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[RP] Une réservation pour deux au nom de Pelamourgue.

Basile
Le temps semblait s'oublier, s'effacer et disparaître. Toute chose autour : du crépitement de l'âtre aux murs et à la ville elle même, plus rien ne comptait. Seul ce moment demeurait important, vivace et éternel. L'amour ne veut pas la durée, il veut l'instant et l'éternité. En étais-ce ? Cette question traversa l'esprit de Basile. Il la rejeta aussitôt, il n'était temps de se tourmenter d'interrogation, de chercher à donner des réponses qui ne trouveraient leurs concluantes qu'en les actes et le temps.

Il l'entendit émettre un petit rire, et sourit, il eut lui même envie de rire, d'exploser de joie, de se laisser exploser de ce bonheur qui le transcendait. Il se contenta de sourire la laissant prendre sa main et jetant son regard dans le sien, comme pour se perdre dans celui ci. Pour lui répondre, simplement, le sourire au lèvre.


- " Viens "

La tenant par la main, il la guida à travers le salon vers une porte adjacente. Une idée lui passa de la conduire dans sa chambre, qu'il rejeta. Non que l'idée ne lui plaisait pas, mais il ne désirait pas seulement quelques coucheries et batifolage, mais son bonheur et la voir rire et sourire encore et encore. Parvenu près d'une petite porte conduisant à la grande salle, il lui murmura avant de l'ouvrir.

- " Ne regarde pas, ce serait gâcher la surprise ", le tutoiement ayant pris le pas sur les pratiques et protocoles de bienséances.
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Lanceline
- " Viens "

Elle sourit, se leva, se laissant guider. La surprise donc. Elle fit un pas après l'autre, le suivant, observant chaque détail autour d'elle. Où l'emmenait-il ? Que comptait-il faire ?

Elle serra ses doigts dans les siens. L'éternité dans un instant. La mort pourtant ne pouvait pas l'emporter. Elle avait son fils ; et ne se permettrait pas de partir si tôt. Lanceline se laissait aller, silencieuse. Elle voulut l'embrasser encore, se retint, se contentant de mettre les pas dans les siens.


- " Ne regarde pas, ce serait gâcher la surprise "

Elle eut un sourire de gamine, et le lâcha, portant ses mains à ses yeux après les avoir fermé. Double assurance qu'elle ne tricherait pas.

- Voilà, je suis prête !

C'est quoi, dis, c'est quoi ?
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Basile
Basile la regarda mettre ses mains sur ses yeux, souriant comme un enfant heureux de faire découvrir sa surprise. Déposant sa main sur ses épaules et se glissant derrière elle, il ouvrit la porte et la fit entrer à l'intérieur de la grande salle, enfin ce qui était la grande salle.

Il n'y avait là plus rien de commun avec ce qui était d'ordinaire, des fleurs avaient été mises de partout, des violas, pensées, primevères, et bruyères, plongeant le lieu dans une ambiance florale, alternant la douceur du violet et du blanc, et des odeurs se mêlant les unes aux autres pour plonger dans un univers d'un tout autre ordre, presque onirique. Au fond, une autre cheminée crépitait, le long des murs les fleurs se pourchassaient les unes et les autres par dessus tableaux et autres décorations, les recouvrant presque.

Le sol couvert de tapis rouge et or, voyait des myriades de pétales s'entasser et se soulever à chacun de leur pas, et au centre, un sapin s'élevait couvert par les mêmes fleurs. On aurait pu croire là quelques nouvelles variétés d'arbres ayant troqué ses épines pour la douceur des pétales. A son pied, une coffre en bois richement décoré, trônait. Ce n'était pas la richesse du bois qui en faisait l'objet principale, mais son contenu.

Glissant ses mains entre les siennes, Basile les écarta doucement de ses yeux en lui murmurant à l'oreille avec un sourire :


- " Joyeux noël "
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Lanceline
Elle ouvrit les yeux, sentant le courant d'air d'une porte s'ouvrir puis ses mains chaudes écarter les siennes.

