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[RP] (Bal de Noël) Soyez anonymes.

S..


I

Son petit cœur battait la chamade dans la chambre d'auberge qui l'accueillait pour son séjour en la capitale. Il battait la chamade car elle n'avait jamais mis les pieds dans ce genre d'endroit, et même si elle savait que nul courtisant ou courtisane ne seraient présents ce soir, l'idée même d'entrer dans un lupanar lui fichait une drôle de sensation dans le bide. La sensation avait accrue au fur et à mesure de sa préparation. D'abord, elle avait enfilé le costume qu'elle avait fait préparer pour l'occasion. Une grande robe d'un velours violine, épaules bouffantes, avait rejoint les jupons glissés à même la peau. Un col boutonné de petites billes d'argent venait lui enserrer le cou. Pour parfaire son costume, ses cheveux avaient été teintés d'une couleur rousse. Celle qui se transformait tout doucement en sorcière plongea ensuite le bout des doigts dans un peu de cendre, puis la pulpe de ces derniers vinrent parcourir son visage. Un peu, juste assez pour que l'on devine en quoi s'était-elle grimée ce soir de bal à l'Aphrodite. Un rouge carmin vint colorer aussi ses lèvres, et ses yeux prirent une couleur charbonneuse. Se mirant dans le petit miroir qu'elle tenait en main, elle sourit, quasiment sûre que personne ne pourrait la reconnaître, d'autant que bientôt, le masque qu'elle glisserait devant ses yeux lui cacherait la moitié du visage.

Le soir était déjà tombé lorsque la Sorcière, qui avait accroché la broche argentée marquée d'un I à sa robe, juste au niveau du cœur, passa la porte de sa chambre. Dans le creux de sa manche gisait un simulacre de poupée, sur laquelle la Sorcière avait enfoncé quelques épingles. On lui avait conté un jour que les sorcières, cachées au fond des bois, s’entraînaient à jeter des sorts sur des bouts de tissus à forme humaine. Aussi, elle avait songé que son costume ne serait pas complet si cet accessoire n'y avait pas été rajouté. Réalisant l'heure déjà bien avancée, son pas se fit plus pressant, prenant garde à ne pas se tordre les chevilles en parcourant les pavés. Pavés qui laissèrent bientôt le champ libre à quelques ruelles moins bien pourvues au sol, la terre battue y étant encore maîtresse dans certains quartiers de la ville.

Enfin, la Sorcière aperçut la lumière de l'Aphrodite, et cette sensation étrange que la route avait un peu étouffée lui revint en pleine poire. Qu'allait-elle donc trouver derrière cette porte ? Allait-on lui adresser la parole ? N'allait-elle pas partir en courant ? Mais il était bien trop pour continuer à se poser toutes ces questions, car déjà elle se trouvait devant une des soubrettes de l'entrée. Sa main plongea dans le panier pour y trouver un cierge qu'elle alluma grâce au brasero juste à côté de la porte. Lorsque la mèche s'enflamma, son cœur rata un battement, ne croyant toujours pas qu'elle se tenait là. Puis, ses pas la conduisirent à l'intérieur. Ses mirettes observèrent tout ce qui était à sa portée. Les gens, les costumes, les lumières, les tentures, les rideaux, les tapis. Son nez respira toutes les senteurs qui venaient s'y engouffrer. Ses joues, sous son masque et les traces légères de suie, se tintèrent de rose, mélange de chaleur et d'une étrange sensation au creux de son bas ventre. Ses oreilles captèrent les chuchotements, les rires, le bruit des godets qui s'entrechoquent. Tous ses sens n'étaient pas encore en émoi, manquaient alors le toucher et le goût. Pour ce dernier, il lui suffit de prendre la direction du bar. Et en ce qui concernait le toucher... elle n'était pas encore prête à ce qu'on lui pose une main dessus. Sans doute trop échaudée par le fait de se trouver dans un lupanar et ayant peur de ce qu'elle pourrait y trouver, ou plutôt des gens qu'elle pourrait croiser, son chemin jusqu'au comptoir fut tel une danseuse, frôlant les gens sans jamais entrer en contact.

Une fois un godet de vin à la main, la Sorcière se retourna et scruta les participants, n'osant pas encore s'approcher ou même adresser la parole à ses voisins les plus proches. Toutefois, il lui faudrait bien, à un moment donné, décider à se délier la langue.
Siimba
Un fin sourire étira les lèvre pâles du lion, dissimulées par le masque doré. Il avala le whisky d'une solide lampée, dévoilant un corps indubitablement féminin sous le costume fauve. Bien qu'il ait passé le temps à se dissimiler habilement, le temps d'un geste, un corps souple, fin et délié fut deviné sous l'étoffe. Le lion était une lionne....
L'invitation de la reine égyptienne aux mains gantées de blanc était amusante, elle débitait les calembours et jeux de lettre comme l'eau d'une cascade. La reine avait trouvé son jumeau, et lui se devait de chercher encore.


J'aime le feu, ma reine, et le jeu. Jouer avec le feu, passer du chasseur à la proie... De grâce, ne vendez pas la peau du Lion avant de l'avoir caressée...

Le lion se fit bousculer, elle sursauta, dévisagea un homme cheval, chimère improbable dotée de la lettre L. Ce n'était point son partenaire. Le lion, altier et royal, prit congé du couple de M, pour voguer d'un convive à l'autre, coulant un regard en biais à une geisha, une beauté orientale, une épice inconnue ou presque dans leurs contrées. Un index fin lui caressa la joue ...

