujours été. Lorsque je suis attiré par une belle femme, je m'y perd. Puis, par mes pulsions, je me perd aussi en la perdant. Mise à mort peut-être volontaire. Si tu ne fais rien, à l'instant, et que nous consommons, peut-être que tu goûteras aussi. Tu y as bien échappé une fois. La seconde te perdra. Seulement dans l'optique où je ne sais me contrôler. Peut-être n'auras-tu plus aucune envie de me faire plaisir. Ce serait dommage. Nous avions bien commencé. Et je suis bien remonté pour accueillir une nouvelle fois ta jeunesse. Ta coupe bénéfique pour ma santé pervertie. Nous sommes sans doute de la même famille, et nous devrions partager bien des choses ensemble. Ne penses-tu pas? Oui, j'ai les idées sottes et affreuses. Tellement que j'en croque ton lobe comme une invitation à poursuivre sur ces actes manquées. Je veux te retrouver, ma nièce. Et t'aimer comme un oncle devrait le faire. Non? Ne poursuivrions-nous pas cette danse merveilleuse? Cette valse affectueuse? Aurais-tu peur du démon fougueux au point de vouloir me fâcher en m'évitant ce plaisir fallacieux? Allez! Dansons encore un peu! Laisse-moi sourire et échappant tout ce surplus d'amour.
Grey.
Il entre dans le jeu, se glisse dans la partie en attrapant les cartes, croyant les avoir en main, entrelaçant nos doigts, ne se doutant pas que tout cela n'est qu'une farce, une facétie dont je suis la marionnettiste. Ignorant que je ne suis point celle qu'il croit. Debout, face à lui, le visage baissé vers le sien, je l'écoute silencieusement se vanter d'apporter quelques plaisirs à une étreinte indésirée, et je souris, tant la faim me dévore le ventre, à l'idée qu'il sente la fin dévorer son existence, est-il capable de le sentir, depuis que mon postérieur a rejoint le sien sur cette banquette en piteux état? J'incline légèrement la tête, l'observant de mes yeux vairons, tandis qu'un sourire, factice mais bien trop étudié pour être découvert comme supercherie, apparaît sur mes lippes, et que mon pouce caresse lentement le dos de sa main, dans un cercle répétitif et hypnotisant. Oui mon cher Robert, trop de regards, il serait si indécent que mes canines déchirent ta chair en dehors de l'intimité d'une chambre, de draps soyeux, et d'autres luxueuses choses! Il serait si indécent que tu crèves dans ton élément, espèce de salopiaud, tu n'es qu'une tare en ce monde, je te détruirais, je te lapiderais! Mon sourire n'a pas disparu à cette pensée inexprimable tant elle est violente et inconcevable chez une personne de ma qualité, mais voilà que le palpitant caché sous ma poitrine libérée s'abat à un rythme effréné contre ma cage thoracique et que ma respiration se fait plus laborieuse.

Mais tu ne remarques rien, Robert, trop occupé à paraître éduqué et sage, tel un être de naissance royale, et si tu remarque l'émoi qui vient de parcourir mon enveloppe charnelle, nul doute que tu croiras être la cause d'un désir à moitié dissimulé. Mon sourire se fait charmeur tandis que je me glisse derrière tes pas. Mon roi? Jamais, Robert, je serais ta Reine, je suis ta Reine, celle devant qui tu t'agenouilleras, suppliera, disparaîtra. L'odeur du sang embaume la pièce dans laquelle tu nous mènes, voilà que la salive prend possessions de ma cavité buccale, j'avale, déglutissant, peut être prendras-tu cela pour de la peur ou du désir mais nulle craintes n’apparaît dans mes pupilles dilatées de désir. Je suis si affamée...pourquoi ne nettoient-ils jamais complètement le sang? Ma vision se teinte d'une légère lueur carmin alors que ton corps s'approche du mien, alors que le bois rugueux écorche ma colonne vertébrale, j'ignore les mains qui parcourent ma peau, et un gémissement m'échappe alors que ma chair entamée laisse transparaître quelques filets sanglants le long de ma courbe dorsale, mes ongles s'enfoncent légèrement dans la peau de cette nuque masculine alors que ma jambe droite se meut jusqu'à entourer ces hanches, rapprochant nos deux intimités, un doigt qui s'amuse et qui se veut pénétrant sous mon mouvement. Mes lippes embrassées affichent ce sourire aguicheur et taquin tandis que mon corps entier se cambre, mes paupières entrouvertes tandis que mes vairons ne me laissent observer plus que quelques visions, des flashs carmins, mais les mots parviennent à mes oreilles, dépassent mes tympans et s’infiltrent sinueusement dans mon esprit.

