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[RP] Sommeil sauvage

Eliance
Un départ brusque, puis un retour, inespéré.
L'italien est revenu. Eliance, elle, s'était faite une raison plutôt que de l'attendre désespérément. C'est du moins ce qu'elle disait à qui voulait l'entendre. Fuir, elle connait bien. Elle l'a déjà fait tant de fois. Alors, même si elle n'a pas tout compris de son italien, elle comprend que c'était une manière pour lui de survivre, et a respecté sa décision, dans la limite de ce que sa cervelle lui a accordé.

Elle a voulu qu'il meure. Elle l'avoue. La souffrance amène à des pensées ignobles, injustes. Elle s'en veut, maintenant qu'il est revenu. Elle regrette. Il est son mari. Même loin, même mort, il serait resté son mari, celui qu'elle a choisi. Le seul.
Mais l'éloignement et les tourments ont laissé des stigmates en eux. En elle surtout. Elle est encore plus craintive et peureuse qu'avant. Lui dit avoir changé. Et à le voir s'occuper de ses mouflets, c'est vrai qu'il est différent, l'italien. Elle les trouverait presque mignons tous les trois. Mais elle ne l'avouera jamais. Non. Elle doit rester la femme qui n'aime pas les enfants. C'est mieux ainsi.

Les retrouvailles sont étranges. Un soulagement, mais une certaine angoisse s'est aussi invitée. Pas d'effusion, pas de mots doux, pas de tendresse. Simplement des paroles franches, des aveux et l'apaisement de voir l'autre en face, bien vivant. Parce que c'est ce qui les séparerait réellement, la faucheuse. Loin, ils l'appellent chacun leur tour. Réunis, ils n'y songent plus.
Ces retrouvailles ont un goût de commencement. L'italien sait qu'il faudra du temps à sa femme. Il semble prêt à prendre patience. Il devra détruire les murailles qu'elle a érigé une nouvelle fois. Tout est fait avec lenteur pour regagner sa confiance. Il a toujours fait les choses bien, l'italien. Dès le début, rien n'était précipité. Tout était réfléchi, pesé au gramme près sur la balance des sentiments.

Ce qui a surtout changé chez la rousse, et qui hurle son trouble, c'est son corps. Elle n'est plus qu'un fantôme, une ombre. Son appétit et son sommeil se sont enfuis peu après l'italien. Mais il ne les a pas ramené avec lui, il semblerait. Les rares fois où elle ferme les yeux, des cauchemars la submergent et elle les réouvre bien vite, préférant s'affaiblir que de devoir les surmonter. Du coup, son estomac est perdu dans ces journées sans fin et ne réclame plus son dû. Déjà pas épaisse, elle devient transparente. Sa peau aussi est plus que diafane. Ses yeux ont perdu l'éclat qui les animait. Ses gestes se font plus lents. Pourtant, une chaleur l'a regagnée, un peu. Elle a retrouvé un semblant de sourire, devant l'italien. Mais si ça continue, elle n'aura plus la force de se lever, peinant déjà à se traîner en taverne. L'inquiétude du lendemain la ronge encore. L'incertitude ne la quitte pas. Tiraillée, elle ne sait plus si elle doit écouter son cœur ou sa raison. Elle voudrait se perdre dans ses bras, mais elle n'ose pas. Comme elle n'ose pas non plus le regarder longuement sans rougir. La seul brève étreinte qu'elle lui ait offerte est due à un trop-plein de bières. Flancher, se montrer faible sont devenus sa hantise. Et pourtant, elle l'est tellement, faible, chétive, insignifiante, anodine. Ménudière* tout simplement...

Et puis, entre deux conversations, elle lui a raconté sa rencontre avec ce drôle de bonhomme qui prétendait que pour bien dormir, il faut dormir à deux. Qu'une présence apaise. Peu importe qui soit à côté, femme, enfant, chien..., ça apaise. Alors non, la rousse n'a pas tenté de dormir avec ce bonhomme, trouvant ça bizarre comme situation, même si il garantissait que ce serait en tout bien tout honneur, sans contact. Elle avait plutôt pensé à Diego, à ce moment-là. Elle s'était rappelé qu'elle dormait bien, contre lui. De cette histoire racontée, l'italien a semblé peu convaincu. Pour lui, nuit à deux rime avec nuit agitée. Mais il n'a pas écarté la solution. L 'abus de bière, la fatigue des lieues parcourues, les herbes infusées, rien ne ramène décidément ce sommeil tant recherché. Et l'opium, l'italien ne veut pas. Il est catégorique, c'est pas pour elle. L'idée de cet accompagnement nocturne est resté en l'air jusqu'à ce pli, concret.
« Si vous voulez je viendrais dormir avec vous, ce soir, en espérant que vous arriviez enfin à trouver le sommeil... »

