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[RP] (Bal de Noël) Soyez anonymes.

Faces
Mon manège à moi…

C’est bien sa veine. Les leçons inculquées à la dure n’ont que le profit de la rendre translucide. Fichtre. De mauvaise foi ? Certainement. L’attention qu’elle sait attiser d’ordinaire n’a rien à voir avec deux ou trois lettres avalées. Mais le prétexte pour préparer une mutinerie est bien trop beau pour le laisser filer. Quoiqu’il en soit, sous la face rieuse, la moue se dessine, boudeuse, quand le bout de ses doigts est encore meurtri par l’aiguille pour un si piètre résultat. Pour avoir la tête qui tourne, pour pleurer en riant, ou rire en pleurant, elle devra attendre encore, si tant est qu’Elle ne lui fasse pas faux bond. Pour le coup elle ne pleurait ni ne rirait, mais irait se réfugier dans le couvent le plus proche pour quelques semaines, porter le deuil de son charme massacré. La peine serait insurmontable, voire mortelle, mais qui fait les choses à moitié ne fait rien. Définitivement, l’orgueil est un bien funeste défaut, mais qui blâmer quand quelques pas suffisent à faire tourner les têtes. Certes pas elle !

Voilà qu’elle ronchonne, sous l’argent incongru du masque rieur, elle qui ne pleure ni ne rit bien souvent, mais grogne aisément. Si les déguisements doivent refléter une part intime et cachée de ce que les invités sont, alors le choix de son costume est inapproprié. Un âne ou une tête de cochon aurait été bien plus révélateur. Mais malgré tout, bien cachée au fond d’elle, une part de coquetterie aurait crié au scandale d’être à ce point malmenée. Elle ronchonne la petite clochette privée de tintinnabuler au gré des notes de musique, pourtant la tête lui tourne bel et bien devant la cohorte colorée qui tournoie devant ses mirettes. La valse enfle, jusqu’à lui donner le tournis. La pantomime qui se joue sur la scénette ne calme en rien la cacophonie installée entre ses tempes. D’ordinaire, certainement, se serait-elle prise de pitié pour ce pauvre Bouffon bien houspillé. Mais au son d’une voix s’échappant du costume bariolé, elle jubile de le voir ainsi remis en place, et d’un tour de passe-passe se pourlèche les babines d’amusement sous la face tristounette de voir l’énergumène se débattre avec porte manteau récalcitrant. Voilà qui lui apprendra à brimer une Rousse. Mais à peine le souvenir se ravive dans les méandres de sa cervelle revancharde qu’elle l’ensevelit aussitôt. L’heure n’est pas aux regrets et encore moins à la nostalgie, tel en atteste un haussement d’épaules camouflé ingénieusement par le cône de soie. Ce soir la nuit sera étoilée de l’or de ses cheveux ou ne sera pas. Il est des promesses rendues tenaces par trop de bouches qui se frôlent sans se prendre, par trop de regards qui se faufilent pour mieux s’évader, par trop de souffles qui brulent la joue pour les perdre dans une ribambelle de costumes, aussi chatoyants puissent-ils être. Ainsi sont des envies, qui à force d’être tues se révoltent un soir de Noël. Après tout, ce soir là, tout n’est-il pas autorisé au creux du ventre de l’Aphrodite ?

Alors refusant l’enivrement que la soirée propose, les iris noirs fouillent la foule, délaissant un Loup à la voix reconnue aux sortilèges d’une Sorcière, abandonnant les cabrements d’un Hippocampe, les rugissements furieux d’un Minotaure, les papillonnements des ailes d’un Ephémère ou encore les errances d’une Princesse Hindoue paumée loin des bras de Vishnu, pour se murer dans une crinière blonde qui la nargue du rouge flamboyant de sa robe. Sous l’argent, les lèvres s’étirent d’un sourire aiguisé alors que les yeux se plissent, volontaires de découvrir l’écarlate vierge de la déception d’une broche. Si les chandelles éclairent le salon, leur lumière demeure insuffisante aux yeux malades pour dénicher les détails révélateurs. Pourtant, ce rouge claque comme une signature joliment facétieuse.

Le doute est là, furieusement présent, et pourtant, la clochette s’anime d’un balancement régulier, comme flottant au dessus des tapis. Face au Chaperon rouge, la mine triste pleurniche.

Vous voila bien avisée de laisser votre bouche à découvert, vous avez ainsi la chance de ne pas mourir de soif… Volte face leste, et le rire l’emporte sur les larmes. Sous le masque les amandes noires scrutent et les lèvres se réjouissent de ne découvrir nulle épingle argentée. Pourtant, nous voici vous et moi orphelines, perdues au milieu de cet alphabet. La clochette tourne sur elle-même, et d’une danse à peine esquissée, contourne la téméraire enfant. Offrant au dos du chaperon écarlate sa face affligée, elle se lamente faussement. Avec qui donc danserez-vous ce soir ?
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Bauta
Quelques pas, à peine, sous les quolibets d’un Bouffon pris à son propre jeu. Eclats de voix auxquels pourtant l’Ombre se soustrayait par réflexe, refusant obstinément, sans vraiment en être conscient, de plonger dans un marasme qui devait se taire, au moins pour cette soirée, malgré le ventre grondant de l’Aphrodite. Mais le désir de la Déesse était tout puissant et se jouaient de ses marionnettes avec une audace et une ténacité flamboyante. Il s’appliquait, pourtant, à amadouer la retenue qui semblait animer sa partenaire de quelques heures, lui qui n’avait de gout à la danse qu’une épée à bout de bras. Mais toute la bonne volonté du monde fut balayée d’un revers de la main quand deux soubrettes pouffant comme des dindes pas même bonnes à farcir, laissèrent échapper quelques mots de trop à l’abord du couple sombre.

- La droguée, tu sais, celle qui avait disparu, ben elle est revenue.
- Ah oui, je l’ai vu entrée dans la chambrée 14.
- La 14 tu dis ? Celle de mon prince aux yeux verts ?
- Lui-même ! Même qu’elle était aux petits soins pour lui, s’emparant de mon plateau pour lui apporter elle-même. Il y a anguille sous roche je te dis !
- Tais-toi, teigne que tu es ! Il est pour moi, tu le sais. C’est mon prince, il m’a regardé l’autre soir !
- Retourne à ta citrouille Cendrillon, pas de conte de fée pour toi, ni ce soir ni les autres.

Les pas de danse se figèrent, les pieds soudain ancrés au sol par une glace qui remontait le long de ses mollets pour emprisonner jusqu’à ses cuisses. Marécage infect de lianes verdâtres. Le souvenir était encore trop vif pour s’en échapper, pour même en réagir. Si les douze coups de minuits sonnaient pour la soubrette ignorée, ils sonnaient en harmonie pour l’Ombre. S’il était désolé pour la Prophétesse innocente de se trouver en plein milieu d’un engrenage inéluctable qu’elle n’avait su prévoir, danser et faire bonne figure malgré l’aide du masque était impossible quand la tête lui tournait bien trop sans même devoir tournoyer. Muet, il se recula d’un pas, la nuque brisée par l’ultime traitrise que le hasard avait confié à ses tympans. Malade à n’en pas douter, il se pencha un peu plus dans une révérence rendue maladroite par le vertige.