Soudainement, ma cage thoracique devient secouée d'un rire profond, qui surgit, tandis que l'absolue irréalité des faits m'est découverte. Nous aurions donc l'inceste dans notre sang? Voilà qu'à cette pensée, la couleur pourpre qui s'était légèrement évaporée revient, m'enveloppe, tandis que la folie de la situation crée en ma personne un ravissement sans nom. Tu croiras prendre ma vertu, mais tu ignores tant qu'elle s'est déjà volatilisée depuis long temps! Tu croiras que je me perd, mais tu ignores tellement que je me suis déjà perdue, sans ton accord, sans ton appui. Oh, Robert, ignores tu réellement que j'ai déjà tout eut, tout, avant même que tu n'apposes ton regard sur Anne, ignores tu donc qu'elle était déjà mienne, que sa vertu n'était déjà plus, que nous nous étions depuis tant de temps déjà perdues, ensemble? Que cette vengeance sera belle! Ma voix franchit une nouvelle fois mes lippes alors que tu tentes de mordre, mais voyons, Robert, crois-tu vraiment que c'est cela, croquer? Je désire tant t'apprendre, laisse donc ta favorite te montrer, te faire découvrir l'attrait qu'à ce liquide vermeille lorsqu'il jaillit de ses veines, l'extase qu'il apporte lorsqu'il glisse le long des papilles et s'écoule lentement le long de la gorge.

Voilà qu'à cette pensée voluptueuse et saisissante, mes doigts qui se voulaient caressant se font plus durs, plus déterminés et sauvage sur l'arrière de ton crâne, et ma main libre glisse sur ton torse, jusque ton bas ventre, jusqu'à disparaître sous le tissu masquant ton entrejambe. J'inspire tandis que le bois s'éloigne de mon dos et que le lit s'approche du sien, tu n'as guère d'autre choix que de me laisser agir, conduis-toi en observateur, Robert, oui, c'est bien, Robert, je n'ose imaginer l'effet que doit produire chez ta personne la vision et l'idée d'une femme te surplombant ainsi, majestueuse et royale, animale et féroce, cela serait si indécent d'imaginer pareille chose. Mes lippes rencontrent les siennes, et ma langue se mêle à la sienne, puis mes canines, qui tracent de légers sillons rougeâtres sur le muscles visqueux, avant que la vérité ne soit lâchée, peut être trop tôt, peut être trop tard, mais qui ne serait pas alors déjà sous le charme de mon être dans l'instant? Et qui saurait résister à l'idée de prendre ce qu'il n'a jamais pu obtenir, ce dont même il ignorait l'existence? Voilà que le piège se referme, entraîné par son amour des femmes et de leur chair, je lui ferait découvrir ce qu'est réellement l'amour de la chair..


Croyez vous donc que cet état de fait m'était inconnu, sir, alors que j'ai étudié notre famille, croyez vous donc que j'aurais omis de connaître parfaitement l'être qui lui avait fait toutes ces choses, étant enfant?
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--Stradivarius..
Est-ce que je peux jouer avec toi, mon loup?
C'est ainsi que l'histoire pourrait commencer. Finalement, je ne suis qu'une brebis égarée en présence de plus fort que moi, que plus carnassier. Je suis aux prises de canines acérées, prêtes à m'éventrer, arracher ma peau et se nourrir de mes muscles fins. Douce ironie. Je me fais trop vieux pour ces histoires d'enfants. Ces contes fantastiques. Je me fais bien trop vieux pour soutenir un seul instant mon regard vitreux vers une forme plus fantasque que la mienne. Je ne tiens plus le bon bout, je ne vois même pas qu'elle s'agite vers moi comme une dangereuse prédatrice, comme une veuve noire prête à m'épouser pour dilapider ainsi ma vie après avoir récupéré son du. Non, je me fais de fausses illusions sans m'en rendre compte. Et ce conte m'amène à une déchéance bien plus infinie qu'il n'eut été possible d'imaginer un seul instant. Et pourtant, que j'aime apprécier ces formes et cette austère présentation de la Mort imminente qui n'eut jamais la volonté de m'embrasser. La délicate prestance de celle-ci, représentée en cette femme, conclura un conte merveilleux dans lequel, jadis, j'étais le héros. Tournerai-je en martyr? Ou en sacrifice à des rites lunaires dans la perfidie d'un moment qui laisse de marbre ceux auxquels j'ai fait le plus de mal, le plus grand mal? Pour le moment, loin d'être un Saint, je sais me complaire dans la délicatesse d'une paire de sein. Finalement, je ne suis qu'un homme. Je resterais un homme. Ma chair est imprégnée de cette vérité criarde. Je suis aveuglé par les courbes frénétiques des chasseresses professionnelles.