La perceptive d'une nuit douce, d'une proximité avec l'italien éveille une vieille étincelle.
Le coursier est rapidement renvoyé avec un simple mot à répéter, « Oui », tandis qu'elle, allongée sur sa paillasse d'auberge, ressasse les doux souvenirs des premiers mois, qui, seuls, parviennent à l'apaiser.


*menudièr en occitan : insignifiant, chiche, menue.

Diego_corellio
Quand on est un abruti fini en général on le reste.
Pour certain la vie est trop courte, moi ça fait depuis plusieurs semaines que je me demande pourquoi elle est si longue.
Des gens sensés, normaux paieraient cher pour avoir ma putain de vie, ma splendide femme et des gosses.
Le problème c’est que je ne suis pas ces « gens ». Allez savoir pourquoi cette vie ne me satisfait pas, parce qu’elle m’étouffait. Je crois que c’est pour ça que j’ai vu la fuite comme une issue.
La solution miracle à tous mes problèmes.
Fuir.
Une preuve de plus de ma lâcheté grandissante. Parce que c’est tellement simple, de prendre le peu que nous avons et filer sans au revoir, sans adieux larmoyants, sans avoir besoin d’expliquer le pourquoi du comment.
Juste fuir pour ne jamais se retourner.

J’avais besoin de pourvoir à nouveau respirer, goutter cet air nouveau baigné par l’odeur de la liberté. Pourtant en inspirant la douce brise d’hiver j’ai eu l’impression qu’on m’empoignait et que des mains enserraient mon cou, rendant toute circulation de l’oxygène jusqu'à mes poumons impossible. j'agonisais.
Une brulure, une déchirure. Une perte.
Ça fait mal. Mes pas m’ont éloignés et entrainés loin, toujours plus loin, toujours plus près d’une amante tant aimée et pourtant si loin d’une femme que j’avais juré « d’aimer et de chérir, pour le meilleur et pour le pire ».
Avec les jours la blessure ne s’était en rien apaisée, elle gagnait du terrain, et en quelques semaines elle me possédait pour disposer à sa guise de mon corps et de mon esprit : la folie.

Puis je lui avait écrit. Parce que je devenais fou. littéralement.
Je n’étais pas arrivé à me tenir à distance d’elle comme je me l’étais promis en partant. C’était trop dur.
De ne savoir comment elle allait. Si Elle vivait. Alors je lui avais écrit. Et ça avait recommencé Là.
Parce que j’avais eu l’impression de respirer à nouveaux en recevant sa réponse.

Il m’arrive encore, dans des moments comme celui-ci ; lorsque mes enfants dorment et que je suis seul, de me demander si j’ai bien fait ou si je n’ai été comme à mon habitude qu’un putain d’égoïste.
Je pencherai plutôt pour l’égoïste. Mais je ne pouvais pas me tenir loin d’Elle.
Alors je suis revenue. Surement pour la briser ensuite.

Ça a été ma renaissance, mais aussi ma mort. Près d’Elle, loin de moi l’idée d’en finir. Et pourtant cet état dans lequel elle est plongée, ce corps décharné qui jadis était admirable pour ses pleins et ses déliés n’était plus.
Parce qu’Elle ne mangeait plus.
Parce qu’Elle ne dormait plus.
Moi non plus. Je ne mangeais plus, et je ne dormais plus.

Pourtant j’étais resté le même en plus musclé peut être. L'entrainement à Chinon surement. L’alcool m’avait maintenu à un poids normal et le sommeil avait beau se tirer à la course l’opium résolvait tous mes mots, il faisait le travail que le marchand de sable ne voulait plus accomplir.
Une plante que je lui ai formellement interdit. Pas question qu’elle tombe dans le piège vicieux de cette herbe.
Parce qu’elle me détruit elle me ronge, me rend dépendant et pourtant elle me soulage aussi. Elle m’aide à m’évader, elle libère mon esprit et l’envoie dériver ailleurs le temps d'une danse limbes embrumées, enlacées la fumée louvoyant en ce milieu.
L’opium. Une belle merde qui m’avait pourtant en partie sauvée.
Toujours est-il que je ne laisserai pas ma femme ou ce qu’il en reste se détruire avec.

