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[RP] Aux cœurs de la tourmente

Kachina
La grande demeure a été aérée, les draps retirés des meubles et le feu crépite à nouveau dans la cheminée. Retrouvé le grand baquet de bois et le grand lit, les tentures de velours sombres qui lui avaient tant plu quand elle avait ,pour lui ,choisi cette demeure à son arrivée. Revenus en masse aussi, les souvenirs des bons et mauvais jours. Les rires et les querelles. Cette armée décimée avant d'être, et la lice où s'affrontaient des membres de deux clans qu'elle avait un temps souhaité réunir.

La chandelle dessine des ombres dans la pièce, flamme dansante et gaie. C'est bon. C'est ici chez elle, même si elle n'est qu'une pierre qui roule. C'est d'ici qu'elle vient. Elle range quelques affaires encore, épuisée, cheveux encore humides, en chemise de baptiste fine, muscles douloureux. Et puis, elle range soigneusement ces missives reçues dans le petit coffret richement ouvragé, relit celle d'Eliance et retrouve sa place, devant cette petite table, près de la fenêtre. Au loin à la lueur de la lune se découpent les silhouettes sombres de ces montagnes tant aimées. Demain, elle ira chevaucher, retrouver les sentiers, les recoins. Demain........Mais là, elle prend la plume et raconte à la Belle Abimée...

Citation:
Eliance,

Nous sommes arrivés. A l'aube sous une pluie battante. C'est un long voyage, mais si vous saviez comme c'est beau ici. Malgré la pluie qui vient juste de cesser. C'est beau.
Beau et désert.
Partis tous ceux que j'ai un jour aimés. Dispersés aux quatre vents. Emportés par la Faucheuse ou chassés par l'orgueil, la fierté. Occupés à d'autres rêves. Si vous aviez connu ça, Eliance.....Ces tavernes pleines qui résonnaient de rires et de chants. Les bagarres de rues quand les hommes avaient trop bu. Et les bals sur la place les jours de fête ou de Saint Jean.
Vous auriez aimé.

Je suis chez moi. Et je sais qu'il ressent ça , lui aussi. Je vous dirai un jour, la première fois que je l'ai vu arriver ici à Saint Bertrand. En hiver.......un si long hiver, commencé dans la déséspèrance. Il était fou, et beau. Et je me surprenais à rire à nouveau. C'est comme ça que j'ai su, Eliance.
Un jour, vous rirez à nouveau.

Je sais la déchirure du départ. Je l'ai vécue. On survit à ça. Il faut juste ne plus se retourner. Aller de l'avant. Vers d'autres lendemains.

Je pourrais vous dire qu'il en viendra un, un jour. Mais je sais que vous n'êtes pas prête à entendre ça. Alors pas après pas, chevauchez. Laissez le vent vous parler du feu de l'automne. Bercez votre mal au balancement de la charrette ou du cheval .
Un jour vous saurez que vous êtes en vie, encore.

Luzia..........j'ai reçu des nouvelles. Les runes lui ont confié le même message qu'à moi. Nous nous reverrons. Elle me manque terriblement, cette sale mioche. A la voir dans chaque silhouette de sauvageonne croisée dans ces ruelles. J'ai du relire 10 fois ce message qu'un inconnu a écrit pour elle.

Ce soir je suis heureuse. J'ai passé les bornes d'Armagnac, revu ce fier village juché sur son rocher. C'était un plaisir fou de pousser à nouveau les portes de cette demeure . Demain j'irai voir ma grotte. Juste pour me souvenir. Je n'y entrerai pas pour y pleurer. Je n'ai envie que de rires.......et d'amour.

Tenez bon. Vous me manquez. Votre lettre n'est ni sombre, ni moche. Elle est juste triste. Comme une femme est triste quand l'homme aimé lui manque. Vous n'êtes pas vide, juste encore trop pleine de lui.

Avancez, foutre Dieu. Et venez à nous.

Je vous embrasse.

Kachi

PS/ Il n'y a pas de falaises là où je suis. Mais des torrents sauvages et fous, des cascades, et des grottes. Au pire, je vous mènerai sur les remparts. Et vous vous enivrerez du vent du soir et des brumes sur les sommets des Comminges...

