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[RP] Auberge - Chambre 109

Eliance
RP ouvert à tous.
Bienvenue au patron inquiet, au voisin bruyant, à la femme de ménage, au frère insomniaque, au valet qui se trompe de porte pour livrer un message, au pervers qui suit les rousses jusque devant leur porte... Et tout ce que vous voudrez d'autres !


La chambre 109.

Une succession d'événements ont amené la Ménudière à échouer ici, dans la chambre 109 de cette auberge. Et pour un échouage, ça aurait pu être certainement bien pire. Elle passe d'une chambre misérablement bon marcher à une chambre plus que confortable et gratuite. Une vraie aubaine.
Pourtant, dans un sens, elle se serait passée de cette chambre, ou plutôt de ce qui l'a conduite à devoir demander de l'aide et atterrir ici. Elle pense à tout ça, allongée sur ce lit moelleux, la couverture remontée sous le menton, les yeux écarquillés par les idées qui fourmillent dans sa tête, inspectant le plafond, incapable de trouver le sommeil. Elle se serait passé de certaines choses, mais pas de toutes. Cette rencontre avec le chevalier propriétaire des lieux, elle ne regrette pas. L'homme est d'agréable compagnie, drôle quand il faut, curieux comme elle, c'est-à-dire parfois trop, et d'une perspicacité aveuglante et dérangeante. Trop curieux, sans doute, puisqu'il est parvenu à lui faire raconter les choses les plus intimes, les plus secrètes, les plus inavouables de sa misérable vie, tout en lui garantissant la non-divulgation inconditionnelle à la confession. La confiance est réciproque puisque lui aussi, lui rapporte des pans de son existence. C'est d'ailleurs ce qui l'a poussée à se raconter, à raconter ses faiblesses, ses tourments.

Et puis un malaise, en racontant certaines choses, certaines souffrances, trop dures à affronter, à entendre. Un malaise, où du moins quelque chose qui se déroule anormalement et dont elle n'a aucun souvenir, suivi d'une extrême fatigue. Cette fatigue lui coupe les jambes. D'ordinaire, Diego peut la raccompagner. Mais là, Diego n'est pas là. Seul Theodore. Alors elle se voit contraint de lui demander assistance. Et plutôt que lui faire traverser la ville à son bras, il lui propose une chambre, dans son auberge, à l'étage. Elle n'a pas vraiment la force de refuser. Elle ira chercher ses affaires dans l'autre plus tard. Mais comme souvent après une crise, elle ne trouve pas le sommeil.
Elle est perdue. Elle ne sait plus. Plus rien n'est claire. Tout est problème. Tout est souffrance.
Elle voudrait juste dormir. Pour ça, il lui manque une chaleur. Une présence. Et un esprit vide...

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Eliance
Deuxième nuit. Deuxième insomnie.

Pire. Voilà comment elle résumerait la situation en un mot.
Tout est pire. Tout empire. Rien ne va plus.

Avant, avant tout ça, avant d'arriver en Franche-Comté, avant de revoir son frère, elle trouvait du réconfort, quand elle était angoissée, en s'imaginant en haut d'une falaise. Son imagination la portait les pieds sur le bord, les orteils tutoyaient le vide. Le vent s'engouffrait dans sa tignasse, s’immisçait partout. Elle sentait le néant, devant. Et puis elle basculait. Lentement. Sûrement. Elle pénétrait dans ce vide rassurant. Cette liberté absolue.

Mais depuis la veille, tout a changé. Il a tout gâché. En s'incrustant dans ce moment, en lui faisant vivre la chose, en quelque sorte, il a changé le bon déroulement. Désormais, à chaque fois qu'elle essaie, elle ne saute plus pour trouver cette liberté. Enfin, si, elle saute, elle laisse ses pieds glisser en avant, effleurer l'air, être légers, mais elle retombe à chaque fois dans ses bras. Ses bras à lui. Elle ne vole plus. Elle ne sent plus le vent l'entourer, l'englober, la porter. Elle sent son sang la secourir. Ses bras protecteurs l'enserrer. Et à chaque fois qu'elle essaie de retrouver cette sensation qui la rendait sereine, elle échoue, se retrouvant toujours dans ses bras. Toujours. Inéluctablement. C'est ce qu'il voulait. Lui faire sentir qu'il serait toujours là.

Depuis, impossible de mettre ce qui la hante de côté. Les pensées les plus troublées l'envahissent, la harcèlent. Elle ne sait plus quoi faire. Elle ne sait plus comment faire. Se boucher les oreilles pour faire taire les voix, fermer les yeux pour ne plus voir les images qui défilent, se tapir dans un coin pour leur échapper. Rien ne fonctionne. Les angoisses sont là. Mais lui, où est-il ? Il aurait dû la laisser se débrouiller seule. À trop vouloir la protéger, il la fait souffrir. Comme les autres. Elle lui en veut... terriblement.

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Kachina
Le seul endroit où elle a un jour mis les pieds en Franche comté, c'était à Saint Claude. Ce jour là, la ville venait d'être prise et on les regardait de travers, elle et ses compagnons de voyage.