Elle avait glissé dans la conversation une astuce étonnante pour trouver le sommeil et qui, je l’avoue ne m’avait guère convaincu.
Le principe était simple : dormir avec quelqu’un.
Elle l’avait dit sur le ton le plus naturel possible, innocente et candide comme toujours.
Elle ne m’avait pas demandé clairement de dormir avec elle, pourtant en me contant cela c’est le message qu’elle livrait subtilement.
Surement que mon esprit tordu l’avait interprété d’autre manières moins catholiques mais j’y avait vu une invitation, un pas en avant fait.
Le premier était fait à moi de faire le deuxième.

Durant mon séjour prolongé à Chinon je n’avais pas touché une seule femme, ni même ailleurs. Pas même Sarah. On s’était vue, d’abord pour s’insulter puis ne pouvant se haïr on avait convenu de ne plus laisser place à l’ambiguïté dans notre relation ce qui éviterai à l’avenir bien des soucis inutiles ainsi que des nuits volées au milieu des bois pour ensuite devoir avouer son infidélité et revenir "la queue entre les jambes".
Dormir avec Eliance.
Ce n’était pourtant pas grand-chose.
Juste s’allonger à côté de sa femme et fermer les yeux dans la pénombre d’une chambre pour ne les rouvrir qu’aux premières lueurs de l’aube et ainsi de suite.
Je savais qu’elle comptait sur moi. Pourtant même dormir avec elle je me demandais si j’en serai capable.

J’allais le faire. Je marchais vers son auberge d’un pas décidé, je m’étais changé et lavé, fraie comme un gardon.
C’est stupide d’avoir peur de dormir avec sa femme. Une situation bien cocasse encore.
Les marches qui menaient à l’étage furent gravis rapidement arrivant devant une porte en bois. Le dernier obstacle me séparant encore d’Elle.
Une longue goulée d’air aspirée et la porte fut poussée, mon regard détaillant la pièce pour finalement se poser sur ce qui faisait sa lumière.
Même avec l’ombre de la mort planant au-dessus d’Elle, Elle ne pouvait qu’être belle. Étrange comme la mort, au lieu de gâter son teint le rendait beau.
Elle ressemblait, en cet instant à ces femmes qui posent avec un regard mélancolique sur des tableaux, elles sont belles mais ont quelque chose de dramatique.
Ses yeux avaient perdus de leur éclat, il n’était plus que le pâle reflet de son âme. Parce qu’Elle n’était plus que cela : une âme tourmentée rongé par la douleur et les regrets d’avoir misé sur le mauvais mari ?
Je ne pourrai jamais la blâmer de maudire le jour où nos chemins c’étaient croisés.

Ou serai-je en ce moment si nous ne nous étions pas rencontrés ?
Probablement dans les bras ou plutôt entre les cuisses d’une femme bien faite, le teint rosé, les lèvres pulpeuses et pas trop bavarde.
Étrangement je ne regrettais pas l’endroit où je me trouvais, même si j’avais l’impression d’être de trop dans cette chambre je ne pourrai en partir. Parce que j’avais besoin d’être auprès d’Elle.
Après ce qui me sembla être une éternité, je me décidais à rompre ce silence qui nous entourait.

Bonsoir Eliance, j’espère que je ne suis pas trop en retard et que vous n’êtes pas trop lasse.

Et maintenant que faire ?
Nous n’allions pas passer la soirée à nous regarder dans le blanc de l’œil ?
Décidé, je m’avançais vers elle, après une courte hésitation, me baissais pour déposer un léger baiser sur son front avant de m’assoir près d’elle et de reprendre :

J’espère que votre technique marchera, vous avez vraiment besoin de vous reposer…

Les dés étaient jetés à l’avenir seul de décider de la suite que prendrait les choses, ils étaient tous deux à un tournant de leur vie qui pouvait, les réunir à nouveaux comme les éloigner à tout jamais.

