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[RP] (Bal de Noël) Soyez anonymes.

L_aphrodite




Décembre avait enveloppé Paris d’un air froid, piquant, dissipant presque les odeurs fortes du quartier des tanneurs et déposant sur les toits et dans les rues les moins fréquentées, un fin tapis de neige assourdissant la ville, enrubannant de ses bras blancs les derniers jours de l’année.

Dès la veille, la salle avait été préparée, laissant aux petites mains embauchées spécialement pour l’occasion, le soin de s’approprier le ventre rouge et feutré de l’Aphrodite pour métamorphoser la classieuse putain en une femme respectable, et après des heures d’un travail fastidieux, elle s’apprêtait à se montrer pour une unique fois dans l’année, digne d’accueillir les invités les plus disparates qui soient, drapée de sombre et d’éclats.
Débarrassé des causeuses et de la majorité de ses tables, le salon était devenu une vaste pièce dans laquelle les musiciens s’affairaient déjà à installer, au milieu des bouquets de Daphnés, d’Hellébores et de branches parfumées de Viornes, leurs instruments, bercés par les odeurs entêtantes de fleurs. Pour l’heure, les chandelles brulaient en abondance, fébriles, car bientôt, elles s’éteindraient toutes, ou presque, sur ordre de la direction, permettant pour l’heure à un personnel d’appoint, de finir les préparations attenantes au comptoir, et de donner les derniers ordres dispensés à des domestiques à qui l’on distribuait des loups noirs à nouer sur leurs visages.

Quand les premiers invités entreraient, une seule et unique chandelle brillerait près des concertistes ayant commencé à doucement jouer, attendant celles que l’on distribuerait à chaque carton d’invitation donné, éclairant au fur et à mesure la pièce pour la révéler. Les tentures sombres assureraient un éclairage tamisé quand les chandeliers vides disposés un peu partout dans la pièce selon des endroits stratégiques, mettraient en lumière, en recevant les bougies données aux invités à leur entrée, diverses compositions et douceurs mises à disposition.

Quelques minutes avant vingt heures, deux caméristes aux visages grimés s’installèrent, un petit panier rempli de longs cierges au bras, devant les portes où l’on avait installé pour chacune un petit brasero, tandis que le bar était pris d’assaut par trois de leurs congénères, attendant que sonnent les cloches de l’église pour annoncer le début des festivités.
Au premier tintement, résonnèrent les premiers pas dans l’allée, et les soubrettes, esquissant un sourire, distribuèrent alors les premières bougies…






HRP : Rappel :

Le RP se déroule le 24 décembre au soir, entre 20h et minuit.

Il n’y a pas de PNJ portier/soubrettes pour vous accueillir, c’est à vous de le RP dans votre entrée jusqu’au salon en tenant compte des indications données dans le descriptif.
Les domestiques aussi sont de votre ressort : alcool, petits fours, tout est à disposition de votre personnage par la seule force de votre imagination. Aucun des JD de l’Aphrodite n’est ce soir à son poste mais invité au même titre que vos PJ ;)

Nous créons notre propre espace de jeu, j’ai donc choisi que dès l’ouverture du topic qu’il y ait un peu de monde . Imaginez-vous la salle déjà festive et partiellement remplie selon quand vous arrivez.

Chaque hôte se voit recevoir une chandelle allumée en échange de son carton d’invitation. Ces bougies sont à placer sur des chandeliers vides disposés dans la pièce pour l’éclairer au fur et à mesure de l’arrivée des invités.

Pour toutes questions, n’hésitez pas à vous signaler dans le topic affilié au bal, ou à nous envoyer un MP, à JD Adryan, Étienne ou moi-même.


Bon jeu. ;)

Each.uisge
L

Le miroir de plein pied renvoie l'image d'un homme svelte vêtu de noir au masque chevalin nuancé de bleus et d'or. Sous l’œuvre commandée à un atelier parisien il a appliqué un fin loup pour pouvoir extraire sa face de l'artifice sans révéler l’entièreté de ses traits. Sauf à l'avoir déjà approché et le connaître, le bas du visage ne devrait permettre de l'identifier. La pulpe d'un majeur apprécie la peau qu'il a fait rendre imberbe sous la dextérité d'un barbier, puis la fausse crinière aussi sombre que sa vêture est ajustée par-dessus sa chevelure, piquée ça et là d'algues de tissus.

Each Uisge, l'esprit maléfique des mers et des lochs de cette contrée de cornemuse et de chardon. Il en aime les récits, l'insoumission, l'apparente sauvagerie. Créature indomptable qui peut prendre apparence humaine, charmeuse, trompeuse, mortelle excepté pour celui ou celle qui en connaît le secret.
La bride en cuir vient accessoiriser la tenue, simplement passée à sa ceinture pour venir battre sa jambe. Des doigts fins et nerveux s'activent sur lui pour défaire les plis, parfaire le laçage en gros fils dorés de sa tunique et piquer celle-ci de la petite broche reçue.


Fais attention ! Tu viens de me piquer. Cesses de t'agiter comme une mouche autour de moi. Je vais finir. Tu peux disposer et prendre les écus qui sont sur le guéridon à l'entrée.

