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[RP] La valse des gâteaux

Eliance
Une lettre à Maryah. Une. Pour s'excuser. S'excuser de pas être à la hauteur. Le pli a été soigneusement plié et envoyé. Eliance retourne devant la table. Le jour se fait plus clair, à mesure. Diego dort toujours d'un sommeil de plomb, ne s'étant pas aperçu que sa femme a quitté ses bras. Elle ne le regarde pas. Elle ne regarde rien. Elle a juste des yeux hagards qui crient à son cerveau d'éviter les coins de porte, les pieds du lit. À part ça, ils ne servent plus à rien. Ils sont vides. Comme sa caboche. Ah non. Sa caboche est remplie de gâteaux qui dansent. Des gâteaux tous plus appétissants les uns que les autres qui se dandinent outrageusement, qui tournent autour d'un gâteau à l'anis. Un vieux gâteau gâté, émietté, pâlichon qui a honte de son état. Qui a honte de ne plus être. Et les gâteaux appétissants se moquent, rient. Ils savent vivre, eux.

Le crayon est repris, ainsi qu'un nouveau papier. Les gâteaux dansent toujours.
Sans réfléchir, Eliance écrit. Gribouille, plutôt.



Citation:

    Torvar,

    Cette lettre vous trouvera. Ou non.
    Elle sera lu. Ou non. Déchirée, brûlée, sans doute.
    Ça n'a pas d'importance. Je vous écris. C'est tout.

    Maryah m'a parlé de la visite de votre neveu. De votre voyage sur la tombe de votre fille.
    J'ai pensé à vous.

    Vous aimez les tartes aux fruits, Torvar ? Est-ce que vous pensez qu'un gâteau à l'anis peut se transformer en gâteau à la crème ? Ou il restera toujours avec son foutu goût d'anis entêtant ?

    Vous aviez raison. Un gâteau à l'anis n'a pas de tripes. Il assume rien et se cache. On fait comment pour vivre sans se cacher, Torvar ?

    Vos mots me manquent.

    Eliance



Pourquoi elle lui écrit ? à lui ? Elle n'en sait rien.
Pourquoi elle lui écrit ça ? Aucune idée.

Elle le fait, tel un automate. Comme si c'était la seule chose à faire. Et puis elle reste là, le dos bien droit sur sa chaise, devant cette table, à ne voir que des gâteaux qui se trémoussent partout où elle regarde.

_________________
Torvar
Et de deux.
Les femmes qui l’entouraient s’étaient donné le mot apparemment et Torvar n’était toujours pas d’humeur à faire des concessions. Il avait envoyé bouler Maryah par courrier interposé, sans doute plus par déception que par colère. Fallait dire que de lui parler du grand Dolgar avec lequel elle avait eu une envie de se mettre en couple au printemps n’était pas vraiment du goût du cosaque surtout après tout ce qu’il avait fait pour elle et son fils… marre à la fin de passer après les Dolgar, les Niallan et les autres… et maintenant c’était au tour d’Eliance de se rappeler à son bon souvenir.

Soupir d’énervement, geste brutal pour attraper sa fiole de Gorsalka et de s’en fourrer une bonne lampée derrière le gosier, il tenait dans son autre main le mot gratté sur le vélin par la rousse qui l’avait obsédée durant des semaines.


- Foutue bonnes femmes… z’ont rien d’autres à faire que de me faire vivre un enfer ?

