Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Ils mourront tous, mais toi je te sauverai ...

Ayla.
Alors qu’elle s’engouffre dans la sombre venelle, l’atmosphère autour d’elle se métamorphose jusqu’à ce que l’air se charge, lui aussi.
L’odeur putride de la chair en décomposition.
L’odeur glauque de la mort qui plane sur les âmes qui vivent dans ce taudis.
La ruelle est calme. La bruine épaisse et étouffante à prit possession des lieux, simple endroit, et désormais le théâtre de la mort, simple rue devenue cimetière ambulant.

Elle a troqué les couleurs criardes qu’elle porte habituellement, pour un vêtement qui s’accorde mieux au lieu et circonstances.
Elle porte les couleurs de la mort.
Non, pas les couleurs, car le noir n’en est pas une, elle a juste revêtue l’habit de la mort elle-même.
Longue cape battant au vent, capuche dissimulant ses traits.
Démarche souple à la dangereuse grâce.
Elle se fraie un chemin, hermétique aux agonisants crachant leur sang sur les pavés.

Elle poursuit jusqu’à son but.

Ceux-là sont perdus de toute façon ne leur restant que quelques heures à vivre.
Ils ne l' intéresse pas.
Elle s’arrête devant une porte close. Derrière, des sons étouffés, des pleurs, des bruits de toux, des voix qui ne sont plus que murmure.
Déjà trois jours qu’elle descend ici.
Trois jours que l’horreur se poursuit, que les cadavres se font plus nombreux.
Pourtant ça avait commencé quelques jours avant.
Maintenant qu'ils savaient, ils avaient peur et cela se sentait.
Trois jours qu’elle choisit ici des victimes pour essayer de trouver le remède, la solution qui les sauvera.
Que La sauvera. Car elle ne La laissera pas mourir. Pas comme ça.

Chaque jours une nouvelle recrue.
Chaque jours une nouvelle vie qu’elle place entre ses mains...
Et chaque fois le même résultat, le même échec qui retentit et nargue les efforts qu’elle déploie pour défier la mort.
Elle se refuse à exercer sur des enfants. Trop douloureux même pour elle.
Coup d’épaule sur la porte, grincement sourd et plaintif du bois qui se meurt.
Cette même odeur âcre en entrant dans la masure délabrée et insalubre.
Ils sont trois. Deux agenouillés à côté d’un homme, la trentaine passé.
Livide, écumant de sueur, quelques gouttes de carmin s’accrochant obstinément au coin de ses lèvres.
Il ne lui reste pas plus de trois jours à vivre.
Elle s’approche, ils lèvent vers elle leurs visages baignés de larmes implorant la main glacé de la mort de patienter encore.
Elle s’agenouille emmurée dans son silence.
Dextre venant se poser avec douceur sur la poitrine du condamné, geste contrastant avec l’inexpressivité de son visage figé.

Un simple contacte, un simple effleurement qui lui apprend l’essentiel.
Bras se glissant derrière les épaules de l’homme, elle l’invite à se relever.
Ensemble ils sortent.
Derrière eux, des sanglots étouffés. Ils pensent que la mort est venue en personne enlever leurs fils agonisant.
Ils pleurent cette âme qui est monté trop tôt aux cieux.
Elle, ne prête l’oreille à ces giries trop souvent entendues.
Ils pensent qu’elle est au service de la mort.
D’un certain côté ils ont raison.
Elle l’emmène, lui, pesant de tout son poids contre son épaule.
Loin.

_________________
--Dodo


La rumeur plane. La rumeur plane et moi j'agonise, comme pour lui donner raison. La maladie est là. Tout autour. Elle rôde. Ou plutôt, la mort rôde, avec son odeur infecte. Elle envahit mes poumons, elle me fait cracher. Ou est-ce la maladie qui me fait cracher ? Je ne sais plus. L'une est liée à l'autre de toute manière, l'une travaille pour l'autre, l'une fournie l'autre en corps décharnés. C'est ainsi. Elles ont la même puanteur, la même insolence, la même volonté, la même puissance. Mais une autre rumeur court ces derniers jours, parmi les survivants. La rumeur de l'espoir. Il en faut toujours une, pour ceux qui respirent encore. Cet espoir est incarné par une femme, une femme qui guérirait les malades. Personne ne la connaît, mais certains l'ont vu emporter des miséreux avec elle. Certains disent que c'est la faucheuse en personne, d'autres pensent réellement qu'elle les a guéri et leur a offert une vie meilleure, ailleurs, loin de ce chaos, puisqu'ils ne sont jamais revenus. La rumeur est tenace. L'espoir aussi.