_________________
Eliance
L'Abimée a tardé. Elle a voulu quitter Annecy. Elle a voulu écrire une jolie lettre à Kachi. Une où elle lui raconterait leur voyage et comment tout se passerait bien. Une où elle pourrait être légère et partager ça avec Kachina. Mais comme rien ne se déroule jamais comme elle veut, la lettre joyeuse a tardé et s'est faite définitivement piétinée par une armée en furie, emportant avec elle aussi les souvenirs de la Teigne. C'est pour rassurer la Louve que Eliance prend le crayon ce soir-là, au détriment de son épaule qui souffrira de chaque mot gravé sur le vélin.

C'est aussi ça, l'amitié, rassurer coûte que coûte l'amie partie loin pour revivre, être à nouveau heureuse.


Citation:


    Kachi,

    Pardonnez-moi mon long silence. Je voulais vous faire une belles lettre.
    Je ne peux pas. Celle-là sera courte. Mon bras m'empêche de la faire aussi longue que je le souhaite.

    Atro a égaré sa mémoire. Mike est perdu sans son Atro. Ric est défiguré. Pimp affaiblie. Sileo mal en point. Mais tout le monde est vivant.
    Ça doit être le plus important, n'est-ce pas ?
    Je suis désolée, Kachi. On ne sera pas chez vous à la fin du mois. Vous ne pourrez pas me montrer cette grotte. J'aurais tant aimé la voir, pourtant.

    Vous nous manquez.
    Je m'occupe d'eux, je crois. Je fais ce que je peux.
    Faites attention à vous

    Eliance



Les mots ont tremblé, ils sont instables sur le papier, mais ils sont là. C'est le plus important. Le papier est plié d'une main, consciencieusement. Il sera envoyé dès l'aube, confié au gamin du village qui s'occupe du pigeonnier.

_________________
Kachina
Jours étranges que ces jours d'automne. Un village retrouvé qui n'est plus que l'ombre du passé. Un soeur qui croise à nouveau son chemin pour partir à nouveau jouer de la lame. Et ces brigands qui tiennent le cap, qui allument des feux. Et elle, qui regarde ça de loin, qui crève d'envie d'en être. C'est décidé, son âme est à jamais brigande. Elle se moque de l'argent. Ce qu'elle veut, la Brune, c'est ressentir tout plus fort.
C'est un peu comme au bal de la Saint Jean quand vous regardez danser les autres et que vous restez le cul sur votre chaise à attendre un éventuel prince charmant. Qu'est ce qu'ils sont beaux tous.

Aucune surprise à lire la missive d'Eliance. Kachi sait déjà qu'ils sont tous mal en point. Tout n'est que gris depuis un moment, c'est ainsi. Les disputes au sein du clan, le début de la fin ou d'un renouveau, allez savoir.........Eliance et son désespoir...........Reste un homme aux yeux sombres, occupé à jouer les stratèges. Un enfant qui grandit . Les amis......bien trop loin, tous...le seul lien qui les unit , c'est cette plume qu'elle trempe dans l'encre.

Alors, assise dans un coin d'une auberge vide, regardant un chat errant qui lèche les restes qu'elle vient de lui offrir, elle répond à Eliance.


Citation:
Eliance,

Je savais déjà pour l'armée. Atro m'a écrit. Elle dit ne plus se souvenir. De rien. J'arrive pas à imaginer ça, sa peur , le chagrin de Mike et votre désarroi.

Ici, je suis spectatrice, coincée au milieu des armées. C'est pas ce que j'ai connu de plus excitant. Je me surprend à les envier, ces fous fiers et insouciants qui partent à la mort comme on part à la fête. Ils sont si beaux. Et puis au moins , ça vit. Quand vous risquez de ne pas voir se lever le jour, vous allez à l'essentiel. Ils s'aiment, s'entraident. Je me sens inutile. Vide.

Je crois que je ne vais pas bien Eliance. Leur fougue, leur envie me rappellent tant de souvenirs. Et puis, c'est vous, tous, avec vos vies qui partent en vrac qui me filez le cafard.

