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[RP] Même loin, il continue de battre pour vous

Eliance
Paradoxale, elle l'est. Mais c'est pas non plus sa faute, à la roussi-blondasse, si une hystérique blonde a pondu des jumeaux à son mari et que sa meilleure amie amnésique a décidé qu'elle n'est pas prête à être mère tout compte fait, et que, du coup, elle se retrouve toujours à s'occuper d'au moins un morveux. Ça devient dur de faire illusion à détester les braillards. Très dur. Même Diego ne semble plus trop y croire. Quoiqu'elle lui ait avoué le fond de vérité qui se cache derrière le mensonge, il entre toujours dans son jeu, comme pour lui trouver des excuses à cet enfant qu'ils n'ont pas et la déculpabiliser. La famille, ils l'auront. D'une manière ou d'une autre. Et puis quoi... il a déjà trois bâtards à s'occuper, bientôt quatre... elle va pas lui en pondre un cinquième légitime ou ils ne sauront plus où donner de la tête. Et puis si elle le tue comme les autres ? Et si Diego se casse en abandonnant les bâtards à sa femme ?... Bref. C'est pas l'heure. Voilà tout.

Un chiard sur les bras, c'est encombrant. Surtout quand sa mère lui manque et qu'il passe ses nuitées à brailler à qui mieux mieux. Si elle a retrouvé le sommeil avec le retour-promis-prochainement, Louis lui a retiré ses beaux rêves tout doux ces derniers jours. Ça, plus une Atro jalouse d'Eliance, pensant qu'elle lui vole enfant et tontons... folle ambiance. Mais la délivrance a sonné, il semblerait, puisque la Dragonne a repris le marmot, laissant rêver à Eliance la perspective d'une belle nuit. C'était sans compter sur le chaton reçu la veille et un intrus batracien qui a croassé toute la nuit.

Les popoches sont toujours présentes sous les yeux fatigués de la Ménudière, au réveil, mais c'est libre qu'elle pose un pied par terre. Libre de s'étirer, de bailler, de s'allonger à nouveau. Pas de torchon à faire sucer, pas de gamin à bercer, pas de comptine à chanter. Rien. Le vide. Si on met de côté le chaton qui s'acharne sur ses orteils à coups de griffes.

Alors elle fait ce qu'elle attend de faire depuis des jours. Écrire à Diego. Si le début de sa lettre l'a inquiétée, elle a ensuite été rassuré du ton qui a suivi, sentant qu'il irait bien malgré tout. Le corps fin s'est levé, enveloppé dans la couverture laineuse, et Eliance a pris papier et crayon avant de se poser sur le plancher inconfortable. Il va vraiment falloir qu'elle transforme ce taudis en auberge, ça devient pénible de devoir écrire au sol faute de table dans les chambrées.


Citation:


    Mon Dracou,

    Je vous dois des excuses pour cette réponse qui se fait tardive. J'aurais voulu tellement vous écrire plus tôt, mais la mauvaise humeur de Louis et son choix de hurler à la mort ont accaparé tout mon temps. Vous savez ce que c'est... je ne vous apprends rien. Et quand celui-là beugle, je peux vous garantir qu'il ne fait pas semblant. C'est bien le digne fils de sa mère. Je vous le garantis. Elle l'a repris hier soir, ce qui me permet d'avoir un peu de temps pour vous répondre.

    Comme je m'inquiète pour vous, de vous savoir si loin et blessé à la fois. Je pense sans cesse à vous, j'imagine ce que vous pouvez faire au moment dit, je vous imagine avec les jumeaux, je vous imagine marchant sur un chemin caillouteux, avec eux dans les bras, je vous imagine vous réchauffant au feu d'une auberge. Je pense sans arrêt à vous tout en n'ayant que peu l'occasion de parler de vous à des gens.

    Je me souviens bien de cette Johanara, oui. Je ne l'aime pas, je crois. Atro dit que j'aime tout le monde, mais c'est faux. Je hais les femmes qui vous tournent autour. Et un peu Niallan aussi parce qu'il amène ces femmes à vous. Pourtant, je vous fais confiance. Vous avez dit être épuisé des femmes et je vous crois. Certains disent que je suis folle de croire en vous après tout. C'est ainsi. Je crois en vous. Comme vous croyez en moi.
    Un oncle de Atro m'a demandé comment un mari pouvait laisser sa femme seule ainsi. Je lui ai répondu que vous n'aviez pas peur, que je ne vis que pour vous. Il n'a pas semblé convaincu. Les gens sont parfois si idiots. Est-ce que c'est si dur à comprendre, que c'est possible de s'aimer ?

    D'ailleurs, je vous défends de penser que vous êtes faible. Vous ne l'êtes pas. En aucun cas. En Italie, si vous n'aviez pas été là, je ne me serais pas relevé, Diego, de ces terres ritales. Les mauvais soins appliqués à mon bras, j'en suis la seule responsable. J'aurais dû prendre garde à cette douleur et m'occuper de moi, en plus de vous. Vous m'avez toujours protégé à merveille. Depuis le début qu'on se connaît, vous m'évitez tout. Vous avez tué Gontrand. Vous avez tué ce brigand. Vous avez écarté ces soldats italiens. Vous êtes fort, mon Dracou. Seulement, on ne peut pas toujours parer tous les assauts. Vous êtes simplement humain. Et beau aussi. Et si fort. Voyez comme vous avez protégé vos enfants simplement avec vos pieds ! Vous y êtes arrivé. Ils sont sains et saufs. C'est le plus important. Votre blessure à vous guérira vite. J'y veillerai.

    Je n'ai pas écrit à Ayla depuis un bon moment. Je ne trouve pas le moment pour ça. Peut-être si Atro garde Louis dorénavant, je le pourrais. Je vous dirais ce qu'elle me dit de sa forme.

    Avez-vous trouvé votre fille ? Je vous mets la lettre adressée à elle avec la vôtre. Vous pouvez la lire si vous voulez. Je l'écrirais en suivant celle-ci, même si je pense que les mots ne couleront pas aussi facilement que pour vous écrire à vous. C'est tellement simple de vous écrire, à vous, mon mari. J'aime cela. Je crois que même quand vous serez revenu, je vous laisserai des petits mots. Des petites choses qu'on ne se dit pas aisément, mais qu'on peut graver sur un bout de papier innoncent.

    D'ailleurs, je peux vous confier mes rêves par écrit. J'imagine votre sourire espiègle à lire ça. Imaginez ma mine gênée... elle est là, sans doute, même si j'évite les miroirs, je la sens. Dans mes rêves, Diego, vous revenez. Vous êtes au bout du chemin et je vous vois avancer. Vous êtes si grand, si fort. Votre silhouette se détache comme une ombre dans la lumière. Vous avancez. Avec cette aisance et cette prestance que j'admire. Votre pas est lent, tout en étant dynamique et assuré. Plus vous vous approchez, plus je distingue de détails. Je peux voir vos cheveux, toujours aussi mal coiffés, et pourtant qui vous vont si bien. J'aperçois votre visage, vos yeux perçants, votre sourire étourdissant. Celui que vous réservez aux grands occasions, vous savez ? Vous portez ce gilet que je vous ai offert. Vous êtes beau, tout simplement. Et puis au bout d'un moment, je n'y tiens plus et je me jette dans vos bras, à votre cou, pour vous voir de plus près, de très près. Pour vous sentir contre moi, percevoir votre odeur. Et puis pour vous embrasser. La suite... peut-être un jour je vous l'écrirai. Rappelez-vous seulement la nuit où vous avez tué le brigand. La suite se passe de la même manière. Sauf qu'il n'y a pas de brigand. Juste vous et moi.

    Votre promesse, mon Dracou, compte mille fois plus que n'importe quoi. Je sais vos promesses rares et sincères. Je sais que vous les tenez toujours. Celle-là a une saveur si belle. Je la sais par cœur, comme vous savez mes mots aussi. Vous avez raison, c'est étrange comme on retient ces choses-là et comme le reste glisse sur notre mémoire de manière totalement désinvolte.
    Avez-vous lu les projets du clan ? Ce sera peut-être pas à côté de la mer, mais on y sera tout à côté, avec un peu de chance.

    Faites attention à vous. Par pitié. Et dites aux jumeaux que je pense à eux.
    Vous, je vous embrasse de la plus jolie des façons. Amoureusement.

    Votre Eli.




Citation:


    Odile,

    Cette lettre est si étrange. Je ressens moi-même une sensation particulière en l'écrivant. Et pourtant, j'y tiens. Diego saura le rapporter, depuis le temps que je lui en parle. Il est si dur d'écrire à quelqu'un qu'on n'a jamais vu, quelqu'un qu'on ne connaît pas. Dois-je dire « vous » ou « tu » ? J'y ai longuement réfléchi, la question me semblant tellement complexe. J'ai le statut de belle-mère, certes (ce que ça peut faire vilain de le voir écrit...), mais je n'ai aussi que quelques années de plus que ma belle-fille. Donc, l'un dans l'autre, je vais me permettre un « tu », ici-même, qui ne rencontrera pas de reproche, je l'espère. Sans quoi, il faudra me reprendre et j'adopterai un « vous ».

    En fait, je ne serais pas une matrone. Je n'en suis pas une. Comme je ne suis pas une mère pour les jumeaux à proprement parler, je ne compte pas imposer une quelconque autorité auprès de toi. Nous verrons bien ce que nous serons, toutes les deux. Mais je tenais à te dire que je ne chercherais pas à m'imposer à toi.

