Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Lettres imbibées

Eliance
La nuit est tombée sur la journée rêvée idyllique qui aura été finalement catastrophique.
Un jour de noces à marquer d'une pierre blanche et à raconter pour éviter aux générations suivantes de prendre un tel chemin. Un jour où chacun a été déçu d'un autre, où chacun a souffert à sa manière. Où chacun a noyé ses douleurs dans un pichet de bière.

La Meringue est imbibée. D'alcool, d'émotions, de déceptions, de trahison, de frissons, de remors. Et les échanges nocturnes avec l'Aveugle ne suffisent pas à éponger son besoin grandissant à s'épancher.


Citation:


    Atro,

    Pardonne-moi.
    J'ai pressé tes noces. Je les ai salies. Ruinées.
    Je ne peux rien faire pour arranger ça. C'est trop tard.

    Tu as sacrifié ton mariage pour moi, Atro. Je le sais ce soir.
    Je tiendrais ma promesse. Je saurais être une amie mieux. Une amie bien. Une qui vaut la peine qu'on sacrifie son mariage pour elle.

    Je serais heureuse. Je vais essayer. Je te l'ai promis. Je sais pas comment je vais m'y prendre. Je sais pas du tout comment on fait ça. Mon bonheur, depuis que j'en rêve, je le vois avec Diego. J'ai parlé avec lui ce soir. Je me suis faite Dragonne, comme toi. J'ai gerbé. J'ai rien lâché. T'aurais été fière, Atro.

    Mais je suis incapable de le quitter. Parce qu'il a toujours été mon choix. Devant le chevalier, devant Torvar, je l'ai toujours choisi. J'ai sacrifié des choses pour lui. J'aurais peut-être pas dû, je sais pas. C'est trop tard. Maintenant, c'est à lui de partir. À lui de choisir.

    Je lui parlerais encore, Atro, jusqu'à ce qu'il choisisse. Ne m'en veux pas. J'ai besoin de ça. Je saurais pas dire pourquoi.

    Je t'ai promis. Je vais construire une carapace en confiote autour de la meringue. Je vais changer. Sileo dit qu'on peut tout apprendre. Tu vas te reposer. Tu vas profiter de ta vie. De ton fils, ton mari. Toi aussi tu seras heureuse, Atro. Je te le promets.

    Je t'aime. J'ai bu. Un peu. Mais je t'aime quand même.
    Je nierais dès demain jusqu'à ma mort.

    Une Meringue à moitié calcinée



_________________
Atropine
Le ciel ... Voilà ce que la brune à l'impression d'avoir reçu sur la tête. Elle espérait que la sortie de son époux de leur chambre lui redonnerait du baume au coeur, mais il était mal, son mâle. Un mal être, lié à l'absence trop longue de son pote de toujours. Un mal être parce qu'il pensait que le Jok' avait voulu l'évincer en lui donnant le choix. Ils avaient besoin de se parler, mais Atro avait promit de ne pas intervenir, alors, elle rongeait son frein. Mais lorsqu'elle n'allait pas bien, il fallait qu'elle vide son sac mais avec qui ?
Mike était trop mal pour se rendre compte que sa femme n'avait peut être pas tort. Eliance était trop mal tout court, Atro tentait de la préserver et Kachi était trop proche de Boulvay et avait besoin d'air, de toutes façons.
C'est alors qu'une vieille missive d'Eliance apparut sous sa main lors du rangement exutoire. Elle aurait dû répondre, il y a longtemps déjà.




Eliance,

Je viens de retrouver la lettre que tu as écrite bourrée. Parce que pour me dire que tu m'aime, t'as du boire plus qu'un peu ...
La vérité, c'est que j'ai pas eu besoin d'y répondre, pour te dire quoi ? Que non le mariage n'avait pas été un fiasco ?
C'est vrai, rien ne pourra salir mon mariage, j'ai épousé l'homme que j'aime. Mais la soirée a été désastreuse oui. Mais peu importe. Le choix n'a jamais été entre Diego et moi. J’appréciais beaucoup Diego. Mais ménager la chèvre et le choux n'aurait pas fait avancer grand chose, j'ai essayé, mais il t'aurais détruit encore, à petit feu, et je pouvais pas te voir ainsi. Pour ça que je te laisse le choix. Tu l'auras toujours.

Aujourd'hui, tu m'as dit que je pouvais t'abandonner, enlève toi cette idée de la tête, tout de suite. J'abandonne pas. Je suis fatiguée lassée, et blessée aussi, mais je lâche rien. Je crois même que j'y mettrais encore plus de hargne. Je me battrais plus fort encore pour ceux qui importent. J'ai essayé de lâcher prise, mais j'y arrive pas. Je sais pas baisser les bras donc, je crains que tu ne doive tenir ta promesse.

J'ai l'impression de t'imposer des choix, Diego, puis Sileo. Je ne l'aime pas toujours, c'est vrai, tu le sais, mais il te convient, il t'apaise, je le sais également. Je ne lui ai pas dit de ne pas suivre, je lui ai juste expliqué qu'il ne le pourrait pas sans faire partie du clan, confidentialité oblige. Mais il comprend ce qu'il veut bien, et je crois que ça m'ennuie qu'il ne veuille pas faire l'effort, pour toi. Qu'il insinue aussi que je suis trop égoïste pour voir ton bien. Lui, et Torvar, deux qui sont absents ou le seront et qui se permettent de juger ...

Mais la vérité Eliance, c'est qu'ils avaient raison. J'ai été égoïste, beaucoup, souvent, et j'assumais. Mais là, je pensais ne pas l'être ... Alors je comprends pas. J'essaie de voir les gens auxquels je tien heureux mais ça me retombe sur la gueule. Je m'occupe pas assez bien de toi. Kachi dit que quoi que je fasse, je la comprends pas, et ... Non rien ...