Ce maudit tailleur lui aurait-il envoyé sa cadette pour qu'il lui accorde ses faveurs ? L'artisan s'assurerait-il ainsi de la fidélité de ses riches clients ?
Il s'en moque à dire vrai. La fille n'est pas à son goût et l’agace à jouer les maladroites. Il ne lui accordera son attention qu'au moment de lui signifier son congé.



Avachi dans un fauteuil rembourré il observe son reflet, alangui et l'haleine déjà chargée d'un verre d'un élixir que des moines d'une petite communauté bien inspirée fabriquent entre deux messes.
Dans sa paume libre repose le L en argent dont la contemplation finit par le faire bailler.

Pourquoi cette lettre ? Un lot à remporter après un tirage au sort? Des couples de danseurs à former ? Qui vivra verra.

Le bijou est placé à sa poitrine, perçant la fine étoffe, maltraitant un travail pour discrètement mettre en valeur l'un et l'autre.
A l'un des flacons de parfums sont prélevées quelques gouttes aux notes d'ambre et de cannelle.
Il est l'heure.



Curieux de ces événements qui unissent et désunissent le temps d'une évolution sur la piste, d'une conversation à demi-voix, d'un regard plissé, d'un verre offert, la main gantée reçoit la chandelle remise par la camériste tandis que le regard se perd dans l'obscurité et que l'oreille se tend aux airs joués. L'agneau avec le loup, le pauvre avec le riche, l'honnête avec le roublard, la prude avec la licencieuse, tout ce que les masques permettent sera ce soir au tableau de fête et il ne sait encore ce que le pinceau du destin lui réserve.

L'invité marqué d'un L s'avance dans cet écrin où il promène la petite flamme un peu partout pour ombrer des visages, faire luire un œil, étinceler une coupe. Son choix pour se débarrasser de la bougie se pose sur un chandelier près duquel une composition d’hellébores trône. Fasciné il s'approche de cette belle d'hiver, l'empoisonneuse, la mortelle pour qui ne s'en défie pas. Son rapport à la plante est particulier, il en connaît les maux et la trouve magnifique de cette alliance de dangerosité et de fragilité. Jadis elle l'a inspiré et dans sa contemplation il se perd, bercé par la musique et l'attente d'une rencontre.
Mauvaise_augure
E

Paris a enfilé son manteau noir et revêtu un surcot blanc pour ce jour particulier qu’est la veille de Noël. Prenant exemple au fond d’une chambre, une jeune femme se pare à son tour, à l’aide d’une apprentie couturière. L’étudiante s’affaire sans bruit à habiller sa cliente dans le respect du silence de cette dernière. Figée devant un large miroir, les obsidiennes couvent le reflet sans la moindre émotion lisible sur ses traits. Rapidement et proprement, les hanches s’empêtrent d’un imposant jupon où plusieurs étoffes précieuses se chevauchent avec allégresse et fluidité pour voiler de longues et fines jambes. A la demande de l’habilleuse, la Brune retient son souffle tandis que de petites mains habiles entravent le buste d’un lourd corset en plumes noires. Le laçage serré d’une poigne avertie compresse les côtes pour faire ressortir une poitrine pas si généreuse au naturel. Les pans d'un capuchon à col haut chutent sur les épaules de le pantine muette et se noue à sa gorge nue. Un gant de velours sombre vient habiller sa dextre et recouvrir la dernière parcelle de peau visible. La jouvencelle pique précipitamment les dernières reprises sur le modèle afin de mettre le costume en valeur et vice versa avant que les cloches de Notre-Dame n'annonce les vingt heures du réveillon.

La silhouette, drapée de noir, se scrute dans la glace sans se reconnaître. La mascarade est parfaite. Aucune coiffure, ni parure clinquante n’embellit le plumage pour préserver son côté ombrageux et indomptable. Pour parfaire la métamorphose, un loup travaillé en hommage au volatile représenté masque le visage de la déguisée jusqu’à en perdre son identité. Quelques tours sur elle-même pour s’admirer et prendre possession de son nouveau corps, l’Oiseau est fin prêt à s’envoler pour la réception. A cette occasion, faste n’étant pas coutume, l’Hôte des bois a loué un fiacre pour la mener au lieu-dit afin d'éviter la fraicheur de la nuitée et les flocons s'égrainant au compte gouttes qui rougirait son teint pâle. Dans le coche, le Passereau épingle une broche en argent orné d’un « E » sur son plumage. Ce bijou présageant sûrement une organisation particulière, songe-t-elle intérieurement.

Arrivée sur place digne d’une princesse, la Sombre s’enorgueillit dès lors. Le port de tête se faisant noble et la démarche gracieuse. La main gantée se munit d’un cierge à l’entrée et la Corneille pénètre enfin dans la salle convoitée. L’ouïe s’affine en entendant la musique d’ambiance et la vue s’aiguise dans l’obscurité béante. La flammèche devant le masque plumé éclaire faiblement le regard charbonneux et les lèvres mauves de la porteuse. Son attention se pose tout d'abord sur la décoration de la pièce puis sur les convives entrants. Certaines personnalités lui parlent et d’autres lui restent tout bonnement inconnues. Déposant la bougie sur un chandelier attablé, l’Oiseau de mauvaise augure observe les arrivées, se demandant qui piquera assez au vif sa curiosité.
Comedien_



Il termine son verre d'alcool chaud, tout vêtu de noir, même les plumes piquées sur le chapeau qu'il abandonnera à l'entrée, n'y ont pas échappées.
Le voilà guindé dans une tenue qu'on ne peut porter que lors de cérémonies ou de banquets Nobles pour feinter la foule environnante.
Originaire de Naples des arômes citronnés encore collés à son palais, l'homme se cape d'un long velours obscur, à l'aise dans la peau de son personnage d'une nuit enneigée qu'il espère amusante.
Le Clipan usurpe lui même des titres, Duc, Prince, le déguisé serait donc un usurpateur, usurpateur..

