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Qui peut présager une journée aussi étrange ?

Eliance

C'est un jour comme un autre, dans une ville comme une autre, avec des gens comme les autres buvant des bières à qui mieux mieux, dans une ambiance survoltée de taverne comme il existe partout dans le royaume.

Elle est attablée devant un sacré nombre de chopines lorsqu'une petite fille pousse la lourde porte de la taverne.
Les gens du coin sont généreux, alors la rousse en profite !
Les bières s'enchainent sans qu'elle ne prête attention à la gamine qui s'est avancée vers le comptoir.
Puis tout d'un coup, le tavernier crie à tue-tête, surpassant le brouhaha ambiant
« Y aurait-il une Eliance Pardieu ! » Un instant, les gens se taisent, se regardent, puis rapidement, les discussions et les rires reprennent de plus bel.

Seule Eliance reste immobile. Le dégrisement aura été bougrement efficace pour la rousse qui tourne des yeux exorbités vers l'auteur du beuglage.
Qu'on l'appelle en pleine taverne dans une ville où ils ont débarqué le matin même avec l'italien lui semble déjà étrange.
Mais qu'on crie ce nom ! celui qu'elle s'efforce de taire, d'oublier !... Elle n'est même pas sûre de l'avoir jamais dit à Diego.

Alors elle s'avance lentement vers le comptoir, jetant des regards suspects autour d'elle, anxieuse de distinguer parmi les pochtrons quelque visage trop familier longtemps oublié.


Je suis Eliance Pardieu.


Ah ! pas trop tôt, la gamine allait partir.
Tiens. Elle cherche la personne à qui s'adresse la lettre, là.


Elle fixe le pli que le tenancier lui tend, reconnaissant effectivement son nom inscrit sous le cachet. « Pour Eliance Pardieu ».
Puis son regard désorienté se porte sur la gamine qui la dévore littéralement des yeux.

Eleanoore
Marche tout droit. Toujours tout droit. Jusqu’à la prochaine ville. Je t’y rejoindrai. Lui avait-on dit en glissant entre ses petites mains une lettre qu’elle devait donner à qui voulait la prendre pour l’aider à retrouver le destinataire.

La gamine passa les portes de Villefranche en milieu d’après-midi, les doigts crispés sur la lettre que lui avait remis sa prétendue mère. Elle marcha un moment parmi la foule avant de s’y extraire pour entrer en taverne. Les grands ne firent pas attention à elle et c’était tant mieux. Oui, parce que figurez-vous qu’elle les craignait. Sa vieille et hideuse mère lui avait conté des choses effrayantes, histoire qu’elle ne se laisse pas amadouer et emmener par n’importe qui. Du coup, elle essayait autant que faire se peut de les fuir. Mais manque de bol, là, elle avait besoin de l’un d’eux.
Ce fut donc d’un pas hésitant que la gamine alla vers le comptoir et tira un coup sec sur le tablier du tavernier pour qu’il lui prête attention.


Dis ? Tu peux m’aider stôplait ? Hein ? Tu peux dis ?

Après un hochement de tête, Eleanore donna la lettre à l’homme et attendit, regardant les gens qui l’entouraient. Quelques secondes de silence avant que le brouhaha incessant ne reprenne. La gamine baissa la tête et soupira. La poisse ! Elle était fatiguée et ses membres lui faisaient atrocement mal. Et fallait qu’elle reparte en quête de cette Eliance. Elle avait envie de pleurer, la pauvre gosse. Et elle allait craquer lorsqu’elle entendit une voix féminine. Elle releva la tête et fixa la rouquine un long moment avant de faire quelques pas vers elle.

C’est maman qu’a dit que je devais donner la lettre.

Et d’ajouter en voyant l’hésitation d’Eliance face au parchemin tendu.

Faut que tu lises !

Bah oui hein ! Au cas où elle n’aurait pas compris…
Eliance
Sous l'injonction un brin autoritaire de la gamine, Eliance déplit la lettre tout en haussant les épaules.
Pour qui elle se prend la mioche ! bien sûr qu'elle va la lire, elle est pas idiote... juste un brin lente lorsque les choses lui paraissent quelque peu étranges...
Elle a pas la réflexion rapide, c'est tout.

Elle jette un dernier coup d’œil méfiant à la fillette avant de se plonger dans le déchiffrage des pattes de mouches dessinées sur le parchemin.




    Eliance,

    Je ne sais pas si tu te souviens de moi. Je suis Jaquemine la Boiteuse. Tu venais me voir du temps où tu vivais à Sabalos avec ton mari pour m'acheter des potions.

    Je vais te raconter une histoire. Ton histoire.
    La mémoire fait parfois défaut et je pense que c'est ce qui est arrivé pour une partie de ta vie. Il est temps que tu saches tout.

    Un jour, tu es venue me visiter. Tu t'es plaint de maux de ventre. Pour une fois, ta peau n'était pas fraîchement marquée, pas de plaies, ni autres traces de coups. À peine un an que tu étais mariée et je te voyais trop souvent amochée par ce Gontrand que tout le village portait au nues. Je t'ai fait dévêtir, tu te tenais debout devant moi et je t'ai examiné pour essayer de trouver le mal dont tu pouvais bien souffrir. Tu as ressenti une violente crampe, et puis c'est arrivé.