J'ai revu ma soeur, je vous ai dit déjà que j'ai une soeur ? Elle semble heureuse, pas comblée, mais heureuse. On s'était éloignées, on s'est retrouvées je crois. Et ça, c'est bon.
Vous êtes blessée, je vous lis triste........
Vous êtes si loin, tous.

Je ne sais pas si j'aurais la force de vous aider. Je crois que depuis des mois, je ne fais que ça. Soutenir, aider, attendre les blessés.
Je pense que dès que ça se calmera ici, nous reprendrons la route pour venir à vous. Vous avez intérêt tous à avoir retrouvé le sourire.
Atro , je ne sais pas. Je ne sais pas ce qu'il faut faire. Je pense que seul Mike a ce pouvoir de la faire revenir à nous. Va falloir que le blond montre ce qu'il a dans le ventre.

J'aurais aimé trouver les mots, vous dire que ça va aller. Demain peut-être. Aujourd'hui, j'ai pas la force, désolée.
Me reste juste une devise. Faites la votre Eliance, pour vous et tous ceux qui sont tombés : "Neuf fois à terre - Dix fois debout".

J'aimerais juste vous aider à changer les bandages de ce bras, poser ma main sur votre épaule, vous dire du bout des yeux que nous aurons des lendemains plus bleus, tous.
Alors, oui, je vous le dis. Cap ou pas Cap ?
Répondez moi Cap. J'en ai besoin.

Je vous embrasse.

Kachi

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Eliance
Tout a changé. L'aube s'est levé, ce matin. Et ce matin, comme depuis la veille, l'Abîmée n'est pas restée dans le brouillard. La nappe brumeuse qui l'habitait et bloquait son âme et son humeur a été chassée par l'Italien. Cet homme-là a des pouvoirs. Elle en est persuadée. Il l'a faite vivre un jour, un jour qui oscillait entre le printemps et l'été, il a chauffé ses entrailles d'une joie inconnue. Il lui a appris à respirer, à sourire, à apprécier ses mains, à lui confier sa vie. Son retour a eu le même impact sur le Meringue. Son corps s'est éveillé à nouveau, son âme s'est faite légère. Pour la seconde fois, le Dracou la faisait renaître.

Plusieurs jours déjà se sont écoulés depuis la lettre qu'elle a reçu de la Louve. Mais elle ne se sentait pas l'âme d'y répondre. L'amie va mal et Eliance ne savait pas où trouver la ressource nécessaire pour l'aider. Maintenant, maintenant que la légèreté a repris le pas sur son cœur, que son sourire s'est réchauffé, que son souffle n'est plus faisandé, elle s'en sent la force et le courage.


Citation:



    Kachi,

    Cap. Cap. Définitivement cap.
    Tout va bien. Je suis heureuse, là, maintenant, depuis deux jours.
    Il était là. Il est revenu me voir. Il raccompagne la Tarte chez son mari, il va chercher sa nouvelle fille qui a refait surface et il revient. Il m'aime. Il l'a dit. Il a aussi dit qu'il revient. C'est bon, Kachi, si vous saviez. Le revoir, pouvoir le sentir contre moi, comme avant, écouter le son de sa voix qui dit de si belles choses. Il trouve charmant quand je rougis. Il me l'avait jamais dit. C'est bon de savoir que je suis pas rien, que je suis sa femme, que je le serais toujours.

    Les blessures sont rien. J'ai encore mal à l'épaule. Mais vous écrire est plus important. Tant pis pour la douleur. Ça passera. Ça passe toujours. Atro va mieux aussi. Elle a pris d'elle-même Louis hier et l'a gardé plusieurs heures. Les choses reviennent. Vous les verriez se chamailler avec Mike. Ça aussi, c'est bon. J'arrive pas à parler à Mike seule à seul, la Dragonne est toujours dans les parages. Et elle m'interdit de lui écrire. Je voudrais le rassurer, lui montrer que son Atro est encore là, qu'elle est la même, qu'ils peuvent tout recommencer, que c'est presque une chance d'avoir le droit de se séduire une seconde fois. Mais Atro veut que je la laisse faire. Alors je dis rien. Je la fais seulement parler, je lui raconte parfois de ce passé dont elle a tout effacé, mais surtout, on cause du présent.