Moi, je n'ai plus d'espoir. Des jours que je ne suis plus qu'une ombre suante et crachante. Je sais que je vais mourir, comme mes frères avant moi. J'aurais été le dernier. Seule Maman n'a rien, pour le moment. Elle, qui s'est pourtant occupée de tous ces fils agonisants. Elle qui nous a veillé la nuit depuis des semaines, chacun notre tour. J'ai cru y échapper à cette saloperie. J'ai cru qu'elle m'épargnerait. J'ai aidé Maman, j'ai regardé mes frères s'en aller, les uns après les autres. J'ai cru que pour une fois, je ne serais pas atteint, moi, le faible de la fratrie, celui qui passe ses journées alité à cause des rhumes et autres maladies en tout genre qui ne touchent que ma poire. Moi qui aurait dû mourir depuis longtemps, comme mes frères aimaient à me le rappeler pour me chahuter.

Dodo. Ils m'ont appelé Dodo, pour me signifier que je ne sers à rien, que je ne fais rien, que je ne suis qu'une bouche de plus à nourrir. Ils avaient raison. J'aimerais libérer Maman de mon poids. Qu'elle ne s'inquiète plus. Qu'elle s'en aille d'ici, qu'elle parte loin. Qu'elle vive. Au lieu de ça, elle est constamment penchée sur moi, à humidifier mon front, à susurrer des comptines, des histoires, ou de simples mots réconfortants. Aujourd'hui, quelque chose est différent. Elle m'a amené à la lueur du jour, porté dans ses bras maigres. Je n'ai d'abord pas compris, ébloui par la clarté du jour. Puis elle a couru et appelé. Et là, j'ai percuté...


- Madame ! Madame !
Prenez mon fils ! Prenez-le ! Guérissez-le !
Les gens disent que vous guérissez... s'il vous plaît... il est si jeune... il doit vivre... mon dernier fils...


Je n'ai pas assez de force pour voir son visage. Mais je le sais suppliant, désespéré. Ma pauvre Maman, tu as bien raison, débarrasse-toi de moi. Faucheuse ou guérisseuse, peu importe. Laisse-moi à cette femme et va-t'en. Mes lèvres asséchées peinent à bouger. Je ne sais pas si un son sort de ma bouche. Je ne sais pas si elle m'entend.

- Laisse-moi... Vis...
Ayla.
Alors qu’elle traverse la ruelle d’un pas qui se veut rapide, ralentie par le poids de l’homme qu’elle doit pratiquement porter, elle les voit, une fois de plus, leur nombre augmentant sans cesse.

Elle avait déjà pu constater les ravages que causait la peste. Des villes entières s’étaient vues décimées, elle se souvenait que trop bien de l’enfer qui avait régné.
Au début simple épidémie, simple maladie, les mères bassinaient leurs enfants comme elles avaient l’habitude de le faire. Puis, il était apparu évidement que la maladie prenait des ampleurs considérables.
Elle s’en souvenait, occupée, déjà à cette époque à soigner les mourants elle l’avait vue, l’avait écouté.

C’était un voyageur originaire de Florence. La bas le combat contre la grande faucheuse était déjà engagé depuis plusieurs semaines déjà. Il avait fui, mais ses transports furent bien vains, elle le rattrapa.
Alors que le carmin se déversait de sa bouche écumante il lui avait appris ce qu’elle devait savoir sur, comme ils l'appelaient la bas "La grande moria".
Rien ni personne ne pourrait arrêter cet engrenage meurtrier qui avait été activé, la mort était en marche frappant de sa main glacé quiconque avait le palpitant encore en forme.

Il avait confirmé les craintes qui, la nuit venue lui ôtaient le sommeil. Personne ne se posait de questions, attendant simplement que cela passe mais ça ne passerait pas.
Et désormais elle en avait la preuve. Il était mort au matin alors qu’elle bassinait son front.
Quelques jours après elle était alitée, crachant ses poumons, se vidant de son sang, écumant, le buste constellé de taches noirâtres.
Elle allait mourir.
Elle avait fait de longs cauchemars dans lesquels elle agonisait.
Trois semaines plus tard elle sortait de sa transe et quittait le lit affaiblie et amaigrie découvrant qu’autour d’elle tout n’était plus que mort et corps en décompositions.
Elle, était sauve.