Et voilà qu’il retournait et retournait ce vélin voir si d’autres délires se cachaient derrière. Parce que parler de tartes aux fruits et de gâteaux à l’anis… fallait s’y retrouver… La fine subtilité des femmes et l’esprit masculin qui cherchait à quoi elle voulait bien faire allusion… Le tour de la question avait été vite fait. Connaissant un tant soit peu Eliance et sa vie, Torvar savait. Oui il savait le vieux avec sa vie en vrac, ses espoirs déçus, ses grands coups dans la tronche et son manque de confiance concernant l’amour, il savait que la belle flamboyante avait encore pris dans la figure l’infidélité de son mari. Mais il l’avait prévenu aussi. Il avait essayé de lui faire comprendre que ça serait toujours ainsi et qu’elle méritait mieux comme vie. Mais non. Obstinée la donzelle. Chiante au possible, elle voulait « réussir sa vie »… Pas convaincu sur ce coup-là le vieux cosaque… pas convaincu du tout. Et en attendant, c’est vers lui qu’elle revenait alors qu’il l’avait sortie de sa vie quelques semaines plus tôt avec perte et fracas. A bien y repenser, si Maryah trouvait un jour son dernier courrier méchant et trop mesquin, c’était rien à comparer de celui qu’il avait fait parvenir à Eliance… Comme quoi, Torvar même avec ceux qu’il aimait ne pouvait se montrer gentil et aimable…

Grognant de plus belle, agacé de relire sans cesse ces mots qui venaient lui chatouiller l’esprit, le cosaque se leva rapidement de sa chaise en la laissant choir au sol. Une autre lampée de cet alcool qui ne tue que les mauviettes comme il disait, il attrapa son mantel qu’il enfila sur sa chemise ouverte. Les siens étaient repartis depuis quelques jours, la déprime de rester seul ici sans ses frères lui pesait et les mots d’Eliance rajoutait à son mal être.


- Qu’elle aille se faire foutre…

Mettant en boule le vélin, il le jeta dans un coin de la chambre avant de sortir, les pieds un peu moins assurés qu’à l’ordinaire. Il fallait qu’il se change les idées, il fallait qu’il oublie ce qu’il n’avait pas et ce qu’il n’aurait jamais, il fallait qu’il ne pense plus à rien… voilà, le rien était salvateur, le rien l’apaiserait, le rien serait son bien être…

Décidé sans pour autant être plus joyeux que d’habitude, Torvar se fraya un chemin dans les ruelles de la ville à moitié endormie. Les braves gens étaient déjà dans leur lit à contempler une nuit étoilée de rêves à la hauteur de leurs espérances tandis que les petites gens, ceux qui œuvraient dans l’ombre, bien cachés à l’abri des regards commençaient leurs activités. Le cosaque n’eut pas besoin de faire des lieues pour trouver ce qu’il cherchait. Une vieille taverne auréolée d’une lueur tamisée, il en poussa la porte pour mieux s’y perdre. Cherchant du regard ce qu’il lui fallait, il attrapa par la taille une jolie rousse au regard brillant d’impertinence.


- Toi ! Cette bourse t’appartient si tu sais t’y prendre…

Torvar tenait entre ses doigts une escarcelle remplie d’écus qui ne demandait qu’à appartenir aux doigts fins et déliées… enfin si elle savait lui donner ce qu’il attendait…
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
--Blanche


Je traîne mes vieilles chausses jusqu'à la troisième taverne. Le dos courbé, la mine triste, je ne fais plus aucun effort pour paraître appétissante. À quoi bon. Les hommes ont des yeux. J'ai beau m'habiller comme il faut, rire, je reste une catin. Une vieille catin. J'ai arrêté de faire semblant. La paie est la même. Ils m'évitent, en choisissent des plus jeunes, plus fraîches, plus pimpantes. Des qui font rêver.

Le bout de ma chausse pousse d'un coup sec la porte en chêne de l'établissement. Je m'arrête sur le seuil, relevant légèrement la tête. Personne. Elle est vide. Par personne, j'entends pas un plouc à l'horizon qui pourrait me filer quelques écus contre ma besogne. Un minot, dans le coin à droite, joue avec de stupides chevaux en bois devant ses parents béats. Je déteste les parents béats. Ils ont l'air crétins. Ils sont crétins. Et puis en présence de la marmaille, le mari me sert à rien. J'adresse un léger signe de tête au tavernier et vais m'asseoir au bout du comptoir, à ma place habituelle, du même pas traînant. Comme d'habitude, il m'apporte un godet. Et une bouteille. Il vide un peu de l'une dans l'autre et pose ses mains sur le rebord du comptoir. Il va causer. Comme d'habitude. Il essaie toujours de causer le Thierry.