Une beauté rare... souffla t-elle avant de filer, de se retrouver face au loup. Un autre animal, mais toujours pas son jumeau, failli buter contre le minotaure. Le masque doré déambula, du soleil, à la poursuite d'un papillon doré. Mais point de K. Le Lion fit face au gladiateur, Romain. Affublé du B, lui. Dommage, toujours point de partenaire de danse! Un combat en perspective, une chasse? Le lion, la lionne salua le gladiateur.

Et dans l'arène, le gladiateur fit face bravement au lion ... La reine Nefertari parlait de me faire la peau, seriez vous aussi de ceux là, un chasseur? Pour par part, je vous rassure, vous n'êtes point mon gibier. Je ne chasse que les K.
Chevalier_eon


C'est avec amusement que l'Eon écoute le Loup. Elle apprécie le lupin et son coté vorace et mutin à la farce qui se jouait aux alentours. Quand le jongleur malheureux s'en vint soudain à se diriger vers l'estrade pour lancer les animations, les lapis lazulis détaillèrent la silhouette avec intérêt. A n'en pas douter, l'individu était donc un coutumier des lieux et cette constatation attira un intérêt à la chose.

Notre troubadour amateur me semble bien plus à sa place désormais sur cette estrade, gageons que sa maladresse toute fruitière n'est pas du même gabarit dans d'autres arts où il s'applique. En tous les cas, je me demande qui voudra aller faire faire admirer son plumage sous les lueurs ondulantes des chandeliers qui parent le lieu qui nous héberge pour cette nuit..

Et tandis que le bouffon expliquait l'ouverture de la soirée, la voix atone du chevalier se figea, cependant qu'un doigt effleurait son cou, lui faisant faire pas de coté instinctif et porter la main à son coup quand la créature marine vint chasser une dite araignée. Grommelant un peu, quelques traces de rouge laissant supposer que la bête avait mordu au sang la peau, le chevalier sortit un foulard brodé d'un S ouvragé et en nettoya le méfait sur ses doigts empourprés. Mais déjà le regard goguenard de son comparse lupin le tira vers l'objet de son attention et l'Eon vit le manège de la créature d'un oeil intrigué.

Mais que nous fait donc là cet étrange animal?

Quand enfin, le cheval des mers revint pour apposer dans les lupines les traces de son délit, un sourire en coin naquit sur les lèvres de l'Eon. C'était donc bien de là que venait le carmin coupable? Un rire fusa à la remarque de son comparse et l'Eon se résolut à laisser là le rouge de son cou.

Si je dois devenir votre proie, autant ne pas gâcher votre dîner. Mais il faut dire que ce soir la ménagerie est bien vaste! Vous aurez votre embarras du choix!
_________________
Bouffon_du_roy
J

Une seconde. Une seule seconde pour regarder autour de soi et trouver cette caresse volupté qui vous poursuit jusqu’à cette soirée sans pour autant la trouver de suite. Une seconde pour se dire que l’existence sombre avait été laissée au placard pour apparaitre sous un meilleur angle et garder les enfers de l’autre côté de la porte. Plus tard. Il La trouverait plus tard certainement. Trop de paires d’yeux et pas assez de noisettes effleurant l’hésitation.

Quelques uns osèrent déposer un billet avec leur nom auprès du Fou qui n’hésitait pas une seconde à faire tinter ses grelots lorsqu’il se baissait pour ranger les petits bouts de papiers avant qu’ils ne puissent s’envoler dans le fond de la salle et perdre à tout jamais leur envie d’être tailler sous toutes les coutures. Le voilà qui comptait tranquillement pour savoir comment envisager le passage de chacun quand Aughisky vint se présenter ou du moins, présenter deux costumes pour les embellir un tant soi peu sur l’estrade devant tous. Un rire s’échappa qui ne pouvait rester au fond de sa gorge.


Tu peux me soudoyer avec ce que tu veux Cheval Fou. Je ne validerai ta volonté que par l’entente de leurs voix distinctes à mon oreille.

Un tintement de grelot en arrière qui lui fit tourner la tête un instant et de sentir le pouce venir s’essuyer sur sa mâchoire avec une excuse ubuesque dont le Bouffon n’avait jamais entendu parler. Le cil passait encore mais la chance…

Voilà, la face est de nouveau….Quand il posa sa mimine ganté de vert sur sa joue pour la recouvrir de la Sanguine…Rouge?

Il s’échappa le Bougre pour se réfugier auprès du Grand Méchant Loup et de l’Eon sans complexe pour leur administrer la même sentence. Nous y voilà. Il marquait tous ceux qu’il désirait voir sur la scène pour mieux apprécier leurs déguisés. Mais le malfaiteur fut pris à son propre quand la Bête se délesta de la marque dans le cou du Cheval Fou. Un sourire aiguisé sur le visage du Fou qui était loin d’en être un. Seulement pour cette soirée.

A défaut qu’Elle ne soit reconnue, le Joker abandonna son poste un instant et d’aller retrouver celle aperçue quelques minutes plus tôt déposant sa bougie dans un chandelier et de l’administrer dans un coin de la salle pour poursuivre l’éclairage qui s’intensifiait à chaque invité arrivant. Artémis. Un vieux souvenir ressurgit pour s’en défaire l’instant d’après et de déployer devant elle sa main ganté de rouge, de saisir la sienne sans complexe et d’y déposer ses lèvres sur le dessus de la paume.