- Je vous prie de bien vouloir m’excuser Prophétesse, mais si tant est que vous m’ayez contaminé d’une parcelle de votre don, je gage que vous trouverez un partenaire bien plus habile et courtois qu’une Ombre dissolue et inconstante.

D’un froissement de soie oscillant entre colère et incompréhension, le gris du regard s’accapara la petite silhouette de l’Empire du Soleil Levant et l’enferra sans lui laisser la moindre échappatoire quand seules, la cambrure d’une nuque et l’ombre d’un profil l’attiraient inexorablement vers Elle. Qu’importait s’il se trompait. Qu’importait si elle n’était pas Elle. L’emportement fut vainqueur de la prudence. Encore quelques pas, le claquement des bottes inconcevablement jalouses et meurtries se perdant dans les notes enjouées, l’Ombre fut derrière Elle. Magistrale Geisha qui savait le faire danser sur la corde raide de ses émotions sans même esquisser le moindre geste. L’Ombre enveloppa la fine silhouette, plongeant son nez masqué dans la nuque nue pour y respirer à pleins poumons le parfum entêtant du jasmin. D’un pas de plus, et ce fut tout son torse qui embrassa le dos menu. Le regard invisiblement bas, la voix encore plus profonde quand elle se terrait derrière le bec d’un masque qu’il n’aspirait qu’à arracher.

- A quoi joues-tu… avec lui ? Arrache-moi la peau de tes crochets, mais réponds-moi.
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H
Le_loup
I


Un sourire égaya le demi-visage d’homme d’un trait discret, tandis que Sorcière, lovée au creux du bras, et dont la chaleur mélangée les plongeait au firmament des instants morts nés, cheminait le long de rêveries qu’elle murmurait d’une voix immergée d’ailleurs, peignant à la bouche vive, l’accent d’un exercice auquel l’animal était peu rompu. La flânerie était un art que Loup ne connaissait pas, l’esprit toujours sollicité pour ne point s’égarer aux méandres des possibles, tant et si bien qu’il avait fini par atrophier littéralement l’onde créative jusqu’à s’étonner lui-même, d’être incapable de projeter une quelconque fantaisie à ses propres horizons. Rêvasser était un luxe que l’on ne s’autorisait qu’à la faveur d’un espoir, d’un peut-être, d’une comète crevant l’air pour éblouir les terres stériles du quotidien, somme de perspectives qu’il n’avait jamais considéré, enchainé à son devoir avant de l’être à son héritage et si Loup n’en connaissait pas les subtilités, il ne pouvait s’empêcher une certaine admiration pour ceux qui savait en jouer. L’envie d’ôter à l’instant le masque de Sorcière pour se repaitre définitivement à son visage de l’engouement proposé par le jeu effleura ses tempes sans pourtant qu’il y cède, non point par soucis de respecter un quelconque mystère entretenu au fil des masques, mais mû par un égoïsme pur, personnel, carnassier. Si Sorcière était à Loup, le charme se romprait fatalement aux derniers sons de cloches d’un minuit assassin, achevant dans ses résonnances, les oriflammes d’une osmose nocturne, et l’animal, conscient de ce drame à venir, choisissait simplement de se nourrir encore pour une poignée de minutes, à cette gorge pale, à ces yeux espiègles, à cette voix dont les mots et les murmures n’existaient que pour Lui.
Le mouvement de la Bauta vers la Geisha attira son attention, première lueur d’embrasement dans ce ciel hivernal et il sut à cet instant ci, identifiant plus clairement que jamais le couple réuni, que la fête était sur le point de se finir, que le ventre affamé de l’Aphrodite ne tarderait plus bien longtemps à restreindre son appétit, qu’il paierait cher ces quelques heures de liberté au bras de Sorcière, et que l’accalmie agonisait déjà du seul fait des retrouvailles de l’orient fardé et de son amant imbécile.


Quant à moi, sorcière dans l'âme, ce soir, je me trouverai un chat noir et parcourrai les ruelles sombres, toute à cette carapace qui me recouvre
La remarque amena un pli amusé aux lèvres louves, égayant les ternes frondaisons entraperçues au couple apparu à quelques mètres d’eux.
Mais je suis de nature curieuse, qu'auriez-vous inventé pour moi, mon double lettré ?

Le lupin délaissa l’avenir le plus probable pour venir cueillir les prunelles noires de sa cavalière, déplorant un instant à l’aube de son regard sombre que la nuit doive s’achever quand pourtant, toutes étaient un enfer auquel il ne plongeait que lorsqu’il était certain de s’assoupir dans la seconde, et observa un temps de silence qui emporta le soupir qui lui venait à l’âme.

Pour vous j’aurais inventé un temps qui ne s’achève pas, répondit-il à l’aube d’un sourire étrangement sincère, tendrement mélancolique, au regret de ne point être démiurge pour figer la valse des aiguilles au dessin du sourire qu’elle lui adressait à cet instant ci …des ténèbres où minuit ne cesserait plus de carillonner pour nous abandonner, à l’heure bancale de nos envies, vous, vêtue de fourrure, le museau à nu, et moi, devenu homme à portée de vos doigts gantés…
Le froid s’insinua lentement à ses veines, les crocs d’une réalité toute autre s’enchainant à sa chair sans qu’il ne puisse le dissoudre, condamné depuis la première minute au deuil inexorable de l’Ysengrin hiémal, finissant d’une dernière gorgée le vin pour poser le hanap au comptoir.
Sorcière, réchauffez moi, demanda-t-il en ramenant son corps contre le sien du bras qui la maintenait contre lui, liant les formes et les parfums dans une étreinte légère, tout autant qu’avide, confinant au cocon de leur alliance, les respirations, comme les battements du cœur… car bientôt, vous deviendrez femme. Quand cela sera fait, poursuivit-il, une mèche rousse accueillant près de la tempe, son souffle paisible… vous aimerez le soleil plus que la lune, l’envol précipité d’un cygne au hasard d’un étang, peut-être même les rires des enfants, oubliant d’en croquer un pour le dessert et d’en engraisser un autre pour les temps de disette… Un sourire doux se perçut dans le murmure destiné à son oreille : Parfois, bien sûr, vous sauterez, sans raison, aux bordures des flaques d’eau parce que vous ne pourrez pas vous empêcher d’aimer la cacophonie de vos souliers écrasant le reflet dormant et imbécile de ces cieux si lointains et vous sourirez toujours, en entendant au loin, le chant de mes frères loups… On n’efface jamais complétement ce que l’on a été, même au fil d’un sortilège, lui confia-t-il, les lèvres frôlant un lobe blanc, suspendant le geste pour respirer le parfum mêlé de lavande qui s’y lovait.
Ramenant la patte senestre à sa bouche, il coinça le tissu du gant à ses crocs et l’en délesta, découvrant une main épargnée par l’âpreté des travaux manuels, et, abandonnant la manicle au sol sans l’ombre d’une attention pour elle, gagna la joue fraiche, l’index passant au fil de la mâchoire délicate avec une lenteur coupable, appréciant enfin, à sa peau, celle de sa lettre jumelle, le velours du regard s’appesantissant au carmin de la bouche ainsi tendue.
Cette nuit ne devait qu'à elle, thaumaturge ayant emporté par sa gaité pour quelques instants la rancœur, la fatigue, l’inéluctabilité du destin auquel il était si fermement lié jusqu'à lui faire oublier les chaines qu'il devrait passer sitôt le jour éteint