_________________
Eliance
En Auvergne. C'était en Auvergne. Quelque part. Elle ne saurait dire où précisément. Un petit village perdu au milieu de nul part, où trouver un semblant de curé avait été la mer à boire. Surtout un qui accepte de se plier à leurs conditions. C'était pourtant simple : s'unir, sans témoin, sans fête, sans trop de Très-Haut, rapidement réunir deux destinées. Pourtant, cette simplicité avait l'air de chagriner les tonsures les plus pieuses. À l'exposé des exigences, les religieux devenaient écarlates, suants et se mettaient à postillonner avec vigueur l'infamie qu'on leur demandait d'accomplir. Pour peu, ils les chassaient à coup de pieds hors de leurs sinistres églises. Et puis ils étaient tombés sur ce vieux curé, un peu sénile, à la mémoire un peu gâtée, au sourire édenté, au froc troué, mais qui n'en reste pas moins un curé.

Les choses s'étaient déroulées comme souhaitées. Seuls avec le vieux. Qui d'autres aurait pu être présent. La famille de la Ménudière, qu'elle a reniée et fui ? La fratrie infernalement timbrée de l'Italien ? Les amis qu'ils n'ont pas ? Pour eux, l'un et l'autre se suffisaient à eux-même. Ça avait été une sorte de mariage préhistorique, comme les Hommes devaient faire dans les premiers temps de l'humanité, nu, dépouillé, où seul l'alliance compte. À quoi bon rameuter du peuple, faire tout un foin pour une affaire personnelle. Le vieux avait débité des phrases sans queue ni tête, tout joyeux d'être utile à des jeunots, qui se contentaient, eux, de se faire face en essayant d'intégrer tout l'engagement que ce qu'ils vivaient alors impliquerait pour l'avenir. Certains diraient qu'ils se sont précipités, mariés trop vite. Eux ont eu l'impression de prendre leur temps. Et puis à vrai dire, la Ménudière ne s'y attendait pas franchement à ce que l'Italien veuille en faire sa femme officiellement, en faire une Corellio.

Ce jour-là, un lien s'était tissé entre eux, devant ce vieux, absurdement gai et ahuri, une sorte de cordon ombilical qui insuffle la vie les rassemblait désormais.

Un témoin s'était quand même invité à la noce à l'improviste. Un mioche qui cherchait sa mère était venu s'asseoir au fond de la bâtisse. Le pleurnichard devait être le mieux paré de tous, d'ailleurs. Le curé, avec son allure sale de clochard, et les mariés, dans leurs habituelles frusques poussiéreuses de vagabonds, avaient pauvre mine comparé au gamin richement vêtu de blanc.
Un enfant noble, témoin de leur union. Un comble, et peut-être un mauvais présage.

                      ***

Le discret frottement des gonds de la porte tire la Ménudière de ses pensées. Laissant de côté ses souvenirs, elle se relève quelque peu, s'appuyant sur ses coudes pour contempler le visiteur, aucunement surprise quant à son identité. Il s'est arrêté, immobile. Elle n'est pas plus active, portant toute son attention sur lui tout en se laissant imprégner par l'apaisement produit par sa présence. Un paradoxe que celui qui l'apaise soit le même à l'origine de ses tourments. Le silence est abandonné au bout de quelques instants par les paroles malhabiles habituelles à l'italien. L'incongruité de ce qui est dit étire les lèvres blafardes de la Ménudière. Cet homme, devenu si imposant loin d'elle, à la stature nouvellement guerrière, pourrait la protéger comme la briser. Elle ne sait plus si elle est capable de pardonner, d'oublier, encore, mais à cet instant, elle ne pense qu'à ce qu'elle voit, cet homme fier et penaud à la fois, venu pour elle, seulement pour elle.


En retard ?

Elle se redresse tout à fait dans un geste lent, assise à présent sur le lit.
L'envie de répondre qu'il est en retard de quelques semaines voir de quelques mois la titille. Mais elle s'abstient en pinçant sa lèvre entre ses incisives, sentant que les reproches n'ont rien à faire dans la chambrée ce soir-là.


Si l'épuisement me rendait le sommeil, ça s'saurait, l'Italien.

