Anne_blanche
Assise à sa place favorite, sur les coussins du banc de pierre taillé dans l'embrasure de la fenêtre, Anne lisait et relisait la dernière missive de sa mère, reçue le matin-même. Près de la cheminée, où l'on venait d'allumer un feu, Matheline s'affairait, cherchait dans sa boîte à ouvrage les laines nécessaires au ravaudage de quelques bas, tout en surveillant la gamine du coin de l'il. Elle la trouvait bien trop sage pour que ce fût normal.
Citation:
Ma chère fille,
Ces nouvelles m'enchantent, et j'ai bien hâte de me mettre en route.
Une escorte est plus que nécessaire, par les temps qui courent.
La ville de Tours a été prise par des brigands tantôt, et l'on murmure dans toutes les chaumières que leurs prochains projets s'orientent vers le Berry.
Certains affirment même que les marauds sont déjà présents en nos terres.
Foi d'Ambroise, je ne laisserai pas un de ces fieffés coquins s'approcher de mes biens !
Soyez bien sage durant mon absence.
Affectueusement,
Maryan d'Ambroise
Ces nouvelles m'enchantent, et j'ai bien hâte de me mettre en route.
Une escorte est plus que nécessaire, par les temps qui courent.
La ville de Tours a été prise par des brigands tantôt, et l'on murmure dans toutes les chaumières que leurs prochains projets s'orientent vers le Berry.
Certains affirment même que les marauds sont déjà présents en nos terres.
Foi d'Ambroise, je ne laisserai pas un de ces fieffés coquins s'approcher de mes biens !
Soyez bien sage durant mon absence.
Affectueusement,
Maryan d'Ambroise
Mère serait bientôt là. Et avec elle, Blanche. L'escorte trouvée pour elles par Anne se mettrait en route au plus tard le lendemain. C'en était fini de la solitude, des longues heures d'étude, pour tuer le temps. Mais aussi, probablement, des échappées en taverne ou à Lyon... Anne n'avait pas tenu sa mère au courant de toutes ses démarches, il s'en fallait de beaucoup. Comment prendrait-elle le fait que sa fille s'était arrangée pour apparaître comme la maîtresse incontestée de l'hôtel de Culan ?
Pffff ! C'est sa faute, aussi. Elle n'avait qu'à pas pas me laisser si longtemps !
Derrière le petit front buté, la rancur le disputait à la joie, l'envie de se lover dans le giron maternel à la crainte de devoir abandonner des habitudes qui lui étaient chères.
Avec un soupir, la fillette roula le parchemin et le rangea soigneusement dans son archif. On verrait bien. Quelle utilité, de se poser des questions avant l'apparition du problème ? Au jardin, il y avait peut-être des champignons. Anne croyait avoir vu, par la fenêtre de sa chambre, des coprins chevelus.
Elle se dirigeait vers la cuisine, pour passer au jardin, quand la porte de la rue résonna sous les coups du heurtoir. Qui pouvait bien venir en visite à l'hôtel de Culan ? Le visage de la fillette s'éclaira. Antoine ! Ce ne pouvait être qu'Antoine, de retour à Vienne. Devançant Matheline, elle se précipita, pour se trouver nez à nez non avec Antoine, mais avec son père.
Messire Philippe !
Anne chercha Antoine du regard. Il n'était pas là.
Entrez, Messire. Il y a du feu dans la grande salle. Venez, Matheline s'y tient. Elle sera bien aise de connaître enfin mon mentor.
Elle ne demanda pas la raison qui amenait chez elle Philippe de Massilia. Ce n'était pas poli, Mère le lui avait bien expliqué. Mais elle ne pouvait s'empêcher de lui lancer des regards intrigués.