C'est une succube.
Il est vrai que je répond favorablement à ses douces caresses. Surtout lorsqu'elle s'aventure dans les tréfonds de mon plaisir et que je tente de lui rendre au centuple ces impressions qui sont miennes. Elle me contrôle. Je perd le contrôle. Elle prend possession de mon être. De la totalité de mon être. Aussi bien que je m'en souvienne, il n'y en a qu'une qui eut la réussite de faire cela. Qu'une qui eut pu creuser des sillons là où les doigts pouvaient décemment creuser. Une qui pouvait absorber mon sang, s'en nourrir et en devenir plus forte. Qu'une unique. Mais ça, c'était avant. Celle qui me fait face agit telle une garce venue des Enfers. Comme une catin bien plus belle et plus précieuses que toutes celles que l'on peut rencontrer aux abords des routes. Elle, elle manipule l'aspect éphémère de ma masculinité d'une telle façon que je ne répond plus de mes pensées. Je ne parviens plus à entendre cette voix, en moi, qui me protégerait, pourtant. J'agis tel un fantôme, un zombie, un être dénué de cervelle sans parvenir à comprendre ce qu'elle peut bien me dire. Mes yeux sont clos. Ma respiration est saccadée. Est-ce cela le goût mortel du Paradis avant la descente sur le Styx? Est-ce cela que le glas et la défaite. Le dernier des plaisirs qui saurait me combler avant de perdre à tout jamais le dernier souffle, le dernier râle. De nombreuses fois j'ai pu connaître ce sentiment. Mais nullement de cette façon si agréable et peu chaste. Si démoniaque et affriolant. Tant et si bien que je ne peux qu'en goûter. Encore et toujours. Plus loin et plus profond. Je succombe. Petit à petit. Petite succube.

Ce que tu dis, là.
Ce que tu dis et qui me donne l'impression que tu enfournes ta langue fourchue au plus profond de mes oreilles, titillant ainsi ma cervelle. J'ai du mal à l'entendre. J'ai du mal à le concevoir. Je souffre rien qu'à l'idée d'en comprendre n'en serait-ce qu'une bride. Et, pourtant, c'est bel et bien là. Je ne peux me défiler à cette consonance, à cette note ardente, à cette furie qui m'horripile un instant avant de me perdre à nouveau dans les délices que tu m'octroies en creusant dans mon dos un sillon ténébreux. Je me demande quel goût mon sanguin peut avoir. Je ne l'ai jamais goûté. Peut-être que ce ferreux est appétissant, intéressant. Peut-être aura t'elle la jubilation de connaître une sensation divine dans un calice agrémenté spécialement pour elle. Je ne sais. Mais ce que tu dis reste dans ma tête. Tu parles comme si tu n'étais pas toi. Comme si tu étais une autre. Comme mes premiers sentiments à te voir agir telle une féline. Ce que tu dis sonne en moi comme une preuve que tu es une autre, et que tu me veux du mal tel un Ange de la Mort dans une religion scandinave. Ça saute aux yeux. Ça me fait tressaillir. Ça me bouffe l'esprit jusqu'aux entrailles. Pourtant, je continue à m'abandonner à toi même lorsque tu me mènes au lit. Me laissant choir tel un pantin désarticulé, prenant de la hauteur sur moi. Prenant les rennes de mon commandement. Je ne suis plus chevalier. Je suis cheval monté.


    -"Laisse-moi croire un instant que tu es insouciante. Laisse-moi seulement ce plaisir."

