Anne_blanche
Dans le corridor qui menait à la chambre de son frère, Anne croisa Matheline, qui grommelait on ne savait quoi au sujet de marauds et de verrats chauves. Elle en conclut que la camérière avait encore dû se faire rabrouer par la vicomtesse, ce qui n'était pas vraiment pour lui déplaire. Pour rien au monde elle ne l'eût avoué à sa mère, mais les années passées à subir les remontrances infondées et stupides de Matheline lui avaient pesé, et elle se disait que ce n'était qu'un juste retour des choses.
Emportée par son élan, et par l'impatience de parler à son frère, elle poussa la porte sans frapper. Elle regretta aussitôt son geste. Le temps de l'enfance s'éloignait, Gabriel et elle-même avaient de plus en plus besoin d'intimité, et elle savait qu'elle aurait lancé à son frère un regard noir s'il s'était comporté de la sorte. Mais c'était trop tard.
Elle chercha Gabriel à la table de travail, mais il n'y était pas. Quand elle le découvrit étendu sur les dalles, elle regretta encore plus fort de n'avoir point frappé.
Oh ! Et puis après tout ...
Elle referma soigneusement l'huis, se laissa tomber à côté de son frère, en tailleur, sans prendre garde à sa jupe qu'elle allait encore froisser, malgré les fréquentes remarques de Mère.
Gabriel, je regrette si le moment est mal choisi, mais il fallait que je vous parle.
Par Aristote, quelle piètre entrée en matière ! Que les mots étaient plats et sans saveur, comparés à ce besoin absolu qu'elle ressentait de s'épancher auprès de son frère. Et lui qui restait étendu sur le sol, comme un gisant ! Cette posture lui faisait d'ailleurs un visage lisse, reposé, serein. Ses boucles blondes, si semblables à celles de leur mère, avait foncé ces dernières années, mais pas au point d'atteindre le brun chaud des cheveux d'Anne. Il avait grandi, aussi, bien plus vite que sa sur. Ainsi allongé, c'était encore plus frappant.
Soudain, une image se superposa, dans l'esprit de la fillette, à celle de son frère. Elle n'y était pas préparée, et elle la frappa de plein fouet. Elle se sentit pâlir.
C'était l'image d'un moine, prosterné bras en croix devant un autel, le jour de son entrée dans les ordres.
Gabriel...
Emportée par son élan, et par l'impatience de parler à son frère, elle poussa la porte sans frapper. Elle regretta aussitôt son geste. Le temps de l'enfance s'éloignait, Gabriel et elle-même avaient de plus en plus besoin d'intimité, et elle savait qu'elle aurait lancé à son frère un regard noir s'il s'était comporté de la sorte. Mais c'était trop tard.
Elle chercha Gabriel à la table de travail, mais il n'y était pas. Quand elle le découvrit étendu sur les dalles, elle regretta encore plus fort de n'avoir point frappé.
Oh ! Et puis après tout ...
Elle referma soigneusement l'huis, se laissa tomber à côté de son frère, en tailleur, sans prendre garde à sa jupe qu'elle allait encore froisser, malgré les fréquentes remarques de Mère.
Gabriel, je regrette si le moment est mal choisi, mais il fallait que je vous parle.
Par Aristote, quelle piètre entrée en matière ! Que les mots étaient plats et sans saveur, comparés à ce besoin absolu qu'elle ressentait de s'épancher auprès de son frère. Et lui qui restait étendu sur le sol, comme un gisant ! Cette posture lui faisait d'ailleurs un visage lisse, reposé, serein. Ses boucles blondes, si semblables à celles de leur mère, avait foncé ces dernières années, mais pas au point d'atteindre le brun chaud des cheveux d'Anne. Il avait grandi, aussi, bien plus vite que sa sur. Ainsi allongé, c'était encore plus frappant.
Soudain, une image se superposa, dans l'esprit de la fillette, à celle de son frère. Elle n'y était pas préparée, et elle la frappa de plein fouet. Elle se sentit pâlir.
C'était l'image d'un moine, prosterné bras en croix devant un autel, le jour de son entrée dans les ordres.
Gabriel...