Les lèvres masculines effleurent son front au moment où ce dernier mot est dit, échappé plus que prononcé sciemment. Des semaines qu'elle ne la pas appelé ainsi. À peine si elle a osé l'écrire dans leurs dernières lettres échangées. L'Italien. Un sobriquet fort commun pour la plupart qui l'entendraient. Mais pour elle, ce mot est chargé de tendresse. C'est donc doublement gênée par l'aveu enfui et la promiscuité physique que ses joues se colorent, donnant un peu de vie à son visage blême. Ses yeux accompagnent l'époux qui s'assied à ses côtés, le suivant avec une sorte d'appréhension et de curiosité, ces mêmes sentiments qui font pulser le sang un peu plus vite que de coutume lors des premières fois. Ce soir-là, c'est bien l'agitation d'une première fois qui l'habite. Sa vie avec l'Italien est une suite sans fin de premières fois, qui succèdent toujours aux tourments. Ils doivent avoir l'air de deux gamins embarrassés, assis côte à côté sur le bord de ce lit, se regardant dans le blanc de l’œil, les gestes et les paroles retenus pudiquement.

L'idée de lui demander qui garde les jumeaux effleure un instant son esprit. Elle songe aussi à le questionner sur sa journée passée, à s'enquérir de savoir si il a fumer, ce soir, avant de venir, s'il a des nouvelles d'Ayla. Mais tout cela lui semble bien frivole.


On dit qui faut tester pour savoir si ça marche, non ?

Elle voudrait s'approcher de lui. Elle voudrait le sentir contre elle. Seulement elle ne fait rien de tout ça, se laissant simplement glisser en arrière, retournant dans la position dans laquelle l'Italien l'a trouvée un peu plus tôt. Une timide invitation implicite à ce qu'il fasse de même. Comme une première fois, elle est un brin anxieuse, craintive de brusquer les choses, de se brusquer elle-même. Se jeter dans ses bras à ce moment précis la ferait passer pour une faible. Même dans son état, elle ne peut pas se permettre de se montrer vulnérable. Il n'aimerait pas. Elle doit rester forte, indépendante. Elle, qui pensait réussir à ce que chacun garde un semblant de liberté s'est enfermée dans ce tourbillon infernal, amadouant par la même l'italien qui pourtant a le sang chaud des chevaux sauvages. Elle pourrait regretter, elle pourrait rêver d'une autre vie, mais elle ne sait pas laquelle. L'Italien, lui, aurait aimé clairement une vie sans mouflets, sans femme, même. Elle ne sait pas, n'y songe pas. Elle s'est persuadé que quoiqu'elle fasse sur cette terre, elle souffrirait. Ce mari ne la bat pas, l'aime. C'est l'essentiel, n'est-ce pas ? Le reste est futile. Et puis elle ne pense plus. Elle n'a plus la force. Seuls les souvenirs parviennent à son esprit ces derniers temps, passant ainsi une bonne partie de ses journées à rêvasser.

J'voudrais pas qu'ça vous empêche de dormir, vous. Faut pas qu'vous m'attendiez, hein. Si l'sommeil vient, laissez le faire.

Ses mots sont accompagnés d'un doux sourire. Comment pourrait-il en être autrement ? N'est-ce pas le rôle d'une épouse de s'inquiéter de son mari ?
Elle sait que quoi qu'il arrive, cette nuit ne sera pas gâchée. Il sera là, avec elle. Rien ne compte plus, étreinte qu'elle est par la peur de le revoir partir, encore.
Diego_corellio
Alors que je suis maintenant assis près d’elle, les réponses à mes questions arrivent dans la foulée.
Je sens comme une pointe de reproches, d’agacement dans sa voix et ne peux, une fois encore l’en blâmer. Cette délicate lèvre sur laquelle elle s’acharne, cette chaire si tendre agressée par des dents acérées en témoignent.
Cette vision me trouble plus que je ne voudrai l’avouer, j’ai envie de la mordre cette putain de lèvre !
De plus surpris par les pensées qui me traversent, j’essaie de me concentrer sur ses mains. C’est peine perdu même cette partie de son corps m’attire aussi. Humm bizarre...

Bordel qu’est ce qui m’arrive ?! Ce n’est pas comme si ça faisait longtemps que j’avais touché une femme… Quoi qu’en y réfléchissant bien … Ça commençait à faire.
Putain Diego ressaisis toi merde, tu es la pour dormir mon vieux ne l’oublie pas, DORMIR !
Je sais que tu as du mal avec la signification de ce mot mais fait un petit effort pour elle, tsss je t’avais dit que tu aurais dû aller faire un tour au lupanar avant d’aller la voir mais tu m’as pas écouté, et maintenant t’aurais pas envie de lui sauter dessus et de lui arracher ses frusques !
J’ai toujours raison !