Comment passer à côté d’une Déesse digne de ce nom.

Un sourire. Une inclinaison de buste. Ses rétines sur la broche de la femme.

Je crois que vous allez devoir me supporter un temps ma Chère.

Il lui tendit le bras et d’un souffle.

Venez que je vous fasse pénétrer dans l’arène.

Tout en attendant que la Déesse de la Chasse puisse enfiler son bras autour du sien, le Fou n’hésita pas une seconde à scander de sa voix claire et fluette.

Dames et Messires, aussi élégants que vous soyez pour cette nuitée, n’hésitez point à vous montrer afin que les autres invités puissent vous élire Roy ou Reyne de ce bal!

Une commissure s’étirant et ses yeux revinrent sur sa cavalière.

Souhaitez-vous un élixir?
Romain_
B

A découvert, les identitées ne tardent pas à se dévoiler. Astucieux ? Assurément. B se nourrit de ce trouble qu'il fait naître dans le regard de certains, cherchant vainement à percer celui de son Autre. Une main se pose sur son épaule, familière, amicale et quand sous le masque doré la voix masculine se perd à ses tympans, il le reconnaît. Sous la réplique, il ricane, nerveusement. Touché. Le couteau s'enfonce dans la plaie, mettant à mal son absence pour néanmoins honorer son retour. Ainsi donc le camarade avait choisit de jouer le jeu et d'abandonner le mystère de ses traits et de son teint. Soit.

Il faut bien respecter ses promesses et si mon absence n'était qu'éphémère, elle risque de me coûter cher.

Très. Le laissant retrouver ses occupations, le Romain quant à lui, reste aux aguets et finalement, trouve son Autre. Il avait suffit d'une commande, d'un son, d'un éclat de rire, d'un trouble pour retrouver cet autre niché sous une épaisse fourrure de Loup. D'une traite, le romain s'octroie une délivrance au goût de fenouil distillée, mais son attention se trouve ralentit, parasitée par une approche féline et égyptienne.

B hausse un sourcil, surpris par cette approche et les paroles qui en découlent. Derrière eux, une Gaesha, l'Automne et l'Hiver ainsi que son double lettrée aux ailes de papillon qui danse pour un Minotaure. De tout les doubles, il avait fallu que le sien s'entiche d'une lettre étrangère. Coup dur.

Rassurez-vous, je ne chasse nullement les lions et ne me laisse croquer par leurs imposants crocs. Mais je gage que le romain que je suis, a trouvé une proie à sa portée.

D'un geste, B attire l'attention d'une serveuse, s'empare d'une bouteille de Whisky et après avoir servi le félin, se détourne du comptoir. Il n'est pas ici pour n'être que spectateur. Le Lion avait raison, B n'est qu'un vil gladiateur en quête de proie. Un combattant repu et congédié qui pourtant, malgré le trouble, cherche à reconquérir un terrain qui fut sien. Le Romain tire sa révérence et se rapproche dangereusement du Loup.

Toutefois, arrivé à la hauteur du Papillon et du Minotaure, il esquisse un sourire qui en dit long. Mesquin, provocateur, B effleure la taille légère et féminine pour abandonner son souffle entre deux battements d'ailes. Mon Double semble avoir trouvée lettre à son goût.

Doucement, il s'éloigne, laissant l'osmose se réaliser entre ses deux entités si opposées. Douceur et légèreté contre robustesse et rusticité animale. Mais il est temps pour le Romain de jouer, à son tour, d'une infidélité alphabétique. Et d'ailleurs, le Loup n'est pas en reste. Saisissant la conversation et cette caresse subtile qu'il octroi, les tripes du romain ne font d'un tour. Sanguin, B se canalise et joue de cette séduction masculine. Se nichant dans le dos du Loup, il hume son odeur sans que le trouble ne se lise sur son visage et abandonne sa réplique, amère. Qu'importe si l'Homme et le Loup ne sont que des rivaux et des prédateurs incompris, je m'impose dans cette liste.

Je n'échappe pas à l'Histoire, l'Homme et le Loup se sont toujours traqué. Je confirme la règle.
Tyche
TYCHÉ

S
- Laissez faire le hasard et prenez sans un regard, ne dit-on pas que la chance sourit aux audacieux?

Une voix claire lui répond, avec cette pointe d'espièglerie que seule une personne pleine d'assurance peut avoir. Tyché penche la tête de côté en regardant longuement les godets alignés sur le comptoir, les hume. L'esquisse d'un sourire amusé remonte un coin de ses lèvres, puis elle tourne son visage au regard voilé vers sa voisine Lutine en s'adressant à elle seule.

Le hasard? Je ne vois que des verres sagement alignés, tous semblables semble t'il. Remplis du même nectar. En quoi le hasard pourrait faire une différence, puisqu'il n'y a guère de choix, ni d'audace à prendre un même nectar servi dans différents contenants?

Sur le comptoir, la pulpe de ses doigts joue un petit air rebondissant, puis la main de bronze fend l'air pour attraper une cruche d'eau et s'en verser une lichette dans un verre vide qu'elle soulève en inclinant la tête.

