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[RP] Du Rosenthals et de l'intrus

Eliance
La nuit hivernale a pris possession des plaines. Le claquement des sabots et les grincements de roues ont résonné en passant les portes de Poligny, en bon hymne d'adieux, pour ensuite se confondre avec les bruits plus lointains de la campagnarde nocturne. L'harnachement aura pris du temps et retardé quelque peu le départ. Pas l'harnachement des chevaux, qui a été effectué par des hommes habitués. Non. Plutôt le harnachement d'une Meringue à sa selle. Entre voyager en charrette aux côtés des enfants et sous le regard congelé de la Reyne-mère, monter avec un des oncles d'Atro dans une proximité dont elle n'est pas coutumière et se ficeler à une selle pour ne pas chavirer de la monture, elle a préféré de loin la dernière idée. Il aura fallu qu'elle grimpe sur le bête dans un premier temps, pour s'enrouler les guiboles de cordes histoire de les ficeler à la sangle de la selle. Ainsi, elle évitera tout incident de déséquilibre. Ainsi, elle pourra n'embêter personne. Ainsi, elle pourra être seule dans la nuit.

Son cheval suit celui de Edoran, puisqu'il est le sien. Comme si la bête suivait son maître quoiqu'il arrive. Docile, paraît-il, il ne devrait pas faire d'écarts intempestifs et devrait l'amener à bon port. Elle attend de voir. Pour Eliance, un cheval est une bête sauvage. Mieux vaut monter un bœuf pour plus de sûreté. Elle a toujours eu peur de ces créatures si vives. Elle a peur de ça, comme elle a peur de tout. La frayeur est un peu son pain quotidien, à la Meringue qui a peur du moindre regard froid ou vicieux d'un bourru. Les ficelles tirent sur ses jambes, s'enfoncent dans sa peau, s'y frottent. La sensation est désagréable, pourtant, elle n'y prête pas attention. Les chemins sont faits de souffrance salvatrice. C'est pour ça qu'elle les aime. Les bottes qui accrochent la peau jusqu'à la saigner, les jambes fourbues qui avancent sans force, les bruits inquiétants de la nuit, sont autant d'éléments qui lui font oublier d'autres souffrances plus profondes et la font s'inquiéter pour autre chose que ses tourments internes.

Voyager à cheval ne lui a jamais convenu. Pas assez de souffrance, de fatigue, trop de temps pour réfléchir. Celui-ci est différent. Les cordes sont là à glisser, frotter, enserrer, confinant les pensées ménudiériennes par leur seule présence. Eliance tient sur son cheval. C'est un fait. Elle ne tombera pas cette nuit. Elle se laisse aller au pas du canasson, à son balancement. Elle aussi se fait docile sur sa monture. Son dos s'est relâché, recouvert par la lourde cape laineuse, ses mains se sont posées sur le pommeau de la selle, ses prunelles claires se contentent de se poser vaguement sur les crins du canasson qui se dandinent au rythme de ses pas. Un capuchon l'isole un peu des autres. Du moins de leurs éventuels regards que permet la lune presque pleine.

Ainsi isolée, Eliance se laisse aller à ses pensées sombres et tortueuses, les laissant s'enfuir dans des larmes silencieuses qui glissent sur ses joues pour être rapidement séchées par le vent cinglant et froid. Ce vent est intransigeant et ne permet aucune défaillance. Les larmes séchées s'amassent sur sa peau, laissant des traînées rougeâtres derrière elles qui perdureront encore quelques heures après l'aube, quelques heures après sa reprise en main de la figure qu'elle donne à ses compagnons de route. D'aucuns y liront ses activités nocturnes, d'autres seulement une sale tronche.

_________________
Edoran.
Le départ était proche, pourtant Edoran marchait encore dans les rues de Poligny. Il avait du mal à se dire qu'il en partait, il était là depuis presque deux semaines. C'était passé bien vite. Mais il avait promis de revenir. Pour deux raisons, la première étant pour ramener Eliance, la seconde pour elle, pour Atropine. Si sa nièce tout comme le restant des personnes avaient commis des erreurs, il ne désirait pas en rester là. Il voulait.. Il ne savait pas ce qu'il voulait mais Atro était sa nièce, et il comptait bien être un oncle pour elle. Même s'il n'avait pas accepté de vivre auprès d'elle, il n'en resterait pas moins présent. Edoran resserra les pans de sa cape de laine autour de ses épaules et entendit au loin des bruits de voix, des chevaux impatients qui piaffaient. Le voyage allait être long avec toute cette troupe. Il aperçu Ioen pour commencer, jouant avec les fils de Amadheus. Ce dernier méfiant, fixait le sixième de la fratrie. Pas étonnant... Ioen n'était pas du genre responsable.