    Kachi, j'aimerai pouvoir vous dire que je gère la situation, que tout ira bien. Tout ira bien, je le sens. Mais je vous cache pas que vous manquez ici. J'aurais aimé que vous puissiez vous épanouir de votre départ, que retrouver votre village vous fasse un bien fou, que vous retrouver avec votre barbu vous régénère. Vous avez été voir la grotte ? Elle a pas changé ? J'aurais aimé la voir. J'aurais aimé partager ça avec vous. Comme le matin où vous m'avez tiré du lit avec Atro pour m'emmener à ma falaise. Je vous ai jamais remercié. Merci, Kachi. On ira dans une grotte. On vous en trouvera une ici. Je vais me mettre à chercher. Et quand vous arriverez, avec le Jok', tout le monde ira bien et on s'occupera de vous et de cette grotte. Et on repartira, on ira vous faire vibrer aux croisées des chemins. Vous m'apprendrez, vous me montrerez votre vie, Kachi.

    Et vous alors, cap ?

    Faites attention à vous.

    Eliance

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Kachina
Il y a dans la missive d'Eliance toute la légereté d'un coeur qui bat à nouveau. C'est bon d'imaginer la Belle Abimée, l'espoir chevillé à l'âme.
Et la joie est contagieuse. La missive porte de bonnes nouvelles, de même que cet avis de relaxe qu'on lui a fait porter à l'aube.
Il y a des jours comme ça, où la vie se fait belle.

Elle prend la plume, entre deux malles qu'on ferme, deux fauteuils qu'on recouvre de drap. Le forgeron a cloué de nouveaux fers à Fantoche. Et les vêtements de voyage attendent à un crochet. D'une main habile, elle relève la lourde masse de ses cheveux, les attache d'un lien de cuir, pour ne pas qu'ils gênent son écriture. Et les mots courent, viennent partager la joie de celle au loin.

Citation:
Eliance,

Un jour, il y a lontgtemps de ça, je ne me souviens plus très bien pourquoi, il est parti. M'a laissée seule. Pour revenir trois jours plus tard.
Un jour, aussi, il a déserté notre couche. Tout était si compliqué entre nous. Deux clans, nous étions deux clans que je tentais de réunir. Sans succès.
Je crois que je ne savais pas l'aimer.
Je crois aussi qu'il est gourmand, exigeant, et qu'il voulait tout de moi.

Je suis restée, la première fois à écrire des missives, le suppliant de rentrer. Silhouette triste arpentant les remparts, guettant fièvreusement l'ouverture des portes quand l'aube renaissait après une nuit blanche. Espèrant le voir arriver.
La seconde fois, j'ai écouté les heures, nuit après nuit, au clocher, écoutant chaque bruit en provenance de la chambre d'à côté, l'imaginant avec une autre peut-être. En attente, juste en attente.
Vie en suspens. Vide et à la fois remplie de lui.

Un autre jour, c'est moi qui l'ai quitté. Il était juste impossible. J'étais lassée, fatiguée de combattre les démons qui jouaient avec notre amour. Et à nouveau des missives. Des mots de haine pour hurler encore un peu l'amour.
Et chaque lieue parcourue me perdait un peu plus.

Les autres me disaient de l'oublier, d'avancer sans lui . Ils m'aimaient, croyaient m'aider. Je ne voulais que lui.
Je suis revenue à lui. Il m'a surprise au fond des bois, il était comme moi, impatient. Je vous dirai un jour ce coffre qu'on a poussé , dans cette cabane de bergers que nous avons ce jour là investie.

Nous étions affamés. De nous.



Tout ça, ma Belle Abimée, pour vous dire que je sais. Ce coeur qui cogne à nouveau plus fort, le ventre qui se dénoue et l'air qui revient.
Je sais, je peux vous imaginer, le regard fièvreux à nouveau habitée. A nouveau reine.
Vous redevenez belle. Indestructible, prête à tout. Vous redécouvrez cette robe qui moule vos seins, vous imaginez l'effêt que ça aura sur lui. Vous songez déjà à lui trouver au marché ces douceurs ou ce vin qu'il aime tant.

Il est à nouveau à vous. Vous n'avez jamais été qu'à Lui.