Sortons, proposa-t-il subitement en jetant un coup d’œil vers le couloir de l’entrée où bruissaient déjà quelques mouvements, refusant que quiconque, ni l’Aphrodite, ni les autres, pas même Rome dont le retour subit éprouvait chaque parcelle de résolution, n’emportent au fil de cette envie aussi brusque que définitive les derniers instants de cette cabale partagée. … nous fêterons minuit dehors…
Geisha
N


La soirée se prolonge, entêtante, enivrante, mystique. Les lettres se rejoignent, les couples alphabétiques se forment, les tissus volent et emportent avec eux les mirages. Tout n'est qu'apparence, trouble et ivresse. L'alcool et les spiritueux coulent à flots, embrassant lippes et commissures. Quelques gouttes, perverses et osées, parfois se perdent au détour d'un baiser sur la peau délicate et dénudée d'une nuque. D'ailleurs, a défaut d'un baiser, c'est un souffle qui se pose, là, accusateur et froid contre sa chair dénudée. Les lippes s'étirent, le dos se redresse, digne. Il est là, l'enveloppant de son assurance et de ses doutes. Doucement, la main féminine se glisse au delà des étoffes sombres. Les phalanges réclament, espèrent et finalement se lient aux siennes. Sous le contact, anodin et pourtant troublant, la poitrine teintée se soulève, soulagée de Le sentir près d'elle. La froideur de la Solitude se dissipe sous l'étoffe obscure qui se niche contre son échine. Comment l'avait-Il retrouvée ? Cela était-il si évident ? Pourquoi diable lui parlait -il de Dacien ? N'avait-il donc rien compris ?

Idiot.

Les iris sombres scrutent ces danses frivoles et colorées tandis que, les caresses se poursuivent dans le creux de Sa main. Devant eux, les plumes se lient aux fourrures, les animaux se jouent des hommes, et les fables se jouent de leur dessein. Pourtant, la Geisha cherche celui qui tourmente encore de ses jades, l'esprit de son Mentor. Sous quelle apparence se cache t-il ? Etait-il Loup ou Bouffon ? Soleil ou animal Marin ? Dans la foule, les prunelles fières et hautaines savent se faire désirer.

Nous avions des comptes à régler.Froide, le visage de la Geisha se tourne pour faire face au masque d'or. Inutile de voir son visage, de Lui, elle ne veut croiser que son regard accusateur. Blessée, lassée par ces jugements hâtifs qui hantent ses pas au cœur de l'Aphrodite, la réplique vipérine ne tarde pas à écorcher les dorures. Quand cesserez-vous de me juger avec hâte quand de moi, vous savez tout? Le "tu" devient "vous" et sous cette détermination, la distance s'impose, cruelle et éreintante. Lentement, la pulpe de ses doigts s'éloigne de la chair Castillonne, la Bauta et la Geisha ne sont plus de que simples entités meurtries par de trompeuses apparences.

Il existe des maux plus vils que mes crochets. Les paroles d'une Couleuvre sont tout aussi dangereux... ..
Cassandre_

H

Refusez l'oracle... revient-il au galop ? Main de marbre, à l’instant de se laisser entraîner, ne doute pas que son cavalier masqué – par éducation ? compassion ? entêtement ? – refusera jusqu’au bout de lui donner raison… et qu’il ne trouvera pourtant aucun plaisir au pas de deux. Et comment diable ? Le corps annexé se révèle immédiatement incapable d’assouplir sa réticence. La cambrure frêle s’est raidie. Le corps, jeté par maladresse contre l’amas de tissu étranger, reflue dans l’instant. Quant au plaisant murmure, s’il fait vibrer la chair, ce n’est guère que d’horreur contenue. Bref : le charme n’opère pas, pour tous les talents déployés par le Masque. Et Cassandre ne sait mieux faire que de ne pas s’en excuser sans fin, trop fière, barricadée dans sa superbe – qui en prend déjà un sacré coup, et même plusieurs, à trébucher ici et là.

Ici ? C’est un Papillon qui la frôle, d’un regard enjoué, et lui fait manquer une mesure – qu’elle ne compte même pas, de toute façon. Là ? C’est le compatriote aux fausses ailes, jeté en pâture aux bouffonneries, dont le regard accroche son attention – le temps pour Triboulet de lui voler dans les plumes. Ce dernier coup compromet définitivement les pauvres efforts artistiques de la Muette.

Mais la Bauta, évidemment, ne s’en plaint guère. Essaie, même. Essaie encore. Et par là, révèle bien plus que s’il tombait le masque. Sans cette persévérance, il y a fort à parier que la Prophétesse aux pieds sans ailes eut abandonné la première, pour cause d’ampoule à l’ego et de désintérêt complet. Il la tient, cependant ; et pour tout le dégoût que lui inspire le contact, la parthenoï sacrifie généralement aux gens de bonne volonté.

Mais soudain, le tournoiement s’arrête.
Attendez…
Ce ne sont pourtant pas ses jambes, cette fois, qui…

Les prunelles d’argent scrutent le masque d’or. Muet, évidemment. Inutile d’en chercher la raison : eut-elle attrapé au vol une bribe du discours, qu’elle n’eut su quoi en faire. Une chambre, une connaissance… Oui, bien sûr, quelque chose lui a scié les jambes. Quel besoin d’être devin, pour savoir qu’on se prend régulièrement les pieds dans le tapis ?


- Allez, autorise-t-elle, laconique.

Doit-elle lui souhaiter le don ? L’en plaindre ? Le féliciter de ne pas l’avoir ? Les doigts sont trop lents à se poser sur le bras refusé. Peut-être aussi la proximité les ont-ils vaccinés pour un moment. Cependant, protectrice par nature, et peut-être un peu tuyautée par la Fortune, elle le suit des yeux, Ombre de l’Ombre – jusqu’à découvrir, voyez comme le monde est curieusement fait... que son objectif est le N d'Orient.