- Salut, Blanche, quoi d'neuf ? Pas grand monde ce soir, hein !

Je hoche la tête en guise de réponse. Et en guise de remerciement, comme tous les soirs, je lève mon godet vers lui avant de le vider et de me renfrogner à nouveau, enroulée autour de mon godet. C'est à ce moment-là qu'il s'en va, s'occuper ailleurs. Il est pas méchant, mais j'aime pas causer. Si je cause, c'est parce que j'ai une bourse trébuchante en vue. Le Thierry, il est marié, fidèle, et toutes ces foutaises qu'on peut entendre de nos jours. Il a jamais voulu de mes services. Je le soupçonne d'être radin, surtout. Et que je lui plaise pas.

Même quand j'étais fraîche et pimpante, y en a qui voulaient pas. « J'veux une fille normale », qu'ils disaient. Je t'en foutrais, moi, d'une fille normale. Je prends possession de la bouteille et remplit mon petit godet. Je bois pas de suite. Je le tourne dans ma main, le godet, le regard perdu dans le liquide qui frétille. Mais j'avais du succès, je dirais. Parce que à part tous les cons qui avaient les miquettes de se retrouver enfermés dans une piaule avec moi, y avait les curieux, qui eux, étaient intéressés. Ils sont nombreux, les curieux. Très nombreux. Y en a même qui m'ont payé juste pour voir. Oh, ceux-là, c'était du rapide, du facile. De l'écu comme je l'aime. Ceux-là touchaient pas. Non. Ils venaient voir pour raconter à leurs potes que la Blanche est bien blanche de partout. J'avais souvent droit à la visite des potes en question, les jours d'après, pour voir de leurs yeux vus la véridique vérité. Une bonne affaire, je vous dis.

Ma mère l'aura pas compris comme ça. Elle aura eu peur de moi, sans doute. Comme beaucoup. Les cheveux blancs, la peau sans vie, le regard diabolique, ça effraie. Mais à l'orphelinat, la maquerelle s'y est pas trompée. Elle m'a choisie de suite. Sans hésiter. Elle avait un grand sourire. Elle a payé un petit quelque chose pour que les sœurs me laissent partir. Le retour sur investissement aura été rapide. Les habitués du bordel voulaient tous me voir. Maintenant, je suis fanée, qu'elle a dit. Alors je me démerde seule pour gagner trois pauvres écus par jours avec les plus miséreux des miséreux. Voilà déjà un an que le bordel m'a flanquée à la porte. Un an que je traîne dans les mêmes tavernes selon un rituel bien établi pour essayer de chopper du client. Un an que le poisson ne mord plus aussi facilement.

L'attrait de ma jeunesse s'est envolée, il semblerait. Ce qui était assez volumineux et gonflé pour rendre les hommes fous est devenu moins volumineux. Mes veines ont pris le parti d'être plus apparentes que jamais, sous ma peau incolore. Mes éternels cheveux blancs restent blancs. Mes yeux n'ont pas changés non plus, d'une couleur toujours indéfinissable. Rouge, rose ou violet selon les adeptes. Je me trouve pas si fanée que ça, mais personne ne vient plus voir la Blanche à poil. Personne ne vient plus s'amuser à me regarder. J'intéresse plus personne. Le godet est saisi d'un geste brusque, vidé, avant d'être reposé en un claquement sur le comptoir et de jeter un œil à ma poitrine, et de la remonter.

