Kachina
La grande demeure a été aérée, les draps retirés des meubles et le feu crépite à nouveau dans la cheminée. Retrouvé le grand baquet de bois et le grand lit, les tentures de velours sombres qui lui avaient tant plu quand elle avait ,pour lui ,choisi cette demeure à son arrivée. Revenus en masse aussi, les souvenirs des bons et mauvais jours. Les rires et les querelles. Cette armée décimée avant d'être, et la lice où s'affrontaient des membres de deux clans qu'elle avait un temps souhaité réunir.
La chandelle dessine des ombres dans la pièce, flamme dansante et gaie. C'est bon. C'est ici chez elle, même si elle n'est qu'une pierre qui roule. C'est d'ici qu'elle vient. Elle range quelques affaires encore, épuisée, cheveux encore humides, en chemise de baptiste fine, muscles douloureux. Et puis, elle range soigneusement ces missives reçues dans le petit coffret richement ouvragé, relit celle d'Eliance et retrouve sa place, devant cette petite table, près de la fenêtre. Au loin à la lueur de la lune se découpent les silhouettes sombres de ces montagnes tant aimées. Demain, elle ira chevaucher, retrouver les sentiers, les recoins. Demain........Mais là, elle prend la plume et raconte à la Belle Abimée...
La chandelle dessine des ombres dans la pièce, flamme dansante et gaie. C'est bon. C'est ici chez elle, même si elle n'est qu'une pierre qui roule. C'est d'ici qu'elle vient. Elle range quelques affaires encore, épuisée, cheveux encore humides, en chemise de baptiste fine, muscles douloureux. Et puis, elle range soigneusement ces missives reçues dans le petit coffret richement ouvragé, relit celle d'Eliance et retrouve sa place, devant cette petite table, près de la fenêtre. Au loin à la lueur de la lune se découpent les silhouettes sombres de ces montagnes tant aimées. Demain, elle ira chevaucher, retrouver les sentiers, les recoins. Demain........Mais là, elle prend la plume et raconte à la Belle Abimée...
Citation:
Eliance,
Nous sommes arrivés. A l'aube sous une pluie battante. C'est un long voyage, mais si vous saviez comme c'est beau ici. Malgré la pluie qui vient juste de cesser. C'est beau.
Beau et désert.
Partis tous ceux que j'ai un jour aimés. Dispersés aux quatre vents. Emportés par la Faucheuse ou chassés par l'orgueil, la fierté. Occupés à d'autres rêves. Si vous aviez connu ça, Eliance.....Ces tavernes pleines qui résonnaient de rires et de chants. Les bagarres de rues quand les hommes avaient trop bu. Et les bals sur la place les jours de fête ou de Saint Jean.
Vous auriez aimé.
Je suis chez moi. Et je sais qu'il ressent ça , lui aussi. Je vous dirai un jour, la première fois que je l'ai vu arriver ici à Saint Bertrand. En hiver.......un si long hiver, commencé dans la déséspèrance. Il était fou, et beau. Et je me surprenais à rire à nouveau. C'est comme ça que j'ai su, Eliance.
Un jour, vous rirez à nouveau.
Je sais la déchirure du départ. Je l'ai vécue. On survit à ça. Il faut juste ne plus se retourner. Aller de l'avant. Vers d'autres lendemains.
Je pourrais vous dire qu'il en viendra un, un jour. Mais je sais que vous n'êtes pas prête à entendre ça. Alors pas après pas, chevauchez. Laissez le vent vous parler du feu de l'automne. Bercez votre mal au balancement de la charrette ou du cheval .
Un jour vous saurez que vous êtes en vie, encore.
Luzia..........j'ai reçu des nouvelles. Les runes lui ont confié le même message qu'à moi. Nous nous reverrons. Elle me manque terriblement, cette sale mioche. A la voir dans chaque silhouette de sauvageonne croisée dans ces ruelles. J'ai du relire 10 fois ce message qu'un inconnu a écrit pour elle.