Un fin sourire aux lèvres, il se gante, attrape une rapière inoffensive qu'il fixe à sa taille, l'invitation sous la broche, une broche qui lui orne la poitrine droite, la lettre "E" mise en son centre.
Puis la porte se referme derrière lui. Une fois que le reflet de sa mise en scène à la lueur d'un carreau lui semble parfaite.

Le froid de l'hiver est transpercé par la silhouette noire comme l'ébène poli, qui garde encore en lui toute son essence aux odeurs boisées, les cloches tintent les huit coups d'un soir unique en l'année, tergiversant d'entre les passants, jouant déjà du masque pour terroriser quelques enfants qui tapissent la neige tout juste tomber de leur gambettes rieuses, il se fraye doucement le chemin vers la bâtisse aux merveilleuses soirées.
Il y eu diverses invitions à l’Aphrodite que le galant feinteur s'est vu refuser, mais cette fois ci, il n'y échappera pas.
L'occasion peut être de rencontrer du beau monde grisé par les effluves de senteurs et les fugues musicales qui allaient bercer leur nuit.

S'inclinant devant les femmes d'hôtes, l'autre d'un arlequin s'empare d'un cierge qu'il attise en soufflant sur les braises rougies en lesquelles il l'avait plongé.

Sourire de circonstance et déjà les iris sombres de l'invité se mettent à scintiller sous la légère flamme dansante, pénétrant dans l'enceinte d'un lieu chaleureux ou les draps d’étoffes inspirent calme et volupté.
Le retard n'est pas à point puisque les personnes ici là dont un oiseau de malheur, des personnes ailées, et des femmes métamorphosées sentent encore la fraicheur d'un dehors hivernal qui gerce les lippes..
Lui se les pourlèche doucement, inspectant la salle, s'y trouvant en son centre.

Une fois le tour sur lui même refermé, il s'engouffre jusqu’au fond des lieux, là où l'ombre n'a encore était illuminée par les cierges.
De deux doigts le sien est posé sur un chandelier vide et le pourpre prend de la couleur, lui de refixer son masque et de lisser une moustache inexistante, dans l'attente de quelques mises en bouches et d'un verre à boire qui ne tarderont pas à venir à lui, ainsi que quelques déguisements plus audacieux que les autres..
Et pose le chapeau là...La fraise qui lui chatouille le cou.
Icare.

      - N -

Novice.
Nébuleux.
Nuancé.
Normatif.
Nationaliste.
Naturaliste.
Nuageux.
Normand.

Il est bien question de se grimer, mais guère de leurrer l'esprit suspicieux et trop entraîné à la paranoïa. Lorsque N parvient nait en les neurones trop souvent niés, jugés nuls et non avenus sous feu nourri de nauséabondes nuisances, l'immédiate nausée nerveuse qu'il s'était juré de n'éprouver plus le noie. De là à y voir le signe d'une malice quelconque, il n'y à qu'un pas. A l'enthousiasme par nouvelle déclenché se rangera, jeune fou trop gourmand, qui promptement à cédé aux sirènes des soirs rutilants. Aspirations déplacées, aujourd'hui regrettées? L'imagination se surprend à chercher exutoire.
Narcotiques? Narcolepsie? Neurasthénie? Les tentations sont nombre. Pourtant rien n'y fera, car mot fut donné.

Bigarrée, à tant d'égards, est donc la troupe qui parvient en ce lieu que plus d'un et d'une dans son habit du quotidien -et valeurs associées- aurait refusé. Néanmoins le jeu fut joué, presque, jusqu'entre les membres de l'équipée qui parvient, chacun sur sa bête monté, sans armes ou distinctions ostentatoires qui, du reste, auraient été usurpées. Pieds à terre sont posés, qui souvent lande étrangère ces derniers temps ont foulée. Celle-ci sera de plus, en priant qu'elle ne soit de trop, et qu'en le havre aux limites floues ils pourraient s'égarer sans se perdre, s'oublier, le temps d'un soir passager.

Bonsoir Inconnu, Adieu amertumes à faces attachées, manœuvres tordues à fins plus ou moins identifiées, coups tordus fils de débiles stratégies. Sitôt entré, le volatile scrute alentour, brève identification des nons-êtres, retardataires de Samhain. L'instinct endossé, par plumes communiqué, appelle à la méfiance, quand l'identité dont l'être s'est paré a pour nom l'équivalent grec d'Insouciance. Aussi, papillonnera vers le plus grand des sombres dangers du lieu. Lueur. Abandonnera, un temps, ceux qui trop souvent veillent, pour aller au feu des énigmes se bruler les ailes.