    Je veux te parler de ton père, aussi. Je ne sais pas quelle première impression tu as de lui. Je sais les premiers coups d’œil foireux, alors je vais te dire. C'est un homme bon. Terriblement maladroit parfois, pas sûr de lui pour dix deniers, mais tellement entier et attachant. La vie qu'il a pratiqué avant est loin. Chacun a sa croix, une chose moche qu'il souhaiterait cacher. Malheureusement, sa chose moche à lui, il ne peut la cacher, puisqu'elle a engendré pleins de marmots comme toi. Si il a eu du mal à accepter les jumeaux au départ, il n'en sera pas de même pour toi. Il angoisse de ne pas être à la hauteur de tes rêves, mais il s'efforcera de l'être, ou du moins d'apprendre à te connaître.

    D'ailleurs, on apprendra tous à vivre ensemble et tu pourras rester avec nous aussi longtemps que bon te semblera.

    Je ne sais trop que te dire d'autre, à part que j'attends votre retour avec impatience. Pour revoir mon mari, bien sûr, les jumeaux, aussi, mais également pour te rencontrer.

    J'espère de tout cœur que vos retrouvailles se passeront bien.
    N'hésite pas à m'écrire si tu as quelque difficulté avec lui. Ou si seulement tu as des questions. J'imagine ces moments complexes. Et j'aurais aimé les vivre avec vous, à ses côtés.

    Prends soin de toi, prends soin de lui.

    Bonne route.

    Eliance Corellio


_________________
Diego_corellio
A chaque fois que je lui écris j’ai l’impression que le début de ma lettre va commencer par un mauvaise nouvelle. D’abord un retard, puis le coup de ce satané brigand et enfin le coup de grâce qui je dois le dire à fini de m’achever, avec en prime une inquiétude grandissante pour la gamine qui a débarqué à l’improviste dans ma vie. Faites des gosses j’vous l’dis moi !

Mais dans toutes ces mauvaises nouvelles, y a les moments que je savoure avec ma nouvelle femme. Un problème avec le fait que j’ai une nouvelle femme ?
Non parce que sérieusement y a pas de quoi fouetter un chat, y en a qui collectionne les armes, les poupées moi ce sont les femmes. Enfin si on peut dire qu’à partir de deux c’est une collection…
N’empêche que cette solution à réglé tout mes problèmes et à achevé de me faire franchir de manière clair et nette la ligne me séparant de la double vie. Mais est ce que ça faisait de moi un enfoiré ? Théoriquement oui mais… (oui parce qu’avec moi y a toujours un « mais »…) en vrai, ça va arranger tout le monde, attendez je développe mon point de vue : tout d’abord, je serai pleinement heureux avec ma femme Numéro 1 (Eliance). Ensuite je réalise mon rêve d’épouser la Nordique et de fonder une famille avec elle. J’aurai dans quelques mois un enfant légitime. Ce qui n'oblige plus Eliance à m'en faire un donc on peut être une famille sans qu'elle soit en cloque et que ce soit une tare pour elle de porter mon enfant. Et j’ai les deux femmes que j’aime.
Que des avantages. Moi je dis vive la polygamie !
D’ailleurs faudrait que je pense à brancher Niallan dessus… ou pas. Si vous voulez qu’un lourd secret soit éventé, confiez le à Niallan et lorsqu’il sera bourré ou déchiré il s’empressera d’en dévoiler le fond par de SUBTILES allusions.

Mais bon revenons en à nos moutons, à la base je parlais du début de l’épitre qui va suivre et il serait peut être temps de l’écrire, car j’ai beau être particulièrement fort, les mots ne se couchent pas encore d’eux même depuis mon esprit jusque sur le parchemin. Tout comme lorsque je lui écris, un fin sourire vient se lover au coin de mes lippes pensant déjà à tout ce que je vais lui conter ici. Elle me manque. Alors, ici le signe distinctif qui montrera qu’elle me manque particulièrement en ce moment sera ce surnom que j’ose désormais employer avec elle.


Citation:
Mon Ange,

Vous êtes toute excusée même si j’enverrai bien une lettre à Atro’ pour lui dire de ne pas garder son mioche que pour les bon moments… Et Mike il peut pas le gérer le petiot ? Ils vous ont fait marraine pas nourrice à plein temps !
Je sais en effet ce que c’est et en plus moi ça hurle deux fois plus fort. D’ailleurs ils sont particulièrement exécrables en ce moment, ils se sont trouvés un nouveau jeu qui consiste à me tirer la moustache.
Des fois j’aimerai en faire du pâté de mes gosses !

D’ailleurs en parlant des jumeaux, je vois leur mère dans quelques jours, elle les veut même si je ne sais pas si c’est une bonne idée vue qu’elle est enceinte … bref si tout ce passe comme prévu vendredi je les lui remet ce qui va m’arranger pour ce qui va suivre.

Je n’ai pas pu récupérer ma fille en effet un homme inconnu à écrit à Dae’ lui annonçant que Gabriele est mourant et qu’il se trouve à Saint Aignan. Je l’accompagne donc pour qu’elle puisse le veiller, étant listée la bas il était hors de question qu’elle parte seule, l’ennui c’est que je le suis également à cause du pillage de l’année dernière c’est pourquoi les jumeaux seront en sécurité avec leur mère.

Odile m’a écrite, elle va me rejoindre par ses propres moyens, j’avoue que cela m’inquiète grandement de la savoir seule sur les routes alors que c’est une jeune fille naïve qui n’a aucune approche de la vie en dehors de sa ferme et qui est très jolie et bien formée pour son âge.
Je lui ai envoyé mon larbin, ce sera mieux que rien en attendant de trouver mieux. En attendant j’espère fort qu’il ne lui arrivera pas de mal mais voyez je ne peux pas me dédoubler, sinon une partie de moi serait restée avec vous, une autre accompagnerait La Nordique et la dernière irait chercher ma progéniture.

Vous n’avez pas à craindre Johanara, elle a été très correcte avec moi, s’est tenue, c’est plutôt la sœur de Niallan qui m’aurait bien sauté dessus mais rassurez vous je ne me suis pas laissé faire. Un peu plus et j’ai cru que j’allais me faire violer par une femme.
C’est la réalité, je ne regarde plus les femmes autres que vous et Elle. Ainsi je ne vous mens pas mais vous le saviez déjà n’est ce pas ? Ces mots ne sont pas écrit pour vous blesser, mais vous conforter dans la réalité. Je ne veux plus de toutes ces femmes, elle ont beau me proposer ce qu’elles veulent je refuse, comme avant-hier soir, cette femme qui voulait me faire une gâterie, je l’ai renvoyé chier.

Eliance, vous ne voyez toujours que le meilleur en moi, mais soyez réaliste, je ne serai jamais un homme capable de vous tirer de toutes situations, alors oui j’ai occis un brigands, limité la casse en Italie, mais ce ne sont pas là des prodiges dont il faille se réjouir. Les jumeaux sont sein et sauf mais par ma faute mon futur enfant ne naitra peut être jamais et ça je ne pourrai jamais me le pardonner.
Enfin, vous avez toujours les mots qu’il faut pour réconforter un mari peu sur de lui, toujours les mots qui vont droit au cœur et qui apaisent.
J’aimerai pouvoir vous aider moi aussi un jour. Mais vraiment.

Vous savez, je ne vous l’ai pas dit mais Dieppe vous plairait, c’est verdoyant, rafraichissant, il y a la mer et … il y a une falaise aussi. Je sais que vous les aimez. Mais moi je les déteste car elles me font peur. J’ai peur qu’un jour un de mes actes vous y précipites pour mourir en son sein.
Mais je vous y amènerai quand même la bas. Et je vous mettrai une laisse comme vous avez voulu faire avec les petits.

Vous pouvez aimer écrire, car c’est un plaisir de se perdre dans vos mots, au détour des lignes…
Des petits mots ? Vous êtes sur qu’ils seront petits ? Parce qu’en général vos lettres sont longues (et n’y voyez pas là une critique, ça n’en est pas une).
J’ai lu la lettre que vous lui avez écrite, Vous savez combien je suis curieux… Je la trouve très bien, bien qu’un peu formelle peut être. Enfin je pense qu’elle sera touchée, ça m’a l’air d’être une jeune fille sensible à ce genre d’attentions. Elle a de la chance de vous avoir pour belle mère je sais que vous serez bien avec elle. Puis vous me flattez encore dans votre lettre, je vais finir par avoir les chevilles qui enflent.

Vous précisez par écrit ? Seulement ? J’aimerai que vous puissiez me les confier à l’oral également, enfin quand ce sera possible et que distance ne se mettra plus entre nous.
Pourquoi seulement dans vos rêves ? Je vous ai promis de revenir en vrai. Je l’ai promis Eliance et vous savez la valeur des promesses entre nous ?
Mal coiffé ?! Voyez vous cela… quoique vous avez raison aucun soin dans la tenue ni dans la coiffure.
Continuez de rêver Mon Ange, mais je persiste à croire qu’un jour ce rêve ce réalisera, que vous pourrez me sauter au cou, et que mes bras se refermeront autour de vous pour vous sentir, vous tenir plus contre moi.
Le reste je me doute que vous ne pouvez l’écrire, et je ne vous en veux pas, le faire est difficile mais l’écrire… C’est très plaisant à lire soit dit en passant. Le pratiquer l’est cependant encore plus.

