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[RP] Même loin, il continue de battre pour vous

Diego_corellio
Les rôles venaient de s’inverser.
L’amante prenait la place de la femme et la femme celle de l’amante. Mais même ainsi l’amour persistait, du moins pour le moment.

Je n’avais pas voulu croire ni même fermer les yeux sur l’épisode de la disparition de ma femme. Je l’avais réellement cru partie, mais au fond je me voilais certainement la face, pour moins me torturer l’esprit et culpabiliser du fait que l’amante arrivait.
Elle avait tout plaqué pour venir me rejoindre.
Et alors qu’elle arrivait, Eliance revenait.
Et après ça il avait fallu faire un choix. Un choix que je n’avais pas réellement fait ; car comment dire à l’amante de repartir après les risques qu’elle venait de prendre ?

J’en étais venu à oublier le départ d’Eliance, dans ma tête, les deux seraient toujours à mes côtés mais c’était chose impossible et bien trop égoïste. Alors elle avait glissé une de ses lettres dont elle a le secret sous ma porte et qui commençait comme ça :


Citation:
« Le Dracou,

Permettez que je vous appelle encore comme ça. C'est ce que vous êtes à mes yeux. Et vous le resterez. L'ange et le démon, comme vous disiez.
Ce sera sans doute la dernière lettre glissée sous votre porte. Les prochaines devront prendre des moyens de locomotion autre, dorénavant, que ma main directe. Il vous faudra être à l'affût d'un éventuel pigeon qui tournera dans le ciel. Si me lire vous intéresse, bien sûr. Sinon, laissez-le tournoyer. Il finira par être attiré par quelque bouffe intéressante et par oublier sa mission.

Nous partons très bientôt. J'ai espéré ces derniers jours que vous prendriez les chemins avant moi. Mais non. Alors j'ai l'impression stupide de vous abandonner. De réaliser ce que vous avez cru et craint que j'ai fait il y a plusieurs semaines. La vie est pâle, sans vous, Diego. La vie n'en est pas une. Je ne l'aurais jamais fait, partir. Et pourtant... je pars...

J'ai vu les jumeaux hier. Ils jouaient dans le couloir devant votre porte. Je leur ai dis. Je ne sais pas si ils ont tout compris. J'aurais voulu leur expliquer, mais j'ai pas su trouver les mots. Et puis expliquer quoi ? Que la vie n'est qu'un poignard qui se plante pour tourner ensuite dans la chaire dans les pires souffrances ? Ils ont droit de rêver. Je veux qu'ils rêvent. Je veux qu'ils s'imaginent des choses. Ils les vivront au moins dans leur tête. Je sais qu'ils auront une belle vie avec vous. Je les ai pris dans mes bras, hier. Comme je le fais dès que je suis seule avec eux. Je sais, je ne vous en ai jamais rien dit. Je ne voulais pas que vous pensiez que je cherche à leur faire oublier leur mère. Ces enfants, Diego, c'est ceux que je vous aurais jamais donné. Ils sont un peu à moi, du moins, dans mon esprit. Et maintenant, la vérité me semble une évidence que je dois partager avec vous. Je les aime. Autant que je vous aime, sans doute.

Nous avons été une famille, l'espace de quelques mois. Je ne regrette rien, Diego. Ni notre mariage, ni votre générosité, ni ces enfants, ni le reste. J'ai vécu, pendant cette année complète. Vous m'avez appris à respirer le jour où on s'est rencontré, le jour où on a commencé à parler et à se comprendre. Les larmes, je les trouve belles aujourd'hui. Elles nous ont toujours rapprochés. Il n'y a que celles de ces derniers jours qui sont inéluctablement stériles, vides, seules.

Chaque enjambée sur le chemin qui m'éloigne de vous sera terrible. Je le sais. Je le sens déjà. C'est stupide, on est déjà si éloignés. Mais vous savoir de l'autre côté de ce mur, même si parfois me fend l'âme, savait parfois m'apporter un réconfort inexplicable. Atro dit que vous ne m'abandonnez pas moi, mais la possibilité d'une vie meilleure. Cette constatation est douloureuse. J'ai échoué à vous rendre heureux, à vous montrer que vous pouvez l'être malgré les noirceurs de votre âme. Si c'était à refaire, Diego, je referais tout, mieux. J'accepterais les « mon ange » sans en avoir peur, je pardonnerais plus vite, je m'accrocherais plus à vous, je me réjouirais d'un remariage au lieu d'en être terrifiée par l'organisation, je saurais plus vivre comme cette nuit où vous avez tué ce brigand.

Cette nuit-là, Diego, est sans doute celle où mon cœur a battu le plus fort, où je me suis sentie la plus vivante. Si c'était à refaire, je trouverais le moyen de faire recommencer cette nuit, toujours, inlassablement. Vous m'auriez aimé encore plus, si j'avais été comme ça. Vous devez trouver que je ressasse beaucoup tout ça, toute notre vie à deux. C'est parce qu'elle m'apaise. En m'y plongeant, j'ai la sensation que ce n'est pas vraiment fini.

Cette lettre est bien longue. Si vous parvenez jusqu'ici sans vous endormir, vous pourrez lire que je vous aime. Que je pars, mais que votre souvenir reste précieusement avec moi, tout comme ce nom que je ne saurais plus prononcer mais que vous trouverez plus bas sur cette feuille.

Je serais là, toujours, Diego. Ne l'oubliez pas. Écrivez-moi si le cœur vous en dit. Je saurais le supporter. Je saurais y trouver une joie.

Prenez soin de vous, par pitié, et n'oubliez jamais que je vous aime.

Eliance Corellio. »


Et, pour la première fois de ma vie, en la lisant, j’avais senti le doute s’installer en moi ; avais-je fait le bon choix ?
Le doute mais pas seulement, elle m’avait filé des frissons. Pourquoi ? Je n’en sais rien mais c’était comme ça, les frissons annonciateurs des larmes qui vont suivre. Mais je n’avais pas pleuré, pour tout un tas de raisons.
L’idée première avait été de ne pas vouloir lui répondre, histoire de l’oublier plus vite. Mais la tentation avait été trop forte, en tous cas plus que la raison. Dès la première lettre l’inspiration s’était faite grande et la plume avait glissé sur le vélin comme elle le faisait lorsque qu’avec la Nordique nous échangions dans le plus grand secret.

Citation:
Mon ange,

Si vous n'avez pu accepter ce surnom par le passé alors, acceptez le maintenant.
Appelez moi ainsi autant que vous le désirerez, ce surnom nous appartient et il demeurera toujours ainsi , il est à nous et à personne d'autre, jamais.
Alors c'est ici que se séparent nos chemins ?
Écrire ces mots me semble tellement irréel et tellement... peu importe, ces mots font et je les déteste, mais si nous en sommes arrivés à les écrire c'est bien par ma faute.
Je guetterai le moindre volatile, et lorsqu'il volera de nouveau vers vous avec le poids de mes mots il sera fraie comme un gardon.

Si je n'ai pas pris les chemins c'est que je n'en ai pas la force et puis pour aller ou ?
Je sais pas ou j'ai envie d'être, si ce n'est auprès de mes enfants qui m'apaisent.
Il me semble qu'un voile s'est déposé sur ma vie et que désormais je n'y verrai plus jamais clair.
Mais quoiqu'il en soit il fallait que je prenne une décision et même si elle m'attriste dans tous les cas il n'y en avait pas qui m'aurait rendu plus joyeux plus qu'une autre. Ainsi va la vie.

Ils comprennent Eliance, ces petites choses comprennent tellement mieux que nous les choses de la vie, ils ont compris, je le sens quand je les couche le soir, je le vois dans leurs regards et si ils ne se rendent pas bien compte, ils savent que désormais leur vie va changer à eux aussi. Ils devront partager leurs jeux avec un autre enfant, mais également leur père. Et bientôt ils auront un autre frère ou sœur, lorsque leur mère mettra au monde l'enfant qu'elle attend de Niallan.
Beaucoup de changements pour des êtres si fragiles mais pourtant si fort déjà.
Ils ont dit "maman" aujourd'hui. C'était beau. C'est fou comme on s'émerveille de mots si anodins.
Ils sont un peu vos enfants.Vous ne m'avez pas donné d'enfants mais au fond est ce réellement important ?
On est toujours une famille, juste un peu séparée mais on en est toujours une, vous êtes toujours ma femme, autant de temps qu'il vous plaira de l'être.

s'il vous plait ne pleurez pas. La vie est si belle Eliance, et vous êtes encore si jeune qu'il faut que vous la viviez comme si il ne vous restait que quelques heures à vivre. Réalisez vos rêves. ceux que vous n'auriez jamais pu réaliser à mes côtés.
Vivez ces choses que l'on vit lorsqu'on est jeune.
Moi j'ai passé ce temps là, aujourd'hui il faut que je me pose je crois. Mais vraiment. Même si c'est dur je ne suis plus jeune, il faut que je bâtisse quelque chose pour eux, mes enfants et qu'ils soient fières de m'avoir comme père.

Nous ne sommes éloignés que charnellement Eliance, mais moralement pas tant que cela, je nous trouverai presque plus proche qu'avant car regarder les mots, voyez à quelle vitesse leur flot englouti le vélin. Vous voyez ?
L'éloignement n'est pas si grand et ce mur qui nous séparait semble si épais qu'il en est presque une muraille.
J'espère ... qu'il n'a pas été trop fin et que le ... bruit ne vous ait pas parvenu sinon vous auriez du me le dire.

Ne pensez pas que vous avez échoué à me rendre heureux, vous m'avez rendu heureux , vous m'avez maintenu à flot, vous m'avez empêché de sombrer, et vous m'avez donné tout l'amour qu'un homme peut espérer d'une femme. Ne pensez pas cela s'il vous plait car c'est faux, il est juste sur certains points que nous n'étions pas pareil. Je vous demande pas de changer Eliance. Vous êtes vous et changer ne résoudrait rien bien au contraire, ce serait un mal pour un bien, mais ce bien finirait par vous bouffer de l'intérieur.
Je l'ai appris à mes dépends mais la meilleure façon pour vivre heureux c'est d'être en paix avec sois même et pour y parvenir il ne faut pas essayer de se changer et de ressembler à une personne que l'on est pas.
Cette nuit-là, quand j'y repense est la plus belle que vous m'ayez offerte. Sincèrement.

Au fond, quand on voit ces lettres interminables que nous nous écrivons, est ce que ça ne dit pas que justement ça n'est pas encore fini ?
La page se tournera progressivement ou alors elle ne se tournera jamais.

Votre lettre, loin de m'endormir m'a ému. Ce que vous écrivez est beau, et dans vos mots flotte un note de tragique, de mélancolie insoutenable.
Ce nom, vous appartient aussi longtemps que vous le voudrez et vous pourrez l'utiliser jusqu'à ce que vous jugiez qu'il ne vous convient plus.

Je ne sais pas bien si j'ai bien fait de vous répondre. Je sais pas si je dois vous regarder partir sans rien dire, vous laisser filer et vivre votre vie ou alors vous écrire. Je ne sais si une réponse vous fait plus de bien que de mal ?

N'oubliez jamais que je vous aime également,

Diego Corellio.


Le pigeon avait été balancé par la fenêtre avec grand soin et le cœur battant avait mis plusieurs minutes avant de calmer son rythme effréné par les diverses émotions qui pulsaient dans mon corps.
_________________
Eliance
Lâche aux yeux du monde, l'Italien s'est révélé courageux devant ceux de sa femme. C'est du moins comme ça qu'elle a interprété la décision lourde de conséquences qu'il a su imposer. Eliance l'a trouvé fort dans ce choix si terrible. Et beau. Tellement beau d'avoir su la soulager en décidant, enfin.

Les lieues les ont séparées, sous l'impulsion de la Ménudière qui s'affaire à survivre tant bien que mal, et pourtant, l'Italien est plus présent encore. Elle rêve de lui, elle pense à lui, il hante ses visions jour et nuit. Les images nocturnes ne sont guère douces, reflétant ce que la Meringue s'imagine qu'il vit avec la Tarte. Mais les pensées diurnes qui dévient vers lui ne sont que de bons souvenirs. Elle le chérit et refuse catégoriquement toute critique qui pourrait entacher l'image idolâtrée. On lui conseille de s'en éloigner, c'est pourtant l'inverse qui se produit, à travers ces lettres si vraies.