Je suis juste fatiguée ... Promets moi de ne pas t'approcher de la falaise que je dorme cette nuit.
Sois sage
Je t'embrasse et tout le reste.
Atro


A quoi bon parler de Mike, s'étendre encore ? La blondi-rousse a mieux à faire que d'écouter les jérémiades de la demie portion.
_________________
Eliance
Pourquoi écrire à la Dragonne dès qu'elle boit ?

Eliance ne sait pas. Mais elle le fait, comme une chose incontournable contre laquelle rien ne sert de lutter.
Sans doute parce que Atro lui manque dès qu'elle est seule dans cette chambre, sans doute parce que la boisson aidant, elle a besoin de se confier, sans doute parce que la Teigne reste la Teigne pour elle, sans doute parce que certaines choses restent enterrées pudiquement et qu'elles ne demandent qu'à faire surface après quelques bières ingurgitées trop vite.

Toujours est-il qu'elle est là, passablement éméchée, son crayon à la main, à gratter un papier qu'elle glissera plus tard sous la porte de la chambre voisine. À condition qu'elle se trompe pas de porte, à condition qu'elle s'endorme pas dessus, voire pire.


Citation:

    Atro,

    Comment te dire tout ce qui me passe par la tête ? Ça se chamboule, ça se mélange, ça s'entrechoque et j'arrive pas à dormir. Je sais qu'on a dit qu'on est l'après-midi, mais Ric a dit que je dois me coucher. Sauf que j'arrive pas à dormir. Je pense trop. À pleins de trucs. Je pense à toi, à Mike, à Sileo. Je me demande pourquoi j'aime bien Ric alors que c'est un fou de la pire espèce qui bouffe du saucisson et a menacé de m'étriper tout à l'heure. Je me demande pourquoi j'aime Louis et Lucie alors que je hais les mioches. Je me demande ce que fait Diego en ce moment. Je me demande comment vont les jumeaux. Je me demande si je leur manque. Je me demande si Torvar me pardonnera un jour. Je me demande ce qui va se passer demain. Je me demande si je vais réussir à apprendre à me battre. Je me demande...
    Passons.

    Le plus important, c'est ça : merci pour ta lettre. Elle est belle. En fait, je me souviens juste du passage où t'écris que rien n'aurait pu gâcher ton mariage avec Jonquillou. Et ça, ben c'est foutrement beau. Tu vois, je te dis que tu seras heureuse, parce que je sais que tu le seras. Je suis jalouse. J'aimerais avoir ton Jonquillou. Bon, pas le même, parce que, ben, Mike, c'est Mike. Mais...

    Non. Oublie. Je suis pas jalouse. Plus aucun homme me touchera j'ai dit. On s'en fout.
    Je suis peut-être un peu jalouse de tes morveux par contre. Alors merci de m'avoir donné un fillot. Il aura beau avoir qu'une burne, il sera le plus beau. Parce qu'il sera un truc pour moi. Et ça, c'est beau aussi. Je pourrais lui apprendre des trucs. Et quand il sera grand, il pourra dire que c'est moi qui lui ai appris. Je sais, c'est con. Je suis con. Mais c'est comme ça.

    Atro, je crois que je suis bourrée. Mais je crois que je suis contente aussi.
    Je risque de pleurer en partant d'ici. Je risque d'avoir mal au cœur de m'éloigner de Diego. Je sais qu'il est déjà loin de moi, dans les faits. Mais la ville nous réunissait encore, en quelque sorte. Je sais que je vais avoir mal mais que même si je t'emmerde, tu seras là.
    Je crois que je suis quand même un peu contente de partir avec vous. Et avec Sileo. Je crois que vous finirez par vous entendre. Comme avec Luzia. Suffit d'être patient. Et puis c 'est tout.

    Avec Mike et vos mioches, vous êtes tout pour moi.
    Lui dit pas. Leur dit pas. J'essaie d'étaler de la confiote, mais j'y arrive pas encore très très bien.

    Atro, j'irais plus voir la falaise. Ou si j'y vais, ce sera juste pour m'asseoir au bord.
    Tu peux dormir tranquille. Je tiendrais ma promesse. Je l'ai aussi promis à Sileo. Je tiens toujours mes promesses. Faut juste pas que Diego meurt, parce que là, je serais obligé de trahir au moins une parole. Et donc, un de vous. Et puis je veux qu'il soit heureux avec sa tarte. Je sais qu'il peut l'être un petit peu. Même si il dit que je lui manquerais toujours. Je lui manquerais toujours. Tu te rends compte ? Il m'aime. Personne remplacera le petit bout de son cœur qui m'est réservé. Même l'Autre, elle pourra pas. Il l'a dit. Bordel, qu'est-ce que je l'aime ce con.

    Mais je suis pas jalouse. Non. De personne. Ni de toi, ni de la tarte. Non.
    Et puis un jour, peut-être je serais heureuse. Un vieux blond noble qui a tué un de ses mioches m'a dit qu'un jour on se lève et on se rend compte qu'on a encore le cœur qui bat. Qu'on est capable d'aimer encore. Plus. Encore mieux. Mais il dit aussi qu'on oublie jamais. Que la douleur de l'autre est toujours là.
    Merde. J'avais dit que je dirais à personne qu'il a tué son mioche. T'as rien lu, hein. J'ai rien dit.
    Merde. Je suis vraiment nulle.

    Bon, j'arrête là. Je crois que j'ai envie de dormir.
    Ou de vomir.
    Je sais plus.

    Je t'embrasse.

    Eliance

_________________
Atropine
La rousse écrivait ivre, et ses mots raisonnaient dans le coeur d'Atro d'une façon étrange. La demie portion avait relut la lettre, au coin du feu, juste avant d'établir le campement, pour la nuit. Ces mots méritaient une réponse, alors, laissant la marraine s'occuper du fillot, Lucie chercher de quoi faire enrager sa mère et calé contre un Mike concentré sur sa carte, la demie portion répondit avant de glisser le vélin dans la poche de la rouquine.



