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[RP] Nul pardon sans confession.

Eunice.
    - Poligny - Franche Comté -


Recluse depuis la veille dans la chambre d’une auberge qu’elle ne tardera plus à libérer une fois la nuit tombée, la Quatrième du clan Rosenthals attend la venue, imminente ou non, d’Ombe, sœur bien plus jeune qu’elle de dix-sept années au moins. Elle attend l'Hirondelle, patiemment, confortablement installée dans un large fauteuil. Si large, qu’il donne l’impression d’engloutir celui ou celle qui s’y trouve assis. Ses yeux fermés, l'on pourrait la croire endormie, mais les mouvements que dessinent ses mains dans la chevelure de Zachary qui a prit place assise à même le sol, positionné entre ses jambes, font preuve du contraire.

La Rosenthals ne dort pas.
La Rosenthals songe, paupières closes.


Noyée par le flot de ses pensées, elle n’a de cesse de revoir défiler ces derniers jours passés sur Poligny en compagnie de quelques uns de ses proches, revivant l'échec de leurs retrouvailles avec Atropine, nièce oubliée. Un temps qu'elle juge désormais perdu et durant lequel elle aurait dû apporter plus d'attentions à celle qui méritait, plus que tous, d'en recevoir. Eunice rumine, peste intérieurement contre elle-même, enrage face à ce manquement dont elle a fait preuve et davantage encore lorsque son esprit s’empreint de la silhouette quasi décharnée de l'Hirondelle.
Elle sait la souffrance endurée par cette dernière et les maux associés qui la ronge, aussi bien en dehors qu’en dedans. Elle a pleine conscience de ce qu’il lui en coûte pour avoir connue, à répétition, quelques années plus tôt, des expériences similaires et tout aussi tragique.
Comme l'envie est grande alors, pour l'aînée qu'elle est, d'éteindre l'ardent brasier qui consume sa soeur.


Et elle n'est pas la seule à vouloir en faire autant. Pas un de ses proches, devenus spectateurs malgré eux de cette décadence, n’avait renoncé, au cours des dernières heures, à réfléchir sur la manière de procéder pour la sortir de cet enfer dans lequel elle semblait plongée. Le soutien ne manquait pas, les discussions, les petites attentions non plus, nécessaires à remonter le moral de toute personne prête à sombrer, mais la présence, les paroles, ne suffisaient visiblement pas.
Aussi, après un long temps passé à réfléchir, les réflexions de la Quatrième prirent doucement la forme d'une énième idée susceptible d'être une solution. Restait à faire part de l’aboutissement de ses pensées à la principale intéressée.


Une chose était sûr, l'Hirondelle accepterait d’écouter, mais consentirait-elle à se plier à cette idée qui n'émanait pas de sa propre volonté ?
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Ombe

    Je peux bien dire qu'il fait beau
    Même s'il pleut sur mon visage
    Croire au soleil quand tombe l'eau.

    - Louis Aragon


Debout face à un miroir, Ombe se regarde sans vraiment se reconnaître. Créature translucide au regard trop triste et aux joues trop creuses, elle ne ressemble en rien à l'incarnation de la joie de vivre qu'elle était auparavant et elle a beau essayer de se retrouver, elle n'y parvient pas vraiment.

La perte de l'enfant qu'elle portait a créé en elle un gouffre terrifiant, la rage insensée qui l'a poussée à quitter Gil l'a fait tomber dedans et rien depuis n'a su l'en faire sortir, pas même le cocon de tendresse dans laquelle ses aînés l'ont enroulé. Au contraire, les disputes répétées que leurs retrouvailles avec leur nièce ont causé et la maladie l'ont achevée. Alors, elle triche parce qu'elle ne veut pas trop inquiéter ses frères et sa sœur. Elle triche parce que c'est la seule solution qu'elle a trouvé pour sauver les apparences. Riante, souriante et même un peu chiante, elle joue le rôle qu'elle connaît le mieux, celui d'Ombe Rosenthals, petite sœur choyée des êtres les plus merveilleux du monde.