Et peut-être que je m'oublierais.
Sans chercher à me défendre nullement. Tes doigts insinues et pointus pourront parfaire le crime idéal autour de ma gorge. Serrant, empoignant, proférant les pointes de la perdition de mon état. Arroseur arrosé. Je te laisse faire. Je te laisse mener la danse. Tu me rends fou. Fou, je suis. Le Roi des Fous. Tu as bien choisi ton heure. Je suis une loque. Une faible loque. Dépendante de la Vie et de la Mort. Emprisonne-moi. Domine-moi. Laisse-moi apprécier ta chair et le fondement de ton être. Laisse-moi pénétrer ton esprit un instant. Laisse-moi sonder l'insondable. Laisse-moi te comprendre. Toi qui semble aussi folle que je ne le suis. Toi qui semble si effarouchée. Digne héritière de ce que je suis. De ce que j'étais. Tu es sur la bonne voie pour me remplacer. Tu es sur la pente montante. Tu es prête à gravir les échelons de la société et à perpétrer ce dont je fus incapable de faire. Tu proféreras des ordres, et tous t'écouteront. Car tu as su contrôler la bête. Ce Gardien des Enfers que je crois être. Peut-être qu'un jour on te donnera aussi le surnom de Stradivarius. Tu pourras en être fière. Ou peut-être que cela sera un lourd fardeau pour tes épaules gracieuses mais masculines que je découvre à l'instant. Tu n'es pas Anne. Mais je te prendrais comme elle. Comme un membre de ma famille. Tu es une héritière. Tu es de mon sang. Tu es ce qui m'est le plus cher et que je ne saurais détruire aujourd'hui. Le fruit des entrailles de ma demi-soeur que j'ai abandonné à mes treize années.

Et pourtant, nous agissons en dépit.
Incestueux, nous sommes. Ce n'est pas quelque chose qui me semblait plausible, mais c'est un état de fait. Ma demi-soeur était belle et resplendissante. Il est normal que ses enfants m'attirent de la même sorte. Alors je me laisse dompter, je me laisse faire, sans émettre d'ordres contraires. Mes poils s'hérissent. Mon visage devient rouge. Ma tête en arrière sous les pulsions qui m'agitent. Ces pulsions nullement sanguines, mais bien érotiques. Je crève d'un désir obsessionnel. Je me meurs d'une lubie toute frénétique. Je sens mon esprit se perdre dans la luxure et la débauche. Surtout lorsque nos deux interdictions peuvent se juxtaposer. S'annuler. Perforer le mur d'une inconvenance dévastatrice. C'est dingue de songer à toutes les possibilités qui s'offrent à nous. Dans cet univers infini. Que tous ces instants nous habitent et nous crèvent. Que nous ne parvenons pourtant à nous contrôler malgré une vie toute entière d'emprise. Non. Toi, tu contrôles. Moi je me laisse contrôler. Jusqu'où cela ira t'il? Jusqu'où ma déraison me conduira t'elle? Jusqu'où puis-je aller en perdant ainsi petit à petit ma raison. J'étouffe. Je succombe sous l'angoisse d'un instant. Trop de questions me tiraillent tandis que je me met en oeuvre me corps contre le tiens. Mon coeur dans le tiens. Je tousse. J'ai l'impression d'imploser. D'exploser. J'ai mal au crâne. Ça siffle. Migraine insoutenable. Ça repart.

    -"Je te veux rien qu'à moi."