    Un enfant est tombé à terre. Jaillissant de nul part, ou plutôt de toi. Mais ton corps n'était pas celui d'une femme enceinte, ni celui d'une accouchée. Ton ventre était aussi plat que des mois auparavant. Tu étais toujours aussi mince.
    Tu ne t'es rendu compte de rien. Le lancement douloureux avait cessé, tu pouvais enfin respirer à ton aise et ça a paru suffisant pour t'apaiser. Mais tu semblais dans un état létargique. D'ailleurs, tu es allé t'allonger docilement sur ma couche d'après mon ordre, sans discuter ni rouspéter, ce qui ne te ressemble guère.
    Je me suis occupé du petit et suis revenue auprès de toi.
    Je savais qu'Il t'aurait regardé comme une sorcière si tu revenais chez vous avec un bébé dans les bras, en lui racontant ce qui s'était passé.
    Accoucher sans être enceinte, c'est diablolique. Et mon témoignage n'aurait rien arrangé puisqu'ils cherchaient la moindre occasion de me faire monter sur le bûcher.

    Ma décision a vite été prise. Je t'ai soigné et je t'ai laissé un grand stock de potions. Je savais que tu en aurais besoin.
    Je ne pouvais pas te sortir de la panade, mais ce serait toujours moins pire que de rôtir, et je pouvais donner une vie meilleure à cet enfant.

    Je t'ai renvoyé chez toi et j'ai fait mon baluchon avant de prendre la route avec ton enfant.
    Aujourd'hui, le temps a fait son oeuvre, il grignote ma vie. Dans peu de temps, je ne pourrais plus m'occuper de la petite. Alors je te l'envoie, avec cette lettre, pour qu'elle te retrouve, toi, sa mère.
    J'ai entendu dire que tu t'étais vengé de Gontrand. Ni elle ni toi n'êtes plus en danger à présent.

    Il est temps que je me retire.
    Que je te laisse savourer ta maternité tardive.

    Prends soin de toi, prends soin d'elle

    Jaquemine la Boiteuse


La lecture achevée, Eliance laisse échapper un rire fébrile, qui dure, devenant de plus en plus bruyant et nerveux. Puis plus rien. Ses yeux se lèvent de la lettre pour se poser avec un soupçon de terreur dans ceux de la petite.

Elle était à moitié folle la Jaquemine... Comment je pourrais avoir une fille et ne pas m'en souvenir !
On accouche pas comme qui rigole ici-bas, hein !

Un examen détaillé est pratiqué sur la petite personne : elle ressemble à rien cette mioche en plus, enfin, à tout sauf à la rousse qui est censé être sa génitrice.
C'est pas possible.
La missive est repliée hâtivement.
C'est une erreur, elle est pas pour moi cette lettre.
Le pli est tendu au tavernier pour éviter tout contact avec le truc haut comme trois pommes.

Réaction stupide, mais on avait prévenu, la rousse est pas fortiche en improvisation de situation d'urgence. Et là, le moins qu'on puisse dire, c'est que ça la dépasse. Elle s'est préparé à voir débarquer une floppée de mioches criant « Papa » et sautant dans les bras de l'italien... mais là... une fille... à elle... c'est inimaginable !

Elle s'empare de deux choppes que le tavernier s'apprête à servir et les vide d'un trait. Elle a pas assez bu. Ou trop peut-être. Ses pieds ne veulent d'ailleurs plus bouger. Elle se tient debout devant le comptoir, contrainte d'affronter ce cauchemar. Le visage de feu son mari se superpose avec celui de la môme, ses oreilles sont envahies d'un cri insupportable « Maman !!! Maman !!! »
Prise de vertiges, elle essaie d'oublier cette image diabolique. Paupières closes, mains sur les oreilles, rien n'y fait. Lorsqu'elle réouvre les yeux, le démon est encore là à la dévisager...
Eleanoore
La gamine s’impatientait. Elle avait mal partout et son estomac criait famine. La seule chose qu’elle voulait, c’était retrouver sa mère et leur cocon familial. Et elle y croyait fort, la gamine ! Elle était plus que persuadée que la femme qui s’était occupée d’elle la rejoindrait sous peu. Elle était à des lieux d’imaginer qu’on venait de l’abandonner aux mains d’une parfaite inconnue…

Eleanore ne quittait plus la « parfaite inconnue » des yeux. Elle souffla, prête à taper du pied pour qu’elle lui prête attention lorsque celle-ci se mit à rire avec - oserais-je dire démence ?
Une subite envie de prendre ses jambes à son cou s’empara de la gamine. Ouais, sauf que le problème, là, c’est qu’Eliance était très certainement la seule personne de cette ville capable de l’aider à retrouver la vieille.
Instinctivement, la petite fille fit un pas sur le côté pour se cacher derrière le tavernier. L’homme essaya de se débarrasser d’Eleanore qui s’accrochait à lui comme une moule à son rocher. En vain ! A cinq ans, c’était tenace ces choses-là.

Malgré la peur envahissante, Eleanore se détacha de son protecteur et fit un minuscule pas vers la rouquine, se triturant les doigts.


Bon alors…

Aheum…

Tu sais où elle est maman ?

Et de se risquer à demander :

Tu m’aides à la retrouver stôplait ?

Notons la distance de sécurité que la petite mettait entre elle et la rouquine un peu folle, histoire de pouvoir se barrer au cas où la situation s’envenimait.
Diego_corellio
Assis aux côtés de la rousse, pieds sous le comptoir, la tête dans les nuages, pensant aux jumeaux, je regardais les chopes passer sous mon nez, main de la rousse dans la mienne, doigts entrelacés, perdu au milieu du brouhaha, je ne prêtais guère attention à ce qui gravitait autour de moi quand une voix d’homme couvrit toutes autres pour passer une annonce que j’écoutais d’une oreille distraite quand il prononça le nom de ma femme.