Eliance,

J'adore quand tu m'écris bourrée.
Déjà parce que tu écris des trucs insensés, d'autres vrais, et d'autres vrais et insensés. Mais aussi parce que j'ai enfin l'impression de savoir vraiment, comment tu vas. Rien que pour ça, je te ferrais boire, encore !

On est parti, ça y est. Je sais que ça va être dur pour toi. Je t'ai dis que ça le serait surement encore plus que ça ne l'était avant, mais rappel toi d'une chose ça ira mieux ! Ton noble blond avait raison. Un jour, tu te lèveras et découvrira que ça y est tu peux recommencer à vivre, rire, aimer, et tout ça plus fort.
Tu sais, au tout début, j'ai repoussé Mike. C'est un secret pour personne, mais j'avais besoin de lui. Je savais pas pourquoi, mais il me faisait du bien. Je dormais contre lui, souvent, sans qu'il ne tente quoi que se soit, bien que, je suis certaine que ça le démangeait. Mais il était là. Il était ce dont j'avais besoin, et un jour, il n'était pas là, parti pendant une mission, longue, trop longue, et son nom franchissait mes lèvres souvent, très souvent, trop souvent pour que ce soit anodin. Et alors j'ai su. J'ai laissé partir Zac peu à peu et le temps à fait le reste. Et je vie plus intensément encore qu'avant, et j'aime plus profondément encore. Avec cette rage au ventre, cette peur aussi de tout perdre d'une seconde à l'autre que beaucoup ne comprennent pas. Mais je penses que toi, tu comprendras. Mais c'est cette force Eliance, et cette peur qui fait avancer.

Le vrai courage, c'est pas l'absence de peur, c'est de continuer à les surmonter. Ne te ferme pas. Ne te braque pas, laisse le temps faire son oeuvre Eliance. Et s'il n'y a personne d'autre, alors soit, mais s'il y a, un jour, ne te referme pas à l'idée. Tu as le droit d'être heureuse.

Je t'embrasse Eliance
Atro.

PS : Je leur dirait rien, mais sache que c'est réciproque ...

_________________
Eliance
Non, Eliance n'est pas bourrée, non, elle n'a pas la gueule de bois. Elle est tout ce qui a de plus sobre, si on oublie les trois bières matinales traditionnelles, et pourtant, elle écrit à Atro, là, sur une table de son auberge, avec un de ces sourires niaisement épanouis que personne ne lui a vu depuis des lustres et qui ferait presque oublier ses cernes et sa sale tronche de femme rongée par l'angoisse et le désespoir.

Elle est heureuse. Simplement heureuse. Tout peut se casser la gueule dès le lendemain. Rien n'est franchement réglé. Elle sait son état instable au possible, mais elle vit son bonheur entièrement malgré tout, comme un pied de nez au destin. D'ailleurs... le destin... Luzia lui avait bien dit. Ses dieux avaient parlé de patience et puis ils avaient dit qu'il reviendrait, qu'elle pourrait reprendre ses projets là où elle les avait laissé. Les dieux ont raison.

Il est là, elle l'a vu, ils ont parlé, ils se sont touchés, ils ont presque pleuré, mais surtout, ils ont trouvé une solution. Disons plutôt qu'elle lui a soufflé une solution, la solution. Elle s'est battue, elle a rien laissé. Pas même un os à ronger à la Tarte. Elle veut tout. Elle espère tout avoir. Le récupérer entier. Comme avant. C'est fou ce que l'espoir peut amener à faire. Mais là, elle doit partager. Parce qu'un tel sourire est possible grâce à une personne, une seule, qui elle aussi a besoin d'espoir.

Alors c'est imbibée d'un bonheur à en donner la gerbe qu'elle a pris le crayon et laisse courir librement la mine sur le papier.



Citation:


    Atro,

    Je me suis battue.
    Je t'ai écoutée. Je me suis battue comme un putois. J'ai rien lâché.
    Tu aurais été fière de m'entendre. Enfin, je crois.
    Il va lui parler. Les jours heureux, ils sont avec moi. Il l'a dit. Il lui parle ce soir.
    On sera comme avant. Tous. Toi et Mike. Lui et moi.
    On va pouvoir voyager, loin. On va pouvoir retrouver Kachi et lui montrer comme on est heureuse. On va pouvoir faire tout ça.
    Y aura plus de pots cassés, plus de falaise.

    Merci, Atro. Sans toi, j'y serais jamais arrivé. Sans toi, je l'aurais laissé partir une fois de plus. Sans toi, je me perdais.
    Dans ta dernière lettre, tu avais écrit que tout irait bien. Tu avais raison. Tout va bien. Grâce à toi.
    Tu t'en souviens pas, mais aujourd'hui tu peux le voir. T'es la meilleure amie dont on puisse rêver. Jamais j'aurais imaginé que ça existe, ce genre de personne.
    Pour toi aussi tout ira bien. Mike est là. Il va voir que toi aussi, t'es pas partie. Tout ira bien, tu verras. Je serais là. Ta mémoire, on s'en fout. T'es là, tu l'aimes. Toi aussi, tu dois te battre.

    Je t'aime. Et j'ai même pas bu.
    Atroliance. Y a que ça de vrai.

    Eliance



C'est niais, c'est naïf, c'est anticipé. Trop peut-être. Mais c'est surtout meringué et glissé sous la porte de la Teigne.
_________________
Atropine
Malgré l’enthousiasme de la meringue, la demie portion, elle, restait sur la réserve. Mais, déjà, elle voyait une Eliance heureuse, et ça lui plaisait. Elle n'allait pas lui briser son bonheur, surtout sans preuve aucune. Et puis Diego lui avait dit qu'il reviendrait et que quoi qu'il se soit passé entre eux, il était toujours revenu vers sa femme.
La situation la rapprochait de la sienne.
Lui, choisissait de s'éloigner et pourtant, il rejoignait sa femme, toujours.
Atro, elle subissait un éloignement et pourtant, tout la poussait à nouveau vers cet homme, plus si inconnu dont elle était l'épouse. L'amour, le vrai, c'est peut être ça, après tout.