A votre santé. Pour l'instant, le hasard n'étant pas de mise, je réponds à ma soif par l'offrande la plus précieuse et nécessaire faite à la terre... L'eau!
En espérant bien sûr que je ne m'en trouverai pas rouillée. Ce serait un comble pour une statue de grincer à chaque pas. N'est-il pas?


La statue, donc, s'abreuve avec délice de cette eau salvatrice, puis fronce les sourcils, en proie à un questionnement, et montre à son bras le reflet de lumière sur son S d'argent.

Peut-être pourriez vous m'éclairer sur cette lettre quand j'en vois d'autres se balader au revers d'une veste ou brochées à un chemisier. Quelles sont donc leurs fonctions?

Tout lui semble décidément bien étrange. Tout comme l'équidé bleuté, qui tel un pur sang sauvage se cabre d'un seul coup, danse, esquive et pourfend l'air d'un marquage rougeâtre du bout de ses sabots. La statue sourit presque avec tendresse au couple qui s'avance, gracieux malgré leurs différences, le joyeux fou du Roy et l'élégante jeune femme automnale. Son regard capte aussi d'autres invités qui arrivent et les corps qui se frôlent, les sourires discrets , les murmures échangés.
Les lèvres replongent à la recherche de la clarté de l'eau fraîche et elle se tient attentive aux réponses de la lutine.
Each.uisge
L


Ce timbre, cette sonorité...les sombres ancrés aux puits sans fond, l'être dans son entièreté réagit à la présence dissimulée sous la peau de loup.
L'influence apaisante s'insinue et serpente dans tout son corps, étirant les lèvres, piquetant les prunelles d'un éclat complice. Le masque équin s'incline légèrement à la touche au cou, sans mot dire, pour ne laisser échapper qu'une expiration enjouée.

Le...La....C insuffle le rire discret à son ajout volontaire sur le menu de la bête, le romain lové au dos l'attise.

C'est un regard doux qu'il pose sur chacun des « mets » humains de l'animal.

Épaule contre sa jumelle, crin contre fourrure, à mi-voix il livre à une oreille sur un ton saupoudré d'amusement :
A être ton rabatteur je vais te demander des gages. J'espère que tu es vaillant ce soir, j'ai aussi marqué le minotaure.

D'un pas il s'écarte et livre au trio une petite révérence d'un geste gracieux avant de se tourner vers le papillon abandonné près du bouffon.
Sous l'artifice qui dissimule ses traits les joues se gonflent et se vident. Pourvu que l'ailée ne tempête pas d'avoir ainsi été menée.

Retourné devant L dextre est présentée paume vers le haut.


A défaut de me faire pardonner la farce puis-je vous ramener vers notre comparse de chandelier ?
.automne.


Le rituel d'entrée est honoré. Elle peut se permettre de regarder pleinement le monde qu'ils viennent de révéler un peu plus de leurs deux petites taches ignées. L'Aphrodite jouerait-elle elle aussi les anonymes ? A choisir le masque des ombres qu'elle ne lèvera réellement qu'au dernier recours d'une ultime bougie... Automne se détourne du candélabre pour embrasser la parure du lupanar et le découvrir drapé d'élégance plus que de volupté. L'Aphrodite s'est mise en confession, sans s'émanciper totalement, semble-t-il, de ce qui fait sa moelle. Comme ses tons feutrés, où certains y liraient la sensualité avant même la suavité. La métamorphose est pourtant là et son éclat à de quoi charmer et donner le tournis tant il y a de chose à contempler. Esprit se ravit aux notes de musique puis les prunelles furètent, ne s'attardant pas sur les convives pour courir du regard sur les tables enfilées en long banquet. Achalandées, elles étalent là une digne vision de bombance, se targuant du raffinement en prime, et les mets disposés çà et là pourraient presque se vanter de mettre l'Automne en appétit.

Saison s'approche d'un pas vers le coin de table qui leur fait face. Commençons la soirée comme toute soirée commence. Cernunnos se fait échanson, saisissant l'anse d'une aiguière au ventre hyalin qui lui montre des entrailles d'un rouge qui lui plait bien. Le vin est servi dans deux verres et l'œil glisse sur un bouquet de plantes vivaces qui embaument si agréablement ses narines. Fleurs et colonnades, on se croirait perdu au milieu de chastes fêtes romaines gardées loin des bacchanales. Les doigts ne peuvent s'empêcher de frôler les fleurs blanches avant de porter les deux verres dont l'un est offert à l'Hiver.

Retrouvant les côtés de son Autre, Automne accorde enfin son attention aux costumes qui évoluent dans le grand salon. Enrobés de spécieux. Cernunnos veut bien jouer le jeu. Regard file alors en prenant grand soin de ne pas s'attarder sur les masques qui pourraient en révéler de trop, décidée à se garder la tranquillité d'âme en se convainquant de n'être entourée que d'inconnus. De la bayadère aux figures antiques, des frêles papillons jusqu'à un cheval.... bleu, il y a tant de concept qu'elle ne connait pas, elle qui sait si peu du monde en dehors de France, qu'elle se demande s'il s'agit-là de réelles représentations d'une culture inconnue ou bien de la seule manifestation de quelques mirifiques imaginations. Des lettres d'argent piquent les corsages et les costumes, posant là une interrogation, et du bout des doigts elle frôle le petit "F" bien discrètement épinglée sur sa propre tenue. L'attention fauche au passage le jupon sombre d'un oiseau de malheur et ne peut s'empêcher d'en contempler longuement les drapés, mais ce qui la happe plus encore, c'est la vision d'un bronze ondulant au milieu des vivants. D'abord elle croit se tromper, avant de constater que statue est bel et bien animée. Les prunelles se fixent sur cette peau aux nuances improbables, admiratives, en se demandant comment est possible ce prodige. Comme pour elle-même, elle murmure :

_ Certains ont donné de leur personne...