Tyché se balade dans la foule, remarque la Devineresse pince-sans-rire. Et de chercher à nouveau le regard du N d'Occident.
Artemis.
- J -


Je le suivais donc sans rechigner, me laissait guider tant bien que mal à travers la foule alors que mon cavalier traversait la pièce pour m'offrir le breuvage promis au bar. Il y avait vraiment du beau monde et les masques m’enivraient déjà a force de défiler sous mon regard pendant le parcours du combattant, et lorsque la musique résonna, il fallut toute la stratégie afin de ne pas perdre son bras et arriver au lieu voulu sans encombre. Pas de nez cassé.. ni de pieds ratatiné. tout va bien.

Il commanda tout d'abord pour lui alors que je posais ma hanche contre le bar. Un cidre... excellente idée... je lui répondis en avançant mon visage vers son oreille afin de ne pas avoir à crier. Je pris le verre à la main en lui souriant avant de laisser mon regard glisser sur le centre de la pièce. Mon cavalier ne parlait que peu et j'avoue que je ne savais que dire, l'envie de danser, de me libérer peut être... je ne sais pas. Avait-il lu mes pensées ? Je n'avais pas terminé mon verre alors que mes pensées flottaient au dessus de la foule qu'il me proposa de danser quelque peu. Sa main se tendit. J'étais amusée et je pris le temps de boire une gorgée de plus avant de poser le verre sur le comptoir. Ma main se posa ensuite délicatement dans celle du fou. Il m'emmena au centre de la piste, nous dansions, j'aimais beaucoup cela mais je ne laissai rarement que ce plaisir me soulever. Je profitais de ce quelques instants pour tout oublier. Mon songe ne dura pas assez longtemps, la musique se termina et ma main libre se posa sur mon masque pour bien vérifier qu'il était encore là. Mon cavalier se mit à parler à la foule, je m'écartais lentement après son baiser sur la main marquée.

Le concours commençait, je retournais au bar pour prendre mon verre en main. De là je regardais les présentations se suivre... de temps à autre me demandant ou mon acolyte était, il me semblait l'avoir aperçut quelques instant plus tôt, soit. Après quelques sourires amusées et verres consommés, voilà que le bouffon était sortit vivant de tout cela reprenant la direction du bar que je n'avais quitté mais dont la foule caché ma présence. D'un mouvement assuré je me faufile alors jusqu'à lui et l'air de rien je l'aborde.

Il me semble avoir perdu mon cavalier.. ne l'auriez vous pas croisé ? Il serait fort dommage que je doive le pourchasser.

Papillon_

L

Il lit son amusement à sa mine, comme en un livre ouvert, il faut dire que son visage n'est qu'assez partiellement dissimulé, et puis l'éphémère n'en espérait de toute façon pas moins de sa part. Face à face, l'échange se poursuit quelques instants sans qu'autres mots ne soient prononcés. Question silences d'or, ou qui en disent long, elle est depuis quelques temps déjà à bonne école.
Si son vis à vis sait capter naturellement l'attention, elle se moque bien de savoir s'il en abuse régulièrement, se contente de vivre l'instant.
Son regard est envoûtant, il a déposé une main sur celle qui lui tendait le breuvage du réconfort, contact subtil qui sera bien assez tôt rompu, et puis ce masque qu'il relève, sciemment avec une certaine lenteur... En révélant un second, le gredin!
Trouble et amusement se partagent donc à nouveau les faveurs de l'ailée, d'autant plus lorsque son cavalier se risque à prononcer remerciements en breton, lui prouvant une nouvelle fois combien il est attentif aux moindres détails, et son habileté, demandant ainsi confirmation sur ses origines.


Fille d'Armorique, diantre cela ne se peut, Papillon n'a pas de patrie voyons.
Suis-je, assez, dans l'autre monde?

Sans nul doute a t-elle prit goût à leurs taquineries, cédant aisément à la provocation. Pourtant, ne lui laisse pas le temps de répondre, se penche pour confier dans un souffle léger sur sa joue.
Breizh eo ma bro*.
Sans traduction, l'intonation vaut déjà aveu.

Les captifs sont libérés, s'en retrouvent presque orphelins tandis qu'il porte le verre de vin à ses lèvres, et rejoignent les cinq autres pour enserrer leur propre coupe.


Mon éphémère cavalière osera-t-elle glisser son nom à l'oreille d'un audacieux équidé au douzième coup de cette nuit ?

Retardait-elle le moment de songer à la fin de cette si plaisante soirée? La voilà prise au dépourvu, mais qu'il l'ait demandé, étrangement, la touche suffisamment pour qu'elle n'y réfléchisse pas d'avantage. Et puis question franche mérite toujours une réponse spontanée.

Elle osera, si c'est un souhait de son charmant associé. Acceptera t-il d'en faire de même? Mais comme pour se justifier, tente maladroitement d'ajouter.

Il est important de mettre un nom sur un visage... que l'on a même pas vu.
Un petit rire la secoue avant qu'elle livre sans fard, avançant d'un pas égal au sien pour rejoindre ceux qui lui siéront.

En vérité, j'aimerais vraiment associer un nom au souvenir de cette soirée.

C'est à peine si elle a remarqué tantôt la présentation de l'Oiseau de Mauvaise Augure et celle du Minotaure qui ont succédé à celle de l'équidé, pourtant savoureuses et dignes d'intérêt, guère plus la déconvenue du Bouffon qui lui a néanmoins inspiré un bref sentiment de compassion. Mais l'annonce concernant Icare l'arrête dans son mouvement.

Attendez. Juste un instant.

Elle pose négligemment un main sur son bras avant d'expliquer.

Je ne doute pas que vous serez la seule exception aux règles annoncées par votre ami à grelots, il annonce d'ailleurs le dernier candidat, c'est le tour de... notre compagnon de chandelier!

A mesure de la caricature les yeux se plissent, une moue se peint, trahissant le regret, finalement, que le bouffon se soit décroché plus tôt. Les émeraudes cherchent la Prophétesse parmi la foule et la découvre sur la piste, se pliant à la danse mais attentive à la scène, évidemment.
Le regard se détourne, elles ne lui en voudront pas, pour retourner à celui de son cavalier.


Allons. Mais permettez que nous fassions détour jusqu'à cette urne par le Fou déposée.



*la Bretagne est mon pays
Romain_
B

Satané Loup.

Sous les répliques et cette distance qu'il leur impose, le Romain peine à conserver son impassibilité. De ces masques, de ces plumes, de ces couleurs aussi vives que sombres, les iris disparates se posent, insolents sur les courbes d'un canidé en rûte. Assuré, il regagne la foule et se noie dans ces formes étranges pour finalement, saisir l'attention d'une lettre jumelle. Devant ses yeux, le Loup jubile. Devant le spectacle de cette danse, de ces échanges, l'Homme fulmine. Si pour son Autre, les torts sont évidents, le Romain peine quant à lui, à réaliser que de ces maux, il est l'unique auteur. Six mois d'absence, de vide, de silence imposé. Six mois de doute, de tourment pour un Autre qu'il a laissé choir sur sa couche. Pourtant, ses maux sont évidents et aussi cruels qu'ils puissent paraître ils furent nécessaire. Las, le Romain se retire de quelques pas, laissant à la foule l'ivresse et l'imprudence d'une soirée. Il n'est qu'un spectateur, qu'un chasseur qui observe sa proie se pavaner devant des courbes plus féminines et délicates, celles d'une perfide Sorcière. Il n'est qu'un Romain pour qui la Mort, parait bien douce.