- Oh...

Ses mains retombèrent lentement, sa dextre venant se placer au niveau de sa bouche. Émerveillée.

Les noisettes allèrent d'un mur à l'autre, s'agrandissant au fur et à mesure qu'elles captaient les détails. Des fleurs... Des fleurs partout ! Elle se tourna vers lui, étonnée.


- Mais... Comment... ?

On était en hiver ; les fleurs ne poussaient pas si facilement. La Blonde le regarda, ravie. Des fleurs ! Pourquoi ? Pourquoi se donner tant de peine ? Pourquoi faire cela ? Elle n'était que de passage. Elle ne resterait pas. Ernst l'attendait. Mais peut-être pas.

- Que... Oh, Basile...

Elle était... Touchée. Ravie. Émue. Elle eut un nouveau rire.

- Mercé ! Et... Joyeux Noël à vous aussi, mais... Mais... Je n'ai rien... Rien à vous offrir... Je suis idiote, j'aurais dû penser...

Rien n'aurait pu égaler cette pièce. Elle s'accroupit, toucha les pétales au sol de ses doigts fins. Elle releva la tête vers lui, eut un rire enfantin, lâchant :

- On dirait un rêve...

Et elle ne voulait pas se réveiller. Elle se releva finalement, s'approchant de lui, regardant de haut en bas le sapin. Le sourire s'élargit.

Et puis elle remarqua le coffre.


- Qu'y a-t-il à l'intérieur... ?
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Basile
Basile la laissa s'émerveiller, la regardant, le sourire aux lèvres. Il avait mis toute sa maisonnée à la tâche. Parcourant les jardins, champs et forêts à la recherches des quelques fleurs qui perçaient en hiver. Par chance il avait plusieurs jours pour préparer cela. Et la récompense de tout ce travail était là : la voir dans la merveille de ce lieu.

- " Mais tu m'as fait le plus beau cadeau. Tu es là. "

Souriant à ces derniers mots il glissa ses mains sur sa taille et déposa ses lèvres sur sa nuque. Il regarda la coffre à son tour, son sourire s'agrandit. Il avait eut un choix dans son cadeau. Alors qu'il avait rencontré Lanceline pour la première fois, il en avait marqué par une tristesse qui semblait émaner d'elle, mais également une force qu'elle devait puiser dans une source intarissable et inépuisable. Hardis par le temps et la distance, sa passion avait grandit, mais il c'était résolu à ne jamais pouvoir la revoir suite à son départ. Jusqu'à ce qu'il reçu une lettre.

Il aurait pu lui offrir bijoux, robes somptueuses, et bien d'autres cadeaux clinquants. Pourtant, il voulait quelque chose de plus, il voulait lui offrir le monde. Aussi c'était le monde qui se trouvait dans ce coffre. Certes, cela était allégorique. Un astrolabe sphérique, ramené par un marchand de passage, d'Alexandrie, qui avait su incarner à la perfection ce que Basile désirait offrir. Souriant, il lui murmura :


- " Ouvre-le, voilà mon cadeau "
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Lanceline
Laisse-moi ouvrir ! Je veux l'ouvrir ! La mini-Line trépignait. Elle voulait absolument l'ouvrir, mourant de curiosité. Mais l'adulte se contint, s'obligeant à regarder le coffre, attendant qu'il lance le départ. C'était vraiment Noël en retard.

Elle était là, et lui aussi. Elle reporta son attention sur lui, cherchant à deviner s'il était content de ce qu'il comptait lui offrir. Mais elle ne sut pas déchiffrer, et elle eut une moue. Il lui murmura enfin de l'ouvrir, alors elle se détacha de lui pour s'approcher du coffre. Elle s'accroupit à nouveau, posant ses mains fines sur le bois, prenant le temps de le caresser pour en saisir les aspérités du temps. Offrez-lui le monde, elle préférera l'emballage. La Blonde hésitait. Serait-elle déçue ? Certainement pas. Même si le coffre était vide, seule l'intention comptait. Et il l'avait assez gâtée comme cela. La jeune femme passa enfin ses doigts sur les loquets, les levant pour enfin soulever le dessus du coffre. Curiosité.