Pourtant, je ne suis pas si vieille. Trente-deux ans aujourd'hui. Pas un client pour me faire la fête. Un vrai désastre.
Je suis maudite. Je suis née maudite, je crèverais maudite. Une mort naturelle serait d'ailleurs une aubaine si on me flanque pas avant au bûcher. Cette idée fait sortir de ma gorge un rire gras et sonore. C'est à ce moment que la porte s'ouvre, laissant apparaître un grand gaillard. Mon œil se fait pétillant. Un potentiel client celui-là. J'en suis certaine. Surtout à la manière dont il attrape la serveuse du Thierry à la volée. Elle s'extirpe rapidement de son emprise, la rousse. Elle a l'habitude.


- Oooh ! Dégage tes pattes de là, l'ancien. Va plutôt voir la Blanche, moi j'men carre de ton pognon.
Non mais...


À moi !
Je me suis redressée, j'ai tiré d'une main sur mon décolleté pour qu'il soit un peu plus pigeonnant encore tandis que de l'autre, j'ai remis mes cheveux en place, et je souris largement. À pas de loup, j'ai glissé jusqu'au gaillard, arrivant de derrière lui, il n'a même pas dû me voir. Je vais éveiller ses sens, d'abord. Mes doigts fins et translucides se promènent le long de son bras droit, de son sac à écus jusqu'à son épaule, tandis que je le contourne par la gauche en frôlant son large dos. Ma voix se fait douce, aguicheuse, susurrant bien comme il faut.


- Alors mon mignon, tu m'cherche ? Tu m'as trouvé...
J'ai c'qu'il te faut.


Ma main a achevé son tour d'épaule, éveillant les sens de son autre bras. Mon tour est achevé. Je suis face à lui, plus provocante que jamais. Mes yeux lancent des flammes. Il doit comprendre, que derrière ma peau éteinte, se trouve ce qu'il cherche. Je prie pour lui convenir. Je m'emparerais bien de quelques écus pour m'acheter une part de gâteau.
Torvar
Pas toujours facile de se faire entendre même d’une catin, encore plus avec une catin. A croire qu’elles devenaient sélectives les gaillardes. Torvar se renfrogna en observant la rousse et tant pis pour lui, il serra les dents mais ne put s’empêcher de lui envoyer son savoir-vivre en pleine figure.

- Tu sais c’qu’il t’dit l’ancien ? Mon argent vaut bien celui des autres, espèce de garce…

Tout dans la finesse le cosaque ce soir était de sortie mais comme à l’accoutumée finalement. Il n’avait jamais eu sa langue dans sa poche et les années passantes, ça ne s’arrangeait pas... Mais pas le temps de réfléchir ni de s’appesantir sur la situation. Déjà des mains allaient et venaient sur ses muscles, le faisant réagir plus qu’il ne l’aurait voulu. Une légère perte de contrôle due à l’alcool et à l’énervement d’avoir reçu des nouvelles dont il ne voulait pas… il fallait vraiment qu’il se calme et qu’il joue les ermites une nouvelle fois dans un avenir proche afin de reprendre le cours de sa vie mais pour l’heure, il avait besoin de s’échapper de ce monde, de lâcher prise complètement, de ne plus penser aux siens, à Maryah, à Percy ni même à Eliance et ses gâteaux, Eliance et sa petite frimousse, et son regard dont il avait vu le voile s’entre déchirer légèrement… Eliance et son besoin de garder sa vie sous contrôle afin que rien de mal ne lui arrive. Mais le mal était là, à grignoter son existence un peu plus chaque jour sinon elle ne lui aurait pas écrit à nouveau, pas après son dernier courrier. Fallait dire aussi qu’il avait été d’une méchanceté sans précédent. Une claque ne lui aurait pas fait autant de mal, de ça il en était même certain. Donc ce soir, il voulait tout simplement oublier le cosaque, il voulait prendre du bon temps et renvoyer ces femmes-là d’où elles venaient. Aucune ne lui offrait une vie comme il l’aurait aimé mais toutes attendaient quelque chose de lui… Pire que des charognards qui attendaient qu’il crève pour recevoir une partie de lui… Mais le vieux était toujours sur pied et n’était pas pressé de passer l’arme à gauche et encore moins leur donner ce qu’il ne souhaitait pas.