C’est à cela qu’elle pense lorsque les badauds sans espoirs la hèlent.
A cela qu’elle pense alors qu’une mère la supplie de sauver son fils.
Elle n’est pas ce qu’ils pensent.
Ayla est un ange de la mort qui offre juste un répit, leur laissant gouter aux joies de vivre en dehors d’un taudis.
Une fraction de seconde sa vision croise celle, anéanti de la femme.
Trop tard.
elle est prise au piège de cette vision.
Pourtant elle continue sa route, bifurque et quitte cette ambiance funeste pour se diriger vers la forêt, calme et apaisante, d’une démarche assurée elle s’enfonce au plus profond de celle-ci, s’arrêtant devant une chaumière de taille moyenne.

Elle allonge l’homme sur l’herbe, l’aide à se dévêtir sans se formaliser de sa nudité puis l’abandonne quelques secondes.
Elle pousse la porte d’une maison qu’elle a remise en état, à l’intérieur, une propreté irréprochable se distingue d’abord, puis de confortables couchettes individuelles.
Au fond se trouve une table avec au-dessus des étagères impeccablement rangées croulant sous les sachets, pots, écuelles. De l’autre côté des étagères encore, supportant des linges. Enfin, sur le même mur des claies y sont accrochées occupées par des plantes et racines qui finissent de sécher.
Au centre un baquet d’eau claire est installé.
La pièce plutôt grande comporte deux fenêtres et deux portes, l’une donnant sur l’extérieur et l’autre donnent sur une petite pièce.
Là elle se saisit d’un linge et d’une chemise propres ainsi que d’un pain de savon avant de revenir vers le malade de le soutenir et l’entrainer vers la rivière pour l’aider à se décrasser.

Enfin lavé elle le laisse pénétrer son espace, l’étend sur une des paillasse avant de fermer la porte et de partir en courant vers le bourg obsédée par la visions de la mère en larmes.
Elle ne met guère de temps à la retrouver.
Elle se penche sur le jeune garçon tout juste atteint. S’il se bat il lui reste environ quatre jours, mais il est probable qu’il meurt avant étant donné sa maigreur.
Elle le prend délicatement dans ses bras et l’emporte avec elle sans un mot pour la mère.
Elle ne veut pas lui donner d’espoir. Parce qu’il n’y en a pas. Il mourra comme les autres.
Elle peut juste essayer de tester des remèdes qu’elle concocte dans l’espoir de trouver celui qui fonctionnera.

Elle refait le chemin inverse en courant, l’enfant serré contre sa poitrine, une fois arrivée, elle procède au même rituel prenant également des vêtements propre pour elle et l’enfant qu’elle emmène au décrassage.
Ses gestes son précis et méthodiques conservant une certaine douceur maternelle lorsque ses mains savonneuses glissent sur la peau enfantine.
Elle le sèche, l’habille, procédant de même pour elle avant de le prendre à nouveau dans ses bras et de l’emporter pour l’installer à table et commencer par lui donner à manger une épaisse tranche de jambon du pain et de l’eau.

Durant tout ce temps elle ne prononce pas un mot.
Car les mots ont le don de lier les gens.
Or elle ne veut pour rien au monde s’attacher, sachant qu’elle les fera mourir malgré ses efforts.

_________________
--Rhous
J’suis en train d’crever !

Je crache, je sue et tousse comme si je voulais à tous prix expulser le démon qui me ronge de l’intérieur.
Hier encore, avec mes vieux parents nous nous occupions de ma jeune sœur qui se mourrait.
En la regardant j’avais fait la prière d’être emporté à sa place et aujourd’hui ma prière allait se réaliser. Alité depuis le matin, j’avais commencé à toussoter, puis des douleurs étaient apparues.
Seulement dans ma prière j’avais oublié de préciser que j’voulais être emporté si ma sœur était sauvée. A croire que l’bon dieu est finalement plus con qu’moi et qu’il comprend tout d’travers !
Mes parents n’ont pas encore été atteint par la maladie, mais si ce n’est-elle qui ne les emporte, le chagrin prendre la relève et finira de couper le fils déjà prêt à rompre.
Ils ont barricadés la porte pour que personne ne vienne nous contaminer plus encore.

Pourtant des coups retentissent, je les entends entre deux quintes de toux.
Puis Elle est là. La voici la faucheuse qui vient pour m’embarquer au royaume des morts.
Elle s’approche d’une démarche assurée. Moi qui croyais que la faucheuse était une vieille, là j’avoue que même presque mort je ne peux qu’avoir envie de la voire nue. En plus d’être jeune, probablement plus que moi, je dirai la petite vingtaine, Elle a un visage d’ange. Mais pas un visage d’ange du paradis. Non un visage d’ange de la mort.
Je ne savais pas que la mort avait des traits si harmonieux mais je suis ravie de l’apprendre.
Elle approche encore, me relève et me tient debout contre elle avant de m’entrainer à sa suite.