Non je n’ai pas lu les projets du clan, je sus pas mal occupé et n’en faisant pas parti c’est vrai que je n’y ai pas pensé…
Tant pis pour la mer j’espère qu’un jour on ira la voir, j’en ai parlé à Odile et aux jumeaux en plus !

Accrochez vous à ces promesses et à vos rêves, ils sont importants.
Dites mois comment évolue la situation la bas, comment vous allez, continuez de me conter vos rêves et dites moi combien de jours il vous reste à Poligny.

Prenez du temps pour vous au lieu d’être toujours aux petits soins pour les autres.
Gazouillis de la part des jumeaux, Lucrezia vous a ramassé des fleurs hier matin.

Tendrement,

Le Dracou.

_________________
Eliance
Pourquoi cacher plus longtemps que ça ne va pas ? Pourquoi ne rien lui dire alors qu'il est peut-être le seul à pouvoir la comprendre ?

Enroulée dans sa cape, capuchon vissé sur la tête, assise sur un rocher bordant un chemin, Eliance profite d'une pause et des premières lueurs du jour pour écrire. Un crayon l'a toujours soulagé. Depuis que son père lui a offert son premier, elle écrit comme d'autres hurlent. Elle écrit à ceux qui sont importants, elle écrit à ceux qui comprennent. Et puis elle écrit aussi, simplement pour coucher les mots, les graver quelque part, quitte à brûler ensuite le papier. Peu importe, ils sont sortis.

L'écriture est précaire, avec le froid qui fouette ses doigts. La mine aussi a froid et gratte plus que d'ordinaire, accroche les fibres avec plus de bruits. Elle prend du temps pour elle. Elle s'y essaie, du moins. L'Italien la rendra folle, si ce n'est déjà fait. Elle se perd en lui quand il est là. Elle se perd tout cours quand il se fait lointain. Elle a resongé à la falaise, la veille. Mais ça, elle ne lui confiera pas. Elle ne veut pas qu'il refasse ce rêve qui l'a hanté à Annecy. Elle essaie de s'occuper d'elle, mais ce sont bien les autres qui la préoccupent encore, pensant sans arrêt à eux, depuis le départ de la veille.


Citation:


    Mon dracou,

    J'ai suivi vos conseils. J'essaie de penser à moi. Je sais pas si je m'y prends comme il faut. J'ai quitté Poligny. J'ai pris la route cette nuit avec la famille d'Atro qui va sur Annecy. Les derniers jours ont été rudes. Je ne voulais rien vous en dire. Je ne voulais pas vous inquiéter. J'en ressens pourtant le besoin. J'aurais voulu que vous soyez là. Vous auriez su me rassurer. Vous auriez su me dire de glisser et de penser à autre chose. J'ai réçu tellement de reproches, Diego, alors que j'essayais simplement d'aider Atro à les connaître. Tellement de reproches alors que mes journées s'organisent en fonction d'elle et de Louis. J'ai essayé de glisser. J'y suis pas arrivée, touet seule, sans vous. Je lui pardonne, elle traîne une angoisse telle ces derniers temps. Comment lui en vouloir de ses réactions ?

    Pourtant j'ai eu mal. Si mal, Diego. Je me sens seule sans vous. Je pars quelques jours à Annecy. Un de ses oncles me ramènera à Poligny dans quelques jours. Je risque gros en m'éloignant ainsi. Seulement quatre jours et, pourtant, ils me donnent tous l'impression de les abandonner. Ils comprennent pas que je cherche à pleurer simplement sans me jeter à corps perdu pour les aider eux. Ils comprennent pas que je parte pour mieux revenir. Ils comprennent pas que je veux voir si elle est capable de penser à moi en taisant sa souffrance à elle. Je veux voir tout ça. Parce que je vais pas bien. Pas très bien, disons.

    Le détour que vous faites au chevet de Gabriele retarde encore un peu plus votre retour. J'ai peur que vous reveniez jamais. J'ai peur que vous soyez attaqué par une armée et que vous vous en releviez pas. J ai peur que vous changiez d'avis encore une fois et restiez avec Elle. Ne me parlez plus d'Elle.

    J'ai mal, Diego. Vos lettres sont tout pour moi. Je vis à leur rythme. J'aimerais voir cette falaise, à Dieppe, quitte à ce que vous m'attachiez à vous. J'aimerais que ces rêves soient demain.

    Pardonnez cette lettre. Elle ne saura pas vous donner du baume au cœur.
    Je vous aime. Ne m'oubliez pas.

    Eliance


_________________
Diego_corellio
La nordique et moi n’arrêtions pas de nous prendre la tête à mesure que la distance entre son mari et nous décroissait.
Alors au cœur de la tempête, la lettre d’Eliance est un apaisement précaire puisqu’encore elle souffre. Je finirai presque par penser que cette femme ne peut vivre qu’au travers de la souffrance. Qu’elle l’attire pour mieux la faire sienne. Pourtant je ne le dirai pas. Parce que je la connais trop bien pour savoir qu’elle fuit les problèmes, la douleur et tout ce qui va avec pour tenter d’avoir une vie meilleur. Et pourtant toute cette mélancolie ne fait que mieux la rattraper, la sachant démunie contre elle.


Citation:
Oh Eliance, ma douce Eliance…

Ce que parfois vous pouvez être sotte bon Dieu !

Pourquoi n’avoir rien voulu m’en dire ? Je sais que je n’ai pas les meilleurs conseils du royaume, mais bon Dieu je suis là pour partager votre peine ! Vous vous souvenez, « pour le meilleur et pour le pire », ces mots ne sont pas dits par hasard !
Je suis loin physiquement, mais cela ne m’empêche pas de me sentir si proche de vous…

Vous voulez que je vous dise ? Atro’ est égoïste et ingrate et ça n’est pas d’aujourd’hui que je le pense. Vous l’avez aidé, vous avez supporté ses sautes d’humeur infernales, vous avez essayé de la remettre dans une vie qui lui a été volé, vous avez tenté de la rapprocher de son mari, vous vous êtes occupée de son fils alors que vous-même n’avez et n’aimez pas les enfants.
Lisez toutes ces choses que vous avez faites pour elle. Et pensez à toutes les autres que je n’ai pas cités et qui pourtant demeurent.
Je vous ai toujours su généreuse Eliance. Vous donnez tellement pour ne recevoir que peu, surtout de la souffrance. Et tous ces maux, Mon Ange, ne font que vous étouffer. Tout le monde vous confie ses problèmes, moi le premier et vous laisse vous débrouiller, mais quand vous vous allez mal qui est là pour vous ?

Vous ne devriez pas être si seule avec votre souffrance, Ô comme j’aimerai être là pour vous serrer dans mes bras et vous murmurer que tout ira bien et que je serai toujours là pour vous quoiqu’il puisse arriver. J’aimerai tellement pouvoir vous aider, vous réconforter, vous dorloter et m’occuper de vous. Mais je ne peux pas, pas encore. Bientôt.

Annecy ? C’est un drôle de choix pour souffler un peu… J’espère que vous êtes en bonne compagnie, en fréquentable compagnie.
C’est l’impression qu’ils vous donnent, pour mieux vous faire culpabiliser. Oh ils ne sont pas méchants, ou mauvais, c’est juste qu’ils savent que leur comportement est injustifié.
Vous ne les abandonnez pas Eliance et je vous interdis de penser cela. C’est faux.
Vous prenez juste quelques jours le large pour aller mieux, prendre du temps pour vous et rien que pour vous, et revenir en forme, ressourcée vivante et joyeuse. Vous partez pour mieux revenir. Comme je l’ai fait avec vous quand je suis parti à Chinon. Vous vous souvenez ? J’avais besoin d’espace, mais surtout de changer d’air pour vous revenir plus aimant encore.

Dites-moi ce qu’il y a d’autre qui vous tourmente. Dites-moi tout et laissez-moi pensez vos plaies.

Ne vous inquiétez plus, pour moi, de grâce ça n’en vaut pas la peine. Si je suis fauché par une armée, je me relèverai parce que vous avez besoin de moi. Parce que je vous ai promis que nous mourrions ensembles.
Je reviendrai. Soyez en sûr. C’est une promesse et vous savez ce que sont les promesses. Les Notre.

Ne pensez pas au fait que je sois loin et que je reviendrai d’ici quelques temps. Pensez simplement à mon retour et à la joie que j’aurai de vous prendre dans mes bras, d’enfouir mon visage dans votre cou pour retrouver votre odeur familière. Je ne vous laisserai pas tomber. Et je ne vous ai pas quitté en partant, je suis simplement allé chercher ma fille. Je récupère les morceaux de notre famille Eli’.
Quand je rentrerai nous serons au complet.

Cette falaise je vous la montrerai, on ira à son sommet, on s’approchera du bord, enlacés et vous regarderez le bas, sans être attirée par celui-ci. Non à ce moment-là vous n’aurez pas envie de sauter, parce que vous aurez envie de vivre. Et vous sourirez en regardant les lames s’écraser sur les saillies rocheuses. Je ne vous attacherai pas à moi parce que vous n’en aurez pas besoin. Vous vous tiendrez de vous-même.

Écrivez-moi tant que vous voulez et que vous pouvez.
Qu’importe moi pour, puisque pour une fois c’est vous qui avez besoin d’aide et moi qui vais essayer de vous l’apporter.
Vivez pour vous et non pour les autres.
Je crois que je ne pourrai pas oublier que vous m’aimez. Mais j’aimerai que ce soit vous qui n’oubliez pas.