D'un regard froid, il la dévisage et lui accorde enfin l'attention qui lui semble être dû. De cette entité qui s'était jouée tant de fois au combat, il en connait la caresse et la douleur. La Mort l'avait déjà effleurée. Dans son sillage mortuaire, ce fut un fils qu'elle lui prit, puis un autre. Et pourtant, une donzelle avait osé revêtir son masque et sa panopli. Triste ironie quand ce fut justement une femme qui enterra le premier souffle de vie de son propre enfant.

Foutu donzelles.

Une femme déguisée en Mort...Une évidence ou une fatalité ?

Aucun sourire ne vient apaiser l'amertume de sa réplique, pourtant, sous les étoffes, un parfum profane attise son intérêt. Il connait son odeur...Lentement, le Romain se rapproche jusqu'à s'autoriser l'affront d'une inspiration. Le parfum est humé et pourtant, le visage se mue en brume. Amante ? Pourquoi diable, celle-ci retiendrait-elle son attention...

Votre parfum me semble...Familier...

Pas le temps de lever le voile, de mettre un terme à ce mystère, qu'un autre masque, se dresse devant lui. Jean pleure, Jean rit. D'un geste, il se retourne pour saluer le masque d'un hochement de tête, tandis que malgré lui, la conversation se termine entre la Mort et son plus fervant amant.

Conservez-moi une danse...Votre visage peut être me reviendra-t-il en mémoire.

"Une danse... Jean pleure. Vote face. Jean rit.... à qui me ferra tourner la tête !"

Il ne croit pas si bien dire. Une voix féminine se glisse à ses tympans. Naturelle ? Non, le son de sa voix est travaillé et déformé. Jean cache avec application une Anomalie. Pourtant, alors qu'il se contente d'un sourire amer, le Romain peine à lâcher sa proie du regard. Il traque. Il jauge et si Jean avait été dénudé, libéré de tout mystère, nul doute qu'il aurait accepté cette danse et bien plus...

Cela aurait été avec plaisir mais je peine à me mettre dans l'ambiance. Simple, conci, la réplique met un terme à tout rapprochement. Une idiotie de plus...

" Un romain chercherait-il sa romaine ? Ou un Rémus ? Le papillon ne peut que se déposer sur le doigt de l'homme ou le nez de la fée."

Mais alors qu'il se croit tiré d'affaire, en voilà une autre qui se glisse dans son dos et qui l'échauffe par une invitation éphémère. Un masque, des ailes, une allure délicate et fragile, le Papillon sort enfin de sa léthargie. L'insecte n'a rien de déroutant, il est élégant et raffiné et pourtant, le Romain n'a toujours pas le cœur à l'ouvrage. Néanmoins,forcé par les initiatives d'un Loup entreprenant, il saisit cette main tendue et glisse sa dextre contre la taille féminine. L'heure est à la danse et à l'allégresse. Les lippes s'étirent, les pas masculins conduisent le couple vers la foule et alors que le rythme est donné, le Soldat se concentre sur son Autre. D'une pression ferme, il invite l'insecte à épouser sa toge et alors qu'il hume discrètement les flagrances dégagées par cette délicate créature, le Romain scrute de ses iris les manigances d'un Loup aussi vicieux qu'efficace.

A quoi joue-t-il sinon à le pousser au delà de ses retranchements ?

Pourquoi choisir un Papillon quand la Femme joue déjà de biens des artifices pour s'embellir ? N'est-ce pas osé que de flatter une fois encore, l'égocentrisme et la vanité féminine ?

Les mots n'ont rien de charmeurs, ils sont ceux d'un rustre, d'un soldat las et usé, ceux d'un misogyne qui ne cache ni son apparence, ni sa personnalité. Au cœur de l'Aphrodite, de cette soirée où les masques sont rois et où la séduction est reine, le Romain reste lui-même, avide de Lui, lassé d'Elles...D'ailleurs, comme si la distance n'était pas assez cruelle, le couple Sorcière et Loup, s'éloigne d'avantage pour s'aventurer au delà des murs du bordel.

Salaud.
Bauta
Plus de taffetas. Plus de danses. Plus de masques. Juste une main fine reconnue entre mille qui se glissait dans la sienne. Pourtant les doutes injustes, tenaces de tout corrompre, s’accrochaient aux tempes noires, coupables d’un aveuglement trop grand dès qu’Elle prenait possession de lui. Autant dire toujours. D’un élan furieux la cécité balayait la raison, le discernement et la réflexion pour ne laisser place qu’à l’emportement d’un sang trop vif.

Idiot.


La sentence tomba, juste et clairvoyante. Pourtant, en était-il vraiment coupable quand les apparences prêtaient à confusion et que l’indifférence se perdait sous le tambourinement d’un palpitant trop agité ? L’indifférence ne serait-elle pas insultante ? Ne serait-ce pas à Elle alors de s’insurger et de douter si l’intrusion dans une chambre détestée le laissait de marbre et la traitrise oubliée d’un simple haussement d’épaules ? Ne savait-elle pas qu’elle détenait entre ses mains meurtrières le pouvoir de faire surgir de lui le pire comme le meilleur ? Tel était le fardeau de l’Interdit. Ainsi était la bête curieuse qu’Elle avait éveillée de son engourdissement. L’envie était obsédante d’arracher ce foutu masque et de se rougir les lèvres au fard sanglant des Siennes, comme un aveu déballé devant tous que le poids du doute n’était que ricochets fallacieux d’un Interdit poignant.


Mais pourtant, aucun geste encore alors que les explications sibyllines coulaient des lèvres siennes. La main fardée s’échappa, alarmante. Mais de repli, de retrait, de fiertés exacerbés, il ne voulait rien savoir. Têtu, il refusait confusément de s’empêtrer dans un imbroglio inextricable. Pas de larmes. Pas de cris. Pas ce soir. Pas déjà.


D’un geste vif, la dextre gantée rattrapa la fugitive pour la serrer dans sa paume quand le bras opposé se resserra sur la taille fine pour serrer contre lui le Soleil Levant, cherchant Sa chaleur comme un orphelin transi de froid. A l’ombre du masque, le gris des yeux fouillait les prunelles noires.


- Tu ne veux pas que je doute ? Je n’espère que cela. Alors, parle-moi ! Dis-moi ! Ne cherche plus à me préserver par trop d’indices que je suis trop idiot pour comprendre.


Non, Vipère, je ne te laisserai plus t’enfuir. Je ne te laisserai plus jamais seule avec tes démons, dussent-t-ils éveiller les miens. Tu le sais.