Elle y revenait aujourd'hui et c'était Dole qui avait vu la veille la longue file de cavaliers fourbus et harassés franchir ses portes.
Le Jok déteste dormir sous une toile et ils ont, allez savoir pourquoi, choisi cette auberge pour une halte, afin de laisser aux retardataires le temps d'arriver. Elle sourit en posant les yeux sur la missive reçue au matin, relit les quelques mots de l'italien , bien trop coquet à ses yeux .



je suis tombé de la charette! Le bourrique a rué un coup et je suis parti dans le décor.
Une chemise tâchée, des braies déchirées, j'ai plus qu'à me pendre! C'est affreux!
A


Et la Louve est là, à marcher sur ce plancher qui craque un peu, laissant à chaque pas la marque de ses pieds mouillés au sortir du bain . Ses mains viennent tordre la lourde masse sombre de ses cheveux , alors qu'elle contemple par la croisée ouverte sur un ciel magnifiquement bleu, un chat qui se dore au soleil sur une pierre dans la cour intérieure. L 'eau chaude a dénoué ses muscles noués et elle se sent détendue et heureuse alors que règne encore dans la pièce un léger parfum de jasmin.

La Comté....tant de questions se pressent dans sa tête : s'y plaira t-elle ? Est ce qu'encore une fois ils poseront bagages pour repartir dans quelques mois, déçus et désabusés ? Est ce que l'appel des chemins ne sera pas toujours le plus fort ? Les amandes couleur fougère ne quittent pas du regard le félin qui s'étire.

Ils l'ont décidé, l'été sera comtois. On lui a tant vanté cette terre au climat rude mais aux paysages magnifiques et sauvages. Et puis tous ceux du clan qui ont combattu dernièrement par ici, ne parlaient que d'y retourner. Alors elle apprendra à l'aimer.
La Bourgogne s'éloigne chaque jour un peu plus, ils y retourneront pour y chercher le bâteau et voir si les agneaux ont grandi et si leur laine sera belle.

Tendant le bras, elle attrape la chemise de percale fine et blanche ,négligemment posée sur le coffre de bois et l'enfile, savourant le plaisir d'oublier pour un temps les lourds lainages et autres frusques de l'hiver.

Elle aime ces instants là, où tout est à découvrir, à refaire. De toute façon, ils l'ont un jour décrêté : ils seront chez eux partout, où ils le décideront.

Posant ses fesses sur le banc, elle tire sur le bas fin qui vient gainer une de ses jambes.
Elle n'a ni titre, ni fortune, mais l'ancienne tisserande qu'elle est, sait dénicher des merveilles sur les étals des artisans locaux. D'ailleurs, Atro la supplie depuis quelques jours de lui apprendre à a tailler, assembler les étoffes. Et même le Bossu rêve de coudre corsages et fanfreluches. Un léger sourire vient animer le visage aux traits tirés par la nuit passée à chevaucher sur des sentiers inconnus.

Ils rêvent d'une pause et dans quelques temps hurleront qu'ils s'ennuient. C'est comme ça qu'elle les aime. C'est comme ça qu'elle est, elle même.

Elle a un peu de temps à elle. Boulvay est reparti déjà, bien trop occupé par le clan. Alberade est partie au marché et l'enfant dort tranquille, fatigué lui aussi du voyage. Avec des gestes tendres, elle le recouvre et vient effleurer la joue du petit qui sourit dans son sommeil. C'est fou comme elle l'aime !

Elle a des courriers à écrire, ils en ont laissé derrière eux, et elle s'installe à cette table , tire de sa besace son nécessaire à écrire et pousse un juron en s'apercevant que l'encrier est vide :


- Foutre Dieu !

Elle rassemble en hâte sa tignasse en un chignon lâche enroulé sur la nuque, enfile une jupe de toile légère et quitte la chambre, pieds nus, n'osant s'éloigner trop à cause de l'enfant. Quelques bruits dans la chambre voisine de la leur lui font penser qu'elle est occupée. Vaille que vaille, elle tente le coup, espèrant juste ne pas déranger un couple en plein ébâts. Et ses doigts fins viennent tambouriner à la porte.

TOC TOC !

- Oh là ! Il y a quelqu'un ? J'aurais juste besoin d'un peu d'encre s'il vous plait ?

Et là tout peut arriver, soit la porte reste close, soit elle voit surgir un soudard à moitié ivre qui lui cherchera des noises, soit elle trouve une bonne âme qui voudra bien l'aider sur ce coup là.
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Eliance
Dormir. Une activité nocturne fort anodine.
Le soleil est haut dans le ciel et pourtant, la Ménudière pionce comme un loir, enroulée dans sa couverture. Le sommeil est revenu. La falaise est revenue. Telle qu'elle était avant. Identique. Toujours aussi rassurante, libératrice. Il aura suffit d'une idée, en l'air, probablement peu sérieuse, sortant de la bouche du chevalier. Idée que la rousse aura appliquée à la lettre, soucieuse de rétablir le bon ordre dans tout ce bordel neuronal. Un saut. Une chute. Un nez enflé et une lèvre fendue, c'est bien peu payer pour récupérer sa falaise. Un saut idiot, certes. Mais idiotement efficace. Et puis il vaut mieux tomber de tout son long du haut d'une table que d'une falaise. Son frère ne comprend pas ça. Peu lui importe. Elle ne regrette pas de l'avoir fait. Et pour cause, elle a retrouvé cette sensation de liberté, avant de s'écraser la tronche par terre. Elle se sent apaisée. Mieux. Beaucoup mieux. Elle s'en endormit comme si de rien n'était, la veille, et rattrape ce qu'elle n'a pas dormi depuis deux jours.