Elle vit l'astrolabe, fronça un peu les sourcils, n'osant trop comprendre ce que cela signifiait. Était-ce une volonté de voyager avec elle ? Ou y avait-il une autre signification, plus profonde, plus allégorique ? Elle renversa sa tête en arrière pour le voir, un sourire illuminant son visage.


- C'est magnifique... Mercé !

Rien ne justifiait un tel cadeau. Rien. Avec précaution, elle le reposa dans son berceau, pour se lever, se tournant vers lui.
Elle fit les quelques pas qui les séparaient avant de l'enlacer. Une fois de plus, elle l'embrassait. Cette fois, c'était elle qui accomplissait le geste, scellant son acte, se livrant, volontaire. La Blonde s'offrait, n'ignorant pas les remords qui, certainement, la rongeraient après ; mais seul l'instant comptait. Elle savait ce à quoi elle s'exposait, mais peu importait ; elle estimait n'avoir rien à se reprocher. Elle marcherait le front haut, tendrait son bras à Ernst, le regarderait en face sans tressaillir.

Ses mains vinrent emprisonner Basile, l'enfermant dans son étreinte ; sa dextre monta jusqu'aux cheveux, se repliant sur eux. Consécration du baiser ; elle murmura, lippes entr'ouvertes, joue contre joue :


- Mercé...
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Basile
Elle l'embrassait ! Transporté à nouveau dans l'extase de l'émerveillement, ses mains glissèrent dans son dos, l'enlaçant, comme s'il ne voulait plus jamais la lâcher, ne plus jamais la laisser partir et s'effacer de son regard. Le susurrement de son "mercé", raisonna un instant dans son oreille. Il ne savait qu'y répondre, ni vraiment pourquoi elle le remerciait.

Se contentant d'un sourire, il l'étreignit, ses mains cherchant à trouver travers les tissus le contact avec sa peau. Peu à peu s'effaçait l'innocence pour laisser place à un désir de corps, à des pulsions et envies d'un autre ordre. Un rire enfantin le prit naturellement, expression de son bonheur, et l'accompagnant, il souleva Lanceline pour tourner sur lui même, faisant se soulever les pétales autour d'eux et virevolter dans des petits tourbillons.


- " Ne me quittes plus jamais "

Lui murmura t-il à l'oreille, avant de l'étreindre davantage, ses lèvres se fondant sur les siennes, glissant le long de son cou, ses mains continuait à chercher leurs chemins et à ôter tout ce qu'il y avait entre elles et la chaleur corporelle de Lanceline.
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Lanceline
Si l'enfant avait été là, elle serait partie en courant, les mains plaquées sur les yeux pour ne plus voir. Mais elle était déjà partie jouer avec l'astrolabe, laissant la Blonde seule avec Basile.

Ses pieds quittèrent le sol ; rêvait-elle ou bien venait-il de la soulever ? Il la cherchait, et elle se laissait faire. Il la désirait, elle le voulait aussi. La femme en elle jubilait d'obtenir ce qu'elle souhaitait.
C'était là une scène idyllique, de roman : les pétales volaient autour d'elle, et ils riaient ensemble, comme étourdis l'un par l'autre.


- " Ne me quittes plus jamais "

Il aurait pu tout lui demander. Mais pas cela. Pourtant elle se laissa faire, ses doigts se serrant et se desserrant au rythme de ses mouvements. Partout où ses mains frôlaient sa peau, elles laissaient un chemin de feu qui lui donnait la chair de poule.

- Je... Tu sais bien qu'il le faudra.

Ne me parle plus. Ne me demande plus cela. Tais-toi, emmène-moi. Laisse-toi guider par tes instincts. Ne te résous pas, jamais.
Montre-moi ce que tu vaux.

