Le sourire aux lèvres, je me mis à l'ouvrage. La chaleur était intense et la proximité de la belle Aylay ne contribuait pas à l'atténuer !
- Oh des surprises cher Aengus, il peut en arriver à tout instant , ne soyez pas impatient vous verrez bien .
Nous travaillâmes un moment en silence. Je n'étais certes pas impatient... la vie m'avait appris à attendre. Mais cette phrase anodine en apparence, éveillait en moi un trouble intense, tant elle était lourde de promesses et de sous-entendus.
J'allais lui répondre, les yeux brillants, lorsqu'elle poussa un petit cri... immédiatement, je levai la tête et la regardai intensément. D'un sourire et d'un signe de tête, elle me fit comprendre que tout allait bien. Rassuré, je me remis à l'ouvrage.
Une espèce d'urgence nous prit alors... Finir ce travail au plus vite !... Que se passait-il derrière ce joli front bombé et têtu ?... De temps à autres, nos regards se croisaient dans lesquels des flammes semblaient fuser... Farouches, nos corps se battaient presque rageusement avec le temps, pressés de goûter un repos... ou autre chose.
Sans un mot, nous pelletions rageusement comblant peu à peu l'aire environnante. des "han" énergiques issus de nos entrailles frémissantes d'un désir étrange ponctuaient nos efforts. Nos corps en sueur dégageaient un parfum musqué d'une sensualité animale intense... narines frémissantes, nous ne pouvions échapper à ces effluves enivrantes.
La clairière bourdonnait de nos vibrations intimes... presque perceptibles autant que le chant des cigales.
La sueur dégoulinait le long de mon dos, j'avais lié mes cheveux dans le dos en un catogan épais à l'aide d'un lacet de cuir et mes yeux piquaient parfois de la transpiration qui coulait de mon front. Aylay ne ménageait pas sa peine. Elle travaillait comme un homme... Son ardeur était communicative.
Je la regardais à la dérobée. Son bustier léger lui collait à la peau et, dans son effort, s'était davantage entrouvert libérant presque ses seins arrogants. Je serrai les doigts sur le manche de mon outil à en faire blanchir les jointures, tant mon envie de presser ces globes magnifiques était intense.
Enfin, presque ensemble, nous relevâmes l'échine... Aylay avait envoyé sa pelle valdinguer auprès de nos affaires et me regardait d'un air triomphant.
Nous nous regardâmes avec une lueur de victoire au fond des yeux... Enfin, nous en étions venus à bout.
Je l'imitai en riant, un peu essoufflé tant l'effort produit avait été intense... nos poitrines se soulevaient tandis que nous reprenions notre souffle... Nous avions bien mérité un peu de repos !
Sans me quitter des yeux, elle retira ses chausses en un geste lascif... visiblement voulu... Puis, elle me tourna le dos et alla s'asseoir sur une souche moussue me faisant signe de l'y rejoindre... Je m'exécutai de bonne grâce non sans, au passage avoir attrapé nos besaces. Je m'assis en face d'elle...
- Auriez vous encore un peu de force Aengus pour apaiser la douleur de mes pieds, un simple massage de vos doigts suffira je crois à ôter toute ma fatigue,
Avant de pouvoir revenir de ma surprise, deux jolis pieds aux ongles nacrés venaient se poser sur mes cuisses... Mon trouble devait être plus qu'évident.
Néanmoins, instinctivement, je posai les mains sur eux avec une infinie douceur et commençai à les masser délicatement.
J'en saisis un entre mes larges mains et entrepris d'en presser chaque partie, des orteils eu talons, insistant sur la chair tendre de la plante...
Sa jupe légère relevée jusqu'aux genoux me dévoilait des jambes fines et musclées joliment galbées... Je sentais son regard posé sur moi et n'osais lever les yeux de peur de lui dévoiler mon trouble croissant...
Peu à peu, j'entrepris de pousser le traitement jusqu'à ses chevilles qui, elles aussi, devaient être endolories. Le contact de sa chair sous mes doigts augmentait encore mon émoi et je dus faire un effort inouï pour résister à la tentation de pousser le traitement au-delà des limites de la bienséance.
Sa voix résonna doucement soudain dans le silence intime de la clairière :
- Et au fait comment sest terminée votre soirée avec Azzerra, elle semblait malheureuse pour une raison qui mest un peu obscure lavez-vous déridée ?
Je restai un instant silencieux... Azzera... Etait-ce les années de solitude... La vision lointaine de cette adorable Sirène... Ou le charme d'une forgeronne ardente et passionnée... Ou encore, la peine que je devinais chevillée en elle suite à je ne savais quels malheurs ?... Mais cette jeune femme avait jeté en moi un trouble indéfinissable... Mélange de tendresse, de compassion et d'attirance amoureuse... Des sentiments ?... Certes... Son départ en retraite m'avait affecté plus que je ne l'aurais souhaité... A vrai dire, elle me manquait. J'aimais cette tendresse farouche, voire distante.. pudique même... intimement imbriquée en une ardeur, une passion contenue...
Je m'en ouvris à Aylay... Sans honte.
Rien encore ne me liait à ces femmes, ni promesses, ni sentiments autres que du respect et de la tendresse, mais elles m'attiraient toutes deux... pour des raisons bien différentes.
Enfin, je levai la tête, les mains posées sur ses mollets :
- Azzera est une femme attachante... mystérieuse... attirante et digne d'amour. La dernière chose que je souhaite est lui faire de la peine... Il semble qu'elle ait énormément souffert malgré son jeune âge.
Un silence puis :
- J'ai eu le bonheur de passer hier soir avec elle de doux moments et s'il est vrai que j'ai pu lui rendre le sourire, c'est que, sans doute, j'ai pu lui faire redécouvrir la joie d'un moment de tendresse sincère et partagée. Je vous avoue que son absence m'affecte...
Je posai mon regard au plus profond du sien :
- Aylay... Un baiser n'est pas un serment... Je ne suis qu'un vagabond sans attache, épris de liberté mais incapable de faire sciemment souffrir une Dame. Azzera appartient à un Ordre qui risque de l'obliger à prendre la route du jour au lendemain... Qui sait quel sera notre avenir ? L'Histoire d'Azzera et Aengus est encore à écrire. Mais il est vrai qu'elle ne m'est pas indifférente... J'imagine qu'à son retour...
Je baissai la tête :
- ... à son retour... l'avenir nous dira de quoi cette idylle sera faite... Je ne suis pas maître de toutes les cartes... Et même pas certain d'être digne d'elle...
Un silence.
- Aylay... je ne suis pas l'homme d'une seule femme... en tous cas, jusqu'ici... Et je n'y suis pas préparé. Il n'y a cependant que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.... Mais jusqu'ici, je suis libre comme le vent... S'il existe des chaînes à ma mesure... Eh bien, au moment de me les passer aux pieds, il sera encore temps d'aviser.
En attendant, Aengus reste vagabond... libre et libertin !
Je ponctuai mes derniers mots d'une pression tendre sur ses mollets que j'entrepris alors de masser délicatement... de plus en plus troublé par l'odeur sauvage et enivrante qui émanait d'elle.
- Par Eithne... quelle tension dans ces jolies jambes... Si cela s'étend à toute votre personne, je vais devoir entreprendre une tâche de grande envergure... Pour mon plus grand plaisir !