Aux voyelles leur intimité, l'emplumé rejoint la consonne qui souvent détermine. A quoi bon tenter, si tôt, à former la cohérence d'un mot en s'alliant à du sens? L'heure est aux contraires! Laissons donc chanter N et L, trop souvent par M tenues distantes. En ce jour où tout est permis, elles seront donc voisines, pour un temps du moins.

Le piaf vient donc se poser près de la lueur mal indiquée, en bon téméraire qu'il est, de venir flirter avec la flamme.


- Arche insolite que celle là. Ménagerie fantastique.
Tenez ça loin de moi, voulez-vous.


Les prunelles se posent sur la chandelle, menace doucereuse. Taquinerie, au stade présent. L'approche est gauche. Quoi de plus normal quand l'élément est emprunté? C'est la curiosité -quoi d'autre?- qui pousse la perche, simplement pour voir -entendre, à dire vrai- si l'autre ira jusqu'à fuir la traitre potentielle révélation des échos d'une voix. Hénis donc, Morvac'h, si tu l'oses. A justification ce soir nul n'est tenu, aussi l'oiseau ne s'excusera pas de la présente hardiesse, qui lisse d'une main gantée les plumes tendres et soyeuses d'une aile. Volètera en quête d'un quelque chose à boire ou à picorer, sous peu.

Papillon_


L

Une jolie robe, une paire d'ailes réalisées avec le plus grand soin plusieurs nuits durant pour préserver le secret de son ouvrage, par des mains, les siennes, qu'elle pensait malhabiles à la tâche pour n'avoir guère l'habitude de s'exercer à la couture, un loup et quelques plumes.
Pour achever le déguisement, la jeune fille a choisit de foncer ses cheveux au brou de noix, d'avantage pour tromper ses proches, ou les laisser douter, que pour préserver réellement son anonymat. Qui diantre à part eux pourraient la connaître en ces lieux? Alors, la reconnaître...

Et de rire face à son image tandis qu'elle tente d'accrocher la broche en argent forgée en une lettre gracieuse, un L, lorsque heureux hasard deux sont accrochés solidement à son dos.
L'insouciance n'est cependant que de courte durée, déjà nervosité et doutes l'étreignent au sortir de la chambre de l'auberge qui les accueille.
Les attendra t-elle, ou en profitera t-elle pour évoluer sans la sécurité d'un amical groupe de personnes connues, sans les attentions et les soutiens maternelles? Oui, au pluriel, c'est voulu.

Ce soir l'envie de les surprendre prime, laissera donc un billet pour prévenir qu'elle part devant.

Cape est laissée à l'entrée, Papillon, de nuit pour l'occasion, s'avance d'un pas faussement assuré et se saisit gracieusement du cierge qu'une camériste lui tend en échange de son invitation, la remercie d'un hochement de tête avant d'entrer dans l'arène.
C'est du moins l'image qui lui vient face la spacieuse salle qui s'offre à son regard, où déjà évoluent hommes et femmes masquées.
Tous arborent une lettre épinglée, voilà donc un premier indice donné...
Sans doute devrait-elle se mettre en quête d'une personne portant la même lettre que la sienne, mais la fausse brune n'est pas pressée, qui déambule, humant les parfums autant que les rires discrets, les voix, le bruit des étoffes en mouvement.
Pourtant, lorsqu'un masque attire particulièrement son attention non loin d'une élégante composition d’hellébores, sa langue se délie, sans autre forme de préambule que :


Morvac'h? ou un autre cheval fantastique?

C'est alors que l'insecte nocturne repère l'oiseau, de proie? et prend conscience qu'elle l'a sans doute interrompu de façon.... très inopportune.
Le loup suit parfaitement le mouvement, lorsqu'en guise de salut chef est incliné, tandis que les yeux derrière s'éclairent d'avoir un instant cru reconnaître le drôle de volatile.
Cassandre_

H


Sitôt cédé, au seuil, le lourd manteau de laine – dernier rempart, coquille molle, exosquelette ? - soi n’est plus. Enterré ? Remisé ? Au placard, le vieux masque ? Et vive soi, le soi nouveau, libre, autre, en tout cas pour une nuit, un soi d’essai en somme ? Balivernes ! S’il est bien un costume que l’on quitte jamais, c’est sa propre (sale ?) peau. Autant s’en faire une carapace. Cassandre sait.
Vous me direz, c’est son job.

Un regard circonspect défie la flamme confiée. Ce coup-là, la prophétesse des traquenards ne l’aura pas vu venir. Allons ! Contre mauvaise fortune, ne dit-on pas qu’il faut faire… bon masque ? Un loup blanc donnera le change. Quant aux lèvres minces, elles savent se taire. Drôle d’écho, sans doute, et drôle d’hommage, à qui ne sut pas parler. D’un hochement de tête, la mutique remercie les serviteurs grimés, et pénètre dans la pièce ponctuée de lueurs.

Là, dans l'antre papillon de nuit et cavale des mers, ombres corvines et garçon ailé, une compagnie baroque grouille et trémule. Voici donc le champ de bataille… Cassandre, afin d’être reconnue, eut-elle dû y traîner son propre petit cheval de bois ? Mais non, bien sûr. Chacun son rôle.