En plus de mes pulsions que je me bats pour réfréner je n’arrive pas à faire taire ma satanée conscience qui ne veut pas la boucler ! Décidément c’est ma fête ce soir.
La rousse se couche sur le lit.
Un message subtil encore ?
L’autre dans ma tête saute sur l’occasion pour ajouter son grain de sel en disant d’un ton moqueur :

Elle ne compte pas dormir habillée quand même ? Nan parce que toi tu dors à poil d’habitude alors si tu restes avec tes vêtements tu vas crever de chaud mon pauvre… Fin’ moi j’dis ça j’dis rien ….


J'ai bien envie de répliquer à ma conscience qu'elle n'a cas rien dire mais j'aurai l'air stupide de me parler tout seul...
J’avoue que je donne cependant raison à ma conscience je vais mourir de chaud avec ma chemise, déjà que quand je dors tout seul je meurs alors avec la rousse à côté je fini rôti avant la fin de la nuit !
Du coup au lieu d’imiter son geste et de m’étendre à ses côtés, je me lève pour retirer mes bottes (y en a qui dorment en bottes, bah moi pas .. !) ainsi que ma chemise et ce sera tout pour ce soir car même si elle m’a vue nu je ne veux ni l’effrayer ni la gêner, c’est donc seulement vêtu de mes braies que j’ouvre la couette pour lui intimer de se glisser entre les draps froid pour ensuite faire de même en prenant bien garde à ne pas la toucher ni même l’effleurer.
Un mot qu’elle vient de prononcer atteint mon cerveau et mon cœur comme une flèche, « l’italien », rien de significatif, un simple mot et pourtant pour moi chargé de sens, car c’est comme cela qu’elle m’appelait avant, avant que je ne la quitte avant que je ne parte.
Avant.

J’ai la désagréable impression depuis que je suis revenue d’être un adolescent à la puberté qui ne sait pas vraiment sur quel pied danser avec une jeune vierge effarouchée, une drôle de sensation que de revivre ses années passées !
J’entends ma conscience se foutre de moi alors que j’essaie de me souvenir de comment je faisais à l’époque pour ne pas trop stresser et ne pas trop merder.
J’devais assez bien m’y prendre pour ne pas qu’elles partent en courant. En tous les cas mieux que maintenant.
Je me surélève sur un coude pour pouvoir observer son visage éclairé par la faible lueur de la bougie, les ombres de la flamme dansant sur ses pommettes saillantes. Elle me parle mais c’est comme si je ne l’entendais pas ; je bois ses paroles anodines pourtant elles rentrent par une oreille et ressortent par l’autre sans en imprimer la moindre trace dans mon esprit trop fasciné par la contemplation de ses lèvres qui bougent en rythme, de la lumière qui joue sur son visage et par le doux sourire qui étire ses lèvres.
Putain je vais craquer si je continue à la regarder comme ça.
En plus elle a parlé et je crois que je suis sensé répondre quelque chose sinon je vais passer pour un con, maintenant reste plus qu’à se souvenir ce qu’elle a dit, parce que je suis un homme et qu’en étant de ce sexe nous n’avons pas été avantagés par la nature, en effet nous ne sommes pas capable de faire deux choses à la fois, donc ce n’est pas totalement de ma faute si je n’ai écouté que d’une oreille distraite ses paroles, j’étais trop occupé à la regarder.
Des bribes de la conversation me reviennent, en même temps qu’une réponse passe mes lèvres sans le consentement de mon esprit.

Moui fin’ bon je préfère attendre que votre respiration se fasse régulière, histoire que je sache que vous DORMEZ enfin et n’essayez pas de m’entourlouper je le saurai si vous dormez ou non !
Et maintenant dodo, parce qu’à force de blablablater il sonnera matines que nous n’aurons pas fermés l’œil de la nuit.


La bougie est soufflée, pour faire régner en maitre l’obscurité dans la chambre. Plongé ainsi dans le noir mon visage se détend de n’être plus être exposé au regard de la rousse.
Pourtant je ne peux me soustraire à la chaleur que dégage son corps près du sien, à son souffle irrégulier, à son odeur familière, à sa présence qui emplit la pièce.
Elle est Là.
Pour moi la nuit risque d’être longue, car je sais que je ne pourrai dormir avec elle…