« Y aurait-il une Eliance Pardieu ! »

Je ne retournais vers la rousse, et la questionnais du regard avant d’exprimer mes pensées tout haut :

Eliance Pardieu ? Je haussais un sourcil à cette question, jamais elle ne m’avait dit qu’elle portait ce nom, probablement celui hérité de son premier mariage, l’entendre me hérissait le poil, pas que j’aime spécialement qu’elle porte le mien, fin’ si mais je veux dire que je l’obligeais pas à l’utiliser si elle ne le souhaitait pas simplement que l’entendre appeler par un autre nom bah ça me faisait bizarre, maintenant presque deux mois que nous étions mariés et je m’étais habitué à ce qu’elle signe ses missives sous le nom « d’Eliance Corellio », nom qui, en m’épousant elle avait adoptée, acceptant ainsi tout ce qu’il représentait, c’est-à-dire pas grand choses ou plutôt pas grand choses de bien, le mal le viol, l’infidélité, toutes les horreurs commises par une famille qui était la mienne, une famille qui m’avait fait naitre, une famille qui n’avait pas su m’aimer.

Peut-être que notre mariage redorerait ce nom, terni par des générations d’impureté, même si je doutais avoir un jour autre chose que des enfants « bâtards ».

Attendant une réponse qu’en fait je n’attendais pas vraiment, je jetais un coup d’œil à la gamine qui lui tendit la lettre et lui intima d’une voix assez impérieuse pour une enfant de lire.
Lisant par-dessus l’épaule de la rousse, pas que je la soupçonnais d’avoir un amant ou autre, juste que j’aimais bien savoir qui écrivait à ma femme, et puis je savais que de toute façon elle m’aurait racontait après ce sur quoi portait la missive alors autant que je lise moi-même la missive.

Jetant des coups d’œil inquiet à la mioche je la détaillai du regard soudain inquiet d’avoir devant moi la chaire et le sang d’Eliance et de son ancien mari réuni dans un seul et même être.
Un sentiment bizarre me caressa l’échine à cette pensée, serai-ce de la jalousie éprouvée ?
La jalousie envers un homme que j’avais tué ? Jaloux d’un homme qui avait fait un enfant à ma femme ?
Comment pourrais-je être jaloux alors que je n’aime pas les enfants ?
Tant de pensées qui se bousculèrent pour finalement revenir vers le problème sur patte qui se dressait devant nous, une gamine, pas bien grande qui était la fille d’Eliance.

Quand même je trouvais cela étrange, une femme doit bien se rendre compte qu’elle est enceinte, elle doit bien se rendre compte qu’elle accouche, à ce que m’en a dit la brune les femmes souffre le martyr quand elles donnent la vie et que, sitôt le bébé sortie et dans leur bras elles oublient tous les tourments vécues.

Qu’allait faire la rousse maintenant ? Garder la mioche ?
Si c’était le cas, cela pourrait m’être intéressant étant donné que je ne voulais pas prendre les jumeaux pour ne pas imposer les petiots à la rousse, si elle prenait sa fille avec nous je pourrais les prendre aussi, nous serions quitte et puis un de plus un de moins on est plus à ça près !

Mais un problème s’imposa, qui les nourriraient ?
Eliance n’avait pas de lait, elle avait accouché il y a de cela trop longtemps, elle ne pourrait donc pas allaiter il faudrait donc soit leur donner du lait de chèvres moins nourrissant ou trouver une femme dans chaque ville qui les allaiterait, même si le plus simple serait d’en embarquer une avec nous, ils auraient de quoi nourrir tous les enfants et puis quelqu’un pour s’en occuper.

Enfin pas la peine de s’échauffer l’esprit, on en était pas la et le moins que je puisse faire à ce moment c’était d’aider ma femme à … s’occuper du problème …

Pressant sa main dans la mienne, j’entourais ses épaules de mes bras et regardais la petite plus en détail, cherchant des airs de ressemblance avec sa mère, air de ressemblance qui ne tardèrent pas à se manifester et à incruster ma vision…
Un aire de ressemblance qui m’effrayer, car il n’y avait pas que des aire de ressemblance avec Eliance mais avec son géniteur.

Un géniteur qui n’aurait certainement pas toléré que sa femme tombe enceinte et qui aurait à coup sûr éliminé le bébé pour ensuite rouer de coup sa femme.

Bah dites donc petite cachotière, je vois que n’y a pas qu’moi qui ai des gosses qui débarquent comme ça de nulle part !

Une plaisanterie mal venu dans ses circonstances, mais j’avoue que j’avais trouvé rien d’autre, j’étais certainement aussi tendu qu’elle quoi que, voir débarquer des mômes devenait une habitude, pourtant celle-là bah c’était bizarre… Enfin bizarre est un terme vaste.

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Eliance
Pommée... elle est complètement pommée la rousse dans cette histoire. Que peut-elle bien répondre à la mioche ?
« Alors en fait, je suis ta mère, mais je me souviens pas de t'avoir mis au monde un jour, et la Jaquemine, elle est partie crever dans un fossé ? »
Non, trop brusque... trop... difficile à assumer surtout. Parce que la brusquerie, Eliance s'en contrefiche.
Mais comment dire la vérité ? Et est-ce que c'est utile de la dire, la vérité !

L'interrompant dans son remue-ménage de méninges, l'italien ose une pointe d'humour qui sent la vengeance à plein nez. Il veut dire quoi par là... qu'elle aussi a des bâtards qui trainent dans les placards ?

À la différence que elle, c'est pas une batârde. Elle est légitime c'te gamine, vu que j'étais mariée ! Juste... j'men souviens pas...
Voilà... c'est clair, net et assez précis pour que l'italien arrête de jubiler en pensant que sa femme aussi a tout un tas de p'tits vermisseaux qui attendent la prochaine pluie pour sortir de terre.