Heuu pourquoi on s’envole pas ou je ne sais quoi ?
Coordonner mes mouvements sur les siens me demande beaucoup d’efforts d’autant plus qu’elle trace vite, je sais pas où je vais mais ce qui est sûr c’est que j’y vais !
Soudain la saveur de l’air change, Elle est … meilleure, plus respirable. La forêt. Un endroit où je n’ai jamais mis les pieds.

Je me sens partir en arrière et pense que ça y est j’y suis mais pas du tout, je me retrouve allongé sur l’herbe … complètement nue.
Elle revient me traine à nouveau pour me foutre dans une eau particulièrement saisissante !
La seconde d’après ce sont ses mains sur ma peau, elles ne me caressent pas elles me frottent énergiquement…me … me lavent.
J’ai envie de la saisir lorsqu’elle passe sur mon torse pour la descendre plus bas mais je me contente de savoir cet ultime plaisir, d’autant plus que, si son visage est très beau il dissuaderait quiconque voudrait s’approcher de trop près !
Je la laisse s’occuper de moi, me ramener dans la cabane, m’allonger et puis... je sombre et je rêve d’Elle, je rêve que la mort est venue me prendre chez moi et qu’elle était belle.

Si un jour, finalement je me réveille il faudra que je leur dise à tous que la mort n’est pas l’image que nous en avons d’elle, il faudra que je leur raconte ce que j’ai vécu avec Elle, mais pour le moment je me contente de rêver.
--Dodo


La femme est partie. Je ne l'ai pas vu tourner les talons, je l'ai deviné. Je n'ai pas changé de bras, restant dans ceux de Maman. Au lieu de ça, Maman s'est assise par terre, au milieu de cette puanteur, de cette ruelle agitée par la terreur de la maladie. Elle me serre, me berce, comme lorsque j'étais nourrisson. Elle murmure des mots d'excuse. Je vais y laisser la peau. Elle le sait. Je le sais. Un moment se passe comme ça. Juste elle et moi. Je profite. Je ferme les yeux pour m'imprégner de son odeur, évinçant les autres qui essayent de prendre le contrôle de mon nez. Je me blottis contre elle. Sa voix, son odeur. Je veux tout emporter avec moi.

Deux mains me tirent de ce bien-être ultime. Deux mains douces mais fermes. Deux mains qui m'écartent de la chaleur de Maman. J'ouvre les yeux doucement, pour la voir s'éloigner. Elle est toujours assise pas terre, mais ses bras sont vides. Vides de moi. Comme son regard qui me suit, qui me dit adieu. J'aimerai lui sourire, lui montrer que ça ira. Mais j'ai peur. Simplement peur. Alors je porte mon regard sur celle qui m'emmène. Qui me tuera ou me guérira. Sur celle qui me tient, qui m'a enlevé à Maman sans dire un mot. Et le visage que j'aperçois est effrayant. Effrayant de beauté, effrayant de silence.

Je m'assoupis sans doute en route puisque lorsque mes paupières se soulèvent, je suis nu comme un verre, en pleine forêt, à me faire récurer la couenne par la femme mystérieuse. Ses mains me font penser à celles de Maman. Elle a cette manière ferme et tendre de frotter. Elle ne parle pas. Elle ne parle toujours pas quand elle m'habille, ni quand elle me porte, ni quand elle m'installe devant une table pour manger. Je me force à ingurgiter ce qui est devant moi. Je mâche difficilement, entre deux quintes de toux, mais je me force. Pour rendre la chose moins dure, j'examine ce qui m'entoure. La chaumière est sombre et assez étrange. Je n'ai jamais vu autant de bocaux, de plantes. Le tout rangé dans un bordel qui semble savamment organisé. Mon regard finit par tomber sur un homme allongé sur une paillasse, il semble condamné, comme moi, avant de revenir sur la Mystérieuse. Je détache lentement de ma ceinture une bourse avec quelques maigres écus dedans. Maman avait tout prévu. Elle savait qu'elle prendrait soin de moi. La bourse est posée sur la table et poussée vers la Mystérieuse d'une main tremblante.


Pour... le jambon. Puis pour le reste.
Ayla.
Alors qu’elle laisse manger le jeune garçon, elle se pose aux côtés de l’homme assoupie et lui bassine le visage d’un linge humide et propre.
Bientôt elle pourra commencer son traitement en cours de préparation.