Battez-vous Mon Ange.
Vous en êtes capable.
Vous êtes forte. Plus que ce que vous ne croyez.
Et surtout vous n’êtes pas seule.
Vous m’avez moi, et eux, les enfants, nos enfants.

Je vous aime tellement.

Le Dracou.

_________________
Eliance
Un Italien si doux et prévenant... Assurément, il aura fallu une bonne dose de distance et plusieurs péripéties extra-conjuguales pour que Eliance le découvre ainsi. Elle a toujours refusé ses « mon ange » prétextant trouver ces surnoms niais. En vérité, pour ça comme pour le reste, elle en a simplement eu peur. Se jeter à corps perdu dans son amour pour lui a toujours été terrifiant. L'Italien a une emprise telle, il l'a fait respirer, rire, vivre, de sorte qu'elle craint toujours ses départs, abandons ou écarts corporels. Et quelle meilleure prévention de la souffrance que de garder un pied en arrière pour se rattraper en cas de déséquilibre ?

Elle a donc dès le début mis un cadre strict à ce que seraient ses liens avec l'Italien. Un peu de distance pudique pour mieux cacher la passion qui l'habite. L'équilibre a ainsi été trouvé. Tout fonctionnait à merveille jusqu'à ce qu'une Tarte pointe le bout de sa fraise. Un nouvel écart, mais surtout, Eliance a appris les surnoms doucereux qu'il donne à cette ancienne amie détestée aujourd'hui. Et puis ce truc qui grandit en elle... En réalité, tout ce qu'elle lui a toujours refusé, il est allé le chercher chez une autre. Alors la Ménudière a décidé de changer. Elle sera belle, pour lui, fera attention à sa mise. Elle sera douce, tendre et protectrice aussi. Mais surtout, elle essaiera de faire tomber les barrières du passé, de s'en libérer pour devenir une femme pleinement. Et pourquoi pas lui donner un fils. Un fils légitime qui portera son nom.

Le programme est chargé. Mais l'espoir est là. L'Italien ne regrettera pas de revenir. Il ne regrettera pas de vivre avec elle, d'avoir abandonné l'Autre. Eliance en est sûre. Cette fois, elle fera tout pour le garder. Elle sera déterminée. Et c'est en lui qu'elle trouvera cette force.


Citation:


    Mon Dracou,

    Je ne sais pas si vous savez le pouvoir qu'ont vos mots sur moi. Ils ont ce quelque chose de magique, quand je les lis, qui fait naître un apaisement certain. Vous savez trouver quoi dire, comment, de sorte que ça me touche au plus profond. Pas une ligne ne me méconnaît. J'ai parfois l'impression que vous êtes en moi, que vous lisez ce que je pense, ce que j'ai besoin d'entendre, ce qui me rassurera assurément.

    Votre dernière lettre est magique. Elle m'a donné la force de ne pas abandonner. Je suis retournée à Annecy. J'y suis encore jusqu'à ce soir. J'ai tout revu, Diego. Je ne sais pas si c'était une bonne idée, de revenir ici. Cette auberge... la nôtre... Et puis je suis retournée à ma falaise. Pas pour tutoyer le bord, non, juste pour sentir le vent et imaginer votre présence ainsi. C'est dur, mais je crois que je vais mieux. Je crois que ce soir, quand on sera parti d'ici, je serais apaisée. Je crois que sans votre lettre, j'aurais pas survécu une fois de plus à Annecy, à ses fantômes.

    J'ai revu Sianne, la femme qui vous a fait des avances, après mon départ. Je la déteste. J'ai revu Rose, mon amie, qui est toujours joyeuse et là, qui est tombée pendant quelques jours dans une sorte de torpeur malsaine sur fond de drame familial. J'ai revu ce jeune noble insupportable qui me fait tout de même rire. J'ai revu le lac. Et vous m'avez manqué. Parce que j'ai aussi revu toutes ces journées que j'y ai passé sans vous, à espérer. J'attendais n'importe quoi, de l'autre côté du mur. Le bruit d'un pas, un murmure étouffé me bouleversaient. Je rêvais qu'on frappe à ma porte. Je rêvais que ce soit vous. Je rêvais que ce ne soit pas réel, tout ça.

    Mon Dracou, des rêves, j'en ai. J'y ai réfléchi. J'en ai toujours eu. Seulement... je sais pas. C'est comme si je l'acceptais pas. Mon rêve, c'est vous. Je me fous d'envoyer chier un roy, ce serait amusant quelques instants. Mon vrai rêve réside en votre retour. Mon vrai rêve vit en vous. Je sais que j'ai pas toujours été à la hauteur. Je sais que vous avez pas toujours eu ce que vous attendiez d'une épouse. Je vais changer. Je vais essayer d'être la femme de vos rêves à vous. Je sais pas si j'y arriverais. Je sais pas si je saurais faire. Mais je vais essayer. Je vais tout faire pour que nos rêves à tous les deux vivent. Je me battrais.

    Je vais mieux, aussi, grâce à plusieurs personnes. D'abord, Atro a retrouvé la mémoire et je sais qu'à mon retour, tout ira bien. Tout ira mieux. Je le sens dans ses lettres. Je suis pressée de la revoir. Et puis il y a les oncles et tantes d'Atro qui m'ont beaucoup aidé, aussi. La tante, elle a mon âge. Mais elle est jeune, dans sa tête, tellement jeune. Dans un sens, je ne regrette pas ce que j'ai vécu. Parce que même si Kachi dit que je suis godiche parfois, je n'ai pas l'impression d'être cette enfant gâtée que je vois dans cette tante-là. Ombe est une femme de vingt ans avec les rires d'une enfant et les manières parfois qui vont avec. Malgré tout, je m'entends bien avec elle et elle sait être perspicace quand il faut mettre le doigt sur un détail. Je n'ai pas pu m'empêcher de l'aider un peu, ou du moins d'essayer, à survivre à la perte de son enfant. Elle m'a accompagné à la falaise, une fois.

    Après, il y a les deux oncles. En fait, il y en a bien plus, mais deux seulement retiennent mon attention. Un est un peu comme Atro, mais en homme. Il est grinçant à souhait, ne laisse passer aucun mauvais mot, mais il sait se montrer drôle et compréhensif aussi, malgré son caractère tempétueux. L'autre oncle est plus doux et il se dit qu'il n'est pas insensible à ma tronche. Eux deux prennent soin de moi, s'inquiètent quand je ne ris pas et savent me faire parler. Ils vont me ramener à Poligny, d'ailleurs, ce soir. Ils refusent que je prenne les chemins seule.

    Tous les trois sont attachants. J'aimerais que vous les connaissiez, même si je crains que vous ne leur trouviez pas le même attrait que moi.

    Et vous, où en êtes-vous ? Vous avez récupéré votre fille ? Elle a lu ma lettre ? Vous faites demi-tour ? J'ai hâte de vous voir, Diego. J'ai hâte de mettre à exécution mes plans d'épouse parfaite. Je sais que j'y arriverais pas sur tout, mais vous verrez. J'ai des idées. On sera heureux, vous verrez, avec vos enfants. On sera la famille dont vous rêvez tant. Il y aura un toit Corellio où les cris ne seront autres que des rires, où les chahuts seront uniquement les chamailleries et jeux qu'on partagera. Une maison Corellio comme vous en rêvez.

    Je vous ai dit que j'ai une surprise pour vos enfants ? Elle attend au chaud contre moi. Elle est prête depuis plusieurs jours déjà. Elle s'impatiente, elle aussi.

    Ô Diego, je vais me faire pieuse si ça peut vous faire arriver plus vite et en bon état. Vous me manquez tellement. Je vous vois, toutes les nuits à nouveau, revenir contre moi. Je sens votre souffle dans mon cou, et votre nez froid aussi. Est-ce que vous ne rêvez pas la même chose, quand vos paupières se reposent ?

    Je n'oublie rien, vous savez. Je n'oublie jamais rien de vous. Même si j'ai peur parfois de ne pas me souvenir convenablement de votre voix ou de quelque détail particulier. Hier, j'ai perdu vos doigts. Je les ai cherché pendant des heures, à triturer mon cerveau pour qu'il me recrache tout. J'ai fini par y arriver. C'est ma falaise qui me les a rendu, vos doigts. Là-haut, en fermant les yeux, j'ai les ai revu sur moi. J'ai revu vos mains douces et puissantes à la fois. Je les ai senties sur ma peau. Je dois avouer, puisque je vous dis tout à présent, que ça ne m'a pas laissé insensible...

    Revenez vite, j'ai vraiment peur d'oublier d'autres choses. Et puis j'ai tellement de choses à vous raconter. J'ai tellement de baisers à vous donner.

    Vous ne manquez plus seulement à mon âme, vous manquez aussi à mon corps.

    Je vous aime.

    Votre ange.

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Diego_corellio
J’essaie de calmer les tremblements de ma main. La plume est attrapée, la première lettre esquissée, puis un mot avant de déchirer et de recommencer tellement l’écriture se fait tremblante et mal assurée. Des tremblements de colère, de haine et de rage.
J’ai mal tellement mal. Je savais que je me trouverai bientôt au pied du mur mais me le prendre de plein fouet, ainsi…
Alors je me concentre, sur ma respiration d’abord. Inspirer, expirer, lentement, longuement, mais bientôt je me perds, l’alcool m’empêche de me concentrer et je ne parle même pas de l’opium qui m’est monté si vite à la tête.
Finalement, la volonté, plus forte que le reste l’emporte sur l’ivresse que trop présente. Les mots flottent dans mon esprit parti à la dérive. Si la concentration n’est pas au rendez-vous, lui écrire m’est si naturel que ça éclipse tout le reste.