Elle dort, c'est tout.
Enfin, elle dormait, jusqu'à ce qu'un tambourinage lui fasse entrebâiller les yeux. Il aura fallu un sacré raffut, même, pour la tirer de ses rêves. Elle a le sommeil d'une enfant dans ces cas-là. Inréveillable. Les yeux à peine découverts de paupières se font agresser par une lueur du jour féroce qui oblige la Ménudière à plisser le tout dans un bougonnement de mécontentement. Le buste est redressé, les jambes assurées, elle peut se lever. Enroulée dans la couverture, elle s'avance vers cette fichue porte qui a décidé de se transformer en réveil-matin, la mine chiffonnée, contrariée, endormie, le tout encadré par une masse informe de boucles et mèches ambrées entortillées et paraissant avoir danser le gigue toute la nuit.
La porte est ouverte juste un peu pour laisser paraître son museau, puis la bouche pâteuse peine à prononcer les quelques mots qui suivent.


    Voulez quoi au juste ?
    Vous avez vu l'heure ?

L'heure ? Aucune idée en fait, ni depuis combien de temps elle dort, ni de quel jour on est, ni d'où elle se trouve.
La réveiller, c'est toujours trop tôt.

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Kachina
Une femme....C'est une femme qui ouvre la porte, de ce côté là tout va bien. Elle n'aura pas droit au rustre de service ni au soldat vindicatif. Jolie, c'est le premier mot qui vient en tête à Kachi..........Jolie enfin si on oublie ce visage chiffonné qui semble sortir du sommeil et le fait qu'elle semble avoir s'être pris une rouste dernièrement.

La Louve affiche un large sourire amical et incline la tête dans un salut alors qu'elle renouvelle sa demande , feignant de ne pas remarquer le visage tuméfié . Elle vient de toute évidence de tirer la jeune femme du lit . Et si derrière elle surgit une brute épaisse du genre de ceux qui battent leur femme, foi de Kachi, elle le tue.


- La journée est belle, c'est un crime de rester au lit. Le ciel est d'un bleu si pur.

Elle abreuve la jeune femme de paroles comme à son habitude, et débite d'une traite :

- Kachina ! je suis Kachina de Fragon, de passage à Dole, j'ai juste besoin d'un peu d'encre.

Elle cherche de la main son escarcelle à sa ceinture avant de réaliser qu'elle n'a pas pris la peine de l'attacher avant de sortir.
Non loin, provenant de la chambre voisine, un petit bruit lui rappelle l'enfant qui dort, seul . Elle doit faire vite.
Ses amandes couleur fougère viennent accrocher les prunelles sombres qui lui font face .
Il y a dans ce regard là qui la toise, tant de choses que la Brune en oublie d'un coup l'encre et les missives pour s'intéresser à la Belle au visage abimé.
D'un geste , elle désigne la lèvre fendue et le nez enflé, et son visage se ferme, devient sérieux quand elle prononce d'une voix douce :


- Qui vous a fait ça ?
Voulez pas venir dans ma chambre en parler ?
Vous apportez l'encre et moi je vous fait gouter à un armagnac fabuleux. Hum ?

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Eliance
La raison de ce réveil brutal se présente devant elle, en chair, en os et... tout en paroles. En voyant une femme, somme toute inoffensive, la Ménudière a ouvert un peu plus grand la porte. Elle le regrette aussitôt que les mots viennent heurter ses tympans encore endormis comme une nuée de moucherons viendrait s'écraser sur une vitre. Une grimace discrète se dessine sur son visage. Ses yeux, toujours plissés par la lueur du jour, ne lui permettent pas d'examiner plus précisément la créature. Mais pour l'entendre, elle l'entend. Ça, aucun soucis.
    Le crime, c'est-y pas d'réveiller quelqu'un qui a pas dormi d'puis deux jours ?
La chose est murmurée, marmonnée. Puis une main vient frotter une paupière, dans l'espoir de la motiver à s'ouvrir un peu plus. La deuxième main imite la première. Action pas inutile, puisque ça permet à l'endormie d'y voir un peu plus clair, au final. Ça lui permet aussi de remarquer que la créature en face d'elle a l'air plus qu'aimable, pensant pas forcément à mal en tambourinant sur sa porte tantôt. Notre rousse, pas si sauvage que ça quand même, se reprend donc une constitution convenable, se redressant un peu, étirant un vague sourire sur ses lèvres, avant de lui répondre du ton le plus cordiale qu'elle puisse sortir dans de pareilles circonstances.
    Eliance... Corellio.
Une hésitation se fait sentir sur le nom à prononcer. Mais la question étant trop matinale et trop inappropriée, elle préfère la reporter à plus tard. Et puis la brune s'en fiche bien, de son nom. Elle est pas là pour ça. Du coup, la Ménudière lâche sa porte et attrape l'encrier posé sur le bureau, non loin de la porte. Elle se serait bien passée de la question suivante. Son encrier à la main, elle reste pantoise.
    Si j'vous dis que c'est personne, que j'suis tombée, vous m'croyez ?
Parce que pour le coup, elle ment pas. Elle ment jamais. Ou presque. Mais elle se doute que sa voisine de chambrée n'en restera pas là. Elle aurait sans doute réagit de la même manière, face à une femme amochée comme ça.
    J'dis pas non à d'l'Armagnac, tiens.
L'invitation est acceptée. S'expliquer et rassurer, pourquoi pas. Si c'est autour d'un verre, c'est encore mieux.
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Kachina
Un encrier contre un gobelet d'armagnac. Laquelle gagne au change ? tout dépend des missives à envoyer et tout dépend de la soif celle qui la suit dans sa chambre.