Elle aurait préféré une remarque plus constructive. Par exemple, qu'il lui conseille un truc, genre « Ben si c'est la vôtre, on a qu'à la prendre avec nous », ou « Si on court assez vite, elle nous rattrapera pas ! »
D'ailleurs, heureusement qu'elle sait pas réellement ce qu'il a derrière le crâne à ce moment-là, parce qu'elle lui aurait fait bouffer ses deux rejetons et son histoire de lait ! Il croit qu'elle en a pas assez avec sa fille ? faudrait en plus qu'elle se coltine ses morveux ? Chacun ses siens !

Elle pose à nouveau son regard sur la petite et lâche un soupire
.
Oui... bon... elle me ressemble bien un peu... mais surtout...
Eliance plisse les yeux et tord la bouche.
... elle ressemble à la mère Pardieu !
Et merde ! elle est pas si folle que ça la Jaquemine...


Ses yeux font des allers-retour incessant entre son mari et... sa fille. Elle sait pas quoi faire, quoi décider. Elle a jamais voulu de mioche... mais là... elle pourrait en faire quoi d'autre de celle-là que de l'emmener, au moins le temps de la caser ailleurs ? En voilà une idée !

Se penchant à l'oreille de son mari, elle chuchote :

On va la prendre avec nous, et on la refourguera au premier venu.
Pas un instant elle ne fait le lien avec la réaction que Diego a eu à la naissance des jumeaux. Leur cherchant d'abord une famille, mais ne parvenant finalement pas à s'en défaire, il les a confié à une amie.
Elle en ait convaincu, elle trouvera bien quelqu'un pour l'en débarrasser. Fière de son idée de génie... elle s'empresse de la partager avec la mioche.


Alors... euh... on va...
Aïe ! elle perd son assurance ! Elle se rapproche de la gamine et s'assied en face d'elle, à même le sol, poussant quelques détritus de la main. Maintenant qu'elle est à sa hauteur, elle se sent coincée et prête à causer.
Bon... j'vas te dire... pour du vrai. La Jaquemine, elle est gravement malade et elle reviendra pas. C'est moi qui vais te... euh... tu vas venir avec nous.
Dire ou pas dire ? assumer ou pas ? Une envie irrémédiable de prendre ses jambes à son cou l’imprègne. Elle a bien fait de s'asseoir, face à ses responsabilités.
Parce que ta maman, c'est moi. Enfin, c'est ce que Jaquemine écrit dans la lettre. Donc je vais m'occuper de toi à partir de maintenant.

Ce que ça peut être dur la vérité... mais le plus dur c'est bien de prononcer ces mots-là pour la rousse. C'est pas la vérité qui la gêne, c'est la proximité avec la gamine, se dire qu'elle va devoir l'assumer... elle qui a une trouille bleue des morveux. Heureusement que Diego est là... il s'entraîne avec les jumeaux, s'en sort très bien. Au pire, il prendra le relais. Aux oubliettes le "Chacun ses siens"... Le mariage, c'est fait pour partager non ?
Diego_corellio
Aille !

Pointe d’humour ratée ! M’enfin bon moi j’trouve ça louche cette histoire, marié ou pas hein les circonstances de la mise au monde son … bizarre c’est une histoire digne de … Sorcière ?
Qu'importe, j'l'aime comme elle est !

Qu’est- ce qu’elle attend de lui la rousse hein ? Que je tape la causette à la mioche qui soit dit en passant n’est pas … d’une beauté …attachante…
Pis même elle est assez… vilaine la drôlesse ! Heureusement que les jumeau sont beaux et qu’ils promettent de le rester, avec une mère déesse et un père plutôt pas mal à c’qui s’disait ils ne peuvent que l’être.

J’en vins à me demander comment ils seraient ; La belle petite Lucrezia avec une chevelure Doré comme sa mère des yeux bleus limpide ou alors des cheveux fauve comme sa tante, qu’importe les deux femmes sont sublimes.
Et Aaron ? Brun comme son père ou blond comme sa mère ? Des traits Italiens ou français ?

Mes pensées parties dans leur lancée, gravirent quelques marches de plus dans mon imagination, à quoi ressemblerait un enfant conçut avec ma femme, avec Eliance? A quoi ressemblerait cet enfant qui s’il venait à naître serai légitime ? Et qu’est- ce que ça ferait d’avoir un enfant qui n’est pas dit de « bâtard » ?
Le teint hâlé des Corellio, des cheveux comme sa mère mi roux mi blond, des p’tits yeux …

Stoppe.

Imagine plutôt, imbécile que la rousse est en ce moment même peut-être enceinte de toi hein ?
Qu’est-ce que tu ferais abruti ?
Tu prendrais tes jambes à ton cou comme un lâche en l’abandonnant !
Disait une petite voix.

Et l’autre de lui répondre : C’est bien connu, il la laisserait dans l’pétrin ! … ou pas !
Minute, il est plus responsable tu trouves pas ? Mais bon les mioches c’est toujours pas son rayon soyons honnête, même si il fait des efforts avec les tiots’ c’est pas un as des drôles !


*petit rire sadique de la première voie *

T’as entendu ça l’italien, t’es content hein la rousse elle t’colle sa môme ! T’vas pouvoir la taper comme tu faisais avec ta sœur ! À non j’oubliais toi tu faisais pire tu REGARDAIS.


Alors que mon visage se défaisait peu à peu sous les yeux amusés de mes conservateurs imaginaire, un mot résonna à mes oreilles, un mot qui pour moi avait une signification terrible, un mot qui sans cesse me ramenait vers mon passé, un mot qui m’enchainerait pour toujours à mes tourments d’autrefois…

REGARDER, REGARDER, REGARDER, REGARDER, REGARDER, REGARDER, REGARDER, REGARDER, REGARDER, REGARDER, REGARDER, REGARDER …


Inlassablement ses mots, gravés au plus profond de moi.
Sortant de ma transe pour me replonger dans le présent, je regardais faire la rousse d’un œil amusé quand celle-ci donna raison à mes voix intérieures.