Citation:
Eli’

Je vous connais tout simplement. Si bien, tellement par cœur, que je sais ce dont vous avez besoin et si dans l’immédiat je ne peux vous donner ce dont vous avez besoin, vous l’écrire m’est possible.
Sachez que pas une ligne n’est mensongère, elles sont toutes vraies, elles sont écrites pour vous et vous seule, et d’ailleurs seule vous pourrez les comprendre. Elle est le lien unique qui nous lie et empêche que vous rejoignez les limbes de mon passé.

Je préfère vous imaginer cheveux aux vents au bord d’une falaise, que le regard triste braqué vers le fond de celle-ci, appelant la mort à vous. Je ne sais pas non plus si cette idée était judicieuse ou simplement pure folie, mais des fois il faut retourner sur le lieu de drame pour réussir à le reléguer parmi les fables du passé.
On aurait dû comprendre qu’Annecy allait se liguer contre notre bonheur. On aurait dû le comprendre dès les premiers instants, au sortir de notre torpeur causée par l’armée. Mais bien trop vite la roue du destin nous a rattrapé et a apporté son lot de malheurs. Nous avons été aveuglés par notre douleur physique sans voir ce qui allait arriver.

Pourquoi détestez-vous Sianne puisque j’ai refusé ses avances ?
Rien ne sert de les détester, vous savez, soyez fière, fière que je ne cède pas, fière que l’on me veuille. Être fière sera moins lourd à supporter que la haine qui est trop lourde à porter.

J’aurai aimé réaliser vos rêves à ce moment-là, mais vous savez l’imbécile que je suis qui ne voit pas plus loin que le bout de sa personne. A ce moment-là je n’étais pas malheureux parce que je ne vous avais pas perdu et elle non plus.
Savoir que je suis votre rêve me flatte et il se pourrait bien qu’il se réalise d’ici peu, en effet je pars ce soir pour rejoindre Poligny et en chemin je ramène ma fille.
Vous verrez je vais revenir comme promis, vous savez bien que je tiens mes promesse, et je vais mettre un point d’honneur à tenir celle-là.
Je crois … qu’il serait malvenu que vous essayiez de changer pour moi Eliance. Il est dit qu’on ne peut jamais totalement changer une personne. Vous savez moi aussi j’ai essayé de changer. J’ai essayé d’être meilleur. Mais on ne peut pas lutter contre notre vraie nature. C’est impossible. J’ai souffert de ce changement que je voulais m’imposer. Il a failli me briser, car j’étais en perte d’identité. C’est grave Eliance de perdre son identité.
Quand je vous ai rencontré, vous n’étiez pas parfaite en tous points ni même la femme de mes rêves. Pourtant c’est de vos défauts dont je suis tombé amoureux, et j’ai compris que vouloir la femme idéale c’est aussi futile que de courir après une chimère. Soyez vous-même, je vous aime déjà comme vous êtes.
Surtout, je ne voudrai pas que vous vous soyez mise en tête certaines choses, que j’ai peur d’avoir lue sous vos mots. S’il est vrai que j’ai voulu, à une certaine période que vous me donniez un enfant, je tiens aujourd’hui à vous dire que ça n’est plus d’actualité.

Je suis heureux d’apprendre qu’Atro’ a enfin retrouvé sa mémoire, j’écrirai à Mike pour lui demander comment ça se passe quand j’aurai le temps bien sûr. Je suis heureux de savoir que vous pouvez à nouveau vous appuyer sur Atro’ et que vous n’êtes pas esseulée. Je crois que ça me rassure en un sens.
J’aime moins la partie de votre lettre sur l’oncle qui trouve que vous avez une belle tronche. Sauf qu’il serait mal venu pour moi de vous faire la morale alors je vais appliquer le principe que je prône ici plus haut ; je suis fier que d’autres hommes vous trouvent… jolie, même si ça ne m’empêche pas d’être jaloux. Mais bon vous me connaissez je suis jaloux d’un rien. Enfin je suppose que quand le chat n’est pas là les souris dansent.
Qu’ils n’en profitent pas trop quand même ces deux-là, enfin bon je vous fais confiance, et faire comme si ça ne m’inquiétait pas.
Si vous le souhaitez-vous pourrez me les présenter, mais vous savez à quel point je peux être mufle … ?

Ou j’en suis… Et bien c’est le foutoir en ce moment.
J’ai dû passer quelques jours à Bourges avec Aphro pour l’aider avec les jumeaux avant de lui en donner la charge, je ne voulais pas qu’ils soient avec moi à Saint Aignan.
J’y ai croisé Gabriele. Rassurez-vous il n’y a rien eu d’autre que des phrases cinglantes. Je crois que je l’ai mis vraiment en pétard à cause de certains mensonges que je lui ai balancé. On s’est pas cogné dessus il était trop faible j’ai eu pitié.
Je crois que je vieilli Eliance, je suis plus calme et moins impulsif.
Je pars ce soir donc à la recherche de ma fille qui ne me donne plus signe de vie. Quand je la retrouve le lui donne la lettre et je la ramène à Poligny.

Vous me donnez envie d’avaler les chemins pour voler jusqu’à vous, je sais qu’on va y arriver, on l’aura cette famille, vous sentez comme on la touche du bout des doigts ?
Une surprise ? Je me demande si je n’ai pas deviné ce que c’est cette surprise et si c’est celle auquel je pense ils seront fous les petits. Intenable, vous les gèreraient à ce moment-là je veux assister au carnage de loin !
Vous me manquez également, je pense énormément à vous, au moment de vous serrer dans mes bras, d’effleurer votre peau si douce du bout des doigts.
Alors si vous perdez des morceaux de moi je vais être sacrément emmerdé !
Ne vous en faites pas je suis là bientôt, on pourra ainsi mettre tous nos projets à exécution. Eliance avec des fantasmes ? Mon dieu je vais vraiment me dépêcher de revenir.
Continuez de prendre soin de vous Mon Ange.

Tendrement,

Votre Dracou de Mari.


Je ne lui mens pas, je ne veux pas qu'elle me donne d'enfant, c'est trop tard. L'enfant tant attendu c'est La Nordique qui va me l'offrir. J'ai le cœur serré en pensant à Eliance à cette femme qui est la mienne. Elle me manque c'est indéniable. Mais quand mes paupières se ferment je ne rêve de rien, trop épuisé par nos ébats avec la belle.
La lettre est expédiée, alors que je prépare mes affaires pour ce soir.

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Eliance

Les doutes sous-entendus ou exprimés par les autres ne l'atteignent pas. Rien ne peut entamer le moral de la Ménudière ces derniers temps. Tout va bien. Tout est magnifique. Son Dracou a beau être loin, elle le sait proche de par ses lettres, elle le sait amoureux transi, elle le sait sur le retour avec des projets de famille, de maison, de bonheur tout simplement. Alors Eliance flotte sur son nuage et les soucis conjugaux de la Louve et du Joker ou les jeux débordant de violence du géant ne pourront l'en faire descendre. Elle gère les choses, essaie de raccommoder, de consoler, avec un sourire imperturbable et une volonté de fer. Elle encaisse ainsi aisément les piques de la rancunière Teigne, trouvant bien plus intéressant de se préoccuper de leur amitié retrouvée. Toujours en image de fond, le Dracou monopolise son esprit. Quand quelqu'un prononce son nom, un sourire béat inonde sa trogne ; quand un Mike lui pique un vélin pour écrire au dit Diego, elle ne râle même pas, bien trop heureuse de savoir les deux hommes amis. Et puis elle exhorte le blond de lui faire part de ce que son mari lui raconte, l'implore de penser à parler d'elle dans sa prochaine lettre, le harcèle même un peu parfois.

Le retour, elle le sait, sera beau. Le Dracou et la Ménudière se retrouveront et quoi de mieux que de belles retrouvailles pour raviver et sublimer bien des choses. Et puis les jumeaux seront là à nouveau. Et puis Odile se devra d'être connue, interrogée, creusée. C'est un peu à tout ça que Eliance pense sans cesse dès que le silence se fait autour d'elle. L'époque est belle, assurément. Et ils seront heureux, assurément. Rien ne pourrait briser ça. Du moins, c'est là toute la dose d'espoir qui l'inonde au quotidien.

Elle s'est retenue pendant des jours, suivant les conseils de Kachina qui dit qu'un homme, il faut le laisser poireauter un peu pour se faire désirer. La Meringue s'instruit, l'air de rien, près de ses amies, à propos de ces hommes si mystérieux. Elle a beau être mariée, elle n'y connait rien. Et c'est pas son mari qui pourrait dire le contraire... Avant d'apprendre les rapports corporels, elle tente de comprendre avec Atro et Kachi comment un homme pense, réfléchit. Mike aussi y met du sien, sans le savoir évidemment, devenant un objet d'études. Elle a attendu, s'est faite patiente, a rêvé d'inscrire ces mots, chaque nuit dans ses rêves. Le crayon qui court sur le vélin à présent est léger, pressé. Il sait par coeur ce qu'il trace et noircit.