Eliance,

J'ai relu toutes tes lettres. Et, franchement, même pour la dernière pour laquelle tu dis être à jeun, j'ai des doutes. Mais peu importe.

Oui, je suis fière de toi. Fière que tu te sois battue pour ce que tu veux. Fière, mais surtout heureuse pour toi. Je ne te cache pas que j'attends de le voir revenir pour être totalement soulagée, mais te voir sourire me suffit, pour le moment.

Mais, je penses pas que j'y sois pour grand chose Eliance. C'était en toi, tout ça. Mais, dans tous les cas, j'ai toujours raison !
Pour Mike ... On essaie. Mais, t'as raison, je veux pas le voir filer. Mais, le fait qu'il s'en veuille n'arrange rien. Mais, je vais appliquer mes propres conseils. Je vais lui montrer que c'est moi. Que je reste la même, même si, j'en ai pas vraiment la certitude, mais je vous fais confiance. Et, si je suis la même, il m'aimera, à nouveau. Et, oui, tu as raison surement quant à mes sentiments.

Bref, profites Eliance ...

Atro

_________________
Eliance
Une fois n'est pas coutume. La lettre qui suit n'est pas initiée par un débit de boisson quelconque, mais plutôt par une querelle ou du moins des temps d'humeur houleuse. Depuis l'arrivée des tontons et tantines, les soucis d'avec le blondinet sont relayés au second plan et la Teigne a une cervelle toute mixée de partout entre un passé trop passé et un présent trop encré dans un passé perdu.

Eliance n'échappe pas aux troubles quotidien, essayant d'être la stabilité qui fera que tout va bien. Mais parfois, elle échoue. Souvent même.


Citation:


    Atro,

    J'ai été nulle hier soir. J'ai pas su te parler, te rassurer, comprendre ce qui ne va pas. J'imagine ta situation complexe, même si je suis loin de comprendre ce que tu peux ressentir au fonds de toi.

    Si je te garde Louis, c'est pour t'aider à prendre ton temps et t'adapter à ta vie d'aujourd'hui, tout en acceptant hier.
    Si je parle à ta famille en leur posant tant de questions, c'est pour t'aider à les connaître et éventuellement faciliter les échanges entre vous.
    Si ni l'un ni l'autre ne t'aide, j'arrête tout. Suffit de le dire.

    Mais continue de me raconter ce qui va pas. Continue d'être mon amie. T'es ma famille. La seule que j'ai. Du moins, la seule que j'ai choisi. J'ai peur que tu les préfères à moi. J'ai peur que tu veuilles plus être ma famille.

    Eliance

_________________
Atropine


Eliance ...

T'es ma famille aussi longtemps que tu le voudras. Ne doutes plus de ça. Je t'en ai voulus, et je t'en veux encore pour quelques raisons. Pas toutes légitime, je m'en rends compte.

Tout d'abord, je t'en ai voulus de l'attention qu'Amadheus te portait et qu'il me refusait et me refusera encore. Je me dis qu'il aurait été plus facile pour eux tous de t'avoir comme nièce. La douce Eliance au lieu d'Atro la Teigne ...
Je t'en voulais aussi parce que ... Parce que t'arrive à t'occuper d'un gosse alors que moi j'échoue. Je t'en voulais de mes erreurs, de mes incapacités, de me les renvoyer dans la gueule sans même le vouloir.
Je t'en voulais de te souvenir, de ne pas me laisser abandonner, je t'en voulais de ta gentillesse.
La vérité Eliance c'est que je t'envie par tous ces aspects. Je ne t'en veux plus, il faut juste que j'apprenne à gérer certaines choses. Je pensais en être capable mais je n'en suis plus si sur à présent. Là j'ai envie de me terrer Eliance. J'ai l'impression que je te perds. J'ai l'impression que j'ai tout perdu si ce n'est Mike. Mais ... j'ai pas envie de te perdre non plus. J'ai perdu mon sang, au moins une partie, je ne veux pas perdre la famille que je me suis choisis.
J'aurais pas dû t'en vouloir pour ta blague. J'aurais dû savoir. Mais j'avais la frousse d'être rejetée encore, et à juste titre, visiblement.

Mais, je t'en veux encore Eliance, de les préférer à moi. De prendre leur parti au lieu du mien. T'es ma soeur Eliance, dans mon monde. J'ai besoin de toi, j'ai envie que tu reste ... J'ai pas envie que tu m'abandonne, toi aussi ...

Moi aussi
Atro


La lettre est passé à la rouquine. Les nons dits, les aléas la blessaient, la détruisaient, peu à peu. Alors elle se raccrochait à ce qui compte. A ceux qui comptent.
_________________
Eliance
Comment laisser telle lettre sans réponse ?
Eliance a cru que les tontons remplaceraient le semblant de famille qu'elle offrait à Atro. Elle a cru qu'elle la perdrait. Elle a eu peur, comme elle a toujours peur de tout. Mais elle a pas cessé d'aider cette amie qui est tout pour elle, malgré les craintes. Des aides mal perçues, des actes reprochés, renvoyés à la face de la Meringue et récoltés dans une incompréhension totale.

Eliance a vu son Atro s'éloigner d'elle. Elle l'a entendu avoir des mots si durs. Elle a persévéré, connaissant le caractère à chier de la Teigne. Mais voilà. Arrive un moment où les mots blessent plus que de raison. La Meringue a mal et trouve du réconfort chez les tontons et tantines (du moins Ombe, la plus jeune) qui lui permettent de discuter sans heurts.

Elle n'abandonnera pas Atro. Non. Mais Diego lui conseille de penser à elle. Elle tentera de le faire. Et c'est peut-être avec quelques jours loin de Poligny et sa famille qu'elle en fera l'essai.