« Tu vas venir avec nous ». Tel furent ses mots.

Rahhh prendre des enfants en bas âge encore passait, ils pleuraient certes mais ils faisaient pas chier, alors que sa petite la déjà elle risquait de demander une attention permanente, de jouer avec elle et tout l’tralala mais en plus à coup sûr elle viendrait s’incruster dans le lit entre nous et la adieu la vie de couple et les plaisirs charnelles, adieu les p’tites caresses par ci et les p’tites caresses par là…

Adieu le corps chaud et nue de la rousse contre moi, adieu les moments de tendresse en taverne, bienvenu dans la vie d’un homme marié !

_________________
Eleanoore
Hey ! La gamine n’était pas laide ! Bien au contraire ! Elle avait une jolie bouille. Certes, elle ne serait pas un canon à l’âge adulte mais elle ne serait pas moche. Ah ça, non !
Saleté de beau-père qui serait du genre à détester la progéniture qui n’était pas la sienne. La gamine, elle n’y était pour rien. Elle n’avait pas demandé à naître. Elle n’avait pas demandé à être brutalement arraché à sa vieille mère qui s’en était occupée et qui l’avait aimée comme sa propre fille. Puis elle n’avait pas demandé à se retrouver avec Eliance qui lui était totalement inconnue et qui, en plus, lui avait foutu la trouille avec sa crise d’hystérie passagère. Le vermisseau en question voulait se barrer. Elle n’avait pas envie d’une nouvelle famille. Elle ne voulait pas d’une mère. Et encore moins d’un beau-père.
M’enfin ! Au moment où j’écris tout cela, Eleanore ne sait rien de ses origines et du devenir de sa mère adoptive. Il est donc temps d’en venir au fait…

La petite fille ne comprenait rien à ce que les deux adultes se racontaient. Elle s’en foutait un peu à vrai dire. Elle voulait rentrer et attendait l’aide de la rouquine. Si elle pouvait se lever et la raccompagner, ça rendrait service à tout le monde… aheum…

L’odeur de la nourriture qui sortait des cuisines lui mit l’eau à la bouche. Elle voulu demander à Eliance de lui commander un plat lorsqu’elle remarqua sa pseudo-dispute avec son namoureux. Elle ferma la bouche et les laissa finir. Elle n’était pas comme les autres enfants à interrompre une conversation. Non, sa mère lui avait toujours dit : « lorsqu’un âne parle, l’autre baisse les oreilles » et elle avait bien retiendu la leçon !
De leur discussion, quelques bribes parvinrent aux oreilles de la petite, comme bâtarde, légitime et d’autres enfants débarquant de nulle part.

Après quelques minutes, on daigna faire attention à elle. Elle regarda la rouquine sans broncher. Elle ne recula pas. La crainte semblait avoir disparu. L’air grave d’Eliance inquiéta quelque peu l’enfant. Avait-elle fait quelque chose de mal ? Allait-on la disputer pour une quelconque raison ? Des conneries, elle en faisait. Mais là, elle n’avait rien fait à part obéir à sa mère…
Non, elle ne se ferait pas gronder. Le ton d’Eliance la rassura de ce côté-là. Elle l’écouta attentivement, son regard plongé dans le sien.


Maman… ? Murmura-t-elle à la terrible annonce d’Eliance. Non, non, pas celle où elle lui annonce être sa génitrice mais bien où elle lui dit que sa mère va mourir. Nouvelle assommante. La gamine se retrouvait orpheline. La seule personne qu’elle n’ait jamais aimée allait mourir… Ses yeux s’emplirent de larmes. Sa vision se troubla. Son menton se mit à trembloter. La pauvre… elle faisait de la peine quand même. Il fallait avoir un cœur de pierre pour se foutre de sa douleur.

Après lui annoncer la mort prochaine de sa mère, on lui annonce que sa mère n’est pas sa mère et que la rousse hystérique l’est. C’est cruel. La vie est parfois moche. Elle ne fait pas de cadeau. Elle n’en avait pas fait à Eleanore en tout cas. Non puis lui refourguer une mère comme ça, merci bien mais non merci ! Comme on dit : mieux vaut être seule que mal accompagné. Oui, je sais, ce dicton ne marche pas lorsque l’on est haut comme trois pommes…
Bref. Réaction de la gosse ?


MENTEUSE !

Plus un bruit. Tout le monde se retourna vers le trio. Eleanore avait de sacrées cordes vocales et malgré son jeune âge, elle savait se faire entendre. Et chacun retourna peu à peu à ses occupations, ne faisant plus attention à eux. Si Eliance et Diego voulaient s’enfuir, ce fut Eleanore qui le fit. Elle se fraya un passage parmi les gens de l’auberge et sortit de l’établissement en trombe pour finalement se fondre dans la foule. A bout de force et de nerf, Eleanore trouva un coin paumé pour se réfugier.

Maintenant, elle était bel et bien seule…
Eliance
Voilà, c'est sorti. Elle a craché le morceau. Elle aurait préféré croquer dix graines de moutarde et taire toute cette foutue vérité. Mais Eliance est quand même fière de pas avoir fui cette fois, fière d'avoir affronté le problème bien droit dans les yeux.
Sauf que s'ensuivent un torrent de larmes, un cri strident, et pshittt !!... plus de môme... Pour sûr, celle-là, c'est bien la fille de sa mère : un foutu caractère et une prédisposition pour la débandade.