_________________
H
Geisha
N

Aucune fuite n'est permise alors que la main nobiliaire s'empare vivement de cette dextre blessée pour la conserver dans le creux de sa paume et que la taille féminine est pressée pour Le retrouver. Sous l'emprise, les iris se ferment, rassurés et agacés. Il doute, encore, alors qu'il connaît Sa vérité et Ses maux. Et alors que des excuses seraient souhaitées, ce sont à nouveau des explications qui sont quémandées. Quand me feras-tu confiance... Quittant de son plein gré Son regard, la Geisha se concentre sur la foule. Tout n'est que brillance et ivresse, opulence et trouble. Les responsabilités, les fonctions, les pressions, tout se dissipe par le choix habile d'un masque. Peu importe ce qui arrive au cœur de ces murs, personne ne pourra conter ces faiblesses. Les identités sont préservées de ces viles et perfides rumeurs. Qu'il est bon d'être un Autre et de n'être Plus. Pourtant, alors que tous revêtent l'apparence d'entités sans visage, la Droguée, quant à elle, conserve cette étoffe qui l’enchaîne inexorablement à sa condition première. Sait-il son accusateur qu'elle ne revêt cela que pour Lui ? C'était-il posé la question ? Non...Ce qui le hante sont ces rumeurs, ces ragots qui la font passer pour une garce. Idiot.

Comme je t'ai dit, j'avais des choses à régler.Anxieuse, la Geisha tente tant bien que mal de cacher ce trouble, cette inquiétude qui ronge les paroles à venir. Je l'ai empoisonné. Doit-elle continuer et raconter toute la Vérité ? Elle s'y refuse. Il n'a pas supporter ses fardeaux. Des maux de Dacien, de ses viles stratégies, de ses paroles manipulatrices, de ses pulsions, elle n'avait jamais rien avoué. La Geisha est rongée de l'intérieur, coupable d'avoir malgré elle, servit au plus cruel des crimes. Mais trop fière, c'est seule, qu'elle aspire à régler ses ennuies. Je te rends déjà complice de mon crime en t'avouant que je l'ai empoisonné, ne me demande pas non plus de me justifier.

Lentement, le visage se retourne, quittant la scène et son apaisement. L'échine se redresse et la main emprisonnée, se libère pour se porter contre ce masque d'or. La pulpe de ses doigts effleure les dorures pour finalement, relever l'épais masque. A la lueur de quelques bougies, elle se contente de happer ses lippes au goût d'Interdit. Infidèle à sa lettre, à son N, ce sont ses lippes-ci qu'elle embrasse avec tendresse. Je n'ai jamais souhaité te nuire...Je n'aurai jamais pu. Comprends-tu ?

Le baiser donné, elle positionne le masque et conserve l'identité de sa Bauta. La soirée continue et les iris sombres guètent sa lettre jumelle. Cette soirée est éphère, unique, Sa première et c'est fière, ivre de Lui, qu'elle n'aspire qu'à profiter de cette ivresse innocente. Pour une fois, tout n'est que mirage et irréalité, et ses drogues n'y sont pour rien...
S..


Ce ne sont que des ombres qui dansent devant Sorcière, elle qui n'en connaît aucune, peu tentée d'essayer de deviner qui se cache derrière les masques ou de déceler telle ou telle âme à la faveur des silhouettes allant et venant, proches ou lointaines, chaloupant au rythme tranquille de la musique ou s'attardant lascivement accoudées au comptoir. Pour l'heure ses sens en éveil sont tournés vers le Loup, totalement étrangère à ce qui se joue dans les entrailles du lupanar ayant revêtu un voile plus chaste en cette soirée, consciente cependant du trouble qui habite sa lettre jumelle mais ignorante de la cause, elle qui évolue dans des sphères tout autres et plongée en cette soirée dans un monde inconnu alors que la mélopée du lupin, insufflée d'un timbre bas et chaud, vient s'échouer au creux de son oreille, la sibylle en ressentant toute la mélancolie venant la frapper jusqu'aux tréfonds de son âme. Son cœur se serre à l'évocation d'une nuit sans fin, celle se cachant sous le masque violine détestant la nuit plus que le jour, synonyme de solitude et d'heures égrainées dans une lenteur agonisante la laissant pantelante aux premières lueurs du jour de n'avoir pu trouver le sommeil, emplie d'une asthénie et de traîtres idées sombres plongeant l'esprit au cœur de ce qui le hante et qui, au fil du temps, lui vrillaient les entrailles.

Sorcière, réchauffez moi...la remarque la fait frissonner alors que, comme un automate, ses bras enserrent ceux de l'Ysengrin en se lovant au plus près, lui offrant un sourire délicat et frôlant l'orée de son menton et la naissance de son cou de ses lèvres carmines, soufflant le chaud d'une bouche entrouverte pour chasser le froid courant à ses veines, non ressenti à la faveur de son épiderme mais dans la profondeur de ses iris et de sa voix, la circé frappée encore une fois par cette tristesse sous-jacente et qui point dans ses dernières intonations. Plongée malgré elle dans la tristesse d'un instant qui se voulait tout autre, ses mâchoires se serrent sans s'en rendre compte et une perle salée est retenue au creux de ses paupières alors que son regard s'abaisse pour ne pas croiser le sien, emmenée vers des pensées obscures au rythme des visions amenées par les paroles mélodieuses du rusé, balayées par le contact léger des louves lèvres à son lobe lui faisant relever les iris pour croiser les siennes. Dans l'ombre, les gestes mesurés sont observés ainsi que la manicle qui choit au sol avant de remonter à la senestre venant trouver sa peau, lippes vermeilles frôlant la carnation humaine jusqu'alors dissimulée à son regard pendant que le doigt léger trace son sillon. Se nourrissant de ce toucher gracile, son regard vient se nourrir du sien, un sourire doux chassant cette sensation amère d'un minuit bien trop proche, tapi dans l'ombre et qui allait faire éclater l'osmose parfaite de ces instants drapés de magie qui s'étaient construits entre ces deux êtres faits pour se rencontrer en cette nuit glaciale.

Loup proposait et Sorcière se laissait emporter par les mots, oubliant les maux, impulsant le départ en l'enlevant de ce lieu sans autre forme de procès, saisissant à nouveau d'une main ferme la senestre libre qui s'offrait à elle sans un regard pour ce qu'ils laissaient derrière eux, fendant les convives et abandonnant là musique, chaleur, murmures et lumignons pour la fraîcheur hivernale qui frappe son visage et ses poumons, libérant derechef une buée argentée à son contact, emportés par le rythme imposé par la rousse chevelure secouée par les pas cadencés jusqu'à ce que la lumière marquant l'entrée du lupanar se soit assez éloignée d'eux et qu'enfin, la marche cesse pour que Sorcière se retourne face à Loup, stoppant là, respiration soulevée par le corps soudain mis en branle, un sourire franc et entier étirant ses lèvres. Arrachant d'un même geste d'incisives que son double le gant de velours recouvrant sa main droite et séparant leurs épidermes trop longtemps brimés de ne pouvoir se rencontrer et s'apprivoiser, la pulpe de ses doigts rejoint enfin la senestre jumelle, observant ces derniers s'entremêler et jouer les uns avec les autres sans qu'aucun mot ne franchisse pour l'heure sa gorge. Les prunelles vont ensuite se perdre sur sa gauche, avisant pattes et griffes enroulées autour d'une main gantée d'un velours prune, marquant là la continuité du jeu auquel ils s'adonnaient avec délectation.
Nous pouvons... étirer minuit jusqu'à l'aube, profiter que je sois encore Sorcière pour nous offrir un sortilège d'oubli de ce quotidien qui nous écrase et laisser la brune nous guider en nous menant à pas de loup vers le point du jour qui reprendra alors ses droits.