La suite de la préparation du convoi, pris un peu de temps. On hissa la non-Rosenthals sur Andalouse, sa jument fidèle. Bien sûr, comme cette dernière prétendait ne pas avoir d'équilibre, et surtout à sa demande, on la ficela à la selle. Le barbu regrettait un peu qu'elle n'ait pas accepté de monter derrière lui, ça aurait été plus confortable que ça. Enfin, Eliance savait être tétue, et les deux frères avaient finalement accepté pour cette.. manière de voyager un peu stupéfiante. Le principal étant qu'elle ne chute pas. Il savait qu'il pouvait compter sur Andalouse pour faire attention à sa cavalière. D'ailleurs, en aparté, il murmura quelques mots à ce sujet à son canasson avant de tapoter son museau. C'était une brave bête. Comme il l'avait prévu, la jument traça sa route presque à la manière d'une automate, suivant l'étalon qu'il montait.

Plusieurs fois, il se retourna sur sa selle pour vérifier que tout allait bien pour elle, plusieurs fois, il crut voir ses joues briller mais il n'en dit rien. Il n'en dirait rien d'ailleurs. Les pensées secrètes étaient parfois mieux placées là ou elles se trouvaient que dans des mots. Mais il devinait la teneur. Ces derniers jours avaient été éprouvants pour tous, même pour la rouquine. Il était persuadé que souffler un peu, lui ferait du bien. Mais la connaissant un peu, elle retournerait rapidement vers Poligny. Il la ramènerait. Il n'oubliait pas qu'elle l'avait aidé à comprendre Atropine, il lui était redevable de cela. Même s'il ne lui avait pas dit clairement en tout cas. Et puis il avait promis de veiller sur elle. Un sourire s'afficha alors sur ses lèvres, brièvement. Il ne désirait pas qu'on le croit encore en train de s'amouracher de l'amie de sa nièce.

Même si c'était une belle femme, même si elle n'aurait pas été marié. Il n'y avait pas de chance pour qu'il se laisse porter vers une relation. Il n'était pas fait pour cela, pas depuis la trahison qu'il avait essuyé il y a quelques années. La crainte demeurait, et il ne parvenait pas à faire confiance. Et voilà plusieurs années qu'il était persuadé de terminer sa vie seul. C'était pas un mal après tout. Le brun réajusta sa cape sur ses épaules. Encore quelques heures, ils seraient arrivés.
Amadheus
La route se fit, sans heurt, sans incident, sans perte. Tant mieux, je n’étais pas d’humeur à supporter un aléa de plus. L’on atteignit Saint-Claude en milieu de matinée et trouva sans trop de mal une auberge au rapport qualité/prix raisonnable dans laquelle certain passerait la journée à se reposer en vue du nouveau départ de ce soir, d’autre partirent en visite. Un pli de l’hirondelle m’apporta une invitation à me joindre à ce groupe pour aller voir de plus près les termes. Je refusais par un silence. J’avais besoin de repos et de solitude. Surtout de solitude. Sous l’insistance des autres, j’avais opté pour une chambre et avait installé Matelle et sa progéniture dans un coin prêt du poêle.

Allongé sur le lit, je les observais un temps indéterminés. Le temps était suffisamment gris et maussade pour que le soleil ne puisse indiquer l’heure à vue de nez, sans cadran. Je ne cessais de songer à ces deux dernières semaines et aux désastres qu’elles avaient été. Comment faire autrement quand la chose était si récente ? Je détestais pourtant ça. Depuis bien longtemps et surtout depuis le départ d’Ellis, je m’efforçais de plus être accaparé par un évènement en particulier, reléguant les souvenirs désagréables dans un coin de mon esprit, ignorant la cause de ce soucis si elle se présentait encore à moi de visu. Certain appelaient ça du mépris, mais pour moi si s’agissait d’un instinct de survie.