C'est sans doute ton rire.
Ce rire qui me tape les tympans. Je ne l'entendais pas, plus tôt. Mais à présent il roule dans mes oreilles comme une sinistre mélodie outrancière. Les notes se faufilent, indécentes. Je n'entend plus que cela. J'ai l'impression que tu te fous de ma gueule. Que tu te fous de moi. Que tu ne me respecte pas. Je suis ton Oncle. Je suis ton Roi. Je suis Stradivarius. Je me reprend. J'égrène une toux sanglante sur ton visage. Tu pourras le goûter, ainsi. Et j'empoigne ton cou fortement, insistant pour fracasser ta glotte de l'intérieur. J'ai envie d'enfoncer mes ongles dans tes yeux. J'ai envie de me délecter de ta mort. J'ai envie de te frayer un passage dans mon Enfer. J'ai envie de te voir griller dans les limbes. T'emporter avec moi. Je ne supporte pas cela. Mais je semble perdre de ma splendide. De ma force. Tu me décontenance. Tu me déstabilise. Je n'arrive plus à forcer. Je ne suis plus Stradivarius. Je suis l'ombre de moi-même. Une chose est certaine, nous n'irons pas à deux dans le fond de l'extase. À l'apogée d'une perfidie sans pareille. D'un inconcevable inceste qui ne saurait exister et s'étaler dans le temps. Une chose est sûre, c'est qu'à présent, nous sommes à visages découverts. Face contre face. La réalité n'a rien de surprenante. Nous la vivons avec aisance chaque jour de notre misérable vie. Peut-être auras-tu le dernier mot sur ce qui en suivra. Le sort en est scellé. Alea Jacta Est.
Grey.
Une brebis égarée, il est cela, chasseur devenu proie, la mienne, tandis que je nous dirige vers la couche, je m'arrête, elle repose là, à une dizaine de centimètres de l'arrière de tes genoux. L'envie me surprend, de te faire ployer, de te faire tomber, mais je me retiens, je garde cette extase pour plus tard, je garde le silence, j'écoute ta respiration haletante. Le désir parcoure lentement mes veines. Pourquoi ma soeur aurait-elle droit à une chose qui me serait refusée? Pourquoi je te laisserais ce plaisir? Les questions fusent, ma bouche reste close, mais l'interrogation reste, fugace, incessante. Pourquoi elle, Robert?

Mes doigts s'agitent sur ton entrejambe, tu sembles si sensible à ma présence, à mes gestes, si faible face à ma féminité. Cette sensation de pouvoir est indescriptible, saisissante, délectable. Sens-tu à quel point je me délecte de cette situation, Robert?
Le même sang bouillonne sous nos peaux si différentes, cela comporte un charme sans nom, je me demande, quel goût peut-il avoir, sous cette chair masculine. Cette chair qui m'a été volée à la naissance, faisant de ma personne une femme, me privant de cette virilité qui devrait être mienne. La jalousie navigue dans mon être, elle m'empoigne de ses mains féroce, elle me dévore. Oh, je devrais peut être te dévorer. La salive m'empêcherait presque de respirer, tant que je suis affamée, tu me sembles si appétissant, là, allongé sur le lit, tandis que je te rejoins, agenouillée, là, juste sur ton entrejambe, laissant ma robe découvrir mes cuisses.

L’extrémité de mes doigts fins glissent le long de tes avant-bras, se rejoignent sur ton torse, agrippent le tissu de ta chemise, et tirent, de toutes leurs forces, jusqu'à ce que le son si charmant de déchirure brise le silence de la pièce, libérant ton buste du tissu, qui rejoint le sol. Mes doigts s'aventurent sur ta peau, la griffent légèrement, se font appuyés, pressants, s'arrêtent, là, au niveau de ton organe vital. Ciel, comme je désire poser mes lèvres, juste là, sentir tes palpitations. Tu frissonnes. Mes lippes douces goûtent ta peau. Ton odeur est délicieuse. Mes canines me titillent, j'imagine leurs pointes transpercer ta chair, faire couler le sang. Je lève mes vairons, me faisant observatrice, tu sembles sous le point d'imploser, ta nuque est à découvert, cette veine battante me donne cette envie dévastatrice de te dévorer. Tu commence à t'activer, et je décide de te laisser le contrôle, quelques instants, je te concède cette grâce, alors même que tu ne mérite strictement rien venant de ma personne. Tes mots résonnent alors, irraisonnables. J'éclate de rire. C'est intenable, il franchit mes lèvres, implacable, vicieux.


Robert...Robert! Pourquoi me voudrais-tu rien qu'à toi? Que pourrais-je donc t'apporter? Que pourrais-tu m'apporter? Voudrais-tu réellement que je sois ta Reine? Sais-tu au moins qui je suis, Robert?

Je ris tout en parlant, d'une voix suave, entrecoupée d'éclats, et je sens tes membres, ton corps entier, réagir, se contracter. Tu n'aimes guère les moqueries, visiblement, serais-tu susceptible, vieil ami? Les goûtes vermeilles éclaboussent mon visage, ne pouvant résister à la tentation, la pointe de ma langue s'aventure sur mes lippes, le sang se dépose sur mes papilles, et un gémissement naît dans ma gorge, de désir, de plaisir. Je suis si affamée! Mais voilà que tu interromps mon extase en emprisonnant cette gorge, cette gorge d'apparence si fragile, ma gorge. L'air se raréfie dans mes poumons, je suffoque, mes paupières s'abaissent dans une expression si sensiblement désireuse que même toi, tu ne saurais te tromper sur mes intentions.