Citation:


    Atro,

    Merci pour ta lettre.
    Mais tu te goures juste sur pleins de trucs. Déjà, ils auraient pas aimé m'avoir pour nièce, j'ai pas le caractère adéquat et j'oublie bien trop vite les choses, tout comme je pardonne sans doute trop à leur goût. Atro la Teigne est une Rosenthals. Moi, je suis rien que Eliance la douce et la godiche (ça sort de la bouche de Kachi, ça doit donc être vrai).

    Je déteste les mioches, Atro. J'ai longtemps refusé de m'occuper des jumeaux. Si je m'occupe de Louis, c'est uniquement parce que c'est ton fils à toi. Et tu t'en occupes mille fois mieux que moi. Tu as besoin de temps pour te faire à nouveau à lui. C'est normal. C'est humain. T'es pas une bête. T'as dû l'adopter une seconde fois et je t'ai jamais reprocher de ne pas assez t'en occuper. Chaque regard que tu lui lances, je prends ça pour une victoire. J'ai envie que tu retrouves ton fils, comme j'ai tant espéré que tu retrouves Mike.

    Je suis peut-être trop gentille et tu m'en veux de ça, mais tes réactions ont fini par me toucher. T'es ma famille. On est Atroliance, et je pensais pas qu'un jour tu enverrais paître ça, que tu le retournerais contre moi. Tu rest'ras toujours ma famille. La seule que j'ai. Simplement, si t'as mal, moi aussi j'ai mal maintenant.

    T'as pas compris que je les préfère pas à toi. Que pour moi, ils sont ta famille et que je fais en sorte qu'ils le restent. T'as pas compris qu'ils sont comme toi. Angoissé de cette rencontre et de ce que ça peut donner. T'as pas compris que si j'ai tant parler avec eux au début, c'était uniquement pour t'aider à les connaître, à les comprendre. T'as pas compris que si j'aime bien Amadheus, c'est parce que je te retrouve en lui. T'as pas compris que je prends le parti de votre famille et pas le parti d'une personne. Je te défends bec et ongle, je tente de leur expliquer ta logique, ton caractère, de trouver des excuses à tes réactions parfois colériques. Et devant toi, je fais l'inverse, j'essaie de te faire voir qui ils sont, ce que j'en ai appris.

    T'as pas compris que je fais tout ça pour toi. T'as pas compris que je t'ai jamais abandonné et que je le ferais pas. T'es aussi ma sœur, Atro. Celle que j'ai choisi.

    Mais j'ai besoin d'air. J'ai besoin de penser à moi. Je sais pas comment on fait, mais Diego me conseille de le faire. Alors je vais partir. Quelques jours. Pas forcément avec ta famille. J'irais avec eu seulement si Eunice m'accepte pour être du voyage. J'irais à Annecy voir Rose. Ou alors j'irais... peu importe...

    Mais j'ai besoin de calme. J'ai besoin de voir autre chose que ma sœur qui m'en veut à mort alors que je cherche juste à l'aider. J'ai envie de ne rien entendre plutôt que d'entendre que je fais tout de travers.

    Tu m'envies ? Tu envies quoi au juste ? Tu envies le mari infidèle que j'ai ? Tu envies ma non famille ? Tu envies mes non-enfants aussi ? Réfléchis, Atro. Tu as tout. Et moi, j'ai rien. Je dois te rappeler que mon mari est avec sa maîtresse en cloque en ce moment-même ? Je dois te rappeler qu'il va se retarder un peu à cause d'un contre temps et donc rester un peu plus avec elle ? Je dois te rappeler que je suis morte de trouille à l'idée qu'il revienne pas et que je m'accroche à ses lettres comme un mioche aux jupons de sa mère ?

    Tu veux pas de mon aide. Je sers à rien. Tu t'occuperas très bien de Louis en mon absence. Mike t'aidera. Kachi aussi. Tu n'es pas seule. Je t'écrirais pour te montrer que je t'oublie pas, que je t'abandonne pas. Je pourrais seulement pas supporter ton regard froid encore. Je saurais pas et je finirais par dire des choses méchantes que je ne crois pas. Tu pourras ainsi te terrer et apprendre à gérer ces choses dont tu parles.

    Je sais pas si c'est bien que je parte quelques jours. Peut-être que quelques jours sans se voir feront les retrouvailles plus belles. Je sais pas si ça servira. Je sais rien. Je suis paumée, Atro. Et cette lettre qui devait juste te rassurer se fait si longue... Tu vois, j'ai besoin de te parler. Ça me manque. Tu me manques. Ma sœur...

    Eliance



_________________
Atropine
Elle l'abandonnait, elle aussi. Les poings et la gorge serrée, les larmes refusant de couler et pourtant si douloureuse ... Réponse fût faite rapidement. Eliance semblait heureuse de sa lettre en lui donnant. Donc, elle était heureuse de partir, de la laisser, elle avait tiré une croix sur elle, sur leur lien.
A court de mots, d'arguments ... A bout, sans espoir, pleine de peine, et incomprise ... La demie portion lit à demi mots la lettre et y répond, blessée.




Tu m'abandonne aussi puisque tu pars ... Je m'excuse mais ça ne change rien. Je déçois alors que j'essaie d'arranger ... Pardon Eliance. Pars si c'est ce que tu veux ... je commences à avoir l'habitude des départs, des oublis et du reste, vis ta vie, sois heureuse, même loin de moi ... Mais sois heureuse ...
J'aurais voulus te dire tellement de choses. Hier encore tu me disais que tu ne partirais pas et une matinée avec Amadheus et tu change d'avis. T'avais raison, ils nous ont séparé puisque tu t'en vas ...

J'ai mal ...