Se retournant avec une lenteur qu’il maitrisait, il observa donc « la Blanche » de la tête aux pieds. Oh ce n’était plus une jeunette ni même une rousse dont il était friand mais quelque chose dans ses caresses l’électrisait. Et son regard… Torvar était sensible aux yeux posés sur lui même si il n’offrait plus l’opportunité à ceux auxquels ils appartenaient d’approfondir des liens avec lui… non, aujourd’hui, il ne voulait plus personne dans sa vie sauf sa plus fidèle compagne, la solitude, mais ce soir, oui ce soi
r, il avait envie de se laisser aller à baisser les armes pour mieux ressentir la plénitude du moment.

Lui montrant la bourse bien garnie qu’il avait en main, le cosaque plongea ses mirettes dans le regard de la Blanche. Froid, distant mais pas seulement. Il avait du mal à garder la tête froide ce soir et il avait du mal à être autant distant qu’il l’aurait souhaité. Toutefois, après quelques secondes d’hésitation, le ton de la voix qu’il fit entendre ne trahissait rien de ce sentiment qui le malmenait.

- Elle est pour toi si tu sais me faire oublier le monde dans lequel nous vivons… pour la soirée…

Rien de plus à dire. Les doigts du cosaque se refermèrent sur les liens qui fermaient la bourse de cuir et d’un geste sans équivoque il la plaça dans la main de cette femme qui ne se ménageait pas pour offrir à Torvar un aperçu de ses pouvoirs. Elle désirait travailler, il était preneur. Et elle serait récompensée comme il le fallait.

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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
--Blanche


La bourse est lourde. Elle pèse dans ma paume pendant que mes doigts l'enserrent complètement et que mon autre main vient se pauser sur celle du gaillard, formant un amas de menottes et d'écus. Ce type est une véritable aubaine. L'aubaine de ce soir, l'aubaine de la semaine, pour ne pas dire de ce mois-ci !
Son regard est aussi intense que sa générosité. Je vais me décarcasser pour lui. Foi de Blanche ! Mais pas seulement pour son argent. Il me fixe droit dans les yeux, sans vaciller. Il n'a pas peur de moi. Il n'a pas l'air dégoûté. Ni par mes cheveux blancs, ni par mes pupilles rouges, ni par ma peau si blanche. Ça change. Ça faisait longtemps. C'est appréciable.

Lui est pas un débutant non plus. Charpenté, des restes charmants, une voix à l'accent étrange, il me plaît bien. Oui, je sais, qu'il me plaise ou non ne changera rien à l'affaire. Seulement, c'est devenu si rare les clients qui sont autre chose que des croûteux sortis de leur trou à rats simplement pour me visiter et qui ont pas vu un baquet depuis la Saint-Glinglin, que j'ai bien le droit d'en profiter et d'apprécier. Et puis c'est mon anniversaire, que diable !
Me hissant sur la pointes de mes pieds, je prends appuie sur son épaule pour m'approcher le plus près possible de son oreille et lui murmurer quelques mots, tandis que mes doigts effleurent son cou. Ce qu'il peut être bougrement grand !


- T'oublieras tout, mon mignon, compte sur moi. Mais attends un peu. J'en ai pas pour long...

De retour sur le plat de mes pieds, je file à petits pas jusqu'au Thierry à moitié endormi derrière son comptoir. Mes petits pas se veulent gracieux car calqués sur ceux des grandes dames, mais qui doivent me donner une allure encore plus étrange, attifée comme je suis.

- Oooh ! Réveille-toi, là ! File-moi la douze.
- Mmmm... Hein ? non... t'as d'jà la quatre.
- Chipote pas, Lardon, j'te la paierais en plus. J'en ai b'soin d'une grande et belle, là. Et ça urge !