La Ménudière est paumée, entre sourires transis et larmes désespérées.
Ne lui demandez pas ses désirs, elle n'en a pas. Elle n'a pas de solution.
Elle survit. Simplement.


Citation:


    Le Dracou,

    Votre lettre m'a faite plaisir. Rien que l'entête m'a tiré un sourire. Parce que les mots sont de vous, parce qu'ils sont beaux, tout simplement, parce que je sens à travers eux que vous allez mieux, du moins, mieux comparé aux jours où je suis rentrée à Annecy et où vous souffriez tant par ma faute. Et vous lire m'apaise aussi, un peu. J'avais oublié combien vous écrivez bien, combien il est bon de recueillir vos confidences. Elles m'ont manquées.

    Vous avez raison, vous savez. Ces lettres nous rapprochent. Elles sont le reflet de notre âme. Elles ne cachent rien. Tant de choses nous ont éloignés ces derniers temps, j'ai eu tant l'impression d'être une étrangère pour vous, que ces simples mots partagés me font l'effet d'une brise légère et fraîche sous les chaleurs accablantes d'un été trop lourd. Je ne saurais pas vous dire ce que sont ces lettres. Elles sont là. C'est tout.

    Ce nom que vous m'avez offert, je ne parviens plus qu'à l'écrire en bas des lettres que je vous adresse. Quand les gens me demandent comment je m'appelle, je ne réponds plus qu'en disant « Eliance ». J'ai pas honte de mon nom, de votre nom, de notre nom. Simplement, je crains qu'il n'amène des questions auxquelles je n'ai pas envie de répondre. Ces questions qui interrogent sur vous, sur nous. Je ne vous oublie pas. Je ne saurais pas comment faire. Je tente juste de contenir votre visage dans des souvenirs et de ne pas vous imaginer au moment présent. Les cauchemars me montrent bien trop souvent le bonheur qui doit être le vôtre aujourd'hui pour que je doive aussi les affronter éveillée.

    Les murs semblent épais quand ils séparent deux personnes, mais ne le sont jamais assez quand ils laissent passer les soupires de l'homme aimé qui s'épanouie dans les bras d'une autre. Ce mur m'a appris les choses que je n'ai pas su vous apporter, qui vous ont manquées. Je l'ai détesté, ce mur, si vous saviez à quel point. Mais il m'a permis de partir, sans doute, plus facilement. De savoir que vous seriez heureux, avec elle. Il faut juste qu'elle vous laisse quelques jours de répit pour laisser votre plaie se refermer. C'est important. Ça fait bien trop longtemps que vous saignez. Pensez-y, si vous voulez que vos enfants puissent être fiers de leur père un jour, demandez-lui. Vous avez le temps à présent, pour vous deux. J'aurais aimé entendre les jumeaux dire ce mot. Il faudra me parler d'eux, dans vos prochaines lettres. Ils me manquent tellement. Louis est si différent d'eux... Ils sont irremplaçable. Comme vous. Vous dites vrai. Vous êtes ma famille. Ma vraie. La seule. Même loin, vous restez là où il faut. Dans mes pensées.

    Vous poser, j'aurais aimé que vous en ayez envie avec moi, autour de ce nom qu'on aurait redoré ensemble. Vous vous souvenez ? C'est ce que vous vouliez faire. C'était votre rêve, je crois. Créer une famille et que le nom « impur » des Corellio ne soit plus sali. J'aurais aimé qu'on bâtisse à deux ces liens-là. Je ne sais pas ces choses qu'on vit quand on est jeune et dont vous parlez. J'essaie de me trouver des rêves, mais je n'en ai pas. J'y travaille, avec Atro qui pense qu'avoir des rêves permet d'avancer. Hier, j'en ai trouvé un. Je rêve... d'envoyer chier un Roy ! Je voudrais qu'il me veuille dans sa couche. J'accepterais pour l'envoyer paître au dernier moment et savourer cette victoire, cette revanche sur les hommes. Vous en dites quoi ? Vous trouvez ça stupide, comme la plupart des gens, ou vous comprenez ?

    J'ai aussi écrit à Ayla, la semaine dernière. Et elle m'a répondu. J'ai ressenti le besoin de lui raconter, à elle qui vous connaît si bien, ce qui nous est arrivé. J'ai eu raison de le faire, puisque vous l'aviez pas informée de votre décision finale et qu'elle a toujours les bons mots, Ayla, pour réconforter et botter les fesses. Je crois qu'elle me connaît autant qu'elle vous sait par cœur. Et je dois vous dire, je crois... Sarah a disparu, avec son fils... Ayla dit qu'elle ne la cherche pas parce qu'elle doit avoir besoin de tranquillité pour être partie sans un mot. Mais elle semble quand même inquiète. J'ai pensé que vous voudriez savoir...

    Diego, je pleure tout en essayant d'avancer. La vie n'est pas belle, non, mais elle est là. Je me concentre pour trouver chez les autres de quoi me faire sourire. Les gens disent qu'on finit par y arriver, à force de persévérance, qu'on regarde à nouveau le ciel bleu sans oublier toutefois les ténèbres, qu'on apprend juste à vivre avec. Je parle beaucoup avec Atro et Sileo. L'un et l'autre m'aident à moins pleurer, chacun à leur manière, et veillent sur moi. Je fais partie du clan, officiellement. Ça y est. Le Jok' veut que j'apprenne à me battre, ce qui ne sera pas une mince affaire, vous le savez, vous qui connaissez ma maladresse récurrente. Mais je crois que je vais tout faire pur y arriver. Ça me rendra peut-être moins fragile.

    Je ne sais pas si ces lettres doivent m'empêcher de m'éloigner de vous. Je suis déjà loin, dans les faits, Diego. Vous avez fait un choix. Je le respecte. Un autre n'aurait pas forcément été mieux. Je ne sais pas. C'est ainsi. Je n'y réfléchis pas. Ça ne sert à rien. Il n'y a pas de bons ou de mauvais choix. Simplement un choix. Je n'aurais peut-être pas supporté de vous savoir à mes côtés à penser à une autre. Je préfère peut-être être cette autre, puisque de toute façon, c'est ce que je suis aujourd'hui. Ces lettres sont peut-être, le début de quelque chose ou le prolongement d'une autre. Et même à des lieues de vous, je vous sens plus proche ce jour qu'à Annecy, à travers ces confidences, les mêmes qui nous ont toujours unies, celles qui ont fait l'ange et le démon. Dites ce que vous pensez de mon départ. Ne vous privez pas. La vérité fait du bien. Du moins, elle fait moins de mal que les mensonges. Nous l'avons vu et vécu. Vos lettres ne m'empêcheront pas de vivre. Elles me permettront peut-être d'entamer plus facilement ma nouvelle vie, si vous êtes encore à mes côtés, d'une certaine manière. Une nouvelle vie qui me paraît si impossible. Si compliquée.

    Dites-moi comment vous allez. Dites-moi la vérité. Dites-moi, vous. Je veux, je peux l'entendre.
    Je n'oublierais rien. Jamais rien de ce qu'on est.

    Faites attention à vous.

    Eliance Corellio

_________________
Diego_corellio
Sa missive je la guettais.
Parce que mes journées se passaient ainsi ; je m’occupais des jumeaux tout en guettant le volatile annonciateur de ses nouvelles, et au soir tombant je partais rejoindre La Nordique.

Alors quand un emplumé était arrivé je lui avais bondi dessus pour le dépouiller du petit parchemin, et la rage s’était emparée de moi lorsque j’avais constaté qu’il ne s’agissait pas d’Elle. Ça avait donné à peu près ça « Putain d’enc*lé d’oiseau tu paies rien pour attendre ! » Ledit oiseau bien sûr n’y était pour rien, pourtant il s’était quand même pris le mur et avait fini à la broche le soir même. Le jour, je revivais la même folie intense des quelques jours ou elle était partie, avec pour seul apaisement les soirs et nuits endiablées que nous passions avec la Nordique. Hier soir, nous avions été surpris deux fois, loin de nous gêner ça nous avait faire rire. Je me foutais de tout, et surtout de ma tenu.

Alors, au calme, appuyé contre le tronc d’un vieux chêne, bercé par la brise fraiche, une réponse est rédigée, prenant mon temps, absorbé par ses mots que je vis comme une passion devenue vitale à mon existence.


Citation:
Roussette,

Ne vous réjouissez pas trop vite, je ne suis pas heureux ou du moins j'ai des moments de bonheur mais ils ne durent pas, ils ne peuvent plus durer.
Si j'ai été si odieux avec vous quand vous êtes rentrée, c'est parce que j'ai réellement cru que vous étiez partie. Parce que durant tous les jours de votre absence j'ai pas arrêté de me maudire pour mon incapacité à vous avoir gardé auprès de moi et à vous rendre heureuse. J'arrivais pas a vous croire, je n'arrivais tout simplement pas a croire à votre retour et à admettre que je vous connaissais si mal que je ne me suis pas douté que vous étiez mal. Et croyez moi je me suis détesté et je me déteste toujours pour cela. Et puis après j'ai appris qu'elle venait et je me suis servi de votre absence pour soulager ma conscience. je ne sais pas si ça vous apaisera ou non que je vous dise que me dire cela n'a en rien soulagé ma conscience, ça a été bien pire.

Ces choses qui nous ont éloignés ont commencés lorsque je vous ai menti, car en faisant cela j'ai brisé l'une de nos promesses.cet éloignement c'est un concours de circonstance, mai je crois de toute mon âme que ce sont ces mêmes circonstances qui aujourd'hui visent à nous rapprocher alors que nous devrions prendre de la distance.
Parce qu'il y a surement beaucoup de choses que vous n'avez jamais osé me dire. Beaucoup de non dit qui ont planés entre nous et qui aujourd'hui couchés sur le vélin peuvent enfin se révéler à la lueur intime des regards.
Ces lettres, Eliance, sont le dernier lien qu'il existe entre nous hormis celui marital.

Vous avez raison de ne plus l'utiliser, je vous comprends tellement.
Vous savez en taverne je me trompe.
J'étais tellement habitué et fier de vous présenter comme ma femme que maintenant je me trompe et je suis obligé de me reprendre.
Parce qu'à chaque fois que je la présente en disant c'est "ma femme ", c'est votre visage que je vois.

Parlez moi de vos cauchemars s'il vous plait.
Dites moi ce qu'il s'y passe.

N'allez pas penser que ma vie est rempli d'éclats de rire et de lumière bénie, car je suis au regret de vous dire que ça n'est pas le cas. En fait nous sommes même très loin de cette vision enchanteresse.
Il n'y a que le soir que je suis heureux et que j'arrive à ne pas penser à vous.
Mais toute la journée votre image ainsi que votre ombre me suit. Elle plane au dessus de moi et marche dans mes pas.
Votre visage m'obsède et j'ai peur, chaque jour, qu'il perde un peu plus de ses couleurs dans mon esprit. Même si jamais je ne pourrai l'oublier. Jamais.
Vous savez il n'y a qu'au moment de l'union des corps que mes pensées se ferment à vous, mais même dans cette intimité, j'ai l'impression que votre regard m'observe et me regarde d'un air réprobateur et déçu.

Je suis tellement désolé que vous ayez enduré cela. Tellement si vous saviez. J'avoue ne pas avoir fait attention à ses choses là, tout comme je ne me préoccupe pas de savoir si quelqu'un viendra nous déranger en taverne.
ce n'est pas que vous n'avez pas su, c'est simplement que vous ne pouviez pas, vous avez un passé et je l'ai toujours respecté, il y a des limites que je savais ne pouvoir dépasser.
Ma blessure s'est enfin totalement résorbée.
Les jumeaux vous réclament Eliance, le soir ils pleurent, ils vous aiment et vous leur manquez, vraiment. je leur ai promis qu'un jour ils vous reverraient, mais je ne sais pas si ce sont les enfants qui veulent le plus vous revoir ou bien le père.