Du menton, elle désigne l'enfant endormi dans son berceau, avec ce sourire béât qu'ont les mères :


- Edouard-Royce, dit P'tit Boul, mon fils ! Je suis mariée et heureuse !

Et elle s'affaire à refaire le lit , tire sur les draps froissés, remet un peu d'ordre dans la pièce. Coutumière d'un désordre qui agace le Jok, elle tente de redonner à l'endroit un peu d'allure. Par la fenêtre ouverte l'air arrive, frais et parfumé d'odeur mélangées de fleurs des champs et de lard grillé avec du chou.

Elle se dirige vers le petit guéridon, débouche la flasque d'armagnac et en tend un verre à la jeune femme tout en répondant à sa question :


- Vous avez pas la tête d'une femme qui trébuche bêtement comme ça, Eliance !

Et son gobelet vient cogner celui de sa comparse dans un joyeux tintement. A nouveau les amandes interrogent . Sa voix vient briser le silence qui s'installe entre deux gorgées :

- C'est fort hein ? mais c'est foutrement bon ! Je viens du sud !

En fait, c'est tout ce qu'elle a gardé de sa terre natale, cet alcool ambré et chaud, ça et la couleur du ciel à nulle autre pareille et puis un chêne. Elle fait signe à son invitée de prendre place dans un fauteuil en velours, s'installe en face d'elle. Elle a toujours fonctionné à l'instinct, et cette femme là l'attire et l'intrigue à la fois. Kachi poursuit :

- Si c'est un homme qui vous a fait ça ......Tuez le.........Je peux même vous aider à le faire.....Parait que je ramollis ces temps derniers !

Un regard sur le fourreau de cuir souple contenant ses deux dagues, qui traine sur le coffre et son ton s'adoucit quand elle termine :

- Les hommes vous font grimper au 7ème ciel, parfois ils vous plongent en enfer ! Vous m'racontez ?
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Eliance

La porte de la chambre est simplement poussée, n'ayant pas grand chose à voler, la Ménudière ne craint pas les incrustes et se dépêche d'emboîter le pas à l'aimable dans la chambre d'à côté. Le chevalier avait raison, la 109 est la mieux. Celle-ci est moins spacieuse, mais tout de même jolie. La rousse prête que très peu d'attention au chiard désigné dans le berceau, tant qu'il dort, aucun soucis à l'horizon. Allez pas lui demander de trouver ça mignon, c'est pas dans ses cordes. Par contre, ses yeux se promènent avec curiosité sur la brune soit-disant heureuse en mariage, amenant une réflexion stupide à son esprit : « C'est donc possible... » Elle remarque d'ailleurs peu le désordre, trop occupée à se réveiller complètement pour pouvoir suivre la discussion qui s'annonce. Et puis pour elle, l'aspect d'une pièce n'a que peu d'importance, pourvu que la paillasse soit confortable. Le temps que la brune s'affaire, elle pose l'encrier sur la table, pour se débarrasser les mains et ainsi tirer un coin de la couverture avec chaque main histoire qu'on voit pas trop sa simple chemise qui la couvre. Elle prend le verre tendu bien volontiers. Elle regrette juste que la discussion ne tarde pas un peu plus. Elle aurait souhaité un peu de ménagement. Que l'aimable lui cause un peu pluie et beau temps, à nouveau. Mais la situation pourrait être pire, puisqu'elle enchaine par le sujet de la boisson. La Ménudière trinque, boit, apprécie le douce sensation qui descend dans sa gorge.
    Le Sud, j'connais oui, j'en viens...
Elle est partie pour s'étaler sur le sujet du Sud, raconter ses péripéties, les villes traversées, les gens rencontrés, mais non, l'autre ne l'entend pas de cette oreille. Elle a qu'à être plus vive aussi, avec son débit d'ensommeillée. Elle finit par s'asseoir docilement dans le fauteuil indiqué, rabattant les pans de la couverture sur ses jambes nues. Elle fait face à une femme, mais quand même, la rousse est pudique et a pas franchement l'habitude de se trimbaler comme ça. Encore une chose à laquelle elle aurait remédier avant de sortir de sa chambre avec un esprit un peu moins embrumé. Et voilà le sujet sensible remis sur le tapis. D'un air embêté, elle essaie de lui expliquer, tant bien que mal.
    Non, mais j'vous assure que j'me suis fait ça toute seule. Alors j'vais pas vous raconter des sornettes, dire que j'suis tombée dans l'escalier ou quoi, c'est un peu plus compliqué. Non. En fait, je suis monté volontairement sur une table et m'y suis laissée volontairement tombée.
Elle souligne bien l'aspect choisi et éclairé de la chose, pensant que ça puisse aider à rassurer l'aimable.
    J'suis mariée. Mais j'suis v'nu voir mon frère, ici. Et comme ils s'aiment pas trop, mon mari et mon frère... bon... ils peuvent pas se voir en fait... ben mon mari a fait que me déposer et est reparti. Voyez ?
    Mais donc, ça peut pas être lui qui m'ait fait ça. V'là plus d'une semaine que j'l'ai pas vu. Et voyez, ça, c'est tout frais.
Elle s'est peut-être pas fait caillasser la tronche cette fois-ci, mais si y a bien une chose qu'Eliance connaît, c'est les marques d'une femme battue. Comprenant que tout ça risque d'être quand même un peu flou, elle s'essaie à une explication poussée.
    Bon, pour tout vous dire, j'ai fait ça pour récupérer ma falaise. Vous savez, ce moment rassurant que vous convoquez quand ça va pas. Cette chose qui sort de votre imagination pour vous apaiser. Bon. Ben moi, c'est une falaise. Voilà. Et ma falaise, je l'avais perdu. C'était un moyen pour la retrouver.
Elle sourit la Ménudière, largement, sincèrement. Elle a parlé doucement, posément. Comme si la chose exprimée était évidente. Elle espère juste que l'aimable la comprenne. Elle aime pas faire faire du soucis aux gens. Elle espère juste avoir les propos moins embrumés que les idées du moment.
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Kachina
Folle.........la donzelle est folle. C'est tout ce qui lui vient à l'esprit quand elle lui parle de s'être jetée d'une table pour récupèrer une falaise . Les images défilent dans la tête de la Brune, alors qu'elle imagine la jeune femme s'éclater au sol tête la première volontairement. Elle se contente juste d'un hochement de tête, avant de porter son gobelet à sa bouche pour savourer une nouvelle gorgée d'alcool.