Puis son regard va caresser les deux mains vierges de tout artifice, avisant leurs blancheurs parfaites et marquant là le début de la métamorphose. Ou nous pouvons... une fois minuit passée, retourner dans nos antres respectives où nous attendrons ensuite le jour pour nous faire happer par l'ordinaire, impuissants face à ces heures qui s'écoulent, énonce-t-elle, levant un regard brun vers les anthracites qui lui font face.
Bouffon_du_roy
J

Chaque regard derrière chaque masque était scruté. Il n’avait pas idée de qui était qui et il ne souhaitait pas savoir non plus. Futile ébauche que de s’enticher à reconnaitre les protagonistes de ce soir quand vous ne désiriez qu’offrir des rires allant chercher les larmes pour laisser ce goût d’avoir passer une soirée exceptionnelle.

Le bar. Point d’accueil en cette nuitée qui semblait adéquate pour instaurer sa vision auprès de sa Déesse si jamais celle-ci souhaitait le retrouver, l’ayant perdu du regard le temps des présentations de costumes à la foule. La danseuse n’était guère loin. A chaque rencontre, Elle lui laissait ce goût suave et ce velours havanais dont il ne pouvait se défaire pour trouver les réponses qu’il avait besoin. Pourtant, ce soir serait…
Juste un regard en coin quand le tintement des breloques le rappela pour ensuite se retourner face au comptoir quand un verre fut glisser auprès de lui. L’Eon. Un cognac devant lui. Le Jocker enclencha machinalement la dextre et de maintenir ce contenant pour prendre une gorgée et de sentir la brûlure dans son gosier. Une commissure s’étirant de se sentir happer une fraction de seconde sur cet alcool qui le ramenait à une bien triste réalité. Pourtant, ses émeraudes s’apposant sur le Chevalier, la nuit costumée reprenait son cours pour laisser derrière ce qui l’engouffrait.


Votre initiative est juste.

Le verre fut reposé sur le comptoir avec lascivité.

La soirée vous convient? Avez-vous trouvé votre moitié d’une nuit?

Le Bouffon n’avait pas réellement prêté attention aux autres mais il lui semblait que l’Eon avait été plus ou moins seul pendant quelques heures. Qu’à cela ne tienne, parfois, certains n’aimaient pas se mêler aux autres. Quand un parfum délicat vint s’engouffrer dans ses narines pendant une fraction de secondes, sentant cette fragrance dont il avait du mal à s’extirper par moment, lui laissant le précieux souvenir d’une rencontre atypique et tellement opaque de savoir ce qu’Elle faisait là. Et de se retourner malgré lui, pour chercher encore ce velours noiseté quand ses jades furent surprises par l’arrivée de la Divine. Un léger sourire de l’avoir retrouvée pour finir la soirée et de rire doucement et bêtement à ses dires.

Figurez-vous qu’il vous cherchait quelques minutes auparavant. Mais il a abandonné les recherches en se disant que vous le retrouveriez.

Demandant un verre pour Artémis et de lui tendre gentiment.

Mmhh….Je crois que c’est chose faite. Plus besoin de le pourchasser.

Sa dextre s’empara de la sienne pour y délester lentement un baiser sur la paume.

Souhaitez-vous encore une danse pour me faire pardonner?
Awalem
Doucement, reviennent à pas de loup,
Reines endormies, nos déroutes anciennes.
Coulent les fontaines jusqu'où s'échouent
Les promesses éteintes et tous nos vœux dissous.
C'était des ailes et des rêves en partage.
C'était des hivers et jamais le froid.
C'était des grands ciels épuisés d'orages.
C'était des paix que l'on ne signait pas.
Des routes m'emmènent, je ne sais où.
J'ai vu des oiseaux, des printemps, des cailloux,
En passant... JJ.Goldman.




O.



Jeux d’ombres et de lumières, jeux de regards, des gestes parlants, de mouvements et de sourires presque indécents. Il me cherche, je le trouve. Je le cherche, je le perds. Il est de ces rencontres que le destin aime à s’amuser, à façonner, à effacer, à remettre sur le chemin, à barrer le passage. Renforçant indubitablement le lien que l’on pense si fragile, si éphémère. Rien n’est prévu, tout n’est que jeu de hasard et heureuse est la récompense quand un sourire qui en dit long reçoit naturellement la réponse d’un regard emplit de pétillance. Tout n’est que frôlements vite effacés de frustration, on ébauche une caresse de la pulpe des doigts, du bout des lèvres n’osant appuyer le geste de crainte que l’instant fragile se brise comme ce verre en cristal que ma main malmène d’une pression que j’arrête juste à temps alors que le velours de mon regard se pose sur Lui et capte ce baiser offert à la main de cette Déesse, encore... Un léger sourire mutin s’esquisse sur mes lèvres dorées, le Joker joue sa dernière carte, à moi de dévoiler mon jeu. Ah tu veux jouer ? Jouons, comme ces papillons aux danses éphémères autour du soleil artificiel des chandelles, et ce, jusqu’à s’en brûler les ailes.

Mes doigts fins jouent avec le grelot volé à son costume quelques temps plus tôt, les noisettes animées d’un feu provocateur, les breloques rythment l’ondulation de mes hanches, je passe ici, dépose mon verre vide, je passe là, jouant de la danse d’un Romain et d’un papillon pour échapper à ses émeraudes. Quand son regard est prisonnier de la Divinité de la Chasse, je joue d’un voile délivrant fragrances destinées à le perturber tout autant que la pulpe de mes doigts qui s’aventure le long de sa cuisse, les noisettes provocatrices accrochées à ses émeraudes durant quelques pincées de secondes et contre toute attente mon visage se tourne vers Eon qui semble tout aussi esseulé que moi et lui offre un sourire franc.


Que diriez-vous de partager quelques instants avec une danseuse dont le comble est d’être privée de cavalier voir de cavalière ?
.automne.



Suspendue à la statue, l'intérêt si fuyard à trouver de quoi l'intriguer. Mais voilà que le bronze pousse le vice de son aura bien plus loin encore, troublant plus que ses yeux sombres. Tyché joue sur son sens le plus exacerbé. Prunelles se figent sur cette main aventureuse qui brise toutes les distances. Elle frôle son Toucher. Caresse éthérée. Cernunnos reste muet face au geste. N'est-il pas à demi animal ? Farouche. Délicat à approcher et fantôme de ses forêts. Tel le cerf sous une main inconnue, elle ne bouge pas, prise dans une expectative étrange. Et quand les doigts la quittent, ils lui arrachent du même fait un frémissement fébrile.