Alors vivez chaque instant. Savourez ça. J'ai toujours dit que Diego et vous, c'était écrit. Je l'ai toujours pensé.

Mais, foutre dieu, qu'est ce qu'ils nous en font baver parfois, non ?

J'aime vous imaginer heureuse.
J'aime.

Je vais bien. Juste impatiente de revenir à vous tous. Inquiète pour Atro. Indécise quand à l'avenir.
Je sais juste qu'il sera ce qu'il sera.
Je danserai encore à la lueur de la lune pleine.

Et je vous apprendrai.

Je vous embrasse. Bien sûr que je suis cap.

Kachi

_________________
Eliance
La soirée est calme. Trop calme pour la Ménudière à l'âme vagabonde. La tristesse n'est plus de mise, après le retour de son Italien de mari. Un Italien revenu dans sa vie, pour repartir aussitôt mettre de l'ordre dans la sienne. Une nouvelle fille à aller chercher, une maîtresse à déposer et le retour sera. Elle rêve ce jour impatiemment. En attendant, elle s'occupe de son fillot, de ses amis, de sa taverne, mais surtout elle guette les pigeons, les gamines, bref, tout ce qui peut apporter des lettres. Bien sûr, les plus attendues sont les masculines, pourtant celles de la Louve sont appréciées. Une amie loin, c'est jamais bon. Ça manque. On a envie de lui raconter tant de choses. Alors ce soir-là, ce soir trop calme, c'est avec plaisir qu'elle a écarté la cape posée sur une table, qu'elle a sorti papier et crayon et qu'elle a entamé la rédaction de ce qu'elle adresserait le lendemain à son amie, le tout accompagnée d'une choppe pour réchauffer les entrailles tandis que l'âtre se charge de réchauffer la couenne.

Citation:


    Kachi,

    Vous êtes chiante. Vous avez des conseils pourris parfois, mais vous avez aussi bougrement raison souvent. Et là, vous avez raison. Vous connaissez ce sentiment, cette sensation de renaissance, de liberté, de réveil brutal.

    Vous m'avez souvent raconté ces jours-là, avec votre barbu. Je vous disais que nous n'étions pas vous. J'avais perdu espoir, Kachi. Et pourtant, vous aviez tant raison. Vous savez qu'il m'a dans la peau, autant que je l'ai dans la peau. Je ne fais plus de cauchemars. Lui non plus. Il me l'a écrit. On dort sereinement parce qu'on sait que l'autre va bien, qu'il sera là.

    Il va rapporter une fille de Bretagne. Une qui a pratiquement mon âge. Mais je m'en moque. Je l'adopterai. Je la verrai, je pense, non comme une belle-fille, mais j'essaierais qu'elle soit une amie ou du moins quelqu'un d'agréable dans ma vie. Je ne veux plus me battre pour rien. Je veux profiter. Vous avez raison. Je l'ai su en vous lisant. Kachi, vous avez ces paroles sages, tellement sages que je n'ai pas perçu dans ma douleur qu'elles étaient chargées de vérité. Je m'en excuse.

    Je vais vous faire une confidence, pour vous remercier d'être là, toujours. Une chose que je n'ai dite à personne. Ni à Diego, ni à Atro. À vous, je vous le dis, parce que je sais que vous comprendrez la profondeur de ce qui sera écrit, la complexité aussi.
    J'ai envie d'être belle. Je voudrais qu'en revenant, il soit ébloui. Qu'il ne voit plus qu'à moi. Qu'il ne pense plus qu'à moi. Je vais être belle pour lui. Je vais tout faire, Kachi. Je conserve secrètement mes écus pour acheter cette robe qu'il voulait m'offrir, celle qui me fera ressembler à un ange, comme il dit. Il n'aura pas à me l'offrir ni à me transformer. Je veux qu'il voit l'ange que je suis pour lui aussitôt les murs de la ville franchis.