Elle reste quelques instants sur le cul, par terre, comme un âne, avec tous les poivrots qui la scrutent sans vergogne. En se relevant, elle croise le regard interloqué de l'italien :

« Ben quoi ! j'ai rien fait moi ! pourquoi qu'elle se tire ?! »

L'impression d'avoir agit comme il faut, et pourtant, elle sent bien que quelque chose cloche. Elle est loin de s'imaginer qu'un peu de tact aurait pas été du luxe. Elle a pas anticipé la réaction de la gamine. D'ailleurs, elle a pas envisagé que cela puisse être compliqué d'entendre ces choses quand on est haut comme trois pommes et demi. Elle n'a pensé qu'à elle.

Après réflexion – tardive la réflexion, hein ! –, elle aurait dû pas tout dévoiler d'un coup.
Après réflexion, elle aurait dû rien dire à propos de la Jaquemine...
Après réflexion... qu'est-ce qu'elle se sent nulle ! idiote ! insensible ! maladroite ! inutile ! mauvaise mère ! pourrie jusqu'à la moelle !
Un comble quand même ! à peine mère qu'elle est déjà plus que médiocre, elle est à chier ! déplorable ! minable ! désastreuse...

Son incapacité à gérer les problèmes lui saute d'un coup au visage.
D'ordinaire, elle oublie, mais là... est-ce qu'elle peut ignorer – volontairement cette fois... – une gosse, SA gosse, SA fille ?
Elle est en colère la rousse. En rogne contre elle-même, contre cette mioche qui comprend rien à ses bonnes intentions, contre Diego qui aurait dû lui dire comment faire, lui qui a déjà vécu ça ou presque, contre ces péquenots qui la dévisagent et la jugent sûrement déjà sans rien connaître de l'histoire, contre ce tavernier de malheur qui a crié son nom,... contre le royaume entier !

Le comptoir soutient ses états d'âme, ainsi que ses coudes et ses yeux dévastés. Ça cogite ferme là-haut. Sauf que c'est plus le bordel qu'autre chose ! La mioche, le problème, est partie, et pourtant, Eliance est en rien soulagée. Pire, elle culpabilise sévère. C'est qu'elle songe même plus à l'abandonner sa fille... Elle VEUT la retrouver ! Elle veut pas être aussi nulle que ses parents. Elle veut donner une chance à cette gamine qui n'a rien demandée finalement. La hantise des chiards est remisée dans un coin sombre de sa cervelle. Elle change la rousse ; elle se découvre un peu plus à chaque soucis rencontré, à chaque épreuve gérée, surmontée. Elle devient plus forte à force d'erreurs stupides accumulées.


« Faut que je la rattrape ! »

Elle a tourné les talons aussi sec, bien décidée à réparer ses erreurs. Mais aussi sec, la voilà de retour...

« Cré nom de nom ! je connais même pas son nom à la 'tiote... j'vas pas arpenter les rues si je peux pas beugler quéque chose ! »


Elle ressort la lettre de Jaquemine et la relit rapidement.
« Elle pouvait pas l'écrire quelque part comment qu'elle l'a appelé, non ?! foutue rebouteuse ! »

À nouveau accoudée au comptoir, le crâne soutenu dans ses mains, la rousse réfléchit, essayant de trouver LA bonne idée qui pourra lui faire rattraper le coup.

« Et pis tant pis si j'ai rien à crier. J'vais chercher avec mes yeux !
Diego, vous m'aidez ou bien ? »


Question posée à moitié, puisque ça ressemble plus à un ordre. Elle voit pas ce qu'il pourrait faire d'autre que l'aider tiens ! D'ailleurs, elle l'a déjà attiré dehors. Les voilà tous deux devant la porte de l'établissement.

« Z'avez qu'à partir de ce côté, moi j'vais de celui-là, et on se rejoint ici.
Regardez dans tous les coins hein ! j'suis sûr elle s'est cachée la vicieuse ! »


Un dernier regard gratifiant, ainsi qu'un baiser posé aux coins des lèvres du brun, suivi d'un murmure, un aveu...
« Merci... je sais pas ce que je ferais sans vous... »
et la rousse s'empresse d'aller scruter les recoins de chaque ruelles, à la recherche de sa fille.
Diego_corellio
Je la regardais se dépatouiller de la vérité avec sa môme, vérité douloureuse pour tout enfant qui comprend, hors manque de chance pour la rousse elle a fait une drôlesse intelligente, très intelligente même parce que sitôt la révélation accueillit et sa mère biologique retrouvée la voilà qui nous cause déjà des problèmes en filant à travers les clients.

Et merde, elle n’aurait pas pu être mignonne et soumise, suivre sans broncher au lieu de choisir la facilitée et de se barrer ?!
Faites des gosses !

Fin’ bon quand même j’crois qu’j’aurais fait de même, si on m’avait annoncé un jour une telle nouvelle, si on m’avait dit que j’ai passé mes premières années à appeler une étrangère « maman ».
Dès la disparition de la petite, l’incompréhension fait place sur le visage de la rousse.

Ça vous aurez tué un peu de … tact ?

Je me doute, en regardant sa mine les tourments qui l’agitent, qui ne l’aurait pas été ?
Voilà simplement quelques minutes qu’elle a retrouvé sa fille après tant d’années et mes craintes de refaire surface, car déjà elle pose des problèmes en se tirant tain’ elle à pas l’droit de les contrôler ainsi la mioche, elle n’a pas l’droit de foutre le bordel dans leurs vies comme ça,
Passant mes bars autour de la furie en signe de réconfort, je me demandais comment on allait retrouver la chieuse qui était partie, réponse qui arriva dans la foulée : y avait plus qu’à chercher! l’énergumène qui avait dû se faufiler par la dans un trou de souris. Bah tiens !

Comment chercher quelqu’un dont on ne connait ni le nom ni rien du tout et que l’on aperçut que quelques minutes ?