Une folle, avec de jolies jambes à en croire ce qu'elle a pu en voir , avant que la Belle ne se dissimule sous la couverture. Heureusement que le Jok est absent, elle n'aurait pas aimé voir le Brun loucher sur les formes de la jeune femme.

Le chat a changé de place, il a cherché un coin d'ombre. Le soleil est haut à présent et la Louve songe à tous ces paysages à découvrir par ici. Encore un nouveau départ, et cette mission à terminer.


Folle, pas tant que ça. On a tous un endroit où on se réfugie. Elle a eu longtemps une grotte où elle courait quand tout allait de travers. Une falaise vaut bien une grotte après tout.
Et aujourd'hui, sur ces terres inconnues, c'est la chaleur des flancs de son étalon qui la réconforte quand elle chevauche à brides abattues les jours sans bleu. Le visage fin s'éclaire d'un sourire quand elle lance à son tour :


- En Comminges, j'ai une grotte cachée derrière une magnifique cascade. Je vois pour la falaise et vu que je suis loin, je l'imagine aussi en pensée parfois ma grotte. Mais bon, c'est pas parce que je suis loin du sud que je vais me lancer à l'eau quand tout va mal, voyez ?

Et soudain elle comprend. La belle abimée, n'est pas folle, juste perdue. Le frère, l'époux...........partagée, déchirée......Elle ne peut s'empêcher de comparer sa situation à la sienne. Pas sur que Boulvay et Tynop s'apprécieraient s'ils se connaissaient . Et même si avec son blondin de frère, ce n'est pas le grand amour, Kachi commence à bien l'aimer . Kachi sait le mal de chien que ça fait, d'être déchirée et d'avoir à choisir. Elle poursuit afin d'en savoir un peu plus :

- Il vous a laissée seule ici, il vous manque alors vous vous évadez vers cette falaise. Et là, vous êtes à ce point malheureuse, que vous n'arrivez plus à la retrouver.

Elle songe aux paysages traversés depuis qu'elle a quitté la Bourgogne. Cette terre ici est si sauvage que ça ne doit pas manquer les falaises. Elle se lève, fait quelques pas dans la pièce avant de se tourner à nouveau vers sa compagne d'un instant :

- Trouvez en une nouvelle, une vraie ! ça épargnera votre nez, Foutre Dieu !

Elle aimerait lui dire : où alors changez d'homme ! Elle ne le fera pas, elles ne sont pas assez proches pour ça. Et puis c'est pas si simple. A nouveau, elle détaille discrètement la jeune femme, qui l'intrigue de plus en plus, et continue :

- Pourquoi ils se détestent au point que votre époux vous abandonne quand vous souhaitez rencontrer votre frère ?
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Eliance
Elle comprend. L'aimable comprend sa falaise. Elle comprend puisqu'elle a une cascade. Elle comprend, mais saisit pas toute la subtilité de la chose non plus. Va falloir que la Ménudière lui explique un peu plus.
    C'est comme si, quand vous imaginez votre cascade, vous ne parveniez plus d'un coup à voir l'eau qui tombe. Que votre cascade soit juste un gigantesque mur sec. Que l'eau ait disparu. Que la grotte ait disparu. Que tout ce qui fait que ce lieu vous rassure se soit envolé. Maintenant, imaginez-vous en crise, vous avez besoin de votre grotte en fermant les yeux. Vous feriez tout pour la retrouver. Vous pouvez pas vivre sans.
    Moi, j'ai besoin de ce vide autour de moi, de sentir mon corps voler, le vent partout...
La Ménudière s'interrompt, craignant que la brune finisse par penser la même chose que les autres et prononce ce mot pour la qualifier, ce mot qu'elle déteste.
    Il me manque, mais l'éloignement n'est pas ce qui blesse le plus, croyez-moi.
Sa voix est calme, apaisée par sa grosse nuit de sommeil. Elle peut à nouveau causer de tout ça sans paniquer. Parler de son frère, son mari, sereinement. Ou presque.
    Une vraie falaise ? Trop dangereux...
Elle n'en dira pas plus. Par contre, sur les histoires entre son mari et son frère, elle en a des tonnes à raconter.
    Mon frère se marie, alors voyez, mon mari veut pas gâcher la fête par sa présence. Mais moi, faut bien que j'sois là, tout d'même. C'est mon frère. La dernière fois qu'ils se sont vus, ils se sont disputés comme des chiffonniers et mon mari est parti sans rien me dire. Et parti loin... et longtemps...
Pour pas dire qu'il l'a quitté lâchement, qu'il a fui les soucis, pour se réfugier avec ses amis et l'opium.
    Alors on essaie de trouver d'autres solutions. Ils ont des caractères tordus, tous les deux... Rien n'est jamais simple...
Ce ne sont pas les rivalités entre les deux hommes de sa vie qui la tracassent le plus, mais bien la relation qu'elle a avec chacun. Mais comment dire ça ? Elle ne sait pas, elle n'ose pas, après tout, le dire à l'aimable. Elle doit juste la rassurer. Lui faire entendre qu'elle n'est pas battue, plus battue, et elle s'en ira.
L'encrier, d'ailleurs, elle repense à l'encrier.