    Kachi, vous me manquez, vous nous manquez à tous. J'aimerais partager cette joie avec vous. J'aimerais que vous soyez là pour me conseiller, me dire quelle robe m'ira le mieux, quel tissu choisir. J'aimerais que vous soyez là pour apprendre à Atro qu'elle est encore elle, qu'elle est notre amie. J'aimerais que vous soyez là pour nous entraîner à faire ces choses folles dont vous seules avez le secret. J'ai envie de joie, de bordel, de fête. J'ai envie de vivre, je crois. C'est étrange à dire... Mais je crois que c'est ça.

    On a dégotté ces derniers jours un bouseux qui vous plaira. Une montagne de peau et de carcasse pour une cervelle de petit pois enrobant une âme d'agneau naît fracassé contre un roc. Il semble décidé à veiller sur « les femmes de monsieur Mike ». Ne riez pas, il le pense et le fait réellement. J'ai dû lui expliquer que seule Atro est la femme du second pour éviter une fausse route à notre Dragonne. Vous auriez aimé être là, Kachi. Il fait peur, mais il semble gentil, dans le fond. Et un peu idiot aussi, je dois l'avouer. Mais attachant, disons. Et puis il a ce regard protecteur sur Louis, alors que... ah oui, je dois vous dire... il dit tuer les cochons d'un coup de poing sur la truffe. Je ne vous en dis pas plus, vous le découvrirez par vous-même si il est encore dans les parages quand vous arriverez.

    Kachi, j'espère que vous trouvez dans votre voyage les ressources que vous étiez parti chercher loin des ennuis qu'on vous a imposés. J'espère que vous vous amusez, que les gens rencontrés valent la peine, que les nuits avec le Jok' sont à la hauteur de vos espérances.

    Passez-lui mon bonjour, d'ailleurs. Il me fait un peu peur, votre barbu, je dois l'avouer, mais je l'aime bien. Ne lui dites pas tout ça ou bien il en jouera pour s'amuser de moi et je paraitrais cruche à ses yeux. Dites-lui aussi que sitôt mon épaule remise, j'apprendrais l'arc. Atro a dit que ça me correspondrait mieux et que de toute manière, je saurais pas soulever une épée. Je crois qu'elle n'a pas tort. Tout ça me semble si loin de toute manière.

    On vous attend avec impatience ici.
    Et on vous embrasse. Du moins, je vous embrasse.
    Préparez-moi une liste de cap. Je saurais les relever.

    Eliance

_________________
Kachina
Montpellier et ses tavernes animées. C'est juste bon de pousser la porte d'une auberge et d'y voir du monde, de se glisser parmi la faune variée qui hante la ville au bord de mer.
Ils s'accordent une pause, et la bière coule à flots, au milieu des rires, des retrouvailles....Rachel d'abord. Une Rachel plus belle que jamais, radieuse et amoureuse. Devenue tribun et bien trop sage. A refuser ce défi lancé d'aller à l'église.
Rachel et puis Hugo, fidèle à lui même, amical et joyeux. Ils ont évoqué cette course de barques là bas en Bourgogne et le visage d'Apo a surgit dans la tête de Kachi.

Les rencontres se succèdent. Une mioche craintive et perdue, qu'elle glisserait bien dans les bagages, si la petiote n'avait pas déjà accepté de suivre Eden. Eden et l'Armagnac. C'est fou comme par ici l'Armagnac les poursuit tous. Pas un jour sans qu'un n'évoque Saint Bertrand...A lui redonner l'envie....

De Luzia, aucune trace. Pourtant, certains de ceux qu'elle questionne, disent l'avoir aperçue quelquefois.

Elle s'est isolée dans un coin de l'auberge, savoure ce feu dans son dos qui réchauffe ses reins fourbus par les longues chevauchées des derniers jours. Et enfin, elle prend le temps de répondre à Eliance.


Citation:
Eliance,

C'est un peu morveuse que je prends la plume. Morveuse d'avoir tant tardé. Mais mon Brun force l'allure, ne nous autorise que peu de pauses. Nous chevauchons nuit après nuit. Et les journées sont bien trop courtes à prendre un peu de repos.
Et je dois avouer que je retrouve ce plaisir oublié de ces rencontres éphémères dans les auberges locales. C'est bon à nouveau les rires, le bruit, les couples qui se disputent, ceux qui se forment sous vos yeux. Les charmeurs à 10 sous et les filles en attente....