Parce que oui, même si elle se sent disparaître dans le brouillard de son âme, la dernière par défaut ne peut qu'avoir conscience de la chance inouïe qu'elle a eu en naissant au sein de cette famille qui, ces derniers jours plus que jamais, lui a prouvé que les liens du sang sont les seuls qui vaillent qu'on se batte pour eux. Et c'est en songeant à cela qu'elle se pince les joues pour leur donner un semblant de couleur avant d'aller frapper à la porte d'Eunice : si elle ne se sauve pas de la tristesse pour elle-même, c'est pour eux qu'elle doit le faire. Elle n'a pas le droit de les laisser. Elle n'a pas le droit de leur imposer la souffrance que son propre malheur peut leur causer.

Sans attendre que sa sœur ne l'invite à le faire, Ombe entre dans sa chambre, se forgeant un sourire délicat alors que son cœur se brise un peu plus tandis qu'elle regarde l'enfant qui se fait dorloter, lui rappelant qu'elle n'est pas mère. Qu'elle ne le sera jamais. Parce qu'elle en est persuadée, si le Très-Haut a privé Eunice de ses petits, c'était pour qu'elle s'occupe de ceux d'Amadheus alors qu'elle, il la punie pour son crime.


Je vous ai apporté des restes du repas d'hier, dit-elle en soulevant légèrement le panier qu'elle tient avant d'en sortir une madeleine qu'elle tend à Zachary, caressant ensuite sa joue d'une main osseuse.
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Eunice.
La Rosenthals le sait, la vie réserve parfois des drames pouvant aller jusqu'à remettre en cause le désir de vivre, et sise au fond de son fauteuil, elle n'en fini pas de penser, ressassant les images d'un passé douloureux. Elle se souvient de l'apathie, la mélancolie, de cette langueur triste dans laquelle elle-même s'était plongée, certaine à l'époque, d'avoir tout perdu. Oui, tout comme sa soeur, elle avait perdu ce désir qui s'apparente à celui de l'appétit tant il sollicite à la fois le corps et l'esprit, véritable moteur de la personne toute entière.

Mourir ? N'était- ce pas là l'ultime souhait après la perte d'un enfant ? Mourir plutôt que d'avoir à vivre l'inacceptable ? Par quatre fois Eunice avait donné naissance ne voyant que la mort aboutir au bout de l'effort. Autant de fois à vivre avec ce sentiment qu'à jamais la douleur serait présente et cette profonde conviction qu'il était nécessaire de préserver cet état de deuil afin de ne pas oublier ses tendres petits.
Jamais elle n'avait connu d'épreuve plus longue et plus difficile à surmonter que celle de devoir faire son deuil. Mais après avoir tant pleuré, au point de ne plus avoir aucune larmes à verser, après avoir répandu toute sa colère sur tous ceux qui l'avaient entouré, exprimé ses sentiments de toutes les façons possibles, elle avait fini par accepter de se faire aider trouvant exil entre les murs d'une abbaye. Temps de solitude nécessaire pour enfin accepter la réalité. Un temps durant lequel la Rosenthals s'était tournée vers le Tout-Puissant.
Croire l'avait aidé à vivre.
Cette solution serait-elle tout aussi bénéfique pour l'Hirondelle ? A l'avenir de leur dire.

Pensant une énième fois à sa sœur, celle-ci lui était soudainement apparut, le teint porcelaine, le corps affaiblit. Et bien qu’elle en fît le constat, elle se garda d’émettre le moindre commentaire. Si elle avait souhaité voir sa sœur venir à elle, ce n’était certainement pas pour l’accabler davantage, mais plutôt pour lui apporter son soutien.

Un sourire avait alors accueilli l’Hirondelle tandis que celle-ci avait déjà rejoint Zachary, et après quelques secondes à rester là, observant le tableau des retrouvailles, Eunice s'était enfin décidée à quitter l'assise confortable de son fauteuil, priant son neveu d'aller rejoindre le second qui balbutiait à n'en plus finir dans les oreilles d'une Friede qui peinait à en comprendre le sens.
S'approchant d'Ombe, elle la débarrassa du panier qu'elle avait rapporté pour aller le poser sur une petite table qui meublait modestement l'intérieur de la chambre, puis invita ensuite sa jeune soeur à prendre place là où elle était encore assise quelques secondes plus tôt :


    -"Je t'en prie. Assieds-toi. Tu resteras bien un peu en notre compagnie ?"