D'un geste mou de la main, elle le pointe du doigt.
    J'vous ai posé l'encre, là. Comme ça, vous pourrez écrire facilement. Vous n'aurez qu'à me la rapporter quand vous aurez fini.

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Kachina
Imaginer que la cascade au flanc de la montagne, là bas à Saint Bertrand, n'existe plus, c'est tout simplement impossible. C'était son coin à elle, son refuge et chaque promenade matinale la menait là. Elle y a même parfois dormi.

Elle secoue juste la tête de droite à gauche pour dire non, sa cascade coulera toujours et la grotte sera toujours là, si un jour elle retrouve le sud. De toute façon, c'est si loin là bas, qu'il va bien falloir qu'elle s'en trouve une autre par ici. Puisque c'est par ici qu'ils vont vivre à présent.

Elle sourit à nouveau quand la jeune femme parle de se sentir voler et du vent.


- Je ressens ça quand je chevauche, l'espace, le rythme de l'étalon, sa chaleur et le vent qui vient jouer sur mon visage, dans mes cheveux ! La liberté Eliance....

C'est étrange, elle connait cette femme depuis quelques instants et pourtant, elle se sent proche d'elles. La Louve est réputée pour lire les runes et les âmes. Cette âme là est tourmentée mais ça ne la rend que plus belle.

Elle reste là, se cale un peu mieux au fond du siège, oubliant l'alcool qui se réchauffe dans le verre. Elle ne peut qu' être d'accord quand la Belle abimée lui dit que ce n'est pas l'éloignement qui blesse le plus. Et quand elle parle des dangers d'une vraie falaise, une image défile dans sa tête, celle d'une femme se jetant dans le vide pour aller s'écraser plus bas. Foutre dieu, non...Elle reprend la parole un instant :

- J'ai connu ça! Il est parti puis revenu ! C'était....

Un léger haussement d'épaules, parce que certaines blessures ne cicatrisent jamais, elle allait dire horrible, mais s'interrompt avant d'enchainer : Et puis, c'est moi qui suis partie et revenue ! A chaque fois, le vide me prenait toute entière !

Elle ne dira pas la joie des retrouvailles la seconde fois, ni les aveux qui ont suivi, l'amertume et puis le pardon. Cette femme en face d'elle n'a que faire d'entendre le bonheur et les peines d'une autre. Le belle au visage abimé est juste en souffrance. Perdue à ne plus voir en elle, cette falaise. Kachi lui sourit gentiment avant d'ajouter encore :

- Eliance, soit vous l'aimez et vous êtes sure de son amour, dans ce cas battez vous ! Dites lui vos peurs, vos peines . Apprenez lui à vous aimer ou prenez simplement plaisir à l'aimer.
Soit il n'est pas à la hauteur, et ne vous offre que déceptions. Dans ce cas, trouvez vous un amant. Oubliez le !


Elle dit n'importe quoi, parce que c'est pas si simple. Et puis le pire de tout, n'est -il pas de ne plus aimer ? Mais de savoir cette femme si belle, prise en otage par deux hommes surement bien trop égoïstes pour voir comme elle souffre, la met en rogne . Elle marmonne, mine maussade : Franchement, à vous en faire perdre votre falaise, ils ont du y aller fort. Où alors, vous êtes trop gentille, trop soumise. Trop amoureuse ?

Elle se tait. De quel droit donnerait-elle des leçons à cette femme ! En amour, chacun fait ce qu'il peut, vit ce qu'il a à vivre. La vie nous mène, là où elle veut. Eliance n'a rien d'une jouvencelle idiote et docile. Elle doit trouver elle-même son chemin. La Louve sait par expérience que les conseils parfois, fussent-ils de bonne volonté, ne font que noyer le poisson, masquer la réalité.

Son bras se tend pour saisir l'encrier, qu'elle attire plus près d'elle et son regard clair se lève à nouveau vers la Belle :


- Merci !

Mais c'est plus fort qu'elle. Elle ne peut s'empêcher de rajouter : Ils vous font souffrir tous les deux. Egoistement, surement. A un point que vous en perdez cette falaise. Changez les choses, Eliance ! Ne les laissez pas faire de vous une victime.

Elle se lève et va chercher son miroir , le présente à la jeune femme, tout en prononçant d'une voix douce mais ferme :

- Regardez vous ! Regardez ce qu'ils font de vous ! Une femme sublime, à la lèvre éclatée, au visage tuméfié. Vous méritez mieux. Bien mieux que ça !