Jusqu’alors, les nonnes et moines –car s’est eux qui s’occupaient de soigner la populace- prescrivaient des saignées ainsi que de l’eau de rose à répandre sur le visage.
Hors, la brune avait fait des tests et ils étaient formels ; la saignée ne faisait qu’affaiblir le malade. En effet, il perdait déjà beaucoup de sang ce qui diminuait ses chances de survie alors en lui vidant les veines pour « purifier » ils ne faisaient que le pousser dans la tombe.
Quand à l'eau de rose elle rafraichissait plus qu'elle ne guérissait.

Ce qu’elle faisait était assez illégal en fait mais elle s’en foutait.
Seuls les personnes étant passés par l’université ou étant entrées au service de l’ordre religieux était habilitées à soigner.
Elle, avait appris avec sa mère adoptive.
En étudiant les différentes épidémies de pestes qui avaient déjà eu lieu elle en était arrivé à la conclusion que cette maladie, surement comme beaucoup d’autre se propageaient lorsque des gens entraient en contacte et se côtoyaient.
La solution la plus simple et surement la plus efficace serait alors d’inviter chacun à faire des provisions en conséquence et de s’enfermer à double tour chez soi, de se laver régulièrement les mains au vinaigre et de porter un linge propre et régulièrement changé devant la bouche.
L’ennui c’est que personne n’écouterai les propos d’une hors la loi non diplômé et autorisé à posséder les clés du savoir des plantes et de la guérison.
Parce que la société dans laquelle évoluaient aujourd’hui la populace n’était question que de rangs et de classes sociales.
Elle, était en marge de cette société qu’elle ne comprenait pas.

Jusqu’à maintenant les remèdes testés n’avait pas fonctionnés, ils avaient justes soulagés les douleurs éprouvés par le patient.
Aujourd’hui elle cherchait à renverser la donne, elle voulait prolonger les jours du malade dans un premier temps quitte à ce qu’il souffre et dans un deuxième temps enlever à son temps de vie supplémentaire les douleurs.
Ambitieux projet. Peut être trop.
Mais chaque chose en son temps.
Pour cela elle avait eu une idée qui n’avait encore jamais été explorée ; traiter le mal morceaux par morceaux.
Traiter les symptômes séparément au lieu d’essayer de faire d’une pierre de coup.

Elle se relève, saisissant sur les étagères deux pots contenant des bourgeons fraichement ramassés et à première vue identique, l'un de cassis et l'autre de Saul blanc, pour les jeter à macérer dans de l’eau, puis de se tourner vers le petit garçon pour l’observer.
Si elle voulait de le maintenir en vie il faudrait d’abord qu’elle le nourrice en conséquence et s’applique à enrayer la fatigue et la faiblesse de ce jeune corps, probablement né avec des complications à la naissance ou alors né trop tôt avant son terme.
Elle avait déjà rencontré un enfant à la même allure faiblarde, toujours malade et attrapant les pires saloperies. La petite avait survécu grâce aux bons soins de sa mère et toujours sous surveillance d’une personne suffisamment qualifiée pour prévenir du moindre rhume.

Elle attend patiemment qu’il finisse de manger, comptant bien l’engraisser, le regardant avec curiosité dénouer sa ceinture et lui tendre une bourse maigrelette.
Elle s’agenouille devant lui pour se trouver à sa hauteur et poser une main douce sur son épaule, le visage grave mais bienveillant et sincère.

Je ne veux pas de ton argent petit. Ta maman en a plus besoin que moi. Je la lui ramènerai.
Tu es ici parce que tu es malade et que tu vas probablement mourir dans quelques jours.
Tu es ici parce que même si il n’y a pas d’espoir, je vais essayer de te soigner quand même.
Maintenant viens, je vais m’occuper de toi.


Joignant le geste à la parole, elle l’entraine vers un petit baquet, lui fait se laver les mains au vinaigre et fait de même pour elle puis l’invite à se coucher, veillant à ce qu’il soit confortablement installé puis lui caler la tête avec un gros oreiller, approchant un bol contenant les même bourgeons que ceux jetés dans la décoction.
Même si ce n'est qu'un enfant elle ne veut pas le bercer d'illusions. Au mieux il aura une surprise en se réveillant plus de jours que prévue et au pire il aurait le temps de se préparer à la mort.
Elle se porte à sa hauteur , enflamme les bourgeons veillant à ce qu’ils ne brulent pas seulement à ce qu’ils dégagent une épaisse fumée et la porter au nez du jeune enfant.

Respire bien fort la fumée même si c’est très désagréable.