Elle n'a pas retenu la révélation choquante sur la volonté disparue d'un héritier légitime. Elle n'a pas retenu sa première pensée que la Tarte lui offre ce que la Ménudière lui a refusé jusque-là. Elle n'a rien retenue de cela. Non. Rien. L'espoir a travaillé à l'effacement et au tri des informations essentielles.



Citation:


    Mon Diego,

    Si j'ai tardé à vous écrire, les mots sont formés dans ma tête depuis plusieurs jours déjà. J'espère que vous me pardonnerez, je n'ai pas vraiment d'excuses valables hormis quelques conseils dont je vous parlerais peut-être. Je n'ai aucun doute sur le fait que vous soyez la personne en ce Royaume qui me connaît le mieux. Vous savez tout de moi mieux que quiconque. Vous savez ce que je pense, ce que je respire, ce que je crains. Vous êtes celui qui comprend mes frayeurs que d'autres trouvent stupides, ce lui qui respectez sans jamais juger.

    Je ne changerai pas, si vous ne le voulez pas. Je vais cependant tenter de le faire sur quelques petites choses, tout de même. Je sais simplement pas si j'y arriverai, mais je crois que ça vous plairait. Je suis fière, très fière même que vous ayez refusé les avances d ela catin d'Annecy. Mais vous le savez, je n'aime pas qu'on vous tourne autour. Comme vous, qui êtes si jaloux. Soyons fiers l'un de l'autre, oui. J'aime cette idée. Parce que je vous imagine avoir les sangs qui tournent à l'idée de l'oncle dont je vous ai parlé, je tiens à vous rassurer. Les choses sont très claires entre lui et moi, mises au point dès qu'on m'a fait part de cette vision particulière qu'il a pour moi. Il ne se passera rien, il ne tentera rien, n'espère même rien du tout et ne me fera jamais le reproche de ma fidélité envers vous. Cet homme, même si j'apprécie ses qualités amicales, n'éveille en moi rien de tendancieux.

    Qu'il ne se soit rien passé de déplacé entre Gabriele et vous m'étonne, je ne vous le cache pas. Mais croyez bien que je m'en réjouis. J'aime bien l'idée que vous ayez plus l'esprit aussi frondeur qu'avant. Les jumeaux ne doivent pas y être étrangers, je présume. Ces gamins agissent de manière magique sur vous. Vous vous souvenez quand ils sont nés ? Quand vous avez essayé de les refourguer à des nobles pour finalement les récupérer et vous y attacher de sorte de devenir un père exemplaire. Si ils permettent à leur paternel d'agir de manière plus réfléchie, je ne peux que les bénir d'être nés.

    Est-ce que je vous ai dit que le Jok' a décidé qu'on allait vivre à Belley ? Je sais, il n'y a là-bas pas la mer et ce n'est pas vraiment le Sud non plus. Mais est-ce que l'important n'est pas ce qu'il y aura dans la maison et non tout autour ? J'ai dans l'idée qu'on pourrait y être bien, avec Atro et Mike comme voisins. Et puis on pourra toujours faire des petits tours à la mer pour se changer les idées avec cette famille que vous me ramenez ! Mais dites-moi tout de même ce que vous en pensez. Votre avis a une importance capitale. On y part dans les prochains jours je crois. Vous nous rejoindrez là-bas ? Ca ne rallongera votre voyage que de quelques jours. Si ça vous embête, je remonterais vous retrouver à Annecy. Je pourrais bien désobéir un peu au Jok', je vais lui servir de bonniche pour une quinzaine, histoire de me faire pardonner quelques propos qui m'ont échappé.

    Vous avez récupéré votre fille ? Elle a lu ma lettre ? Je sais que les mêmes questions reviennent sans cesse, mais je suis si impatiente, si vous saviez. Dites-moi aussi où vous êtes ! J'aimerais pouvoir compter les jours, bien trop longs, qui me séparent encore de vous. Le carnage que vous semblez déduire de ma surprise sera la plus belle démonstration de votre retour et de celui des enfants. Je gérerais. Vous verrez, je gère grave ! Je gèrerai aussi le moment où on sera réuni à nouveau. On aura notre famille, ça oui. Je la sens. C'est étrange, n'est-ce pas, d'avoir ce projet qui nous aurait effrayé il y a à peine quelques mois. Vous croyez qu'on a changé, vous et moi ? Vous croyez qu'on a moins de frayeurs stupides ? Je me sens pousser des ailes, mon Dracou. Vous allez penser que c'est plutôt logique, pour un ange, mais je vous assure que c'est étrange. Je trouve tout beau. Rien n'est grave. Vous occupez toute mon attention, tous mes sourires vous sont adressés, indirectement, et sont là grâce à vous.

    Je vous ai déjà dit combien je vous aime ? Sans doute. Sans doute pas assez.
    Je vous aime, Diego, mon Dracou de mari.
    Vous me manquez tellement.
    Je prends soin de votre ange. Prenez soin de mon Dracou.

    Avec tout mon amour

    Votre douce femme.


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Diego_corellio
Elle me parle de conseils.
Elle me parle de la catin d’Annecy. Alors oui, il est vrai que je ne lui ai pas cédé. Je n’ai pas cédé à elle. Mais j’ai cédé à Maryah qui certes n’est pas une catin, mais une femme, l’amie d’Eliance, la mère du fils de Niallan. Du coup j’avais fauté doublement ou peut être plus si on comptait les dégâts que cela occasionnerait si ça venait à se savoir.
Tant pis pour les conséquences, car alors que je pensais m’être tiré d’affaire, avoir sorti la tête hors de l’eau, j’étais à des lieux de me douter que je ne faisais que m’enfoncer chaque fois un peu plus sur le sentier de la perdition.

Eliance semble avoir tellement confiance et pourtant c’est elle que je vais le plus trahir. C’est elle qui une fois encore y laissera le plus de plumes. Alors oui, je veux vraiment cesser mes conneries à mon retour auprès d’elle. Oui je veux être celui qu’elle s’imagine et se dessine dans son esprit si jeune et naïf. Parce qu’elle a droit à cette vie qu’elle se rêve, même si cette personne doit pour cela taire un autre mariage.
Quant à mes écarts de conduite avec l’épicée… Et bien il faudra qu’elle sache. Ou pas. Mais si cette vérité je préfère la fuir et surtout la lui cacher, il serait étonnant qu’elle ne revienne pas un jour ou l’autre au triple galop et ce jour-là il n’y aura plus rien à faire juste à creuser la tombe pour un mariage qui n’aura pas survécu à cette ultime tempête.

Eliance, maintenant que je n’ai plus au creux de mes bras la Nordique, il me tarde de la retrouver, de sentir sa frêle innocence contre moi, son sourire joyeux, d’être avec elle tout simplement, de retrouver toute ces petites choses qui ont fait que malgré mes écarts de conduites je sois encore là ou plutôt qu’elle soit encore là.
Seulement, je suis par avance désolé et affligé de savoir qu’elle a cru, qu’elle a eu fois en un espoir des changements qui ne pouvait avoir lieu. C’est pourquoi je ne veux pas qu’elle change pour moi, car je sais que tôt ou tard elle se retrouvera en perte d’identité et mal à l’aise avec des manières qui ne sont pas siennes. Maryah à raison, je ne peux pas changer, je suis comme elle, venu du même endroit, de ces mêmes quartiers infâmes et un jour ou l’autre il fallait qu’ils me rappellent à eux pour un retour aux sources immédiat.


Citation:
Ma douce,

Si je ne veux pas que vous changiez c’est avant tout pour vous, pour votre bien être. Cela ne sert à rien de vouloir changer pour un homme qui ne le mérite pas. Je sais que vous passez votre temps à m’idéaliser, mais au final, vous vous trompez et vous le savez. Et c’est à vouloir être cette perfection, cet idéal masculin pour vous que je me suis perdu en chemin. Et si aujourd’hui je suis en passe de me retrouver, je ne veux en aucun cas que cela vous arrive.
Je sais que vous n’aimez pas que l’on me tourne autour, c’est naturel et je vous trouve plutôt assez calme, quand on sait à quel point je suis excessif. Mais vous savez, je travaille à cela aussi, j’essaie d’être un homme moins jaloux, moins possessif aussi peut être.

De plus je sais que je peux avoir une confiance aveugle en vous, qui avez été jusqu’à vous faire défigurer pour que les hommes cessent de vous rôder autour. D’ailleurs je crois que je ne vous l’ai jamais dit mais c’était un acte, une preuve d’amour… infiniment grande. Et si j’ai réagi comme un con encore une fois, c’est parce que vous savez l’importance que j’attache à la beauté des femmes et vous voir si … j’ ai eu peur de vous voir ainsi, non pas dégouté, mais peur de mes propres réactions à votre égard, peur de vous fuir, de ne plus vouloir de vous tout simplement…
Je suis maintenant heureux que ça n’ait pas fait cela mais je vous assure que j’ai eu peur.

Bon je ne vous cache pas que je rêvais de lui refaire le portrait mais… j’ai su me contenir !
Et puis je crois qu’en effet les jumeaux me sont salvateurs, j’ai d’ailleurs parfois l’impression que ce sont eux qui font mon éducation et non l’inverse… Je crois … qu’un jour je remercierai Aphro de m’avoir donné ces enfants qui finalement s’avèrent être une bonne chose puisqu’ils arrangent tout le monde y compris vous désormais.