Et voilà, elle ne voulait pas , mais la voici donneuse de leçons.....Pfff..
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Eliance
    La liberté...
Le mot est répété dans un souffle. L'aimable comprend. Elle ne la connaît pas ou peu, mais elle comprend sa falaise, elle comprend le vide, elle comprend la liberté. Elle comprend parce qu'elle en a besoin, comme elle, de cette sensation. Le sourire qu'elle lui adresse est un plein de confiance, comme elle n'en fait que rarement. Un qui dit qu'elle ne se méfie plus, qu'elle est bien, qu'elle peut tout dire, tout entendre, ou presque.
    Chevaucher... c'est une idée, tiens... j'y ai jamais pensé...
Elle n'y a jamais pensé et ne sait pas trop pourquoi, à part que sa falaise lui apporte quelque chose d'irrémédiable qu'aucun canasson ne pourra représenter. Un quadrupède ne tue pas, ne libère pas. Pas comme ça. Une falaise, si. Voilà la raison. La raison inavouable du frisson qui la parcourt quand ses orteils frisent le néant, quand son poids bascule dangereusement d'avant en arrière.
Le verre est porté aux bords des lèvres, l'Armagnac glisse, réchauffe, l'éloignant un peu de sa falaise, la ramenant, là, dans ce fauteuil, avec la brune pour compagnie.

L'aimable fait plus que comprendre. Elle connait, elle sait ce qu'est souffrir. Elle le voit, l'entend à travers ses mots. Ce vide, dont elle parle. Le voilà, le même qu'elle rencontre. Si souvent.
    Un amant... Pourquoi tout le monde voit une solution en un amant.
    Je l'aime, il m'aime, là n'est pas la question. Il est revenu, pour moi. On peut pas vivre l'un sans l'autre, vous voyez, mais les choses... hum... certaines choses sont compliquées. Il est compliqué. Je suis compliquée. Il a changé, pour moi. Tellement. Mais on ne peut jamais tout chambouler, il reste toujours des traces de ce qu'on a été. Des mioches... Des amantes... Des sœurs... Une sœurrrr...
Le dernier mot est prononcé difficilement, le « r » râcle longuement sa gorge, comme quelque chose qui reste en travers, qui barre, qui gêne, avant de poursuivre.
    Il sait ce qui me fait souffrir. Vous savez, on s'est toujours tout dit, même ce qui blesse, même ce qui effondre l'autre. Alors il sait, mais certaines choses sont plus fortes que lui. Il arrive pas à s'en libérer. Y a des moments, parfois, où tout est simple, où tout va. Mais le noir revient toujours, comme si il aimait nous voir nous tordre.
    J'suis pas trop gentille. J'suis... j'ai peut-être trop d'espoir. Tout simplement. Mais pas trop amoureuse. On ne l'est jamais assez.
Le miroir est perçu comme un agression et la Ménudière se recule dans son fauteuil pour ne pas en être trop proche. Elle n'aime pas son visage, elle n'aime pas ce que son corps montre. Mais elle se regarde tout de même. Vrai que son visage ressemble à rien avec ses blessures. Étrangement, elle en sourit, presque heureuse d'être un peu moins belle.
    Je mérite mieux... c'est toujours ce qu'il dit. Pas assez bien pour moi... qu'est-ce que ça veut dire ? Lui aussi mérite mieux...
Les yeux clairs sont portés sur l'aimable.
    Mais en fait, je mérite rien du tout, moi. J'aurais dû mourir y a des années. Ce que je vis, aujourd'hui, c'est... une chance. Le Très-Haut s'est pas beaucoup occupé de moi. Jamais. Mais il me permet de vivre une deuxième vie. Alors je la vis, du mieux que je peux. Et j'en suis heureuse.
    Je sais que les gens comprennent pas ça. Mais c'est ainsi.
La Ménudière ne ment pas. Jamais. Elle est heureuse, parfois, et garde ces moments précieusement, comme une offrande qu'on lui fait. Elle ne rêve pas d'une vie meilleure. Elle rêve de rien, d'ailleurs. À part peut-être qu'on lui offre plus d'instants magiques. Le reste, elle s'en fiche.
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Kachina
- Alors vivez ! et arrêtez de vouloir vous jeter en bas d'une falaise ! Si c'est une chance, vivez là ! Prenez tout, chaque instant, chaque frisson.

La voix se fait impatiente, insistante. Elle a juste envie à cet instant de prendre la belle abimée par la main et de l'emmener voir tout ce qui vit. Qui vibre. Il y a dans cette femme bien trop de passion contenue, comme un feu qui couve sous la glace.

Le chat en contrebas , est dépité, il vient de perdre la souris qu'il convoitait. La bestiole s'est réfugiée dans un trou. Ainsi va la vie. Un jour tu perds, l'autre tu gagnes.
Kachi le quitte des yeux et de ses doigts fins, s'occupe à tresser sa tignasse sombre en une longue natte, alors qu'elle écoute Eliance évoquer le Très-Haut. Une moue sceptique vient un instant déformer son visage mais elle se tait. Un lien de cuir vient terminer la lourde tresse alors qu'elle reprend la parole :


- Personne ne comprend rien à personne ! Sinon ce serait trop simple. Votre Très-Haut, il joue avec nous comme avec des marionnettes. Il nous offre et nous pauvres de nous que nous sommes, nous croyons que le bonheur est là pour toujours. Il est seulement prêté. Arrive toujours l'instant où il faut payer ! Raison de plus pour savourer tout , tant qu'on le possède, non ?

Et pour atténuer l'amertume de ses paroles, elle continue avec un sourire tendre et bienveillant :

- On tombe d'une falaise ! Mais qu'est ce que la vue est belle d'en haut ! En fait, vous aimez ça, le risque, le danger.
Vous n'auriez pas aimé un homme trop plat , trop prévisible. Il vous fallait un ouragan, celui qui souffle à vous faire perdre l'équilibre et vous attire dans le vide......