_________________
Eliance
Le noir. La pénombre la plus totale a envahi la chambrée. Ce n'est pas qu'elle la redoute comme les enfants, mais l'obscurité n'est pas pour la rassurer. Ce soir pourtant, elle l'accueille comme une délivrance, soulagée de se soustraire au regard inquisiteur de l'Italien, de ne plus sentir sur elle ses prunelles sombres qui la dévisagent sans vergogne, sans détour. La manière qu'il a de la fixer l'a mise mal à l'aise, troublée par le regard envoutant braqué sur elle. Mais elle est loin d'imaginer les pensées qui traversent la cervelle masculine à cet instant, sans quoi elle lui aurait fait sans aucun doute manger ses ardeurs. Allongée droite comme un "I" aux côté de l'italien, elle n'ose pas bouger, même un petit doigt, et, les pupilles ayant perdu tout pouvoir dans ce vide sidéral, les autres sens se réveillent les uns après les autres. Malgré sa longue chemise, la chaleur dégagée par l'Italien parvient jusqu'à sa peau, l'englobant tout à fait dans une sorte de cocon protecteur – un vrai feu de la Saint Jean, ce mari ! –, le parfum familier de sa peau parvient à ses narines, les mots viennent chatouiller ses oreilles. Toutes ces choses qui font qu'on reconnaitrait entre mille la personne aimée refont surface. Tout son être est concentré sur cet homme, couché à côté d'elle.
Sa voix se fait plus douce, s'accommodant du silence et de l'ambiance de la pièce.


D'accord. Pas d'entourloupes. Mais venez pas vous plaindre demain si vous avez pas fermé l’œil à attendre que je ronque.
Bonne nuit... l'Italien...


Ce mot, encore. Ce mot, qui met son âme à nu en s'invitant malgré elle entre ses lèvres, la trouble profondément. Pourtant, elle pourrait le répéter facilement à l'envi. Elle aime le prononcer. Elle aime sa couleur. Sa signification.

Le silence s'est installé dans l'air, seule la respiration du feu de joie troublant l'atmosphère, et peut-être la sienne, plus chétive. La Ménudière essaie de suivre les instructions données tantôt et ferme les yeux. Des semaines qu'elle n'a pas dormi réellement, et ce n'est pas dans cette position aussi confortable qu'un caillou qu'elle y parviendra. Elle se tourne dans un mouvement un peu brusque, agacée de ne pas arriver à faire une chose aussi naturelle et simple que pioncer, se mettant en boule sur le flan, dos à l'Italien. Dans l'action, ses pieds heurtent, ou plutôt effleurent les mollets italiens. Aussitôt, la gêne réapparait, plus forte encore que précédemment, accompagnée d'un murmure.


Pardon...


Pourquoi diable s'excuser d'une telle chose ! Cette situation absurde n'est plus tolérable. La Ménudière s'agace, fulmine intérieurement devant tant de sottises. Il est là, revenu. Pourquoi ça devrait être compliqué ? Pourquoi ça pourrait pas être comme avant ? Pourquoi s'imposer cette torture, cet éloignement ? Comme si ça avait pas assez duré !

Dans un mouvement rotatif brusque et pas très réfléchi, la Ménudière se retrouve contre l'Italien, le visage collé contre son torse nu, un bras l'enserrant simplement, une jambe l'imitant et s'incrustant même sur les siennes. Aussitôt installée, elle se sent bien. Un soupire s'échappe même de sa gorge, marquant le tournant de cette soirée, le retour de l'avant. Les yeux sont fermés à nouveau, accompagnés d'une mine rassurée, sereine, cette fois.

Dormir, ne pas y arriver. Peu lui importe. Il est là. Elle se sent bien. Il ne partira pas ce soir.
Diego_corellio
Je suis au bord du lit prêt à tomber, faisant un effort surhumain pour ne pas la toucher. Pas par dégout ou quoi que ce soit de cet acabit non, plutôt par peur de l’effrayer et de m’en prendre une.
De tout gâcher encore une fois.
Alors je ne fais rien je reste allongé sur le dos raide comme un piquet à « souffrir le martyr ».
En même temps je trouve que c’est une assez bonne punition, que de devoir être si près et pourtant n’avoir le droit que de respirer pas même l’apaisement de pouvoir fermer l’œil.

J’en viens à me demander si elle ne l’a pas fait exprès pour me faire payer mon départ. Si cette histoire de dormir avec quelqu’un n’est pas un moyen détourné de m’en faire baver. Pourtant bien vite je renonce à cette idée, il n’y a que ma sœur pour inventer des trucs aussi subtilement douloureux et torturés.