La pseudo-devineresse, bonne fille, obéit aux instructions à l’entrée intimées, et abandonne la bougie dans un chandelier au hasard. Débarrassée, elle devrait sans doute se fondre dans la foule. Crier, peut-être, une prophétie en l'air. Baste. Cassandre n'est pas siphonnée ; elle est gardienne du temple (nuance), et cette pauvre flammèche, si peu sacrée fut-elle, est ici le seul feu qu’elle ait à garder. Comment l’abandonner ? Cassandre hantera donc, pour l'heure, auprès de ce qui fut remis entre ses mains impuissantes. Des doigts gantés – pourquoi gantés ? – arrangent soigneusement les plis d’un péplos pourpre. Drapé autour, l’himation enveloppe d’ombre la silhouette sibylline, dissimulant jusqu’à sa chevelure – et le bijou-indice qui s’y mêle, qui trahirait peut-être l'intention du costume. Sur l’épaule, enfin, tenant le tissu noir, une broche fine d’argent : H.

Pourquoi H ? La lettre violente, tirée la veille de sa pochette, aura bien sûr appelé quelques conjectures. Chacun est un peu prophète, à ses heures. Les vrais, peut-être ? attendent la révélation. Cette invitée-ci, en tout cas, a coupé court aux hypothèses : il n’était pas l’heure, et patience est mère du vrai. Ce qui ne sert de rien, si on ne peut le dire, notez. N'empêche. Le savoir. À présent, tapie dans l’ombre de son propre drapé, Cassandre glane, guette le détail, examine les tournures, sonde l’atmosphère, en somme : joue son jeu, le seul qu’elle sache, de décryptage. Vain ? Peut-être, peut-être pas. Qui peut prétendre deviner quand frappera la vision ?
Chevalier_eon
Il ou elle? Eternelle question d'un monde en demie teinte où chacun portait un masque et se jouait des faux semblants pour se façonner une image qui corresponde aux idéaux des bien pensants de cette société. L'éon en ce jour avait choisi de faire jeu d’ambiguïté jusqu'à dissimuler l'essence même de son être, son genre qui comme un cri depuis les premiers instants de notre existence décide de notre position dans cette société.

Homme? Voué à la guerre, à la conquête, à la force? Devant représenter sa lignée et son nom en défendant les siens au péril de sa vie, fournissant deniers, pitance et protection?
Femme? Vouée à l'assistance, le service et la faiblesse? Devant honorer sa famille et ses ancêtres en obéissant aux siens, donnant vie, services et amour à ceux sur qui elle veillait?

En ne choisissant aucun camp, l'Eon par sa nature sourit en coin en observant la porte cochère, il ou elle avait choisi la liberté de ne pas être et de rester tout à la fois et c'est cela qui l'avait poussé en ce jour à piquer à son veston une fine broche d'argent aux courbes élégantes qui d'un lettrage épuré venait de ses arabesques dessiner un C sur son torse. Dans la pénombre de la rue, les premiers froids tirant de son souffle des effluves blanches, l'Eon fit soudain claquer sa langue en un bruit mat et ses pas vinrent l'emporter jusqu'au seuil de l'établissement à la sulfureuse réputation. Ce soir, la gourgandine s'était faite femme de salon et accueillait en son ventre les hotes très select des patrons de l'établissement, pour une nuit unique et une unique nuit.

C

Bruit du marteau sur la porte, entrebâillement chuintant, présentation du sésame sur vélin, et l'Eon vint rejoindre les premiers arrivants dans une atmosphère encore tamisée par les premières chandelles réparties dans les lieux. Souriant, il ou elle tendit son par dessus à une charmante demoiselle aux atours laissant songeur et prenant la bougie offerte, s'avança lentement en admirant les costumes inventifs qui déjà embellissaient la salle. D'un pas presque martial, l'Eon rejoignit ainsi un des portants pour y figer une de ses bougies et en profita pour découvrir l'intérieur d'un lieu à la renommée sulfureuse qu'il n'avait encore jamais par le passé. L'Aphrodite se dévoilait sous ses yeux et il ou elle en restait charmé.

_________________
Bouffon_du_roy
J

Bouffon du Roy -ou de la Reyne, sait-on jamais- personne atypique, recommandé pour les festivités du Palais en tout genre, amusant les invités, presque une obligation de le faire par ailleurs. Il était de coutume qu’un Fou puisse faire rire par du jonglage hésitant, quelques prouesses ratées ou encore par l’insolence qui se déclenchait joyeusement au détriment de quelqu’un pour en faire ricaner d’autres.

Il était prêt. Quelques heures avant, il s’était permis de passer à la salle de Bal pour préparer l’évènement existentiel de cette soirée. Amuser les invités pour cette réunion charmante de Noël avec soin. Pendant des jours, le Bouffon avait préparé cette soirée et demandé à ce qu’une estrade soit installée et calfeutrée par un épais rideau noir au Maistre des lieux. Ce Fou avait vérifié que tout était prêt pour le grand moment et de finir de se préparer pour débarquer à cette petite fête. Son parchemin en mains, le Fou arriva aux abords des grandes portes et de trouver deux femmes de chambres, un panier aux bras et des cierges à l’intérieur. Encore quelques pas pour être à leur hauteur et que l’une d’elle tende un cierge au Bouffon.


- Passez une excellente soirée Monsieur.
Bien évidemment, je suis là pour nous distraire.