Mes ongles griffent ton torax tandis que mes hanches se font pressantes, que je te plaque plus fermement contre le lit. Comment pourrais-tu ne pas oublier totalement mes envies de meurtres, alors que tu as, agenouillée sur toi, la seconde plus belle du royaume, la seule que tu n'as jamais possédée? Peut être devrais dire, la plus belle femme, tout simplement, puisque je ressemble à l'exactitude à Anne. Anne, que tu voulais déjà, alors qu'elle n'était qu'une enfant. Qu'ais-je donc de moins? Pourquoi elle, Robert? Tu l'ignorais peut être alors, mais personne ne touche à Anne. Elle est ma propriété. J'ai tué tant d'hommes, ces dix dernières années, chacun d'entre eux l'ont courtisée, j'ai torturé ceux qui l'ont touchée, avant de les enterrer, offrant par la même occasion une réputation de corbeau à ma soeur, elle est si rapidement devenue celle dont il ne faut pas s'approcher, alors que nous étions encore enfants, dans les villages, les mères craignaient que leurs fils s'approchent d'elle, les femmes privaient leurs époux d'étreintes s'ils osaient lui adresser la parole, j'agissant dans l'obscurité, à l'ombre des ruelles, ils disparaissaient, les uns après les autres. Elle est ma propriété, et voilà que je découvre que tu as été le premier à la posséder. Pourquoi elle, Robert? Mes pensées deviennent incohérentes, elles tourbillonnent sous mon crâne, j'ai envie de déglutir, mais cette main serrant ma gorge m'en empêche, mes traits doivent sans aucun doute prendre cette teinte presque pourpre du sang, tandis qu'une veine bat sur ma tempe gauche, je la sens, si fort. Ton visage est si proche...de la pointe de ma langue, je caresse tes lèvres, tandis que mes doigts s'activent, libérant ton intimité, et sans plus attendre, malgré cette poigne implacable avec laquelle tu me maintiens, dans un mouvement rapide, je te concède la possession totale et complète de mon être. Quoi qu'il arrive, je serais ta Reine. Et je te dévorerais.

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--Stradivarius..
Le Tango est lancé.
La marche nuptiale suit son petit cheminement avec une traçabilité parfaite, presque trop linéaire, presque préconçu par avance. Une symbiose trop calculée pour venir du coeur. Une entièreté trop analysée. Une situation trop quadrillée. Des lignes. Que des lignes. Sous ses diverses formes fantasques. De la courbe somptueuse au délicat phallique redondant. L'imagination n'a pas lieu dans ce genre de situation. L'imagination est laissé pour compte dans une mécanique si bien huilée. Elle. Moi. Dans une cage. Dans un empoisonnement de l'âme. L'effluve gastrique qui se partage à ma salive. À sa salive. Un soulèvement du coeur. Une respiration des plus indélicates. Une bombe incommensurable qui semble éclater et m'offrir les terribles fracas des bouts qui se changent en couperet dans ma chair glacée. Dans mon être martyrisé. Esprit machiavélique qui a toujours calculé le moindre mouvement sur l'échiquier. Le Fou prend le Roi. Échec et Mat. C'est tout comme elle s'empare de moi. Je suis dans elle. Elle me prend. Elle me rejète. Elle m'a tout entier. Je suis le Roi Maudit. Échec et Mat sous une tremblement psychotique infâme. Perdition sédentaire. Je veux bouger. M'éloigner. Disparaître. Il n'y a que cette masculinité qui disparaît dans cette féminité si sensuelle. Moi, je reste là. À la regarder. Mes mains l'entraînant dans une sorte de Guerre sans merci où la chair est la première arme. Et les effluves qui me trempent entièrement s'emparent tout doucement de tout ce que je peux être.