Alors elle l'embrassa, encore, et encore, sans plus trop savoir ce qu'elle faisait. Demain, elle ne pourrait accuser le vin, parce qu'elle n'avait pas bu beaucoup. Elle s'en prendrait à elle-même, mais y repenserait avec plaisir, sourire aux lèvres.

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Basile
Les mots résonnèrent dans sa tête comme un fouet, comme une claque venu du Sans Nom lui même, venu le jeter à terre et rire de le voir ainsi. Il entendit chaque son se répercuter, se répéter, la vision se troublant. Ce n'était pas le sens de ces mots qui le toucha, mais ce qu'il laissait entendre. Ses fiançailles avec un de ces bourgeois rhénans dont il avait entendu conter l'histoire. Il eut envie de frapper, de se saisir de son épée, et de taille et d'estoc de laisser sa rage jaillir. Pourtant il ne fit rien. Il restait là, la tenant dans ses bras, se demandant ce que lui réserverait cette passion, vers où continuerait son attachement pour Lanceline. Il frissonna, se remémorant de tristes contes et tragédies, craignant que sa vie n'en devienne une.

Elle le ramena au présent, sentant ses baisers se répétait et l'enivrait. Ces sombres pensées s'éclipsèrent, non qu'il ne les oublia, mais pour l'instant il les rejetait face à l'ardent désir qui s'était établis en maître dans son esprit. La chambre, trop loin, fut oublié. Qu'importait le lieu, c'était devenu une préoccupation des plus insignifiantes. Reculant d'un pas, Basile envoya son pied renverser une des banquettes, laissant ses coussins et couvertures tombaient sur le sol près de l'âtre.

Ses lèvres collées aux siennes, il la guida et coucha doucement parmi les coussins, couvertures et pétales qui avaient formé un petit tumulus de douceur sous la chaleur des flammes. Son corps au dessus, il se livra à libérer de ses entraves de toiles et vêtures ce corps qu'il convoitait, laissant ses mains, ses lèvres, sa bouche, et tout ce que la nature lui avait donné parcourir la douceur de cette peau et en prendre possession.

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Lanceline
La Blonde se fichait du lendemain. Elle qui d'habitude, ne faisait jamais rien sans peser le pour et le contre ; elle qui pourtant s'inquiétait de ce que le futur lui réservait ; elle qui ignorait ce que serait la suite, oublia tout pour un instant.

La peur fit surface un instant ; la peur d'être surpris, la peur que l'on lise sur son visage ; la Peur, tout simplement. Le bruit des objets tombant au sol la firent tressaillir mais elle ne dit rien.
Il la coucha, il l'aida à se dévêtir et elle s'employa à faire de même, ôtant le superflu. Que cachaient ces vêtements ? Elle voulait le savoir ; elle était curieuse.

La chaleur sembla monter soudain, parce qu'il était près, trop près ; toute sa peau sembla s'embraser au contact des mains de l'homme. Il la voulait, elle le voulait ; un désir mutuel qui se consumait sans pourtant disparaître, mais allant plutôt enflant, grandissant, se couplant à la chaleur de l'âtre. Tout brûlait autour d'elle, la pierre du sol avait disparu sous les pétales. La Balafrée ferma les yeux, s'abandonnant tout à fait, se laissant aller sous les mains de l'homme, l'embrassant seulement.

Elle repensa à ses pensées avant d'arriver chez lui. Était-elle aussi naïve qu'elle le voulait dire ? Ne savait-elle pas à quoi elle s'exposait en allant chez lui, un soir, seule ? Ne l'avait-elle pas voulu ? C'était, après tout, la raison pour laquelle elle était revenue. Pour lui. Il avait brillé comme un phare dans la tempête où elle se trouvait alors, et Lanceline avait choisi de se raccrocher à lui. Pourquoi Basile plutôt qu'Ernst ? Elle avait eu le sentiment que ce dernier ne comprendrait pas.
Alors que ce qui se passait à l'instant ne nécessitait pas de mots. Ils semblaient ne faire qu'un, se comprenant mutuellement.