Partant dans la direction indiquée, j’arpentais les rues d’un pas rapide, ayant l’espoir que la fillette se trouverait dans cette portion de rue dont j’étais en charge de fouiller, ainsi je n’aurais cas dire que je ne l'avais pas trouvé et comme ça au diable la gosse, plus de tourments et tout pourrait revenir comme avant.
Comme pour me parler plus à moi-même qu’aux gens m’entourant dans la rue je lançais :

Viva la vita, soprattutto senza bambino!
*

Des mots prononcés de ma bouche et qui m’amenèrent à réfléchir, sur mes actes, sur mes intentions, et mes pensées si horribles, j’avais pas le droit d’abandonner la fille de ma femme, en tant que beau-père j’avais le devoir de la nourrir et de la protéger et non de la livrer à un monde qui ferait d’elle une fille des rues, voir une catin selon les rencontres qu’elle ferait, j’avais le devoir de revenir sur mes pas et de fouiller chaque recoins pour retrouver cette fille qui bientôt faudrait que je considère comme ma fille.
Je devais la retrouver, tournant dans une ruelle sombre, je m’assis sur un amoncellement de bois et de détritus, la tête entre les mains écœuré des pensées qui avait, ne serai-ce qu’eut le malheur de me traverser l’esprit.

Mais qu’est ce qui tournait pas rond chez moi ?

J'commençais à croire que j’étais vraiment une ordure de premier degré quand un reniflement ou quelque chose qui s’en rapproche me tira de mes pensées ou plutôt de mes lamentations, me penchant sur le côté, je regardais dans la petite cavité exiguë qu’avait formé les débris.
Tout d’abord, le noir obscurcit ma vision, ne voyant rien j’allais me relever quand un mouvement dans le trou attira mon attention, quittant mon perchoir je fis le tour et passais de l’autre côté de l’amoncèlement histoire de vérifier qu’il n’y avait pas de sortie possible pour ce qui se dissimulait sous ces détritus en priant tous les saints pour que ce soit la fille d’Eliance.

L’observation terminé, n’ayant vue qu’une unique issu, je m’avançais à l’entrée du trou et regardais ce qui s’y trouvait, attendant avec impatience que mes yeux daignent s’accoutumer à la pénombre, je distinguais enfin les contours d’une personne, de petite taille d’après une observation plus poussée.
Maintenant en accord avec l’obscurité, je me retrouvais à dévisager la fille d’Eliance.

Et maintenant j’devais faire qui moi ? Elle était coincée, elle ne pourrait s’échapper mais, QUE DEVAIS-JE FAIRE ?
L’attraper de force et l’emporter ?
M’assoir la avec elle et bavasser en lui disant que c’était qu’une blague ?
La gronder pour son inconduite ?

Là j’avoue que j’étais complètement paumé face à une môme haute comme trois pommes, comment une si petite chose pouvais à ce point tourmenter un homme qui plus est un homme insensible ?
Je choisis donc, je ne sais par quel … miracle ? De n’opter pour aucune des solutions et de m’assoir à l’entrée du trou, sachant qu’elle ne pourrait s’enfuir qu’en me sautant dessus et elle n’avait pas le force suffisante pour cela donc, je pouvais lui taper la discute sans grand dangers.
Une phrase mal assurée, des mots prononcés au hasard, bref l’improvisation :

…Sinon tu ne veux pas m’dire comment tu t’appelles, parce que bon j’suis pas devin moi…

Un semblant de boutade envoyé, qu’y avait-il de mieux à faire ?



*vive la vie, surtout sans mioches

_________________
Eleanoore
La gamine avait finalement trouvé un trou où se nicher pour me pleurer en silence. Seuls ses reniflements auraient pu la trahir. Mais heureusement pour elle, aucun adulte à l’horizon. Oui, elle ne voulait pas risquer d’attirer l’attention de l’un d’eux. On l’assommerait de questions stupides et on la forcerait à aller je ne sais où pour la refourguer à je ne sais qui.

Et maintenant qu’elle était seule, qu’allait-elle devenir ? Une racaille obligée de voler pour se nourrir ? Ou pire ! Une future catin, faute de mieux ? Ou alors, si elle avait de la chance, elle serait recueillie par une gentille petite famille qui s’occuperait d’elle… ou pas ! Bah ouais, elle pourrait aussi tomber chez des pas gentils, tout doux qui l’obligeraient à faire le ménage et la bouffe. Un peu comme Cendrillon quoi ! Ou bien elle mourrait de faim et de soif et… Et voilà !
La vie est ignoble, vous en conviendrez…

Après un long moment, des pas se firent entendre. La gamine ferma les yeux et se recroquevilla un peu plus sur elle-même, comme si cela la cacherait de celui qui était là. Elle essaya de ne faire aucun bruit mais… en vain ! La pauvre enfant renifla. Elle entendit l’inconnu bouger, aller d’un côté à l’autre pour finir par se poser, bloquant la seule issue possible. Foutu adulte ! Pourquoi qu’il était d’abord ? Eleanore ne demandait rien à part peut-être qu’on lui foute la paix. Mais ça, visiblement, ce n’était pas gagné…

Une voix masculine s’éleva. La gamine grimaça et garda le silence. Qu’est-ce qu’il fichait là ? Qu’est-ce que ça pouvait lui faire comment elle s’appelait ? Peut-être qu’en ne parlant pas, il s’en irait. Peut-être… peut-être pas. Il semblait patient et la petite fille n’eut d’autres choix que de sortir de sa cachette, timidement.


E… El… Eleanore… Balbutia-t-elle, levant les yeux vers l’homme pour découvrir celui de tantôt. Le joli minois brun se ferma aussitôt.

T’es méchant.

Et BIM !

Et t’es même pas beau en plus !

La vérité sort de la bouche des enfants, n’est-ce pas ?