Elle sourit, parce qu'on aurait pu lui dire cent fois ces mots là , à elle aussi, et termine :

- Je vous aime bien, vous ! Vous êtes du genre à trinquer à l'Irraison !

L'irraison, cette force qui la pousse parfois aux pires excès,qui l'entraine dans les plus dangereuses galères. Qui peut comprendre, s'il n'y a pas , un jour goûté ? Certains parmi ses amis, savent encore le goût de la chope que l'on cogne, alors qu'on se défie. Comme ça, pour rien. Juste pour que la Vie devienne brasier où s'embraser, se consumer. Pour que l'ennui, jamais ne gagne.
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Eliance
    Ma chance, je la prends, je la vis. Pleinement. Je me suis jamais sentie aussi vivante. Faut dire qu'elle part de loin... Ça empêche pas que ma falaise soit là, au cas où. Elle saura me libérer si il faut. J'préfère ça à vivre comme un fantôme, comme avant.
L'aimable a raison. Personne ne comprend personne. La preuve. Elle comprend un bout de sa falaise, mais seulement un bout. Elle ne perçoit pas l'issue de secours qu'elle représente pour la Ménudière. Personne ne comprend ça.
    Je sais le bonheur éphémère. J'le prends comme une averse de printemps. Vous savez, celles qui se font violentes mais qui cessent rapidement, laissant seulement le paysage inondé se souvenir des gouttes qui se sont abattues avec passion.
Son regard est portée sur l'aimable et sa tresse sombre. Cette femme a quelque chose de rassurant. Elle semble forte, sûre d'elle. Et ce quelque chose la rend magnifique. Elle se surprend à sourire en l'observant, en observant ses gestes précis. C'est bien la première fois qu'elle prend garde à l'apparence d'une femme, à ce qu'elle dégage. Et celle-là, elle la trouve belle, courageusement belle.
    Un ouragan !
La rousse ne peut s'empêcher de rire, d'un de ces rires spontanés et emplis de gaité qu'elle a appris à ne pas retenir.
    Je sais pas si j'aurais aimé un homme plat, comme vous dites. J'ai jamais réfléchi à ce genre de choses, ni à pourquoi je suis amoureuse de celui-là. Il me fait perdre la raison, perdre l'équilibre, et en même temps, c'est pour mieux me rattraper dans ses bras à chaque fois.
    Ça fait de moi quelqu'un de taré, sans doute, de faiblement taré...

    Vous savez, j'suis pas quelqu'un qui réfléchit de trop. J'suis pas assez intelligente pour ça. Pas assez forte. J'me laisse porter et ça suffit largement, même si il paraît que j'ai un instinct pourri.
    C'est ça, mon instinct pourri me rapproche de certaines personnes, je sais pas pourquoi ni comment. Je cherche pas à comprendre.

    L'irraison... tiens... pourquoi pas ?
La Ménudière soulève son verre d'une main, tandis que l'autre est occupée à repousser doucement quelques mèches ambrées qui se réveillent, s'invitant à danser sur son visage. La couverture est donc lâchée, découvrant la chemise finement blanchâtre qui l'habille pudiquement. Ça n'a plus beaucoup d'importance à présent que l'amochée se sent bien, dans ce fauteuil, à discuter avec cette femme, comme elle le ferait avec une amie alors qu'elle la connaît à peine. Ou du moins, comme elle s'imagine qu'on discute avec une amie. Les amis se font rares chez la Ménudière et tous, soit deux, sont des hommes, au grand damne de son mari. Alors, là, dans cette chambre, avec l'aimable, elle se sent emplie de confiance et d'aise, mettant de côté ces gestes et ces attentions qu'elle surveille constamment.
    Trinquons donc à l'irraison !

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Lopale
Citation:
Trinquons donc à l'irraison !


Ce sont ces mot qui accueillirent l'instant où la Précieuse passa la porte de la taverne des PIPE, seule. Sans être en recherche de qui que ce soit, ce qui ne lui était guère coutumier.
Depuis le départ du Lys, l'Opale n'était plus entière. Une part d'elle avait pris la route avec son identique et il n'était guère aisé pour la demoiselle de tenter de vivre sans. Il fallait se reconstruire, découvrir son identité propre, et vivre heureuse sans sa moitié.

Pendant plusieurs jours, elle était restée recluse, comme en état de choc, défaite et perdue. Seule, surtout. Le Joyau avait minutieusement tenu éloigné les peu de personnes qui auraient pu s'inquiéter de son état. Et avait payé le prix de son autarcie avec l'aveu de Théodore.

En poussant la porte de l'auberge, à ce moment précis, c'était l'acte qui l'amènerait à reprendre vie, ici, à Dôle, sans sa Même. Ca n'était pas leur première séparation, mais c'était la première fois que cela découlait d'un choix.

Le choix lui appartenait, et elle avait choisi de vivre, de se construire seule, dorénavant.

Pourquoi toutes ses tergiversations s'étaient emparées d'elle au moment où elle avait passé la porte? Allez savoir...

L'Opale jeta un coup d'oeil aux deux femmes qui devisaient avec ardeur. Une discussion allait bon train, et la jeune femme ne souhaitait guère les interrompre.
Elle remarqua en fronçant les sourcils que la rousse semblait en fort mauvais état.

La Précieuse les contourna donc, pour s'approcher du comptoir, jeta un oeil en espérant trouver Theodore, et ne voyant personne d'autre, regretta un instant d'être entrer.
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