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Basile
La rencontre de deux corps, la confrontation de deux désirs conjoints, comme une bataille livrée à la nature pour lui ravir son don de jouissance. Ôtant voiles et vêtements, afin que rien ne soit caché. Dans la révélation parfaite de la nudité, l'exploration partait sur les vastes plaines de peau, d'os et de sang. Remontant pour se juger sur deux collines, les parcourant à bride rabattu, pour y installer campement jusqu'à ce que s'élève haut, l'étendard. Du haut de la poitrine du tertre, le conquérant se tenait là, à jeter regard sur l'immensité du paysage. Perfection de la nature. Création parfaite du Très haut. Le corps d'une femme semblait conçu dans le besoin d'éveiller monts et merveilles chez l'homme.

Le coup de tonnerre grondant, des cieux s'avance le corps rugueux, perclus de cicatrices traçant sillon hasardeux. Recouvrant de sa puissance, collines et plaines pour préparer la libération des dix milles cavaliers ni vivant, ni mort. Ancrant ses assises de mains fermes, glissant comme un serpent habile cherchant sa place, le signal se lance, des cris s'élances, et la cavalerie s'apprête à lancer sa charge. Tapant sabot au sol, l"épée glisse du fourreau. Encore et encore. Inlassablement. Inéluctablement. Immémoriale rituel.

Art éternel, secrets mystérieux. L'habile stratège navigue d'expérience pour toucher la sensibilité extrême. Le soleil de l'âtre jetant sa chaleur furieuse, l'adrénaline prend le contrôle, les battements de cœur se suive, rivalisant de vitesse. Encore et encore. Le chant s'élance, l'épéiste prend assise pour libérer l'impatience cavalerie. Ciel et terre se rejoigne dans cet acte ultime. Sueur, cris et volupté physique assouvie.

Le temps venu. Ultime moment. La cavalerie s'élance. Le frisson s'installe. Le plaisir orgasmique règne. Ils pénètrent les terres sacrées à l'assaut du château. Sur le long sentier meurtrier, ils tombent par dizaine. Que le plus brave essaye de pénétrer dans la citadelle ou qu'ils trépassent tous dans une explosion de sensation.

L'acte sempiternel de la nature s'achève prenant possession des corps, distribuant plaisir et volupté. Langoureux baiser. Basile s'effondre sur le côté. Âme en joie, corps en paix.

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Lanceline, incarné par Basile

Âme en joie, corps en paix.

La citadelle pourtant, ne sera pas prise. Mais la bataille fut rude et tous reconnurent la bravoure des soldats. Le baiser final scella la paix entre assaillants et assaillis.
L’homme s’effondra à côté d’elle tandis qu’elle tourna la tête vers lui, sa coiffure défaite, un sourire mutin aux lèvres. La Blonde ne fit aucun commentaire : ils n’avaient pas lieu d’être. Elle posa sa tête sur son torse, la dextre s’y trouva également. Ils restèrent là, pantelants, émus, en sueur par le travail accompli.

Le silence régnait, seulement entrecoupé des crépitements du feu. Les deux corps se dessinaient sur le sol, ayant lentement mais sûrement écartés les pétales qui le jonchaient. La senestre de la Balafrée vint en chercher quelques-uns, se soulevant mollement pour les laisser retomber en une pluie colorée sur le sol. Décors somptueux.

Elle caressa le poitrail qui se trouvait sous ses doigts, suivant les sillons d'une cicatrice. Avait-elle les larmes aux yeux ? On aurait pu le croire, mais ce n’était que le reflet des flammes qui y dansaient ; cependant une autre lumière s’y trouvait ; une satisfaction autant qu’un désir inavoué enfin assouvi. Le remord voulut s’installer en elle mais elle le chassa bien vite. Il ne fallait pas y penser, c’était trop tôt. La réminiscence d’un moment de joie, d’un sentiment partagé devait être plus forte que tout le reste. Et elle le chérirait, et elle le garderait au plus profond d’elle-même comme un trésor précieux. Aucun confesseur ne l’entendrait, jamais. Elle se tairait là-dessus également.