Alors je tousse.
Je crache du sang. Je me libère du mal. Je suis le Mâle. Elle m'empoisonne. Elle est la femelle. Comment puisse t'elle me soudoyer de la sorte et me faire rompre, comme un vulgaire bâton, sous des coups de fouet imaginaire. Elle fait revirer ma santé dans un bord plus néfaste. Elle me détruit. Elle m'accapare. Une succube diabolique, pire que n'importe quel être au monde. Pire que moi-même. D'instinct, je ne saurais prévoir que le pire. D'instinct, je serais pour la mordre, sa jugulaire implosant sous mes canines. D'instinct, je saurais être le chasseur devant une proie bien trop aisée. Mais l'instinct n'est plus dans l'instant. Faiblesse toute masculine lorsque l'on s'emboîte dans ces conditions. Faiblesse d'aimer les femmes. Faiblesse d'être ce cloporte sanguinaire qui se lèche les babines du moindre foutre qui s'en va, vagabond, se reposer dans un terrier si confortable. Terrassé par les véhémences des coups de reins. Et d'un tour, petit tour, s'en va et s'en revient, jasant sur une condition trop délicate. Une condition dépeinte de mille vermeilles qui folâtrent gaiement ensemble. Et d'un tout pour un tout, dans un tour sur un tour, je m'émasculise trop bonnement devant elle malgré la farouche hargne et ardeur que je met dans le moindre mouvement sardonique. Dans le moindre appendice. Je perds pied tout comme je perds tête. C'est frénétique. C'est absolu. C'est jouissif.

Sans passer par Crescendo.
Je m'évade sur des airs de Violon sous un viol donné par l'occasion qu'elle m'offre. Par l'occasion qui m'est offerte. Ce n'est pas de simples cuisses sur lesquelles passent l'archer bien talqué. Ce n'est pas une simple mélodie qui s'évade de deux corps à l'unisson. Dur comme le bois, fort comme le roc, il s'en va joyeusement sur les cordes sensibles qui donnent cette petite émotion, cette petite larme qui flirte avec la connivence. C'est brutal, parfois, la Musique. C'est sensible, parfois, une Muse. C'est délicat que trancher l'hymen qui mène à l'absolution dans un râle sarcastique comme d'un Opéra totalement farouche. Poupée désarticulée. Cheval fou qui crache des flammes de ses narines. Respiration folle. Al Dente. Croquante. Enivrante. Une cuvée mirobolante. Une grappe que l'on savoure. Qui jute tout bonnement sur mes lèvres onctueuses, délicieuses, doucereuses. Je grappille. Je vole. Comme le Roi des Voleurs. Je viole et j'arrache avec son consentement sans songer que, peut-être, j'y vais un peu fort. Je bute. Je culbute. Là où mène la vie, au tréfonds de nos êtres. J'y rencontre une certaine fierté. Peut-être, inconsciemment, je profite de nos rapprochements comme d'un cadeau splendide d'une fin de vie. Et je tousse à nouveau. Te recouvrant d'un sanglant bien trop sombre pour être de Vie faite. Cela ne semble te déranger. Moi non plus. Je baigne dans le sang depuis des années déjà. Dans la folie la plus pure. La plus dure. La plus fatale.

Prend-moi. Oui, prend-moi.
Plus fort. Subrepticement. Non, l'inverse. Allons côtoyer l'inverse. Oui. Plus loin. L'acheminement se fait. Et c'est le dos qui se gratte sous les sillons croisés de mes doigts infernaux. Je n'hésite à déchirer la chair, à pénétrer dans le moindre interstice. À m'y rendre farouchement, rompant l'accord préalable que tu ne m'auras pas donné. Les Violons s'excitent. La musique se veut plus assommante. Le Classique n'aura jamais été aussi beau que dans ce mélange d'indélicatesse faite. Je m'y rends à me rompre complètement. Douleur au dos. Je me fais vieux. La bataille fait rage et le sang s'envole sur ce terrain glissant, sur cette pente chaleureuse. Je m'écroule, sensiblement à tes pieds dans un râle d'agonie grandiloquent. Je me rends compte que je ne suis plus apte à ces choses là. La visite médicale me sera refusée, à nouveau, me laissant à la merci de ces carnassiers soldats venant rompre ma cage thoracique tout comme mon coeur le veut, actuellement. Je palpite. Je frémis. Je tremble. Je ne suis qu'un enfant dans un corps d'adulte vérolé. Je croupie dans un fondement de mon humanité, parsemé de quelques tâches blanchâtres arrosée de ci et de là dans des conditions précaires. Alerte météorologique. L'orage est passé. La pluie est tombé. Mon corps se veut adipeux sous la pression exercé. Je suis à tes pieds. Croulant. Vieux. Sombrant. Un navire qui coule. Petit à petit. Tombant à pic. Le goulot se vide. Sans merci. Sans délicatesse. N'appelant la réserve. Les soldats de plomb n'ont plus d'aplomb. Adieu. Je vous quitte.

