Eunice.
- ... ou tout au moins essayons.
- - Poligny - Franche Comté
S'en était fini pour l'heure. Par dépit, la Rosenthals venait de claquer la porte déclarant forfait. Elle aurait dû s'en douter, elle et les siens s'étaient lancés dans un combat perdu d'avance. Les retrouvailles avec leur nièce, tant souhaitées par leur aînée, n'avaient pas eu l'effet escompté. Chaque tentative de rapprochement s'étaient finalement soldée par un échec. Un véritable "fiasco" et nul autre mot n'aurait été en mesure de mieux résumer la situation.
Il était donc temps de partir, quitter Poligny et ce malgré la défaite. L'ordre avait donc été donné à Friede de rassembler l'ensemble de leurs affaires, tous devant se tenir prêt à prendre la route dès le lendemain.
Décision avait été prise et elle ne reviendrait pas dessus, et ce, quand bien même elle aurait du partir avec pour seule compagnie Zachary, Sandeo et Friede qui l'accompagnait partout où elle allait, sans jamais avoir à se plaindre.
Malles presque bouclées, Eunice s'était ensuite penchée sur la table, plume à la main, adressant quelques mots à son frère, puis l'envie d'écrire à leur nièce avait succédait. Quelques lignes avant de se retirer, avant de sortir, peut-être, définitivement de sa vie. Des mots pour lesquels elle n'attendait pas forcément de réponse, mais qu'elle se devait, pensait-elle sur l'instant, de lui adresser.
Citation:
- Atro,
Puisqu'il semblerait que tu préfères que l'on te nomme ainsi.
- Navrée que les choses se soient passées comme ça. Je le suis sincèrement.
Et je n'évoque pas là les seuls faits liés à notre venue ici, sur Poligny ; l'échec de nos retrouvailles. Non. J'évoque aussi toutes ces années passées où de ton côté, tu auras du subir la déchéance d'une mère, l'abandon et je ne sais quelle autres épreuves pendant que nous, de notre côté, apprenions à faire avec les choix de notre soeur, nous poussant de la sorte à faire sans elle, et sans toi. Si les choses ont pu, et je n'en doute pas, s'avérer être difficile pour toi parfois, sache que nous avons également souffert de cette situation. Sans doute te demandes-tu pourquoi nous n'avons pas fait preuve de notre existence plus tôt ? Je n'ai de réponse à te donner que celle-ci : Chacun de nous avons eu nos lots de douleurs à supporter, certains mettant plus de temps que d'autres à se reconstruire. Là encore, tu me diras que tu as eu ta dose de souffrances toi aussi, mais une chose est sûr, tu étais déjà bien entourée. Aussi bien que tu l'es actuellement. Je le sais, car je n'ai cessé d'avoir un oeil posé sur toi depuis la mort d'Emlyn. Une de ses connaissances, celle la même qui ma tenue informé de son décès, était là pour me donner régulièrement de tes nouvelles. Et crois-moi, si je t'avais su abandonnée une nouvelle fois, j'aurai accouru.
Ah ! Si seulement j'avais la faculté de pouvoir remonter le temps, je le ferai sans hésiter. Mais malheureusement, cela m'est impossible. Le passé appartient au passé et nous n'avions bien que le présent pour nous découvrir, et un futur pour continuer d'apprendre et des uns et des autres. Le lien établi, peut-être qu'une autre chance se présentera pour qu'enfin nous nous accordions cette confiance mutuelle qu'il semble encore manquer.
Un instant, j'ai cru que tu saurais avoir confiance en moi, même si je n'ai eu que peu de temps à t'accorder. Mais sans doute me suis-je avancée trop vite, tirant conclusions trop hâtive de ce qui n'était en fait qu'un semblant de confiance.
Blessée j'ai été que tu puisses croire un seul instant que nous ayons pu en vouloir à ta vie. Mais après réflexion, je ne t'en veux pas. Tu n'as fait que réagir aux dires d'Éliance. C'est à elle que j'en veux par dessus tout et je n'ose alors imaginer ce qu'elle aurait été capable de raconter à mes neveux si j'avais accepté de répondre favorablement à la demande qu'elle m'avait formulée pour s'occuper d'eux quelques heures dans la journée...
Enfin, j'achèverai cette missive sur ces quelques mots :
Atro, nous ne sommes pas venus jusqu'ici pour te rejeter mais bel et bien pour te montrer que nous étions là, tardivement certes, mais bien présent. N'oublie jamais qu'en complément de cette famille que tu as su intégrer, construire, tu en as une autre, celle des Rosenthals.
Je te souhaite tout le bonheur du monde.