    - ♪ Enya " Caribbean Blue "♪ -
Thanatos.

    - G -

Verre à la main, le poison distille ses effets au creux des veines de la Mort. On ne meurt qu'une fois, elle l'était déjà sans doute, inanimée à l'intérieur et mue par un palpitant trop malmené pour servir à autre chose qu'envoyer du sang à ses poumons. Elle erre. N'adresse la parole à personne, mais observe chacun.

Ces masques sont bien opaques, mais quelques voix lui font monter la puce à l'oreille. Notamment un cheval qui parlait beaucoup trop, comme à son habitude. Elle sourit sous ses voiles. Aurait-il tourné à la vapeur ? Le bouffon, lui, l'agace. Être roi était bien vain, et la beauté n'était que quelque chose d'éphémère ; elle ne comptait pas monter sur ce podium pour s'exposer à la vue de tous. De façon générale, elle n'était pas connue pour son goût des animations diverses, et les fuyait comme la peste, ce qui était, somme toutes, paradoxal, car elle avait pour fonction le plaisir de certains, qui se muait en grand nombre.

Un visage découvert, qui lui parle. Niché contre le loup, qui... Complexe. Osera-t-elle ? Sans doute, il lui faut se mêler à la foule, et le cheval s'échappe pour aller ravir un Papillon. A dessein, elle lui pince une cuisse au passage, et puis mine de rien s'approche du Romain dont elle a saisi la dernière réplique.


« Et pourtant, au jeu de la prédation, il n'y a plus grand que moi. »
Hiver


Le verre est pris, remplaçant avec un plaisir sourd la chandelle qu'Hiver n'avait pas grande habitude de tenir... Un siège non loin d'Automne et de ses observations curieuses sous le masque et voilà le Roi des glaces qui se choisit un mirador. Loin de la foule mais pas assez pour ne pas la toucher du bout des doigts, Hiver reprend une distance spectatrice, portant le vin à ses lèvres diaphanes, laissant ses yeux trainer sur une agitation à laquelle il reste naturellement imperméable sans y être véritablement indifférent. Nuances incarnée, il étend ses coudes confortablement, trouvant son assise souveraine dans le giron Automnal.

Bien... Où était qui? Qui était-là? Sans doute les mêmes que l'année précédente. En somme des créatures qu'il ne souhaitait pas démasquer, par jeu ou par opiniâtreté de ne jamais vouloir jouer sinon selon ses propres règles. La lettre? Elle resterait méconnue. Le jeu du plus beau? Il l'observerait de son assise. Le vin se suffit toujours à cadencer une soirée, dusse-t-elle avoir lieu une seule fois l'an. Hiver assoit son règne ainsi, statique et marmoréen, emportant toujours les faibles, les agités et les trop chaleureux dans son austérité virale. N'y avait qu'Automne pour se frotter à elle sans jamais s'y laisser prendre. Les doigts fins laissent la coupe trainer dans le vide tandis que les stalagmites s'orientent dans la direction désignée par son Autre.



    - En effet...


Maitre de disettes, la saison savait s'économiser de tout. Même de commentaires.

Reinedecoeur
P



Décembre. Un mois qu'elle affectionnait tout particulièrement pour la magie qu'il représentait, les fêtes de fin d'année avaient toujours eu un côté féérique pour elle. Une manière de retomber en enfance, de s'évader de la routine, de s'imaginer dans un autre monde, bien qu'il soit imaginaire et éphémère. Rêver ne faisait de mal à personne.

Ce soir, le froid avait prit possession de cette nuit de Noël, quoi de plus normal pour la saison et pour cet événement. La jeune femme allait découvrir l'Aphrodite sous une forme inhabituelle pour le lupanar. Mais elle savait d'ores et déjà que la soirée s'annonçait bonne, sûrement surprenante aussi mais l'amusement serait au rendez-vous. Le but était de passer une magnifique soirée en ce vingt-quatre Décembre.

Comme pour chaque participant, elle avait choisi un costume, celui de la Reine de coeur et un loup pour dissimuler son visage puis une broche lui avait été remise dans une petite bourse, avec la lettre P, petit bijou qui ornait sa robe et qu'elle avait accroché sur le côté gauche, juste au dessus de sa poitrine. Son arrivée fut la plus discrète possible, il y avait déjà bien du monde dans la salle, elle pouvait le deviner avec les bruits qui s'en échappaient. À l'entrée, elle remit son carton d'invitation puis en échange, la Reine de coeur reçut un cierge qu'elle devait déposé dans un des chandeliers de la pièce. Chose qu'elle fut assez rapidement.

Son regard balaya la salle, pas pour deviner qui se cachait derrière chaque costume, mais pour doucement s'imprégner de l'ambiance, des odeurs, de tout ce qu'elle pouvait voir. Ce mystère qui dominait la pièce était réellement présent et perceptible, dire que sous chaque masque se dissimulait un être, qu'elle connaissait ou non et surtout, ne pas savoir, être dans l'inconnu, dans le mystère, c'était assez excitant. L'idée d'un bal anonyme était excellente à son goût.