Je veux pas te voir !
Eliance
Les yeux écarquillés, le pas lent, à l'affût du moindre mouvement, elle explore une bonne partie du quartier en vain. Tout ce qui attire son œil, ce sont des rats, chats et autres habitants ingrats des pavés qui fouinent les détritus délaissés au sol. Aucune trace de la mioche.
Elle a bien pensé interroger les passants. Mais pour dire quoi...
« Vous auriez pas vu une fillette, brune, petite ? » Un peu vaseux comme description. Elle sait même pas son nom, se souvient plus de ses frusques, ni de la couleur de ses yeux. Son visage ? peut-être elle la reconnaîtrait même pas si elle passait à trois coudées.

Elle traîne ses croquenots jusqu'au point de rendez-vous en espérant y voir Diego. Seul ? Accompagné ? À vrai dire, elle ne sait plus bien ce qu'elle veut, ce qu'elle espère. Elle veut juste le voir en fait. Retrouver son mari, et partir, loin. Peu importe avec qui d'autre. Toujours est-il que personne n'est là.
La rousse se laisse tomber lourdement sur le pas de la porte de l'auberge. Personne n'en sortira plus à présent. Les rues commencent à être désertes, le calme envahit la bourgade, mais pas l'esprit d'Eliance. Genoux remontés sous le menton, elle se balance d'avant en arrière, doucement, pour essayer d'apaiser la tempête qui gronde sous sa tignasse. Mots violents, côté sombre déchaîné, reproches en cascades, insultes qui claquent dans l'air, cris effrayants. Le tumulte est assourdissant là dedans.

Un mot est prononcé, à peine audible...
« Diego ». Pourquoi il est pas là ? Elle a besoin de lui. Plus que jamais. Elle veut le savoir là. Le sentir contre elle.
Il la fait se sentir vivante, importante. Il la fait exister. C'est lui qui lui insuffle le courage de vivre. Et là, loin de lui, accablée par les maux, elle n'est plus rien du tout, elle suffoque.

Elle se lève d'un bond et se met à courir dans la direction indiquée à l'italien tantôt, criant son nom d'une voix angoissée.
Diego_corellio
Mais pourquoi fallait-il toujours que les mioches fassent des histoires ?
Ça aurait été si simple si elle m’avait dit simplement son nom et qu’elle m’avait suivie gentiment, je l’aurai ramené à sa mère et Basta !
Seulement voilà rien n’était jamais simple et une fois de plus j’allais m’emmerder !

Une pensée aux jumeaux, que j’espérais plus dociles, même si il est évident que vu les parents et le caractère, il ne fallait pas se bercer d’illusions, ils seraient de nature rebelle.

Eleanore.

C’était donc comme cela qu’elle s’appelait…
Bref et maintenant, comment traiter avec une gamine qui n’est pas la sienne ?
Dieu sait que j’aimerais avoir Ayla sous la main… Elle, elle saurait s’y prendre, elle saurait quoi lui dire pour qu’elle se sente en sécurité, quoi faire pour la ramener à la rousse.

Putain j’fais quoi là ??
Sono come un stupido, e dire che sono padre e che vado a dovere gestire ciò!
mamamia sono un uomo morto.*


Esquissant un sourire engageant envers la fillette, je lançais :

Pourquoi tu te caches ? Te terrer ici ne règlera rien tu sais…
De toute façon il faut que tu acceptes ta nouvelle vie, et elle n’est pas si terrible.
Pas grave que tu me trouves pas à ton gout, ce n’est pas à toi qu’j’suis sensé plaire mais à ta mère, ça tombe bien non ?
Bref, viens elle s’inquiète et puis on va pas passer la nuit dans c’trou ?


Je tendis la main à la gamine, espérons qu’elle suive sans rechigner, toujours est –il que je ne bougerais pas de l’entrée du trou tant qu’elle ne m’aura pas donné sa main et si elle ne me la donne pas tant pis, je la prendrais moi-même mais ce qui est sûr c’est que je ne repartirais pas sans elle.

Alors que j'attendais que la mimine de la mioche se pose dans la mienne j'entendis les cris d'une rousse, la mienne ou plutôt son appelle...

Ni une ni deux, je me carapate en oubliant la gosse et la rejoint essoufflé.

Pourquoi m'avez vous appelé ?



*Je suis comme un con. Et dire que je suis père et que je vais devoir gérer ça ! Je suis un homme mort.

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Eliance
Au coin d'une rue, elle voit débouler l'italien. Son italien. Seul. Il court à perdre haleine. Personne le suit. Il vient vers elle.
Un sourire se dessine sur le visage jusque là angoissé de la rousse. Il est là. Tout va bien maintenant. Il est là, debout devant elle. Elle le dévore des yeux. Malgré ce qu'il peut dire, elle lui appartient la rousse. Elle est tout entière à son mari, aussi stupide que ça puisse paraître.

Une étreinte. Forte. Puis des mots...


Cette mioche, elle veut pas que j'sois sa mère. Elle a pas besoin de moi. On va pas remuer la ville pour la retrouver et qu'elle s'en aille encore et encore !
Et puis... vous m'avez pas imposé les jumeaux. J'peux pas vous refourguer la mioche de l'Autre.
Alors on n'a qu'à oublier. On oublie tout et on avance. Le passé, c'est le passé...


La fuite. Comme toujours. Seulement cette fois, elle entraîne Diego avec elle et elle laisse en plan une gamine. C'est plus fort que tout. Elle veut oublier ce qui a été et se consacrer à ce qu'ils peuvent être. Tous les deux. Aujourd'hui et demain.

Elle sait que l'italien la contredira pas. Alors la main masculine est agrippée dans la sienne et entraînée à sa suite.
Loin de cette ville. Loin de cette gamine. Loin de son passé.
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