Il me regarde avec la gueule entrouverte et ses deux dents manquantes lui donnent une trombine encore plus benête. Je fais cogner la bourse nouvellement mienne sur le bois, devant son nez, sans toutefois la lâcher. J'ai bien trop peur qu'on me la vole.

- File, j'te dis.


Ses mirettes se mettent à briller à la vue des écus et il tarde pas à me donner la clé demandée. Je la prends, commence à repartir avant de revenir sur mes pas.


- T'as pas un gâteau ? Un truc sucré à bouffer ?
- Bah, ma femme a fait des beignets.
- À quoi ?
- Pommes... mais...
- File-m'en pour deux.
- Blanche, t'abuse pas un...


Quelques écus poussés doucement en sa direction lui font clouer le bec et il part quérir le tout. Quand il revient, il porte une écuelle remplie de beignets. Assez de quoi agrémenter ma soirée d'anniversaire avec le type à l'accent bizarre et lui faire oublier, comme il dit, le temps d'une soirée, toutes ses misères.


- Bon... j't'en ai mis quéqu'z'uns. C'bien parce que c'est toi, hein.
- M'ci. J'te r'vaudrais ça !


L'écuelle est calée sous le bras et je m'empresse de rejoindre mon aubaine baraquée. J'ai rangé sa bourse à ma ceinture, histoire de me libérer une main et pouvoir l'entraîner à ma suite dans l'escalier qui mène à la fameuse chambre douze.

- Ayé. Viens donc par-là.
J't'avais dit que j's'rais pas longue.
C'soir, c'mon anniversaire. Alors on va manger des beignets. Sont à la pomme qu'il a dit. T'aime les beignets ? J'aurais préféré une tarte mais bon, dans un bouge pareil... c'd'jà bienheureux des beignets.


La clé fait des tours dans la serrure, ça couine. Et la porte finit par s'ouvrir sous la pression de mon épaule. Je me colle à la porte et lui laisse un espace un chouilla étroit pour passer de sorte qu'il soit obliger de me frôler sur son passage, avant de refermer la porte dans mon dos et d'admirer la chambre. Cette chambre est bien la plus belle du bouge. Mais du quartier aussi. Elle est réputée. Chère, certes, mais réputée de tous. Tout en haut de la bâtisse, au dernier étage, ses fenêtres surplombent les toits de la ville, leur donnant l'air de nuages. Nous donnant l'air de survoler ces nuages, de flotter.

Je me suis avancée devant l'une d'elle, ai déposé l'écuelle de beignets sur le rebord, le temps de laisser mes yeux s'emplir de cette vue. C'est mon cadeau, alors je le bois, je m'en imprègne. Il faut un temps avant que je me retourne face à la chambre et à mon gaillard. J'ai repris mon écuelle et m'approche de lui lentement, lassivement, non sans avoir pris de la pointe des doigts un beignet et de le porter à sa bouche aussitôt qu'elle est assez à proximité.


- Tiens, goûte-moi ça. Tu m'en diras des nouvelles.


En fait, peu importe le temps qu'il passera ici. Moi, j'y ferais ma nuit. J'ai bien de quoi avec la bourse qu'il m'a donné. J'ai passerais ma nuit à admirer ce qu'il se passe dehors, sur ces toits gris. Bon Dieu qu'il fait bon être mon anniversaire. Merci Déos pour ce type et ses écus.
Torvar
L’offrande est versée, la prière consommée.
A peine pénétré dans la chambre que le cosaque se voit coller un beignet dans le bec. Gentille Blanche qui s’imagine qu’il a envie de bouffer. Mais l’homme n’est pas un rustre, enfin pas tout à fait et il y met du sien et des guillemets. Après tout c’est l’anniversaire de la dame. Il peut bien lui faire ce petit plaisir.