J'ai voulu me poser avec vous. Vous vous souvenez, je vous en avais parlé, d'une maison par là avec des enfants. Vous aviez dit que vous n'étiez pas prête, que vous vouliez voyager et que vous ne vouliez pas d'enfants.
Aujourd'hui si je veux me poser c'est simplement parce que je suis lassé de tout mais surtout de la vie. Alors je vais tacher de vieillir comme tous les autres et en essayant d'avoir accompli quelque chose. Je vais le faire pour les jumeaux. Pour pas qu'ils comprennent à quel point leur père à raté sa vie et tout ce qui va avec.
Vous savez j'ai même perdu le gout pour les femmes. Quand je les vois ça ne me fait plus rien, elles me laissent indifférentes.
Il aura fallu que la vie m'assène sa claque magistrale pour que je me tienne à carreau.

Votre rêve m'a fait rire. Je pense que vous pourriez le réaliser. Enfin tant que vous ne passez pas dans sa couche. Enfin après tout ... ça ne me regarde plus. Je serai heureux pour vous si vous le réalisiez. Et j'aimerai être là pour vous voir faire.
Oh je vous dois votre houppelande blanche pour achever la panoplie de l'ange.

Ayla... Je sais pas quoi dire, parce que sans elle je sais pas ou je serai. Elle nous connait tellement alors que pourtant on ne peut pas dire qu'elle vous ai beaucoup vue. Je ne l'avais pas informé parce que je savais très bien ce qu'elle me dirait et je savais aussi qu'elle aurait raison. Pour Sarah... je vais lui écrire une lettre. Une lettre qu'elle aura surement jamais mais je vais quand même le faire. Même si elle est partie. Je sais qu'elle reviendra.

Pleurez pas Eliance, vous avez de trop jolies yeux pour laisser les larmes en prendre possession. je crois que je vous l'avais jamais dit que vous aviez de jolies yeux. Maintenant vous savez.
Eliance une guerrière... j'essaie de vous imaginer. Je vais y croire pour vous.

Le choix, je ne sais pas non plus si il a été judicieux ou non. mais la situation ne pouvant durer... Rester avec vous ne m'aurait rien appris et j'aurai continué d'être un homme bancal avec une vie aux allures de bordel. le choix que j'ai fait m'a ouvert les yeux sur beaucoup de choses, de sentiments. Je crois aussi que ça m'a permis de grandir et de voir à quel point j'ai souvent été injuste avec vous uniquement pour mon bien être. Je vous ai fait endurer des choses que vous ne méritiez pas de vivre.
Ce choix à fait le vide dans ma vie, dans mes pensées et autour de moi.
Mais il était peut être nécessaire à l'avancement de nos vies mutuelles.

Je pensais que votre départ me soulagerait.
Je pensais qu'il me permettrait de vivre sereinement mon amour passé. Mais comme je viens de l'écrire c'est un amour passé, et, si j'aime Daeneryss, je sais qu'elle aime son mari et elle sait que j'aime ma femme. Elle le sait parce que je lui parle souvent de vous.
Votre départ ne m’a pas soulagé, il m'a fait mal. Et n'allez pas penser que c'est une question d'égo, ou de fierté, vous savez bien que la mienne s'est barrée à la course. Non c'est un vrai mal profond que l'on ressent quand on perd une partie de nous. J'ai l'impression de vivre avec une âme qui s'est éteinte.

Dans l'attente de votre réponse,

Diego Corellio.

_________________
Eliance
Elle allait lui écrire, lui répondre dès les portes de la dernière ville franchie. Une nuit, une seule, la séparait de l'instant magique, où, le crayon en main, elle laisserait son esprit vagabonder jusqu'à l'Italien à travers les mots qui engendreraient quelques précieuses minutes d'apaisement. Quelques instants où les soucis se tairaient et laisseraient place à un vide serein, à un rapprochement étrange, une sorte de communion des sens où seulement l'Italien existerait et serait important. Diego a ce pouvoir insoupçonné d'amener Eliance dans des humeurs extrêmes, heureuse comme jamais ou désemparée. C'est en lui qu'elle puise l'espoir qui l'habite et fait sa force. C'est en lui qu'elle tire son désarroi le plus profond aussi.

Mais les remparts de cette fichue cité n'ont jamais été franchies, pas même aperçus, la ville jamais atteinte. Le malheur a frappé bien avant, ramenant la Ménudière et le reste de la troupe sur leur pas sous les assauts incessant des lames assoiffées, insatiables d'une armée en campagne. Des soldats qui se sont acharnés sur des parents accompagnés de leurs enfants, des amoureux en goguette, un aveugle et une Meringue inoffensive. Plus que jamais, le conte du Petit Soldat inventé par Eliance à Annecy prend sens. Le fer d'une lance a changé son destin en percutant son épaule, la faisant choir brutalement et définitivement du canasson sur lequel elle était juché avec Sileo. Une fois à terre, l'épée d'un débutant est venue rater son coup et effleurer seulement son crâne, décollant un pan de sa tignasse roussi-blondasse, découvrant une chaire à vif qui s'est mise à dégouliner, donnant une touche foncée à la chevelure claire, lui donnant un aspect gluant de désolation.

La lettre a attendu. Elle a cessé de résonner dans la caboche ménudièrienne. Les seuls sons retentissant suite à l'attaque ont été ceux des lames militaires percutant les boucliers et bâtons des mercenaires, leurs cris aussi, ceux des enfants effrayés. Pendant plusieurs jours, l'écho s'est fait tenace. Plusieurs jours pour rallier la ville précédente, les uns aidant les autres dans un silence de mort. Les plus blessés amenés dans l'auberge la plus proche, Eliance s'est laissé choir dans la salle commune devant la premier table trouvée, a plongé une main dans sa besace pour en sortir papier et crayon à mine de plomb et a entrepris de répondre à l'Italien. L'informer de la situation a été sa première pensée. L'un mourra si l'autre disparaît. Pas une promesse, mais une évidence qui a toujours été entre eux. Alors elle doit lui dire qu'elle vit. Le plus tôt possible. Son épaule la fait souffrir, le sang continue de couler le long de son bras, finissant sa course sur le bas de sa main, tâchant pas inadvertance le papier d'un rouge annonciateur de malheur. Malgré la douleur, les tremblements, elle écrit.


Citation:


    Le Dracou,

    Une houppelande blanche est une mauvaise idée. Je vais la salir affreusement sur les chemins.
    On a fait une mauvaise rencontre. Je sais toujours pas me battre. Je sers à rien. Juste à faire des ennuis.
    J'apporte le malheur partout où je passe, Diego. Je suis maudite.
    Dites aux jumeaux qu'un ange veille sur eux. De loin. Qu'un ange pense à eux. De loin, je porte moins malheur.
    Pardon pour le peu de mots. J'ai mal.

    Je vous sens près de moi.

    Eliance Corellio




Sa tête est venue se poser doucement sur la table, ses paupières ont baissé le rideau pour laisser place à un sommeil forcé. L'aubergiste la trouvera quelques instants après, la montera dans une chambre, fera appeler le médecin déjà débordé avec les autres. Puis, en redescendant dans la salle commune, il trouvera le papier, il le lira et l'enverra à ce Diego Corellio en ajoutant deux mots au bas de la lettre. « À Poligny ».

_________________
Diego_corellio
Le pli est attrapé avec fébrilité tandis que les doigts s’activent pour l’ouvrir, mains tremblantes devant le peu de soin apporté à la missive. Je le sentais avant même d’avoir lu, quelque chose n’allait pas.
En fait je l'avais senti avant même de le recevoir. Comme un sixième sens. Certains disent que même à des lieux l'ont peut sentir quand il arrive mal à une personne que l'on aime.

Enfin il s'est ouvert sous mes doigts rendu gourds par l’appréhension. Et là j’ai vue.
Tout ce que j’ai toujours craint.
Y avait du sang, partout sur le vélin. Alors qu’elle faisait toujours très attention, elle y apportait un soin particulier habituellement. L’écriture était tremblante, mal assurée, le texte anormalement court alors qu’elle écrivait toujours des pavés interminables. Mais putain ce que je les aimais ces pavés. Je donnerai cher pour en lire chaque jour un.
Comme ces lettres qu’elle m’écrivait chaque jour après être rentrée à Annecy. Toutes ces lettres si je n’avais répondu qu’à quelques unes, je les avais toutes lues. Et plusieurs fois chacune. Puis gardée précieusement dans une boite avec tous nos courriers depuis le début de notre relation.

Parce que je me disais qu’un jour si elle partait j’aurai toujours de quoi raviver la flamme de mes souvenirs. Toujours. Et même si je savais que le cœur n’oublierait jamais, l’esprit, à un certain âge pouvait faire défaut et alors, même avec la meilleure volonté du monde rien n’y changerait. Rien. Et alors je n’aurai que mes larmes pour pleurer une femme dont le souvenir s’étiolait lentement.
Il fallait que je fasse faire un portrait d’elle. Un portrait d’elle seule et un portrait de nous quatre. Un portrait de notre famille.

Puis j’ai lu. J’ai lu ces mots qu’elle attachait sur le vélin alors même que la vie s’enfuyait de son jeune corps blessé.
Les genoux flanchent ne supportant plus le poids d’un corps devenu trop lourd.
La mâchoire se crispe alors même que les poings se serrent, de rage pour ceux qui s’en sont pris à elle, de peur de la perdre alors qu’elle n’est plus mienne, de honte de n’avoir pas été là pour la protéger pour veiller sur elle et enfin de désespoir. Le froid vient s’inviter au menu déjà chargé de tout ce qui me traverse alors que je me sens si perdu.

Les yeux se ferment pour visualiser avec plus de netteté son visage, son sourire. Elle est belle quand elle sourit.
Mais je ne lui ai jamais dit. Pourquoi je ne lui ai jamais dit ?! Pourquoi n’ai-je sue que lui faire des reproches pourquoi ?!

Pourquoi ?

Mes bras ses serre sur mon torse alors que les larmes menacent de poindre. pourtant elles n'auront jamais le loisir de couler. Pas aujourd'hui du moins.

Elle doit vivre vous m’entendez ?! Elle le mérite tellement ! Laissez la vivre putain ! Sa vie et son bonheur n’ont pas de prix !


Une certitude vient m’ébranler alors que je ne suis plus qu’une loque écroulée sur le planché de ma chambre ; Si elle part je pars.
Promesse à la base, s’en était devenu une évidence. L’évidence que je ne pourrai pas supporter sa mort.

Je sais ne sais ni pourquoi ni comment j’ai réussi l’exploit de me mettre debout, je sais juste que je me suis mis à chercher des bougies, des cierges. Puis j’ai abandonné ma recherche et je suis allé à l’église. J’étais paumé. Un putain de paumé déambulant dans l’édifice grandiose. Le bruit de mes pas désordonnés résonnait, écho interminable venant cogner dans ma tête, en rythme avec les battements anarchiques de mon cœur.
C’est là qu’un vieux m’a abordé. Il m’a parlé et je crois que je n’ai pas compris mais je l’ai suivi, il m’a fait rentrer dans une petite cellule à demi fermée en bois. Et là il m’a demandé de parler. Alors j’ai parlé. De tout. Depuis le début, sans omettre le moindre détail la moindre abomination que j’avais pu faire. Je lui ai balancé toute la vérité sordide sur mon passé sans taire l’inceste, ni même les bâtards ou encore l’adultère. Je ne savais pas s’il m’écoutait ou si je parlais tout seul. Mais je m’en foutais. Il fallait juste que je vide mon sac. Finalement il a un peu parlé. Il m’a appelé son fils. Il a parlé de pêcher et sur le coup je n’ai pas compris pourquoi il parlait de poisson maintenant.
Après j’ai vu cette statue, avec cet homme crucifié. Je me suis demandé ce qu’il avait fait pour finir comme ça. Puis je l’ai plains. Mais je ne sais plus trop pourquoi.
Et je les ai vues, les cierges que je cherchais. Je n’avais jamais prié. J’avais toujours trouvé ça bidon tout comme d’allumer des bougies pour demander de l’aide je trouvais ça con. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui je comprenais que parfois le désespoir pouvait pousser à faire des choses que l’on n’aurait jamais faites auparavant.