La bougie allumée en main, il entra dans cette fameuse salle et s'empara de l'un des cierges présents sur une console, la piquer dedans et l'apposer dans un endroit pour déployer la lumière. Ce soir-là était à part. Il tenait à coeur de faire découvrir ce côté qui n'était jamais évident de voir, ce côté qu'il s'efforçait de mettre en suspend pour mieux se contenter du regard des autres. Il lui tenait aussi à coeur que tout puisse se passer bien, que tout soit réglé au millimètre près quand ce Fou avait passé des jours entiers à préparer ce qui les attendaient. En bon comédien, ou du moins, voilà ce qu'il croyait, il ne put s'empêcher d'attraper quelques fruits ronds pour les lancer les uns après les autres, main après main, les faire glisser dans les airs et de les rattraper pour continuer le cercle aérien. Et ploc, ploc, ploc. Un fruit après l'autre tomba au sol. Le Bouffon n'était pas si bon jongleur qu'il le pensait. En même temps, on ne lui demanderait peut-être pas un numéro de cirque. Quoique...Ne serait-ce que pour voir les sourires et entendre les rires pour ce bal de fin d'année, il serait capable de tout et n'importe quoi. Note pour plus tard.

En ramassant ses fruits, ses rétines parcoururent la salle pour remarquer déjà quelques costumes dont son imagination prenait tout son éclat quant à penser à la suite des évènements. Bon sang, qu'il lui tardait que tous les invités puissent arriver enfin pour commencer les festivités vaillamment.
Each.uisge
D'ailes (LL), Eden (N)... Quant Icare choit sur canasson et que vole le papillon.



Contemplative mais point fermée au monde qui l'entoure, la créature marine consent à desceller ses lèvres et à livrer en pâture son chant masculin.

Ne trouvez-vous pas troublant qu'une fleur puisse à la fois symboliser la pureté, être employée pour soigner la démence et donner la mort ?
Certains diraient que de la mort à l'amour il n'y a qu'un pas et que celui-ci est pure folie.


Subtilisé à la composition, l'hellébore est élevé à hauteur de nez, entraîné dans la volte qui lie les prunelles de ceux qui ne sauraient se contenter d'évoluer dans un seul élément. Lui est terre et eau, l'autre est terre et air, craintif de ce feu qu'il écarte d'une main gantée venue défier de sa caresse des doigts attardés sur le suif. Le regard s'assombrit sous le masque alors que l'effleurement se fait pression et ôte la chandelle à son support fébrile pour la ficher sur son réceptacle de métal.

Qui es-tu, audacieux...se?

Des pétales narguent un menton et s'éloignent, rejetés sans manières parmi leurs frères arrangés.
Le sourire est narquois, le regard animé d'un feu dansant.


L'Homme est un être qui ne se contente que rarement de la juste mesure, qui en veut toujours plus jusqu'à se brûler les ailes.
Serez-vous prudence ou témérité ce soir ?

Hausse la tête, tourne ton visage, dévoile un pan de ta personne pour livrer à mes sens un indice sur ton identité.....

Morvac'h? ou un autre cheval fantastique? 

L'injonction faite souhait muet se dissipe d'un battement irisé. Les charbonneux trouvent la source de la perturbation, se voilent d'un clignement à la vue d'un second L
.

Oh ! Mais qu'avons-nous là ? L'Aphrodite aurait du joindre un filet à la broche. Le fragile papillon et le dangereux métamorphe. La main innocente a de l'humour.

Le rire point sous le masque, légèrement étouffé, piquant, précédant l'esquisse de révérence.

Ce n'est point Morvac'h mais un autre qui mène l'imprudent cavalier à sa perte, l'Each Uisge.

L'idée née d'une envie de légèreté et d'insouciance lui fait remettre la main sur une chandelle à laquelle il imprime un mouvement circulaire devant Icare et Papillon. Minute !

A défaut de me suivre moi, suivez cette flamme qui vous attire tous deux, le comptoir est droit devant et ses trésors liquoreux méritent d'être éclairés.
Et si l'un de vous souhaite mêler ses pas aux miens ensuite, je suis tout disposé à mener la danse.


Avançant lumière au bout de sa dextre il porte ça et là ses observations discrètes. Le trouver.... tssss. Il aurait l'air malin à fureter entre chaque convive, à troquer un nom contre une réaction. Chaque chose en son temps : irriguer le palais, converser à trois, à plus, à moins, seul ….
La paume claque le bois.


Montrecul !
Le_loup
I


Sur le dos, courrait la peau de bête, souple, lacée avec assez de minutie pour éprouver la qualité du sur-mesure, chevillant le buste svelte pour ne rien gâcher de son élan naturel, ne marquant nulle interruption en longeant le cou, ni en suivant l’arrondi du crane épousant celui de l’animal, jetant l’ombre de son museau sur le visage du jeune homme, et si cela n’avait pas suffi à garder du mystère, un bandeau de soie noire avait été rajouté pour achever de masquer les traits discernables par les invités les plus petits, ne laissant de réellement perceptible, que le fil de la mâchoire, les pommettes et l’arête d’un nez droit.
La fourrure s’étendait jusqu’aux poignets, s’alternant au tissu pour laisser aux mouvements toute la fluidité requise et à la silhouette, la ligne longiligne, presqu’efflanquée, du carnassier. Vêtu de brun, de pied en cap, le regard chercha à se reconnaitre dans le reflet du miroir, accordant son sourire à celui de la couturière qui finissait d’ajuster le pelage aux braies sombres. Attrapant la broche quand elle se relevait, il la lui tendit, la laissant achever l’œuvre qu’elle avait créé de son dernier accessoire, posant le point final de son costume d’un I argenté épinglé à hauteur de poitrine.