Le ton employé est doux mais ferme et qui n’admet pas qu’on discute.
Après s’être levée et avoir rajouté les même plantes à celles déjà ravagées par la chaleur dégagée dans le bol posé près de l’enfant, elle sort celles qui avaient été laissées à infuser les essorant et les pressant afin que le précieux liquide qu’elles contiennent se perde dans la masse d’eau avant de passer sa main sous la nuque de l’homme pour le lui faire boire.

Les deux mêmes plantes, aux mêmes propriétés administrées sous de formes différents pour des résultats probablement différents, les propriétés de modifiants selon la façon de les faire cuire et réagir avec d’autres éléments.

_________________
--Rhous
Je ne sais pas durant combien de temps je me suis assoupie mais dieu que ça fait du bien.
Depuis des mois je rêve de dormir de ce sommeil et là il est enfin arrivé !
En plus j’ai rêvé. J’ai rêvé d’une femme belle et étrange qui prenait soin de moi en commençant par me sortir du taudis dans lequel je vis, une femme qui m’offrait la vie que je voyais ces derniers jours s’écouler de ma bouche en un visqueux carmin.

Et puis tout d’un coup, alors que j’émergeais, j’ai tendu l’oreille, narines aux aguets.
Pas un bruit, tout est calme, alors que d’habitude on entend les cris provenant de la rue.
Pas d’odeur dégueulasse juste un léger parfum de propre, de forêt et de plantes.
Mes yeux jusqu’alors clos s’ouvrent et la réalité prend son sens. Je n’ai pas rêvé, je vis un rêve éveillé.
Un rêve qui peut être court comme il peut être long. Tout dépend d’Elle.
Je La regarde s’occuper du gosse que je remarquais seulement maintenant, dans un état similaire au miens. Elle lui fait respirer de la fumée.

Pas sûr que tout ça soit très conforme mais au point où j’en suis tant qu’elle prolonge mes jours ou au moins les rends meilleures rien à foutre !
Puis vient mon tour, elle me surélève pour que je boive, situation plutôt humiliante d’ailleurs.
J’ai envie de recracher son truc c’est juste infâme !
Elle me repose et s’éloigne.
Quelques minutes passent.

J’ai envie de lui parler, lui dire que je lui suis tellement reconnaissant pour ce qu’elle fait mais tout ce qui me monte à la bouche c’est de la bile au gout de sang.
Je plaque ma main sur ma bouche, laissant échapper un cri étouffer histoire d’attirer son attention avant de vomir dans le bassin qu’elle me tend.

Je crache un mélange du machin dégueulasse qu’elle m’a fait boire, de sang et d’eau.
J’ai la peste, je ne peux donc pratiquement rien tenir au corps et en plus de ça je vais mourir.

Mais avant de mourir je veux au moins savoir pourquoi cet ange de la mort fait ça pour moi, pour nous, alors je lui pose la question qui me brule les lèvres :

Pourquoi vous faites ça ?
Et pourquoi nous ?
Ayla.
Deux questions.
Simples en apparence seulement.
Deux questions qu’elle savait inévitables, inéluctables.
Elle observe au travers le rideau de ses cils l’homme qui en est l’auteur.

Il parait costaud. Enfin il paraissait. Parce que même s’il se bat ce n’est certainement pas à armes égales avec la faucheuse. L’histoire tout comme l’issue sur la fin qu’aura cet homme est déjà écrite, pas besoin de décrypter les runes pour savoir qu’il va mourir.
Il aurait dû avoir une vie à vivre. Probablement pas très longue étant donné le taudis dans lequel elle l’avait ramassé mais plus que maintenant en tous les cas.

Pas de place pour la compassion parmi les traits de son visage, juste une expression neutre et de profonde réflexion.
Elle ne va pas lui mentir, pour la simple et bonne raison qu’elle n’aime pas mentir, mais aussi qu’elle n’a aucune raison de le faire.

Je fais ça pour plusieurs raisons ; la première étant que ma cousine se meure de la peste et que je veux pouvoir avoir une chance, essayer de la sauver.
Pour cela j’ai besoin de faire des expériences, de voir si les remèdes que je mets en place fonctionnent et c’est là que vous entrez en jeu.
Ensuite je vous ai choisi parce que vous en êtes au même stade de la maladie ; en effet vous n’êtes atteint que depuis quelques heures ce qui me laisse le temps de tester plusieurs choses, ma cousine en étant au même stade.
Enfin je voudrai, dans le meilleur des cas trouver une solution pour éradiquer cette saloperie.
Voilà j’ai répondu à tes questions maintenant dis moi ce que tu ressens physiquement.
Tu vas également enlever cette chemise que je vois l’évolution.