Les genoux touchent le sol, tandis que mes mains dénouent la lanière de cuir retenant mon alliance pour la glisser au creux de ma main. Puis mes doigts de se glisser dans la poche de ma chemise pour en sortir une mèche de cheveux aux reflets ambrés mais à la couleur non identifiée. Une mèche qu’elle ne savait même pas qui était en ma possession.
Parce qu’une nuit ou le sommeil me fuyait, j’avais eu l’idée soudaine de lui couper une boucle pour la garder. Je commençais à engranger les souvenirs.
Et aujourd’hui c’est cette même mèche que je pressais contre mon cœur. Et en même temps mon esprit s’activait, mes lèvres murmuraient des mots que jamais elles n’avaient dit.
Des prières pour qu’elle vive. Des prières pour retarder cette échéance que je sentais se raccourcir un peu plus à chaque seconde qui passait. Je m’adressais à lui là-haut, je ne voulais pas qu’il me pardonne mais qu’elle vive. Puis des menaces aussi contre lui. S’il la prenait avec lui alors il devrait me prendre moi.
Et que je me vengerai aussi.
Puis les mots se sont taris. Je n’avais plus rien à dire, ni même à demander. Alors je me suis tue et j’ai attendu je ne sais quoi.
Tel un automate je me suis levé, je suis retourné dans ma piaule je me suis assis et j’ai écrit. Trois mots.


Citation:
J’arrive.

Diego


Le volatile a été dépêché pour Poligny.
Poligny. Elle avait pris soin de l’écrire en bas de sa lettre. De toute façon même si elle n’avait pas écrit j’aurai retourné le royaume pour la retrouver.
Mais elle avait écrit.
Et j’allais venir. Partir maintenant et arriver le plus tôt possible.

Quelques affaires sont prises à la hâte pour les petits, une lettre écrite pour Dae’, même si elle venait je n’avais pas le temps de la chercher il fallait seller les bestioles. Puis le rythme est calmé, juste le temps de parler aux enfants.

On va partir maintenant les Loulous, y a des vilains messieurs qui ont été méchant avec Maman et qui lui ont fait du mal alors on va aller voir Maman pour s’occuper d’elle. Vous êtes content hein de revoir Maman ?

Les petiots je ne suis pas sûr qu’ils aient compris grand-chose mise à part le fait qu’ils allaient voir Eliance. Mais qu’importe ça allait les calmer le temps du voyage.
L’anneau reprend place à mon annulaire gauche.
Aujourd'hui, je redevenais le mari d’une Rousse.

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Eliance
Elle s'est réveillée un jour plus tard, après avoir dormi longuement. Depuis, elle a réussi à se lever, à marcher, à retrouver ses compagnons de galère. Et elle se fait soigner. Pour une fois, elle fait attention. Chaque jour, elle rend visite au médecin qui examine son épaule, s'en occupe soigneusement et fait de même avec son bout de chevelure en moins. Annecy, l'attaque des Italiens, l'infection de son bras, le séjour chez le Cosaque, lui a servi de leçon. Elle a promis de vivre, alors elle se fait consciencieuse.
Chaque soir, l'homme savant enlève de sa peau des bandages ensanglantés. Chaque soir, il lave les plaies, les contrôle. La douleur physique semble apaiser ses tourments internes. La sensation d'avoir la moitié du crâne arraché permet aux pensées noires de s'échapper de sa cervelle, comme si le manque de cheveux à un endroit précis le permettait soudain.

Quand elle pense à Diego, elle sourit. Parce qu'il pense à elle tout le jour. Il l'a écrit. Il a écrit d'autres jolies choses. Elle veut bien que les soldats lui prennent des bouts de chairs, tant qu'ils lui laissent ses lettres. Elle les relit, chaque soir, en rentrant dans sa piaule. Elle ne saurait dire si un quelconque espoir la guide. Elle ne saurait évoquer un rêve. Et pourtant il est bien là, le rêve ultime qu'elle n'ose pas s'avouer. Elle est incapable de le formuler, de lui faire franchir la barrière de ses pensées . Et pourtant, il est là. C'est lui qui lui fournit la force nécessaire.

Elle s'occupe d'elle, suivant les conseils de Sileo, mais elle s'occupe des autres aussi. Atro a perdu sa mémoire, a perdu sa vie. Mike est désemparé, coupable, faible devant la situation. Eliance, elle, oublie le sang qui cogne trop dans sa tête, le sang qui s'écoule encore de la plaie. Elle est utile, elle essaie de rassurer l'un en lui disant que son Atro va revenir, de rassurer l'autre en lui disant que le passé importe peu, qu'elle doit se contenter de ce qu'elle ressent et que c'est là, qu'est la vérité de ce qu'elle est. Elle trouve dans le malheur de chacun de quoi se construire un semblant de bonheur rien qu'à elle, une raison d'être resté, de ne pas les avoir abandonné. Seul Sileo refuse son aide, ce qui la vexe au plus au point, sans qu'elle ne sache bien le pourquoi de ce refus catégorique. Elle a même sacrifié ses maigres écus pour investir dans un établissement où pourraient se regrouper tous les éclopés de la bande. Dans la salle du bas, une taverne avec quelques tables et chaises. À l'étage, assez de chambres pour rassembler tout son monde, pour veiller sur eux. Elle est pas à l'agonie, non, elle survit, encore et toujours.

Ce matin-là, pour attiser le feu un peu plus, elle a laissé la fenêtre entrouverte, malgré le froid ambiant qui coure les ruelles. C'est par cette fenêtre qu'elle voit la trombine d'un gamin sur la pointe des pieds apparaître.


- M'dame Corellio ?
Ce nom, prononcé ainsi abruptement, la laisse pantoise. Elle met un certain temps à lâcher son chiffon et à se retourner vers celui qui la renvoie à son passé. Devant sa tête ahurie et défaite, le gamin ne se démonte pas. Peu lui importe pourvu qu'il ait sa pièce.
- On a r'çu ça au pigeonnier pour vous. Si vous êtes bien c'te dame, quoi.

La voix se fait étranglée sous le coup de l'émotion. Depuis que mari et femme s'écrivent, le seul intermédiaire est un pigeon, ou plutôt plusieurs pigeons. Bref, un machin à plumes qui se débrouille pour voler assez bizarrement ou se planter devant elle avec son œil bovin (oui, oui, bovin...) pour lui faire comprendre qu'elle a une lettre à détacher de sa patte. Mais jamais personne n'a plus prononcer son nom de femme mariée depuis son départ d'Annecy.
- Oui, oui, c'moi. Donne.

Un menu denier est laissé au gamin porteur de message. La roussi-blondasse n'est pas radine, seulement fauchée comme les blés. Le mioche parti, elle s'assied sur la première chaise et entreprend d'ouvrir le pli. À une main. La gauche. Une vraie galère. Devant son impatience croissante, elle finit par sacrifier son bras droit, affrontant la douleur de son épaule qui se fait lancinante dès qu'elle bouge le moindre ongle de ce côté-là et la lettre est dépliée à deux mains dans une coordination parfaite, la grimace n'atteignant même pas son visage, barrée par les mots lus. Trois mots. Trois minuscules mots qui la laissent comme deux ronds de flans. Un clignement de paupière plus tard, les mots sont lus à nouveau. Et encore. Et encore.

Incapable de déterminer ce que ces mots lui procurent, elle sent seulement son sang s'emballer et venir plus fort contre ses plaies. Sa tête résonne affreusement, son épaule la lance brutalement. Tout son corps se met en éveil, comme si il avait sommeillé depuis plusieurs jours. Elle sent d'un coup le froid qui s'engouffre par la fenêtre ouverte, la chaleur qui se dégage des flammes. Elle sent la faim qui la tenaille, sa bouche qui s'assèche. Toutes ces choses auxquelles elle n'a prêté aucune attention se mettent à résonner comme une évidence. Alors, petit à petit, elle reprend vie. Le bras droit est redescendu le long de son corps, la fenêtre est fermée, le loquet en est baissé pour s'assurer qu'elle reste close, un pain est dégusté avidement, tandis que le gosier se fait rincer de quelques bières.
    ***
Le pli est rangé contre sa peau, machinalement, quand une Atro pénètre dans l'auberge. Et la discussion est entamée, normalement, ou du moins aussi normalement que le permet une discussion avec une fichue amnésique. Plus tard, alors que Mike les aura rejoint, Eliance dira d'une voix atone au milieu d'une discussion sans rapport un :

- Diego va venir.
Aucune réaction ne se fera ressentir chez la Teigne vidée de passé qui ne sait même plus qui est ce Diego. Mais un Mike posera quelques questions qui éveilleront la Ménudière un peu plus.
- Il vient seul ? Pourquoi il vient ? T'es contente ? C'est bon signe, ça veut dire qu'il pense à toi.
    ***
La réflexion entamée par le blond se poursuit dans la caboche ménudiérienne des heures durant.
Seul ? Aucune idée... peut-être avec la Tarte... il vient demander le divorce pour épouser la Tarte...
Pourquoi ? Peut-être je lui ai écris en arrivant ici... je me souviens plus... ou pour épouser la Tarte...
Contente ? Je crois... Je sais pas vraiment... Pas si il vient l'épouser et me reprendre mon nom...
C'est bon signe ? Bon signe de quoi ? ça veut juste dire qu'il pense à moi... p't-être j'lui manque... p't-être...

C'est au terme de ces pensées infécondes qu'elle prendra son crayon en plomb et qu'elle rédigera une nouvelle lettre en priant pour que l'Italien ne soit pas encore parti, ou que du moins, le piaf le trouve, qu'importe où il soit. Des mots tracés difficilement, mais sans rouge carmin pour inonder le papier, absorbé par les bandages à présent.

Citation:


    Diego,

    J'ai trouvé votre mot.
    Je ne sais pas pourquoi vous venez. Je ne sais pas si c'est bien, ou pas. Je ne sais rien.
    Je me suis dit que peut-être quelqu'un vous a écrit, vous a dit ce qui nous est arrivé.
    Je me suis dit que peut-être vous êtes inquiet.
    Alors voilà. Je suis en vie. Mon cœur bat encore. J'ai encore tous mes membres.
    J'ai promis de survivre et je m'y emploie chaque jour.
    Peu de mots, cette fois encore, à cause de mon bras.

    J'espère vous rassurer ainsi.
    Je vais bien. Du moins, rien n'est pire. Je survis.

    Eliance


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Diego_corellio
L’église, après ça j’y étais revenu. J’y étais revenu affronter tous mes démons et prier, encore, pour Elle.
Quand j’étais arrivé à ma piaule, les jumeaux s’éveillaient lentement alors qu’un pli m’attendait. Il est saisi, ouvert avec toujours la même impatience interminable pour qu’un soulagement inexorable se peigne sur mes traits.
Elle était sauve. C’est d’abord ce qui m’a traversé l’esprit, et puis ensuite de remercier celui qui avait réussi ce miracle, le miracle de la laisser vivre. Mes prières ?
Finalement je commençais croire que lorsqu’on désirait réellement quelque chose on pouvait l’obtenir, mais à la seule condition que le cœur soit sincère.

Puis après la retombée de l’émotion de la savoir en vie, j’ai relu ses mots avec attention. Alors comme ça elle ne se souvenait pas avoir écrit ?
Cette femme se posait décidément trop de questions. Ou alors elle avait raison … Ce n’était probablement pas une bonne idée que je vienne, que nous nous revoyons. Et la nordique alors ?
Je ne lui avais toujours pas donné la raison de notre départ ni pourquoi je voulais faire escale à Poligny, mais pour ma défense, je ne voulais pas faire cela par lettre et nous n’avions pas réellement eu l’occasion de discuter.
Et puis merde Eliance restait ma femme et je crois que j’en parlais suffisamment à Dae’ pour qu’elle l’ait intégré. Mais en même temps confronter à nouveau les deux femmes qui avaient été amies par le passé…

Décidément les femmes étaient bel et bien des créatures du diable, crées dans l’unique but de mieux faire ressortir les failles des hommes.
Avec un peu de chance l’armée qui les avait fauché nous tomberait également dessus et là s’en serait fini d’autant plus que j’avais complètement oublié de racheter des armes après qu’ils me les aient prises la dernière fois.