Loup à la silhouette humaine et au visage double, ainsi se présenta le jeune homme aux portes de l’Aphrodite, recevant la bougie allumée et faisant quelques pas dans l’antre pour en observer le décor à la lueur des cierges déjà installés par les invités l’ayant précédé, n’accordant qu’un coup d’œil la pomme venant échouer à ses pieds dans un bruit mat, relique d’une jongle tout juste maitrisée, préférant s’attarder au costume plutôt qu’au tour. Un sourire apparut sur la moitié de visage, confiant à mi-voix au Chevalier Eon à côté de lui :


« Je gage que saoul, il serait meilleur… »

Le regard surmonté du demi-museau porta les ombres de son attention sur son voisin-voisine, détaillant, amateur, la finesse du travail réalisé pour créer l’androgynie.

« Que diriez-vous de lui donner un peu d’allant? » , demanda-t-il en l’invitant à se rendre au comptoir pour commander quelque chose à boire et désaltérer le Bouffon par la même occasion, rejoignant ceux y étant déjà installés. « L’ami » , l’interpela-t-il en posant une main gantée sur l’étoffe clinquante verte de l’épaule : « Venez donc boire un verre avec nous... »
Bouffon_du_roy
J

Une pomme…..Il me manque une pomme….Il avait beau chercher du regard, impossible de mettre les rétines dessus. Quand un Loup -ouhouhouhohu- arriva et se stabilisa non loin de l’Eon pour remarquer, entre ses pieds, le fruit défendu. Quelques mots glissés avant que le Fou ne vienne s’incliner pour ramasser la pomme et d’un large sourire souffler.

L’entrainement avait pourtant été insistant…

Et le voilà qui alla ranger les fruits, histoire d’éviter de les éclater à terre quand celui-ci se faisait déjà remarqué par la Bête la plus féroce de tous les contes. Une roue pour distraire l’assemblée présente et ce grand Fou fut stoppé par un l’ami. Il se retourna, fit de grands yeux stupéfaits et alors qu’une main vint s’abattre sur son épaule, le Bouffon fit un léger sursaut de surprise d’être pris d’assaut par ce Loup. Une invitation à prendre place au comptoir qui ne se refusait pas. Entre un Chevalier qui ne portait aucune épée dans son fourreau et une Bête féroce cachant ses crocs, le Baladin, en ce jour Saint, ne risquait rien.

Volontiers, souffla-t’il d’une voix à moitié éraillée et fluette quand la surprise venait tout juste de s’atténuer. S’époussetant quelque peu pour paraitre éclatant, il accompagna les deux hommes jusqu’au bar sans se poser de questions.
Une main levée au milieu de la foule déjà présente et sa voix éraillée et fluette revint.


Un vin de gin s’il vous plait.

Fou mais poli. Comme quoi….Mais passons. Il regarda les broches de chacun quand il remarqua que les trois étaient bel et bien différentes. Trois lettres différentes. L’un possédait le C, l’autre le I et lui le J.

Faut-il que l’on se mette dans l’ordre pour reformer les lettres de cet alphabet dont on oublie chaque fois l’une d’elles?

Bah, en même temps, si trois d’entre eux avaient cette fameuse broche, un jeu devait bien s’en découler.
Thanatos.

    - G -

Porte qui grince, chevaux qui hennissent, et talons qui claquent sur la chaussée. « Attendez... » Et avant que le coche ne reprenne sa route, une paire de poulaines est lancée contre le sol de bois. Elle n'en aura plus l'utilité avant la fin de la soirée, alors autant ne pas s'encombrer.

Les yeux au ciel. Il faut déjà sombre, et elle soupçonne une prochaine averse de neige. Qu'importe. Les pieds nus effleurent à peine le pavé et la voilà grimpée sur le perron, tendant cape, gants et invitation aux domestiques. Au loin on entend déjà le brouhaha confus des voix, elle n'est pas la première, bien sûre. Elle ne l'est jamais, la Mort couronnée, parée de longs voiles noirs qui la rendent anonyme. La robe est toute assortie, couleur de nuit, et la seule chose qui luit au loin est la pâleur cadavérique de ses mains et de ses pieds.

On lui tend une chandelle. Non merci.
« Je laisse cela aux vivants. » Et dans un froissement d'étoffe elle s'éloigne, pour rejoindre à petits pas les accoudés au comptoir. Leur adresser la parole ? Point encore. Elle scrute, remarque ces broches, et une paire d'L. Oh, il s'agissait donc de former des couples ? La sienne est bien cachée sous ses oripeaux, et pour que le mystère dure elle ne la dévoilera sans doute qu'au dernier instant. Extrême onction. Mais pour l'heure...