A peine a-t-il avalé sa bouchée qu’il plonge son regard dans celui de la catin, lui sourit très légèrement avant de lui dire d’un ton las mais sincère « bon anniversaire » puis sa main se met à farfouiller dans une de ses poches pour en sortir une fiole. Sa fameuse Gorzalka… cette fameuse boisson qui deviendra plus tard Vodka mais qui au départ n’était qu’un alcool aux vertus médicamenteuses…. Bref, Torvar ouvrit le flacon et s’en versa une bonne gorgée dans le gosier puis il tendit la flasque à « La blanche » .


- Tu veux gouter ? Ce soir c’est jour de fête non donc autant en profiter…

Pas avare pour deux sous, le cosaque était partageur. Et pour inciter la dame à se laisser aller, il approcha la fiole des lèvres de cette dernière et lui en fit couler quelques gouttes juste sur le bord de la bouche. Les yeux de Torvar pétillaient comme ceux d’enfants le soir de noël. Rien de tel pour lui que de partager… partager un tout et un rien… Et cela suffit à mettre le feu aux poudres dans l’esprit de Torvar. D’un geste autoritaire, le vieux mercenaire passa un bras autour de La Blanche pour la rapprocher de lui. Et sans attendre, il attrapa les lèvres avec gourmandise. Le gout de l’alcool y était encore présent, cela électrisa le cosaque. Un long frisson parcourut son corps. De vieux souvenirs lui revinrent à la mémoire, tant de choses lui passèrent par l’esprit.

Il en avait vu des choses, il en avait vécu des aventures. De l’amour à la haine, du viol à la passion, les femmes qui avaient jalonné sa vie n’étaient jamais restées très longtemps. Mortes ou disparues de leur plein gré, détruites ou simplement oubliées, le cosaque n’avait pas le temps de mener une autre vie. Même si sur ses vieux jours, il aurait aimé vivre autrement… et ça le travaillait même s’il faisait tout pour museler ce genre d’idées. Après tout, il n’était pas le meilleur pour vivre une réelle histoire d’amour.

De Maryah dans la vie de laquelle il ne faisait que passer à Eliance pour laquelle il avait eu un véritable coup de cœur, il n’était qu’un vieux solitaire qui n’arrivait pas à se fixer. Oh non pas qu’il n’avait aucun sentiment mais il avait une propension à passer à côté des évidences… mais ce soir, point besoin de réfléchir. Il était avec cette inconnue qui elle ne ferait que passer dans sa vie… Et les doigts du cosaque se refermèrent sur la nuque de La Blanche afin de profiter un peu plus de cette dernière. Le baiser se faisait quémandeur tandis que ses doigts remontaient déjà sur la douceur de cette peau féminine. Un grognement sourd dans le cou de la femme et les crocs du cosaque venaient déjà se nourrir de la délicatesse étrange qu’elle offrait. Il avait envie de s’enivrer, de s’échapper, d’oublier cette journée étrange qu’il avait vécu, oublier le courrier d’Eliance, de ses tartes et autres pâtisseries dont elle lui avait parlé…

Il avait toujours été complaisant et même compatissant avec la rouquine, il avait tenté d’être compréhensif mais là, la coupe était pleine. Comment lui dire en face tout ce qu’elle n’était pas capable d’écouter ce qu’il avait à dire. C’était qu’elle était têtue la donzelle… surtout quand il s’agissait de sa propre vie mais après tout, il n’avait pas le droit non plus de la harceler pour lui faire comprendre ce qu’il y avait à comprendre…

Mais Eliance n’était pas là et seul avec La Blanche, il avait d’autres chats à fouetter… les doigts du mercenaire déjà s’insinuait sur les épaules de la jeune femme et parcouraient ses bras avec une certaine douceur dont il était capable par moments.

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--Blanche


Ouais... bon... je croyais quoi aussi ? Qu'on allait bouffer des beignets en bavassant toute la soirée comme deux vieux potes? Figurez-vous que ça m'aurait bien plu, en y réfléchissant. Ouais, ça m'aurait plu de faire semblant de se connaître, de partager des choses entre amis, de faire semblant que quelqu'un se préoccupe de moi. Ou juste de retourner à mes beaux jours où les hommes payaient pour ma compagnie. Juste ma compagnie.

