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[RP] Dites bonjour à ma falaise !

Eliance
La Rosenthals est au plus mal. Tout le monde le sait et il faut réellement être aveugle ou stupide pour ne pas s'en rendre compte. Même sans connaître l'histoire, même sans percevoir les douleurs camouflées, la maigreur et la mine ne trompent pas. En tout cas, elles ne trompent pas Eliance. Elle est venu s'occuper d'elle, auprès de son amie Rose et pourtant, elle ne peut s'empêcher d'avoir toujours des inquiétudes pour les autres. Ombe ne restera pas seule, c'est décidé. Bien sûr, la fratrie veille sur elle, la couve. Parfois trop, même, au goût ménudiuérien. Mais elle sait aussi que rien ne vaut une parole étrangère, un partage venu d'ailleurs qui s'en ira vite, les confessions avouées avec. Elle sait la douleur intense que la jeune femme vit. Elle pense pouvoir l'aider. Elle sent comme une certaine obligation à le faire. La famille d'Atro est un peu la sienne aussi, si Atro est sa sœur de cœur, même si Atro rejette sa famille. Bref, elle le fera ou en tout cas tentera d'aider Ombe dans sa mauvaise passe.

Eliance veut retourner à sa falaise. Celle-là même qui a vu ses tourments s'écouler de ses yeux clairs quelques semaines auparavant. À Poligny, elle n'a pas trouvé de pente raide adéquate et elle doit bien avouer qu'elle y voit un manque certain à sa vie. Encore heureux qu'aucune de ces villes n'accueillera durablement la roussi-blondasse. Alors plutôt que d'y retourner seule, elle a convié Ombe à faire partie de l'expédition. Rendez-vous est donné le second jour sur place avec pour consigne de se vêtir chaudement. Elle aurait dû attendre sagement en bas dans la salle commune de l'auberge au petit matin, mais l'impatiente Eliance ne peut pas s'empêcher de venir cogner à la porte ombière et de l'entrebailler pour laisser apparaître le nez blanchâtre de la Ménudière.


'jour Ombe.
Z'êtes prête pour la grande aventure ?


Il faut bien vendre le truc comme on peut et donner une bonne raison pour affuter la motivation qui saura affronter le froid alpin cinglant du matin. Allez tirer d'un lit chaud quelqu'un en lui vantant les mérites d'une falaise, je suis pas sûre que ça fonctionne aussi bien...
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Ombe
La nuit avait été courte. Encore. Commencée chez Hadan avec qui elle voulait renouer après tant de temps séparés, elle c’était terminée dans la chambre des enfants où, Sandéo serrait contre sa maigre poitrine, Ombe avait enfin pu profiter de quelques heures de sommeil. Sommeil sans rêve. Sommeil repos. Sommeil abandon.

Peut-être qu’ici, entre famille et air glacial, elle arriverait finalement à se guérir de ses blessures. Elle y était en tout cas résolue car, même si elle savait qu’elle ne pourrait jamais songer à son enfant mort avant d’être né ou à son histoire d’amour avortée avec le sourire, elle ressentait enfin le besoin de rire à nouveau avec sincérité. Et celui de respirer à pleins poumons plus encore.

Ainsi donc, l’idée de retrouver Eliance pour aller quelque part où il fallait être vêtue chaudement lui plaisait. Avec un peu de chance, la meringue à la chevelure d’or voulait aller à la rencontre des neiges éternelles et après s'être forcée à avaler une demi tasse de lait et une tranche de brioche dans sa quasi intégralité, la Rosenthals se lava et revêtit des vêtements sombres et ajustés qui ne laissaient pas grande place à l’imagination quant à la maigreur de son corps avant de se couvrir un épais gilet de laine, d’une veste de cuir masculine et d’un bonnet de laine pourpre lui donnant un air de lutin de Noël.

Ainsi préparée, elle sortir de la chambre dès qu’Eliance pointa le bout, lui offrant un sourire qui, bien que n’étant pas le plus radieux de tous, avait le mérite de ne pas être factice. Elle avait commencé par maudire cette jeune femme qui se permettait de sans cesse se mêler des affaires des autres, mais finalement, en apprenant à connaître la dorée et en découvrant ses failles, elle en était venue à la considérer comme une amie, appréciant son humour, son infinie douceur et même la vulgarité avec laquelle il lui arrivait de s’exprimer.


Alors, on va où ? A la châsse au dahu ? Demanda-t-elle avant d’ajouter ensuite, pour faire comme si elle était polie : Bonjour au fait. Vous allez bien ?
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Eliance
Ombe l'a rejointe dans le couloir et Eliance détaille la tenue de la jeune femme, finissant par juger que la mort ne devrait pas s'inviter lors de leur expédition ou du moins pas la maladie. La Ménudière apprécie le sourire franc qui lui est adressé, commençant à reconnaître les sourires de façade à ceux, plus mesurés, mais réellement sincères de la tantine d'Atro.

Si on chasse le dahu, prév'nez tout l'monde qu'on rentrera pas d'sitôt !


Sur un rire lancé à la cantonade, l'escalier est dévalé, ensuite, les ruelles sont enchaînées rapidement. Eliance sait où elle va. Elle pourrait rejoindre sa falaise les yeux fermés, tellement elle y est allé souvent lors de son séjour dans le coin. Sur le chemin, les discussions vont bon train. L'Attristée est joyeuse, en cette matinée et les sujets abordés futiles. D'un âge similaire, les deux jeunes femmes ont cette même légèreté pour le quotidien. Eliance se retrouve parfois en Ombe, dans ses rires, dans ses souffrances tues. Leur passé est considérablement différent, mais peu importe l'avant.