Et puis je vous sais heureuse, apaisée. Consolée...Il vous revient. Tout va bien.
Merci pour la confidence. Je suis flattée. Vous serez belle pour lui, mais oubliez vos ailes d'ange. Les hommes aiment qu'au plus noir de la nuit parfois, les femmes deviennent garces et dangereuses.
Voyez, je ne peux m'empêcher de vous balancer mes conseils merdiques. Oubliez Eliance. Soyez vous, telle qu'il vous aime. Donnez lui, donnez vous, ça ira.

Mike a écrit à Boulvay. Ces deux là, ont réveillé un vieux rêve. Il concerne Saint Bertrand. Mon village, ce rocher que j'ai dans le coeur. J'ai dit non, j'y crois plus. Tout est si mort. Et puis, je les écoute ceux qui m'accompagnent. Ils ne râlent pas, ne réclament pas, ne se plaignent pas. Ils sont juste plein d'envie , n'ont que le nom du Jok à la bouche pour certains et surtout, ils y croient aussi.

Alors si j'ai des Cap à vous lancer, faites gaffe. Ils pourraient bien vous emmener au sud, dans un trou perdu, et vous vous verriez obligée de réveiller les morts.

Mais quel foutu rêve, Eliance...Demandez à Mike.

Je n'avais plus guère de rêves , vous savez. J'ai abandonné à jamais celui de vivre avec l'homme que j'aime et en même temps d'autres filles chères à mon coeur. Théa m'a écrit, me répète qu'elle n'aime pas mon époux. Pas grave, je sais l'aimer pour deux. Mais elle me manque parfois ma soeurette. Comme me manque Néo. Et ces deux Brunes là non plus ne sont pas en bons termes.
Pourquoi tout est toujours si compliqué Eliance ?

Bref, je n'avais plus guère de rêves, sinon de chevaucher à jamais, flanc contre flanc, avec un barbu Brun. Et voilà que je rêve à nouveau. Va falloir que je paye une cervoise au blond quand nous nous reverrons.

Nous sommes à Montpellier. Luzia est introuvable pour l'instant. Nous ne nous attarderons pas longtemps. L'hiver sera bientôt là .

Je vais bien, merveilleusement bien, Eliance. Je ris, je bois un peu trop, je vis, j'aime.........La plage est belle à la lueur de la lune.

Je ne vous oublie pas, mais de grâce, je veux à mon retour vous voir afficher des mines réjouies. Il est fini le temps de la grisaille et des pleurs.
Je ne vous appelerai plus ma Belle Abimée. Diego vous a réparée. Et c'est bien.
Entre nous, j'avais raison sur bien des choses, non ? Hum ? Vous en serez quitte pour un gage.

Je vais bien, mais je ne vous oublie pas. Nous sommes sur le chemin qui mène à vous.

Prenez soin de vous, Eliance. Je vous trouverai bien un autre surnom.
Mais, oubliez vos ailes, d'accord ?

Je vous embrasse. Mes amitiés à Diego...

Kachi


_________________
Eliance
Les lettres ont cessé, après des retrouvailles et un quotidien rasséréné.
Mais ce jour, sur les coups de midi, rien ne va plus. C'est une Eliance en pétard et déçue comme tout qui prend le crayon. Pas déçue de la Louve, non. Déçue des hommes, déçue de leur fierté. Déçue de leur incapacité à comprendre une cervelle féminine.
Si une chose est insupportable à la Meringue, c'est bien des unions qui se brisent bêtement, comme ça, en cinq minutes, effaçant toute une vie de complicité.


Citation:


    Kachi,

    Je peux vous confirmer une chose, c'est qu'il est bel et bien con. Et sans cœur. Et bien trop fier.
    J'ai essayé, Kachi. Je vous jure. J'ai essayé de lui dire vos doutes, votre besoin de le savoir là. Lui ne voit que votre manque de respect.
    Il dit que si vous partez, c'est que vous l'aimez plus. Il est blessé, je crois.

    Partez pas, Kachi. Parlez-lui. Vous, vous saurez lui dire les choses, vous savez faire ça. Moi je parle dans le vent.
    Il vous aime. Partez pas.