Mais faut être réaliste, le gaillard n'est qu'un client de plus et c'est pas ma discussion qui l'intéresse. Même si la proposition de boire est là, même si il est aimable, ses pulsions sont là aussi et l'heure de reprendre le boulot a sonné. J'ai pas le temps de goûter à sa boisson, à peine les gouttes ont effleuré mes lèvres qu'il est déjà là à me les bouffer. Sous ses fougueux baisers, je me prends à rêver. C'est pas mon genre, de rêver. D'habitude, je laisse mon esprit à la porte, c'est plus sûr. Et ce qui se passe dans la chambre n'est plus de mon ressort. Mais ce soir, j'avais tellement envie d'un truc spécial, que je me prends à rêver comme une gourde. Mes doigts se tapent l'incruste sous sa chemise, se créant un chemin entre poils et ce que je comprends être des cicatrices d'après les boursouflures ressenties. C'est là que mon rêve prend forme.

Je suis une belle et jeune femme et mon preux chevalier d'époux s'en revient de la guerre.
Le premier qui pense que je suis débile, je le démonte ! C'est mon rêve. Et ça colle. Et puis il a qu'à pas être aussi tendre aussi, le bougre. Combien auraient déjà les mains collées à mes attributs féminins à l'heure qu'il est et les braies tombées aux genoux !

Donc ça colle. Il est beau, un peu vieux, mais beau, et puis il s'est battu longtemps. Il a été blessé et la gentille femme que je suis a bien cru ne jamais le revoir. Et on a des enfants. Oui. Trois marmots qui ronquent dans la chambre d'à côté. Et on est pas dans une vulgaire auberge. Non. Cette chambre aux murs douteux est la chambre nuptiale de notre manoir. Oui, parce que mon chevalier est riche. Noble même. Comme moi. Voilà. On est nobles. Ça claque, ça !

Mon jupon est retroussé d'une main pour permettre à ma guibolle de s'enrouler autour de lui et de le garder à proximité, tandis que ma bouche croque la sienne fébrilement.


C'que c'est bon d'être mariés...

Boudu... c'est moi qu'ai dit ça ? Bon sang de bonsoir... Faut pas que je cause où il va se barrer et récupérer ma bourse. Enfin sa bourse, mais elle est à moi normalement, maintenant. Concentre-toi, Blanche, concentre-toi. Oublie ton histoire de chevalier. C'est stupide et ça existe pas les chevaliers amoureux qui reviennent la fleur à l'épée avec de belles cicatrices gentillettes. Ils crèvent à la guerre, les chevaliers. Voilà. C'est comme ça. Et je suis ce que je suis, mais pas une épouse, ni une noble. Comme pour confirmer la chose, mes collines font irruption hors du corsage, et j'invite le gaillard à cheminer dessus à pleine main.

T'es un ch'valier, mon mignon... et moi ta belle épouse... rousse l'épouse... j'ai toujours rêvée être une rouquine... et tu r'viens d'la guerre... et j'te fais ta fête...

On a dit quoi ! Je me tais ! Faites que je la boucle ! C'est pas vrai ça ! Comment j'arrive à causer alors que nos bouches ne font qu'une ? Comment j'arrive à penser des trucs pareils ? La maquerelle a raison. Je me fais vieille et voilà que je deviens sentimentale maintenant. Le pompon !

Du coup, j'ai juste la trouille de l'avoir refroidi alors je me fais plus entreprenante pensant limiter ce désastre qui me ressemble pas. Je ne cause plus, déjà, je me retiens, seule dans mon rêve, et je délasse vivement ses braies, pour les faire ensuite tomber d'une chiquenaude sur le parquet. N'empêche, ça doit être bien d'être rousse, avec un mari chevalier et des mioches...
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