La question posée, Eunice n'attendait pas particulièrement de réponse en retour. Pour elle, il était clair qu'Ombe resterait et passée la curiosité de découvrir le contenu du panier, le regard de la Quatrième s'était non pas rabattu sur Ombe, mais sur Friede qu'elle interpella :

    -" Friede ? Sois gentille. Vas donc nous chercher un peu d'eau et profites-en pour remonter du lait accompagné si possible d'une pointe de miel. Je crois me souvenir qu'Ombe aime bien ça."

    * N'est-ce pas ? * Voilà l'interrogation que soulevait le regard de la Rosenthals sur cette dernière.

    -" Il faut au moins ça en accompagnement de ce que tu nous a apporté. Tu ne seras pas contre le fait de manger un peu. Inutile de te préciser pourquoi... "


Friede partie, les enfants sagement installés dans un coin de la chambre à jouer avec de petits chevaux et autres animaux sculptés, elle reprit place assise, sur une chaise cette fois. Pour rien elle n'aurait laissé à sa soeur la possibilité d'éviter ce tête-à-tête tant espéré, c'est pourquoi, d'emblée, elle poursuivit le dialogue, invitant à la conversation :

    "Profitons de cette occasion de nous retrouver loin des discussions et autres cancans de taverne pour discuter de choses plus sérieuses. Tout le monde le sait, à moins d'être aveugle, tu ne vas pas bien ces derniers temps et rien ne semble pouvoir t'aider à sortir de ce gouffre dans lequel tu as mis les pieds. Pourtant, je crois avoir une solution, une idée qui pourrait t'aider, mais avant de t'en faire part, j'ai une question à te poser : as-tu toujours la Foy Ombe ? "

Une question qui, dans la tête d'Eunice finissait de se poser ainsi :

    * Car si tu n'as pas la foy, Dieu ne fera rien pour toi. *

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Ombe


    Aimer Dieu ? Qu'il commence !
    - Charles Regismanset

Bientôt Ombe, bientôt tu seras heureuse à nouveau.
Évidemment tu ne le sais pas encore. Tu ne devras rien à Dieu, ce sale traître qui balance les gens dans le monde et les laisse se démerder avec le foutoir qu'ils créent, et tout à ta propre personne. C'est nombriliste de dire ça. C'est ingrat, même. Il suffit de voir comme la douce Eunice s'arme de patience, de tendresse et d'ingéniosité pour savoir que tu n'es pas seule dans ce combat pour la joie. Et pourtant c'est vrai. C'est toi qu'il faudra remercier pour ton bonheur retrouvé car, qu'importe qu'on soit soutenu par vingt milles personnes ou aucunes, au final tout ceci n'est qu'une question de choix et si tu n'avais pas voulu retrouver le sourire, tu ne l'aurais pas fait.

Bientôt Ombe, bientôt tu riras aux éclats.
Tu te nourriras du vent froid de l'hiver.
Tu danseras pour mieux respirer.
Bientôt Ombe, bientôt tu te retrouveras.

Mais pour l'heure tu te noies et, la tristesse te rendant docile comme tu ne l'as jamais été, tu t'installes dans le fauteuil désigné par ta sœur. Celui-ci te fait l'effet d'une immense bouche qui t'avale et quand on te voit, si maigre, si démunie, on a juste envie de te serrer et de dire que tout ira bien jusqu'à ce que ça devienne vrai. Mais on ne peut pas. Et de toute façon tu n'écouterais pas, pas plus que tu n'écoutes Eunice.

Buvant pour qu'on ne te force pas à manger, tu revis cette matinée funeste où la vie a quitté ton corps de mère infanticide. Cruelle, tu songes un instant que ta sœur doit être un peu sorcière pour avoir survécu à ça, puis tu te souviens qu'elle, elle n'a pas ta folie. Dans sa douleur, elle n'a pas cherchée à se blesser un peu plus. Elle est restée bien à sa place, elle, dans les bras de son époux alors que toi tu as décidé que puisque tu ne pouvais avoir l'enfant, tu ne voulais pas du père.