Puis mon regard dévia sur ce sept sculpté que je faisais joué entre mes mains. J’avais oublié de le rendre à Edoran, le supposant son créature, et de lui demander la raison de pièce. Je le ferais ce soir. Si j’y pense.

Je n’arrivais pourtant pas à me défaire de mes songes actuels, me retirant jusqu’au droit à quelques heures de sommeil. Maudite Annchen ! Maudite Emlyn ! Maudite Nièce ! Maudite tout ! J’étais fatigué. Alors pour parait à cette obsession, je ne trouvais qu’un moyen sur l’instant. L’écriture. Je n’en étais pas un grand féru mais, à défaut de me sentir capable de confier tout cela à quelqu’un fait de chair et de sang, je ne trouvais que le papier en compensation. Il allait bien falloir que ça suffise comme échappatoire.



Citation:

    Atropine,
    Belladonne,
    Morelle Furieuse,


    Susceptible comme tu peux l’être, je gage que c’est là des surnoms qui ne te plairont surement pas s’ils parvenaient à tes oreilles mais qui te vont pourtant comme un gant. Sais-tu que la Belladonne n’est pas seulement un poison mais également un accessoire de beauté ? Elle est très prisée en Italie et ta mère en raffolait. Oui, Emlyn se savait belle et savait l’entretenir. Elle avait également un humour bien à elle, mordant, remplit de sens divers et ingénieux de vérité quand on savait le décodé. Elle ne t’a pas nommé comme elle l’a fait pour une unique raison, sache le bien. Quant à l’aspect furieux, je pense que même toi n’oserais le contredire.

    Pour ma part, je sais avoir été trop dur à ton égard, de ne pas avoir été à la mesure de ce que tu attendais peut-être. Espérer est un mot trop grand à mon sens pour l’employer actuellement. Mais j’avais moi-même besoin de temps pour me faire à toi. Contrairement à ce que certain pense, nous ne sommes pas venu en conquérant. Bien au contraire. S’il n’y avait eu que toi et moi, peut-être m’en aurais tu laissé du temps, peut-être nous en serions-nous laissé, peut-être que nos incessante prise de bec était notre manière de le faire. Je ne saurais le dire. Mais il n’y avait pas que nous et l’on ne m’a accordé le moindre instant de répit. Dans le « On » je songe principalement à ton bouledogue de mari. Navré si cette appellation te déplait mais tu m’as reproché de te mentir alors je t’offre là ma plus pure vérité et tout le mépris qu’il m’inspire.

    Mais trop c’est trop.
    Je m’étais cru guéris, tu sais.
    Anesthésier de ce drame.
    Indifférent à cette sœur.
    J’avais tort …

    Tu m’as retourné l’estomac, tordu le cœur, broyé les intestins. Vingt ans et je réalise seulement qu’en vérité, rien de toute cette histoire ne s’est jamais refermé. Peut-être Annchen l’avait-elle déjà compris elle. Peut-être voulait-elle finalement imposé les faits pour que la blessure suppure autant que possible et cicatrice enfin. Tu voulais la véritable raison de sa décision tardive ? Je ne l’ai pas mais cela pourrait entre être une parmi d’autre.

    Au premier soir, quand tu es entrée dans cette taverne Belladone, c’est Emlyn que j’ai vu et soudainement je n’étais plus l’homme de trente-deux ans que je suis aujourd’hui mais de nouveau le petit garçon de douze qui commençait seulement sa transformation. Elle ne portait pas tes brais mais l’une de ces jupes amples accentuant ces formes, qui rendait fou bien des hommes. Et ces cheveux cavalaient sur ces épaules comme toujours, lui donnant cet air indompté que confirmé son sourire toujours à mi-chemin entre le mutin et le provocateur. C’est ça, l’image que je garde d’elle. J’étais son frère et j’en étais fier comme un coq en pâte. La plus belle fille du coin, s’était ma sœur !