« Cantarella. »

La Mort campe son personnage. Ou serait-ce l'inverse ?
Bauta
Ombre initiée parmi les ombres de la nuit. Certains s’égosillaient de pieux cantiques entre les pierres sacrées des églises égrenant leurs prières à leurs lèvres remuantes tout autant que silencieuses, d’autres se cachaient méticuleusement pour rejoindre les soieries de la déesse païenne, attentive elle aussi, aux murmures lourds de ferveur. Secte fermée ou loge secrète, en cette nuit de Noël nimbée de brume hivernale auréolant d’irréel les lueurs entachant les carreaux parisiens, les conspirateurs se pressaient vers un même lieu, qui, les bras ouverts n’attendaient que leur souffles pour respirer à plein poumon orgueilleuse tout autant qu’asservie aux regards que l’on portait sur elle et à la vie qui faisait enfler son ventre. Avides, peut-être, de découvrir le Graal que l’établissement gardait jalousement en son sein chaque autre soir, ils convergeaient à visage cachés le long des ruelles qui abritaient habituellement la rouge lumière du lupanar. Pourtant, en cette sainte nuit, repentante possiblement, l’Aphrodite, alors que chacun affichait les masques, montrait son vrai visage à chaque chandelle éclairant un peu plus ses tentures et son faste. Son vrai visage... Un magma de masques entrelacés pour le simple plaisir de lui plaire. L’ironie était délectable.

Loin de ces préoccupations, l’ombre de soie noire, fidèle au rendez-vous annuel, n’avait que la curiosité de découvrir si un simple masque avait le pouvoir de libérer des entraves dictées par les convenances ou le poids d’une renommée et s’il se savait possiblement démasquable par quelques-uns, il trainait à ses nerfs une impatience fébrile de se confronter à cette question, quitte à la saupoudrer d’une espièglerie rare.

La démarche souple et sans hésitation, le lourd battant de bois se découpa devant les prunelles témébreuses , un sourire épicé dévoilant les crocs aiguisés à cette occasion. D’un geste nonchalant, le masque camoufla le visage, dernier vestige qu’il offrait de lui au monde; caché, cela lui convenait parfaitement, ainsi aurait-il tout le loisir d’observer la foule qui viendrait se presser et se mêler, disparate, égayé, dissimulé derrière la rassurante façade de l’anonymat. Doucement égayé par l’ivresse, la tête de lion heurta le bois. Surprenant. Troquant une invitation contre une chandelle, le jeune homme s’avança, charmé par les notes et les murmures bruissant entre les murs de l’établissement, le noir le couvrant de pieds en cap, ample et volubile quand le masque d’or au bec étrange n’était qu’inquiétude disséminée à la conscience collective de ses pairs. Pas une mèche, pas une échancrure laissant deviner la couleur de la peau, n’échappait au costume, rien, le pensait-il, ne pouvait le trahir et s’il était Homme à n’en pas douter de par sa taille, la Bauta, ne livrerait rien, pas même sa voix doucement assourdie par le masque. Un seul signe de reconnaissance pour cette soirée, un H énigmatique épinglé sur la cape.

Les Illuminati déjà se tournaient autour, reniflant les odeurs, cherchant à dénuder un parfum quand rien d’autre n’était à portée de regard, espérant dans l’air une volute plus accentuée qu’une autre pour percer à jour le mystère jalousement gardé de l’autre. Suivant le rite établi, la chandelle vénitienne trouva sa place entre les autres, assez rapidement pour ne pas risquer que la cire ne coule, pleureuse, sur les gants noirs épousant ses doigts longilignes. H, l’heure n’était encore qu’aux conjectures pourtant le regard indécelable se posa sur sa consomme jumelle déposée sur un antique pourpre. L’Aphrodite jouait-elle donc les entremetteuses ? Voila qui méritait bien un salut avant d’approcher la broche sœur.


- Exercerez-vous votre art jusqu’à tous nous deviner, Prophétesse ?
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H
Chevalier_eon
« Je gage que saoul, il serait meilleur… »


Sourire en coin qui se nimbe sur les lippes ourlées d'une teinte beige discrète. Il ou elle ne peut retenir les mots malins qui s'échappent et teintent une voix un brin atone au timbre bas et doux.

"- Meilleur? Tout dépend s'il sera à croquer ou à jongler? Gageons que s'il ne parvient pas mieux à tenir ses atours, il pourrait se trouver happer par la foule."

Fronçant le nez, le Chevalier d'Eon observait en coin le lupin sur ses pattes arrières qui était venu se placer à ses cotés à pas de loup. La pelisse sombre renvoyait quelques reflets d'ébène à la lueur des chandelles et c'est reportant son attention sur le jongleur malhabile que l'Eon sourit à la remarque de l'animal ami. Marchant dans ses pas, il ou elle prit à son tour la direction du comptoir pour y cueillir avec une œillade à la demoiselle présente un verre de vin à la robe carmine. L'élixir porté au nez, il ou elle en savoura les effluves avant d'en goûter la texture et la légère âpreté boisée. Peu disserte, les prunelles observaient les deux compères qui l'avaient embarqué vers le coin des boissons, point d'appui parfait pour observer à loisir arrivants et lieux offerts à sa curiosité.

"- Il est à se demander qui dans cette affaire nous fera la gageure d'en révéler le sens?"

Le chevalier observait sa broche fine à la capitale ourlée et aux arabesques douces. Petit mystère de la soirée qui accompagnait celui des masques et des déguisements. La soirée promettait d'avoir son lot de surprises attrayantes.
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