D'un pas lent mais assuré, la Reine de coeur se dirigea vers de quoi se désaltérer un peu. Elle prit un verre entre ses doigts délicats puis attendit la suite des événements, tout en observant tout ce qui pouvait se passer autour d'elle, essayant de ne rien rater...
L_aphrodite
Ceux qui connaissaient les lieux comprendraient certainement une fois la surprise passée, d’où venait la farandole joyeuse de silhouettes qui envahit soudainement la salle dans un pépiement gai, présentant douze profils juvéniles dont les costumes sobres courraient du noir au blanc en déclinant les gris sur une dizaine de nuances, les cheveux ramenés en un chignon piqué d’une plume assortie à leur couleur. Pour chacune, le même loup noir cachait les traits enfantins, ne rompant la gémellité de ses semblables qu’à l’éclat d’une prunelle tantôt claire, tantôt sombre, et tandis qu’onze d’entre elles invitaient tour à tour , les convives les plus éloignés à se rapprocher du centre de la pièce, la douzième monta sur l’estrade délaissée par le Bouffon.

- « Mesdames, Messires, bienvenue à tous et merci de votre présence. Puisque vous voilà rassemblés et que les festivités sont lancées, entrons dans le vif du sujet… Il est de coutume d’ouvrir officiellement le bal d’une danse, aussi, ne dérogeons pas à la règle et que s’ouvre, à l’évolution dansante des lettres jumelles, le début de cette soirée… » acheva-t-elle d'un sourire poli en s'inclinant d'une courte révérence avant de descendre dans un sautillement léger.

Les derniers mots étaient tombés tandis que les petites silhouettes disparaissaient et que les musiciens entamaient un morceau plus vivant que ce qu’ils avaient jusque-là joué, occupés à combler un silence qui avait, au fur et à mesure, finit par être étouffé au murmures des convives, preuve qu’il était temps que la nuit se consume.




Tout comme vous le faites avec les domestiques jusqu’à présent, vous êtes libre de RP selon votre bon vouloir si votre PJ a une interaction avec l’un des douze domestiques venus annoncer le début des festivités

Pour le reste, trouvez votre lettre double pour former les duos de danseurs.
Pour ceux dont les lettres ne sont pas encore arrivées, n’hésitez pas à inviter les autres lettres solitaires ^^
Bon jeu
Artemis.
- J -

J'étais plantée là tel... un chandelier dont le cierge trônait dans mes mains. Qui avait dit que le ridicule ne tuait pas ? Celui-là ne devait jamais avoir connu cette situation.

Je regardais donc autour de moi ces gens qui semblaient dans leur élément. Moi, je n'y étais pas, j'étais présente pour accompagner, mais aussi pour braver mon interdis ne souhaitant tout de même pas rater l'opportunité de recroiser un certain regard autrefois croisé dans un lieu semblable... Je savais pertinemment qu'un jour cela éclaterait, lorsque la folie rejoindrait les mots, je saurai le placer et lui prouver.

J'observai donc.. détaillait les divers masques et tenues.. certains me plaisaient, d'autres, beaucoup moins. J'étais exigeante, mais je le méritais, on me l'avait fait comprendre. La lueur des chandeliers qui s’éclairaient assez vite rendait l'endroit quasiment mystique et l'envie de me prendre au jeu sur ce qui se passait devant moi m'envahissait au fond.. L’excentricité qui m'entourait me changeait, j'avais pris l'habitude du calme et des méandres. Je vérifiais une énième fois que mon loup était encore en place quand des regards croisés le mien.

Mes doigts glissèrent alors sur la broche pour en dessiner lentement le contour. Il y avait surement une signification que j'allais comprendre et c'est en observant des couples se former autour de moi que cela me vint à l'idée. Je compris que le hasard... ou pas allait m'affecter un binôme. Mon doigt revint sur le loup doré qui ornait le haut de mon visage afin de m'assurer de sa présence. Ça en devenait un toc, mais la tenue que j'avais vêtit me mettait sérieusement mal à l'aise, je n'avais pas pour habitude de porter quelque chose de si léger.
Je me posais donc la question revenant sur cette histoire de lettre, oui bien que mes manières pouvaient quelquefois prouver le contraire, j'étais assez curieuse de nature, et en même temps qui ne l'était pas. Le premier qui en dira le contraire se verra amputer d'une main.

C'est sur cette pensée que ma main fut débarrasser avant d'être justement prise, surprise mon regard se posa sur cet homme déguisé étrangement. Je n’eus le temps de la retirer qu'il plaquait ses lèvres en un baisemain sur le gant cachant les marques d'un présent. Mes yeux glissèrent alors sur la broche qu'il arborait. Je serai donc la cavalière du bouffon. Cela me fit sourire et lui répondit avec un certain amusement à son compliment.

Comment passer à coté de vos couleurs éclatantes.

Il s'inclina devant moi comme il se doit et j'appréciai sa politesse qui n'allait pourtant pas du tout avec son déguisement. La situation m'amusa davantage jusqu'à ce que son murmure me laisse un instant sceptique. Une arène? Pensait-il que j'étais présente pour me battre ou était-ce une simple tournure de phrase me faisant envisager le pire... J'optais pour la troisième solution, une simple invitation et je décidais de jouer le jeu glissant délicatement ma main à son bras acceptant l’invitation, après tout là était le but de la soirée. Mon visage se recula lorsqu'il se mit à hausser le ton. Quand ce dernier reposa son attention sur moi me proposant de quoi me désaltérer, j'eut une impression assez étrange...comme une impression de déjà vue. Mais je me démontai pas pour autant et lui répondit avec un calme contraire à ce que je ressentais à l’intérieur... ce mélange de peur et d'excitation.