    J’avais pourtant bien tenté de me préparer, d’envisager toutes les éventualités. J’avais prévu celle-ci, cette similitude physique entre toi et elle. Ça n’a pourtant pas suffit. Je n’avais gardé, comme souvenir de toi, que celui d’une môme de quelques mois, déjà chiante mais attachante, qui avait marché plus vite qu’elle ne parlait et cavaler comme une furie dans toute la maison. Vous nous faisiez de sacré course, toi et Ombe, et nous finissions même par lancer toute sorte de paris à votre encontre « Qui passerait la porte la première » « Qui, tête en avant, se ramassera le mieux » « Qui passerait sous la table ou non » et j’en passe. Un vrai divertissement. En journée, toi et Emlyn, étiez plus souvent chez nous que chez ton beau-père. Rien d’étonnant quand on le connaissait. Jusqu’au jour où il vous à emmener. Sans un mot, sans un au revoir.

    Après ça, ça était la chute. Les premières semaines, elle nous écrivait souvent. Elle disait devoir le faire sans qu’il ne le sache. Nous n’en doutions pas. Les mois sont passés, les lettres se sont espacées et d’autres événements sont arrivés. Père est décédé, Selice est née et nous a été arraché, Eunice a connu ces premières souffrance de mère avortée. Je n’essaie pas de nous justifier, Morelle, comme je ne te présenterais pas d’excuse. La vie est mal faite et nous l’avons tous subit à notre manière. Toi comme nous. A nos yeux, tu étais là où était ta place, avec ta mère et ton père. Il n’était pas le père parfait, il n’était pas le mari modèle mais il était un homme qui avait accepté d’épouser une femme en cloque, sans dote, de reconnaitre et d’élever sa bâtarde. Peut-être en connais tu beaucoup qui en serait capable en faisant mieux, mais à Besançon, il faisait figure d’exception. Aujourd’hui encore, je ne sais pourquoi il a fait cela et l’unique hypothèse que j’ai me semble totalement improbable. Ce n’est que des années plus tard, après le décès de Mère, quand Emlyn a daigné une réponse qu’elle nous refusait depuis longtemps que l’on apprit qu’il vous avait finalement abandonné, que vous étiez quelques part en Normandie et ce qu’elle était contrainte de faire pour vous faire vivre toute deux. Ann’ et Eunice ont tout tenté pour la convaincre de revenir. Tout. Rien n’y a fait. Ta mère était belle mais ta mère était surtout orgueilleuse. Encore des éléments que tu partages avec elle.

    Et nous, il nous était impossible de croire qu’elle ait pu changer autant. L’Emlyn que nous avons connu n’aurait jamais fait ce qu’elle t’a fait. Et ça, nous l’avons appris et compris bien des années encore après. Tu t’étais déjà enfui. Tu avais bien fait.

    Tu ne lieras jamais ces mots. J’aurais aimé te les dire. Mais l’on ne fait pas toujours ce que l’on veut et il est régulier que notre instinct premier aille à l’encontre de nos souhaits profonds. J’aurais aimé te les dire mais je sais cela impossible. Ton comportement de ces derniers jours m’insupporte et je n’ai pas le souhait de partager quoi que ce soit avec un être agissant ainsi. J’imagine, difficilement mais j’essai, que si Eliance t’estime autant c’est qu’il doit y avoir d’autre aspect de toi plus intéressante. Les choses ne sont ni blanche, ni noir mais toujours grise à différent degré. Tu ne lieras jamais ces mots mais bordel, ça fait du bien de les écrire.

    ASMR.




Je n’avais effectivement pas l’intention de la faire partir. Je ne voulais pas de réponse. Le passé, les regrets, j’avais appris à ne pas leur faire de place dans ma conscience. S’était cela ou la folie. Mais poser tout cela hors de moi me soulagea un peu et desserra un peu l’étau qui m’oppressait. Le temps dehors se faisait sombre, les heures étaient passé sans que je ne les vois. Il fallait repartir. Je n’aurais pas droit au repos cette fois-ci, j’en restais malgré tout plus léger. Alors, sans la relire, sans même la plier, je la fourrais dans mon sac, sans savoir que, dans ma précipitation, elle se perdrait ….
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« C'est un iceberg, celui-là, sept fois plus "con" que ce qu'on voit. »
de Jean-Marie Gourio
Ombe
Avant, Ombe n'était pas une femme. C'était un concept. C'était l'idée de la légèreté. C'était un grain d'immoralité, mais si charmant qu'on ne s'inquiétait pas de savoir si oui ou non elle trouverait sa place au paradis. C'était un sourire en coin. C'était une caresse. Avant Ombe n'était pas une femme. Elle était simplement heureuse.