Cela avait-il été trop vite ? Que pensait-il ? Quelle opinion pouvait-il désormais avoir d’elle ? Un peu honteuse, elle enfouit sa tête dans le cou de Basile alors que sa main venait chercher les doigts masculins, comme voulant garder un contact qu’elle venait pourtant de briser d’un geste. Elle se taisait, voulant savourer encore ce moment, ce silence, cette communion.

Lanceline savait qu’elle devrait repartir, que sa place n’était pas ici. Elle n’avait rien à y faire mais voulait s’y complaire pourtant, ne voulant pas l’entendre la chasser. Il lui avait demandé de ne jamais le quitter ; mais elle ne pouvait pas lui accorder cela. Elle ne le pouvait pas, elle ne le voulait pas : sa place était auprès d’Ernst, parce qu’elle l’avait choisie ainsi. Oui, elle le voulait.

Elle se sentait bien là où elle était. Elle aurait aimé rester mais c’était impossible. Sa respiration se calqua sur celle du maire. Ernst ressentait-il cela à chaque fois ? Ou n’était-ce qu’avec certaines ? L’union de deux êtres avait quelque chose de mystérieux. Comment savoir avec qui cela pouvait fonctionner ? N’était-ce qu’une question d’automatisme, de reconnaissance mutuelle ?
Arnaut était son alter ego, cette âme qui avait été séparée d’elle au commencement. Mais alors, lui, qui était-il ? Pourquoi… ?

Et Gabriel ? Il dormait, très certainement. Adalinde y veillait. Elle l’aimait, ce petit bout d’homme, bien qu’il pût être exaspérant parfois. Il avait de qui tenir, mais parce qu’il n’était pas Arnaut, elle se retenait parfois de s’énerver. Parce qu’elle ne pouvait pas…

Un claquement du feu la fit sursauter, la ramenant auprès de Basile. Elle ne bougea pas, respirant simplement pour s’imprégner de son odeur. Bientôt, elle devrait rentrer. Mais pas maintenant. Il était trop tôt.

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Basile
Tournant la tête vers le front de la blonde, le bordelais glissa un baiser sur son front, comme pour vouloir lui accorder sa protection. Sa main se joignant à la sienne, il resta songeur. Regardant perler quelques gouttes de sueur du corps de celle qui était devenu son amante. Ses mots revinrent à sa mémoire : "Tu sais bien qu'il le faudra." Comme un spectre infernal, cette pensée qui non qui ne l'ignora, avait été repoussé de son esprit, revint le hanter.

Sa passion, toujours démesuré, le faisait convoiter, aimer et s'attacher à ce qu'il ne pouvait posséder pleinement. Comme une malédiction jetée par des oniromanciens avides de le faire souffrir. Il songea au sort de Tristan, perdu de son désir pour Iseult, il songea au malheur d'Arthur de par son amour pour Geneviève. Se laissant perdre dans ces romains arthuriens ayant bercé son enfance, il soupira.

Devrait-il la partager avec un autre homme ? Ne serais-ce qu'un simple amant qu'on visite lorsque les désirs se font plus fort que la raison, et qu'on abandonne le lendemain lorsque le soleil met fin à l'onirique d'une nuit. Ou alors le quitterait elle sans jamais revenir, l'oubliant à jamais ? Serais-ce sa punition de copuler sans avoir convolé, qu'on le lui interdise. Cruel destin, cruel monde.

Il ne savait la comprendre. demeurant une énigme entière échappant à sa compréhension. Elle le quitterait pour aller rendre honneur à ses épousailles alors qu'elle les enfreignait déjà. Étais-ce un jeu ou ne vivait-elle pas ses passions pleinement ? Pourtant il ne voyait point la raison à son comportement, n'arrivant à comprendre le sens. Il était là. Perdu. Égaré. Muselé.

Il se contenta de murmurer, l'esprit ailleurs.