Paupière clignent. Et les secondes s'emperlent le long de son silence. C'est pensivement que sa coupe est levée pour imiter l'incarnation statufiée. Puis lentement, senestre se dégage, pour aller s'enrouler autour de l'un des pendants organiques qui cascadent de son diadème à la ramure. Les doigts pincent l'attache avec précaution, et voilà que l'un deux est cueilli du reste. Automne se lève, abandonnant de la droite sa coupe sur l'immaculé de la table. Et à elle d'outrepasser la distance pour aller entourer de deux tours le poignet mordoré d'un fil de mousse.

_ Point de plume pour moi. Ce n'est pas l'heure où les oiseaux se cachent pour mourir. Je ne règne que sur l'éphémère, mais me réjouis pourtant de savoir que ce soir, mes pluies ne peuvent en rien rouiller le bronze et sa poésie.

Bracelet de fortune est noué quand le regard est soudainement détourné par la manifestation de grelots agités. Un concours de costume ? L'Automne n'était point au courant, sans doute arrivée trop tard pour avoir vent de l'annonce. Et voilà que le premier présenté n'est autre que le cheval... bleu. Dubitative au premier regard quant à ce choix, une fois l'explication livrée, un sourcil surpris se redresse sous le noir de son front. Jouer les Kelpies ? Voilà une originalité que Cernunnos ne peut que saluer grandement, lui, plus friand et croyant que tous de ces légendes cruelles ou ces mythes merveilleux. Et alors que prunelles détaillent, s'amusant de la tournure folâtre que prend la présentation, l'esgourde ne peut se mentir bien longtemps. Malgré ses efforts à vouloir accorder l'anonymat à tous, il est des voix que l'on a entendu si souvent qu'elles ne peuvent que se graver à jamais au plus profond de votre âme. Sourire se fait subtile en reconnaissant, trouvant alors à la scénette plus de comique encore. Quand le comédien équin quitte la scène, elle se laisse même aller à quelque clapes de ses mains avant que les pupilles ne soient à nouveau appelées à courir sur la scène.

Le Corbeau. Avec ses drapées qui ont su un instant attirer sa contemplation. Mais alors qu'elle l'observe de toute sa hauteur, la vision l'emplit d'un ressentit étrange. L’instinct s'ébroue. Répandant dans son esprit une impression bien sombre que l'hybride n'arrive pas à expliquer. Le regard s'affine. Et tandis que l'inconscient empoisonne sa conscience, le fin sourire qui s'était niché sur la ligne de ses lèvres s'effondre. Ce timbre qui cingle. Ces cheveux trop noirs. Et cette gauche trop ronde qui reste si prudemment cachée par un pan de pelisse.

Ce membre voilé.

Douleur mémoire qui pulse subitement à sa joue. L'Automne s'assombrit. Ces traits se couvrent de nuée qui la crispe de toutes ses feuilles. Ses prunelles se sont verrouillées sur la détestable apparition. Elles ont mordu cette vision comme les crocs du loup dans la gorge du chevreuil. Amas de questions et de suppositions. La descente est suivie d'une œillade noire. Et ce n'est qu'au prix d'un effort insurmontable que Cernunnos s'ébranle à nouveau. La main est tendue pour se saisir de sa coupe sans lâcher du regard la sombre silhouette par-dessus l'épaule de Tyché. Enfin elle s'en détache, reculant d'un pas. Senestre se pose sur le dossier du siège où elle plante ses doigts dans une sévérité en rien voilée. La coupe de vin est portée à ses lèvres alors que les prunelles s’efforcent de trouver ailleurs un intérêt pour la détourner de ses pensées.

Il te faudra être Effort pour me garder en ton sein, Hiver. Ou ce soir je me ferais ouragan.
Ardnael
La gorge s’abreuve du nectar carmin, les oreilles enchantées par les notes de musique que l’on aurait pu attribuer à un Caprice deuxième du nom ou d’un Adagio plus romantique de célèbres Italiens quelques siècles plus tard, musique qui laisse l’esprit divaguer au gré des images que mes émeraudes captent. J’aurais pu m’effrayer de me retrouver ainsi dans l’arène d’un bordel comme une vierge amenée à l’autel des sacrifices mais il n’en est rien, de rouge vêtue, insolente provocation ou simple message à un Coquelicot…Chaperon Rouge qui ce soir ne visitera pas Mère-grand, mais celle qui la nourrit d’un feu depuis de nombreuses Lunes. Pour l’Envoûtante tout sacrifice serait minime face à l’unique offrande de ses lèvres. Je ferme les yeux me laissant entraîner par la musique et le vin qui enivre mon être d’une douce rêverie, je porte de nouveau la coupe à mes lèvres et mes émeraudes alors qu’elles s’ouvrent de nouveau sur ce monde orné de visages variés, de découvrir un masque empreint de tristesse, doucement je penche la tête sur le côté, le détaille en esquissant un fin sourire, le palpitant s’affolant de reconnaître le timbre malgré que le ton soit changé. Les couples dansants semblent se figer, mes émeraudes brillant de mille feux face au diamant brut découvert, le sourire se teintant d’espièglerie en levant le verre à hauteur de nos visages.

Peut-être vous sera-t-il plus aisé de venir cueillir le nectar à mes lèvres…

Et de suivre le geste à la parole, la narguant d’une gorgée humidifiant mes carmines qui s’étirent en un rire léger alors que tourne le masque qui se révèle aussi rieur que moi.

Orpheline volontaire. Destinée à celle qui saura me reconnaître.

La lèvre inférieure est légèrement mordillée alors que celle que je devine être Toi virevolte légèrement autour de moi. Je frémis. Comme cette première fois, ce premier contact tout en haut des Combes, où tu t’es révélée à mon regard, Déesse ou Madone, voir les deux à la fois, illuminée de cierges larmoyant j’ai su que tu serais ma douce perte, celle qui annihilerait tout de mon monde pour me laisser l’honneur de savourer une once de Toi. De nouveau les paupières se closent, et comme cette première fois, je ressens cette douce onde de chaleur envahir mon ventre et dessiner des arabesques frissonnantes le long de ma colonne vertébrale. La morsure de la nacre s’imprime plus fortement sur ma lèvre, je ressens presque l’empreinte de ses mains sur mon ventre comme ce soir-là, le souffle chaud du vent du sud galoper sur ma peau s’hérissant à son passage. Je frémis, le souffle court, la nuque s’offrant instinctivement à la recherche du contact attendu, le désir de la sentir apposer son corps contre le mien, de m’imprégner de sa chaleur sauvage. Je relève gracieusement un bras, offrant ma main à la danse quand dans un souffle troublé, l’aveu tombe.

Avec celle dont la leçon fut inachevée. Avec toi.

A toi d’accepter cette danse, je suis venue, je suis prête.
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