Et puis tu remarques qu'Eunice attend une réponse à la question qu'elle vient de poser. L'air dépassée tu glisses une main dans tes cheveux et tu parviens à te souvenir de ce qu'elle demande. Tu te poses la question à toi-même.

As-tu encore la foi, Ombe ?
Si avoir la foi veut dire croire que Dieu existe, alors oui.
Si avoir la foi veut dire croire qu'Il fait bien les choses, alors non.

Et c'est en sachant que tu vas choquer que tu te décides à répondre sans mentir.


    Je pense encore que Dieu existe, Eunice chérie. Et je pense aussi que si je le croisais, je lui foutrais mon poing dans la figure.

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Eunice.
      * " Ton poing dans la figure du Très-Haut ! Vraiment ?
      Et ma main dans la tienne ? " *


Les mains de l'aînée s'affairaient, tantôt en dedans, tantôt en dehors du panier, déposant ça et là, sur la table, les victuailles rapportées, et tout cela en même temps qu'elle écoutait la réponse faite à sa question. Une réponse qui tomba nette, et des mots qui heurtèrent violemment par leur inconvenance. Eunice était loin d'apprécier ce qu'elle venait d'entendre de la bouche de sa jeune soeur. Aussi, fit-elle le choix de cesser ce qu'elle était en train de faire pour reporter toute son attention sur Ombe, et bien que le regard qu'elle posa sur cette dernière puisse en dire long, elle ne pu se retenir davantage de lui faire entendre ce qu'elle pensait.

    -" Non mais est-ce que tu as conscience de ce que tu dis ?
    Foutre ton poing dans la figure du Très-Haut. Mais pourquoi faire ? "
Rappelant de tels propos, elle se demandait si sa soeur n'était pas tout simplement devenue folle.

    -" Crois-tu vraiment que cela te soulagerai ?
    En parlant de la sorte, tu L'incrimines, Le rends coupable de ton sort, de tout ce qui t'arrive. Mais dois-je te rappeler ce que tu nous as dis il y a de cela quelques jours seulement ? Il semblerait que cela soit nécessaire.
    Il y a peu, ne voyais-tu pas tes dernières souffrances vécues comme une punition reçue de la part du Très-Haut ?

    Tu as souffert d'avoir perdu l'enfant que tu portais dernièrement, certes. Mais pourquoi ? Parce que bien avant, tu as fauté en tuant l'enfant à naître et à cause de cela, Dieu Lui même a ressenti de la douleur. A cause de ton propre choix Ombe. Alors plutôt que de Lui en vouloir, tu devrais chercher à obtenir son pardon.

    Essaies ! Si tu y parviens encore, d'imaginer Dieu tel un père. Un père qui a des enfants. Et lorsque ses enfants lui désobéissent, en se faisant mal de surcroît, Lui aussi ressent de la douleur et du chagrin.

    Essaies ! De tirer leçons de tes fautes, et des souffrances qui en découlent. Personne n'aime souffrir Ombe, mais les choses sont ainsi faites. Nous sommes parfois amenée à devoir supporter de terribles afflictions, avec l'impression de souffrir injustement, mais voit plutôt cela comme une grâce devant Dieu, car Il sait que la souffrance forge le caractère, qu'elle nous fortifie.

    Tu verras, tôt ou tard, tu te sentiras plus forte d'avoir enduré, et surmonté cette épreuve.
    Souviens-toi de ce que je t'ai dis. Sans doute est-ce un mal pour un bien.
    Et si tu veux mon avis, tu devrais commencer par faire la paix avec Lui en acceptant d'aller te confesser. Confies-Lui ce péché qui te ronge, excuses-toi d’avoir pu Lui faire mal, et dans sa grande miséricorde, Il te pardonnera et te délivrera de ton malheur. "

Ainsi, les choses venaient d'être dites, sans demie-mesure, et sur un ton devenu de plus en plus sec. Le regard resté figé sur la jeune femme, empli d'une déception certaine, s'en était finalement détaché pour aller se perdre dans les flammes qui se trémoussaient. Mieux valait qu'elle détourna les yeux, le temps au moins que se dissipe l'extrême envie qu'elle avait soudainement eu de se lever et d'aller lui flanquer une claque d'un coup du revers de la main.
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