    Et puis la perte.

Alors maintenant, elle se fout en l'air discrètement. Elle n'en a pas envie mais elle ne sait plus comment faire autrement. Dans sa bouche tout à un goût de cendre et dès qu'elle ferme les yeux, c'est l'horreur d'un minuscule corps ayant fuit son sein qu'elle retrouve. Les nuits et les jours passent donc, tous aussi dénués de grâce. Fatiguée de sa propre tristesse mais incapable de lui échapper, la Rosenthals trouve toutefois un certain réconfort dans la gentillesse de ses aînés, dans l'humour maladroit d'Eliance et surtout dans les nuits qu'elle passe à veiller sur les rêves chatoyants de Sandéo, neveu adulé car en lui elle voit le fils à qui elle n'a pu donner naissance.

    Encore un autre jour. Une autre ville.

Dans l'espoir de trouver le délicat enfant auprès de son père adoptif ; ou peut-être dans celui, plus logique mais inavoué, de se cacher entre les bras puissants d'un frère qui, à défaut de la guérir, l'aide à ne pas sombrer plus, la translucide dixième abandonne sa place dans la salle commune de l'auberge pour gagner l'étage, ramassant dans l'escalier une lettre qu'elle commence à lire par réflexe. Avant de se laisser glisser à même le sol pour lire, cette fois-ci avec une curiosité sans bornes.

    Emlyn. Sœur maudite dont le nom a été banni.

D'elle, Ombe ne se souvient pas mais il lui arrive parfois de croire la retrouver en la créature chimérique, tout en sourires, jupons colorés et parfum de fleurs, qui vient parfois la rassurer d'une caresse sur la joue lorsqu'elle se sent effrayée.

    Emlyn. Sœur aimée dont l'absence est une blessure béante.

Les mots d'Amadheus sonnent juste et lui permettent de renouer avec cette aînée inconnue et pourtant si semblable à elle. Et ils permettraient très certainement à d’autres liens de se créer. Atropine pourrait peut-être pardonner à sa mère et surtout, surtout, pourrait sûrement mieux comprendre à quel point l’âme du septième est belle. Portée par l’espoir de voir sa famille à nouveau soudée, Numérodix se relève et se glisse, non pas dans la chambre d’Amadheus, mais dans celle d’Edoran pour lui faire lire la lettre avant de l’envoyer, l’accompagnant d’une petite note.



Citation:
Atropinouchette,

Ci-joint, une lettre qui devrait te surprendre. Amadheus n’avait pas prévu que je l’envoie - ni que je la lise, d’ailleurs - et encore moins qu’elle se retrouve entre tes mains, mais tant pis pour lui : il n’avait qu’à pas laisser trainer ses affaires.
J’espère qu’elle t’aidera à mieux le cerner.

Je t’embrasse,
OR

_________________
Eunice.
    Annecy - Savoie

    { Dieu si Tu m'entends... }


L'aube d'un nouveau jour pointait à l'horizon et comme chaque matin, à cette heure, la Rosenthals finissait de se préparer pour ensuite aller rejoindre l'Église d'Annecy dont les cloches ne tarderaient plus à sonner Prime.
Ainsi se déroulaient quotidiennement les premières heures de la journée depuis qu'ils étaient arrivés ici, et tel un rituel, avant qu'elle ne s'éclipse laissant à Friede le soin de veiller sur ceux qui dormaient encore, elle s'attardait quelques minutes supplémentaires autour des couches de ses neveux, accordant à chacun une dernière attention en remontant sur leur petits corps endormis les couvertures afin qu'ils n'aient pas à prendre froid.
Ce matin, elle perdrait néanmoins un peu plus de temps qu'à son habitude, offrant les même attentions à Ombe pour commencer, qui se plaisait à venir passer ses nuits auprès de Sandeo, terminant par se pencher au dessus d'un Edoran ayant trouvé place à ses côtés pour la nuit et dont les traits, reposés, paraissaient bien plus serein que lorsqu'il s'était couché.

Ce fut donc après un baiser du bout des lèvres accordés à chacun qu'Eunice avait disparu dans le brouillard matinal pour rejoindre les bancs de l'Église.
Une fois arrivée, occupant place vers les premiers rangs, elle s'était agenouillé et avait joint ses mains pour prier avant que l'office ne commence.
Aujourd'hui, elle prierait pour la réunification de sa famille.