Sianne devait nous accompagner pour voir comment se portait Sileo mais je crois que l’appel de son brun avait été plus fort que tout et au dernier moment elle nous avait fait faux bond.

C’est au chaud dans une taverne à Genève que le crayon est pris, et que les mots se déposent sur le vélin au rythme de la pensée qui les assemble pour en faire des phrases.


Citation:
Eliance,
Si je viens c’est parce que j’ai cru endurer mille morts en recevant votre précédente missive tachée de sang qui disait que vous vous débâtiez avec la vie.
Si je viens c’est parce que je ne supporterai pas de rester loin de vous alors que vous vous mourrez.
Si je viens c’est pour vous veiller et m’occuper de vous comme vous l’avez fait pour moi que j’en ai eu besoin.

Aujourd’hui nous sommes à Genève, demain Saint Claude et vendredi Poligny. Sianne devait nous accompagner quand je lui ai appris la nouvelle, elle voulait voir Sileo mais je crois qu’elle nous a faussé compagnie.
Je vous emmène les jumeaux qui n’ont de cesse de vous réclamer.
J’aimerai pouvoir vous dire que j’aurai dû être là pour vous protéger mais nous savons tous les deux que ça n’aurait rien changé, on dirait que l’histoire tend à se répéter
Pourquoi lorsque vous êtes loin de moi vous frôlez de si près la mort ? Pourquoi Eliance ?
Aussi peur que la fois ou je vous ai laissé pour rejoindre Chinon. Quand je suis revenu vous ne vous réveilliez pas.
Je ne veux plus jamais avoir si peur Eliance, plus jamais.

Je resterai le temps qu’il faudra, et si vous ne le souhaitez pas alors je ne ferai que passer et partirai.
J’avoue n’avoir pas vraiment réfléchit en quittant Annecy aux conséquences de mes actes mais c’est ainsi, vous me connaissez assez bien pour savoir que j’agis et que je réfléchis après.
Continuez de vous battre, car si vous lâchez prise je vous suivrai.
Prenez soin de vous et surtout ménagez-vous.

Tendrement,

Diego Corellio.


La lettre est accrochée à la patte de l'oiseau qui s'élance dans les airs, alors même que mes yeux le suivent jusqu'à ce qu'il s’efface de mon champ visuel.
Le reste de sa course est imaginé tandis que les pensées s'évadent avec le volatile vers d'autres contrées.

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Eliance
Pourquoi tout est toujours compliqué ?
Eliance se croit maudite. Elle est peut-être dans le vrai, à voir ce qui tourne au vinaigre constamment autour d'elle.

Aimer son mari, ça devrait être simple ; lui a le cœur qui balance entre deux femmes, le cul entre deux chaises, comme qui dirait. Avoir un frère, rien de plus facile ; sauf quand ledit frère ne répond plus à aucune lettre. Avoir un ami, ça devrait couler de source ; l'ami, ne s'entendant pas avec les autres amis ménudiériens, se voit qualifier de
« sombre pervers manipulateur qui cherche à occuper sa petite vie merdique en jouant avec ta tristesse », tandis que les méchancetés sont monnaies courantes entre eux. Tenter de survivre à tout ça, ça devrait être faisable ; c'est sans compter sur les armées en manque d'entraînement, sur une meilleure amie qui semble trouver marrant de laisser choir sa cervelle dans les latrines à ce moment-là, et sur un mari qui trouve que l'instant est propice pour s'inquiéter pour sa femme.

Bref, c'est le bordel total là-haut, et si Eliance donne le change, se bat pour que Atro et Mike se retrouvent, pour que personne n'étripe l'Aveugle, pour que sa taverne ressemble plus à un troquet qu'à une grotte, elle se sent perdue et désemparée. La venue de Diego la pétrifie littéralement. Sileo fait la gueule, croyant que dès qu'elle va revoir l'Italien, elle va se jeter dans ses bras et souffrir à nouveau ; Mike en est heureux, il a besoin d'un pote pour boire et ne voit pas où est le problème à condition que la Tarte se soit pas là ; Atro est neutre, pour elle la chose est simple
« tu lui arraches les couilles », « tu le butes » ou « dis-lui de pas venir ». En gros, Eliance est seule pour affronter la prochaine venue de l'Italien, sans le soutien d'une amie paumée, d'un ami désespéré et d'un autre jaloux et tortueux. Elle ne sait pas comment gérer la chose, comment s'y préparer et l'angoisse se fait plus pressente jour après jour, prenant le pas sur la souffrance physique des blessures.

La dernière lettre reçue ne cesse d'être relue, encore et encore. Elle y cherche des mots qu'elle aurait oublié, mal lu, un sens caché, un quelque chose qui l'aiguille, lui indique quelle direction prendre, la rassure, l'apaise. Mais rien. Rien dans cette lettre ne lui permet de savoir où elle met les pieds. Rien ne la réconforte, contrairement aux autres lettres de l'Italien qui ont ce pouvoir-là. Il vient et il a pas réfléchi. Son angoisse se résume dans ces derniers mots. Si l'Italien réfléchissait, ça se saurait. Il aurait pas coucher avec sa meilleure amie, ni avec sa sœur, il se serait pas barré pour apprendre à se battre alors qu'elle allait mal, il aurait pas été jaloux de son frère, il aurait pas roulé des pelles à une future Corleone, il en serait pas tombé amoureux et il aurait pas des mioches qui poussent comme des champignons un soir de pleine lune. Rien de nouveau, donc, sous le soleil automnale de Poligny et c'est bien ça qui la travaille.

L'impulsivité ne convient pas à Diego, alors pourquoi il se met pas un peu à cogiter !
C'est ce qu'elle ressasse dans sa caboche sans cesse et c'est ce qu'elle cherche dans le moindre mot gravé sur le vélin : une once de réflexion, de détermination. Mais rien. Rien ne ressort. Elle tourne en rond dans sa pauvre chambrée. Pauvre parce que payé rubis sur l'ongle et pas cher du tout, le bâtiment est peu meublé. La pièce du bas comprend quelques tables et tabourets bancales. Les chambres sont crades, vides, mise à part une paillasse dans chaque. L'auberge l'occupe et lui permet de tromper son cervelas en faisant semblant de s'occuper de ses amis éclopés, alors elle s'en contente.

Elle finit par s'asseoir sur le plancher noir de crasse, jambes croisées, papier posé sur les lattes de bois et elle se met à écrire. Quelques lignes sont tracés, accompagnées d'un masque de souffrance à chaque effort pour forcer la mine du crayon à graver quelque mot sur le vélin. Quelques lignes seulement et le papier est chiffonné et envoyé boulé dans l'âtre. Le processus se répète plusieurs fois. Mots, douleur, âtre. Mots, douleur, âtre. Il ne lui reste plus qu'un papier. Un seul. Alors en soupirant, elle se concentre, décidant que ces mots-là seraient les bons. Sinon, peu importe, ils seront quand même expédiés au Dracou. La réflexion est grande dans la caboche douloureuse de la roussi-blondasse et les mots sont tracés lentement, l'un après l'autre, avec des pauses entre, pour être sûr de ce qui est inscrit.



Citation:


    Diego,

    Vous n'êtes en rien responsable de ce qui m'arrive.
    Vous ne me protégez plus. C'est ainsi. Un choix. Votre choix.

    Pardon de vous avoir tracassé tant avec cette lettre sanglante dont j'ai pas souvenir.
    Pardon. J'aurais pas dû vous écrire et vous inquiéter.

    Pourquoi vous réfléchissez jamais ?
    J'ai peur. Réfléchissez, pour une fois. Je vous en prie.
    J'ai peur. J'ai plus peur que mal.

    Faites attention en chemin. À vous. À eux.

    Eliance Corellio



Le bras douloureux reprend une position plus agréable, calé le long de son buste, tandis que les yeux relisent les mots inscrits. Plusieurs fois. Elle voudrait écrire davantage. Se livrer. Demander des précisions. Savoir à quoi il pense réellement. Ce qu'il espère en la rejoignant. Mais elle n'en fait rien.
Elle reprend quand même le crayon en main et d'un geste toujours hésitant, rajoute quelques mots. Puis d'autres encore. Plus hésitants que jamais, plus tordus, plus douloureux à écrire.


Citation:

    PS :
      Mike vous attend avec impatience.
      Atro a perdu la mémoire.
      Je vous attends aussi.


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Diego_corellio
Froide et distante.
C’est comme cela que j’ai perçu son écrit.
Avant son attaque, nous étions redevenus si proche, si indispensable l’un a l’autre que revenir à cela était inquiétant. Cependant si je m’autorisais le droit de fulminer et de m’agacer tout seul sur cette situation dont j’étais responsable, jamais je ne m’accorderai celui de lui faire de quelconques reproches sur le ton de sa lettre, ce qui aurait été drôlement gonflé de ma part.

Ce pendant je ne pouvais empêcher mon esprit de tourner à plein régime, à se poser mille et une questions quant à ce changement pour le moins radical et soudain. J’ai d’abord pensé que ça venait de ce qui venait de leur arriver, que leur moral avait dû en être plombé, mais je ne pouvais empêcher d’autres idées bien moins soft de faire leur entrée dans la caboche italienne.

Des idées et des doutes. Des questions et des pérégrinations. Ça y es j’y étais. Ou du moins je pensais l’être. Et si elle avait rencontré quelqu’un ? Et si c’était l’homme avec qui elle était à Annecy et qui était parti avec elle ? Et si c’était un homme qui l’avait sauvé et soigné après l’attaque ?
C’était moi qui aurais dû être à ses côtés pour la veiller, pour panser ses blessures même si mes connaissances dans le domaine étaient faibles. Mais j’étais absent. J’étais avec une autre. Une autre avec qui j’avais passé la plus grande partie de la soirée à me déchirer, une autre avec qui j’avais passé la plus grande partie de la nuit à me réconcilier et voyager.
Parfois on doit faire des choix. Parfois j’aimerai n’avoir pas le choix.
J’avais peur qu’elle ait trouvé un autre homme. J’avais beau m’interdire d’avoir ce genre de pensées si égoïstes je ne pouvais pas. J’étais fait d’une telle manière, que je ne pouvais pas penser autrement, c’était impossible. J’étais possessif à un point pas même imaginable.

Chaque soir, au moment de retrouver La Nordique je m’inquiétais de savoir, si je voyais que quelque chose n’allait pas. Et chaque soir, cette même peur qu’elle ne reparte avec l’autre. Une peur qui serait à la fois un intense soulagement. Mais aussi un douleur déchirement.
Je n’étais pas plus avancé que le jour où Elle m’avait demandé de choisir. Non, j’étais au même point, à tourner en rond. Sauf qu’à cela un élément nouveau venait s’ajouter.
Je ne pouvais désormais plus quitter Daeneryss.
Déjà avant c’eut été difficile mais là c’était devenu impossible, sous peine de passer pour le pire des salauds. Et pire.
Mais d’un autre côté, je savais que tôt ou tard je reviendrai vers mon épouse légitime. Tôt ou tard ça devrait arriver, c’était une certitude.
J’avais déjà ressenti ce besoin d’elle, de l’avoir près de moi, le même appel que celui que j’avais éprouvé alors que nous étions séparés, moi à Chinon elle en Lorraine. Ce même appel qui m’avait fait revenir.
J’allais et revenais, mais il serait un temps où je ne pourrai plus voguer ainsi. Un temps où il faudrait que je me pose réellement. Poligny serait ma dernière chance.
Il fallait que je me mette des barrières, que je m’empêche de nous détruire tous les deux. J’étais en train de sombrer et dans ma chute, je l’avais emmené avec moi.
Soit je restais sois je partais une bonne fois pour toute mais je ne pouvais pas me permettre de faire des allées et venues dans sa vie. Je n’en avais pas le droit.

Cependant, même si je tournais mon choix définitivement vers La Nordique, je me savais incapable de n’avoir pas de ses nouvelles ou encore de divorcer. Le divorce ce n’était simplement pas possible car elle serait toujours ma femme. La seule et l’unique à avoir porté mon nom. Et je voulais qu’elle le reste.