Non vous ne me l’aviez pas dit, je sais même pas ou s’est mais bon je suppose que vue qu’il l’a décidé ainsi il va falloir faire avec. Tant pis pour la mer . On ira quand même un jour.
Je vous rejoindrai là bas, ne vous faites aucun soucis, d’ailleurs je vous écris de Mortagne, je fais au plus vite et j’espère que vous le savez.

Je n’ai toujours pas retrouvé ma fille, je la cherche encore, elle ne répond plus à mes missives, je crois que je vais lui donner encore quelques jours et après elle devra considérer qu’elle n’a plus de père. J’avais une vie avant elle, je lui ai fait de la place dans la mienne pour tenter de l’y mêler mais il est hors de question que je batte la campagne des mois durant pour elle, vous avez bien plus d’importance et je sens que cela fait bien trop longtemps que je vous ai laissé.

Pardonnez mon absence qui se fait reine, pensez que c’est pour mieux vous revenir.
J’aimerai… J’aimerai que vous me parliez de vous. J’avais l’impression de vous sentir si heureuse dans votre réponse et pourtant… et pourtant que voilà qu’Atro’ m’écrit en me disant que vos crises sont revenues et que vous n’allez pas bien.
Ohh Eliance, pourquoi ne rien m’en avoir dit ?
Vous savez que je comprends !
Parlez moi et dites moi tout. Tout ce mal être qui vous ronge. Je me déteste d’être si loin et impuissant face à votre état. Pardonnez moi s’il vous plait mais c’est pour ma fille.
Je reviens, parce que je l’ai promis mais pas seulement, je reviens parce que j’ai besoin de vous pour vivre, qu’on ne peut pas aller l’un sans l’autre. Ne l’oubliez pas s’il vous plait et soyez heureuse en attendant que je sois là. Trouvez dans notre éloignement des points positifs.
Tenez bon encore un peu.
Je ne sais pas faire de déclarations enflammées, mais sachez que je vous aime, plus qu’au premier jour et moins qu’au dernier.

Pensez à ça.
Je vous aime tellement.
Mon Ange.

Votre Dracou.


La missive est expédiée avec une peine immense qui me broie le cœur. j'ai mal de la savoir souffrante. J'ai mal parce qu'elle à mal. Je veux revenir, je veux rentrer et reprendre la place que j'ai laissé.

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Eliance
Quoi lui écrire exactement... Qu'en buvant sans doute trop, une immense tristesse sans fondement l'a envahie jusqu'à s'immiscer dans les moindres recoins de son âme ? Qu'en râlant et pleurant, Mike a pensé déceler les signes d'une grossesse ? Qu'en entendant ça, elle a pété les plombs et cru dur comme fer pendant un instant bien trop long l'être réellement ? Que les paroles réalistes d'Atro quant à son quotidien abstinent de ces derniers mois n'ont pas réussi à la ramener à la raison ? Qu'elle a vu dans cette gestation plus qu'imaginaire un espoir sans faille, un moyen de rendre heureux Diego et de le sauver encore une fois en construisant pour lui cette famille qui redorerait le nom des Corellio ? Qu'elle a aimé lui offrir, même en rêve illusoire, cet héritier légitime qu'il attend tant ? Qu'elle est revenue sur terre dans la triste réalité de son quotidien de femme non grosse éloignée de son époux avec un seau d'eau froide renversé sur la nifle ?

Non. Elle ne lui dira pas. Elle lui raconte tout, certes, mais ça... Comment expliquer ça, elle qui a toujours refusé un enfant ? Tout sera mis sur le dos des fûts de bières. Elle va bien. Elle est heureuse. Elle s'en convainc. Et les doutes constants des autres ne l'atteignent pas. Du moins en apparence. Dans les faits, chaque évocation du retour de l'Italien, chaque question sur un éventuel retour seul ou peut-être accompagné d'une Tarte provoque en elle un électrochoc qui fait progresser sa barre d'espoir encore un peu plus haut dans un ultime mouvement de survie. Elle l'aime. Il l'aime. Ses lettres en sont la preuve. Rien ne pourra venir ternir ce moment dont elle imagine les moindres détails depuis de longs mois, ces retrouvailles qui prennent forme dans sa tête jour et nuit. Personne ne gâchera ça. Il n'y a plus de sœur vicieuse et vengeresse, plus de meilleure amie tendancieuse, plus de Tarte appétissante. Il ne regarde plus les femmes et ne pense qu'à elle. Il l'a dit. Du moins, elle l'a retenu de cette manière.

Elle ne dira pas non plus les grandes difficultés qu'elle ressent à côtoyer certaines personnes du clan aux propos trop crus, trop évocateurs de son passé. Elle ne dira pas que rester avec eux la terrifie et la renvoie dans des souvenirs douloureux. Elle ne dira pas qu'elle tente de ne penser qu'à Atro sans se soucier de ces autres qui l'effraient, qui la déçoivent. Elle ne dira pas qu'elle craint le Jok' comme elle craignait son père étant enfant, avec cette sorte d'admiration et d'intimidation mêlées. Elle ne dira rien de ce qui ne va pas parce que pour Diego, elle veut se faire forte. Elle veut qu'il soit heureux de la retrouver. Elle veut lui apporter cette légèreté et cette joie qu'il aime en elle. Et non lui servir des tourments qui ne le pousseront qu'à repartir rapidement vers d'autres monts féminins.

Elle ne mentira pas à l'Italien. Elle va bien, en surface. Sa meringue est entourée d'une couche épaisse et gluante d'espoir.
C'est là, sa protection à elle... l'espoir.



Citation:


    Mon Dracou,

    Si vous insistez, je ne changerai pas. Pas beaucoup. Arrêtez de dire que vous ne me méritez pas, vous voulez bien ? Vous savez ce que je pense de ces pensées idiotes. Je ne vous idéalise pas. Simplement, contrairement aux autres qui médisent facilement, je vous connais assez bien pour savoir apprécier vos qualités. Ne doutez pas que nous nous valons l'un l'autre. Et si vous avez essayé de changer pour moi, j'essaierai de le faire aussi un peu. Je sais que vous vivez ce changement comme un échec cuisant, pourtant, regardez-vous. Vous avez changé. Avec le temps, sans vous en rendre compte, vous avez changé, un peu. Je vous aimais avant, je ne vous aime que d'autant plus aujourd'hui.

    Vos mots sur mon nez me touchent plus que de raison, Diego. C'est la première fois qu'on en reparle. La première fois que vous me dites ça. Je vous pensais encore en colère pour cette stupide volonté de ne plus ressembler à rien. J'ai eu peur de vous perdre, ce jour-là. Je n'avais vu en mon acte qu'une libération du regard des autres. J'avais pas pensé que vous pourriez me fuir pour ça. Je suis heureuse d'avoir échoué. Je suis heureuse que vous ayez compris pourquoi je l'ai fait. Je suis heureuse que vous sachiez à quel point je vous aime.

    Les oncles de Atro sont repartis. Et nous avec, dans un sens opposé. Je vous écris de Nevers, aujourd'hui. Une histoire d'aller-retour pour récupérer un bateau. Je ne saurais vous dire quand on reprend la route. Je suis. C'est tout. J'ai revu Torvar, hier. Les échanges se sont plutôt bien passés. J'avais peur de son amertume. J'avais peur qu'il cherche à me blesser. On n'a fait que parler simplement, comme deux vieux amis un peu perdus de vue et un peu éloignés par les événements. J'espérais que Maryah soit dans le coin aussi, mais non. Je lui ai écrit il y a quelques jours déjà. Et elle m'a répondu vous avoir croisé avec les jumeaux. J'espère que vous avez su vous tenir et ne pas lui exprimer vos rancœurs contre elle. Elle est gentille, vous savez, malgré tout le mal que vous pensez d'elle. J'aime bien vous savoir sur les chemins avec des gens qu'on connaît. Allez savoir pourquoi, ça me rassure. D'ailleurs, je dois lui répondre. Je le ferais après. Vous êtes plus important que tout, mon Dracou.

    Pourquoi vous inquiéter comme ça ? Je vais bien. Je ris, je bois, j'écris et je vous attends. Là sont mes occupations principales. Je ne pleure pas, Diego. Je vais bien. Je rêve de vous. Je pense à vous. Je relis vos lettres. Je vous attends. Et je vais bien. Soyez en assuré. Atro s'inquiète pour un rien. Vous devriez le savoir. J'ai trop bu un jour et elle a vu dans ça quelque chose qui n'existe pas. Ne vous inquiétez pas, mon Dracou. Je sais pourquoi vous êtes loin. Comment vous en vouloir ? Ne vous sentez pas impuissant. Je vous ai dit que vos lettres sont ma joie. Vos mots, ces mots que je lis, que je connais par cœur, rendent mon âme gaie et me permettent de supporter cette attente.

    Cherchez votre fille. Je sais être patiente. Je vous aime et ça ne changera pas en quelques jours ni même en une décennie. J'aurais aimé vous accompagner, vous soutenir dans cette épreuve. Je me sens inutile ici. Vos lettres sont des points positifs sur votre absence. Elles sont belles. La dernière toujours plus que la précédente. J'y trouve dedans des choses qu'on ne se dit pas tous les jours. J'y trouve dedans les raisons de votre retour. J'oublie rien, Diego, rien de ce qui fait ce Nous. Ne tardez pas trop non plus. Je risque de vouloir engueuler cette fille le jour où vous reviendrez, sans quoi. Je risque de lui en vouloir de garder mon Dracou loin de mes bras.