Elle attend qu’il s’exécute pour le faire allonger à nouveau et palper doucement les grosseurs noirâtres qui continuent de prendre possession du torse masculin.
Elle se lève attrape un bol rempli d’une pâte huileuse blanche et commence à enduire et masser le poitrail avant de quitter à nouveau son patient pour revenir et couvrir le tout de feuilles duveteuses.
Pas sûr que ça marche cette affaire, mais elle ne risque rien à tester et puis après tout il est là pour cela !

Soudain, alors qu’elle s’occupe de l’homme, comme souvent ses pensées s’égarent et dérivent vers le blond. Son blond.
Elle savait le temps de réflexion d’un homme très long, mais là il était carrément interminable.
Elle avait fini de tuer tout espoir d’un quelconque retour le concernant. Non il ne fallait pas espérer, il l’avait oublié et probablement même avait-il déjà trouvé à la remplacer par une femme douce et droite qui ne lui causerait aucun ennuie.
Une femme qui saurait le rendre heureux.
Finalement peut-être avait-elle eu raison la blonde, le jour où elle lui avait dit que si son mari avait été voir ailleurs c’était parce qu’elle n’avait pas su le retenir. Qu’elle n’avait pas su le contenter et s’en occuper.

Peut-être, mais leur n’était pas aux pensées sombres mais au mourant dont elle avait désormais la charge.

_________________
--Dodo



Je vais mourir. Je sais.


On me rabâche ça depuis aussi loin que je m'en souvienne. Ce n'est pas franchement nouveau pour moi. Ce qui l'est, nouveau, c'est la Mort qui ne veut pas de mes écus. Pourtant, Maman a toujours dit qu'il faut payer la Mort pour pouvoir aller là où il fait bon, pour avoir son âme en paix. À moins que Maman se soit trompée ? La Mystérieuse n'est peut-être pas celle qui recueillera mon dernier souffle ? Peu importe après tout. Si cette femme est la Mort, alors s'éteindre sera doux. Parce que tout dans son attitude est rassurant. Ses gestes lents mais précis et déterminés, sa voix suave, son visage impassible mais tellement beau. Non. Elle n'est pas particulièrement belle. Pas la plus belle femme que j'ai pu croisé dans ma petite vie en tout cas, quand on y regarde en détail. Mais ses yeux le sont. Ils subliment tout, illuminent ses traits. Ce bleu vous transperce et vous sonde. Je n'ai jamais vu pareil yeux. On s'en détache difficilement. La fièvre n'arrange sans doute rien. Mais quand même.
Je n'ai pas peur. La Mystérieuse veille. Maman peut être rassurée.

Je la suis docilement me laver, me coucher. La couche est douillette, bien plus confortable que la paillasse où on s'entassait avec mes frères. J'espère que tous les morts ont droit à ce traitement de faveur. Je respire bien fort la fumée qui sort du bol, comme elle l'a dit, réprimant des accès de toux comme je peux. La fumée pique, brûle par moment. Mais j'essaie d'être fort. Je ne dis rien. Je respire et puis c'est tout. Je jette des coups d’œil au type allongé de l'autre côté de la pièce dès que sa maladie se fait bruyante. Ce qu'il a, ce dont il souffre, je l'aurais aussi tôt ou tard. Alors j'espionne sa maladie. Je me prépare. Les questions qui rompent le silence, je me les suis posées, bien sûr. Mais à quoi bon savoir. Une réponse me paraissait superflue. Je vais mourir. La Mystérieuse s'occupe de moi. Ça me suffit, en fait.

Mais la Mort est franche. Elle répond aux questions du type. Elle n'est pas la Mort, en fait. Elle est... Sauveuse, dans le meilleur des cas. Je la regarde expliquer son affaire avec des yeux un peu vides et un discret sourire. La Mystérieuse veut sauver quelqu'un. Sa cousine.
Quelques mots sortent lentement de ma bouche, entre deux respirations de fumée.


J'espère que vous arriv'rez. Pour elle.