Et les larmes coulent, striant les joues rosies par l'émotion. L'enfant est là, dans son panier et pourtant, elle s'en fiche. Reste plus que Mike ... Elle a tout perdue et la lame tourne entre ses doigts nerveusement.
_________________
Eliance
L'heure du départ a sonné. Le maigre baluchon est prêt. Eliance moins. Mais elle se force. Elle se doit de le faire. Pour elle. Elle pensait pas ça si difficile, de s'occuper uniquement que de soi.

Citation:


    Atro,

    Je suis pas encore partie. D'ailleurs t'es là, derrière ton comptoir, en face de moi.
    Ta fille a trouvé le gamin aux yeux qui font valser l'esprit de Kachi entre l'espoir et le désarroi. Ils jouent. Ils ont l'air heureux. J'aurais aimer savoir jouer comme ça. J'aurais aimé avoir ces jeux-là.

    Là, tu viens de rire. T'es belle quand tu ris. Je t'ai d'jà dit que j'aime bien quand tu te fous de moi ? Du genre à me dire que je suis coincée, que j'ai peur de mon ombre de talon... Je fais semblant de me vexer, la plupart du temps, mais je finis toujours par en rire. Parce que ce que tu me dis a toujours une saveur particulière. Je sens toujours une tendresse derrière tout. Là, tu vas me traiter de meringue et t'as pas tort.

    Tu viens de partir. Ton regard est dur, mais je sais que tu te protèges. Je ne t'en veux pas. Je te fais du mal. J'espère que demain, tu sauras sourire devant Louis qui bave et fait de drôle de bruit, devant Mike et son éternel sourire, devant Kachi et ses angoisses de mère qui a perdu un gosse.

    Je sais que tu ne comprends pas pourquoi je pars. Pourquoi je peux aller mieux loin de toi.
    Je comptais pas te le dire dès la première lettre. Je comptais d'en parler plus tard. Mais rien ne se passe jamais comme prévu. Alors voilà...

    Certains disent que tu es une gamine capricieuse et égoïste. Je n'ai pas besoin de les nommer, tu sais de qui je parle. Je crois pas à ça. T'es capricieuse, oui, mais pas égoïste. J'aurais pu aller mieux à tes côtés, Atro. Mais l'air me fera aussi du bien. Et quand je rentrerais, tu seras là et tout seras comme avant. Tu auras compris que même si je te pardonne les mésaventures de ces derniers jours, comme tu m'as pardonné mes conneries, j'ai besoin de pleurer seule, de ne m'occuper de personne. Tu auras compris que ici, j'ai ma taverne, j'ai toi, Louis, Kachi. J'ai ma famille en qui je me perds pour oublier mes angoisses, pour aller mieux.

    Diego m'a écrit de prendre soin de moi et d'oublier les autres un peu. J'essaie de l'écouter. Ne m'en veux pas. Je veux voir ce qui en ressort. Si ça fait du bien d'autant pleurer et s'apitoyer sur son sort. Je veux voir si tu comprends que je veuille prendre soin de moi. Que j'essaie. Je fais jamais ça. Je culpabilise de te laisser. Crois pas que ce soit une partie de plaisir. Crois pas que je suive les Autres. Je profite simplement d'une occasion. Je veux montrer à tous que t'es pas égoïste. Que tu seras là quand je reviendrais.

    Je sais pas si cette lettre est claire. Je sais pas si tu comprendras tout ce que j'y ai mis. T'as une propension incroyable à ne retenir que les trois mots qui ne te plaisent pas. Si tu dois sélectionner, retiens ceux-là : tu me manques déjà.


    Eliance


_________________
Atropine


Eliance,

Diego a raison. Tu dois prendre soin de toi. Je suis sur de te l'avoir déjà dit avant, sinon j'étais une piètre amie. Remarque j'en suis une pour que tu me fuis ainsi.
Mais Amadheus a raison en disant que je suis une enfant capricieuse. Je l'ai toujours dis aussi. Alors non je n'ai surement pas autant de qualité que tu le penses et peu m'importe à présent ... Tu es partie.
Tu m'as rappelé qu'il fallait qu'on soit égoïste pour survivre. J'ai relu les lettres, et j'y ai découvert que pendant des semaines je n'ai vécu que pour toi, t'éviter de crever pour fuir l'absence de ton mari. Mike m'a raconté mes nuits sans sommeil, mes crises parce que j'avais peur que tu ne sombre. Mes veilles pour être certaine que tu te batte, que tu reste en vie et tout ça sous les reproches perpétuels de ton ami aveugle.
Je crois qu'on est quitte Eliance. Peut être que Kachina à raison lorsqu'elle dit on prend et on part. On s'est prit et donné, puis tu es partie. C'est la vie il faut s'y faire. J'ai été déçue jusqu'ici, je pensais qu'en choisissant ma famille je ne le serais plus ... J'ai eu tort.
Et pourtant je t'aime. Je t'aime comme une soeur. Mais j'ai mal. Tu serais partie seule, ou sans eux tout du moins c'aurait été moins dur. Ils ne m'aiment pas, ils sont mon sang, soit disant, déboule dans ma vie et ne comprennent rien à mes peines ou mes cassures. Et tu les suit ...

Peu importe à présent, tu es partie.
Sois prudente au moins. Il te reste 19 jours.

Atro



La lettre est chiffonée et jetée au feu. La nuit fut longues, les yeux sont cernés. Elle crève de tout ça. Mais c'est par ces reproches qu'elle est partie. C'est sa faute à elle. La fierté ce doit être tout ce qu'il lui reste de cette relation et pourtant cette lettre ne partira pas. Un autre vélin et prit et lui est fait parvenir. Froid, certes, mais la bague confiée est rendue.



Prends soin de toi. Ne revient pas pour ton alliance, reviens parce que tu le veux ...