    En attendant, je vous aime.
    J'ai une autre surprise. Une pour vous, cette fois-ci. Vous l'aimerez, assurément. Atro dit que vous l'aimerez.

    Je pense à vous.
    Et je vous aime, plus que de raison, sans doute.

    Votre ange.

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Eliance
Le rêve est là. Le rêve s'accroche aux dernières branches pour empêcher la terrible chute et soutient Eliance dans un ultime effort. L'espoir est à son paroxysme. L'espoir reste présent pour la maintenir en vie, pour éviter que son esprit sombre dans une folie curieuse. La Ménudière espère jour et nuit, rêve et imagine cette vie que Diego lui promet. Son quotidien n'a plus que ça comme attache. Ça et des amis infaillibles qu'elle tente d'épargner.

Alors le couvent s'est révélé la meilleure solution. Et puis le retour n'en sera que plus beau. C'est du moins ce dont elle rêve. Elle rêve qu'il vienne la chercher. Qu'il l'enlève de cet enfer pour la faire revivre. Cette promesse faite est à l'origine de tout. Jamais il ne promet rien. Si il l'a fait, c'est que la chose est importante. Elle devient vitale, primordiale aux yeux d'Eliance qui ne vit plus que pour elle, cette parole formulée et jurée.


Citation:


    Mon Dracou,

    L'attente semble infinie. Je tourne en rond et je m'épuise à faire des choses stupides pour tenter que le temps passe plus vite. Croyez bien que ça sert à rien. Le temps ne se fait pas presser aussi facilement. Il est têtu. Alors j'ai pris une décision. Je vais vous attendre sagement chez les nonnes, au couvent.

    Là-bas, je n'ennuierai personne avec mes inquiétudes et mon impatience.
    La-bas, je pourrais me reposer pour être comme il faut à votre retour.
    Là-bas, je pourrais penser à vous tout le jour sans en être dérangée.

    Je vous ai dit qu'on est en Bourgogne finalement ?
    À Autun. Kachi et quelques autres se sont pris une armée bourguignonne sur l'échine.

    J'ai trouvé un couvent, là, à Autun.
    J'ai négocié avec la mère supérieure qu'Atro ait le droit de me rendre visite quand elle le souhaite. Comme ça, je ne l'abandonne pas. Et puis elle m'amènera de quoi boire. Je suis sûre qu'il y a de quoi se dessécher sur place sans quoi, entre ces murs austères.

    Vous n'aurez qu'à venir me chercher quand vous serez arrivé.
    Je vous demande juste une chose : ne me laissez pas crever dans cet endroit.

    Je n'ai même plus les mots pour vous dire ce qu'il se passe dans ma tête.
    J'ai l'impression de mourir à petit feu loin de vous, Diego.

    Revenez-moi vite. S'il vous plaît.
    Vous êtes ma vie, ma liberté, mon tout.

    Votre douce, à jamais.

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Diego_corellio
La première missive avait été reçue alors que j’avais déserté Tours au départ de La Chieuse et que je me trouvais à Blois coupant, empilant, liant du bois. On avait choisi Blois parce qu’aucun de nous n’était listé et que c’était à peu près au milieu du Royaume. Là je bâtissais notre nid, un toit pour notre bébé.
Le volatile m’avait trouvé, torse nue, hache en main mordant avec vigueur le bois tendre. Le pli avait été mis de côté pour ne pas le tremper de sueur qui ruisselait, partant de mes cheveux pour achever sa course au sol ou à la lisière des braies masculines. Le soir trop épuisé d’avoir manié des troncs toute la journée je m’endormais sans avoir le temps ni même l’idée d’ouvrir le vélin. Une fois lu, le temps avait manqué pour y répondre, trop pressé par celui ci pour achever le principal de la construction et que les intempéries n’abîment pas l’intérieur quoique très sommaire encore.

C’est alors que j’attendais la belle épicée qu’un second pli était parvenu. L’ouverture s’était faite, soucieux, la lecture inquiet et sous tension. Elle écrivait entre les lignes, un message clair : je m’étais trop fait attendre. Elle avait raison, j’avais largement trainé. D’abord avec la Nordique, nous avions pris le parcours le plus long pour arriver jusqu’à Dieppe puis ensuite à tourner et virer pour chercher une fille qui ne daignait se montrer et enfin à attendre que Maryah finisse toutes ses affaires et Dieu sait que les femmes sont lentes.
Mais nous voulions vraiment voyager ensembles alors chacun avait fait des concessions. Elle avait besoin de ma compagnie et moi de la sienne, pas simplement pour assouvir des besoins charnels, non car loin d’être en manque j’étais capable d’attendre de rejoindre l’une ou l’autre de mes femmes pour cela, mais nous avions besoin l’un de l’autre pour continuer à faire vivre l’esprit de Sarah. Et puis les enfants étaient tellement contents d’être ensembles…
Par contre à ce voyage j’avais posé une seule condition, j’avais fait promettre à Maryah de ne pas tomber amoureuse de moi. Deux femmes ça pouvait aller mais trois ça deviendrait vraiment trop compliqué. Alors pour que tout se passe dans les meilleures conditions je lui avais raconté toute la vérité sur moi et ma vie, pour Dae’ surtout et notre mariage bien réel et légal. Elle avait ri. Elle avait compris.

Finalement je retrouverai Eliance bien plus tôt que ce que je ne pensais ; en effet si elle était au couvent à Autun cela changeait de beaucoup la donne puisque nous n’étions qu’à quelques jours. Ainsi je pourrai aisément mentir pour sauver la mise de Maryah devant son oncle et si besoin m’en expliquerait devant la rousse. Mais avant d’en être déjà à penser retrouvailles, j’allais écrire, répondre à ses deux lettres que j’avais quelque peu négligé.


Citation:
Ma Douce,

Pardonnez mon temps de réponse si long, mais c’est que voyez-vous j’étais assez occupé, entre chercher ma fille, m’occuper des petits qui sont exécrables quand ils ne sont pas avec Percy et travailler le bois je vous en ai négligé et m’en excuse.

Je crois que je ne vous avais jamais dit, mais y a quelques années j’ai appris auprès d’un maitre à travailler le bois. J’ai arrêté à cause de certaines choses qui ont fait que... Mais bref passons, aujourd’hui j’ai repris la sculpture avec plaisir, je reprends doucement en faisant deux trois petites choses pour les petits, des animaux par exemple mais ensuite c’est à notre chez nous que je me consacrerai.
J’ai les mains qui sont devenues calleuses à force de manier celui-ci vous verrez la différence quand à nouveau c’est la peau nue de votre corps qu’elles effleureront.

Eliance que faisiez-vous à Nevers ? J’espère que vous n’y avez pas faite de mauvaises rencontres… En tous les cas vous ne risquiez pas de croiser Maryah puisqu’elle est avec moi, nous avons décidé de mettre le temps d’un voyage nos rancœurs de côté et de nous accorder sur la même longueur d’onde pour Sarah et pour les enfants aussi. Ils s’entendent à merveille et ainsi nous sommes tous plus en sécurité de voyager à plusieurs et cela rompt la monotonie d’un voyage en solitaire. Et puis je crois que ça fait plaisir à Percy et Maryah aussi puisque Percy est en manque d’une figure paternelle… Je crois qu’on arrive à un peu mieux s’entendre avec Maryah, enfin c’est assez étrange c’est surprenant, mais pas désagréable.

Eliance, si je m’inquiète c’est parce que vous avez une tendance facile pour des idées noires, ces mêmes idées qui vous pourrissent l’esprit et la vie. A mon retour il faudra qu’on parle de pleins de choses et qu’on essaie de repartir sur le nouvelles bases pour avoir un avenir neuf et sans bavures du passé qu’il soit proche ou lointain. Tout recommencer encore ? On est doué pour cela de toute façon non ?

Il faut que je vous dise aussi, que j’abandonne les recherches de ma fille, si elle voulait vraiment me voir elle n’avait cas écrire je me suis déplacé pour elle, je l’ai cherché, je lui ai écrit, si elle n’est même pas capable de me répondre… qu’elle aille au diable je ne veux plus entendre parler d’elle, des enfants qui vont et viennent j’en ai suffisamment comme cela, sans en plus m’emmerder avec une capricieuse.

Une surprise ? Sachez que celle que j’avais pour vous est partie avec un brigand, qui m’a eu au détour d’un chemin alors que je rentrais sur Tours. Ma blessure à lâchée mais cette fois ci elle a été correctement soignée et elle ne se rouvrira pas.
J’ai aussi eu votre dernière lettre qui m’est parvenue ce matin. Je crois qu’elle m’angoisse encore plus. Elle m’angoisse parce que c’est de ma faute si vous allez vous cloitrer là-bas. Que c’est aussi de ma faute si vous n’allez pas bien. Pourquoi à t’il fallut que ce soit moi que vous aimiez et pas un honnête homme qui aurai pris soin de vous comme on prend soin d’une épouse ?

Je ferai aussi vite que je peux pour venir vous délivrer de ces nonnes à demi idiote et qui ne tolèrent pas les vices. Sur un cheval blanc ça vous va ?
Essayez de prendre du recul par rapport à l’amour que vous me portez, car au lieu de vous faire vivre il vous tue. Pensez à vous au lieu de penser à moi, à ce que vous voulez vraiment.

Je vous aime Eliance et serai bientôt là.
Je vous ai fait une promesse ne l’oubliez pas.

Avec tout mon amour,
Votre Dracou de mari.

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