Soudain un pied glacé vient heurter ma jambe, immédiatement je me raidi encore plus que ce que je ne suis déjà ; un corps tendu.
Je suis sûr que je suis tellement tiré et tendu que demain matin j’aurai pris trois centimètres !
Elle s’excuse de m’avoir touché.
Heureusement que je n’ai pas pris l’initiative qui me trotte dans la tête depuis un bon moment déjà, à savoir passer mon bras autour de sa taille et l’attirer contre moi pour dormir ainsi, son dos reposant contre mon torse. Sinon elle m’aurait remis à ma place et en vitesse en plus.

Elle n’arrête pas de gigoter, de se tourner et se retourner façon « crêpe » elle est en train de me rendre cinglé à bouger autant surtout que je ne suis qu’a un poil de fesse du bord donc trop de secousses et je me retrouve les quatre fers en l’air.
Là pour le coup j’aurai vraiment l’air con !
Puis brusquement elle se retourne manquant de me dégager du plumard et vient se lover contre moi, son bras et sa jambe passés autour de mon corps me faisant une véritable prison de ses membres maigrelets.
J’avoue que sur le coup mon premier réflexe a été de me raidir puis de la serrer contre moi avec ferveur, en une sorte de parole muette pour lui démontrer, lui dire que je ne veux la lâcher, plus jamais.
Je ne relâche mon étreinte qu’au bout de quelques minutes me rappelant la fragilité dont elle fait cas depuis peu, me demandant soudain avec anxiété si elle respire encore.
Je sens son souffle contre ma peau nu, me rassurant ainsi de ne pas l’avoir tué. Mes lèvres viennent effleurer son front en un chaste baiser, ma main se délectant du touché soyeux qu’offrent ses cheveux les lui caressant doucement.
Je sais qu'elle dort mais je murmure quand même contre ses cheveux :

Je vous aime

Mon corps n’a pas relâché la tension qui l’agite, elle est même plus présente que quelques minutes avant qu’elle ne se colle à moi.
Sa respiration devient régulière, m’indiquant que le marchand de sable a fait son travail en venant la chercher pour l’emmener ailleurs, au pays des rêves pour une douce nuit ou du moins je l’espère.
Bordel ce n’était pas des conneries ce qu’il lui a raconté le bougre !
Ça marche vraiment le truc de dormir avec quelqu’un.
Fin’ j’ai l’impression que ça marche à sens unique parce que ça fait un petit moment déjà qu’elle dort et moi je suis toujours bien éveillé à deux doigts de craquer.
Maintenant que le problème de savoir si je peux ou non la toucher est réglé je dois régler celui plus sournois qui s’appelle « pulsion sexuelles pour un homme au régime sec depuis trop longtemps » et j’avoue que la position dans laquelle elle nous a mis n’aide PAS DU TOUT.
Je prie juste intérieurement pour ne pas qu’elle s’en rende compte.
Au pire ce n’est pas bien grave c’est même plutôt flatteur je trouve, m’enfin je ne suis pas sûr qu’elle le voit comme ça.

Une à une la tension dans mes muscles se relâche peu à peu pour que je sois complètement détendu ou presque. Désirer quelqu’un sans pouvoir l’exprimer et une véritable torture, une petite mort mais il faut que je me résigne et dorme avec.
Me voilà donc en train d’essayer de me soustraire à lui en pensant à des animaux, puis à de la bouffe et enfin j’ai l’idée du siècle qui me frappe de plein fouet !
Penser à une grosse bonne femme puante et laide au possible avec des verrues des poils, pleins de poils…

Et…
TADAM !
Me voilà totalement apaisé de PARTOUT, prêt à sombrer dans les bras de la belle Morphée.
Dix, Quinze, quarante minutes s’écoulent (oui parce que je les compte) et j’ai toujours les yeux grand ouvert.
Pourtant ce n’est pas faute d’avoir envie et d’avoir essayé.
Les premières dix minutes j’ai compté les moutons, ensuite j’ai essayé de penser à un truc heureux sauf que rien n’y fait j’y arrive pas.
Je ne sais pas combien de temps s’écoulent après ces pensées là mais le sommeil finit par m’emporter, loin d’où je me trouve, dans un univers proche de celui-ci.
Enfin nous dormons.
Tous les deux.
Et pour y parvenir nous n’avions besoin que d’un facteur : l’autre.

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