Elle reconnaîtra l'écriture, ou au moins saura t'elle a qui elle a confié l'anneau.
_________________
Eliance
Ils ont foulé les pavés saint-claudiens à l'aube, avant que la brume ne s'échappe devant les premiers rayons lumineux qui viennent l'impressionner tous les matins. À part eux et quelques bestioles qui traînent pour dénicher de quoi manger dans les déchets qui jonchent les ruelles, le silence règne en maître et ils progressent dans une cité endormie. Ils n'ont eu aucun problème pour trouver une auberge. Eliance connaît le coin, y étant déjà passé un certains nombres de fois avec son frère. Mais elle n'a pas indiqué ni conseillé une auberge, non. Elle laisse faire Eunice qui gère tout son monde, ayant compris enfin que lui proposer de l'aide était perçu comme une insulte, étrangement. La troupe s'est installée dans une auberge, certains ont dormi.

Eliance, elle, a écrit. Encore et encore. Des mots pour expulser son manque. Atro lui manque. Diego lui manque. Des mots adressés à personne, servant simplement à alimenter le feu de la salle commune. Écrire à Atro ? Pas de suite. La nuit a été mauvaise, agitée à pleurer ses tourments en silence, dans sa capuche. Une bière a été ingurgité pour se donner de la force pour la journée. Et puis un Edoran a proposé un repos et un trempatouillage de couenne dans des thermes repérés plus tôt. Pendant que lui s'est fait malaxer, la Meringue et Ombe ont trempé dans une eau chaude et parfumée, de quoi ragaillardir un cochon à l'agonie. En sortant, un message attendait. Petit pli, petit pli trop lourd pour ne contenir que des mots. Et pour cause, en dépliant le parchemin, quelque chose était tombé sur le sol dans un bruit de métal. Aussitôt, la main ménudiérienne se jetait dessus pour capturer la chose et observer avec une moue indescriptible en reconnaissant son alliance, confié à la Teigne la veille, comme gage de retour.

C'est donc propre comme un sous neuf et dans une humeur mitigée que Eliance a pris un vélin et qu'elle y appose la mine de plomb, commençant à inscrire les mots qu'elle a ressasser tout le jour.



Citation:


    Atro,

    J'ai reçu ta lettre. Et mon alliance. Je te l'ai laissé parce que c'est une des choses à laquelle je tiens le plus. Je voulais que ça tienne compagnie à quelqu'un d'autre à laquelle je tiens aussi le plus.

    J'ai fait un truc, aujourd'hui. Dès que je rentre, je t'y emmènerai. C'est trop bien, tu verras. Tu vas adorer. Tu vas être très prise, entre tes rendez-vous avec Mike et ceux qu'on va se faire toutes les deux. C'est ce que je voudrais faire, si tu veux bien. C'est pas original, je vous pique vos idées, je sais. Mais les bonnes idées méritent qu'on les reprenne, tu crois pas ?

    Alors engage cette nounou affreuse. Elle devra garder tes enfants pendant nos rendez-vous.
    Et t'es une bonne mère. Tu l'as toujours été. Quand Louis est né, tu enrageais dès qu'une main se posait sur lui. Mike se faisait même engueuler. C'est ce jour-là que je t'ai appelé la Dragonne. Tu grognais comme un félin qui protège ses petits. Et ça, crois-moi, c'était chiant, mais très beau.

    À demain, Atro, ma sœur.

    Eliance


    PS : Je t'ai déjà dit que j'ai quatre choses qu'on appelle plus communément sœurs ? Pas une ne peut rivaliser ne serait-ce qu'avec un de tes orteils. Personne ne peut d'ailleurs. Mike confirmera, ils doivent être parfaits, tes orteils. Je préfère me contenter de ta tronche, pour ma part. Ta cervelle, aussi.


_________________
Atropine
Mal. Elle était mal. Elle avait mal. Elle décrochait souvent des discussions aux alentours. Elle s'était repassé le fils des événements récents. Ceux dont elle se souvenait et ceux dont on lui avait parlé, ou qu'elle avait relu. Eliance et elle semblaient complices. Liées d'une étrange manière.
Une phrase pourtant, raisonnait dans la caboche de la Teigne : "après tout ce que j'ai fait pour toi, tu ne peux pas comprendre que j'ai besoin de prendre soin de moi ?". Alors elle se le demandait. Et la réponse était non.
Non elle ne comprenait pas, puisque la blondi-roussâtre préférée de la Teigne lui disait vouloir entendre ses soucis pour aller mieux.
Non elle ne comprenait pas puisque son amie disait qu'elle partait parce qu'elle se sentait inutile alors qu'Atro lui avait dit, qu'avec les échecs de ces derniers jours, elle avait encore plus besoin d'elle.
Alors non, elle ne comprenait pas.
Elle ne comprenait rien ...

Mais dans toute cette incompréhension, il y avait des choses qu'elle savait. Elle savait qu'elle n'avait pas été agréable depuis l'arrivée du clan Rosenthals. Mais Eliance lui avait dit "si tu veux, j'arrêtes". Ce n'avait été que des paroles en l'air. Tout comme le fait qu'elle ne l'abandonnerait pas.

En réalité, la brune était mitigée. Elle était blessée, mais fière. Meurtrie aussi. Elle était bourreau et victime.




Eliance,

Contente de te savoir arrivée entière.
Je ne sais pas ce que je ferais à ton arrivée, je t'ai dis ce qu'il se passerait si tu partais. Rien ne sera plus pareil Eliance ... Mais si ça te rend heureuse, c'est le principal.

Tu devais ne t'occuper que de toi, alors penses à toi. Ne m'écris pas, ce n'est pas nécessaire. Prends soin de toi, penses à l'essentiel, je vais en faire autant. Comme tu l'as dit, après tout ce que tu as fait pour moi, je peux bien te laisser partir.
Je ne pensais pas être une prison non plus cela dit ... Je ne pensais pas non plus t'avoir tant coûté. Mais visiblement, j'étais dans le faux. Mon égoïsme légendaire surement me rendant trop égocentrique. Je n'arriverais pas à m'en défaire je crois, et je m'y accrocherais encore bien plus à présent.
Tu me disais que tu réussirais à gagner à nouveau ma confiance. Mais Eliance, tu n'as rien fait pour la perdre ... Tu vis ta vie, tu veux être heureuse, et tu as raison. Je suis blessée, ça passera, j'irais de l'avant. Chacun devrait pouvoir faire ce qu'il veut, ce dont il a besoin. Donc, tu n'as pas à regagner ma confiance, certaine choses se brisent et ne peuvent se réparer ... Il faut vivre avec.