"Serais-ce mon destin, de vivre dans l'incapacité d'avoir la seule chose qui a vraiment de l'importance."
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Lanceline, incarné par Basile

    Longtemps muets, nous contemplâmes
    Le ciel où s’éteignait le jour
    Que se passait-il dans nos âmes ?
    Amour ! Amour !

    Hugo, Mon bras pressait ta taille frêle, X – Âme en fleur.

Qu’avait-elle fait ? Pantelante, elle resta là, sa tête dans son cou, respirant pleinement, profitant de son odeur rassurante. Pourquoi ? Une douleur vint l’assaillir. Non pour elle, mais pour cet homme contre lequel elle était lovée. Elle se fichait des conséquences pour elle-même. Mais lui ? Une fois encore, elle se demanda ce qu’il pensait. Elle l’entendit murmurer quelque chose, mais si les mots lui parvinrent, le sens sembla lui échapper. Ou peut-être qu’elle préférait l’ignorer.

Lanceline comprit que le mal était fait. Elle aurait mieux fait, devant cette porte, de faire demi-tour plutôt que d’hésiter devant. Elle aurait mieux fait de ne pas rentrer à Bordeaux. Elle aurait mieux fait de partir avec Gabriel. La fuite ne résolvait rien. Mais elle pouvait en donner l’illusion, un court instant.

D’un coup de reins, elle se colla tout à fait à lui, glissant ses doigts d’une main à l’autre, celle désormais libre venant à nouveau se poser sur son torse. Ouvrant les yeux, elle redressa un peu la tête afin de le voir, de fixer ses émeraudes.


- Basile…

Il tourna légèrement la tête vers lui, elle lui adressa un doux sourire. « Embrasse-moi ». Éperdue, elle laissa quelques secondes s’écouler, le temps de passer sa langue sur ses lèvres pour les humecter. Elle eut une hésitation, avant de prendre une nouvelle inspiration.

- Tu… … est très beau. … À quoi penses-tu ?

Raté. La Balafrée s’en serait giflée, de ne pas lui dire ce qu’elle voulait vraiment lui dire. Peut-être cela lui semblait-il futile. Peut-être préférait-elle se taire. Rester silencieuse une fois de plus. Mais ce silence n’arrangeait rien.

- Tu es très beau.

Elle l’avait dit très vite, comme gênée ; d’ailleurs une rougeur lui montait au visage alors qu’elle se laissa tomber en douceur à côté de lui, sans le lâcher pour autant. Elle fixa à nouveau le plafond, cherchant quelque chose d’autre à dire. Mais rien ne lui venait. Pourtant, elle avait été sincère. « Embrasse-moi ».
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Basile
Ces quelques mots chassèrent les tourments qui occupaient l'esprit du bordelais. Un sourire s'afficha sur son visage. Non un d'orgueil, mais un sourire complice. Il laissa une de ses mains glisser le long du corps de la blonde, suivant les lignes que sa peau lui présentait. Le feu crépitait, la passion, elle, s'enflammait.

Se tournant pour glisser une de ses jambes entre les siennes, son bras alla se glisser sous sa tête, tandis que sa main droite glissa le long de sa joue, en un doux mouvement. Le visage collé au sien, leurs peaux se collant et se caressant, il lui murmura en réponse :


- " Tu es ravissante "

Il n'y avait besoin de plus de mots. Plongeant son regard dans le sien, Basile déposa ses lèvres sur les siennes. Doucement, sans précipitation, faisant durer chaque moment pour en savourer le plaisir dans toute son intensité. Il l'embrassa. Voulant que jamais ce moment ne s'achève, qu'il reste éternel et parfait à jamais. Pourtant, il se retira, continuant à caresser sa joue, tandis que ses yeux se braquaient dans les siens.

- " Je pense à toi. A nous. A ... J'ai peur de te perdre, tu as éveillé en moi une passion sans nom, un feu d'une ardeur cyclopéenne. Je.. je tiens à toi bien plus que je ne pouvais le penser. "
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