    Eliance


_________________
Kachina
Les jours se suivent , ne se ressemblent pas. La lettre lui arrive, alors qu'elle selle Fantoche.
Parce que là, il faut qu'elle aille en forêt. Il lui faut une grotte et en urgence.

Quelques mots sont griffonnés en réponse.
Elle ne veut pas songer à demain. Il n'y a plus de demain. Plus rien.

Elle veut juste garder ce lien avec Eliance, prendre la main tendue, s'y réchauffer un peu. Y puiser quelques forces.

Elle a mal. Atrocement mal. Et la plume court, rageuse et nerveuse.

Citation:
Eliance,

Il m'aime ? Vous plaisantez là. Quel homme amoureux de sa femme agirait ainsi ?
Quel crime ai-je commis ce matin, Eliance, franchement ?
Il aime son clan. Il l'a.
Je ne lui suis plus utile à rien. Il ne m'aime pas. Je dois juste me rendre à l'évidence.

Lui parler ? Lui dire quoi ? Que je l'aime ? Il le sait non ? je viens de le crier partout. Il en rit d'ailleurs avec Mike, vous avez vu...

Je ne suis plus rien Eliance. J'ai besoin de vos mots......

Kachi

_________________
Eliance
Chercher une Louve dans une ville est mission impossible. Eliance a arpenté les rues, demandé aux gens, mais pas de trace de la Kachi. Alors, elle continue à lui écrire, puisque si personne ne sait où elle se trouve, les oiseaux, eux, semblent dans le secret.

Citation:


    Kachi,

    Mes mots, les voilà.
    Venez en chercher des vrais à ma taverne. Je sais pas où vous êtes. Je vous ai pas trouvé.
    Ce village est pourri. Pas de grotte, pas de falaise. J'ai toujours dit qu'il faut en avoir sous la main partout, qu'on sait jamais.

    Quel homme amoureux ferait, ça, Kachi ? Le vôtre ! Celui qui ne supporte pas qu'on ne le respecte pas un dixième de seconde, celui qui veut une femme forte et couillue quand bon lui semble et docile à d'autres moments. Celui qui est trop con pour pas voir que vos odes sont un appel. Celui qui a une fierté surdimensionnée que j'ai jamais vu aussi grande chez personne.

    Votre crime a été de plaisanter d'une chose qui nous paraît à toutes deux futiles. Votre crime a été de rire de ça, même. Vous l'avez vexé au plus haut point, le bougre. Mais croyez-moi, on se vexe que face à ceux qu'on aime.

    Il rit, certes, mais il pleurera dans quelques jours, dans l'ombre, loin de vous. Les hommes sont stupides, Kachi. Vous avez été la première à me dire de croire en ce que personne ne croyait. Je vous rends la pareille. Je crois que ce que vous faites là tous les deux est terriblement stupide. Vous étiez si complice et en un éclair tout a disparu ? On me la fait pas, à moi.

    Allez lui parler. Insultez-le, battez-le, j'en sais rien. Mais faites ressortir cette rancœur.
    Vous avez pas le droit de laisser tomber.
    Vous êtes une De Fragon. Vous êtes pas rien.

    Rejoignez-moi, qu'on hydrate votre peine.

    Eliance



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Kachina
Elle a rejoint l'auberge, y a retrouvé ceux qui sont devenus sa famille, même si parfois, elle les souhaite au diable. Il était là, s'est montré cruel et odieux. A en croire Eliance, c'est parce qu'il souffre. Qu'il veut qu'elle en bave autant que Lui.

La peine a été hydratée. Même si toutes les chopes avalées n'ont pu la noyer. La Brune flotte à présent entre deux eaux. L'esprit embrumé, avec cette douleur au fond d'elle, qui reste bien présente. L'écriture est tremblante et hachée, alors qu'au bord de la nausée, elle répond à Eliance et lui glisse le petit mot sous la porte de sa chambre.


Citation:
Eliance,

Merci d'avoir été là aujourd'hui. Merci d'être vous, de cette gentillesse, de cette attention que vous prêtez aux autres, alors que tout en vous n'est qu'attente de votre Diego.
Je suis trop saoule pour écrire quoique ce soit d'autre que ça : Merci.

Kachi

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