Lothilde
Pour la dixième fois de la journée, Lothilde relisait le message qu'on venait de lui apporter, se demandant bien ce qu'elle allait en faire...
La première lecture l'avait fait rire, et elle en était restée vaguement honteuse, mais c'était plus fort qu'elle, elle ne pouvait pas s'empêcher de l'imaginer assis au milieu de l'arène, tenant un discours fumeux au fauve chargé de le dévorer ...elle l'imaginait, index levé, moue dédaigneuse aux lèvres..."Écoutez-moi, mon ami, avant de me dévorer !!! ..imaginons qu'un boucher de Luxeuil ait mis par distraction une patte de lion sous son hachoir à viande... Il a obtenu un petit steak haché. S'il met dans le hachoir son autre patte... soit 1/16 de son poids , une troisième patte , 1/8 de son poids , sa tête , 1/4 de son poids , combien obtiendra-t-il de viande hachée sachant qu'il pèse 80 kg ?...et combien de lions faudra t-il pour nourrir sans payer de taxe une population de 250 personnes, comportant plus de femelles que de mâles ? Non, voyez-vous, c'est extrêmement important, d'autant que les hachoirs s'émoussant plus rapidement que les haches, le prix des stères nécessaires à la cuisson de la viande de lion.."...
Lothilde se gratta la tête, songeuse...pas étonnant qu'ils aient choisi de lui couper la langue en premier...les comtois seraient ils favorables au retour du curé, et surtout, seraient ils prêts à investir dans une paire de bottes beiges pour le récupérer...privé de sa langue, il aurait peut être plus de chance d'être délivré...
Roulant le message en se levant, elle décida que cette missive relevait d'une autorité supérieure et qu'il fallait sans plus tarder en aviser la population.
Armée d'un solide marteau, elle planta vigoureusement le message sur la porte du château et repartit aussi vite. Des décisions devaient être prises, mais même en faisant un effort, elle avait du mal à se convaincre de l'urgence à trouver des bottes beiges...
Citation:
De: Sieurfernand
A: Lothilde
Sujet: Lettre des ravisseurs
Madame, veuillez je vous prie faire connaitre à Dôle ce message dont dépend le destin du curé de Luxeuil.
Notez que nous souhaitons traiter avec votre personne et nulle autre intermédiaire.
Message à ceux qui abusent et asservissent le peuple comtois, l'arrière-train bien à l'abri derrière les remparts de Dole et Besançon.
Devant le mépris des aspirations de ce même peuple qui a tenté de se libérer par deux fois à Pontarlier,
Devant l'arrogance des nobliaux qui s'accrochent toujours plus à leur petit pouvoir,
Nous, fiers défenseurs du peuple comtois et représentants de sa République, avons généreusement débarrassé Luxeuil d'un activiste tonsuré, militant forcené de la pratique systématique de consensus geignards.
Messire Adso est en bonne fraîcheur et nous consentons volontiers à vous faire parvenir sa langue, que vous puissiez en apprécier couleur et fermeté.
A moins que vous nous dispensiez d'avoir à vous donner un gage de la véracité de nos dires.
Ainsi, vous comprendrez l'urgence de ne pas négocier ces quelques exigences qui vous permettraient de continuer à engraisser un des acteurs le plus prometteur de l'ignorance dans laquelle vous maintenez le Peuple.
Voici nos exigences pour libérer le cureton de Luxeuil.
- L'autorité romaine locale reversera 20 écus à chaque citoyen de Franche-Comté, en compensation du manque à gagner pour avoir travaillé à l'église pour un salaire de misère.
- Vous concéderez à toutes les villes comtoises l'exonération ponctuelle d'une levée d'impôts.
- la libération de tous les prisonniers politiques qui sont détenus dans les geoles comtoises pour avoir bravé l'autorité illégitime de la noblesse.
- L'hérauderie sera transformée en aimable association de peintres en bâtiment et se devra de décorer chaque masure, maison, bâtiment et castel du Comté et des régions voisines.
- En outre, votre représentant chargé de prendre en charge le sieur Adso se munira d'une paire de bottes.... beiges de préférence.... qu'il remettra lors de l'échange. Ceci pour dédommagement de notre peine dans le service de la République.
Chaque semaine passée sans voir notre demande aboutir verra subir à notre hôte un supplice choisi.
Le premier d'entre eux sera de l'abandonner dans un couvent de nonnes adeptes de la Noblesse Noire, investi par nos soins.
Dépêchez vous de vous acquitter de la part du marché qui vous incombe avant que petite vérole ne sévisse.
Pour les républicains comtois.
A: Lothilde
Sujet: Lettre des ravisseurs
Madame, veuillez je vous prie faire connaitre à Dôle ce message dont dépend le destin du curé de Luxeuil.
Notez que nous souhaitons traiter avec votre personne et nulle autre intermédiaire.
Message à ceux qui abusent et asservissent le peuple comtois, l'arrière-train bien à l'abri derrière les remparts de Dole et Besançon.
Devant le mépris des aspirations de ce même peuple qui a tenté de se libérer par deux fois à Pontarlier,
Devant l'arrogance des nobliaux qui s'accrochent toujours plus à leur petit pouvoir,
Nous, fiers défenseurs du peuple comtois et représentants de sa République, avons généreusement débarrassé Luxeuil d'un activiste tonsuré, militant forcené de la pratique systématique de consensus geignards.
Messire Adso est en bonne fraîcheur et nous consentons volontiers à vous faire parvenir sa langue, que vous puissiez en apprécier couleur et fermeté.
A moins que vous nous dispensiez d'avoir à vous donner un gage de la véracité de nos dires.
Ainsi, vous comprendrez l'urgence de ne pas négocier ces quelques exigences qui vous permettraient de continuer à engraisser un des acteurs le plus prometteur de l'ignorance dans laquelle vous maintenez le Peuple.
Voici nos exigences pour libérer le cureton de Luxeuil.
- L'autorité romaine locale reversera 20 écus à chaque citoyen de Franche-Comté, en compensation du manque à gagner pour avoir travaillé à l'église pour un salaire de misère.
- Vous concéderez à toutes les villes comtoises l'exonération ponctuelle d'une levée d'impôts.
- la libération de tous les prisonniers politiques qui sont détenus dans les geoles comtoises pour avoir bravé l'autorité illégitime de la noblesse.
- L'hérauderie sera transformée en aimable association de peintres en bâtiment et se devra de décorer chaque masure, maison, bâtiment et castel du Comté et des régions voisines.
- En outre, votre représentant chargé de prendre en charge le sieur Adso se munira d'une paire de bottes.... beiges de préférence.... qu'il remettra lors de l'échange. Ceci pour dédommagement de notre peine dans le service de la République.
Chaque semaine passée sans voir notre demande aboutir verra subir à notre hôte un supplice choisi.
Le premier d'entre eux sera de l'abandonner dans un couvent de nonnes adeptes de la Noblesse Noire, investi par nos soins.
Dépêchez vous de vous acquitter de la part du marché qui vous incombe avant que petite vérole ne sévisse.
Pour les républicains comtois.
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