Avec plaisir et.. merci pour le cierge. Dis-je en esquissant un sourire en coin.

Papillon_

L

Un simple hochement de tête répond à la politesse, n'y reviendra pas, il n'en est d'ailleurs déjà plus question.

L'annonce du Bouffon semble inspirer l'enjôleur maléfique, à moins que ce ne soit simple coïncidence.
Un moyen de se faire pardonner d'être Papillon dit-il?
D'avoir choisi de l'être pour une nuit, admettons, difficile de reprocher sa nature a quiconque. De même, peut être devrait-elle commencer à réfléchir à celui qui conviendrait pour le choix du Each Uisge.
N'en a pas le temps, et ne s'en plaindra pas, au contraire.


Voyons si vous savez voler en public, il y va de votre foie.

Ma foi, cent fois vous pourriez en parler, je sais bien que de mon foie, pas plus que de celui d'un autre, vous ne voudriez. N'est-ce pas au contraire le seul épargné?

Un petit rire s'échappe et cascade tandis qu'elle le suit, évidemment, il ne pourrait en être autrement. Inclinaison de la tête à l'intention d'Icare pour confirmer que le "je reviens" de son guide pourrait également s'appliquer à elle même, et les voilà en route pour elle ne sait trop où.

Le regard d'un malicieux Lutin l'a interpellé un peu plus tôt et mise sur la voie, lorsque l'équidé en vient à s'excuser auprès du carnassier, Lion qu'il vient de bousculer, Papillon en profite pour glisser au M nocturne :
Buvant aux mêmes sources...

Le suit toujours et remarque un Papillon, autre. Au moment de son choix, la liste des costumes n'en comportait qu'un seul, mais plus on est de fou dit-on... Et pourquoi pas nuée.

Le cheval se cabre presque non loin de Cassandre, elle n'en comprend pas la raison, lui adresse en passant signe discret, complice. Pourtant, avant la soirée aucunes n'a évoqué les déguisements qui seraient adoptés pour préserver l'effet de surprise. Plutôt réussi, même si elles se connaissent trop pour que cela dure longtemps. Il lui en reste un au moins à identifier, se demande si les indices seront aussi flagrants.

L'aillées remarque la sanguine et se laisse toujours emporter par le drôle de ballet ou autre L l'entraîne. Difficile de le suivre, il lui donne le tournis, mais il n'est pas encore temps de demander grâce, sans pour autant se jeter à l'eau.
Et lorsqu'un instant son comparse du moment se pose, le voilà qui inverse les rôles?, c'est pour lancer à la cantonade, et au fou plus surement :


Grand Bouffon ! Inscris le Papillon à ton concours,veux-tu! Et l'Icare au comptoir, l'emplumé qui semble s'être échappé d'un tronc creux.
Pas de mais... je soudoie avec des pommes !


Tu peux me soudoyer avec ce que tu veux Cheval Fou. Je ne validerai ta volonté que par l’entente de leurs voix distinctes à mon oreille.

Le démon! Voilà donc ce qu'il avait en tête! Et de rire de bon coeur, goûtant à la farce, avant même qu'il n'avoue que cela en était une.
Et tandis que côté coloriage il se débarrasse de la preuve de son forfait entre les pattes du Loup qui semble s'en amuser, le regard de l'éventuelle diversion est attiré par deux costumes exceptionnels, représentant des saisons.
Si elle ne reconnaît pas en Automne un Cernunos féminin, le dieu cornu ne pouvant être représenté qu'avec virilité, bestialité, L n'en reste pas moins saisie par le splendide résultat qui rivalise avec celui de l'Hiver.


A défaut de me faire pardonner la farce puis-je vous ramener vers notre comparse de chandelier ?

Sa main s'approche de celle du vil tentateur et ne s'arrête qu'a le frôler, lorsqu'elle prend conscience du danger, coulant un regard vers la bride, du coup.

Ramenez moi, je vous en serez reconnaissante, il n'y a pour l'heure encore rien à pardonner.
Le_loup
I


A l’Eon, il adressa un sourire effilé, pivotant du buste pour cueillir son regard bleu et lui rétorquer, une indéfectible pointe d’insolence perlant dans les syllabes :

L’embarras du choix ne vaut pas grand-chose quand il s’agit de découvrir enfin à quel genre vous appartenez, voisin-voisine. Considérez-vous comme directement menacé, lui assura-t-il, le bras se tendant vers elle pour lui présenter un verre tenu par un grappin de doigts longilignes, scellant son espiègle promesse du tintement joint de leurs verres quand le crin coloré de l’équidé approchait la fourrure jusqu’à lui glisser quelques mots au creux de l’oreille.
Aux regards se croisant, la prunelle pétilla d’une joie primaire, au mélange de ce dépit et de ce contentement d’être reconnu déjà, malgré le masque, le pelage, et l’anonymat, comme si, à l’instant, Each-Uisge en l’identifiant, lui avait donné la valeur d’exister. Le regard sombre se porta sur le minotaure avant que son propriétaire ne rit doucement de l’insolence bleutée, rétorquant tandis qu’il quittait le giron de sa fourrure:

Dix pour cent, pas plus. Le mollet sera à toi, promit-il dans une expression volontairement carnassière à la créature fantastique qui s’éloignait, avant que le monde ne se scinde à l’aube d’une simple présence à son dos, aux éclats tranchants d’une voix aussi provocante que courroucée, d’un timbre qui avait, quelques semaines, appartenu au néant de l’ignorance avant qu’elle ne prouve cruelle, une existence tissée d’absences.