Avoir une utilité me rend joyeux. Aussi joyeux que les douleurs me le permettent. À ce jour, je n'ai jamais été utile. Si je peux l'être avant de rejoindre mes frères, j'en serais apaisé. Moi, elle ne me sauvera pas. Je suis trop faiblard. Peut-être le type qui crache son intérieur, là-bas. Et puis peut-être Maman et tous les autres. Ceux qui finiront par attraper ce truc immonde qui nous pourrit de dedans. Mon regard suit la Mystérieuse qui semble plongée dans ses pensées. Ce qui doit l'envahir ne doit pas être réjouissant. Essayer de sauver des gens condamner, essayer coûte que coûte. Je l'admire. Elle est la Force. Si je dois mourir ici, si le type doit mourir ici, j'aimerais qu'on le fasse gaiement. Qu'on puisse soulager son inquiétude à elle, faute de pouvoir sauver sa cousine. Qu'on puisse la remercier d'une manière ou d'une autre de s'occuper de nous.
Alors je laisse une quinte de toux remonter tout un tas de trucs ignobles dans ma bouche avant de respirer encore une fois cette fumée et de lâcher un rire, un de ceux qu'on avait avec mes frères, quand les temps et l'humeur nous le permettaient.

On dirait presqu' une famille ici, hein !
Lui, l'est vot' mari, pis moi j'suis vot' valet, ou bien vot' fils.
Et du coup, vous êtes pas vernie avec deux miséreux comme nous !
Ayla.
L’enfant est enfin regardé avec la tendresse qu’il mérite.
Elle le sent, que tout le temps de sa jeune vie il a dû se sentir différent. Différent de par sa faiblesse. Tout comme elle s’était sentie différente par son physique.
Alors oui il a raison ils sont presque une famille. La famille qu’elle a perdue. D’ailleurs sa fille devrait avoir l’âge de ce garçonnet, elle devrait être pleine de couleurs et de vie, elle devrait vivre. Mais ça n’est pas le cas. Elle est couchée sous une épaisse couche de terre, il ne doit plus rien rester de son petit corps plein d’énergie et de son jolie minois angevin. Juste un tas d’os froid. Oui elle doit avoir froid.
Elle a rejoint les étoiles avec son père pour qu’il ne soit plus qu’un rêve qui vit.

Et puis les genoux sont posés au sol, les mains venant prendre place sur les épaules enfantines et de le regarder avec conviction et force.

J’vais essayer de te sauver, de vous sauver toi et tous les autres mais je ne pourrai pas en attendant je vais être ta maman et faire comme t’as dit on sera une famille improvisée, je te promets que je vais bien m’occuper de toi.

Et déjà elle sait ce qui adviendra, elle sait qu’il mourra et qu’elle souffrira de cette perte. Elle ne s’attache pas vite loin de là, mais face à un enfant le masque de la sanguinaire à tendance à se craqueler pour laisser place à l’ancienne Ayla, la douce, la parfaite, la mère, l’épouse modèle et non plus l’indépendante et fière guerrière qui a plus de sang sur les mains qu’elle n’en a dans les veines.

Plus tard

Deux semaines se sont écoulées. Deux semaines qu’elle n’a pas vue passer partageant son temps entre l’homme et l’enfant qui chaque jour perdaient un peu plus de leurs forces. Deux semaines durant lesquelles elle s’était prise à espérer arriver à les sauver.
Mais elle n’était pas une sur femme.
Elle avait retardé la mort mais elle ne l’avait qu’évincé pour une courte période, elle avait joué avec le temps mais aujourd’hui il avait rattrapé son retard au triple galop. Et d’un coup elle avait fait ce qu’elle faisait toujours. Elle avait fauchée. D’abord l’enfant puis l’homme.
Un soir alors qu’elle le mettait au lit elle l’avait vue au plus faible. Alors elle avait sue qu’elle n’avait pas gagné ce combat. Elle l’avait veillé toute la nuit puis au petit matin alors qu’elle le levait pour essayer un nouveau traitement il avait toussé, il avait craché et le dernier soupire de passer la barrière de ses lèvres pour ne plus être. Elle avait regardé ce visage se vider lentement de ses couleurs, tenu dans ses bras ce corps par lequel la vie s’écoulait.
Elle n’avait pas pleuré.
Elle avait passé une main douce le visage enfantin et lui avait clos les paupières pour toujours.
Trois jours exactement après, elle enterrait l’homme qui avait lui aussi passé l’arme à gauche.
Les deux étaient morts comme tous les autres avant eux.
La peste.
Si elle avait trouvé comme la retarder, elle ne disposait toujours pas du moyen de la vaincre.
En attendant, trois semaines s’étaient écoulées depuis que la maladie s’était déclarée chez sa cousine.
La plupart quittaient terre au bout de quatre jours, elle tenait bon, elle s’accrochait ce qui voulait dire qu’elle ne mourrait pas.

Une infime bataille de remportée comparé à la guerre qui faisait rage.


_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)