La campagne est attaquée avec le même entrain et les pieds foulent allègrement les herbes humides encore, trempant les chausses de ces dames sans toutefois les inquiéter réellement. La colline à présent en vue est contournée par la droite et là, à mesure de montée, la Meringue se fait plus silencieuse, plus concentrée, moins légère. Enfin, le sommet est atteint après quelques heures de marche. Eliance s'immobilise, invitant Ombe à en faire autant d'un geste lent de la main. Une émotion étrange envahie la Meringue. Le vent se fait plus fort. Elle le sent déjà. Elle sent toutes ces choses différentes en haut des falaises lui parvenir comme une évidence.


Voilà... on est arrivé. C'ma falaise.
Alors ouais, j'sais, c'pas une vraie falaise, celle-là, mais faut faire comme si.
V'nez...


Se saisissant du bras de la brune, Eliance l'invite à s'avancer à ses côtés, lentement mais sûrement, pour ensuite, s'asseoir au bord du bord de la colline rocheuse. Une fois installée, Eliance reprend la parole sur un ton plus faible comme pour ne pas tourmenter l'âme du lieu.

J'suis souvent v'nue ici. Ici, y a rien qui se passe, à part la vie qui vient nous caresser d'sa main. Vous pouvez la sentir, si vous fermez les yeux assez longtemps. Et puis... en bas... y a la liberté... Ça vous vide de toutes les mauvaises choses. Vous en r'partez... différent.
J'ai...


Le regard ménudiérien se porte sur les caillasses d'en bas, les salvatrices tandis que les pieds bottés tutoient le néant.

J'ai souvent eu envie d'la liberté du bas. Souvent sur c'te falaise, d'ailleurs. Mais Atro m'a fait promettre d'pas l'faire, d'pas l'abandonner.
J'voudrais qu'vous m'fassiez la même promesse. D'jamais abandonner les vôtres pour vous libérer dans les eaux ou dans l'vide. Une Ombe, ça mérite d'être heureuse.


Parler est parfois difficile. Certains mots font de la résistance et refusent catégoriquement d'être lancé dans les airs. Eliance doit alors en trouver d'autres pour exprimer ce qu'elle veut. Ça la rend parfois compliquée à comprendre pour les non initiés. Souvent, même. Elle ferme un instant les yeux et tend son museau en avant, pour mieux ressentir ce vide, ce silence. Si elle était seule, elle aurait avancé debout, au bord du précipice, de sorte de positionner ses orteils dans le vide, puis elle aurait écarté les bras et tendu son visage vers les nuages. Elle serait resté un long moment comme ça, à se vider, à tout laisser emporter par la brise. Des minutes se seraient écoulées, des heures peut-être. Mais faire ça devant Ombe est trop risqué. Elle a promis aux frères de faire attention. Alors elle fait attention. La position assise en encore la plus sûre, malgré l'inconfort de la pierre froide.
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Ombe
Sans chercher à comprendre, Ombe suit. Très vite de l'altitude est prise et les mots se font rare. La brune ne s'en inquiète pas. Ce silence là n'est pas gênant. Au contraire, il est plein de compréhension partagée car si Eliance sait sa souffrance, elle est capable de lui rendre la pareil. La peur elle connaît. C'est même l'une de ses spécialités.

Se concentrant sur l'air gelé qui passe dans ses poumons, sur la façon dont ses pieds se plantent dans la terre et sur les nuages qui glissent paisiblement dans le ciel, la Rosenthals prend la mesure de tout ce qu'elle a perdu ces dernières semaines.

    L'appétit et le sommeil.
    Le sourire et l'envie de danser.
    La joie de vivre et l'amour du monde.

Tout ce qui faisait d'elle un être heureux a glissé dans ce gouffre nommé deuil et, toute à son chagrin, elle ne l'avait pas tout à fait réalisé jusqu'à ce que la meringue ne l’entraîne dans cette marche au milieu d'une nature splendide qu'elle découvre avec des yeux et un cœur capables de s'émerveiller. Des yeux et un cœur d'enfant.

Et le sommet est atteint. Imitant les gestes de la blonde vénitienne, l'hirondelle s'assoit, ses jambes maigrichonnes pendant dans le vide et elle écoute. Le bruit du vent et des feuilles de quelques arbres qui bruissent. Les battement de son cœur qui bat lentement mais sûrement, refusant de lâcher prise. Les mots d'Eliance.

Ceux-ci plus qu'autre chose la touche. Les mots ont du pouvoir, elle en a toujours été persuadée. Aujourd'hui, elle en prend la pleine mesure. Parce que ceux de la Menudière sont des flèches qui se fichent dans son âme.

Sa voisine se tait. Et elle elle prend la parole pour dire l'évidence qui pèse sur son cœur.


Vous savez Eliance, je crois que quelque part ça vous plaît ce romantisme noir et buté. Vous la trouvez belle la mort. J'ai l'impression que vous allez à une autre vitesse, avec une autre tension. Ce n'est pas tellement que vous n'avez pas envie de vivre, mais que vous souffrez trop, de vivre. Chaque jour, vous ressassez les mêmes merdes, les mêmes horreurs. A la fin, forcément, on devient fou... Alors, essayez d'pas trop penser, hein ? Ça fait jamais de bien, dit-elle d'une voix douce, ne jugeant absolument pas en mal les souffrances de la belle. Quant à moi... J'ai jamais voulu mourir. Même en étant au fond du gouffre. Nan, moi je suis une bête, ça m'est égal, la mort connais pas. Je suis la vie, la vie jusque dans sa monstruosité... C'est même ça l'problème, voyez... Mais l'appelle du vide... Vous inquiétez pas, j'suis pas prête de lui répondre. J'l'ai jamais entendu. *



*En parti adapté à partir d'une lettre de G. Depardieu à P. Dewaere

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