Qu'importe si l'Homme et le Loup ne sont que des rivaux et des prédateurs incompris, je m'impose dans cette liste.

A sa nuque , pesa alors un crépuscule mille fois envisagé aux heures calmes de ses nuits solitaires, résonnant de paroles mille fois répétées jusqu’à être serties, chacune d’un bijou de dédain, de mépris, de résolution, et pourtant, aucune d’elles ne venaient à sa gorge à l’instant, muselées par le gouffre s’ouvrant sous ses pieds lupins. La tête pivota la première, présentant le profil surmonté du museau, l’œil noir se rivant sur le romain, puis, ce fut le corps, lent, étoffé, qui accompagna le mouvement, jusqu’à faire face à la toge alphabétisée.


Intéressant choix de masque… fit il en contemplant le visage nu de cet Autre, maudit immanquablement depuis six longs mois, affrontant les iris distincts, si convaincu qu’il saurait les braver avec la rage nécessaire qu’il fut le premier surpris qu’il soit si facile d'être tenté de s’y noyer. Déchiré, en deux, en dix, en cent, en un infini de possibles à cette apparition, animal à ce point traqué par ses propres démons qu’il en avait choisi de retirer le collier de sa passion en constatant l’abandon, le Loup se retrouvait en suspension, achevé par le manque aussi brutal qu’évident de cet Autre lui cisaillant les veines, que par l’intacte colère qui déchiquetait ses nerfs en le contemplant, indécis malgré lui, oscillant à la surface de l’abime jusqu’à ce qu’éclate à ses tempes un souvenir plus douloureux encore que tous les autres à la chaleur des draps de leurs odeurs partagées. Faut-il que tu sois sûr de lui pour ainsi l’afficher, poursuivit-il d’une voix basse destinée aux oreilles seules de B, déchirant d’un sourire amer, le flegme de surface savamment entretenu quoique sauvé aux yeux des autres, par l’ombre louve qui planait sur lui.

« Et pourtant, au jeu de la prédation, il n'y a plus grand que moi. », intervint la Morte, voix qui écailla si brièvement le magma de ses idées qu’il ne glissa son regard qu’une seconde sur elle avant de revenir à celui de Rome.

Le cortège des silhouettes anonymes enhardit la salle d’un bruissement nouveau sans qu’elles ne parviennent à l’arracher à sa contemplation où le gel se disputait la lave, l’envie instinctive de plonger le nez à ce cou dégagé semant le trouble quand la raison empoignait chaque parcelle de lucidité pour les exhorter à se rappeler du vide. Méthodique, patient, s’asservissant avec entêtement à sa volonté en y retrouvant le confort étonnant de la détermination, répudiant le sursaut de vie au creux de son âme malmenée, le loup détacha le poids de son regard du romain pour contempler la sanguine qui s’effritait entre ses doigts quand une voix juvénile perçait d’un ton clair le bourdonnement ambiant :

« Mesdames, Messires, bienvenue à tous et merci de votre présence. Puisque vous voilà rassemblés et que les festivités sont lancées, entrons dans le vif du sujet… Il est de coutume d’ouvrir officiellement le bal d’une danse, aussi, ne dérogeons pas à la règle et que s’ouvre, à l’évolution dansante des lettres jumelles, le début de cette soirée… »

Reviens d’abord des enfers, conclut-il en apposant lentement l’empreinte d’une main carmine à hauteur du cœur sur le drapé blanc,, avant de glisser le bâtonnet poudreux à la main de l’homme, attardant, sans s’en rendre compte, la pulpe de ses doigts à la paume chaude, inspirant silencieusement pour reprendre la constance de son masque le plus personnel, avant d’opposer la morgue douloureuse d’un sourire en coin à Thanatos : Il est à vous.

Le mouvement visant à leur tourner le dos pour se mettre en quête de sa lettre jumelle lui sembla durer une éternité, le laissant pantelant de la force qu’il avait dû trouver en lui et sacrifier à s’arracher à ce B infernal, se rattachant désespérément aux éclats argentés brillant sur les costumes jusqu’à accrocher la violine d’une robe sur laquelle le narguait un I broché. Automate, il avança, crevant de se retourner pour encore contempler le visage romain sans pour autant y céder, jusqu’à atteindre enfin, les reflets d’une crinière rousse et d’une jolie bouche vive, inclinant brièvement devant la sorcière, la silhouette élancée de l’animal , au prise de cette courtoisie si fermement liée à ses réflexes qu’elle demeurait intacte, quelle que soit la situation.

Il me semble, ma chère, que nous soyons assortis…, fit-il en lui adressant un sourire avant de lui désigner la piste où se formaient les premiers couples destinés à la danse d’ouverture, confiant en ses talents de danseur pour mener celle-ci sans l’ombre d’une faute. Me ferez-vous l’honneur ?
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