    * Mon Dieu, Créateur du ciel et de la terre, des enfers et du paradis, moi qui croit en ton action divine, je t'implore, te supplie d'exaucer mes prières.
    Ma souffrance est si grande depuis quelques temps. Je me sens si impuissante face aux épreuves auxquelles nous devons faire face.
    Et cette affliction, cette douleur profonde qui me fait si mal, il n'y a bien que Toi qui soit en mesure de la voir, car comme toujours je m'emploie à ne rien laisser transparaître aux yeux de mes proches.

    Tout au moins j'essaie, mais voilà que je commence à perdre patience, et ce au point de laisser la colère m'envahir, au point même d'accabler certaines personnes qui ne méritent pourtant pas pareil traitement. Je pense là à cette jeune femme qui nous accompagne : Éliance, si gentille, tellement serviable, ne pensant qu'à faire le bien autour d'elle. Pardonnez-moi d'avoir fait preuve à son égard d'autant d'acrimonie, moi qui d'ordinaire n'agit jamais ainsi. Réveilles en moi ce respect que je semble avoir perdu.

    Et bénis ma famille Seigneur. Accompagne la de ta lumière divine. Fais d'elle un sanctuaire de vie et d'amour et aide-nous à dissiper nos colères. Tourne ton regard miséricordieux sur notre famille divisée et permet, Toi qui veux l'unité des coeurs, de nous aider à recréer celle que le temps a brisée.
    Aide-nous à gagner la confiance et l'amour d'Atro.
    Montre-nous le chemin qui mène à Roschen.
    Et fais Mon Dieu que chacun des membres de notre famille puisse trouver en chacun de nous, un soutien inébranlable qui fasse d'eux des hommes et des femmes plus forts encore.
    Fais que l'amour que nous nous portons soit plus fort que toutes les faiblesses et toutes les crises que nous sommes amenés à traverser aujourd'hui et que nous ne manquerons pas de devoir affronter demain.

    Amen *


La Rosenthals releva alors la tête et redressa ses épaules pour se signer au moment même où l'ouverture de l'office débutait, chacune des personnes présentes unifiant leur voix à celles des autres pour réciter le Credo.

      _________________
      Atropine
      La mémoire était revenue. Le déclencheur ? Une dispute sur des gros seins, rien d'important ... Mais la lettre d'Ama n'avait pas eu de réponse, elle en méritait une. Le stress de la situation en moins, certaines choses allaient changer.



      Amadheus,

      Emilie ...

      C'est ainsi qu'elle se faisait appelé. Si tu ne m'avais pas donné tous ces détails sur elle, je t'aurais traité de menteur. Mais tu as raison, elle était belle. Plus rembourée du décolleté que moi, et des yeux verts ... Mais oui, je lui ressemble. Voilà l'une des raisons pour lesquelles je garde mes cheveux relevés, la plupart du temps. Voilà pourquoi je suis si fière de mes yeux et pourquoi le manque de volume au niveau de ma poitrine ne me gène pas. Chaque comparaison que tu as faites entre nous sont vrai. Mais dire que je suis son fidèle portrait serait insultant, plus encore que tout ce que tu as pu dire jusqu'à présent.
      Je me souviens d'elle maintenant ... Comme du reste. Et ... Ta soeur est morte bien avant que ma mère ne crève. Ta soeur n'avait rien à voir avec la marâtre qui m'a vendu. Je suis peinée pour ton sang, mais je suis soulagée de la disparition de celle qui a tout fait pour me détruire ... Jusque sur son lit de mort.
      Le seul conseil qu'elle m'ai donné, enfant, était de jouer de ma beauté, de mon corps ... Je l'ai écouté. Longtemps. Jusqu'à mon premier époux. Jusqu'à ce qu'il me montre que je valais mieux, plus. J'aurais pu replonger après Zac, mais Mike comprenait, voyait les choses. Il lisait en moins avec une facilité déconcertante. Et il a vu plus, lui aussi. Et même quand je l'ai oublié, quand j'ai oublié notre histoire, notre fils, il est resté là, à y croire ... Mon bouldog de mari comme tu dis a une trouille bleue de me perdre, et elle est réciproque.