Ses lignes sont relues une fois encore. Puis une autre. Les mots sont usés par le passage de mes yeux dessus. Ils n’ont plus aucun secret pour ceux-ci qui les ont parcours tant de fois déjà. Tout comme mon esprit qui les connait par cœur.
Pourtant rien de spécial de marqué dessus. Pas même des mots d’amour. Juste des mots qui marquent notre distance et appui le faussé qui se trouve entre nous désormais. Mais ils viennent d’Elle alors ils sont beaux.
Elle voulait que je réfléchisse. Alors je me suis posé sur l’herbe fraiche et légèrement humide et je me suis concentré. J’ai réfléchit vraiment. Pour essayer de trouver une réponse à sa question et d’autres pour toutes celles qu’elle n’a pas posé mais qui je le sais tournoient dans son esprit par trop torturé.
Pourquoi je ne réfléchis jamais ? La réponse à cette question est simple.
Et d’ailleurs je lui apporterai deux réponses.
Elle écrit qu’elle a peur. Peur. C’est un mot fort utilisé pour traduire son angoisse. J’aimerai lui demander de quoi elle a peur. Mais je trouve la réponse trop évidente, et je n’ai pas envie de lire des mots qui pourraient bien trop m’atteindre. Alors je vais faire comme si elle avait simplement peur de la mort, ou peur de perdre ses amis. Je vais faire comme si car c’est tellement plus simple.

Un instant j’hésite à ne pas lui répondre, mais la tentation, plus forte que la raison décide à ma place et bien rapidement les mots courent s’allonger sur le vélin immaculé.


Citation:
Eliance,

Si je n’en suis pas responsable j’aurai pu, non pas l’éviter mais essayer de l’atténuer.
Ne me rappelez pas ce que je sais déjà que trop bien. Des choix on en fait tous, et croyez moi ou non mais j’aurai aimé n’avoir pas à faire ce choix - là. J’aurai aimé n’avoir pas le choix tout court.

Ne vous excusez pas, vous avez bien fait de m’écrire et si, il est vrai cela m’a plongé dans un état pas possible, je préfère avoir de vos nouvelles plutôt que me ronger les sangs à attendre vos pigeons et prier pour qu’il ne vous soit rien arrivé de mal. L’ignorance est dure pour un homme, ça peut le pousser à de bien trop extrêmes émotions.

Pourquoi je ne réfléchis jamais ? Il y a deux réponse à cette question ; La première, la plus simple, c’est que la réflexion je la laisse aux autres et préfère m’en servir comme excuse. Quoique je fasse ça n’est pas correct ou c’est une mauvaise idée. Alors quand on se voit jeté la faute en plein visage, il est plus simple de répondre que c’était sous le coup de l’impulsivité plutôt que d’une intense réflexion murement menée.
La deuxième est plus personnelle et moins générale ; parce qu’Eliance, quand on lit un vélin comme celui que vous m’avez envoyé tout s’arrête ou tout s’accélère comme vous préférez. Le cœur commence par rater des battements avant de ne plus émettre le moindre mouvement.
Les pensées se figent un instant qui semble éternité et l’horreur tombe sur l’âme lui imposant son poids conséquent. Puis les pensées reprennent leurs activité mais en accéléré. Elles sont littéralement en ébullition, assaillies de toute part par les questions, les sentiments et émotions.
La peur paralyse le cœur Eliance et perturbe la pensée.
Alors dans ses moments-là on pense surtout à se rendre sur place. On pense aux remords, à tous les non-dits, on pense à comment sortir l’autre de là, mais on ne pense pas à ce qu’il va penser lui.

Je ne resterai pas, car je vois bien que mon arrivée vous perturbe et dérange, j’aurai du vous laisser à votre vie et me tenir à l’écart mais je n’ai pas pu, Eliance, c'est ainsi et je m'en excuse.
De toute façon que je reste ne changera rien à la réalité qui est et persiste à être, je suis coincée, tout retour en arrière et désormais devenu impossible, non pas que je ne le veuille pas mais je ne le peux pas c’est ainsi.
Advienne que pourra.

De toute façon, Poligny est la seule ville par laquelle nous puissions passer pour rejoindre là où nous devons nous rendre.
Si cela apaise votre esprit de vous dire que je passe par accident alors libre à vous de le penser.
Et si l’armée qui vous à fauchée nous passe dessus alors, là aussi ce sera le destin et nous n’y pourront rien.

Dites à Mike que je lui apporte de bonnes bouteilles, et que s’il a besoin il n’hésite pas à écrire, ce n’est pas parce que sa femme me déteste que je ne peux pas lui filer un coup d’main. Passer du temps avec un homme ne sera pas pour me déplaire et me détendre en sa compagnie encore moins.

Pour Atro’ je peux écrire à Ayla pour lui demander le mélange qu’elle avait fait pour vous si vous voulez il me semble que ça avait bien marché. Me semble aussi qu’elle disait que le meilleur remède ce n’était pas de vouloir à tous prix lui faire réintégrer un passé, mais plutôt lui faire vivre le présent comme si rien n’était arrivé.

Je serai là demain.
Essayez de ne pas trop penser.

Diego Corellio.

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Eliance
Les heures passent, les étoiles tournent dans le ciel noirci et elle ne dort pas. Pas plus que les nuits précédentes. Comme toutes les nuits, elle pense à lui, à eux, à Elle, cette Autre qui est venu mettre le bordel. Ou peut-être mettre un point final au bordel qu'ils vivaient. En s'éloignant d'Annecy et de lui, elle a abandonné un bout d'elle. Elle s'est sentie vidée. Quasiment morte.

Et puis il y a eu l'attaque. Une autre. Encore. Et elle a eu mal. Elle a eu terriblement mal en voyant qu'il n'était pas là pour la défendre. Pour la première fois, elle était seule, avec ses amis pour seuls boucliers, pour seules protections aux souffrances. Elle a promis de survivre à lui. Elle tient sa parole. Jour après jour, lettre après lettre, elle accepte la distance, la compense à travers ces mots qui les rapproches, elle se fait à la situation, tant bien que mal. Son équilibre est là. Mais l'équilibre est précaire. Il va venir. Il l'a écrit. Les derniers mots qu'elle lui a adressés étaient terriblement froids. Elle le sait. Elle se protège. Elle écoute Sileo qui lui dit de ne pas se laisser atteindre. Mais ce soir-là, dans cette chambrée, elle est seule. Aucune parole ne vient la conseiller. Et le besoin de lui écrire une dernière fois avant la confrontation du lendemain se fait ressentir. Les dernières lettres ont été brèves à cause de son épaule. Les dernières lettres n'ont pas été ce qu'elle est. Ils se sont promis la vérité. Alors elle reprend le crayon et inscrit les mots qui sortent de son âme, oubliant la souffrance de chaque mouvement en cisaillant sa lèvre profondément.


Citation:


    Le Dracou,

    Ce soir, j'ai dit votre nom. Notre nom. Du moins, j'ai failli. J'ai ressenti quelque chose d'étrange en le prononçant. Du moins, en commençant à le prononcer. Quelque chose que j'ai éprouvé la toute première fois où il a franchi mes lèvres, après notre mariage auvergnat. Une sorte de fierté indescriptible. Mal placée, ce soir. Je l'ai pas dit entièrement, ce soir, parce que j'ai vu le regard de Sileo, j'ai entendu résonner ses paroles me conseillant de vous oublier. J'ai juste eu honte, soudainement, d'être fière d'être la femme d'un homme absent.

    Vous oublier, j'y arrive pas, Diego. Même vous écrire ces deux dernières lettres sommaires m'a coûté. Je préfère libérer mes pensées et les apporter vers vous plutôt que de prendre garde à cette épaule qui me hurle d'arrêter d'écrire. Je voudrais pouvoir me protéger de vous, vous regarder demain sans en être émue, vous envoyer bouler, ou seulement vous être indifférente. Mais je sais que j'y arriverai pas. Alors j'ai peur. J'ai peur d'avoir trop envie de ces bras que j'ai laissé partir. J'ai peur de vouloir entendre ces mots que j'ai pas assez apprécié, du temps où vous me les disiez. J'ai peur que vous voyiez combien je regrette de ne pas avoir su suivre vos envies de maison, de famille. J'ai peur de vous réclamer, comme un enfant réclame sa mère. J'ai peur de vous décevoir à être aussi faible.

    Si ça ne tenait qu'à moi, je voudrais que vous restiez toujours avec moi. Que vous ne partiez jamais. J'ai espéré que votre venue ait ce but. J'ai espéré que vous ayez changé d'avis. Mais quand je relis votre lettre, je bute constamment sur le passage où vous dites que rien ne peut être changé. Que les choses sont ainsi faites. Ces mots-là... ils font plus mal encore que...

    Diego, ce soir-là, avec le brigand, où je vous ai aimé comme jamais... on aurait dû mourir. On aurait dû s'endormir et ne jamais voir l'aube poindre au matin. On aurait dû s'éteindre heureux. Ensemble. Maintenant, c'est trop tard. On est condamné à survivre et à regarder les autres rire.

    Demain, prenez-moi dans vos bras.
    Demain, je vous aimerai encore.
    Demain, tuez-moi. Je vous appartiens.

    Eliance Corellio



La lettre est longue. Trop longue. Sous la crispation des muscles, sous le crayon qui s'est agité, l'épaule a souffert. La plaie s'est faite porte de l'enfer. Et le bandage n'a pas suffit à éponger l'âme rougeâtre qui coule le long de la beau blanche. Une goutte est venue finir sa course sur le bas de la lettre. Une seule, après le dernier « o » tracé. Comme une signature ultime, ou simplement une mauvaise augure. Eliance a regardé sa lettre souillée. Elle a regardé le rouge s'imprégner dans la fibre du papier. Elle n'a rien fait. Elle s'est contenté d'attacher solidement ce dernier pli à la patte d'un pigeon. Et elle est resté des heures, appuyée sur le rebord de sa fenêtre, à attendre que l'aube arrive, malgré le froid saisissant de la nuit. Une nouvelle lueur qu'elle aurait aimé ne pas voir.

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Diego_corellio
Dijon. Deuxième escale de notre voyage qui avait commencé deux jours plutôt. Finalement Poligny avait été laissé derrière plus tôt que prévu, non pas que ça ait été un fiasco retentissent, bien au contraire, elle était revenue, elle avait pardonné une fois encore.
C'était donc le cœur léger et libéré de la plupart de ses tourments que la route avait été prise en compagnie que la belle du Nord.

Direction d'abord Dieppe pour récupérer l'enfant du passé, puis l'endroit ou se trouvait les Corleone pour leur remettre Roméo. Mais j'espérais bien arriver à lui faire changer d'avis sur la question de son fils. Elle n'avait aucune obligation de leur remettre et si c'était d'une figure masculine qu'elle avait peur de manquer pour son fils, je pouvais très bien faire l'affaire, lui et moi nous entendions plutôt bien. Et puis après tout, dans son ventre grandissait le demi frère de celui ci alors...

Le soir venu, au calme d'une taverne, le charbon est attrapé, pour écrire à l'épouse restée en arrière. Pour apaiser ses doutes surement. Elle doit avoir peur, peur que je ne tienne pas ma promesse et que je ne revienne pas. Peur que je l'abandonne encore au profit d'une autre. Une autre qui porte notre enfant.
Mais voilà, elle à besoin d'être rassurée et moi besoin de lui écrire, par hâte de lire ses mots si bien fait sur le papier.

L'entête n'est pas habituelle. D'ordinaire ça aurait été "Eliance", mais la c'est bien "Eli' " qui y figurera. car, puisqu'elle n'aime pas vraiment les petits noms de type " Mon ange ", alors c'en sera un de moins formel que son prénom, mais de mon lyrique et romantique que ses surnoms que se donnent les amants.


Citation:
Eli',

Voici comme promis l'écrit apportant de mes nouvelles et témoignant par la même occasion que je pense à vous.
Sachez que je tiendrai promesse et ne m'égarerai pas sur les chemins, je vous l'ai dit, je reviendrai pour mieux vous aimer.