Je me tiens la poitrine.
Au niveau du palpitant crasseux. Une douleur vive. Ça me brûle. Ça m'occis. Circoncis. Circonspect. Je suis perdu. Tu es magnifique. Tu m'as donné ce que je voulais. Pour une dernière fois, sûrement. La folie m'a guidé pour une sombre partie qui, a présent, se veut sporadique. Soporifique. Je suis las. Fatigué. Épuisé. Éreinté. Tu m'as eu. Je suis à ta merci. À ta volonté. Une bête maladive qui se meurt sous les coups des flèches lancées contre sa volonté. Contre sa sensibilité. Je me rends compte que tu n'auras compris mon oeuvre. Mon chef d'oeuvre. L'oeuvre de toute une vie! Ce que j'ai souhaité ardemment. Tout est parti en fumé dans un simple jeu de jambes. Des jambes en l'air. Un fessier frémissant et frétillant. Tu m'as montré ton dos. On ne montre le dos à un Lion. Roi de la Jungle. Roi des Fous. Roi de Pacotille. Je n'ai sans doute plus les canines d'un carnassier. Tu les as dans ta prime et fougueuse jeunesse. Alors je te présente mon cou. Ensanglanté. Comme mes mains. Comme ton dos. Trop de sang. Je le vois. Il rompt mon esprit. J'ai peur. Je ne suis qu'un enfant. Je suis chétif. Personne ne viendra me sauver. Je tenterai de ne pas hurler. Je tenterai de faire front. De me montrer fier. De partir en héros inconnu et méconnu. Personne n'a compris ma musique. Personne n'a compris ce que je suis. Personne ne comprend. Personne ne m'aime. Personne ne m'écoute. Je suis un sombre héros de l'amer dans un Paradis d'insouciance.

Enfer.
Accueille-moi.
Démons.
Embrassez-moi.
Embarquons sur l'abominable mer des âmes perdues que je saurais rencontrer à nouveau, encore une fois, une dernière fois, pour l'éternité, pour la vie, pour la mort. Des âmes torturées qui l'ont été de la vie et de la mort. Réunion parfaite et perfide. Je suffoque à l'idée de chercher la reddition, l'acalmie, la résolution. Hm. Non. Cessons. Continuons. Poursuivons. J'ai trop vécu. J'ai trop tué. Abomination. Monstre. Je ne me comprend plus moi-même. Je ne comprend rien. Je veux partir. Tout de suite. Maintenant. Mon coeur me fait trop mal. Les voix dans ma tête recommence. Fais attention à toi. Je risque de me réveiller à tout moment. Mes yeux reprennent de leur splendide, de leur lueur. Je te regarde. Mes sourcils se froncent. Mes mains arrachent ma peau. Mon thorax brûlant sombre dans une marée sanguinolente. Je veux m'arracher mon coeur pour te montrer que je suis plus fort que toi, plus fort que tout cela. Attention. Je me réveille. Je reprend mon souffle. Je me relève. Je te fais face. Que feras-tu? Attaque. Maintenant. Avant qu'il ne soit trop tard. Je ne suis pas encore sénile, malgré le fait que je me tiens devant toi comme sur une béquille. Viens. Mord. Brûle. Détruis. Déchire. Nourris-toi de ma superbe avant que je ne te déchire le crâne d'une seule main. J'en suis capable. Tu veux le voir? Dis? Tu veux le voir? Mes pouces sauront percer l'abime de tes orbites. Tes yeux charmants et virulents. Allons. Je pourrais clore ton cerveau grâce à eux. Sans trop sourciller. Sans trop me fatiguer. Et je m'emparerais de ton coeur. Comme tous les autres. Je verserais une rose rouge sur ton cadavre. Et je t'embrasserais dans une dernière danse.

Viens à moi.
Fais.
Agis.
Que fais-tu?
Que feras-tu, maintenant?
Je t'attends.
Je ris.
Insouciante.
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