      Tu avais raison, je suis capricieuse, orgueilleuse, égoïste. Tu aurais pu rajouter égocentrique, colérique, et violente.Je ne suis pas non plus la mère du siècle.Mais tu aurais aussi pu apprendre à me voir autrement, les apparences sont trompeuses, et la mienne est une épaisse coquille entourant une gelée fragile.
      Je ne suis pas parfaite, je le sais, même si, souvent, je me plais à dire le contraire. Mais, je peux être aussi généreuse qu'égoïste. Je peux aussi passer plus temps à essayer d'aider des amis et m'oublier sans rien demander. Je suis fidèle. Je suis entêtée, determinée. Je suis fiable, directe.
      Mais je suis entière. Je ne suis pas douée en relations ... Mon manque d'ampathie est lié à toutes ces fellures, latentes qui guettent la moindre possibilité pour se rouvrir. Votre rejet en a rouverte certaines. Et une plaie rouverte est plus douloureuse encore qu'une plaie fraiche.

      Tu n'étais visiblement pas prêt à m'accueillir, tu n'étais pas prêt à raviver ces souvenirs. Je n'étais pas préparée non plus à cette rencontre, à ces vérités. Ce combat a vue trop de victimes. Des dommages collatéraux pour beaucoup. Il m'a épuisé. Il a accaparé toute mon energie. Et je ne m'aime pas dans ce rôle. Je préfère rire, plaisanter, lancer ou relever des défis. Je n'aime pas blesser pour blesser, gratuitement, froidement.

      Les surnoms ne sont pas désagréables tu sais ... Enfin, morelle ... C'est naze, le reste, c'est bien. Tu te trompe souvent sur ce que je risque de mal prendre ou non. Lorsque je t'ai appellé grincheux, je dois t'avouer que c'était affectueux. Mais, j'ai compris, et je m'en tiendrais à ton prénom. Mais tu es le septième. Sept ... Le chiffre sept porte bonheur. Il est source de nombre de superstisions ... Je suis née un 14 ... Le double de 7, je ramène tout à moi, je sais. Peut être une façon pour moi de ne pas m'exclure totalement d'une vie dans laquelle vous ne me voulez pas ...

      J'ai beau comprendre, je n'apprécie pas la situation. Tu as dis que je voulais que ça aille à mon rythme ... Et c'était le cas ... J'aurais voulus que vous compreniez. Il est surement trop tard ... Parce que malgré mon orgueil, je suis revenue, je me suis excusée. Mais, l'orgueil doit être commun au sang que nous partageons, car ta fierté t'as empêché d'écouter, ou d'accepter. J'ai blessé, autant que j'ai pu l'être surement.

      Je m'en suis voulut, j'apprends à accepter les conséquences de mes actes.

      Ta lettre m'est parvenue, comme tu auras pu le deviner. Mais, je n'en garderais que le bon ... Peut être déformerais je même mes souvenir pour ne plus penser au mauvais. Je veux être heureuse, la souffrance a eu sa dose de mon temps ... Je n'en peux plus, je n'en veux plus.

      Ne réponds pas si ce doit être méchant, je suis certaine que tu ne l'est pas pour plaisir non plus. Garde de moi n'importe quel souvenir, mais par pitiée, ne me réduit pas à ma mère ...

      J'aurais voulus une autre chance, plus de temps ... J'aurais voulus te dire que le sang prévaut sur tout, mais je n'ai jamais connu cela. J'aurais voulus tant de choses ... Je ne sais plus.
      Prends soin de toi, des vôtres.
      Atro ...

      _________________
      Edoran.
      [ En Quittant Annecy, sur les routes vers Poligny ]

      Le moment était enfin venu, celui de ramener la belle Eliance vers sa véritable famille, à savoir Atropine entre autre. Le sourire était revenu sur son visage. Les Rosenthals avaient pu apprécier sa compagnie quelques jours, et tous ont pu souffler un peu. Seulement voilà, comme Edoran avait pu le voir et le comprendre, l'amitié Eliance - Atro n'était pas de celle qui se brisait comme on brise un oeuf. Oh non. Il avait intercepté des lettres, deux à vrai dire, la première le souhaitant, la seconde hésitant. Il n'avait toujours pas lu d'ailleurs. Le brun offrit son visage à la fraicheur de la nuit. Le départ avait été quelque peu.. particulier, sans charrette, ils voyageraient plus rapidement, mais un Ioen ligoté pour le forcer à venir.. Enfin Dheus gérait ça. Edoran lui avait plutôt porté un intérêt tout particulier à sa jument et sa cavalière pour le retour. Une fois encore, Eliance serait ficelé à la selle mais pas sans précaution.