Actuellement nous sommes à Dijon, demain Sémur, et jusqu'ici pas d'encombres, je croise les doigts (y compris les doigts de pieds ! ) et touche du bois pour que nous ne tombions pas sur un ou plusieurs os.

Vous vous souvenez, d'un passage d'une de vos lettres ? En tous cas, si vous ne vous en souvenez pas, moi je m'en souviens, vous disiez, quand je vous parlais de mon projet de me poser enfin parce que je ne savais que faire d'autre et qu'à mon âge il était plus que temps. vous vous souvenez maintenant ?
vous aviez répondu que vous auriez aimé que j'en ai envie avec vous.
Que diriez vous, qu'à mon retour nous le mettions en pratique et que vous m'aidiez à le réaliser ce fameux projet ?
qu'on soit une vraie famille Eli'. Vous, Lucrezia, Manolito et Odile si elle survit à son infernal père.
on pourrai se trouver un coin sympa et essayer de se construire un truc. Mais un petit , je ne rêve pas de grandeur. Pas trop loin de la mer. Bien sur vous nous connaissez, ce ne serait qu'un pied à terre mais... Ce serait le début de quelque chose que nous auriez fait ensemble faute d'avoir eu un enfant.
Qu'en dites vous ?

Mike à répondu à la lettre que je lui ai envoyé. j'aime vraiment bien ce gars, c'est un chouette type et je comprends l'angoisse qu'il vit avec Atro', j'ai vécu la même avec vous quand vous avez une partie de votre cervelle qui a pris des vacances. sauf que surement que c'était pire parce qu'il y avait un maraudeur autour de vous.
La prochaine fois c'est mon tour d'oublier, mais j'ai confiance, je sais même sans souvenirs nous ne nous éloignerons pas.

Prenez soin de vous, et ne faites plus ces atroces cauchemars, ils n'ont plus lieu d'être, moi je dors sereinement.
Les petits vous embrassent et moi plus encore ( et surtout pas de la même façon). Le bonjour à Atro' aussi.

Tendrement,

Le Dracou, qui reviendra bientôt pour vous enlever.

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Eliance
Le nouveau surnom la fait sourire. Il lui laisse pourtant un goût étrange à la lecture. Eli'... Elle ne sait pas si elle aime ou non cette nouvelle appellation. En fait, c'est pas si nouveau que ça, si on considère que Pimp l'appelle ainsi, comme les filles de Thomas qui aimaient à scander « Tante Eli » en lui sautant dessus. Non. Même si elle n'a pas apprécié particulièrement les « mon ange » par le passé, trouvant un côté effrayant à cette faiblesse montrée à haute voix, elle aimerait les entendre revenir, lire leurs lettres délicates sur le papier. Elle en rêve secrètement, dans un seul but, celui d'avoir un surnom plus joli que l'Autre qui croule sous les surnoms tendres, être plus que l'Autre dans le cœur diegoniesque. En soi, gagner pleinement le combat de dindes qu'elle pense commencer à remporter. Douce illusion...

Mais il écrit, il tient ses promesses, les renouvelle même, propose des choses tout aussi rêveuses et extraordinaire. À la fin de la missive, elle est aux anges, un sourire béat a envahi son visage. Elle restera toute la journée à parler de cette lettre, à la manipuler régulièrement dans sa bourse, à la relire quand elle sera seule. Elle dormira avec, la joue posée dessus, pouvant enfin s'offrir à un sommeil réparateur truffé de rêves et d'illusions en tout genre, sans être dérangé par ce cauchemar nauséeux où elle subissait la vision de son mari et l'Autre en plein épanouissement corporel. On pourrait penser qu'elle rêve du morveux italien qui pousse dans le ventre de l'Autre, mais non. Eliance s'est convaincu qu'il est de l'autre italien, le légitime de la Tarte, alors le soucis n'envahit pas encore sa caboche. Et plus que jamais, elle se sent l'âme légère à attendre le retour de cet homme qui va l'enlever. Ah... les rêves... Elle en a. Ils sont simplement très bien dissimulé...



Citation:


    Mon Dracou,

    Je croise aussi tout ce que je peux en espérant qu'il ne vous arrive rien en chemin de dramatique.
    J'ai tellement hâte que vous rentriez. J'ai hâte de rencontrer cette Odile aussi. Mais sérieusement, cherchez lui un prénom, le sien est horrible. Je vous enverrais une lettre pour elle, très certainement, avec la prochaine que je vous adresserai. J'y réfléchis en tout cas.

    Je me souviens de ça, oui. Comme du jour où vous aviez évoquer de nous poser dans un coin et que j'avais refusé. J'ai toujours peur de rester dans un endroit, vous savez. J'ai peur de détester un endroit que j'ai aimé. J'ai peur aussi qu'Il me retrouve. Je ne sais pas... c'est dur à expliquer. Et stupide. Il est mort pourtant. Mais j'ai envie de cette famille dont vous parlez. J'ai envie de construire une maison Corellio. J'ai envie de faire ça avec vous. Avec vous, j'aurais moins peur, je saurais ne plus avoir peur.

    Atro et Mike voudraient aller à la mer, aussi. Si Kachi et les autres tardent à nous rejoindre, vous voudrez qu'on aille avec eux ? On pourrait trouver notre maison là-bas, peut-être. Et ensuite, repartir avec tout le monde. Qu'est-ce que vous en dites ?
    Mike vous aime beaucoup, oui. Il parle souvent de vous. Il m'a raconté le coup de l'emmener au tapin si... bref... C'est de l'humour masculin apparemment, parce que ça m'a pas fait spécialement rire. Mais ça se fera pas. Ils se retrouvent petit à petit. C'est touchant de les voir tous les deux se reconquérir.

    Si vous oubliez, je vous raconterais tout, comme vous l'aviez fait à Saint-Claude. Ça ne me fait pas peur... enfin... je crois. Je saurais vous montrer pourquoi je suis votre femme, pourquoi je vous ai dans la peau, pourquoi vous revenez toujours. Je saurai vous faire revenir à moi, même si vous égarez qui vous êtes en chemin.

    J'ai bien dormi, cette nuit. Sans cauchemar. Je crois que tout ira bien maintenant. Je le sens. C'est doux.
    Dites aux jumeaux qu'ils me manquent. Vous encore plus.

    Avec tout mon amour,

    Votre ange, qui attend impatiemment l'enlèvement promis


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Diego_corellio
J’ai été préoccupé ce qui explique que je ne me sois pas jeté, sitôt le vélin de l’épouse en main dans une réponse enflammée de mots tendres et sincères qui je l’espère la feront patienter le temps du voyage menant à la fillette. Préoccupé par la soudaine disparition de Roméo. Dae’ était angoissée et au bord de la crise à chaque instant, je l’étais aussi ce qui le transmettait aux jumeaux qui ressentaient ce mal être et qui les rendaient insupportables.

Ce voyage qui avait semblé commencer si bien était devenu en l’espace de quelques jours un véritable fiasco. Il devait nous permettre de nous laisser le temps d’appréhender la séparation mais bien vite, trop d’interrogations étaient venu se mêler de notre douce romance. Des questions par rapport à cet enfant qu’elle portait et qui aurait une vie malheureuse constamment baladé entre ses deux parents. Puis il y avait sa grossesse auquel je voulais participer, pouvoir constater et suivre l’évolution de son ventre en même temps que nous chercherions ensembles des prénoms pour cet enfant. D’ailleurs une première réflexion avait déjà été mené à ce sujet et quelques uns étaient sortis du lot.

C’est alors que je suis enfin seul, que rapidement un vélin est sorti pour répondre à l’épouse. Je sais que lui écrire m’apaisera et me délivrera d’un certain poids. Je sais aussi que je guetterai sa réponse pour boire ses mots salvateurs. Je sais aussi qu’elle les attend mes mots tout comme moi j’attends les siens.
Pas besoin de réfléchir ni même de concentration pour lui écrire, les phrases vont d’elles mêmes, jaillissants au bout de la plume qui court.


Citation:
Mon Ange,

Pour l'instant rien de dramatique si ce n'est un léger contretemps qui en fait est assez dramatique mais sur le plan émotionnel, pas sur le plan physique. Roméo est introuvable. Bien sur ceci reste entre nous, n'allez pas écrire cela à Gabriele, c'est à Dae' de s'en charger.

Vous savez, il me tarde aussi de la revoir, mais en même temps j'appréhende la suite, je ne sais pas si je pourrai assumer une jeune fille de cet âge et m'en débrouiller, elle ne s'apprivoise pas comme les petiots, elle est déjà grande, après elle est tellement spontanée et gentille que...
Bref je vais au moins me donner la peine d'essayer et puis il y a Ayla, elle saura m'aider dans cette épreuve.
Des prénoms j'en cherche suffisamment en ce moment, je lui donnerai un surnom, ça fera tout autant l'affaire.
Comptez sur moi pour jouer le rôle de pigeon voyageur, je suis sur que je peux exceller dans ce rôle.

Il est mort, Eli', et les morts ne reviennent pas ou du moins pas que je sache, vous l'avez vue de vos propres yeux ce carmer couler de sa plaie, il était bien mort, je puis vous l'assurer.
Vous savez rien ne nous oblige à y rester dans ce chez nous, et puis la construction prendra du temps alors... on fera par étape mais histoire d'avoir quelque chose qu'on aura fait ensemble, et puis ça fait famille non d'avoir une maison ? Il faudra un chien aussi, les familles en ont, et un chat pour ma fille, elle veut un chat.
Et puis aussi on arrêtera de courir les auberges tout le temps et de toujours avoir la patte en l'air.

Partir avec eux ça me va, et oui il est possible que nous trouvions un endroit qui nous plait et puis depuis le temps que nous devons aller à la mer … Il serait enfin temps que nous y allions pour de bon.
Et bien si Mike se met à bavasser de ça avec vous maintenant... tsss il dévoile notre plan. Et ne vous en faites pas ce serait au cas ou ils ne se retrouvent pas avec Atro'.

Commission faite aux enfants, même si je ne suis pas sur qu'ils aient tout saisis.
J'espère bien que je vous manque plus qu'eux, manquerait plus qu'ils me volent ma place ces sales bestioles.

Moi non plus pas de cauchemars d'une rousse qui se jette d'une falaise en me disant que c'est de ma faute.

Tenez moi au courant de l'évolution du couple Atro' / Mike.

Affectueusement,

Le Dracou.


Dans cette lettre, que des vérités à une exception près, les cauchemars sont encore là, mais ils ont changés, car dedans, désormais, c'est un homme que je déteste que je vois, portant mon enfant mon bébé. Ce même bébé qui l'appelle "papa" et sa Nordique de mère sourire à cette appellation.
Alors la fatigue s'accumule sur le visage italien marquant les traits plus que de coutume.

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Eliance
L’œil est aux aguets. Des jours qu'elle guette la moindre bestiole volante dans les parages. Et quand elle en voit une qui ressemblerait potentiellement à un pigeon de son Italien, elle se rue vers le pigeonnier en courant, peu importe sa tenue (plus ou moins débraillée) du moment. Mais rien. Pas de lettre, pas de pigeon italien. Eliance ne s'inquiète pas. Elle a sa dose d'espérance au maximum depuis le retour de son infidèle de mari et rien ni personne ne pourra changer ça. Elle se contente d'attendre avec une impatience toute enfantine d'éventuelles nouvelles de son Dracou qui se font attendre. Trop attendre.

La nuit est tombée. Les mois défilant ont vu les jours se raccourcir jusqu'à réduire la journée à peau de chagrin. Elle aurait trouvé ça morne, si les cauchemars l'envahissaient encore dans la pénombre. Mais il n'en ai rien. Elle ne voit plus l'Italien et la Tarte dans de fous ébats passionnés. Elle ne voit que son Italien qui revient. Encore et toujours. Elle dort tellement bien que parfois, elle se réveille péniblement avec un Louis en pétard gueulant tellement fort qu'elle se doute qu'il braille depuis des heures sans avoir perturbé le doux sommeil de sa marraine. Mais tant pis. Tant qu'il braille, c'est qu'il est vivant. Et puis sa mère a qu'à s'en occuper. Ce soir-là, elle s'est couchée tôt, pressée de retrouver son homme dans ses rêves et n'a pas tarder à visualiser la rencontre rêvée. Les retrouvailles se font, se passent, chaque nuit plus douces et passionnées, la Ménudière se laissant, dans ses rêves seulement, aller à des passions qu'elle réprime encore réveillée. Mais le rêve se gâche, un intrus est là. Elle sent sa présence. Il gêne. Et quand elle ouvre les yeux, un morveux dégingandé d'une douzaine d'années est au pied de son lit à beugler.