Mais je suis fière de toi Eliance. Quand on s'est rencontré, la deuxième fois, tu m'a dit n'avoir aucune envie si ce n'était émasculer un goujat. Maintenant, tu as voulus, et tu as fait. Alors je suis fière de toi Eliance. Vraiment. Tu es forte. Même si la meringue te recouvre, la noisette en son coeur est bien trop solide pour se briser. A l'inverse d'autres qui ne laissent paraître que peu et se brisent de l’intérieur, lentement.

Tu sais, j'ai relu toutes tes lettres ... Et dans une tu t'excusais, pour mon mariage, dans l'autre tu me remerciais d'être là, une autre encore, de t'avoir fait te battre pour ton brun ... Mais j'ai foiré là ... J'aurais dû être forte ici aussi ... J'aurais dû gérer tout ça sans te blesser ... Je m'en veux. Je ne sais pas si je t'ai déjà dit qu'elle amie formidable tu as été. Ni si je t'ai déjà remercié de tout ça. Je le fais maintenant. Merci pour tout ce qu'il s'est passé. Merci d'avoir essayé. Et désolée ...
Tout ça aura été presque entièrement un énorme gâchis.

Bref, je crois que cette lettre est floue. Le manque d'alcool surement.
Reste prudente. Si tu ne reviens pas, préviens au moins Kachi et le Jok', tu manquera à ton amie, c'est sur.

Atro

_________________
Eliance
Annecy a pointé le bout de son nez et avec elle, ses souvenirs et sourires. La gaieté offerte par Rose contraste avec le passé sombre qui se ravive dans la caboche ménudiérienne. Et même autour d'une choppe dans une taverne bondée de femelles en rires, Eliance songe à Atro. Son Atro. Si Atro est à son Mike, elle songe qu'elle est aussi la sœur qu'elle n'a jamais eu. Une qui s'occupe d'elle. Une qui la comprend, même si certains détails lui échappent.

Elle ne restera pas longtemps. Un messager envoyé par Eithann lui rappelle où se trouve sa famille à elle. Sa véritable. Pourtant, ces hommes et femmes qu'elle a suivi par soucis pratique, disons, se transforment la nuit, dans ces rêves profonds en une famille parfaite. Des frères et sœurs protecteurs et attentionnés qui auraient éviter qu'elle ne vive certaines choses. Mais dès qu'elle se réveille, ce n'est pas vers eux que vont ses premières pensées. Celles-là vont à Poligny, vers un rêve éveillé où Atro, Mike et les autres sont son quotidien. Elle reprendra la route très bientôt.


Citation:


    Atro,

    Je viens d'arriver à Annecy. La ville est toujours aussi moche. Rose, toujours aussi belle.
    Je ne m'attends pas à ce que les choses soient comme avant à mon retour. Elles seront mieux. Comme tout ira mieux quand Diego sera là. Je regarde pas en arrière. J'essaie, en tout cas. Même si c'est dur, d'être ici sans toi.

    Je suis repassée devant l'auberge de l'Abreuvoir où on dormait. Demain, j'irais voir la falaise. J'y emmène Ombe. Pour parler de son mal être, mais surtout pour pas y aller seule. Tu sais l'effet qu'elle me fait, cette falaise. Enfin, non, tu as oublié, sans doute. Il faudra que je te raconte alors. Je te raconterais aussi comme tu m'as fait promettre de ne plus songer à la liberté d'en bas. Je crois que sans toi, je serais plus là. Tu m'as pas lâché. Jamais. C'est à ce moment que j'ai su que t'étais ma famille à moi. La vraie.

    Je pense à l'essentiel, tu vois. Tu en fais partie. Diego aussi. Il m'a écrit. Il dit que j'ai raison de penser à moi, même si c'est quelques jours qui m'éloignent de toi. Il a des jolis mots, tu sais. Je crois que je ne l'ai jamais eu comme ça, aussi attentionné et rassurant. C'est toujours moi qui le rassure, lui dit que tout ira bien. C'est son tour. Il faut croire que tout se fait à tour de rôle. Je t'aide, tu m'aides.

    T'as jamais été une prison, Atro. C'est pas toi que je fuis. Si j'avais pu, je t'aurais embarqué dans mon baluchon. Mais c'était te séparer de Mike. Je voulais pas te demander ça, même si je t'ai posé la question théorique. J'aurais aimé que tu sois du voyage. J'aurais aimé que tu me reprennes par la main en haut de ma falaise. On y aurait été boire un coup, toutes les deux. On aurait fêté ma promesse, tiens. Et puis ton mariage, et n'importe quoi d'autre.

    Merci d'être fière de moi. C'est grâce à toi, si je suis un peu plus forte. Juste un peu. J'ai étalé un peu de confiotte autour de la meringue.

    Atro, t'as toujours été à la hauteur sur tout. Simplement, je crois qu'on a à chaque fois eu besoin d'Atroliance à tour de rôle et jamais en même temps. À Poligny, j'ai eu besoin de toi, mais t'allais pas bien. Comment te dire de mettre tes douleurs de côté un instant ? Je pouvais pas. Je t'ai abandonné de ce point de vue là. Je t'en aurais voulu sans quoi en restant, de devoir te cacher mes douleurs.

    Ici, je ne vois pas de couple, je n'envie personne. Et en ça, ça me fait du bien, je crois. Mais tu me manques. Je rentre bientôt.

    Je t'embrasse.

    Eliance



_________________
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)