      Le huitième de la fraterie avait veillé cette fois. Au galop, les ficelles n'auraient pas manqué de lui faire mal. Aussi, arrivé près d'elle, il lui avait présenté une paire de jambière. Enfin non c'était en théorie des braies assez large, dont il avait fait couper les jambes, et rembourrés de lainage épais. En gros, c'était agréable à porter. Et ça protégerait ses jambes durant le voyage. Facile à enfiler, facile à enlever une fois arrêté. Le barbu la laissa revêtir ces étranges jambières avant de l'aider à monter sur le dos d'Andalouse. Il murmura comme à son habitude des mots à sa jument avant de s'occuper de la ficelle. La troupe était prête. Il se hissa à son tour sur son cheval et adressa un signe à Amadheus. Ce dernier était aussi pret, il avait attaché le frère récalcitrant sur un quatrième cheval. Comme ils l'avaient dit hier, de véritables vendeurs d'esclaves. Il pouffa dans sa barbe et pris la tête du convoi. Andalouse suivit docilement.

      La nuit fût longue pour les cavaliers. Ils profitèrent du manque de chargement pour galoper quelques lieues. Le galop, il adorait ça. Edoran se laissa porter par la bête puissante qui le portait, distançant rapidement le reste du groupe. Il profita quelques secondes de cette sensation de liberté avant de ralentir pour les attendre, un sourire mystérieux aux lèvres. Bientôt, ils s'arrêteraient pour dormir.
      Eliance
      Imaginez une Meringue ficelée à une selle, les jambes emmitouflées dans une sorte de braies matelassées, raide comme un piquet sur un cheval lancé au galop, avec son anatomie postérieurement ménudiérienne qui frappe la selle sourdement dans un rythme effréné. C'est sans doute comme ça qu'on peut illustrer le plus merveilleusement le mot tape-cul... Certes les ficelles ne cisaillent pas et maintiennent une juste pression sur les guiboles de la Ménudière, lui permettant de garder un équilibre certain sur le canasson, mais aucun Rosenthals n'a pensé que les fesses de la Meringue allaient prendre aussi chères. Le contact violent avec le cuir de la selle est tout nouveau, Eliance n'étant pas habituée à monter équinement, encore moins à vive allure. Et puis qui eut crû que les ficelles la tireraient vers le bas dès que la foulée du canasson la projetterait en l'air ? L'attirance au cuir est irrémédiable, régulière et douloureuse. Les instants où son postérieur ne touche plus rien et semble flotter dans l'air sont bénis et la Meringue rêve de ne jamais retomber sur ce cuir si dur et tortionnaire.

      Parce que bien sûr, le canasson diabolique suit son maître partout, même quand ce dernier décide, monté sur une autre bête, d'entreprendre une chevauchée fantastique à décoiffer un chauve. Eliance ne dit rien. Elle se contente de serrer les dents et les fesses, bien sûr. Elle n'a pas le temps de toute manière de hurler, de râler, ni de se manifester, le souffle coupé par le chahut que les à-coups font sur ses organes internes.

      Quand le canasson s'arrête enfin, ses mains viennent s'appuyer sur le pommeau de la selle pour soulever une dernière fois son fessier endolori, sans regarder le barbu et son air étrange passager. Comme c'est bien elle qui a demandé à regagner rapidement Poligny et ne pas traîner en chemin, elle n'a pas trop le loisir de râler sur l'allure soutenue. Elle regrette les ficelles qui entaillaient ses chaires à l'aller. La douleur était localisée et... supportable. Celle-ci la lance dans un tiraillement qui remonte jusque dans sa nuque. Ses prunelles finissent par monter pour effleurer celles du bun et un sourire discret apparaît sur sa mine. Tout ira bien. Elle est coriace...

      Mais le cheval, c'est pas génial. Ca non...

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