Ce soir je suis heureuse. J'ai passé les bornes d'Armagnac, revu ce fier village juché sur son rocher. C'était un plaisir fou de pousser à nouveau les portes de cette demeure . Demain j'irai voir ma grotte. Juste pour me souvenir. Je n'y entrerai pas pour y pleurer. Je n'ai envie que de rires.......et d'amour.
Tenez bon. Vous me manquez. Votre lettre n'est ni sombre, ni moche. Elle est juste triste. Comme une femme est triste quand l'homme aimé lui manque. Vous n'êtes pas vide, juste encore trop pleine de lui.
Avancez, foutre Dieu. Et venez à nous.
Je vous embrasse.
Kachi
PS/ Il n'y a pas de falaises là où je suis. Mais des torrents sauvages et fous, des cascades, et des grottes. Au pire, je vous mènerai sur les remparts. Et vous vous enivrerez du vent du soir et des brumes sur les sommets des Comminges...
Nous sommes arrivés. A l'aube sous une pluie battante. C'est un long voyage, mais si vous saviez comme c'est beau ici. Malgré la pluie qui vient juste de cesser. C'est beau.
Beau et désert.
Partis tous ceux que j'ai un jour aimés. Dispersés aux quatre vents. Emportés par la Faucheuse ou chassés par l'orgueil, la fierté. Occupés à d'autres rêves. Si vous aviez connu ça, Eliance.....Ces tavernes pleines qui résonnaient de rires et de chants. Les bagarres de rues quand les hommes avaient trop bu. Et les bals sur la place les jours de fête ou de Saint Jean.
Vous auriez aimé.
Je suis chez moi. Et je sais qu'il ressent ça , lui aussi. Je vous dirai un jour, la première fois que je l'ai vu arriver ici à Saint Bertrand. En hiver.......un si long hiver, commencé dans la déséspèrance. Il était fou, et beau. Et je me surprenais à rire à nouveau. C'est comme ça que j'ai su, Eliance.
Un jour, vous rirez à nouveau.
Je sais la déchirure du départ. Je l'ai vécue. On survit à ça. Il faut juste ne plus se retourner. Aller de l'avant. Vers d'autres lendemains.
Je pourrais vous dire qu'il en viendra un, un jour. Mais je sais que vous n'êtes pas prête à entendre ça. Alors pas après pas, chevauchez. Laissez le vent vous parler du feu de l'automne. Bercez votre mal au balancement de la charrette ou du cheval .
Un jour vous saurez que vous êtes en vie, encore.
Luzia..........j'ai reçu des nouvelles. Les runes lui ont confié le même message qu'à moi. Nous nous reverrons. Elle me manque terriblement, cette sale mioche. A la voir dans chaque silhouette de sauvageonne croisée dans ces ruelles. J'ai du relire 10 fois ce message qu'un inconnu a écrit pour elle.
Ce soir je suis heureuse. J'ai passé les bornes d'Armagnac, revu ce fier village juché sur son rocher. C'était un plaisir fou de pousser à nouveau les portes de cette demeure . Demain j'irai voir ma grotte. Juste pour me souvenir. Je n'y entrerai pas pour y pleurer. Je n'ai envie que de rires.......et d'amour.
Tenez bon. Vous me manquez. Votre lettre n'est ni sombre, ni moche. Elle est juste triste. Comme une femme est triste quand l'homme aimé lui manque. Vous n'êtes pas vide, juste encore trop pleine de lui.
Avancez, foutre Dieu. Et venez à nous.
Je vous embrasse.
Kachi
PS/ Il n'y a pas de falaises là où je suis. Mais des torrents sauvages et fous, des cascades, et des grottes. Au pire, je vous mènerai sur les remparts. Et vous vous enivrerez du vent du soir et des brumes sur les sommets des Comminges...