- M'dame Corellio !!!Ouhouuuu ! M'dame Corellio !!!


La vision de cette chose se dandinant d'un pied sur l'autre lui tire une tronche ahurie.


- Mais comment t'es entré toi ! C'va pas non ?
- Beh la porte é touverte ti'n !


Elle n'a pas entendu le gamin tambouriner contre le bois comme un acharné. Elle ne l'a pas non plus entendu pénétrer dans la chambrée et ne s'est pas rendu compte qu'il l'a épié quelques longues minutes dans son sommeil avant de se manifester à nouveau d'une voix forte. La couverture est tirée jusque sous son menton pour protéger la vue de sa simple chemise à cet homme en devenir et puis elle voit le pli qu'il agite. Elle tend une main autoritaire, s'en saisissant comme si c'était son dû.

- Prends trois pièces dans la bourse, là, et file.


Il peut bien en prendre dix, elle s'en contrefiche. La lettre est décachetée et dépliée à la hâte. Le gamin lui a laissé sa chandelle, posée au sol et la Ménudière boit les mots couchés sur le papier avidement. Il ne faudra pas beaucoup plus de temps pour qu'elle se saisisse de son crayon à mine de plomb et qu'elle s'assied par terre pour écrire à son cher et tendre avec le parquet pour tout support d'écriture et sa chemise fine comme seul frusque malgré le froid ambiant.


Citation:


    Mon Dracou,

    Votre lettre est une bénédiction. Non, je ne me transforme pas en crapaud de bénitier, j'en suis même loin. Mais je crois que votre pigeon aura essuyé quelque mauvais coup de vent et aura galéré à rejoindre Poligny. Je l'ai attendu longtemps. J'espère que vous aurez bien moins de mal à retrouver votre chemin. Je n'en doute pas, même si je sais votre sens de l'orientation douteux, je sais aussi votre envie de me revoir forte.

    Vous allez voir Ayla en Bretagne ? C'est une bonne nouvelle. À coup sûr, elle saura vous aiguiller sur la route de votre paternité tardive avec cette Odile. Et puis je serais là, aussi, pour vous y aider. Bon sang ce que j'aimerais pouvoir être là en vrai pour vous aider aussi. Je saurais l'être, utile, même à distance si vous voulez me confier quelque difficulté. Je sais votre esprit bien tortueux pour certaines choses. Ne vous torturez pas, Diego. Vous saurez être un bon père, comme vous l'êtes déjà pour les jumeaux. N'en doutez pas. Je crois en vous. Ça va vous faire rire, mais c'est ainsi.

    Comme j'ai hâte que vous rentriez et qu'on s'en aille voir la mer. Peu importe le froid, on ira bien se baigner, n'est-ce pas ? On aura une maison, un chat, un chien, tout ce que vous voudrez, en réalité. Votre bonheur fera le mien. Je rêve de vous toutes les nuits. De votre retour. Ça sera bien. Je ferais tout pour. J'aurais une surprise, vous verrez. Vous aimerez je pense.

    Si vous voulez savoir ce qu'il se passe ici, c'est plutôt agité. Mike a pris sous son aile un type étrange, un géant légèrement diminué cérébralement, mais très protecteur et fort sympathique. J'ai parfois l'impression de m'entraîner en lui expliquant les choses les plus élémentaires. Je serais prête pour les jumeaux. Hier, j'ai expliqué ce qu'est une catin... Et Atro a vu débarqué un oncle en ville. Un type un peu plus âgé que vous, au demeurant gentil, frère de sa défunte mère, qui annonce une dure réalité, soit l'arrivée imminente de huit autres oncles et tantes. Vous connaissez Atro, elle en est toute paniquée, remuée dans ce passé absent qu'elle peine à mettre de côté. Elle commençait à y parvenir, en fait, mais ces arrivées bouleversent tout. Je suis bien occupée, du coup.

    Je crois que j'aime mon auberge, vous savez. Elle est moche, d'après les autres, mais je la trouve belle, moi. Je m'y sens bien. Et puis j'arnaque un peu les gens avec un menu aux petits oignons. C'est plutôt pas mal.

    J'aime nous savoir sans cauchemar, mon Dracou. J'aime vous imaginer rêvant de votre ange.
    Et rassurez-vous, personne ne peut me manquer autant que vous. Les jumeaux sont dans mon cœur, mais certainement pas à la même place. Vous en avez une privilégiée réservée rien que vous votre Grandeur.

    Les nuages ont fui. Je le sens. On va être bien maintenant.

    Je vous aime tant.

    Votre douce.


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Diego_corellio
Le pigeon a été réceptionné alors que j’attendais en taverne seul (en effet, cette fois j’étais bel et bien seul, non parce qu' un peu plus tôt, alors que l’après-midi touchait à sa fin, j’étais torse nu devant la fenêtre peinant à nettoyer cette fichue blessure quand une rousse était entrée suivie d’une blonde. Si la rousse s’était indignée de ma tenue il n’en avait pas été de même avec la blonde qui en avait allègrement profité), brève pause après l’épisode du napperon bis.

Les femmes aimaient à me coudre il faut croire. D’abord Eliance qui s’était improvisée infirmière après que l’armée nous soit passée dessus et maintenant Dae’ , au même endroit mais cette fois à cause du brigand.
Ce con nous avait détroussé. Mais il avait fait bien plus que cela. Il ne s’en était pas tenu à prendre de simples biens, c’était ma dignité et ma force qu’il avait emporté avec lui. En revanche il avait apporté de la culpabilité et du désespoir à revendre.

Déjà je m’étais senti faible après Annecy, tout comme Mike se sentait actuellement ; de n’avoir pas su protéger sa femme, sa bien-aimée. Et là encore je n’avais pas su défendre ma famille. Quand il avait surgit le brigand, je n’avais pas eu peur, je m’étais juste demandé comment faire pour me battre avec un enfant dans chaque bras.
C’était tout à fait impossible. Alors j’avais fait avec les pieds mais ce n’était pas pratique et poser les jumeaux n’était pas envisageable ils risquaient trop au sol.
Puis les choses s’étaient accélérées, j’avais senti ma hanches se déchirer pour mieux hurler sa douleur, les coups s’étaient enchainés et je m’étais réveillé quelques minutes plus tard mais c’était trop tard, si les jumeaux n’avaient rien Elle, avait reçu des coups. Je m’en voulais tellement et j’avais tellement honte…
Elle avait eu beau essayer de me raisonner, si elle perdait l’enfant je savais que je ne m’en remettrai pas.

Tout cela pour dire, qu’après lecture et réception du vélin, j’y ai répondu en m’appliquant comme lorsque je lui écrivais.
Ses mots étaient salvateurs, porteur de tout l’amour qu’elle pouvait y glisser et que je savais sincère. Ces mêmes mots qui m’allaient droit au cœur.


Citation:
Eli’,

Et moi qui croyais qu’il vous était arrivé quelque chose pour que vous mettiez tant de temps à me répondre…

Pardonnez mon écriture quelque peu mal assurée par endroit, mais cette nuit nous avons essuyé les sévices d’un brigand qui nous a tout pris.
Les jumeaux n’ont rien mais il va vraiment falloir que je trouve un moyen pour me les attacher par là parce qu’ils m’ont gêné durant le combat.
Ne vous en faites pas tout le monde va plus ou moins bien, eux n’ont rien, et moi seulement ma blessure au flanc qui s’est rouverte et un peu étirée.
J’ai été soigné et la duchesse qui est aussi médecin m’a soigné ou du moins vérifié les soins que l’on y avait pratiqué.

Nous sommes à Argonne, les femmes sont affamées là-bas, j’ai bien cru qu’elles n’avaient jamais vues d’hommes de leur vie. Une duchesse Johanara D’Ambroise vous vous souvenez d'elle ? Et Marion Ozéra la sœur de Niallan. Ça pour une coïncidence…

Si vous saviez comme je me sens… faible des fois Eliance. Vous savez, je crois réellement que je ne pourrai jamais défendre ma famille. Je n’ai pas su vous défendre lors du voyage en Italie et par ma faute vous avez frôlé la mort. J’ai essayé de noyer ou d’apaiser ma conscience en me disant que c’était une armée. Mais là encore je n’ai pas su les protéger. Les jumeaux … ils auraient pu mourir et… Elle ... a été blessé et …
Les faits sont là. Je suis incapable de protéger qui que ce soit.

Non je ne vais pas voir Ayla en Bretagne, pas envie de faire un détour, elle me conseillera par lettre ça fera aussi bien l’affaire même si j’avoue que j’aurai bien besoin de la voir. Vous savez comment elle va vue que vous lui avez écrit ?
Je vous écrirai aussi si je suis en galère avec ma fille, je sais que vous aurez de bons conseils quoique bizarres des fois… Au fait je n’ai pas reçu la lettre que vous vouliez transmettre à Odile ?
C’est normal ou bien … elle s’est perdue en route ?

Moi aussi j’ai hâte, l’air salin me manque et vous aussi, on se baignera, on se caillera, on se dorera la pilule au soleil (assez froid je le crains mais on se réchauffera), puis on courra dans les vagues aussi.

Je préfère que vous rêviez de moi plutôt que de ses horreurs que vous m’avez conté. Mais dites moi, vous savez à quel point je suis curieux n’est ce pas ?
Imaginez, à ce moment précis le fin sourire qui étire mes lèvres..
Puis je savoir ce que je traficote dans vos rêves ?

Mike devrai s’occuper de sa femme au lieu de copiner avec une montagne stupide, je pense qu’elle a plus besoin de lui … Au fait comment vous en sortez vous avec la garde de votre petiot ?
Bah vous en faites pas, les jumeaux on a pas besoin de prendre des pincettes pour leur expliquer il doivent comprendre que la vie est crue et sans détour ( oui je me la joue un peu à la Ayla et son éducation à la dure mais c’est une bonne mère alors je vois pas pourquoi j’aurai pas le droit de la copier ).

Vous êtes assez paradoxale Eliance vous savez... Vous ne voulez pas être mère mais pourtant vous avez toujours un mioche de fourré dans les pattes ou vous vous entrainez pour essayer d’en être une avec les enfants des autres.

Ah bah elle doit pas être chouette la Atro’ avec tout ses gens qui lui gravitent autour d’elle alors qu’elle est dans le noir total… Transmettez lui mes amitiés je ne vais pas lui écrire pour trois mots puis par vous ce sera plus rapide.

Arnaquer les gens ? Et moi qui vous croyais si angélique, attention, vous allez finir ange déchu comme moi. Le côté obscur vous guette très chère…
Votre auberge… j’avoue que je n’ai pas vraiment prêté attention à la décoration des lieux j’y ferai plus attention au retour et puis vous aurez tout le temps de la mettre à votre gout ça vous fera un truc de plus à faire.

J’aime lire cela, d’ailleurs vos mots je les sais par cœur, c’est fou non ? Moi qui n’ai de mémoire pour rien voilà que je suis capable de retenir sans le moindre effort vos écris ! C’est qu’ils me touchent plus que je ne voudrai bien l’avouer mais passons…
Oui nous allons être bien, je vous promet que je ferai tout pour que nous soyons heureux, pour être celui qui vous fera sourire et saura vous tenir à l’écart de vos démons mais surtout de votre falaise.
Je vous promets d’essayer d’être cet homme.

Avec tout mon amour,

Le Dracou.


Je ne lui mens pas, j’essaierai réellement. Je veux la rendre heureuse comme jamais je n'ai su le faire, je veux voir de la joie sur son visage. Et je ferai tout pour y arriver même si pour cela je dois taire certaines choses...
Je ne veux plus qu'elle souffre par ma faute, seulement la destiner vers avenir qu'elle mérite amplement.

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